The Project Gutenberg EBook of Le Tour du Monde; Californie, by Various
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Title: Le Tour du Monde; Californie
Journal des voyages et des voyageurs; 2. sem. 1860
Author: Various
Editor: Édouard Charton
Release Date: November 1, 2007 [EBook #23285]
Language: French
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE TOUR DU MONDE; CALIFORNIE ***
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LE TOUR DU MONDE
IMPRIMERIE GÉNÉRALE DE CH. LAHURE
Rue de Fleurus, 9, à Paris
LE TOUR DU MONDE
NOUVEAU JOURNAL DES VOYAGES
PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION
DE M. ÉDOUARD CHARTON
ET ILLUSTRÉ PAR NOS PLUS CÉLÈBRES ARTISTES
1860
DEUXIÈME SEMESTRE
LIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET Cie
PARIS, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, No 77
LONDRES, KING WILLIAM STREET, STRAND
LEIPZIG, 15, POST-STRASSE
1860
TABLE DES MATIÈRES.
UN MOIS EN SICILE (1843.--Inédit.), par M. Félix BOURQUELOT.
Arrivée en Sicile. -- Palerme et ses habitants. -- Les monuments
de Palerme. -- La cathédrale de Monreale. -- De Palerme à
Trapani. -- Partenico. -- Alcamo. -- Calatafimi. -- Ruines de
Ségeste. -- Trapani. -- La sépulture du couvent des capucins. --
Le mont Éryx. -- De Trapani à Girgenti. -- La Lettica. --
Castelvetrano. -- Ruines de Sélinonte. -- Sciacca. -- Girgenti
(Agrigente). -- De Girgenti à Castrogiovanni. -- Caltanizzetta.
-- Castrogiovanni. -- Le lac Pergusa et l'enlèvement de
Proserpine. -- De Castrogiovanni à Syracuse. -- Calatagirone. --
Vezzini. -- Syracuse. -- De Syracuse à Catane. -- Lentini. --
Catane. -- Ascension de l'Etna. -- Taormine. -- Messine. --
Retour à Naples. 1
VOYAGE EN PERSE, fragments par M. le comte A. de GOBINEAU (1855-1858),
dessins inédits de M. Jules LAURENS.
Arrivée à Ispahan. -- Le gouverneur. -- Aspect de la ville. -- Le
Tchéhar-Bâgh. -- Le collége de la Mère du roi. -- La mosquée du
roi. -- Les quarante colonnes. -- Présentations. -- Le pont du
Zend-è-Roub. -- Un dîner à Ispahan. -- La danse et la comédie. --
Les habitants d'Ispahan. -- D'Ispahan à Kaschan. -- Kaschan. --
Ses fabriques. -- Son imprimerie lithographique. -- Ses
scorpions. -- Une légende. -- Les bazars. -- Le collége. -- De
Kaschan à la plaine de Téhéran. -- Koum. -- Feux d'artifice. --
Le pont du Barbier. -- Le désert de Khavèr. -- Houzé-Sultan. --
La plaine de Téhéran. -- Téhéran. -- Notre entrée dans la ville.
-- Notre habitation. 16
Une audience du roi de Perse. -- Nouvelles constructions à
Téhéran. -- Température. -- Longévité. -- Les nomades. -- Deux
pèlerins. -- Le culte du feu. -- La police. -- Les ponts. -- Le
laisser aller administratif. -- Les amusements d'un bazar persan.
-- Les fiançailles. -- Le divorce. -- La journée d'une Persane.
-- La journée d'un Persan. -- Les visites. -- Formules de
politesses. -- La peinture et la calligraphie persanes. -- Les
chansons royales. -- Les conteurs d'histoires. -- Les spectacles:
drames historiques. -- Épilogue. -- Le Démavend. -- L'enfant qui
cherche un trésor. 34
VOYAGES AUX INDES OCCIDENTALES, par M. Anthony TROLLOPE
(1858-1859); dessins inédits de M. A. de BÉRARD.
L'île Saint-Thomas. -- La Jamaïque: Kingston; Spanish-Town; les
_réserves_; la végétation. -- Les planteurs et les nègres. --
Plaintes d'une Ariane noire. -- La toilette des négresses. --
Avenir des mulâtres. -- Les petites Antilles. -- La Martinique.
