Petit Glossaire des lettres de Madame de Sévigné

By Édouard Pilastre

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Sévigné, by Édouard Pilastre

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Title: Petit Glossaire des lettres de Madame de Sévigné

Author: Édouard Pilastre

Release Date: June 17, 2011 [EBook #36455]

Language: French


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Note de transcription:

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corrigées. L'orthographe d'origine a été conservée et n'a pas
été harmonisée.

Le texte imprimé en gras est marqué =comme ceci=.




  _E. PILASTRE_

  PETIT GLOSSAIRE
  DES
  _Lettres de Madame de Sévigné_

  FONTAINEBLEAU
  MAURICE BOURGES, IMPRIMEUR BREVETÉ
  32, Rue de l'Arbre-Sec.

  1908




  TIRÉ A TROIS CENTS EXEMPLAIRES
  _Exemplaire No 224._




  PETIT GLOSSAIRE
  DES
  _Lettres de Madame de Sévigné_




  AUTRE OUVRAGE DU MÊME AUTEUR

  LEXIQUE SOMMAIRE
  DE LA LANGUE DU DUC DE SAINT-SIMON.

  Paris, 1905, Firmin Didot et Cie,
  éditeurs.




  _Dédié à ma Fille_
  MADAME MARGUERITE MERLIN




AVANT-PROPOS


Le petit livre que nous publions est destiné aux gens du monde
qui sont restés fidèles à la littérature du XVIIe siècle et qui
ont gardé le culte de Madame de Sévigné. Les _Sévignistes_,
comme les appelait Sainte-Beuve, voudront bien excuser ce que
notre essai a d'incomplet et d'imparfait. Il nous a semblé,
toutefois, que, même dans les limites étroites où se renfermait
notre travail, il pourrait offrir quelque intérêt, soit pour
l'intelligence de l'oeuvre de Madame de Sévigné, soit pour
l'étude de la langue française d'autrefois.

Dans ses incessantes évolutions, notre langue s'est appauvrie,
peu à peu, de plus d'un terme expressif qu'on retrouvera dans les
Lettres de la célèbre Marquise. En outre il nous apparaît, comme
on l'a déjà souvent remarqué, que nos contemporains se sont
accoutumés à ne pas faire usage, même, de tous les mots qui ne
sont pas tombés en désuétude. Un vocabulaire restreint et
monotone paraît suffire aux besoins de nos écrivains modernes;
d'autre part, beaucoup d'additions nouvelles à la belle langue du
XVIIe siècle, dont ils usent, ne sont pas toujours marquées au
bon coin. Elles ne nous consolent pas, d'ailleurs, de ce que
l'usage nous a fait perdre.

La correspondance de Madame de Sévigné présente cette exacte
proportion entre la pensée et la forme qui, comme l'a dit le
philosophe Bersot, a constitué au XVIIe siècle la perfection de
tant d'ouvrages. L'oeuvre de Madame de Sévigné n'a pas vieilli.
On peut lui appliquer d'ailleurs ce qu'elle écrivait à sa fille,
le 11 janvier 1690, d'un auteur qu'elle admirait: «Il ne faut pas
dire cela est vieux; non cela n'est pas vieux, mais c'est divin.»

La supériorité des femmes du XVIIe siècle, dans l'art
épistolaire, n'a jamais été méconnue: «Ce sexe va plus loin que
nous dans ce genre d'écrire», déclarait La Bruyère. Paul-Louis
Courier, si bon connaisseur en matière de beau langage, disait de
même: «Gardez-vous bien de croire que quelqu'un ait écrit en
français, depuis le règne de Louis XIV. La moindre femmelette de
ce temps-là vaut mieux, pour le langage, que les Jean-Jacques,
Diderot, d'Alembert, contemporains ou postérieurs.»

En particulier, le style de Madame de Sévigné est incomparable.
Son langage est vif, rapide, animé, clair, naturel, riche en
tours nouveaux, exempt de déclamation, affranchi de la lourdeur
compassée de certains auteurs de son temps, plein de rencontres
heureuses et accru encore de l'agrément des souvenirs de ses
lectures et de ses travaux.

En effet, aux dons naturels de son esprit, Madame de Sévigné
avait ajouté le fruit d'une éducation développée et le profit de
lectures sérieuses dans notre langue, comme dans d'autres.

Elle savait l'italien, qui lui avait été enseigné par Ménage et
Chapelain; l'espagnol et le latin que Ménage lui avait appris.
Elle lisait Virgile «dans toute la majesté du texte», comme elle
l'écrivait à sa fille, le 16 juillet 1672. Elle étudiait le
Tasse, l'Arioste, Cervantès dans leurs langues; elle les citait à
propos, toujours de mémoire. Elle connaissait à fond Corneille,
La Fontaine, Molière, Quinault que notre siècle n'apprécie pas à
sa juste valeur, Racine qu'elle ne mettait pas à un assez haut
rang. Elle avait lu Rabelais et en avait retenu plus d'un trait
qui plaisait à sa nature franche, hardie et rieuse. L'histoire,
la religion, la philosophie étaient les constants objets de ses
lectures. Descartes, Nicole, Arnauld, les Solitaires de
Port-Royal, Pascal, surtout, excitaient chez elle une admiration
passionnée. Elle avait profité de la façon la plus heureuse des
connaissances qu'elle avait ainsi acquises pendant toute sa vie.
Elle n'était pas tombée dans ce que Molière appelle «tout le
savoir obscur de la pédanterie». Elle avait fait, cependant,
partie de la Société des Précieuses de l'hôtel de Rambouillet,
sans être atteinte par l'affectation de leurs propos et de leurs
écrits. Elle y avait gagné le goût du bon langage et cette
politesse exquise qui avait succédé, grâce aux efforts des
Précieuses, à la grossièreté trop réelle des moeurs et des
discours des âges précédents.

Ce qui plaît, dans les Lettres de Madame de Sévigné, c'est le
naturel parfait de sa manière. Elle justifie, pour nous, le mot
profond de Pascal: «Quand on voit le style naturel on est étonné
et ému, car on s'attendait à voir un auteur et on trouve un
homme.»

Il en est de Madame de Sévigné comme de Voltaire: l'artifice
n'apparaît jamais dans leurs écrits. On pourrait, assurément,
appliquer à la Marquise cette pensée du Tasse, un de ses auteurs
favoris, sur les jardins d'Armide: «Ce qui ajoute à la beauté et
au prix de l'ouvrage, l'art, qui a présidé à tout ne s'y découvre
pas.»

Nous n'avons pas à faire ressortir ici tout l'intérêt que
présente la correspondance de Madame de Sévigné par la peinture
des moeurs et des caractères de ses contemporains, la vie de la
Cour de Louis XIV et les principaux événements de ce grand règne.
C'est une mine dans laquelle les historiens et les philosophes
n'ont jamais cessé de puiser. Ses écrits demeureraient un tableau
unique de son époque, si nous n'avions pas La Bruyère et
Saint-Simon.

C'est ce dernier qui peut surtout, à juste titre, être rapproché
de Madame de Sévigné. Il admirait beaucoup la célèbre marquise
et lisait souvent ses lettres. Il lui rend un témoignage
d'admiration dans ses Mémoires.

Quand Saint-Simon ne s'abandonne pas à sa fougue passionnée
contre ses adversaires, quand ses yeux ne sont pas troublés par
l'aveugle amour de ses privilèges de duc et pair, quand il se
borne à narrer ce qu'il a vu et observé et à retracer, dans un
style alerte et animé, quelque incident notable de la Cour ou
quelque aventure singulière, il nous a rappelé plus d'une fois le
charme et l'aisance des narrations simples, vivantes et
expressives de Madame de Sévigné.

La langue de Saint-Simon présente plus d'une analogie avec celle
de Madame de Sévigné. Elle est hardie, riche en termes originaux
d'ancienne ou de nouvelle date; elle ne recule pas, au besoin,
devant le mot propre, avec cette fausse pruderie qui a trop
souvent gagné, depuis, les fils des Gaulois.

Dans le Glossaire que nous avons rédigé, on trouvera plus d'un
renvoi aux Mémoires de Saint-Simon. Si le lecteur veut bien s'y
référer, il apercevra aisément les ressemblances de style que
nous signalons.

Celui qui voudra faire une étude plus complète de la langue de
la marquise, trouvera dans le Lexique de la langue de Madame de
Sévigné, publié en 1886 par E. Sommer, à la librairie Hachette,
un tableau complet et achevé de cette langue. Nous nous sommes
borné à présenter au public une esquisse. On composait autrefois
des petites bibliothèques pour les hommes du monde et les gens
de goût, en volumes de format exigu, à l'apparence modeste, mais
en réalité assez instructifs. Si cette mode n'était pas passée
et si, sous l'influence étrangère, l'érudition moderne ne nous
submergeait pas souvent sous des publications d'une étendue qui
les rend peu accessibles aux profanes, nous serions heureux que
notre petit volume fût accueilli avec bienveillance par ceux
des amateurs du temps passé qui ne seraient pas trop attachés
aux nouvelles habitudes. Nous n'aurions rien à désirer si notre
travail ramenait encore quelques lecteurs à une étude nouvelle
du texte de Madame de Sévigné. Nous avons réduit nos observations
personnelles dans ce but, car nous partageons entièrement l'avis
de La Bruyère: «L'étude des textes ne peut être assez recommandée.
C'est la paresse des hommes qui a encouragé le pédantisme à
grossir plutôt qu'à enrichir les bibliothèques et à faire périr
le texte sous le poids des commentaires.»

       *       *       *       *       *

Les renvois relatifs aux Lettres de Madame de Sévigné
s'appliquent à la grande édition, en douze volumes, de ces
Lettres donnée par Monmerqué chez MM. Hachette. Pour les Lettres
inédites, les renvois se réfèrent, avec une indication spéciale,
à la publication en deux volumes, faite chez les mêmes éditeurs,
par M. Capmas.


Les citations des Mémoires de Saint-Simon sont données d'après
l'édition en vingt et un volumes, parue en 1873 chez MM.
Hachette. Dans un Lexique sommaire de la langue de Saint-Simon,
composé par nous, on trouvera les passages des Mémoires de
Saint-Simon rappelés, ici, avec un bref commentaire.


A défaut d'indication spéciale pour ces divers ouvrages, le
premier chiffre, romain, indiquera le tome et le chiffre arabe,
la page de ces livres.




PETIT GLOSSAIRE
DES
_LETTRES DE MADAME DE SÉVIGNÉ_
PAR E. PILASTRE




A


=ABIMÉE EN DIEU=, tome I, page 444. «Madame votre tante m'a paru
_abîmée en Dieu_.»--Jetée dans le fond, plongée.... (Cf.
Saint-Simon, VIII, 406, I.)


=ABOYER=, VII, 279. «Les tourières ont _aboyé_ sur moi, que je
n'étais pas encore abordée.»

On écrivait autrefois _abboyé_. On trouve dans Saint-Simon ce mot
employé comme verbe actif. (Cf. Saint-Simon, I, 453.)


=ACADÉMISTES=, I, 407. «Si vous n'avez jamais vu les procédés des
_Académistes_...»

Ceux qui fréquentent les écoles d'équitation, ou d'autres
exercices corporels, dites académies.

Académie au XVIIe siècle signifiait un lieu d'exercices pour les
jeunes gens. (Cf. Saint-Simon, XIV, 385).


=ACCESSIT=, IX, 258. «Pour être pape, l'_accessit_ gâta tout.»

Dans le scrutin de ballottage du Conclave, il y avait l'accès ou
l'accessit des voix des cardinaux à l'un des candidats déjà
bénéficiaires d'un certain nombre de suffrages.


=ACCOUCHADE=, IV, 143. «Embrassez l'_accouchade_.»--C'est-à-dire
l'accouchée.--Forme provençale du participe.


=AIGLE ÉPLOYÉE=, IX, 404. «Cette _aigle éployée_ nous fera voir
de quel côté elle prendra son vol....»--L'aigle à deux têtes de
l'Empire, avec les ailes étendues.

«L'aigle, dit Furetière, comme symbole de la royauté, est
représentée quelquefois avec deux têtes et, en ce cas, on la
qualifie _esployée_, quoiqu'elle n'ait jamais qu'un corps, deux
jambes et deux ailes ouvertes et étendues, montrant entièrement
l'estomac. Celle de l'Empire est de cette sorte.... On appelle en
général _esployés_, tous les oiseaux qui ont les ailes étendues;
le mot vient du latin _explicare_.»


=AIMABLEMENT=, _Lettres inédites_, II, 126. «_Aimablement_, voilà
un mot qui vient souvent sous ma plume; je voudrais bien pouvoir
le mettre dans le grand monde.»

Il y est arrivé par l'usage.--Ce mot nouveau, employé par Madame
de Sévigné, n'est pas donné par Ménage, non plus qu'aimable. Ce
dernier terme est seul admis dans le _Dictionnaire universel_, de
Furetière. Madame de Staal-Delaunay (t. I, p. 213), écrit encore
_amiable_: «des propos aussi peu amiables.»


=AIR (bon)=, IX, 517. «Il n'a pas _bon air_, cet hiver.»--Bonne
conduite et belle apparence.


=AIR (l')=, I, 475. «Il apprit cette bonne nouvelle par
_l'air_.»--Par des signes.


=ALLELUIA (style d')=, X, 281. «Si vous lui écriviez, sur sa
résurrection, _d'un style d'Alleluia_.»--D'allégresse.


=ALL'ERTA=, _Lettres inédites_, I, 418. «Les grands marchands
étaient déjà _all'erta_.»

