L'Ameublement de l'Hôtel de Pitsembourg au milieu du XVIIe siècle

By Robert D'Awans

The Project Gutenberg EBook of L'Ameublement de l'Hôtel de Pitsembourg au
milieu du XVIIe siècle, by Robert D'Awans

This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
almost no restrictions whatsoever.  You may copy it, give it away or
re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
with this eBook or online at www.gutenberg.org


Title: L'Ameublement de l'Hôtel de Pitsembourg au milieu du XVIIe siècle
       Communication faite en séance du 26 avril 1901

Author: Robert D'Awans

Release Date: March 15, 2004 [EBook #11586]

Language: French and Dutch


*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK L'AMEUBLEMENT DE L'HôTEL DE ***




Produced by Joris Van Dael and PG Distributed Proofreaders




L'AMEUBLEMENT DE

l'Hôtel de Pitsembourg

AU MILIEU DU XVIIe SIÈCLE
PAR
Robert D'AWANS
PROFESSEUR A L'ATHÉNÉE ROYAL DE MALINES

1901




L'Ameublement de l'Hôtel de Pitsembourg
AU MILIEU DU XVIIe SIÈCLE

(_Communication faite en séance du 26 avril 1901_)




Messieurs,

Les Archives de l'Etat à Anvers possèdent de nombreux documents des plus
précieux pour celui qui désirerait faire l'histoire de la Commanderie de
Pitsembourg. Parmi ces documents, j'ai trouvé différents inventaires des
meubles garnissant la maison de Malines; ils sont datés des années 1656,
1664, 1676 et 1677. Le plus complet, et par là même le plus intéressant,
est celui de 1656. C'est ce dernier que je vais avoir l'honneur
d'analyser devant vous; j'y ajouterai quelques notes sur le mobilier de
la chapelle de Pitsembourg d'après un inventaire de 1677.

Je ne vous détaillerai pas, Messieurs, comme un commissaire-priseur, les
moindres objets qui se trouvaient dans le palais depuis les _11
gardijnen van luttel of gene waarde_ jusqu'aux _18 tinnen pispotten zoo
van oude als van nieuwe fatsoen wegende te samen 44 pond_. Si vous le
permettez, nous allons ensemble parcourir, en nous servant de notre
inventaire comme d'un Baedeker, les appartements de Pitsembourg, et nous
arrêter un instant aux objets qui méritent d'attirer nos regards
d'archéologue.

La première chambre que nous rencontrons s'appelle _de Trappenye_; elle
servait de bureau. Les seuls objets d'art qui s'y trouvent sont un
tableau «la Naissance de Notre-Seigneur» et deux piédestaux aux armes de
Cratz; sur ces piédestaux reposaient deux sculptures, l'une représentant
«l'Offrande», l'autre les «Trois Rois». Cratz, dont je viens de citer le
nom, a été commandeur de la maison de Malines, de 1565 à 1604, année de
sa mort. Il fut enterré dans la chapelle de l'Ordre, devant le
maître-autel; sur sa pierre tombale se lisait cette épitaphe:

Hier ligt begraben den Eerw. und Edelher
Cuno van Scharpenstein genant Cratz
des hauses Pitzemburg D. Ordenes
wilker gestorben den 23 Augusti anno 1604
dessen Seel God genedich sey.

Les autres meubles de la _Trappenye_ sont quelconque. Citons cependant
deux classeurs, l'un à vingt tiroirs, marqués des lettres A à V, l'autre
de dix, numérotés des chiffres 1 à 10, destinés tous deux à conserver
les documents, papiers et chartes concernant la Commanderie. Ces actes,
sources précieuses pour l'histoire interne, je dirais presque intime de
l'Ordre, ont été brûlés. Toutes les archives de Pitsembourg existant en
1794, écrivait l'ancien archiviste de Malines, Van Doren, à feu Gachard,
furent confiées à un Malinois; ce Malinois, de peur de se compromettre,
les fit brûler, il y a cinquante ans environ, dans un four «construit
exprès». Ce sont les propres termes de Van Doren, sa lettre est datée de
1860. Cet acte de vandalisme fut donc perpétré vers 1808-1812.

Enfin, il y avait encore dans la _Trappenye_, un demi-poële; je
m'explique, _eene halve stove_, dit l'inventaire, _comende de andere
hellicht in de nastvolgende camer_, appelée _het stoofken_. Ici, rien
de bien remarquable, si ce n'est un beau jeu de tric-trac, dont les
pièces blanches étaient en bois de buis, les noires en bois de gaïac.

De là, passant par la _camer beneffens de trappenye_, nous arrivons dans
une chambre à coucher «_de camer boven de trappenye_», et le premier
objet qui nous frappe est un lit, dont voici la description textuelle
d'après l'inventaire:

_Een ledekant met eene rollekoetse een nieuw bedde met een hooftpeluw
ende een oorkussen met eene slechte groene sargie ende eene groote
geluwe spreye wesende gemackt van sayet ende ronsom met cortte frangie
van geluwe groene ende blauwe syde ende geboort ronsom ende in 't midden
met groene parsementen behange synde met geluwe stoff bijnaer vanden
fatsoen van groffgrayn van vyf gordyne in 't midden ende rontsom bezet
met fraingien en persementen gelyck de vorseyde spreye wesende de
hooftgordyne geboorduurt ende gemackt van alsulcke stoff als de spreye
tot dien alnog een bovenomloop van selven stoffe met cleine en lange
dobbele fraingie van syde alsvoor synde daarop genaaid een borduursel
met alsnog van binnen eenen halffven omloop bezet van passementen
alsvoor daar beneffens staande boven op die pilaeren van 't zelfde
ledekant dry houten geluwe coppen elk met syne geschilderde pampiere
pluymen van verscheide coleuren synde daarenboven de twee pilaeren
becleedt met bonne grâce._

Il y avait en outre, dans cette chambre, différents tableaux.
Malheureusement, le notaire inventoriant, dont vous avez pu apprécier la
minutie par la description que je viens de vous lire, a négligé,
systématiquement pourrait-on dire, de nous donner le nom des artistes
auteurs de ces peintures. Sur la cheminée, dit-il, un tableau
_representeerende de historie van...._, puis au fond de l'appartement,
une peinture bien compliquée, _eene ruyne van Rome met veelderhande
figuurkens, eene fonteyne ende een landschap met eene swarte lyste_.