-- La Guadeloupe. -- Grenada. -- La Guyane anglaise. -- Une
sucrerie. -- Barbados. -- La Trinidad. -- La Nouvelle-Grenade. --
Sainte-Marthe. -- Carthagène. -- Le chemin de fer de Panama. --
Costa Rica: San José; le Mont-Blanco. -- Le Serapiqui. --
Greytown. 49
VOYAGE DANS LES ÉTATS SCANDINAVES, par M. Paul RIANT. (Le
Télémark et l'évêché de Bergen.) (1858.--Inédit.)
LE TÉLÉMARK. -- Christiania. -- Départ pour le Télémark. -- Mode
de voyager. -- Paysage. -- La vallée et la ville de Drammen. --
De Drammen à Kongsberg. -- Le cheval norvégien. -- Kongsberg et
ses gisements métallifères. -- Les montagnes du Télémark. --
Leurs habitants. -- Hospitalité des _gaards_ et des _sæters_. --
Une sorcière. -- Les lacs Tinn et Mjös. -- Le Westfjord. -- La
chute du Rjukan. -- Légende de la belle Marie. -- Dal. -- Le
livre des étrangers. -- L'église d'Hitterdal. -- L'ivresse en
Norvége. -- Le châtelain aubergiste. -- Les lacs Sillegjord et
Bandak. -- Le ravin des Corbeaux. 65
--_Le Saint-Olaf_ et ses pareils. -- Navigation intérieure. --
Retour à Christiania par Skien. 82
L'ÉVÊCHÉ DE BERGEN. -- La presqu'île de Bergen. -- Lærdal. -- Le
Sognefjord. -- Vosse-Vangen. -- Le Vöringfoss. -- Le
Hardangerfjord. -- De Vikoër à Sammanger et à Bergen. 85
VOYAGE DE M. GUILLAUME LEJEAN DANS L'AFRIQUE ORIENTALE
(1860.--Texte et dessins inédits.)--Lettre au Directeur du _Tour
du monde_ (Khartoum, 10 mai 1860).
D'ALEXANDRIE À SOUAKIN. -- L'Égypte. -- Le désert. -- Le simoun.
-- Suez. -- Un danger. -- Le mirage. -- Tor. -- Qosséir. --
Djambo. -- Djeddah. 97
VOYAGE AU MONT ATHOS, par M. A. PROUST (1858.--Inédit.)
Salonique. -- Juifs, Grecs et Bulgares. -- Les mosquées. --
L'Albanais Rabottas. -- Préparatifs de départ. -- Vasilika. --
Galatz. -- Nedgesalar. -- L'Athos. -- Saint-Nicolas. -- Le P.
Gédéon. -- Le couvent russe. -- La messe chez les Grecs. --
Kariès et la république de l'Athos. -- Le voïvode turc. -- Le
peintre Anthimès et le pappas Manuel. -- M. de Sévastiannoff. 103
Ermites indépendants. -- Le monastère de Koutloumousis. -- Les
bibliothèques. -- La peinture. -- Manuel Panselinos et les
peintres modernes. -- Le monastère d'Iveron. -- Les carêmes. --
Peintres et peintures. -- Stavronikitas. -- Miracles. -- Un
Vroukolakas. -- Les bibliothèques. -- Les mulets. -- Philotheos.
-- Les moines et la guerre de l'Indépendance. -- Karacallos. --
L'union des deux Églises. -- Les pénitences et les fautes. 114
La légende d'Arcadius. -- Le pappas de Smyrne. -- Esphigmenou. --
Théodose le Jeune. -- L'ex-patriarche Anthymos et l'Église
grecque. -- L'isthme de l'Athos et Xerxès. -- Les monastères
bulgares: Kiliandari et Zographos. -- La légende du peintre. --
Beauté du paysage. -- Castamoniti. -- Une femme au mont Athos. --
Dokiarios. -- La secte des Palamites. -- Saint-Xénophon. -- La
pêche aux éponges. -- Retour à Kariès. -- Xiropotamos, le couvent
du Fleuve Sec. -- Départ de Daphné. -- Marino le chanteur. 130
VOYAGE D'UN NATURALISTE (Charles DARWIN).--L'archipel Galapagos
et les attoles ou îles de coraux.--(1838).