Dans l'attente, anxieux. (V. Saint-Simon, II, 316). En italien:
_erta_, lieu éminent, montée; en français: tenir alerte, être en
garde, guetter.


=ALMANACH=, IV, 10. «Vous êtes un très bon _almanach_.»

Ce mot vient du bas latin _almanachus_; il s'appliquait d'abord à
des calendriers égyptiens.


=AMITIÉ=, IX, 505. «Le Roi lui envoya faire une _amitié_.»--Un
compliment affectueux.


=ANONNEMENT=, X, 267. «L'_ânonnement_ que je connais, ferait une
étrange pauvreté de cette lettre.»--Lecture mauvaise à haute
voix.


=APOSTILLES=, I, 519. «Quelles _apostilles_ ne ferais-je point à
vos lettres....?»

Annotation marginale. Etymologie: _post illa_ (_verba_.)


=ARÇONS (remis dans les)=, VI, 133. «Il se fut encore _remis dans
les arçons_.»

Retrouver son équilibre et sa force, reprendre les étriers.


=ATTOURNANCE=, VIII, 76. «J'attends votre réponse sur
l'_attournance_ de ces six mille livres.»--Cession.


=ATTOURNER=, VIII, 87. «Il faut l'obliger à nous _attourner_ ces
prétentions.»--Céder.

_Attourner_: disposer, parer. Atour, qui vient de ce verbe, reste
seul en usage.


=AUTOMNE (une)=, V, 245. «Que vous allez passer _une jolie
automne_.»

Automne est devenu du genre masculin, autrefois il était des deux
genres.


=AVALER=, VIII, 263. «Madame de Coulanges ne pouvait _avaler_ mes
excuses.»--Faire descendre. (Cf. Saint-Simon, XI, 275.)


=AVOINE=, VIII, 213. «On mange son _avoine_ tristement, mais,
enfin, on la mange.»

Prendre sa nourriture en silence, se résigner à son sort, végéter
dans un état passif.




B


=BAC (dont la corde est rompue)=, IX, 81. «Vous me paraissez dans
un grand _bac dont la corde est rompue_.»--Situation très
périlleuse.


=BAGUE (courir la)=, V, 340. «Nous étions accoutumés à _courir la
bague_.»--Aller très vite.

Furetière décrit la bague: «Un exercice de manège que font les
gentilshommes pour montrer leur adresse, lorsque, avec une lance
et en courant à toute bride, ils emportent une bague suspendue au
milieu de la carrière, à une potence.»


=BAIN (à la Sénèque)=, V, 326. «Je me suis _baignée à la
Sénèque_.»

Bain extrêmement chaud dont parle Sénèque (_Epit._ 86), ou
allusion à la mort de Sénèque, dans une étuve brûlante.


=BAISE-MAINS=, VIII, 3. «Elle vous fait mille _baise-mains_.»

Recommandations et civilités offertes à quelqu'un. Ce mot était
employé même par les femmes. Madame de Maintenon (Lettres de
Boileau), chargeait l'auteur des _Satires_ de faire ses
baise-mains à Racine. «On écrivait autrefois aux dames, dit
Ménage: je vous baise les mains et suis, etc. On ne souffrirait
pas cela maintenant. Malherbe écrivait à une femme qu'il aimait:
Je vous baise les pieds.»


=BALLOTTER=, VIII, 454. «_Je ballotte._»--Je pelote en attendant
partie.

Ménage dit que c'est une métaphore prise du jeu de la paume, où
l'on renvoie, à coups de raquette, la balle de tous les côtés.

Ballotter, selon Furetière, se dit quand des joueurs de paume ne
font que renvoyer la balle l'un à l'autre et ne jouent point
partie.


=BAPTISER (difficile à)=, IX, 592. «Je n'ai jamais vu un enfant
si _difficile à baptiser_.»--Madame de Sévigné parle ici des
nouvelles bulles annoncées et retardées.


=BAPTISTAIRE=, X, 266. «Vous allez en avant pour la gaieté, en
reculant contre le _baptistaire_.»--L'extrait de l'acte de
baptême; au figuré: l'âge.


=BARAGOUINER=, VI, 442. «Je n'aime pas les _baragouinés_ d'Aix.»

Baragouiner, parler d'une façon inintelligible, à la façon des
bas-bretons d'autrefois, chez lesquels les mots _bara_, pain, et
_guin_ ou _gwin_, vin, revenaient sans cesse. Les Français, par
dérision, qualifiaient de baragouin leur manière de parler.


=BARRE (au-dessous de la)=, IX, 271. «Un esprit n'est-il pas
_au-dessous de la barre_ à cet âge?»

Au propre, la barre est la pièce d'un tonneau qui traverse le
fond par le milieu. Au figuré: être au-dessous du niveau, comme
le vin, qui est au-dessous de la barre du fond du tonneau et qui
est de moins bonne qualité.


=BIGARRÉS (yeux)=, I, 509. «Je vis moi-même, de mes propres yeux
_bigarrés_.»--De diverses couleurs.


=BILLEBAUDE=, IV, 454. «C'est une _billebaude_, qui m'est
agréable.»--Vie décousue, irrégulière, comme une bille lancée
d'une manière hardie.


=BLANC-SIGNÉ=, _Lettres inédites_, II, 102. «Envoyez votre
_blanc-signé_.»--Actuellement: blanc-seing.


=BOISSEAU (lumière sous le)=, VIII, 140. «Voilà de plaisantes
_lumières à mettre sur le boisseau_, il faudrait les mettre
dessous.» Cf. _Ev. Saint-Mathieu_, VI, 1.--Gens peu éclairés et
peu recommandables.


=BONHOMME=, V, 1. «J'ai vu le _bonhomme_ de l'Orme.»--Personne
âgée; terme employé souvent autrefois sans manque de respect. (V.
Saint-Simon, I, 146).


=BOTTÉ A CRU=, IX, 41. «N'avoir de la dévotion que ce
retranchement (des pièces de comédie) me paraît être _botté à
cru_.»--Etre mal équipé, représenter mal.


=BOUCHON=, IX, 312. «C'est un joli petit _bouchon_ qui me réjouit
fort.»

Terme de cajolerie, dit Furetière, qu'on donne aux petits enfants
et aux jeunes filles de basse condition. Molière l'a employé.
(_Ecole des Femmes_, II, 9, _Médecin malgré lui_, I, 59). Dans la
_Coquette_, Regnard fait plaisamment dériver bouchon de bouche.
On doit rattacher ce mot, dans ses sens divers, d'après Hatzfeld,
à l'ancien français bousche, faisceau de branchages et de
javelles.


=BOUFFE (la)=, IX, 178. «Il n'a point, avec nous, la _bouffe_ de
gouverneur.»--Le visage gonflé, l'allure importante.

Ménage définit bouffer: Souffler à puissance d'haleine et les
joues enflées. Les médecins, écrit Furetière, appellent bouffe la
partie inférieure de la joue, qu'on enfle de vent quand on veut.


=BOUFFÉE=, VII, 73. «Nous avons une petite _bouffée_ d'hombres et
de reversis.»

Bouffée: Mouvement à intervalles, flot. Hombres et reversis: jeux
de cartes en usage au XVIIe siècle.


=BOURRÉ=, III, 514. «Si nous les attrapons, ils seront bien
_bourrés_.»--Bourrer, faire comme le chien qui poursuit un
lièvre, lui donne un coup de dent, lui arrache le poil.

Etymologie: latin populaire _burra_, amas de poils détachés de la
peau.


=BOUTON (haut)=, V, 538. «C'est vous qui nous avez mis le _bouton
si haut_.»

Mettre le bouton haut à quelqu'un, c'est lui rendre une chose
difficile. Cette métaphore paraît tirée de l'escrime, où
l'extrémité arrondie du fleuret est appelée bouton ou mouche.


=BRAVE=, VII, 416. «Vous me faites plus _brave_ que je
voulais.»--Plus élégante.

Ce mot a deux significations: vaillant et superbement vêtu.
L'Académie, au temps de Ménage, le trouvait un peu bas, dans ce
dernier sens.


=BRÉSILLÉ=, IV, 234. «Mandez-moi si vous n'êtes pas
_brésillée_.»--Devenue rouge, teinte avec le bois rouge appelé
_brésil_.

Autre sens: brésiller, rompre par petits morceaux, réduire en
poudre à force de sécheresse.


=BRÉTAUDER=, II, 117. «Madame de Nevers y vint, coiffée à faire
rire. Le Martin l'avait _brétaudée_ par plaisir, comme un patron
de mode excessive.»--Rogner, couper, tondre irrégulièrement. On
disait de même: une pistole brétaudée.

Ménage donne à ce mot, comme origine, les mots latins: _varie
tondere_. Plus exactement, Hatzfeld voit son étymologie dans
_bertondre_, composé de _bre_ ou _ber_, expression péjorative, et
de _tondre_.


=BRIDE (lâcher la)=, IX, 307. «Je ne veux pas me _lâcher la
bride_ à vous parler.»

D'un terme de manège, le mot _bride_ est devenu, au figuré,
l'obstacle à la volonté ou à la puissance d'une personne.


=BRI (de la potence)=, IX, 295. «Avoir fourni _bri de la
potence_.»--Avoir donné contre la potence, dans le carrousel, au
lieu d'avoir emporté la bague; avoir manqué son coup.

Madame de Sévigné dit ailleurs: brider la potence. (_Lettres
inédites_, I, 47.)


=BRIDER SA COIFFE=, V. 101. «Si Quanto avait _bridé sa
coiffe_.»--Se cacher sous ses coiffes, ne pas se montrer.

Brider, dit Furetière, signifie quelquefois éteindre, serrer,
cacher. Exemple: Ce justaucorps est mal taillé, il vous bride
trop sur les épaules.


=BRILLOTTER=, VI, 7. «Il _brillotte_ fort à nos Etats.»--Mot
propre à Madame de Sévigné; briller en frétillant.


=BUISSONS (battre les)=, VI, 136. «On _bat les buissons_ et un
autre prend les oiseaux.»

Le mot buisson a pour origine, d'après Ménage, la clôture des
jardins, autrefois en buis.




C


=CABINET=, VII, 428. «On peut trouver le reste assez bon pour
être jeté dans un fond de _cabinet_.»--De bureau (Cf. _Le
Misanthrope_, I, 1: Il est bon à mettre au cabinet).


=CAMP DE MAINTENON=, VIII, 466. «Il fait de votre maison un _camp
de Maintenon_, dont l'air ne sera pas moins mortel.»--Allusion
aux travaux énormes et aux épidémies meurtrières des ouvriers
employés au château de Maintenon.


=CANAILLES CHRÉTIENNES=, IX, 221. «Je crois qu'il se contentera
d'aller en Paradis et qu'il ne quittera pas ces _canailles
chrétiennes_.»

Ce terme désignait, avec un sens un peu moins méprisant que de
nos jours, le bas peuple. Mot attribué à l'orgueilleux évêque de
Noyon, Clermont-Tonnerre, dans un de ses sermons.


=CARÊME PRENANT=, VI, 307. «Je vous trouve heureuse d'être
délivrée de _Carême prenant_.»--Carnaval, masque du mardi-gras.

C'est à la fois le moment où le carême prend et l'homme déguisé,
appelé, quelquefois aussi, carnaval. (Voir Molière: _Le Bourgeois
gentilhomme_, III, 3.)


=CASE=, V, 186. «La _case_ de Brancas.»--Maison, famille, petite
habitation.


=CHACUNIÈRE=, III, 316. «Les filles s'en vont, chacune à sa
_chacunière_.»--Demeure particulière, logis.


=CHAIR (être à la)=, X, 118. «Quand vos petits garçons seront _à
la chair_.»--Formés et en état d'agir, comme l'oiseau du
fauconnier.


=CHAMAILLIS=, _Lettres inédites_, II, 258. «Vous devriez être en
repos de ce premier _chamaillis_.»--Combat en champ clos, puis
querelle où l'on se chamaille. (Cf. Saint-Simon, VIII, 233.)

Bruit produit par des gens qui chamaillent, qui se battent. Ce
mot n'était plus en usage déjà au temps de Furetière. Chamailler
signifiait se battre contre un ennemi armé de toutes pièces,
frapper réciproquement sur les armes les uns des autres. Selon Le
Héricher (_Les Etymologies difficiles_) ce terme aurait pour
origine _cha_, préfixe péjoratif, et _mailler_, battre à coup de
maillet. Littré enseigne que l'expression vient de _Camail_,
armure de tête. D'après Hatzfeld, l'étymologie serait un mot du
latin populaire _clamaculare_, crier, _clamare_, en bonne
latinité.


=CHANDELLE DES ROIS=, II, 268. «Bariolé comme la _Chandelle des
Rois_.»

Autrefois, selon Furetière, la veille de la fête des Rois, on
brûlait une chandelle riolée (rayée), et piolée (bigarrée), de
diverses couleurs.


=CHANTER DES OREILLES=, IV, 296. «Je les entendais tous qui
_chantaient des oreilles_, car je n'ai jamais entendu de sons
comme ceux-là.»--Chantaient mal. (Rabelais, _Pantagruel_, V, 27):
Les frères ne chantaient que des oreilles.--Ne rendaient aucun
son, ne parlaient pas.


=CHATTE=, _Lettres inédites_, II, 309. «La duchesse faisait
comme la femme qui ne pouvait oublier qu'elle avait été
_chatte_.»--Traiter quelqu'un avec un abandon familier, comme
avant les grandeurs qui ont pu changer l'état, mais non
l'ancien naturel de la personne.