La chambre suivante est celle du maître brasseur; nous y voyons un très
mauvais lit, un ancien tableau «l'Élévation durant la sainte messe», une
carte murale d'Allemagne et un étendard aux armes sculptées du
_lant-commandeur_ Werner Spies von Bullesheim, qui fut à la tête de la
maison de Malines, de 1639 à 1641.

Nous laissons sur le côté trois chambres insignifiantes réservées aux
domestiques, et nous entrons dans l'ancienne chambre du commandeur. Ici
une alcôve avec deux petits rideaux verts garnis d'une bordure brodée;
dans l'alcôve, un lit avec traversin, oreiller et deux couvertures,
l'une blanche, l'autre verte. Ce chiffre de deux couvertures, que nous
retrouverons dans la description de tous les lits inventoriés,
s'explique par l'art. 33 des coutumes de l'Ordre qui dit: le trousseau
d'un chevalier se compose de deux chemises, deux paires de bas, deux
paires de culottes, une cappe, deux manteaux, une cotte d'armes, un sac
ou paillasse, un linceul ou drap de lit, un oreiller et deux
couvertures. Une table avec tapis, des escabeaux, deux chaises
recouvertes d'étamine verte, deux chenets en cuivre avec pince et pelle
du même métal, complétaient ce mobilier que venaient rehausser quelques
tableaux: la «Bataille de Calloo», le portrait du lantcommandeur
Bongaert, en costume de grand apparat, et celui du lantcommandeur van
Ruyssenbergh. En présence d'indications aussi vagues, vous comprendrez
qu'il nous est difficile de dire si, par la Bataille de Calloo, il faut
comprendre l'épisode du pont construit par Alexandre Farnèze et détruit
par les Anversois le 4 avril 1585, ou la représentation de la défaite
infligée aux Hollandais lors d'un débarquement tenté à Calloo, en 1638.

Malgré nos recherches les plus actives, il nous a été impossible,
Messieurs, de trouver quelques notices biographiques, si peu que ce
soit, au sujet du commandeur Bongaert. Le Baron Henri van Ruyssenbergh,
avant d'avoir été élu Grand-Maître de l'Ordre en 1603, était commandeur
du bailliage des Vieux-Joncs ou Oude-Biesen, près de Bilsen, dans le
Limbourg belge; à ce titre il fit rebâtir à Maastricht, en 1585, la
maison de l'Ordre détruite lors du fameux siège, que cette ville
soutint, en 1579, contre les armées du Prince de Parme.

A propos des Vieux-Joncs, permettez-moi, Messieurs, une petite
digression. Comme vous le savez, l'Ordre Teutonique fut reconnu, en
1193, par le pape Célestin III; les chevaliers séjournèrent en
Terre-Sainte jusqu'en l'année 1230; ils furent attirés alors en
Allemagne, par l'empereur Frédéric II. Bientôt, en 1234, leurs richesses
s'augmentèrent considérablement par l'adjonction des Chevaliers
Porte-Glaive de Livonie. C'est de cette époque que date la division de
l'Ordre, pour l'Europe occidentale, en deux grandes juridictions, celle
de Prusse et celle d'Allemagne, subdivisées en douze grandes
commanderies ou bailliages, dont une seule avait son siège en Belgique:
celle de Oude-Biesen. Elle fut fondée, en 1224, par Arnould VI, comte de
Looz, et par sa soeur, Mathilde d'Acre, abbesse de Munsterbilsen.
Oude-Biesen compta bientôt des succursales au nombre d'une douzaine,
dont une notamment dans le village de Beckevoort près de Diest, et ce
bailliage avait aussi acquis sur l'hôpital de Vilvorde, certains droits
que les chevaliers teutons abandonnèrent gracieusement en 1238, comme le
prouve un document contemporain dont voici le passage le plus important:

_Universis proesentem paginam inspecturis. Magister Henricus Domus
Theutonicae Sanctae Mariae de Juncis_, etc. _Notum esse volumus, quod
nos resignavimus omne jus, quod habuimus in hospitali pauperum, quod
situm est in oppido Filvordiensi_.

Pitsembourg, dépendance du bailliage de Coblence, eut, vers la même
époque, une succursale à Anvers, la maison d'_Antorft,_ dans l'ancien
burg. Le 29 mai 1284 (et non le 6 juin, comme le dit THYS: _Historiek
der straten en openbare plaatsen van Antwerpen_, pp. 22-23), Jean I, duc
de Brabant, fait connaître qu'il a vendu à la maison teutonique de
Ste-Marie, à Coblence, un héritage situé dans le château d'Anvers, qui
avait appartenu à _Gérard de Anderstat_, et qu'il avait acquis de ce
dernier. Le 12 mars 1298 (et non le 5 mars, comme le dit Thys), le duc
de Brabant, Jean II, permet aux chevaliers teutons de garder les murs du
château d'Anvers, pour autant que ceux-ci s'étendent le long des
possessions et héritages desdits religieux. Enfin, le 5 février 1325,
Jean III de Brabant fit don aux chevaliers de Pitsembourg, d'un terrain
situé à Anvers, derrière leur maison, _in den Borghgraecht._