L'ARCHIPEL GALAPAGOS. -- Groupe volcanique. -- Innombrables
cratères. -- Aspect bizarre de la végétation. -- L'île Chatam. --
Colonie de l'île Charles. -- L'île James. -- Lac salé dans un
cratère. -- Histoire naturelle de ce groupe d'îles. --
Mammifères; souris indigène. -- Ornithologie; familiarité des
oiseaux; terreur de l'homme; instinct acquis. -- Reptiles;
tortues de terre; leurs habitudes. 139
Encore les tortues de terre; lézard aquatique se nourrissant de
plantes marines; lézard terrestre herbivore, se creusant un
terrier. -- Importance des reptiles dans cet archipel où ils
remplacent les mammifères. -- Différences entre les espèces qui
habitent les diverses îles. -- Aspect général américain. 146
LES ATTOLES OU ÎLES DE CORAUX. -- Île Keeling. -- Aspect
merveilleux. -- Flore exiguë. -- Voyage des graines. -- Oiseaux.
-- Insectes. -- Sources à flux et reflux. -- Chasse aux tortues.
-- Champs de coraux morts. -- Pierres transportées par les
racines des arbres. -- Grand crabe. -- Corail piquant. --
Poissons se nourrissant de coraux. -- Formation des attoles. --
Profondeur à laquelle le corail peut vivre. -- Vastes espaces
parsemés d'îles de corail. -- Abaissement de leurs fondations. --
Barrières. -- Franges de récifs. -- Changement des franges en
barrières et des barrières en attoles. 151
BIOGRAPHIE.--Brun-Rollet. 159
VOYAGE AU PAYS DES YAKOUTES (Russie asiatique), par OUVAROVSKI
(1830-1839).
Djigansk. -- Mes premiers souvenirs. -- Brigandages. -- Le
paysage de Djigansk. -- Les habitants. -- La pêche. -- Si les
poissons morts sont bons à manger. -- La sorcière Agrippine. --
Mon premier voyage. -- Killæm et ses environs. -- Malheurs. --
Les Yakoutes. -- La chasse et la pêche. -- Yakoutsk. -- Mon
premier emploi. -- J'avance. -- Dernières recommandations de ma
mère. -- Irkoutsk. -- Voyage. -- Oudskoï. -- Mes bagages. --
Campement. -- Le froid. -- La rivière Outchour. -- L'Aldan. --
Voyage dans la neige et dans la glace. -- L'Ægnæ. -- Un Tongouse
qui pleure son chien. -- Obstacles et fatigues. -- Les guides. --
Ascension du Diougdjour. -- Stratagème pour prendre un oiseau. --
La ville d'Oudskoï. -- La pêche à l'embouchure du fleuve Ut. --
Navigation pénible. -- Boroukan. -- Une halte dans la neige. --
Les rennes. -- Le mont Byraya. -- Retour à Oudskoï et à
Yakoutsk. 161
Viliouisk. -- Sel tricolore. -- Bois pétrifié. -- Le Sountar. --
Nouveau voyage. -- Description du pays des Yakoutes. -- Climat.
-- Population. -- Caractères. -- Aptitudes. -- Les femmes
yakoutes. 177
DE SYDNEY À ADÉLAÏDE (Australie du Sud), notes extraites d'une
correspondance particulière (1860).
Les Alpes australiennes. -- Le bassin du Murray. -- Ce qui reste
des anciens maîtres du sol. -- Navigation sur le Murray. --
Frontières de l'Australie du Sud. -- Le lac Alexandrina. -- Le
Kanguroo rouge. -- La colonie de l'Australie du Sud. -- Adélaïde.
-- Culture et mines. 182
VOYAGES ET DÉCOUVERTES AU CENTRE DE L'AFRIQUE, journal du docteur
BARTH (1849-1855).
Henry Barth. -- But de l'expédition de Richardson. -- Départ. --
Le Fezzan. -- Mourzouk. -- Le désert. -- Le palais des démons. --
Barth s'égare; torture et agonie. -- Oasis. -- Les Touaregs. --
Dunes. -- Afalesselez. -- Bubales et moufflons. -- Ouragan. --
Frontières de l'Asben. -- Extorsions. -- Déluge à une latitude où
il ne doit pas pleuvoir. -- La Suisse du désert. -- Sombre vallée
de Taghist. -- Riante vallée d'Auderas. -- Agadez. -- Sa
décadence. -- Entrevue de Barth et du sultan. -- Pouvoir
despotique. -- Coup d'oeil sur les moeurs. -- Habitat de la
girafe. -- Le Soudan; le Damergou. -- Architecture. -- Katchéna;
Barth est prisonnier. -- Pénurie d'argent. -- Kano. -- Son
aspect, son industrie, sa population. -- De Kano à Kouka. -- Mort
de Richardson. -- Arrivée à Kouka. -- Difficultés croissantes. --
L'énergie du voyageur en triomphe. -- Ses visiteurs. -- Un vieux
courtisan. -- Le vizir et ses quatre cents femmes. -- Description
de la ville, son marché, ses habitants. -- Le Dendal. --
Excursion. -- Angornou. -- Le lac Tchad. 193
Départ. -- Aspect désolé du pays. -- Les Ghouas. -- Mabani. -- Le
mont Délabéda. -- Forgeron en plein vent. -- Dévastation. --
Orage. -- Baobab. -- Le Mendif. -- Les Marghis. -- L'Adamaoua. --
Mboutoudi. -- Proposition de mariage. -- Installation de vive
force chez le fils du gouverneur de Soulleri. -- Le Bénoué. --
Yola. -- Mauvais accueil. -- Renvoi subit. -- Les Ouélad-Sliman.