=CHAUD (trop)=, IX, 545. «Il prend goût au métier (de la guerre)
et ne trouve rien de _trop chaud_.»--Allusion à la chaleur de la
bataille.


=CHAUDE (à la)=, II, 532. «J'y fais une réponse à la
_chaude_.»--Vivement, à l'instant. (Cf. Saint-Simon, V, 533.)


=CHIEN DE VISAGE=, III, 78. «Voir toujours votre _chien de
visage_.»

Plaisanterie fréquente chez Madame de Sévigné. Allusion au mot de
Molière: chienne de face. (_Dépit amoureux_, IV, 47.)


=CHIEN ET LOUP=, IV, 231. «Je crains l'entre _chien et
loup_.»--Début de la soirée, l'heure à laquelle on ne
distinguerait plus un chien d'un loup.


=CHIEN DE JARDINIER=, V, 316. «Un _chien de jardinier_ comme
lui.»

Un envieux jaloux; il ne mange pas d'une chose et il ne veut pas
que les autres y touchent, comme le chien du jardinier qui ne
mange pas les choux et en interdit cependant l'approche.


=CHRÊME ET BAPTÊME (renier)=, VIII, 374. «Un homme qui renie
_chrême et baptême_.»--Chrême, huile d'olive employée dans
certaines cérémonies religieuses.--Ici le sens est: homme qui
jure par les choses les plus sacrées.


=CLAIRET=, _Lettres inédites_, I, 301. «L'autre avait beaucoup de
blanc et de _clairet_ sur le visage.»--De rouge pâle, qui n'est
point naturel.


=COCU=, V, 483. «Il a permission de prouver qu'il est _cocu_.»

Appellation injurieuse et basse donnée au mari d'une femme
infidèle. Ménage soutient que ce nom vient de _Cucullus_, parce
que le coucou va pondre dans le nid des autres oiseaux.


=COEUR DE ROI=, _Lettres inédites_, I, 277. «Avec un _coeur
de roi_, il décide tout, en prenant sur lui ce qui est en
contestation.»--Vigueur et élévation de l'âme.


=COEUR (emporter le)=, III, 155. «Un homme qui _emporte le
coeur_.»--Qui entraîne la sympathie et la conviction.


=COFFRE (sur le)=, IV, 5. «Je ne mourrai pas _sur le
coffre_.»--Au service du maître, dans les antichambres où les
coffres servaient de sièges aux nombreux courtisans de Louis XIV,
qui attendaient son lever à la porte de sa chambre.


=COFFRES (pesant sur les)=, VIII, 246. «Il va être un peu _pesant
sur vos coffres_ et inutile.»--Se dit d'un homme qui est à charge
aux autres.


=COIN (avoir un)=, IV, 44. «Il _a un coin_ d'Arnauld dans sa
tête.»--Une partie des opinions et des sentiments gravés dans la
tête.

On dit d'un homme qui a plusieurs qualités, qu'il est marqué au
bon coin.


=COMMERCE=, _Lettres inédites_, II, 201. «S'il a du _commerce_ en
Flandre.»--Des connaissances et des rapports.


=COMPASSÉ=, IX, 357. «Les arrangements ont été si bien
_compassés_.»--Mesurés comme avec un compas.


=COMPLAISANCE=, IX, 501. «Elle demanda pardon au Roi de son peu
de _complaisance_.»--Déférence à ses volontés.


=COQUELUCHONNÉ=, VIII, 464. «Des jupes noires si plaisamment
_coqueluchonnées_.»

Ce mot vient de coqueluchon, capuchon de moine, en grosse bure.


=COQUESIGRUES ou COQUECIGRUES=, VI, 453. «Je trouve mille
_coquesigrues_.»--Animal fantastique, d'invention burlesque.

Ce serait un poisson (l'anguille de mer), suivant les uns,
suivant d'autres, un oiseau fantastique. Au figuré: être
chimérique. On dit proverbialement: Cela arrivera quand viendront
les coquecigrues. Picrochole (Rabelais, livre I, chap. 99),
espérait, d'après une prophétie, que son royaume lui serait rendu
à la venue des coquecigrues. Madame de Sévigné donne à ce mot
coquecigrue le sens de niaiserie. Dans l'_Intermédiaire des
curieux et des chercheurs_, une discussion savante a été publiée
en 1907 sur ce mot bizarre. On verra dans les _Mémoires de Madame
de Boigne_ (III, 170), que Charles X s'étant laissé aller, au
jeu, à traiter son partenaire inhabile de coquecigrue, celui-ci
s'irrita, et que le souverain, pour le calmer, avoua en riant,
qu'il ne savait pas bien lui-même le sens du mot qu'il venait
d'employer.

L'étymologie de coquecigrue est inconnue. On a essayé, en vain,
de l'attribuer à la réunion des trois mots: coq, cygne et grue.


=CORBILLARD=, VIII, 280. «Cet aimable _corbillard_ qui s'en
allait tous les jours faire si bonne chère.»

Grand bateau allant de Corbeil à Paris, puis grand carrosse pour
huit personnes de la suite des Princes.


=COTHURNE=, _Lettres inédites_, II, 409. «Votre rôle est héroïque
et d'un _cothurne_ qui passe toutes mes forces.»--Eclatant, comme
une scène de tragédie.


=COTE ROMPUE=, VI, 60. «Cette affaire a une _côte
rompue_.»--Allusion, dans un cas de rupture de mariage, à la
naissance de la première femme tirée de la côte d'Adam qui lui
donna ainsi la vie.


=COU (rompre le)=, IX, 566. «On ne peut pas _rompre le cou_ à un
homme plus agréablement.»--Faire perdre son rang ou sa cause.


=COULPE=, IX, 557. «Je m'abandonne à Jésus-Christ pour la
_coulpe_ et les peines.»--Latin: _Culpa_, faute.


=COURIR=, _Lettres inédites_, I, 300. «Toute la ville me _court_,
mais je ne veux pas rendre de visites.»--Courir a ici le sens de
poursuivre.


=COUSSINET (jeter son)=, VIII, 405. «La duchesse a toujours voulu
M. de Mirepoix; elle y a _jeté son coussinet_.»--S'emparer de
quelqu'un, comme on retient sa place dans un lieu public, en
mettant un coussin. (Cf. Saint-Simon, X, 211)


=COUSU (avec quelqu'un)=, VI, 350. «Elle n'est point condamnée à
être _cousue_ avec la Reine.»


=COUSUES (bouches)=, IX, 162. «Voilà donc nos _bouches cousues_.»


=COUSU=, _Lettres inédites_, II, 16. «Etre moins _cousue_ et
moins près de moi.»--Moins attachées à l'excès l'une à l'autre.


=CRAPAUDS (nourrir des)=, I, 524. «Les _crapauds_ et les
couleuvres que vous nourrissez contre moi.»--Au figuré: chose
pénible.

On dit encore, dans un sens analogue, avaler des crapauds et des
couleuvres.


=CREVER=, VI, 310. «Ce fils ressortit pour _crever_.»--Exhaler la
douleur qui l'oppressait.


=CRISTAL (de l'automne)=, V, 99. «Ces beaux jours de _cristal de
l'automne_.»

Allusion à la transparence et à la limpidité de la lumière et de
l'air.


=CROIX DE L'ÉPÉE (mariage sur la)=, VIII, 522. «Fait un _mariage
sur la croix de l'épée_.»

Croix de la poignée de l'épée; promesse militaire de mariage
prononcée en touchant cette arme.


=CROUSTILLES=, VII, 2. «Les mets de vos _croustilles_.»

Petits repas où l'on casse une croûte, collation légère.




D


=DÉBELLER=, VIII, 314. «Il y a bien des créanciers à _débeller_.»

Etymologie: latin _debellare_, soumettre par la guerre. (Cf.
Saint-Simon, V, 122.)


=DEBREDOUILLÉ=, VII, 55. «Les trois jours ont _debredouillé_ le
chevalier.»

Oter la bredouille, faire disparaître la mauvaise
chance.--Bredouille, insuccès au jeu ou à la chasse.


=DÉCONTENANCEMENT=, IV, 376. «Le _décontenancement_ de
Vardes.»--Trouble qui fait perdre contenance.


=DÉGINGANDÉ=, IV, 118. «Notre commerce _dégingandé_.»--Allant de
travers, interrompu.

«Terme burlesque, dit Furetière, dont on se sert pour se moquer
d'une personne malpropre et chiffonnée, ou qui n'a pas une
démarche ferme, assurée et modeste.» (Cf. Saint-Simon, X, 186.)


=DÉMÉRITER=, IX, 528. «Il mérita et _démérita_ l'amitié et
l'estime de saint Augustin.»

Démériter: perdre ses titres à l'amitié et à la bienveillance de
quelqu'un.


=DÉMONTER (son esprit)=, X, 109. «Il faut _démonter_ mon
esprit.»--Le mettre en place, le calmer.


=DÉPLORÉ=, _Lettres inédites_, II, 252. «Si les affaires étaient
moins _déplorées_, on serait heureux.»--Dans un état moins
affligeant.


=DÉS (trois)=, V, 16. «Jouer sa part à _trois dés_.»--A raison de
l'indifférence sur le choix à faire ou le parti à prendre. (Cf.
Saint-Simon, VIII, 124.)


=DÉSASSORTI=, V, 243. «C'est une chose toute _désassortie_.»--Qui
n'est pas à sa place.


=DÉSASSORTISSEMENT=, IX, 358. «C'est un _désassortissement_
ridicule.»--Etat d'une chose déplacée et sans accord avec le
reste.


=DÉSOCCUPATION=, IX, 525. «Je ne sais si c'est la
_désoccupation_.»--Etat de celui qui n'est pas occupé.


=DÉSOCCUPÉ=, VI, 101. «Il était _désoccupé_.»--Mot vieilli; celui
qui ne fait plus rien.


=DÉSOPILER (se)=, III, 342. «M. de Luxembourg ne saurait se
_désopiler_.»--Se dégager, ôter les obstructions.

Etymologie: la particule _des_ (latin _dis_), et le latin
_oppilare_, boucher.--Opiler: obstruer les conduits naturels.


=DÉTRAPER=, III, 81. «La fortune _détrapera_ de bien des
gens.»--Débarrasser.

Etymologie: la particule _dé_ et _trappe_, piège. On peut
rapprocher de ce terme: attraper, resté seul en usage.


=DÉVIDER=, VI, 390. Je vous parcours, je vous _dévide_, je vous
redévide.»

Dévider: dérouler, développer, parcourir.


=DIAMANT=, _Lettres inédites_, I, 244. «Il y aurait un _diamant_
pour celui qui ferait les noces de sa cousine.»--Cadeau
honorifique, sens rare au XVIIe siècle.


=DIANTRE=, III, 184. «Il fait un temps de _diantre_.»--Altération
arbitraire du mot diable qu'on évitait de prononcer au XVIIe
siècle.


=DIEUX (les)=, _Lettres inédites_, II, 520. «Cette pensée hante
les gens accoutumés à n'avoir que les _dieux_ au-dessus de leur
tête.»--Les fils et petits-fils de Rois. (Cf. La Bruyère,
_Caractères_, ch. II.)


=DILATER=, VIII, 256. «Je souhaite de voir votre coeur _dilaté_
et dans la paix.»--Le coeur plein d'expansion par la joie.


=DISEUR=, IV, 5. «Je ne suis pas un _diseur_.»--Bavard qui répète
d'inutiles paroles. (Cf. Molière, _Le Misanthrope_, I, 1.)


=DISPOSITION=, IV, 482. «C'est une légèreté, une
_disposition_.»--Qualité de ce qui est dispos, agile.


=DIXIÈME (le) DE MAI=, V, 436. «_Le dixième de mai._»--Au lieu
de, le dix mai. Ancienne formule.


=DOMESTIQUE (le)=, _Lettres inédites_, I, 247. «Il ne faut pas
que le _domestique_ soit déguenillé.»--Ici les gens de service.

_Domestique_ avait au XVIIe siècle un sens beaucoup plus étendu
et il s'appliquait à tous ceux qui étaient attachés à une
personne à un titre quelconque, dans l'intérieur de la maison.


=DRAGONS=, V, 169. «Ne vous faites pas de _dragons_.»--Fantômes
chimériques, craintes vaines.


=DRU=, III, 462. «Jamais vous n'avez vu une mariée si _drue_;
elle va droit à son ménage.»

Dru: au propre, qui a des pousses nombreuses et serrées. Dru est
aussi un terme de fauconnerie qui se dit d'un oiseau prêt à
s'envoler du nid. Au figuré, dru signifie: déjà crû, qui se porte
bien, vigoureux, gaillard.




E


=ÉBAUBIS=, V, 422. «Ces deux historiens plus _ébaubis_ que vous.»

Ebaubi: interdit au point de bégayer. Ebaubi est le participe
passé de l'ancien verbe ébaubir, rendre baube. _Baube_ veut dire
_bègue_ dans le vieux français et vient du latin _balbus_.


=ÉCUELLE (pleuvoir dans l')=, _Lettres inédites_, II, 99. «Il a
bien _plu dans l'écuelle_ de vos cadets.»--Pensions accordées,
avantages advenus, successions opulentes, etc.


=ÉCUMER=, V, 274. «_Ecumer_ votre chambre.»--Débarrasser de
fâcheux incommodes.


=ÉCUMER LE POT=, VI, 164. «Je laisserai _écumer mon pot_ à qui
voudra.»--Qui voudra fera les honneurs de chez moi.