Mais revenons à l'examen de la chambre du commandeur. Nous y voyons
encore un portrait du commandeur Cratz; celui de la Vierge, à ses pieds
sont agenouillés le commandeur Werner Spies von Bullesheim, et un
chapelain de l'ordre; puis le portrait de Christophorus, baron de
Lutzenrode, nommé commandeur de Pitsembourg en 1649, et qui occupa cette
fonction jusqu'en 1657, et celui du chevalier Goswin Scheyffart de
Mérode, seigneur d'Alner, qui deviendra lantcommandeur à Coblence, en
1673. Scheyffart de Mérode, bien qu'Allemand, se rattachait cependant à
la plus haute noblesse belge, car sa mère, Louise-Thérèse, était née
baronne de Waha, famille belge dont l'origine remonte à 1106. Jetons un
regard sur deux petits tableaux représentant des châteaux, propriétés de
l'Ordre, sans doute, et rendons-nous, en passant devant deux petites
chambres et une laverie, dans l'appartement du chapelain, qui ne
contient rien de bien intéressant. Notons toutefois un tableau «la
Prédication de St Jean dans le désert», les portraits de deux prêtres de
l'Ordre, celui de St François et un arbre généalogique des ducs de
Brabant.

Le notaire inventoriant nous transporte ensuite dans une pièce qu'il
appelle _In den inganck van 't voorhuys_; au milieu, une vieille table
recouverte d'un tapis de cuir doré. Contre les murs, différentes oeuvres
d'art: tout d'abord trois aquarelles; la première, deux vases avec des
fleurs, les deux autres des motifs décoratifs avec les inscriptions
_Virtus parit honorem_ et _Qui confidit in divitiis, corruet_. Puis un
grand tableau «les Armoiries de l'Archiduc Maximilien, Grand-Maître de
l'Ordre». Cet archiduc d'Autriche, Maximilien, fils de l'empereur
Maximilien II, succéda en 1585, à Henri de Bobenhausen, et resta
Grand-Maître de l'Ordre jusqu'à sa mort, en 1618. Durant les premières
années de sa maîtrise, il résida rarement à Mergentheim, siège central
de l'Ordre, et s'occupa très peu des intérêts des chevaliers teutons,
préférant se lancer dans les affaires générales de l'Etat. En 1587,
ayant obtenu quelques voix lors de l'élection du roi de Pologne, il
voulut par la force des armes s'emparer de ce trône; mais il fut battu
le 22 octobre 1588, à Wilzen, en Silésie; fait prisonnier, il n'obtint
la liberté qu'en 1589, après avoir juré de ne plus jamais rien tenter
contre le royaume de Pologne. Toute son activité fut dès lors consacrée
aux affaires de l'Ordre, et en 1606, il présida, à Mergentheim, un grand
conseil, dans lequel il fit accepter deux réformes de la plus haute
importance. Il y fut décidé que dorénavant nul ne serait reçu chevalier
de l'Ordre, s'il ne pouvait justifier de huit quartiers de noblesse au
lieu de quatre, qui étaient exigés précédemment. Ce nombre fut même
porté, par une décision prise en 1671, de huit à seize quartiers. La
deuxième réforme stipulait que, tout en maintenant avec la plus grande
rigueur le voeu de chasteté, le conseil de l'Ordre pouvait accorder à un
chevalier l'autorisation de solliciter, pour se marier, une dispense
papale, à condition qu'il fût le dernier descendant mâle de sa famille.

De l'_inganck van 't voorhuys_ nous passons dans une salle plus
luxueuse, _het cleyn salet naast het voorhuys_, tapissée de dix grandes
feuilles de cuir à dessins d'or sur fond d'argent. Comme meubles, une
table à coulisses en chêne, recouverte d'un tapis de Turquie, des sièges
rembourrés aux dossiers de soie gros grain rouge; un paravent fait de
quatre toiles peintes et onze tableaux, dont l'un représente la
«Bataille de Prague», les autres des paysages. Des chenets en cuivre
ouvragé et un nécessaire de foyer complètent le mobilier de cette salle.

Le salon suivant, _de sale naar de Trappenye_, est décoré de très grands
tableaux, dont un, «la Force de Samson», et de différents portraits,
parmi lesquels nous remarquons celui du commandeur Bongaert, en grand
uniforme de lantcommandeur, celui du commandeur Frédéric von Syberg, qui
fut à la tête de la maison de Malines, de 1629 à 1639, enfin celui d'un
commandeur de _Oude-Biesen,_ le comte Godefroid Huyn van Geleen, qui,
avant d'être commandeur des Vieux-Joncs, joua un rôle très important
comme feld-maréchal des armées impériales, et qui fit bâtir la belle
église de Alten-Biesen, consacrée, en 1655, par le suffragant de Liège,
Henri, évêque de Dionyse.

Dans la salle à manger contiguë, _in de nieuwe gemaeckte stove_, des
tableaux en grand nombre, notamment un portrait d'un comte de la
Motterie, de la noble famille des de Lannoy, celui du général Papenheyn,
un paysage «l'Hiver» et une scène de genre «Kermesse flamande» nous
arrêtent quelques instants; mais bien vite nos regards se portent sur un
grand buffet en chêne sculpté contenant l'argenterie de la maison, d'un
très grand prix, comme vous le constaterez vous-même par l'énumération
que je me permettrai de vous faire:

Une aiguière et un bassin aux armes de Spies,

Quatre chandeliers avec des bobêches ouvragées et un éteignoir, un
plateau et une amphore, le tout aux armes de Lutzenrode,

Deux grandes cruches, un plat creux, un moutardier et six salières
encore aux armes de Lutzenrode,

Un réchaud «_caffoir_» aux armes de Ruyssenbergh,

Vingt-deux cuillères, vingt-six fourchettes et vingt-deux couteaux, dix
cruches à vin, en porcelaine, avec des couvercles d'argent.