-- Situation politique du Bornou. -- La ville de Yo. -- Ngégimi
ou Ingégimi. -- Chute dans un bourbier. -- Territoire ennemi. --
Razzia. -- Nouvelle expédition. -- Troisième départ de Kouka. --
Le chef de la police. -- Aspect de l'armée. -- Dikoua. -- Marche
de l'armée. -- Le Mosgou. -- Adishen et son escorte. -- Beauté du
pays. -- Chasse à l'homme. -- Erreur des Européens sur le centre
de l'Afrique. -- Incendies. -- Baga. -- Partage du butin. --
Entrée dans le Baghirmi. -- Refus de passage. -- Traversée du
Chari. -- À travers champs. -- Défense d'aller plus loin. --
Hospitalité de Bou-Bakr-Sadik. -- Barth est arrêté. -- On lui met
les fers aux pieds. -- Délivré par Sadik. -- Maséna. -- Un
savant. -- Les femmes de Baghirmi. -- Combat avec des fourmis. --
Cortége du sultan. -- Dépêches de Londres. 209
De Katchéna au Niger. -- Le district de Mouniyo. -- Lacs
remarquables. -- Aspect curieux de Zinder. -- Route périlleuse.
-- Activité des fourmis. -- Le Ghaladina de Sokoto. -- Marche
forcée de trente heures. -- L'émir Aliyou. -- Vourno. --
Situation du pays. -- Cortége nuptial. -- Sokoto. -- Caprice
d'une boîte à musique. -- Gando. -- Khalilou. -- Un chevalier
d'industrie. -- Exactions. -- Pluie. -- Désolation et fécondité.
-- Zogirma. -- La vallée de Foga. -- Le Niger. -- La ville de
Say. -- Région mystérieuse. -- Orage. -- Passage de la Sirba. --
Fin du rhamadan à Sebba. -- Bijoux en cuivre. -- De l'eau
partout. -- Barth déguisé en schérif. -- Horreur des chiens. --
Montagnes du Hombori. -- Protection des Touaregs. -- Bambara. --
Prières pour la pluie. -- Sur l'eau. -- Kabara. -- Visites
importunes. -- Dangereux passage. -- Tinboctoue, Tomboctou ou
Tembouctou. -- El Bakay. -- Menaces. -- Le camp du cheik. --
Irritation croissante. -- Sus au chrétien! -- Les Foullanes
veulent assiéger la ville. -- Départ. -- Un preux chez les
Touaregs. -- Zone rocheuse. -- Lenteurs désespérantes. -- Gogo.
-- Gando. -- Kano. -- Retour. 226
VOYAGES ET AVENTURES DU BARON DE WOGAN EN CALIFORNIE
(1850-1852.--Inédit).
Arrivée à San-Francisco. -- Description de cette ville. -- Départ
pour les placers. -- Le claim. -- Première déception. -- La
solitude. -- Mineur et chasseur. -- Départ pour l'intérieur. --
L'ours gris. -- Reconnaissance des sauvages. -- Captivité. --
Jugement. -- Le poteau de la guerre. -- L'Anglais chef de tribu.
-- Délivrance. 242
VOYAGE DANS LE ROYAUME D'AVA (empire des Birmans), par le
capitaine Henri YULE, du corps du génie bengalais (1855).