=EFFERVESCENCES D'HUMEUR=, IX, 146. «Des _effervescences
d'humeur_, voilà un mot dont je n'avais jamais entendu parler,
mais il est de votre père, Descartes.»--Bouillonnements de l'âme.


=ÉMERILLONNÉE=, V, 208. «Cette petite _émerillonnée_, cette
petite infante.»--Vive comme un émerillon (petit faucon).


=EMMAIGRIR=, VI, 265. «Le café _emmaigrit_ l'autre.»--Mot
vieilli, remplacé par amaigrir.


=EMMANCHER=, VII, 477. «Une suite de pensées _emmanchées_ à
gauche.»--Fausses, mauvaises, contraires à la droiture.


=ÉNERGUMÈNE=, _Lettres inédites_, II, 427. «Je connais le mot
d'_énergumène_ pour l'avoir lu en bon lieu et dans le Nouveau
Testament, quand Notre-Seigneur fait sortir les démons de ces
possédés, en les appelant énergumènes; mais quel mot pour un bout
rimé!»

Ce mot, dit M. Capmas, n'était encore, au XVIIe siècle,
qu'un terme de théologie; il se trouve chez des annotateurs
de l'Evangile et point dans le texte. Ménage et Furetière
mentionnent tous deux cette expression de laquelle se servaient
les ecclésiastiques pour désigner un possédé du diable qu'ils
exorcisaient.


=ENTÊTER=, IX, 479. «Ce que vous me mandez, achève d'_entêter_
mon fils.»--Occuper la tête d'une idée, donner une prévention
aveugle, étourdir, attacher à une opinion.


=ÉPÉE (MOURIR D'UNE PLUS BELLE)=, IX, 467. «_Mourir d'une plus
belle épée._»--Faire une fin honorable et brillante.


=ÉPLUCHEUR D'ÉCREVISSES=, V, 266. «Vous appelez Dom Robert «un
_éplucheur d'écrevisses_.»--Auteur d'écrits subtils qui
ressemblent aux écrevisses, où il y a plus à éplucher qu'à
manger.


=ESCABELLES=, VIII, 17. «La mort venait déranger ses
_escabelles_.»--Rompre ses desseins. (Cf. Saint-Simon, XVI, 119.)


=ESCARMOUCHER=, VII, 85. «_Escarmouchez_ avec lui.» (Cf.
Saint-Simon, IX, 21.)

Etymologie: italien _Scaramucca_, qu'on peut rapprocher du nom
propre Scaramouche.


=ESCOUSSE=, VIII, 485. «Ne prenez pas de si loin votre
_escousse_.»--Action qui prépare à mieux sauter, élan. (Cf.
Saint-Simon, VI, 434.)


=ESTOC=, IV, 177. «Je voudrais le marier à une petite fille qui
est un peu juive de son _estoc_.»--De sa souche, de sa race, de
sa ligne d'extraction.

Au propre: souche d'arbre, tige. Au figuré: origine d'une
famille. Etymologie germanique.


=ÉTOILE DU ROI=, IX, 505. «Je demande en grâce, à l'_étoile du
Roi_, de nous ôter le prince d'Orange.»

Etoile: astre qui, au moment de la naissance d'un homme, exerçait
une influence sur sa destinée.


=ÉTRANGLANTE (raison)=, IX, 222. «C'est une _raison
étranglante_.»--Qui comprime, arrête et tue.


=EXAGÉREUSE=, II, 281. «N'avez-vous pas quelque _exagéreuse_
comme celle-ci.»

Exagéreur: celui qui va en pensée ou en action au delà de toute
mesure.




F


=FAGOT D'ÉPINES=, VI, 155. «Elle n'est rien moins qu'un _fagot
d'épines_.»--Une personne qu'on ne sait par quel bout prendre.


=FAGOTAGE=, III, 366. «N'admirez-vous pas le _fagotage_ de
mes lettres? Je quitte un discours et tout à coup je le
reprends.»--Composition négligée.

IV, 104. «Peut-on voir un plus beau _fagotage_?»--A propos de
la réunion de choses contraires.

IX, 262. «Il aurait fallu faire un _fagotage_ de
réconciliation.»--Bâcler un accord, rétablir d'anciens liens.


=FAIRE FROID=, I, 346. «_Faire froid_, au dernier point, à une
personne.»

On dit à présent: _battre froid_.


=FAISEUR DE FILLES=, I, 357. «Le beau _faiseur de filles_.»

Raillerie de Madame de Sévigné à l'égard de Bussy-Rabutin.


=FANTAISIE MUSQUÉE=, VI, 17. «Quelle _fantaisie
musquée_.»--Affectée.


=FAVORI SANS MÉRITE=, V, 493. «Vous savez ce bon mot sur
Versailles, ce _favori sans mérite_.»


=FERS (Qualité entre deux)=, VI, 222, «On trouvait la qualité
_entre deux fers_, pour entrer dans le carrosse de la
Reine.»--Qualité insuffisante. Une pièce de monnaie, qu'on pèse
et qui ne trébuche pas, est dite entre deux fers.


=FEUILLE QUI CHANTE=, V, 232. «Il y a de la _feuille qui chante_
à ce mélange des dieux et des hommes.»

Locution remarquable, répétée à plusieurs reprises par Madame de
Sévigné. Au lieu de peindre l'oiseau chantant dans les arbres et
les bois, elle prête aux feuilles qu'elle anime le rôle du
chanteur ailé. On a dit qu'elle avait ainsi fixé le premier
moment de la perception, celui où l'on perçoit à la fois le
feuillage et le chant. Louis Bouilhet appliquant cette pensée à
une fleur et à un oiseau exotique, a écrit de même:

  Et l'on ne sait pas quand on les voit ensemble,
  Si c'est la fleur qui chante ou l'oiseau qui fleurit.


=FICHÉ=, _Lettres inédites_, II, 28. «Cela s'est _fiché_ dans ma
tête.»--Enfoncé par la pointe.


=FICHU=, VII, 302. «C'est beaucoup de n'avoir pas l'esprit
_fichu_, ni de travers.»--Mal ordonné, déplaisant.


=FIGÉ=, III, 499. «Pour _figées_, mes lettres ne le sont
pas.»--Synonyme ici de glacées.


=FONTAINE=, IV, 109. «Un petit page devenait _fontaine_, en
pleurant.»--Pleurs qui coulent comme d'une source.


=FONTANGE=, VIII, 322. «Vous me faites horreur avec cette
_fontange_.»--Noeud de rubans porté au-dessus du front, mis à la
mode par Mademoiselle de Fontanges.


=FORLONGER (se)=, III, 514. «Ils se _forlongent_.»--Tirent en
longueur, comme une bête chassée qui s'éloigne de son séjour
ordinaire. (Cf. Saint-Simon, VI, 296.)


=FRANCE (la)=, II, 173. «Nourrir _la France_.»

VIII, 288. «Toute _la France_ vint lui faire compliment.»

Toute la Cour, tout ce qui comptait en France, au XVIIe siècle.
Saint-Simon emploie fréquemment cette expression dans ce sens.


=FRATÉ=, IV, 163. «Une manière de _fraté_» (pour frater, frère).


=FRÉTILLER=, _Lettres inédites_, II, 165. «Les mains lui
_frétillent_.»

Frétiller: s'agiter comme une anguille. (Cf. Saint-Simon, XIV,
197.)


=FRICASSÉ DANS LA NEIGE=, VII, 55. «Il aurait mieux valu être
_fricassé dans la neige_.»

Allusion au mot célèbre de Ninon, qui disait de Ch. de Sévigné
que c'était une citrouille fricassée dans la neige.


=FRUST (chevaux)=, IX, 87. «_Chevaux frust._»--Fringants; chevaux
de carton en usage dans les fêtes populaires de la Provence.


=FURIES (battu des)=, IV, 508. «Il ne serait pas _battu des
furies_.»--Tourmenté par les remords.


=FUSÉE=, VIII, 55. «Il faut que cette _fusée_ soit démêlée.»

Au propre: quantité de fil roulée autour du fuseau, ou même
fuseau. Au figuré, ici: Question à éclaircir et à débrouiller.




G


=GAGNER (pays)=, VI, 236. «Il vaut bien mieux _gagner
pays_.»--Prendre de l'avance. (Cf. Saint-Simon, VII, 72.)


=GALERIES (faire ses)=, VII, 62. «La Princesse _fait ses
galeries_, de Vitré ici.»

Locution proverbiale désignant, autrefois, un chemin qu'une
personne suit souvent et sans peine.


=GARGOTIER=, _Lettres inédites_, II, 190. «Vous pouvez faire des
reproches au cuisinier de M. de La Garde, du _gargotier_ qu'il
vous avait envoyé.»

Gargote vient de l'ancien français gargate, gosier. Lieu où on
remplit le gosier d'aliments.


=GAUDEAMUS=, VII, 458. «Nos petits hommes soupaient en
_gaudeamus_.»--Débauche familière et chant bachique à table. Mot
latin signifiant: Réjouissons-nous!


=GODENOT=, VII, 443. «Le petit prince, habillé comme un
_godenot_.»

«Petite figure ou marionnette, dit Furetière, dont se servent les
charlatans pour amuser le peuple. Se dit aussi, par dérision, de
personnes laides et mal faites, des figures mal taillées ou
défigurées.»


=GODINEMENT=, VII, 427. «Vous pouvez aller coucher _godinement_ à
Fougères.»--Mot d'origine bretonne: gaiement, gentiment.


=GODRONNÉ=, IX, 300. «De la vaisselle toute neuve, toute
_godronnée_, au fruit.»

Godronné: orné de figures en relief.--Godron, ornement fait aux
bords des vaisselles d'argent, en forme d'oeuf allongé.--Au
fruit: au dessert.


=GONFLÉ (de vision)=, VII, 494. «Un homme _gonflé de vision_.»


=GORGE (coupée)=, VI, 6. «Ne laissez point vivre ni rire des gens
qui ont la _gorge coupée_ et qui ne le sentent pas.»


=GORGE (rendre sa)=, _Lettres inédites_, I, 253. «Elle _rendait
un peu sa gorge_ le matin.»--Expectorer de la salive, de la bile.


=GRAPPILLER=, IX, 367. «Lire en _grappillant_ les endroits
plaisants.»

Grappiller: cueillir des petites grappes, des grappillons; faire
des petits profits, peu à peu.


=GRAS (des jambes)=, IV, 181. «Avoir mal au _gras des jambes_ sur
un sujet.»--En entendant un discours importun qui fait perdre
patience à l'auditeur et l'agite.


=GRATIS (le)=, IX, 374. «Le pape donne _le gratis_.»--Ne fait
rien payer pour les bulles de nomination à une abbaye ou autre
fonction ecclésiastique.


=GRIMAUDAGE=, VII, 350. «Otez-vous de l'esprit tout ce
_grimaudage_ d'une femme blessée.»

Grimaudage: verbiage pédantesque d'un petit maître d'école.


=GRISETTE=, _Lettres inédites_, II, 263. «Je m'en vais consulter
pour une _grisette_.»--Habit de petite étoffe grise.


=GRISONS=, VII, 357. «Les _grisons_ vous sont inutiles: je vous
dirai toujours la vérité.»--Gens de service, habillés en gris,
pour les cas de missions secrètes.


=GUENILLON=, VI, 162. «Je vous mandai par un petit _guenillon_ de
billet.»--Ici, petit lambeau d'écriture.


=GUERRE (en) ET EN MARCHANDISE=, IX, 272. «Il se vante d'avoir vu
le chevalier _en guerre et en marchandise_.»--Comme soldat et
comme homme privé.

Métaphore tirée d'un vaisseau équipé moitié pour la guerre,
moitié pour le commerce.




H


=HURLUPÉ=, II, 172. «La tête nue et _hurlupée_.»--Hérissée.

On écrivait autrefois, _hurupé_, qui venait de hure, poil de la
tête.




I


=INHUMANITÉS=, IX, 507. «Je suis impitoyable à ses longues et
cruelles froideurs, pour ne pas dire _inhumanités_.»


=INTERLOQUÉ=, IX, 404. «Cela ne peut entrer dans ma tête; cet
article est _interloqué_.»

Mot emprunté au langage du droit. Le plaideur est interloqué
quand le jugement est suspendu jusqu'à ce que la preuve soit
fournie. Il faut procéder d'abord à l'exécution d'une mesure
préparatoire, dite interlocutoire, parce qu'elle préjuge le fond.

Etymologie: latin _interloqui_: interrompre.




J


=JAMBON (tranches de)=, IX, 182. «Il marquait les feuillets de
son bréviaire avec des _tranches de jambon_.»--Prélat épicurien,
ne songeant qu'à sa table.


=JOBELIN=, I, 544. «Je ne sais pas ce que j'aurais fait d'un
_jobelin_ qui eût sorti de l'Académie.»--Un niais.

Au XVIIe siècle, on appelait jobelins les partisans du sonnet de
Job, composé par Benserade, qu'on opposait alors à celui
d'Uranie, écrit par Voiture, en 1638.


=JOIE NOYÉE=, VII, 529. «Une _joie noyée_ de tant de larmes.»


=JOLI=, _Lettres inédites_, II, 29. «Vous êtes trop _jolie_ de
m'avoir envoyé.»--Trop aimable, trop obligeante.

Ce sens est encore usité dans le langage populaire de la
Bretagne.




L


=LA=, _Lettres inédites_, II, 85. «N'êtes-vous point effrayée; je
_la_ suis.»

On écrit actuellement _le_, sans faire accorder le prénom.


=LAMBEL=, I, 357. «Je vous réduirai au _lambel_.»