Près de cette salle, nous avons la chambre dite de l'évêque, dont les
murs sont recouverts au moyen de huit grandes peaux avec des dessins
d'or sur fond d'argent; au fond de la chambre, un lit garni de rideaux
en soie mauve, rehaussés de passementeries en soie jaune et violette.
Dans le lit, deux matelas, un traversin, deux oreillers et deux
couvertures, l'une blanche, l'autre verte, sur le tout une grande
courte-pointe en soie brodée, avec franges en soie entrelacée de fil
d'or. Comme meubles, une grande glace avec un cadre d'ébène, six chaises
et un fauteuil recouverts de la même étoffe de soie que la
courte-pointe, comme du reste aussi les rideaux. Les oeuvres d'art sont
encore des portraits; ici ce sont ceux de Maximilien, de Syberg et de
Bongaert.

Continuons notre route et entrons dans le salon, _'t groot salet beneden
d'aarde,_ tapissé de treize feuilles de cuir au dessin d'or sur fond
rouge, cette fois. Une magnifique glace, au cadre de bois noir et or, le
fronton orné d'une cordelière en soie avec de grosses franges, le tout
reposant sur trois griffons dorés; sur la cheminée, un Christ sculpté en
bois de buis, le pied incrusté de nacre; seize tableaux dont neuf
représentant des natures mortes et signés Jacques Van Esch. Ce Jacques
Van Esch, le seul peintre dont notre notaire ait crû devoir révéler le
nom, appartient à l'école d'Anvers. Il naquit dans cette ville, en 1606,
et y mourut en 1665 ou 1666. Inscrit comme apprenti dans la gilde de St
Luc, en 1621, il ne reçut la maîtrise qu'en 1648, ce qui fait supposer
qu'il a voyagé pendant un assez long temps. Quel pays a-t-il visité?
A-t-il fait le classique voyage d'Italie? On l'ignore; on ne sait qu'une
chose avec certitude, c'est qu'il séjourna quelque temps en Allemagne, à
Munich probablement.

Avant de visiter la cuisine, examinons rapidement la chambre à coucher
du commandeur, chambre modeste, comme il sied au chef d'un ordre qui a
fait voeu de pauvreté. Un petit lit en noyer, orné de rideaux en étoffe
très ordinaire, un matelas, deux traversins, trois oreillers, dont un
recouvert de cuir blanc (celui que le commandeur emportait en voyage,
dit l'inventaire), une couverture, une courte-pointe en soie piquée, un
petit bureau, quelques tableaux: «la Tentation de St Antoine» et un
portrait de la Vierge entre autres; une «Descente de Croix» sculptée en
plein bois, forment les principaux meubles de cette chambre. Ajoutons-y,
pour être complet, des chenets et un nécessaire de foyer, un
_secret-stoel_, petit privé en cuir noir, avec des filets en cuivre
doré, et deux mesures-types pour jauger le vin.

Dans la cuisine, _in de keuken_, nous trouvons tous les ustensiles
imaginables, et parmi ces ustensiles, une batterie de cuisine en cuivre
rouge, composée d'un régiment de casseroles, depuis le tambour-maître
«_de schonck of hespenketel_», jusqu'au tout petit piou-piou, «_een
clein coper panneke waarin men dry eieren kan doppen_». A côté de cela,
des _koek-en tartpannen_ en quantité, des fours portatifs pour cuire les
tartes, des louches et des écumoires, des boîtes à épices, des tamis,
que sais-je encore, et j'allais l'oublier, tout un arsenal de broches et
de brochettes, plus dix grils, tant grands que petits, pour rôtir les
huîtres. Vous voyez qu'il y avait là tout l'attirail nécessaire pour
préparer les plats destinés à satisfaire les palais des gourmets les
plus délicats; et nos chevaliers devaient faire bonne chère, si j'en
juge par les comptes de la maison pour l'année 1679, dans lesquels je
relève:

A Anna Sultens, _wegen geleverd gevleugelte_, 313 florins 9 deniers;

A Gillis van der Santen, _rundfleisch_, 392 florins;

A Rombaut Genits, _schapenvleesch_, 655 florins;

A Jan Schoonjans, wijnkoopman, 231 florins;

A Johan Raubergen, _wegen geliefferter Kuchenwahr_, 945 florins.

Nous avons constaté tantôt, Messieurs, que l'argenterie était de marque,
les étains aussi n'étaient pas à dédaigner. Sur les buffets, les
armoires et les étagères de la cuisine, se dressaient:

Huit aiguières et huit plateaux aux armes de Spies et de Syberg, pesant
ensemble 65 livres 3/4; dix-sept chandeliers de diverses formes, les uns
à base ronde, les autres carrés; quatre-vingt-treize plats grands et
petits, aux armes de Lutzenrode, de Spies et de Syberg; cent et
vingt-huit assiettes également aux armes des différents commandeurs; des
cruches à vin, des pintes, des vases, des terrines, des salières, dont
une d'une forme tout dernier genre, dit l'inventaire, rapportée de
Coblence par le commandeur et pouvant servir de support à un appareil
d'éclairage; enfin des pots de toute capacité, dont un destiné à servir
le verjus.

Nous avons ainsi terminé, Messieurs, la visite du bâtiment central;
restent les annexes qui comprenaient une pâtisserie, une sommellerie,
une brasserie et une habitation pour le jardinier. Dans ces ateliers,
nous trouvons tous les outils nécessaires à ces différents corps de
métier. L'inventaire de la sellerie nous décrit minutieusement les
harnais; nous ne trouvons rien d'intéressant à relever; toutefois, après
lecture de cet inventaire, nous pouvons déclarer avec certitude, que les
chevaliers attelaient journellement à quatre chevaux; il n'est pas
trace des équipages dans l'inventaire, ce qui nous fait supposer qu'ils
étaient remisés à Putte.