Départ de Rangoun. -- Frontières anglaises et birmanes. -- Aspect
du fleuve et de ses bords. -- La ville de Magwé. -- Musique,
concert et drames birmans. -- Sources de naphte; leur
exploitation. -- Un monastère et ses habitants. -- La ville de
Pagán. -- Myeen-Kyan. -- Amarapoura. -- Paysage. -- Arrivée à
Amarapoura. 258
Amarapoura; ses palais, ses temples. -- L'éléphant blanc. --
Population de la ville. -- Recensement suspect. -- Audience du
roi. -- Présents offerts et reçus. -- Le prince héritier
présomptif et la princesse royale. -- Incident diplomatique. --
Religion bouddhique. -- Visites aux grands fonctionnaires. -- Les
dames birmanes. 273
Comment on dompte les éléphants en Birmanie. -- Excursions autour
d'Amarapoura. -- Géologie de la vallée de l'Irawady. -- Les
poissons familiers. -- Le serpent hamadryade. -- Les Shans et
autres peuples indigènes du royaume d'Ava. -- Les femmes chez les
Birmans et chez les Karens. -- Fêtes birmanes. -- Audience de
congé. -- Refus de signer un traité. -- Lettre royale. -- Départ
d'Amarapoura et retour à Rangoun. -- Coup d'oeil rétrospectif sur
la Birmanie. 280
VOYAGE AUX GRANDS LACS DE L'AFRIQUE ORIENTALE, par le capitaine
BURTON (1857-1859).
But de l'expédition. -- Le capitaine Burton. -- Zanzibar. --
Aspect de la côte. -- Un village. -- Les Béloutchis. -- Ouamrima.
-- Fertilité du sol. -- Dégoût inspiré par le pantalon. -- Vallée
de la mort. -- Supplice de M. Maizan. -- Hallucination de
l'assassin. -- Horreur du paysage. -- Humidité. -- Zoungoméro. --
Effets de la traite. -- Personnel de la caravane. -- Métis
arabes, Hindous, jeunes gens mis en gage par leurs familles. --
Ânes de selle et de bât. -- Chaîne de l'Ousagara. --
Transformation du climat. -- Nouvelles plaines insalubres. --
Contraste. -- Ruine d'un village. -- Fourmis noires. -- Troisième
rampe de l'Ousagara. -- La Passe terrible. -- L'Ougogo. --
L'Ougogi. -- Épines. -- Le Zihoua. -- Caravanes. -- Curiosité des
indigènes. -- Faune. -- Un despote. -- La plaine embrasée. --
Coup d'oeil sur la vallée d'Ougogo. -- Aridité. -- Kraals. --
Absence de combustible. -- Géologie. -- Climat. -- Printemps. --
Indigènes. -- District de Toula. -- Le chef Maoula. -- Forêt
dangereuse. 305
Arrivée à Kazeh. -- Accueil hospitalier. -- Snay ben Amir. --
Établissements des Arabes. -- Leur manière de vivre. -- Le Tembé.
-- Chemins de l'Afrique orientale. -- Caravanes. -- Porteurs. --
Une journée de marche. -- Costume du guide. -- Le Mganga. --
Coiffures. -- Halte. -- Danse. -- Séjour à Kazeh. -- Avidité des
Béloutchis. -- Saison pluvieuse. -- Yombo. -- Coucher du soleil.
-- Jolies fumeuses. -- Le Mséné. -- Orgies. -- Kajjanjéri. --
Maladie. -- Passage du Malagarazi. -- Tradition. -- Beauté de la
Terre de la Lune. -- Soirée de printemps. -- Orage. -- Faune. --
Cynocéphales, chiens sauvages, oiseaux d'eau. -- Ouakimbou. --
Ouanyamouézi. -- Toilette. -- Naissances. -- Éducation. --
Funérailles. -- Mobilier. -- Lieu public. -- Gouvernement. --
Ordalie. -- Région insalubre et féconde. -- Aspect du Tanganyika.
-- Ravissements. -- Kaouélé. 321
Tatouage. -- Cosmétiques. -- Manière originale de priser. --
Caractère des Ouajiji; leur cérémonial. -- Autres riverains du
lac. -- Ouatata, vie nomade, conquêtes, manière de se battre,
hospitalité. -- Installation à Kaouélé. -- Visite de Kannéna. --
Tribulations. -- Maladies. -- Sur le lac. -- Bourgades de
pêcheurs. -- Ouafanya. -- Le chef Kanoni. -- Côte inhospitalière.
-- L'île d'Oubouari. -- Anthropophages. -- Accueil flatteur des
Ouavira. -- Pas d'issue au Tanganyika. -- Tempête. -- Retour. 337
FRAGMENT D'UN VOYAGE AU SAUBAT (affluent du Nil Blanc), par M.