Brisure des armoiries des branches cadettes. A la partie
supérieure de l'écu, on traçait un filet horizontal.


=LANTERNERIE=, VII, 452. «Mon fils a une petite _lanternerie_
d'émotion qui l'a empêché d'aller aux Etats.»

Retard dans l'exécution d'un acte ou chose de minime importance.


=LÉ (tout de)=, VII, 269. «Elle perdit hier son procès tout de
long et _tout de lé_.»

Lé, largeur, vient du latin _latum_.


=LÉGÈRE (repas à la)=, II, 222. «Nos repas ne sont pas _repas à
la légère_.»--Peu substantiels.

Madame de Sévigné cite, en le modifiant un peu, un vers de La
Fontaine: (V. _l'Aigle et le Hibou_, V, 18.)


=LIBERTINE=, V, 551. «Je suis tellement _libertine_, quand
j'écris.»--Affranchie de toute règle, suivant uniquement son
caprice.

_Lettres inédites_, II, 11. «L'expérience va vous rendre plus
_libertine_ que jamais.»--Plus indépendante d'esprit et de
caractère.


=LIE (la)=, VII, 458. «_La lie_ de l'esprit et du corps est
humiliante à soutenir.» (Cf. Saint-Simon, XIV, 9.)


=LIE (de la vie)=, X, 344. «Il est rare que la fin et la _lie de
la vie_ n'en soient humiliantes.»


=LIÈVRE AU CORPS (prendre le)=, IX, 192. «Cette affaire est
pressante et _prend le lièvre au corps_.»

C'est une question urgente qui doit être tranchée sans
hésitation. Furetière enseigne que prendre le lièvre au corps,
signifie prendre une affaire de bon biais, donner la décision
d'une question.


=LOIN (de)=, _Lettres inédites_, II, 23. «Il ne pourra _de loin_
quitter la Méditerranée.»--De longtemps.


=LOPE (Es de)=, VII, 516. «Il y a un certain caractère de finesse
et de facilité qui fait toujours crier: _Es de Lope_.»

Proverbe espagnol: c'est de Lope, c'est parfait.


=LOUP (gueule au)=, IX, 521. «Mon fils est à la _gueule au
loup_.»--Dans une position dangereuse.

C'est une métaphore analogue à celle du proverbe latin: tenir le
loup par les oreilles.




M


=MAITRE-GARÇON=, X, 168. «Je veux qu'il laisse le maréchal de
Bellefonds, comme son _maître-garçon_, pour le conduire dans la
suite des remèdes.»--Auxiliaire du médecin, son premier élève
autrefois.


=MACHONNER=, VII, 270. «Son amie _machonne_ quelque chose d'un
pèlerinage.»--Mâcher avec difficulté.

Par analogie, parler avec embarras.


=MAILLOT=, VIII, 277. «Ce petit garçon n'est plus ce petit
_maillot_ de Madame de Coulanges.»--Jeune enfant encore dans les
langes. (Cf. Saint-Simon, IV, 59.)


=MAIN (à la)=, V, 227. «La promenade est si fort _à la main_.»--A
portée. (Cf. Saint-Simon, IV, 70.)


=MAIN (la)=, VIII, 406. «Le roi d'Angleterre ne donne pas _la
main_ à Monseigneur.»--La droite. (Cf. Saint-Simon, II, 285.)


=MAIN (séchée)=, VIII, 331. «Il leva la main, la _main ne lui
sécha pas_.»

Voir la Bible, les Rois, XIII, 6.


=MANGER (son pain bénit)=, V, 352. «A-t-il besoin de cette
conduite, d'un changement de corbillon, pour _manger son pain
bénit_?»

Corbillon, petite corbeille pour les gâteaux. Allusion à ce
proverbe: «_Changement de corbillon fait appétit de pain bénit_,»
fait trouver le pain bon.


=MANGER (le chagrin)=, _Lettres inédites_, II, 416. «_Mangeant le
chagrin_ de la lenteur du cheval.»

On dit actuellement: dévorer le chagrin, avec le même sens.


=MANGER L'ARTICLE=, IX, 519. «Me permettre de _manger
l'article_.»

Madame de Sévigné veut écrire: la comtesse Dalet, au lieu de la
comtesse _de_ Dalet.


=MANGERIE=, VII, 2. «L'étoile de la _mangerie_ s'est mise en ce
pays.»

Action de manger abondamment.--Terme vieilli.


=MARAUDAILLE=, V, 36. «Ces _maraudailles_ de Paris.»--Canailles,
réunions de marauds.


=MARGUERITES (devant les pourceaux)=, VII, 227. «C'étaient des
_marguerites devant les pourceaux_.»

L'Evangile de saint Mathieu parle de perles, en latin
_margaritas_. (Cf. Saint-Simon, XIII, 275.)


=MARIONNETTE (de guerre)=, III, 286. «Cette _marionnette de
guerre_.»--Simulacre.


=MARTEAU (coup de)=, IX, 138. «J'aime qu'un _coup de marteau_ ne
soit pas votre maître.»--Elle préfère la liberté de la vie, et
des repas.


=MASQUES, JE VOUS CONNAIS=, X, 279.

Reproche fait à des gens anoblis. On trouvera dans notre livre
intitulé: _Vie et esprit d'Achille III de Harlay_, le récit
complet de la scène à laquelle Madame de Sévigné fait allusion.


=MEZZO-TERMINE=, IX, 183. «_Les Mezzo-termine_ ne lui manquaient
pas.»--Les moyens termes. (Cf. Saint-Simon, VIII, 4.)


=MIE=, _Lettres inédites_, I, 262. «Je serai ravie d'embrasser ma
petite _mie_.»

On disait jadis: m'amie, pour mon amie, et, par un diminutif
familier, mie. (Cf. Saint-Simon, I, 340.)


=MIGNON (plaisant)=, I, 356. «Vous êtes un _plaisant mignon_ de
ne m'avoir pas écrit.»

Personne qu'on chérit, à qui l'on trouve du charme dans sa
petitesse.


=MIRODER=, IV, 533. «Elle fut _mirodée_.»

Mot breton: ajuster avec soin. On écrit aussi: miroter et
mirauder.


=MITONNER=, V, 259. «Cela s'appelle _mitonner_ les
dames.»--Préparer doucement, entourer de petits soins, choyer.


=MORGUER=, III, 130. «L'autre vous _morgue_.»--Morguer: braver
par des regards méprisants, regarder fixement. (Cf. Saint-Simon,
III, 205.)


=MOUFLER=, IV, 487. «Ces dames sont bonnes à _moufler_.»

Moufle: visage rebondit, gras; moufler, prendre le nez et les
joues à quelqu'un pour lui faire boursoufler les joues.


=MOULIN A PAROLES=, VI, 223. «Elle fait joliment tourner son
_moulin à paroles_.»

Babillarde à la langue intempérante, qui fait grand bruit, qui
parle sans arrêt, comme un moulin qui tourne.


=MOUSTACHE (passer sur la)=, V, 341. «Ce téméraire cocher nous
_passa sur la moustache_.»

L'emporter sur quelqu'un par une action hardie. Furetière nous
apprend que le terme moustache ne se disait pas seulement de la
barbe, mais aussi des cheveux qu'on laissait croître et pendre à
côté des joues. Les femmes avaient des moustaches bouclées qui
leur pendaient le long des joues, jusque sur le sein. On faisait
la guerre aux servantes et aux bourgeoises, quand elles portaient
des moustaches comme les demoiselles.




N


=NEUF=, IV, 118. «Elle est dans son _neuf_.»--Neuvième mois de
grossesse.


=NUES (monter aux)=, IX, 548. «Les moindres intérêts de son fils
la faisaient _monter aux nues_.»--Avoir les plus grandes
ambitions.


=NUES (sauter aux)=, I, 470. «Je _saute aux nues_, quand je pense
à cette infamie.»

On dit, à présent, sauter en l'air avec le même sens.




O


=OILLE=, X, 117. «Elle fit de plus une _oille_.»

Espagnol: _olla_, potage où il entre toutes sortes de viandes et
de légumes. (V. Saint-Simon, XVIII, 163.)


=OISEAU (battu de l')=, VI, 333. «Vous êtes encore trop _battus
de l'oiseau_.»--Eprouvés par le malheur, rebutés par les
insuccès. (Cf. Saint-Simon, IV, 107.)


=OLIVE (rameau d')=, V, 522. «Le _rameau d'olive_ qui fit
reconnaître que la terre était découverte.»

Ancienne forme «d'olivier». On disait autrefois: Jésus au jardin
des olives.


=OMBRE (sous)=, I, 405. «_Sous ombre_ que vous écrivez comme un
petit Cicéron.»--Sous l'apparence que. Latinisme.


=OPÉRA=, IX, 540. «Ce sont des sonnets, c'est un _opéra_ pour
moi.»

Opéra signifiait jadis oeuvre capitale. Scarron écrivait: «Vos
lettres sont des choses admirables, dignes d'être apprises par
coeur, en un mot, ce qu'on appelle des _opéras_.» Ici le sens
est: chose rare, difficile.


=OREILLE (droite)=, III, 166. «C'est l'_oreille droite_ qui corne
quand on dit du bien.»--On dit proverbialement de même: les
oreilles lui tintent, lui donnent la sensation d'une cloche qu'on
frapperait.


=OREILLE (faire l', d'un enfant)=, _Lettres inédites_, II, 521.
«C'est un _enfant dont j'aurai fait l'oreille_.»--Participation à
la naissance d'une affaire. (Cf. La Fontaine, _Contes_, II, 17.)




P


=PACOLET=, _Lettres inédites_, II, 421. «Peut-on souhaiter un
plus joli _Pacolet_?»--Personnage des anciennes féeries
remplissant le rôle de messager.


=PAILLER=, VIII, 109. «Il est difficile de contester un homme sur
son _pailler_.»

Pailler, cour de ferme pleine de paille. On dit qu'un homme est
sur son pailler, quand il paraît le plus fort, comme étant chez
lui, dans sa maison. Mot d'origine picarde: paillé, terrain.


=PAILLE (lever la)=, II, 329. «Il y avait une basse Brette qu'on
nous avait assuré qui _levait la paille_.»

Lever la paille: Allusion à la vertu de l'ambre, qui attire les
corps légers. Au figuré: avoir du succès. (Saint-Simon, XVII,
207.)


=PAIN (de feuilles et de fougères)=, X, 151. «Il est sur le point
de manger du _pain de feuilles et de fougères_.»--Etre dans la
gêne.


=PANADER (se)=, II, 431. «Le voyant _se panader_ dans les
occupations qu'il lui donnait.»--Faire le paon. (Cf. Saint-Simon,
III, 336.)


=PANERÉES (de tétons)=, II, 173. «Il lui semblait toujours voir
des _panerées de tétons_.»--Contenance d'un panier plein.


=PANTOUFLERIE=, VI, 515. «La _pantouflerie_ ne vous déplairait
pas.»

Pantoufle: raisonnement ridicule, bavardage à tort et à travers.


=PAPIER MARQUÉ=, _Lettres inédites_, I, 327. «Vous seriez riche,
si vous lui rendiez le _papier marqué_ et qu'il ne pût faire ses
copies ailleurs.»

Papier frappé de l'impôt du timbre, établi par Mazarin. Ce mot
est resté dans le langage populaire, pour indiquer notre papier
timbré.


=PARADIS (par delà le)=, V, 69. «Il voulait aller _par delà le
Paradis_.»--Mourir.


=PAROLI=, VIII, 324. «On ne peut vous donner le _paroli_ de cette
sottise.»

Terme de jeu indiquant le double de la première mise; faire
paroli, au figuré, signifie renchérir. Mot d'origine italienne.


=PARIS DE TRAVERSE=, IX, 2. «Vaquer à tous les _paris de
traverse_, qui arrivent chaque jour.»--Paris qui ne sont pas du
courant du jeu qu'on joue.


=PARTIE (coup de)=, VII, 127. «Votre voyage est un _coup de
partie_ pour votre maison.»

Le coup de partie est celui qui décide du gain de la partie, au
jeu. Au figuré, événement décidant du succès.


=PASSADE=, VII, 422. «Je reviens à la _passade_.»--Sur mes pas;
terme d'équitation.


=PATERNITÉS=, _Lettres inédites_, II, 196. «Le bon abbé vous dit
mille _paternités_.»--Tendresses paternelles.


=PÊCHER=, I, 389. «Où avez-vous été _pêcher_ ce monsieur le
Grand-Prieur?»--Terme familier: chercher, prendre.


=PERSONNE (une)=, VI, 351. «C'est _une personne_.»

Une femme digne de ce nom, comme on dit: c'est un homme.


=PÉTILLER=, _Lettres inédites_, II, 276. «Le duc de Charost
_pétillait_.»--Laissait échapper des signes de vive impatience.
(Cf. Saint-Simon, IX, 82.)


=PETIT POT A PART=, VII, 206. «Notre ami a fait son _petit pot à
part_ pour vous écrire.»--Agir de son côté, faire seul sa petite
cuisine.


=PÉTOFFE=, III, 276. «C'est la grande _pétoffe_ de l'Europe.»

Mot de la langue d'oc: médisance, tracasserie, sornette,
inutilité.


=PIEDS DE DERRIÈRE=, IV, 376. «Je me promène sur les _pieds de
derrière_ comme un autre.»--Elle recommençait à marcher, après
une maladie.


=PITAUDE=, IV, 458. «Vous êtes une vraie _pitaude_.»