Avant d'entrer dans la chapelle, jetons un coup d'oeil sur le parc, le
jardin botanique d'aujourd'hui; nous voyons un jardin admirablement
entretenu, avec, au fond, un pavillon surmonté d'une terrasse. Dans le
pavillon, des filets et tous les appareils nécessaires à la pêche. Ceci
m'amène à vous dire un mot des occupations des chevaliers. Certes, en
grands seigneurs qu'ils étaient, ils aimaient la chasse et la pêche.
Mais ce n'était pas là leur seule distraction. Ils avaient du goût pour
la lecture. Leur bibliothèque était riche en livres sérieux; un petit
inventaire que j'ai trouvé, mais fort incomplet, nous montre qu'il
possédait les oeuvres de St Augustin, de St Ambroise, de St Vincent, de
St Basile, d'Eusèbe, la Vie des Pères, les oeuvres d'Horace, de Juvénal,
de Quintilien, d'Isocrate, de Plutarque, les sermons de Jean Wijders, et
d'autres ouvrages encore, plus trente livres manuscrits, dit
l'inventaire.

Mais nous voici à la chapelle. Placée sous l'invocation de Ste Elisabeth
de Hongrie, patronne de la maison de Pitsembourg, elle fut bâtie,
d'après Miraeus, en 1228, et notablement agrandie dans le cours du
xve siècle, vers 1451. C'est dans cette église qu'en 1578, les
calvinistes furent autorisés, par le magistrat de Malines, à tenir leurs
prêches. Après le départ des protestants, l'archevêque Hauchinus
consacra, en 1585, à nouveau la chapelle au culte catholique. En 1596,
le 29 mai, deux nouveaux autels, consacrés à Ste Elisabeth, furent bénis
par l'archevêque Mathias Hovius, et le 12 novembre 1629, le commandeur
de l'Ordre, Jean Frédéric von Syberg, pria l'archevêque Jacques Boonen
de bénir, en remplaçement des anciens, deux autels latéraux, dont l'un
fut consacré à la Vierge, l'autre à Ste Elisabeth. Tel est en quelques
mots l'historique de cette chapelle dont le riche et fastueux mobilier
mériterait une description minutieuse. Notons de ci de là quelques
objets intéressants; d'abord deux ostensoirs en argent-doré contenant
des reliques et un ciboire, aussi en argent doré, portant sur le
couvercle les armes de Scheyffardt de Mérode, une croix en argent
renfermant des reliques, dont un morceau de la vraie croix, de petites
boîtes en argent frappé, servant de reliquaire, et dont l'une contenait
une épine de la couronne du Christ; puis deux statuettes en argent,
l'une St Sébastien, l'autre St Hubert, fixées sur des pieds de bois noir
sculptés aux armes de Scheyffardt, et renfermant des reliques de ces
deux martyrs de la foi; des ampoules, des calices, des patènes en or et
en argent, un chapelet aux grains d'argent, auquel pendait une grande
pièce de monnaie d'or.

Les vêtements sacerdotaux aussi étaient d'une très grande richesse, en
tissus d'or et d'argent, de velours, de soie et de satin, réhaussés au
moyen des broderies les plus artistiques et portant presque toujours les
armes de de l'un ou de l'autre commandeur. Les «antependia», portant
également les armes, d'un généreux donateur, membre de l'Ordre, étaient
taillés dans les étoffes les plus précieuses, tissées d'or et d'argent.
Les aubes et les linges étaient de toile fine, ornées de guipures et de
dentelles faites à la main, chefs-d'oeuvre de ces modestes dentellières
flamandes, dont le nombre diminue, hélas! de jour en jour et beaucoup
trop rapidement. Des chandeliers en argent, des lustres en cuivre
ciselé, des statues de saints en bois sculpté, des bancs d'église
ouvragés comme de la dentelle, des orgues, des crucifix en argent et en
cuivre, de nombreux tableaux, parmi lesquelles un tryptique, faisaient
de cette chapelle un des plus beaux édifices du culte à cette époque.

Tel était, Messieurs, au xviie siècle, l'ameublement de cette maison
seigneuriale, où les chevaliers teutoniques ont toujours offert à leurs
hôtes les plus illustres, une hospitalité toute royale. Pendant la
période dont nous nous occupons, Pitsembourg a eu l'honneur d'héberger
en 1646, le fameux Charles IV de Lorraine, accompagné de la belle
Béatrice de Cusance, son épouse, appelée si irrévérencieusement par Mme
de Chevreuse, «sa femme de campagne», parce qu'elle accompagna toujours
son mari dans tous ses voyages et ses campagnes militaires.

A quatre reprises, en 1671, 1672 et 1673, Pitsembourg reçut la visite du
gouverneur général des Pays-Bas, comme le prouvent ces lettres inédites
de l'illustre et célèbre audiencier Verreycken.

Le 21 décembre 1671, Verreycken écrit au commandeur de Pitsembourg, que
S.E. lui a commandé de lui mander qu'_Elle sera demain au soir à
Malines, et qu'Elle ira loger dans vostre maison, et fera porter avec
soy son lict et provision et qu'Elle ne désire en aulcune façon que vous
fassiez des fraiz à son suject_.

Le 10 mars 1672, une lettre de Bruxelles au même, disant: _S.E. m'a
commandé de vous mander qu'Elle sera demain au soir à Malines, et
qu'Elle ira loger dans vostre maison et qu'Elle fera porter avec soy son
lict, ne désirant en aulcune façon que vous fassiés des frais à son
suject, ainsi seulement que vous veuilliez faire donner deux ou trois
licts pour les domestiques qu'elle doict avoir auprès d'Elle._

Encore le 24 octobre 1672, une lettre de Verreycken, datée de Bruxelles:
_S.E. a résoulu de se transporter demain 25 de ce mois, dez ceste ville
en celle de Malines et d'aller loger en vostre commanderie_. Citons
encore une lettre du même audiencier, du 27 février 1673: _S.E. a résolu
d'estre demain au soir à Malines et d'y loger dans la commanderie de
Pitzembourg_.