Andrea DEBONO (1855) 348
VOYAGE À L'ÎLE DE CUBA, par M. Richard DANA (1859).
Départ de New-York. -- Une nuit en mer. -- Première vue de Cuba.
-- Le Morro. -- Aspect de la Havane. -- Les rues. -- La volante.
-- La place d'Armes. -- La promenade d'Isabelle II. -- L'hôtel Le
Grand. -- Bains dans les rochers. -- Coolies chinois. -- Quartier
pauvre à la Havane. -- La promenade de Tacon. -- Les surnoms à la
Havane. -- Matanzas. -- La Plaza. -- Limossar. -- L'intérieur de
l'île. -- La végétation. -- Les champs de canne à sucre. -- Une
plantation. -- Le café. -- La vie dans une plantation de sucre.
-- Le Cumbre. -- Le passage. -- Retour à la Havane. -- La
population de Cuba. -- Les noirs libres. -- Les mystères de
l'esclavage. -- Les productions naturelles. -- Le climat. 353
EXCURSIONS DANS LE DAUPHINÉ, par M. Adolphe JOANNE (1850-1860).
Le pic de Belledon. -- Le Dauphiné. -- Les Goulets. 369
Les gorges d'Omblèze. -- Die. -- La vallée de Roumeyer. -- La
forêt de Saou. -- Le col de la Cochette. 385
EXCURSIONS DANS LE DAUPHINÉ, par M. Élisée RECLUS (1850-1860).
La Grave. -- L'Aiguille du midi. -- Le clapier de
Saint-Christophe. -- Le pont du Diable. -- La Bérarde. -- Le col
de la Tempe. -- La Vallouise. -- Le Pertuis-Rostan. -- Le village
des Claux. -- Le mont Pelvoux. -- La Balme-Chapelu. -- Moeurs des
habitants. 402
LISTE DES GRAVURES. 417
LISTE DES CARTES. 422
ERRATA. 427
[Illustration: WOGAN:--Portrait en pied de l'auteur en costume de
voyage.--Dessin de J. Pelcoq d'après une photographie.]
VOYAGES ET AVENTURES DU BARON DE WOGAN EN CALIFORNIE.
1850-1852.--INÉDIT.
Arrivée à San-Francisco. -- Description de cette ville. --
Départ pour les placers. -- Le claim. -- Première déception.
Dans les derniers jours de 1850, _l'Isthmus_, bateau à vapeur de la
Compagnie Américaine sur l'océan Pacifique, débarquait sur le quai de
San-Francisco une trentaine de passagers qu'il amenait de Panama.
Parmi ces voyageurs que le besoin d'aventures, de spéculations du la
fièvre de l'or amenait en Californie se trouvaient quatre Français,
poussés loin de leur patrie par les contrecoups des convulsions
politiques. Partis de différents points du sol natal, des rangs
sociaux ou des partis existants, ils s'étaient liés les uns aux autres
par le contrat d'une de ces associations industrielles que faisaient
éclore en ces temps agités les bouillonnements de la société
européenne d'une part, et de l'autre, la réputation exagérée des mines
d'or de la Californie; il ne s'agissait de rien moins que de
l'exploitation d'une machine nouvelle, qui, appliquée au lavage des
terres aurifères, devait donner de merveilleux résultats, autant du
moins que l'avaient annoncé beaucoup de journaux grands et petits, sur
la quatrième page desquels les amateurs de collections pourraient bien
trouver encore son dessin: coupe, profil et élévation.
Un des quatre associés est l'auteur des pages suivantes, extraites
d'un journal tenu aussi régulièrement que les circonstances le lui ont
permis et qu'il se propose de publier en entier si l'échantillon qu'il
en donne aujourd'hui pouvait éveiller l'intérêt des lecteurs!
À cette époque, San-Francisco n'était pas encore la grande cité qui
s'intitule pompeusement, à l'heure présente, la _Reine du Pacifique_.