Pitaud, terme injurieux qu'on dit aux gens grossiers qui ont des
manières de rustres. On appelait pitauds des paysans levés pour
aller à la guerre (Furetière). La Cour du roi Pétaud, restée
proverbiale, est plutôt celle du roi des Pitauds, d'après
certains auteurs.


=PLAIT-IL MAITRE?= VII, 217. «Vous voilà de seigneur devenu:
_Plaît-il maître?_»--Subalterne, inférieur, obligé de demander
pour toutes choses une permission. (Cf. Saint-Simon, XI, 410.)


=PLUCHE=, IX, 550. «Certaines prières nouvelles que nous appelons
de la _pluche_.»

Madame de Sévigné, en disant ses anciennes prières, épluchait les
prières nouvelles, ainsi qu'on enlève les parties inutiles d'un
objet.


=POING (être sur le)=, III, 183. «_Etre sur le poing_ de M. de
Marseille.»--Etre accompagné, tenu en bride, comme un faucon de
chasse.


=POINT (se faire un)=, VI, 379. «Elle s'est _fait un point_ de
vous estimer.»--Une obligation principale.


=POIS CHAUDS (manger des)=, VI, 65. «Sur cela je _mange des pois
chauds_, dans ma réponse, comme disait M. de La Rochefoucauld.»

Manger des pois chauds, hésiter, ne savoir que répondre, comme le
mangeur qui craint de se brûler et va lentement.


=PONT-NEUF (faire le)=, _Lettres inédites_, II, 503. «Cet état
n'est pas obligeant pour une famille qui croit avoir _fait le
Pont-neuf_ pour une prompte décision.»

Expression proverbiale: faire le Pont-neuf, faire des merveilles.


=PORTE FERMÉE=, _Lettres inédites_, II, 108. «Tenant sa _porte
fermée_ et dansant.»--Bouche fermée.


=PORTES (tomber les)=, VI, 288. «Etre dans la foule, après avoir
vu _tomber les portes_ devant soi.»--Avoir eu accès dans les plus
hautes places, n'avoir été arrêté par rien.


=PORTATIF=, X, 46. «On n'est point _portatif_, quand on est
attaché inséparablement à deux ou trois personnes; on ne saurait
faire des courses légères.»--Portatif: d'un déplacement facile.


=PORTER (sur les épaules)=, VII, 293. «Elle nous _portait tous
sur ses épaules_.»--Nous étions pour elle un fardeau déplaisant.


=POTÉE (de souris)=, IV, 29. «Elle est comme une _potée de
souris_.»

Ce que contient un pot. On dit proverbialement: éveillée comme
une potée de souris.


=POUILLIER=, VI, 43. «Ils couchèrent dans un
_pouillier_.»--Taudis.


=POUSSER (le temps à l'épaule)=, _Lettres inédites_, II, 278. «Je
_pousse le temps à l'épaule_, comme vous.» (V. Saint-Simon, VIII,
114.)


=PRESSE (faire la)=, VI, 312. «Elle n'allait pas _faire la
presse_ parmi cette famille.»--Se mêler à la foule.


=PRIME (petite)=, V, 20. «C'est tirer son jeu à _petite prime_.»

Il y avait la grande et la petite prime; ces jeux différaient par
le nombre de points.


=PRONERIES=, _Lettres inédites_, I, 348. «Je vous demande
mille excuses des ennuyeuses _prôneries_ où je me suis
embarquée.--Prédications exagérées.


=PUCE (saut d'une)=, IX, 411. Le soleil remonte du _saut d'une
puce_.»

Proverbe: Le 13 décembre, jour de la sainte Luce, les jours
commencent à croître du saut d'une puce.




Q


=QUANTOVA=, _Lettres inédites_, II, 159. «J'ai trouvé ici ce
livre français que Vardes vous apporta en italien: _La pedina del
Re quanto va_.»

Pedina signifie _pion_ et aussi _maîtresse_. Au jeu des échecs,
en Espagne, on disait: le _pedina (ou lo pedino) del Re quanto
va_. Quand marche la pionne (ou le pion) du roi, c'est toujours
devant lui. Est-ce en souvenir du titre de ce livre que Madame de
Sévigné désigna Madame de Montespan sous le nom de _Quantova_, ou
de _Quanto_?

_Quantova_ est-il un terme de jeu: De combien allez-vous? Madame
de Montespan étant fort joueuse, l'allusion pourrait se
comprendre. Le sens serait-il plus simple: Combien durera ce
nouvel amour du Roi? Il est difficile de trouver le mot de
l'énigme.

Madame de Sévigné écrit ailleurs: VII, 324. «Je vais me promener
_quanto va_.»--Tant que cela va.


=QUINOLA (à prime)=, IX, 107. «Notre ignorance s'en accommoderait
comme d'un _quinola à prime_.»

Quinola, mot espagnol, indique le valet de coeur au jeu de
reversis et de la petite prime. Quinola à prime est le coup
gagnant.




R


=RABUTINAGE=, IV, 518. «Voyez si vous écrirez un mot en faveur du
_rabutinage_.»

Parenté des Rabutin, du côté de Madame de Sévigné, née Marie de
Rabutin-Chantal.


=RADOTERIE=, IV, 91. «Je suis loin de la _radoterie_ qui fait
passer l'amour maternel aux petits enfants.»

Habitude de radoter, de tenir des propos qui dénotent un
affaiblissement de l'esprit.


=RAFRAICHISSEMENT=, VI, 502. «Je ne puis concevoir le château de
Grignan comme un lieu de _rafraîchissement_, pour vous.»--Lieu de
repos qui refroidit et apaise l'irritation.


=RAIES (petites)=, VIII, 378. «J'aime mes _petites raies_; elles
donnent de l'attention.»

Traits dans l'écriture, pour mettre en relief certains passages
d'une composition.


=RAPAISER=, I, 365. «Vous vous servez de cette finesse pour me
_rapaiser_.»--Ramener à la paix, adoucir quelqu'un, faire passer
sa colère.


=RAPATRIER (se)=, IX, 13. «Le nez de M. de Gesvres s'est
_rapatrié_ avec celui des Béthune.»--Se rapprocher, se
réconcilier.


=RASOIRS (marcher sur des)=, VII, 222. «Tout le monde disait
que c'était _marcher_ sur des charbons ardents, _sur des
rasoirs_.»--Traverser une passe difficile et périlleuse.


=RAVAUDER=, V, 182. «Vouloir _ravauder_ à Rome sur le
relâchement.»--Rapiécer, rabâcher, tenir des propos futiles.


=RAVAUDERIES=, IV, 238. «Recueillir toutes les
_ravauderies_.»--Niaiseries, rabâchages.


=RAVISSEMENTS=, III, 78. «Il a écrit des _ravissements_ de votre
beauté.»

Etat d'une âme transportée d'enthousiasme. Molière a dit de même:
«Et vos ravissements ne prendraient pas de fin.» (_Tartuffe_, I,
15.)


=RECOGNER=, VII, 396. «Tant de sérosités y avaient été
_recognées_ par les eaux froides.»--Remettre au coin, repousser.


=RECOMMENCEUR=, I, 397. «L'amour est un vrai _recommenceur_.»

Mot de Bussy-Rabutin, écrit à Madame de Sévigné.


=REDISEURS=, _Lettres inédites_, II, 234. «Dites à vos
_rediseurs_ que vous les nommerez puisqu'ils sont si assurés de
ce qu'ils redisent.»--Ceux qui répètent ce qu'ils ont appris.


=REDRESSER=, IX, 457. «_Redressez_ vos pensées.»--Relever,
remettre dans l'état normal.


=REGRATTER=, IX, 317. «Je vous défie de trouver à _regratter_
là-dessus.»--Gratter de nouveau, en épluchant les comptes.


=RÈGLEMENT=, _Lettres inédites_, II, 201. «Manger un peu
_règlement_.»--D'une façon régulière, sans écart.


=RELAISSER (se)=, III, 513. «Ils se _relaissent_.»--Comme une
bête qui a longtemps couru, s'arrête de lassitude. (Cf.
Saint-Simon, I, 413.)


=RELEVER (de sentinelle)=, V, 62. «Les Jansénistes le _relevèrent
de sentinelle_.»

Retirer d'un poste, en le gourmandant, un mauvais soldat qui est
remplacé dans son service.


=RELIQUE VIVANTE=, IV, 469. «On m'a toujours appelée _relique
vivante_, à Sainte-Marie.»--A cause de Madame de Chantal, sa
grand'mère.


=REMPART (mettre sur le)=, VI, 415. «Si je voulais _mettre_ une
fille _sur le rempart_.»--En faire une fille galante, une femme
des boulevards, dirions-nous.


=REMUEUSE=, VIII, 349. Une _remueuse_.--Femme qui remuait
(changeait) le linge et nettoyait l'enfant d'un grand seigneur.


=RENONCER=, X, 234. «Ne me parlez pas de Madame de Mecklembourg;
je la _renonce_.»--Refuse de la reconnaître.


=RESSOLLICITER=, _Lettres inédites_, I, 350. «Il a fallu
_ressolliciter_ pour votre petit procès.»

Aller de nouveau solliciter les juges, suivant l'usage du XVIIe
siècle.


=RESSUYER=, VII, 69. «Il n'y a aucun lieu de repos pour eux, ni
qui puisse les _ressuyer_.»--Les remettre au beau, après la pluie
des dépenses.


=RETARDEMENT=, III, 82. «Le _retardement_.»--Action de retarder;
mot vieilli.


=RÉVERBÉRATION=, V, 263. «Je n'étais son amie que par
_réverbération_.»--Par le contre-coup de connaissances communes.


=RIDEAU (derrière le)=, _Lettres inédites_, II, 409.
«Permettez-moi de passer _derrière le rideau_ et de vous faire
venir sur le théâtre.»--S'effacer.


=ROGATON=, IX, 409. «Nous lisons des _rogatons_ que nous trouvons
sous notre main.»--_Rogatum_, chose demandée, humble requête,
puis chose de rebut.


=RUSTAUDE=, V, 213. «L'éducation _rustaude_ est fort bonne.»--Qui
a de la rusticité, campagnarde.


=RUSTAUDEMENT=, I, 406. «Je vous aime un peu
_rustaudement_.»--Comme une personne de la campagne.




S


=SABLONNIER (le)=, VII, 438. «Il ne fallait pas douter que le
_sablonnier_, en passant sur le minuit, ne leur servît de garde.»

Sablonnier, vieillard imaginaire qui jetterait du sable dans les
yeux des petits enfants pour les endormir.


=SAC=, IV, 120. «Je vais avoir la tête dans un _sac_.»--Ne
s'occuper de rien. (Cf. Saint-Simon, IV, 120.)


=SAC (pièce de son)=, IX, 346. «Ce sera la meilleure _pièce de
son sac_.»

Métaphore tirée des sacs à procès, où les Procureurs mettaient
les pièces d'un dossier.


=SALÉ=, IV, 161; VI, 37. «Je trouve Montgobert _salée_ et tous
ses tours me font plaisirs.»--Vive et piquante.

On disait aussi, autrefois, d'un homme rigide, ne faisant aucune
concession, que c'était un homme bien salé.


=SANG (aux ongles)=, V, 8. «Si mes ennemis avaient du _sang aux
ongles_.»

Avaient de l'énergie, du sang dans les veines, dirions-nous à
présent.


=SAPATE=, VI, 144. «Un écran donné en forme de _Sapate_.»

Ce serait, d'après une note des Chansons de Coulanges, un présent
considérable, sous la forme d'un objet qui l'est moins en
apparence, par exemple: un diamant dans un citron. Quoiqu'il en
soit, Sapate est le nom d'une fête en usage le 5 décembre, veille
de l'anniversaire de saint Nicolas, chez les Espagnols, avec
surprises et cadeaux placés secrètement dans les pantoufles de la
personne favorisée. Etymologie: _Zapatilla_, pantoufle, en
espagnol.


=SAVANTAS=, VIII, 430. «Vous me représentez plaisamment votre
_Savantas_.»--Pédant, ennuyeux.


=SÉCHETTE=, III, 147. «Votre lettre est un peu _séchette_.»

Diminutif de sèche, créé par Madame de Sévigné.


=SEMONCE=, X, 191. «Il faut que la cuisse des cailles se sépare
du corps à la première _semonce_.»--Invitation, sollicitation.


=SENS FROID=, V, 103. «Je n'attendrai pas de _sens froid_ cette
joie.»

Au lieu de sang-froid. Saint-Simon se sert d'une expression
identique.


=SERRURE (brouillée)=, VI, 380. «Sa _serrure_ était bien
_brouillée_.»--Son esprit était confus, il n'était ouvert à rien;
il agissait à tort et à travers.


=SIBYLLE (feuilles de la)=, X, 132. «Ce que vous faites me paraît
impossible; c'est courir après les _feuilles de la Sibylle_.»

Voir _Enéide_, III, 443: _Fata canit, foliis que notas et nomina
mandat._

X, 39. «Vous avez bien de la peine à reprendre en l'air les
sommes éparpillées que je compare toujours aux _feuilles de cette
Sibylle_, qui ne rendait les réponses qu'à la condition de les
chercher sur les feuilles qu'elle jetait en l'air.»


=SOLAIRE=, V, 233. «Son voyage est _solaire_.»--Rayonnant.

Ce mot signifie aussi ouvert et plein. (Cf. Saint-Simon, X, 108.)


=SOURDEMENT=, III, 351. «On va _sourdement_ chez le duc du
Maine.»--En se cachant, en dissimulant sa démarche aux yeux et
aux oreilles.