Les chevaliers recevaient quelquefois aussi des visites peu agréables:
le 23 octobre 1677, au camp de La Hulpe, le duc de Villa Hermosa, duc de
Luna, _ordonne de donner et faire donner au comte de Waldyck la
commanderie de Malines pour y loger provisionnellement avec son train,
sans préjudices des privilèges que le commandeur d'icelle pourroit
prétendre._

En présence de ces lettres et de l'inventaire que je viens d'analyser,
je puis, je pense, Messieurs, conclure en disant que Pitsembourg était,
au xviie siècle, une demeure unique à Malines. C'était du reste aussi
l'avis des contemporains, comme le montre ce témoignage écrit que j'ai
trouvé aux Archives d'Anvers:

_Le soubsigné capitaine et fourrier de la cour a choisy pour le logement
de Son Altesse le Connes table de Castille et de Léon la maison de
Pitsenborch comme estant la plus commode dans ceste ville_.

_Fait à Malines, ce xxe septembre 1668_.

_Par moy, signé Jaspar Collin_.

R. D'AWANS.




SOURCES:


Archives de l'Etat, à Anvers.
1° Pitsembourg: cartons 559-560.
2° Chartes de Pitsembourg, classées par date.
3° Collection des chartes et documents de Pitsembourg,
rangée par ordre alphabétique.




_Extrait du Tome XI du Bulletin du Cercle Archéologique Littéraire &
Artistique de Malines_





End of the Project Gutenberg EBook of L'Ameublement de l'Hôtel de
Pitsembourg au milieu du XVIIe siècle, by Robert D'Awans

*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK L'AMEUBLEMENT DE L'HôTEL DE ***

***** This file should be named 11586-8.txt or 11586-8.zip *****
This and all associated files of various formats will be found in:
        https://www.gutenberg.org/1/1/5/8/11586/

Produced by Joris Van Dael and PG Distributed Proofreaders

Updated editions will replace the previous one--the old editions
will be renamed.

Creating the works from public domain print editions means that no
one owns a United States copyright in these works, so the Foundation
(and you!) can copy and distribute it in the United States without
permission and without paying copyright royalties.  Special rules,
set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to
copying and distributing Project Gutenberg-tm electronic works to
protect the PROJECT GUTENBERG-tm concept and trademark.  Project
Gutenberg is a registered trademark, and may not be used if you
charge for the eBooks, unless you receive specific permission.  If you
do not charge anything for copies of this eBook, complying with the
rules is very easy.  You may use this eBook for nearly any purpose
such as creation of derivative works, reports, performances and
research.  They may be modified and printed and given away--you may do
practically ANYTHING with public domain eBooks.  Redistribution is
subject to the trademark license, especially commercial
redistribution.



*** START: FULL LICENSE ***

THE FULL PROJECT GUTENBERG LICENSE
PLEASE READ THIS BEFORE YOU DISTRIBUTE OR USE THIS WORK

To protect the Project Gutenberg-tm mission of promoting the free
distribution of electronic works, by using or distributing this work
(or any other work associated in any way with the phrase "Project
Gutenberg"), you agree to comply with all the terms of the Full Project
Gutenberg-tm License (available with this file or online at
https://gutenberg.org/license).


Section 1.  General Terms of Use and Redistributing Project Gutenberg-tm
electronic works

1.A.  By reading or using any part of this Project Gutenberg-tm
electronic work, you indicate that you have read, understand, agree to
and accept all the terms of this license and intellectual property
(trademark/copyright) agreement.  If you do not agree to abide by all
the terms of this agreement, you must cease using and return or destroy
all copies of Project Gutenberg-tm electronic works in your possession.
If you paid a fee for obtaining a copy of or access to a Project
Gutenberg-tm electronic work and you do not agree to be bound by the
terms of this agreement, you may obtain a refund from the person or
entity to whom you paid the fee as set forth in paragraph 1.E.8.

1.B.  "Project Gutenberg" is a registered trademark.  It may only be
used on or associated in any way with an electronic work by people who
agree to be bound by the terms of this agreement.  There are a few
things that you can do with most Project Gutenberg-tm electronic works
even without complying with the full terms of this agreement.  See
paragraph 1.C below.  There are a lot of things you can do with Project
Gutenberg-tm electronic works if you follow the terms of this agreement
and help preserve free future access to Project Gutenberg-tm electronic
works.  See paragraph 1.E below.

1.C.  The Project Gutenberg Literary Archive Foundation ("the Foundation"
or PGLAF), owns a compilation copyright in the collection of Project
Gutenberg-tm electronic works.  Nearly all the individual works in the
collection are in the public domain in the United States.  If an
individual work is in the public domain in the United States and you are
located in the United States, we do not claim a right to prevent you from
copying, distributing, performing, displaying or creating derivative
works based on the work as long as all references to Project Gutenberg
are removed.  Of course, we hope that you will support the Project
Gutenberg-tm mission of promoting free access to electronic works by
freely sharing Project Gutenberg-tm works in compliance with the terms of
this agreement for keeping the Project Gutenberg-tm name associated with
the work.  You can easily comply with the terms of this agreement by
keeping this work in the same format with its attached full Project
Gutenberg-tm License when you share it without charge with others.

1.D.  The copyright laws of the place where you are located also govern
what you can do with this work.  Copyright laws in most countries are in
a constant state of change.  If you are outside the United States, check
the laws of your country in addition to the terms of this agreement
before downloading, copying, displaying, performing, distributing or
creating derivative works based on this work or any other Project
Gutenberg-tm work.  The Foundation makes no representations concerning
the copyright status of any work in any country outside the United
States.