Sa population, qui dépasse aujourd'hui 100 000 âmes, atteignait à
peine alors au quart de ce chiffre. Son développement rapide,
incessant, est dû tout entier à la rare énergie de sa population, qui
possède toutes les qualités de ses nombreux défauts. Rien n'a pu
l'abattre: ni les plus graves excès, ni les désordres administratifs
les plus scandaleux, ni les désastres effroyables d'immenses
incendies, ni les secousses monétaires, ni les découragements, ni les
paniques. San-Francisco a triomphé de tout, et ses immeubles
recherchés subissent une hausse progressive qui témoigne des promesses
de l'avenir. Tout y subit l'influence de l'heureuse impulsion de sa
jeunesse; tout s'y installe et prospère. On sent que les métaux
précieux, l'agriculture, le commerce, l'industrie doivent faire, par
leur concours intelligent, la grandeur de la Californie.
Aucune des conditions modernes de la civilisation ne manque à la
métropole de ce pays. Le gaz et l'eau ont des conduits dans toutes les
rues, des omnibus circulent partout, d'élégants équipages et de
nombreuses voitures de place sillonnent tous les quartiers.
Francs-maçons, sociétés de bienfaisance, caisses d'épargne,
congrégations, sociétés bibliophiles, vastes chantiers de
construction, immenses ateliers de fonderie, scieries mécaniques,
télégraphie, presse, théâtres, marchés regorgeant en tout temps de
légumes, de gibier, de fruits magnifiques, tout est là réuni.
L'émigration arrive de toutes parts, et s'installe à demeure dans ce
pays si désert et si désolé il n'y a pas vingt ans! Il est devenu une
patrie!
Mais en 1850, la tumultueuse effervescence des éléments discordants
venus de tous les points du globe pour fonder cet avenir, faisait
ressembler San-Francisco à un immense creuset en ébullition, plutôt
qu'au berceau d'un grand État, et après un séjour de quelques heures
nous avions hâte de quitter ce théâtre de sanglantes collisions et ce
foyer de toutes les mauvaises passions. Nous nous embarquâmes à bord
d'un pyroscaphe qui faisait les voyages de la ville aux districts
aurifères.
Après avoir traversé la rade de San-Francisco en frayant notre route
au milieu des navires aux couleurs de toutes les nations, nous
gagnâmes l'embouchure du Sacramento pour remonter le cours de ce
fleuve.
Le paysage de ses bords nous offrit les plus riants aspects; de chaque
côté s'étendaient de verdoyantes savanes, ou de jolis bois peuplés de
nombreux troupeaux de cerfs; une suite de collines couvertes de
bouquets de chênes égayait la perspective; à l'horizon une chaîne de
hautes montagnes servait de cadre au tableau.
Nous naviguions, suivant de l'oeil ce panorama délicieux depuis
quelques heures, lorsque nous aperçûmes à une distance d'environ un
mille en avant de nous, un brick anglais de commerce qui paraissait à
l'ancre; nous hélâmes pour l'engager à nous laisser le passage libre;
il répondit avec son porte-voix en anglais: _I am aground in the
middle of the passage, the other part of the river being obstructed by
a sand bank._ (Je suis échoué au milieu du chenal et tout le reste du
courant est obstrué de bancs de sable.) Ceci ne faisait pas l'affaire
de notre capitaine yankee qui prit le parti de passer quand même,
par-dessus le corps de l'Anglais s'il le fallait; effectivement, à
peine avait-il échangé avec nous un regard d'intelligence, qu'il
commandait au chef mécanicien d'opérer un mouvement rétrograde, puis
imprimant à la vapeur toute sa puissance, notre steamer s'élança dans
l'espace jugé libre entre la rive et le bâtiment échoué. Le choc fut
terrible, mais le Yankee passa emportant avec lui une partie du
bordage de tribord du pauvre bâtiment anglais.
Quant à nous, nous y perdîmes notre bastingage et le tambour de notre
roue de bâbord, quelques voyageurs peu habitués à la mer y
perdirent.... leur équilibre et roulèrent pêle-mêle parmi les denrées
de toute espèce qui encombraient le pont. Nous arrivâmes sans autres
accidents à San-Sacramento, qui était notre première étape en
Californie.
Sacramento, la seconde ville de cette région, doit, comme
San-Francisco, son origine aux mines d'or; elle est située sur la rive
gauche du fleuve dont elle porte le nom.
Aussitôt après notre débarquement, nous nous mîmes en quête d'une
charrette et d'un attelage pour transporter nos bagages aux
_placers_[1] de Grass-Valley, où nous avions l'intention
d'expérimenter notre machine.
[Note 1: On donne le nom de _placer_ à toute
localité où, par suite de la richesse des terrains
aurifères, il s'est établi des camps ou postes pour
l'exploitation de l'or. Cette dénomination est
synonyme d'exploitation.]