=SOUS (pièce de quatre)=, VII, 15. «Dépenser son esprit en
petites _pièces de quatre sous_.»--En bagatelles, en menue
monnaie.


=SURTOUT=, IX, 427. «Quel _surtout_ que ce rhumatisme!»--Casaque
d'hiver, mise par-dessus les autres habits.


=SYNAGOGUE (enterrer la)=, VI, 63. «Ils _enterrent la
synagogue_.»

Cette expression proverbiale signifie, d'après Furetière, se
servir de manières honnêtes pour détruire quelque chose. Jusqu'à
la destruction du Temple de Jérusalem, la synagogue a été
respectée par les chrétiens, comme l'ancienne loi, prête à
disparaître.




T


=TAIAUTS=, VI, 360. «Il conserve sa tristesse au milieu de tous
les _taiauts_.»--Cris de chasse.


=TAILLER (en plein drap)=, V, 524. «J'étais dans un lieu où on
_taillait en plein drap_.»--Parler, se résoudre à agir, sans
frein et au hasard.


=TAMBOURINAGE=, V, 311. «Elle me rend le _tambourinage_ qu'elle
reçoit de beaucoup d'autres.»--Action de faire grand bruit de
quelqu'un ou de quelque chose.


=TAPIS (de revente)=, IV, 67. «Nous faisons chercher un _tapis de
revente_.»--Un tapis qui a déjà servi.


=TERRE (mettre à)=, IX, 456. «Chargé de toutes les affaires de la
maison, j'aurais eu peur qu'il ne les _mît à terre_.»--Délaisser,
abandonner.


=TERRE (tomber à)=, IX, 330. «Cela ne _tombera pas à terre_.»--Ne
sera pas négligé.


=TERRES (inconnues)=, VII, 328. «L'amitié au delà de celle que
j'ai pour vous, ce sont des _terres inconnues_.»


=TÊTE VERTE=, V, 117. «Un homme qui a une _tête
verte_.»--Brusque, emporté, juvénile encore.


=THÉATRE (se retirer derrière le)=, IX, 498. «Ma belle-fille
_s'est retirée derrière le théâtre_.»--A quitté la scène,
abandonné la partie, rompu tout rapport.


=TIRER (jusqu'à la lie)=, VIII, 3. «Ne pas souhaiter de _tirer
jusqu'à la lie_.»--Prolonger sa vie jusqu'à la décrépitude.


=TRANSIR=, VI, 328. «Cela fait _transir_.»

Etre engourdi de froid. (Cf. Racine, _Phèdre_, I, 3: Je sentis
tout mon corps et transir et brûler.)--Etymologie: latin
_transire_, aller au delà.


=TRÉMEUR=, V, 12. «On attend des nouvelles avec _trémeur_.»

Latinisme: _tremor_, tremblement.


=TRIVELIN=, _Lettres inédites_, I, 395. «Il s'est trouvé en un
moment hors d'affaires, comme _Trivelin_.»--Personnage de la
comédie italienne, jouant les rôles d'intrigant, de fourbe.


=TU AUTEM=, IX, 146. «Qu'il suive ses conseils, voilà le _tu
autem_.»--Le noeud d'une affaire, sa difficulté, ce qui est
essentiel. Etymologie: _tu autem_, mots latins qui signifient:
_mais toi_. Cette façon de parler employée également au XVIIe
siècle par La Fontaine, Scarron, Madame Dunoyer et d'autres
écrivains, est prise des leçons du bréviaire qui finissent par:
_Tu autem Domine, miserere mei_.




V


=VADE=, VI, 126. «Elle m'aime un peu pour ma _vade_.»

Pour mon compte. Au propre: la somme par laquelle un joueur de
brelan ouvre le jeu. (Cf. Saint-Simon, IX, 397.)


=VAISSEAU (d'iniquité)=, IX, 510. «M'appeler un _vaisseau
d'iniquité_.»

Ce mot a ici le sens de vase, _vas iniquitatis_.


=VAPOREUX=, IX, 7. «La nombreuse troupe des _vaporeux_.»

Malades de vapeurs. Au XVIIe siècle, on appelait vapeurs des
humeurs subtiles qui s'élevaient des parties basses du corps et
qui occupaient et blessaient le cerveau.


=VENTS (pointe des)=, VI, 12. «La lettre est un peu sur la
_pointe des vents_.»--Ecrite au hasard, dans l'incertitude.


=VENT (lier le)=, VIII, 241. «Ils n'en viendront à bout que le
jour où ils auront trouvé l'invention de _lier le vent_ et de
fixer le mercure.»


=VERROUS=, IV, 142. «Tirer les _verrous_ sur soi.»--Vivre dans la
retraite où l'on s'est enfermé.


=VESSIES (de cochon par le nez)=, IV, 27. «Donner d'une _vessie
de cochon par le nez_.»--(Cf. Rabelais, III, 45: Comme Triboullet
nasardant Panurge avec la vessie de porc enflée qu'il a reçue de
lui.)


=VIANDE=, IX, 152. «Un ragoût, une salade de concombres, des
cerneaux et autres sortes de _viandes_.»

Viande était autrefois synonyme d'aliment. Le pain bis était
appelé viande par Malherbe. (Cf. Saint-Simon, III, 25.)


=VIVOTER=, IX, 461. «Faire _vivoter_ un pauvre
pulmonique.»--Vivre petitement.


=VOITURE=, I, 395. «Je prétends avoir un de ces jours ma
_Voiture_ à part.»--Ecrire mes lettres comme celles de Voiture.


=VRAIES (personnes)=, II, 286. «Ah! qu'il y a peu de _personnes
vraies_! Rêvez un peu sur ce mot, vous l'aimerez. Je lui
trouve, de la façon que je l'entends, une force au delà de sa
signification ordinaire.»

Une personne qui se montre dans ses paroles et sa conduite telle
qu'elle est en réalité. (Cf. Boileau: Rien n'est beau que le
vrai.)


=VUE (donner dans la)=, _Lettres inédites_, II, 119. «Avait
_donné dans la vue_ d'une fille de Madame de Montglat.»

Donner dans les yeux. (Cf. Saint-Simon, IX, 372.)




TABLE


Les premiers chiffres renvoient à l'Edition des Lettres de Madame
de Sévigné, publiée par Monmerqué, les derniers chiffres
indiquent les pages du présent ouvrage.


  A
                                                 Pages.
  Abîmé (en Dieu), I, 444                           17
  Aboyer, VII, 279                                  17
  Académistes, I, 407                               17
  Accessit, IX, 258                                 17
  Accouchade, IV, 143                               18
  Aigle (éployée), IX, 404                          18
  Aimablement, Lettres inédites, II, 126            18
  Air (bon), IX, 517                                19
  Air (l'), I, 475                                  19
  Alleluia (style d'), X, 281                       19
  All'erta, Lettres inédites, I, 418                19
  Almanach, IV, 10                                  19
  Amitié, IX, 505                                   19
  Anonnement, X, 267                                19
  Apostilles, I, 519                                19
  Arçons (remis dans les), VI, 133                  20
  Attournance, VIII, 76                             20
  Attourner, VIII, 87                               20
  Automne (une), V, 245                             20
  Avaler, VIII, 263                                 20
  Avoine, VIII, 213                                 20


  B

  Bac (dont la corde est rompue), IX, 81            21
  Bague (courir la), V, 340                         21
  Bain (à la Sénèque), V, 326                       21
  Baise-mains, VIII, 3                              21
  Ballotter, VIII, 454                              22
  Baptiser (difficile à), IX, 592                   22
  Baptistaire, X, 266                               22
  Baragouiner, VI, 442                              22
  Barre (au-dessous de la), IX, 271                 22
  Bigarrés (yeux), I, 509                           23
  Billebaude, IV, 454                               23
  Blanc-signé, Lettres inédites, II, 102            23
  Boisseau (lumière sous le), VIII, 140             23
  Bonhomme, V, 1                                    23
  Botté à cru, IX, 41                               23
  Bouchon, IX, 312                                  23
  Bouffe (la), IX, 178                              24
  Bouffée, VII, 73                                  24
  Bourré, III, 514                                  24
  Bouton (haut), V, 538                             24
  Brave, VII, 416                                   25
  Brésillé, IV, 234                                 25
  Brétauder, II, 117                                25
  Bride (lâcher la), IX, 307                        25
  Bri (de la potence), IX, 295                      26
  Brider (sa coiffe), V, 101                        26
  Brillotter, VI, 7                                 26
  Buissons (battre les), VI, 136                    26


  C

  Cabinet, VII, 428                                 27
  Camp (de Maintenon), VIII, 466                    27
  Canailles chrétiennes, IX, 221                    27
  Carême prenant, VI, 307                           27
  Case, V, 186                                      27
  Chacunière, III, 316                              28
  Chair (être à la), X, 118                         28
  Chamaillis, Lettres inédites, II, 258             28
  Chandelle des Rois, II, 268                       28
  Chanter des oreilles, IV, 296                     29
  Chatte, Lettres inédites, II, 309                 29
  Chaud (trop), IX, 545                             29
  Chaude (à la), II, 532                            29
  Chien de visage, III, 78                          29
  Chien et loup, IV, 231                            29
  Chien de jardinier, V, 316                        30
  Chrême et baptême (renier), VIII, 374             30
  Clairet, Lettres inédites, I, 301                 30
  Cocu, V, 483                                      30
  Coeur de Roi, Lettres inédites, I, 277            30
  Coeur (emporter le), III, 155                     30
  Coffre (sur le), IV, 5                            31
  Coffres (pesant sur les), VIII, 246               31
  Coin (avoir un), IV, 44                           31
  Commerce, Lettres inédites, II, 201               31
  Compassé, IX, 357                                 31
  Complaisance, IX, 501                             31
  Coqueluchonné, VIII, 464                          31
  Coquesigrues, VI, 453                             32
  Corbillard, VIII, 280                             32
  Cothurne, Lettres inédites, II, 409               33
  Côte rompue, VI, 60                               33
  Cou (rompre le), IX, 566                          33
  Coulpe, IX, 557                                   33
  Courir, Lettres inédites, I, 300                  33
  Coussinet (jeter son), VIII, 405                  33
  Cousu (avec quelqu'un), VI, 350                   33
  Cousues (bouches), IX, 162                        34
  Cousu, Lettres inédites, II, 16                   34
  Crapauds (nourrir des), I, 524                    34
  Crever, VI, 310                                   34
  Cristal (de l'automne), V, 99                     34
  Croix de l'épée (mariage sur la), VIII, 522       34
  Croustilles, VII, 2                               34


  D

  Débeller, VIII, 314                               35
  Debredouillé, VII, 55                             35
  Décontenancement, IV, 376                         35
  Dégingandé, IV, 118                               35
  Démériter, IX, 528                                35
  Démonter (son esprit), X, 109                     36
  Déploré, Lettres inédites, II, 252                36
  Dés (trois), V, 16                                36
  Désassorti, V, 243                                36
  Désassortissement, IX, 358                        36
  Désoccupation, IX, 525                            36
  Désoccupé, VI, 101                                36
  Désopiler (se), III, 342                          36
  Détraper, III, 81                                 37
  Dévider, VI, 390                                  37
  Diamant, Lettres inédites, I, 244                 37
  Diantre, III, 184                                 37
  Dieux (les), Lettres inédites, II, 520            37
  Dilater, VIII, 256                                37
  Diseur, IV, 5                                     37
  Disposition, IV, 482                              37
  Dixième (le) de mai, V, 436                       38
  Domestique (le), Lettres inédites, I, 247         38
  Dragons, V, 169                                   38
  Dru, III, 462                                     38


  E

  Ebaubis, V, 422                                   38
  Ecuelle (pleuvoir dans l'), Lettres inédites,
      II, 99                                        39
  Ecumer, V, 274                                    39
  Ecumer (le pot), VI, 164                          39
  Effervescences d'humeur, IX, 146                  39
  Emerillonnée, V, 208                              39
  Emmaigrir, VI, 265                                39
  Emmancher, VII, 477                               39
  Energumène, Lettres inédites, II, 427             39
  Entêter, IX, 479                                  40
  Epée (mourir d'une plus belle), IX, 467           40
  Eplucheur d'écrevisses, V, 266                    40
  Escabelles, VIII, 17                              40
  Escarmoucher, VII, 85                             40
  Escousse, VIII, 485                               41
  Estoc, IV, 177                                    41
  Etoile du Roi, IX, 505                            41
  Etranglante (raison), IX, 222                     41
  Exagéreuse, II, 281                               41


  F

  Fagot d'épines, VI, 155                           42
  Fagotage, III, 366; IV, 104; IX, 262              42
  Faire froid, I, 346                               42
  Faiseur de filles, I, 357                         42
  Fantaisie musquée, VI, 17                         42
  Favori sans mérite, V, 493                        42
  Fers (qualité entre deux), VI, 222                43
  Feuille qui chante, V, 232                        43
  Fiché, Lettres inédites, II, 28                   43
  Fichu, VII, 302                                   43
  Figé, III, 499                                    43
  Fontaine, IV, 109                                 44
  Fontange, VIII, 322                               44
  Forlonger (se), III, 514                          44
  France (la), II, 173; VIII, 288                   44
  Fraté, IV, 163                                    44
  Frétiller, Lettres inédites, II, 165              44
  Fricassé dans la neige, VII, 55                   44
  Frust (chevaux), IX, 87                           45
  Furies (battu des), IV, 508                       45
  Fusée, VIII, 55                                   45