1.E.  Unless you have removed all references to Project Gutenberg:

1.E.1.  The following sentence, with active links to, or other immediate
access to, the full Project Gutenberg-tm License must appear prominently
whenever any copy of a Project Gutenberg-tm work (any work on which the
phrase "Project Gutenberg" appears, or with which the phrase "Project
Gutenberg" is associated) is accessed, displayed, performed, viewed,
copied or distributed:

This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
almost no restrictions whatsoever.  You may copy it, give it away or
re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
with this eBook or online at www.gutenberg.org

1.E.2.  If an individual Project Gutenberg-tm electronic work is derived
from the public domain (does not contain a notice indicating that it is
posted with permission of the copyright holder), the work can be copied
and distributed to anyone in the United States without paying any fees
or charges.  If you are redistributing or providing access to a work
with the phrase "Project Gutenberg" associated with or appearing on the
work, you must comply either with the requirements of paragraphs 1.E.1
through 1.E.7 or obtain permission for the use of the work and the
Project Gutenberg-tm trademark as set forth in paragraphs 1.E.8 or
1.E.9.

1.E.3.  If an individual Project Gutenberg-tm electronic work is posted
with the permission of the copyright holder, your use and distribution
must comply with both paragraphs 1.E.1 through 1.E.7 and any additional
terms imposed by the copyright holder.  Additional terms will be linked
to the Project Gutenberg-tm License for all works posted with the
permission of the copyright holder found at the beginning of this work.

1.E.4.  Do not unlink or detach or remove the full Project Gutenberg-tm
License terms from this work, or any files containing a part of this
work or any other work associated with Project Gutenberg-tm.

1.E.5.  Do not copy, display, perform, distribute or redistribute this
electronic work, or any part of this electronic work, without
prominently displaying the sentence set forth in paragraph 1.E.1 with
active links or immediate access to the full terms of the Project
Gutenberg-tm License.

1.E.6.  You may convert to and distribute this work in any binary,
compressed, marked up, nonproprietary or proprietary form, including any
word processing or hypertext form.  However, if you provide access to or
distribute copies of a Project Gutenberg-tm work in a format other than
"Plain Vanilla ASCII" or other format used in the official version
posted on the official Project Gutenberg-tm web site (www.gutenberg.org),
you must, at no additional cost, fee or expense to the user, provide a
copy, a means of exporting a copy, or a means of obtaining a copy upon
request, of the work in its original "Plain Vanilla ASCII" or other
form.  Any alternate format must include the full Project Gutenberg-tm
License as specified in paragraph 1.E.1.

1.E.7.  Do not charge a fee for access to, viewing, displaying,
performing, copying or distributing any Project Gutenberg-tm works
unless you comply with paragraph 1.E.8 or 1.E.9.

1.E.8.  You may charge a reasonable fee for copies of or providing
access to or distributing Project Gutenberg-tm electronic works provided
that

- You pay a royalty fee of 20% of the gross profits you derive from
     the use of Project Gutenberg-tm works calculated using the method
     you already use to calculate your applicable taxes.  The fee is
     owed to the owner of the Project Gutenberg-tm trademark, but he
     has agreed to donate royalties under this paragraph to the
     Project Gutenberg Literary Archive Foundation.  Royalty payments
     must be paid within 60 days following each date on which you
     prepare (or are legally required to prepare) your periodic tax
     returns.  Royalty payments should be clearly marked as such and
     sent to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation at the
     address specified in Section 4, "Information about donations to
     the Project Gutenberg Literary Archive Foundation."

- You provide a full refund of any money paid by a user who notifies
     you in writing (or by e-mail) within 30 days of receipt that s/he
     does not agree to the terms of the full Project Gutenberg-tm
     License.  You must require such a user to return or
     destroy all copies of the works possessed in a physical medium
     and discontinue all use of and all access to other copies of
     Project Gutenberg-tm works.

- You provide, in accordance with paragraph 1.F.3, a full refund of any
     money paid for a work or a replacement copy, if a defect in the
     electronic work is discovered and reported to you within 90 days
     of receipt of the work.

- You comply with all other terms of this agreement for free
     distribution of Project Gutenberg-tm works.

1.E.9.  If you wish to charge a fee or distribute a Project Gutenberg-tm
electronic work or group of works on different terms than are set
forth in this agreement, you must obtain permission in writing from
both the Project Gutenberg Literary Archive Foundation and Michael
Hart, the owner of the Project Gutenberg-tm trademark.  Contact the
Foundation as set forth in Section 3 below.

1.F.

1.F.1.  Project Gutenberg volunteers and employees expend considerable
effort to identify, do copyright research on, transcribe and proofread
public domain works in creating the Project Gutenberg-tm
collection.  Despite these efforts, Project Gutenberg-tm electronic
works, and the medium on which they may be stored, may contain
"Defects," such as, but not limited to, incomplete, inaccurate or
corrupt data, transcription errors, a copyright or other intellectual
property infringement, a defective or damaged disk or other medium, a
computer virus, or computer codes that damage or cannot be read by
your equipment.

1.F.2.  LIMITED WARRANTY, DISCLAIMER OF DAMAGES - Except for the "Right
of Replacement or Refund" described in paragraph 1.F.3, the Project
Gutenberg Literary Archive Foundation, the owner of the Project
Gutenberg-tm trademark, and any other party distributing a Project
Gutenberg-tm electronic work under this agreement, disclaim all
liability to you for damages, costs and expenses, including legal
fees.  YOU AGREE THAT YOU HAVE NO REMEDIES FOR NEGLIGENCE, STRICT
LIABILITY, BREACH OF WARRANTY OR BREACH OF CONTRACT EXCEPT THOSE
PROVIDED IN PARAGRAPH F3.  YOU AGREE THAT THE FOUNDATION, THE
TRADEMARK OWNER, AND ANY DISTRIBUTOR UNDER THIS AGREEMENT WILL NOT BE
LIABLE TO YOU FOR ACTUAL, DIRECT, INDIRECT, CONSEQUENTIAL, PUNITIVE OR
INCIDENTAL DAMAGES EVEN IF YOU GIVE NOTICE OF THE POSSIBILITY OF SUCH
DAMAGE.