  G

  Gagner (pays), VI, 236                            45
  Galeries (faire ses), VII, 62                     45
  Gargotier, Lettres inédites, II, 190              45
  Gaudeamus, VII, 458                               46
  Godenot, VII, 443                                 46
  Godinement, VII, 427                              46
  Godronné, IX, 300                                 46
  Gonflé (de vision), VII, 494                      46
  Gorge coupée, VI, 6                               46
  Gorge (rendre sa), Lettres inédites, I, 253       46
  Grappiller, IX, 367                               47
  Gras (des jambes), IV, 181                        47
  Gratis (le), IX, 374                              47
  Grimaudage, VII, 350                              47
  Grisette, Lettres inédites, II, 263               47
  Grisons, VII, 357                                 47
  Guenillon, VI, 162                                47
  Guerre (en, et en marchandise), IX, 272           47


  H

  Hurlupé, II, 172                                  48


  I

  Inhumanités, IX, 507                              48
  Interloqué, IX, 404                               48


  J

  Jambon (tranches de), IX, 182                     49
  Jobelin, I, 544                                   49
  Joie noyée, VII, 529                              49
  Joli, Lettres inédites, II, 29                    49


  L

  La, Lettres inédites, II, 85                      49
  Lambel, I, 357                                    49
  Lanternerie, VII, 452                             50
  Lé (tout de), VII, 269                            50
  Légère (repas à la), II, 222                      50
  Libertine, V, 551                                 50
  Libertine, Lettres inédites, II, 11               50
  Lie (la), VII, 458                                50
  Lie (de la vie), X, 344                           50
  Lièvre au corps (prendre le), Lettres inédites,
      IX, 192                                       51
  Loin (de), II, 23                                 51
  Lope (Es de), VII, 516                            51
  Loup (gueule au), IX, 521                         51


  M

  Maître-garçon, X, 168                             51
  Machonner, VII, 270                               52
  Maillot, VIII, 277                                52
  Main (à la), V, 227                               52
  Main (la), VIII, 406                              52
  Main séchée, VIII, 331                            52
  Manger (son pain bénit), V, 352                   52
  Manger (le chagrin), Lettres inédites, II, 416    52
  Manger l'article, IX, 519                         53
  Mangerie, VII, 2                                  53
  Maraudaille, V, 36                                53
  Marguerites (devant les pourceaux), VII, 227      53
  Marionnette (de guerre), III, 286                 53
  Marteau (coup de), IX, 138                        53
  Masques, je vous connais, X, 279                  53
  Mezzo termine, IX, 183                            54
  Mie, Lettres inédites, I, 262                     54
  Mignon (plaisant), I, 356                         54
  Miroder, IV, 533                                  54
  Mitonner, V, 259                                  54
  Morguer, III, 130                                 54
  Moufler, IV, 487                                  54
  Moulin à paroles, VI, 223                         54
  Moustache (passer sur la), V, 341                 55


  N

  Neuf, IV, 118                                     55
  Nues (monter aux), IX, 548                        55
  Nues (sauter aux), I, 470                         55


  O

  Oille, X, 117                                     56
  Oiseau (battu de l'), VI, 333                     56
  Olive (rameau d'), V, 522                         56
  Ombre (sous), I, 405                              56
  Opéra, IX, 540                                    56
  Oreille (droite), III, 166                        56
  Oreille (faire l', d'un enfant), Lettres
      inédites, II, 521                             57


  P

  Pacolet, Lettres inédites, II, 421                57
  Pailler, VIII, 109                                57
  Paille (lever la), II, 329                        57
  Pain de feuilles et de fougères, X, 151           57
  Panader (se), II, 431                             58
  Panerées (de tétons), II, 173                     58
  Pantouflerie, VI, 515                             58
  Papier marqué, Lettres inédites, I, 327           58
  Paradis (par delà le), V, 69                      58
  Paroli, VIII, 324                                 58
  Paris de traverse, IX, 2                          58
  Partie (coup de), VII, 127                        59
  Passade, VII, 422                                 59
  Paternités, Lettres inédites, II, 196             59
  Pêcher, I, 389                                    59
  Personne (une), VI, 351                           59
  Pétiller, Lettres inédites, II, 276               59
  Petit pot à part, VII, 206                        59
  Pétoffe, III, 276                                 59
  Pieds de derrière, IV, 376                        60
  Pitaude, IV, 458                                  60
  Plaît-il, maître? VII, 217                        60
  Pluche, IX, 550                                   60
  Poing (être sur le), III, 183                     60
  Point (se faire un), VI, 379                      60
  Pois chauds (manger des), VI, 65                  61
  Pont-neuf (faire le), Lettres inédites, II, 503   61
  Porte fermée, Lettres inédites, II, 108           61
  Portes (tomber les), VI, 288                      61
  Portatif, X, 46                                   61
  Porter (sur les épaules), VII, 293                61
  Potée (de souris), IV, 29                         62
  Pouillier, VI, 43                                 62
  Pousser (le temps) à l'épaule, Lettres inédites,
      II, 278                                       62
  Presse (faire la), VI, 312                        62
  Prime (petite), V, 20                             62
  Prôneries, Lettres inédites, I, 348               62
  Puce (saut d'une), IX, 411                        62


  Q

  Quantova, Lettres inédites, II, 159; VII, 324     63
  Quinola (à prime), IX, 107                        63


  R

  Rabutinage, IV, 518                               64
  Radoterie, IV, 91                                 64
  Rafraichissement, VI, 502                         64
  Raies (petites), VIII, 378                        64
  Rapaiser, I, 365                                  64
  Rapatrier (se), IX, 13                            64
  Rasoirs (marcher sur des), VII, 222               65
  Ravauder, V, 182                                  65
  Ravauderies, IV, 238                              65
  Ravissements, III, 78                             65
  Recogner, VII, 396                                65
  Recommenceur, I, 397                              65
  Rediseurs, Lettres inédites, II, 234              65
  Redresser, IX, 457                                66
  Regratter, IX, 317                                66
  Règlement, Lettres inédites, II, 201              66
  Relaisser (se), III, 513                          66
  Relever (de sentinelle), V, 62                    66
  Relique vivante, IV, 469                          66
  Rempart (mettre sur le), VI, 415                  66
  Remueuse, VIII, 349                               67
  Renoncer, X, 234                                  67
  Resolliciter, Lettres inédites, I, 350            67
  Ressuyer, VII, 69                                 67
  Retardement, III, 82                              67
  Réverbération, V, 263                             67
  Rideau (derrière le), Lettres inédites, II, 409   67
  Rogaton, IX, 409                                  67
  Rustaude, V, 213                                  68
  Rustaudement, I, 406                              68


  S

  Sablonnier (le), VII, 438                         68
  Sac, IV, 120                                      68
  Sac (pièce de son), IX, 346                       68
  Salé, IV, 161; VI, 37                             68
  Sang (aux ongles), V, 8                           69
  Sapate, VI, 144                                   69
  Savantas, VIII, 430                               69
  Séchette, III, 147                                69
  Semonce, X, 191                                   69
  Sens froid, V, 103                                69
  Serrure (brouillée), VI, 380                      70
  Sibylle (feuilles de la), X, 132; X, 39           70
  Solaire, V, 233                                   70
  Sourdement, III, 351                              70
  Sous (pièce de quatre), VII, 15                   70
  Surtout, IX, 427                                  70
  Synagogue (enterrer la), VI, 63                   71


  T

  Taiauts, VI, 360                                  71
  Tailler (en plein drap), V, 524                   71
  Tambourinage, V, 311                              71
  Tapis (de revente), IV, 67                        71
  Terre (mettre à), IX, 456                         71
  Terre (tomber à), IX, 330                         72
  Terres inconnues, VII, 328                        72
  Tête verte, V, 117                                72
  Théâtre (se retirer derrière le), IX, 498         72
  Tirer (jusqu'à la lie), VIII, 3                   72
  Transir, VI, 328                                  72
  Trémeur, V, 12                                    72
  Trivelin, Lettres inédites, I, 395                72
  Tu autem, IX, 146                                 73


  V

  Vade, VI, 126                                     73
  Vaisseau d'iniquité, IX, 510                      73
  Vaporeux, IX, 7                                   73
  Vents (pointe des), VI, 12                        73
  Vent (lier le), VIII, 241                         74
  Verrous, IV, 142                                  74
  Vessies (de cochon par le nez), IV, 27            74
  Viande, IX, 152                                   74
  Vivoter, IX, 461                                  74
  Voiture, I, 395                                   74
  Vraies (personnes), II, 286                       74
  Vue (donner dans la), Lettres inédites, II, 119   75


  FONTAINEBLEAU.--MAURICE BOURGES, imp. breveté





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de Sévigné, by Édouard Pilastre

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or PGLAF), owns a compilation copyright in the collection of Project
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collection are in the public domain in the United States.  If an
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phrase "Project Gutenberg" appears, or with which the phrase "Project
Gutenberg" is associated) is accessed, displayed, performed, viewed,
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with this eBook or online at www.gutenberg.org

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with the phrase "Project Gutenberg" associated with or appearing on the
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through 1.E.7 or obtain permission for the use of the work and the
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"Plain Vanilla ASCII" or other format used in the official version
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     you already use to calculate your applicable taxes.  The fee is
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     prepare (or are legally required to prepare) your periodic tax
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forth in this agreement, you must obtain permission in writing from
both the Project Gutenberg Literary Archive Foundation and Michael
Hart, the owner of the Project Gutenberg-tm trademark.  Contact the
Foundation as set forth in Section 3 below.

1.F.

1.F.1.  Project Gutenberg volunteers and employees expend considerable
effort to identify, do copyright research on, transcribe and proofread
public domain works in creating the Project Gutenberg-tm
collection.  Despite these efforts, Project Gutenberg-tm electronic
works, and the medium on which they may be stored, may contain
"Defects," such as, but not limited to, incomplete, inaccurate or
corrupt data, transcription errors, a copyright or other intellectual
property infringement, a defective or damaged disk or other medium, a
computer virus, or computer codes that damage or cannot be read by
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of Replacement or Refund" described in paragraph 1.F.3, the Project
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Gutenberg-tm trademark, and any other party distributing a Project
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liability to you for damages, costs and expenses, including legal
fees.  YOU AGREE THAT YOU HAVE NO REMEDIES FOR NEGLIGENCE, STRICT
LIABILITY, BREACH OF WARRANTY OR BREACH OF CONTRACT EXCEPT THOSE
PROVIDED IN PARAGRAPH F3.  YOU AGREE THAT THE FOUNDATION, THE
TRADEMARK OWNER, AND ANY DISTRIBUTOR UNDER THIS AGREEMENT WILL NOT BE
LIABLE TO YOU FOR ACTUAL, DIRECT, INDIRECT, CONSEQUENTIAL, PUNITIVE OR
INCIDENTAL DAMAGES EVEN IF YOU GIVE NOTICE OF THE POSSIBILITY OF SUCH
DAMAGE.

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that arise directly or indirectly from any of the following which you do
or cause to occur: (a) distribution of this or any Project Gutenberg-tm
work, (b) alteration, modification, or additions or deletions to any
Project Gutenberg-tm work, and (c) any Defect you cause.


Section  2.  Information about the Mission of Project Gutenberg-tm

Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
electronic works in formats readable by the widest variety of computers
including obsolete, old, middle-aged and new computers.  It exists
because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from
people in all walks of life.

Volunteers and financial support to provide volunteers with the
assistance they need, are critical to reaching Project Gutenberg-tm's
goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will
remain freely available for generations to come.  In 2001, the Project
Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations.
To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
and the Foundation web page at http://www.pglaf.org.


Section 3.  Information about the Project Gutenberg Literary Archive
Foundation

The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
Revenue Service.  The Foundation's EIN or federal tax identification
number is 64-6221541.  Its 501(c)(3) letter is posted at
http://pglaf.org/fundraising.  Contributions to the Project Gutenberg
Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
permitted by U.S. federal laws and your state's laws.

The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S.
Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
throughout numerous locations.  Its business office is located at
809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email
[email protected].  Email contact links and up to date contact
information can be found at the Foundation's web site and official
page at http://pglaf.org

For additional contact information:
     Dr. Gregory B. Newby
     Chief Executive and Director
     [email protected]


Section 4.  Information about Donations to the Project Gutenberg
Literary Archive Foundation

Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
spread public support and donations to carry out its mission of
increasing the number of public domain and licensed works that can be
freely distributed in machine readable form accessible by the widest
array of equipment including outdated equipment.  Many small donations
($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
status with the IRS.

The Foundation is committed to complying with the laws regulating
charities and charitable donations in all 50 states of the United
States.  Compliance requirements are not uniform and it takes a
considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
with these requirements.  We do not solicit donations in locations
where we have not received written confirmation of compliance.  To
SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any
particular state visit http://pglaf.org

While we cannot and do not solicit contributions from states where we
have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
against accepting unsolicited donations from donors in such states who
approach us with offers to donate.

International donations are gratefully accepted, but we cannot make
any statements concerning tax treatment of donations received from
outside the United States.  U.S. laws alone swamp our small staff.

Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation
methods and addresses.  Donations are accepted in a number of other
ways including checks, online payments and credit card donations.
To donate, please visit: http://pglaf.org/donate


Section 5.  General Information About Project Gutenberg-tm electronic
works.

Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm
concept of a library of electronic works that could be freely shared
with anyone.  For thirty years, he produced and distributed Project
Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support.


Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S.
unless a copyright notice is included.  Thus, we do not necessarily
keep eBooks in compliance with any particular paper edition.


Most people start at our Web site which has the main PG search facility:

     http://www.gutenberg.org

This Web site includes information about Project Gutenberg-tm,
including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to
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