1.F.3.  LIMITED RIGHT OF REPLACEMENT OR REFUND - If you discover a
defect in this electronic work within 90 days of receiving it, you can
receive a refund of the money (if any) you paid for it by sending a
written explanation to the person you received the work from.  If you
received the work on a physical medium, you must return the medium with
your written explanation.  The person or entity that provided you with
the defective work may elect to provide a replacement copy in lieu of a
refund.  If you received the work electronically, the person or entity
providing it to you may choose to give you a second opportunity to
receive the work electronically in lieu of a refund.  If the second copy
is also defective, you may demand a refund in writing without further
opportunities to fix the problem.

1.F.4.  Except for the limited right of replacement or refund set forth
in paragraph 1.F.3, this work is provided to you 'AS-IS', WITH NO OTHER
WARRANTIES OF ANY KIND, EXPRESS OR IMPLIED, INCLUDING BUT NOT LIMITED TO
WARRANTIES OF MERCHANTIBILITY OR FITNESS FOR ANY PURPOSE.

1.F.5.  Some states do not allow disclaimers of certain implied
warranties or the exclusion or limitation of certain types of damages.
If any disclaimer or limitation set forth in this agreement violates the
law of the state applicable to this agreement, the agreement shall be
interpreted to make the maximum disclaimer or limitation permitted by
the applicable state law.  The invalidity or unenforceability of any
provision of this agreement shall not void the remaining provisions.

1.F.6.  INDEMNITY - You agree to indemnify and hold the Foundation, the
trademark owner, any agent or employee of the Foundation, anyone
providing copies of Project Gutenberg-tm electronic works in accordance
with this agreement, and any volunteers associated with the production,
promotion and distribution of Project Gutenberg-tm electronic works,
harmless from all liability, costs and expenses, including legal fees,
that arise directly or indirectly from any of the following which you do
or cause to occur: (a) distribution of this or any Project Gutenberg-tm
work, (b) alteration, modification, or additions or deletions to any
Project Gutenberg-tm work, and (c) any Defect you cause.


Section  2.  Information about the Mission of Project Gutenberg-tm

Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
electronic works in formats readable by the widest variety of computers
including obsolete, old, middle-aged and new computers.  It exists
because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from
people in all walks of life.

Volunteers and financial support to provide volunteers with the
assistance they need, is critical to reaching Project Gutenberg-tm's
goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will
remain freely available for generations to come.  In 2001, the Project
Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations.
To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
and the Foundation web page at https://www.pglaf.org.


Section 3.  Information about the Project Gutenberg Literary Archive
Foundation

The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
Revenue Service.  The Foundation's EIN or federal tax identification
number is 64-6221541.  Its 501(c)(3) letter is posted at
https://pglaf.org/fundraising.  Contributions to the Project Gutenberg
Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
permitted by U.S. federal laws and your state's laws.

The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S.
Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
throughout numerous locations.  Its business office is located at
809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email
[email protected].  Email contact links and up to date contact
information can be found at the Foundation's web site and official
page at https://pglaf.org

For additional contact information:
     Dr. Gregory B. Newby
     Chief Executive and Director
     [email protected]

Section 4.  Information about Donations to the Project Gutenberg
Literary Archive Foundation

Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
spread public support and donations to carry out its mission of
increasing the number of public domain and licensed works that can be
freely distributed in machine readable form accessible by the widest
array of equipment including outdated equipment.  Many small donations
($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
status with the IRS.

The Foundation is committed to complying with the laws regulating
charities and charitable donations in all 50 states of the United
States.  Compliance requirements are not uniform and it takes a
considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
with these requirements.  We do not solicit donations in locations
where we have not received written confirmation of compliance.  To
SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any
particular state visit https://pglaf.org

While we cannot and do not solicit contributions from states where we
have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
against accepting unsolicited donations from donors in such states who
approach us with offers to donate.

International donations are gratefully accepted, but we cannot make
any statements concerning tax treatment of donations received from
outside the United States.  U.S. laws alone swamp our small staff.

Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation
methods and addresses.  Donations are accepted in a number of other
ways including including checks, online payments and credit card
donations.  To donate, please visit: https://pglaf.org/donate


Section 5.  General Information About Project Gutenberg-tm electronic
works.

Professor Michael S. Hart was the originator of the Project Gutenberg-tm
concept of a library of electronic works that could be freely shared
with anyone.  For thirty years, he produced and distributed Project
Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support.

Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S.
unless a copyright notice is included.  Thus, we do not necessarily
keep eBooks in compliance with any particular paper edition.

Each eBook is in a subdirectory of the same number as the eBook's
eBook number, often in several formats including plain vanilla ASCII,
compressed (zipped), HTML and others.

Corrected EDITIONS of our eBooks replace the old file and take over
the old filename and etext number.  The replaced older file is renamed.
VERSIONS based on separate sources are treated as new eBooks receiving
new filenames and etext numbers.

Most people start at our Web site which has the main PG search facility:

     https://www.gutenberg.org

This Web site includes information about Project Gutenberg-tm,
including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to
subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.

EBooks posted prior to November 2003, with eBook numbers BELOW #10000,
are filed in directories based on their release date.  If you want to
download any of these eBooks directly, rather than using the regular
search system you may utilize the following addresses and just
download by the etext year. For example:

     https://www.gutenberg.org/etext06

    (Or /etext 05, 04, 03, 02, 01, 00, 99,
     98, 97, 96, 95, 94, 93, 92, 92, 91 or 90)

EBooks posted since November 2003, with etext numbers OVER #10000, are
filed in a different way.  The year of a release date is no longer part
of the directory path.  The path is based on the etext number (which is
identical to the filename).  The path to the file is made up of single
digits corresponding to all but the last digit in the filename.  For
example an eBook of filename 10234 would be found at:

     https://www.gutenberg.org/1/0/2/3/10234

or filename 24689 would be found at:
     https://www.gutenberg.org/2/4/6/8/24689

An alternative method of locating eBooks:
     https://www.gutenberg.org/GUTINDEX.ALL