Quelques heures après nous suivions, la carabine sur l'épaule, notre
véhicule portant l'avenir de notre association et avançant péniblement
sous les efforts de quatre mulets.
À la fin du jour nous fîmes halte dans un lieu découvert pour y passer
la nuit, et, le lendemain avant l'aube, nous nous remîmes en route. Le
pays que nous traversions était inhabité, ce n'était alors que
rarement que nous apercevions le long de quelque cours d'eau une
habitation isolée.
Nous suivions quelquefois des portions de route qui jadis avaient dû
être fort belles. Ces vestiges étaient encore l'ouvrage des
missionnaires, qui, au temps de leur puissance, avaient voulu relier
les diverses missions entre elles afin de rendre les communications
plus faciles. Le pays devenait de plus en plus accidenté à mesure que
nous avancions, ce qui retardait beaucoup notre marche.
De onze heures à une heure nous faisions ordinairement halte pour
laisser passer la grande chaleur et reposer nos mules.
Nous apportions la plus grande prudence, le soir, dans le choix du
lieu de notre campement et le jour dans l'ordre de notre marche, le
pays étant infesté par des vagabonds, chercheurs d'or occultes, qui au
lieu d'interroger laborieusement le sein de la terre, trouvaient plus
commode et moins fatigant de se procurer ce précieux métal en
dévalisant les voyageurs.
Enfin nous parvînmes au village de _Rough-and-Ready_ (brusque et
prêt), dans la vallée où s'élève Nevada-City; là nous eûmes pour la
première fois devant les yeux l'aspect d'un _placer_ de mineurs. Au
fond d'un ravin qui semblait avoir été bouleversé par un ouragan, une
grande quantité d'arbres avaient été arrachés du sol; au milieu
d'excavations profondes, on voyait les mineurs courbés sur leurs pics
avec lesquels ils retiraient les couches de terre aurifère pour aller
les laver à près d'un mille de distance; plus loin un autre plus
heureux, plongé dans l'eau glacée jusqu'aux reins, lavait la terre
dans un plat de fer battu pour en extraire l'or.
De chaque côté du ravin étaient échelonnées les habitations des
mineurs, consistant en tentes de toutes formes et en cabanes de
planches de cèdre.
Après avoir contemplé quelque temps ce spectacle si nouveau pour nous,
nous continuâmes notre route pour Grass-Valley, où nous arrivâmes le
surlendemain. Quoique plus considérable, ce placer avait le même
aspect à peu de chose près que celui de Rough-and-Ready.
À peine étions-nous arrivés que nous fûmes entourés par un flot de
curieux, nous regardant avec étonnement déballer notre précieuse
machine; nous dressâmes aussi notre tente sous un massif de verdure
qui nous fut indiqué par des Suisses, avec lesquels nous visitâmes le
placer dans toute son étendue avant de nous livrer au repos dont nous
avions tant besoin.
Vers minuit, nous fûmes tous réveillés par la tempête. La foudre
grondait avec fracas, et sa voix altière se répercutant dans les échos
des trois montagnes qui dominaient le placer, semblait plus terrible
encore; notre tente résista au choc du vent, grâce à ses cordages
neufs et à ses piquets de fer, mais non à la pluie qui s'infiltrait,
fouettée par le vent, en masses épaisses, brouillard qui eut bientôt
traversé nos couvertures et nos vêtements, et nous trempa jusqu'aux
os. Le jour arriva enfin, et ayant allumé un immense feu avec les
branches sèches que la tempête avait brisées, nous pûmes réchauffer
nos membres engourdis; ce n'était pas tout, il fallait monter la
machine et la faire fonctionner; dans ce but, nous choisîmes un
_claim_[2], où nous fîmes nos premières expériences qui n'amenèrent
aucun résultat satisfaisant. Enfin m'étant penché sur le récipient où
était placé le mercure, je pus constater que l'or passait par-dessus
sans s'y amalgamer; nous fûmes consternés à cette découverte et
pensâmes, d'un commun accord, que notre mercure, que nous avions eu
l'obligeance de prêter au capitaine de _l'Isthmus_ pour remplacer le
sien perdu pendant une tempête sur les côtes du Mexique, avait été
détérioré; nous recommençâmes avec persévérance, mais chaque fois que
nous passions le mercure à la peau de chamois, il n'y restait aucune
parcelle d'or. Après avoir constaté généralement que la machine, par
elle-même, était impropre au lavage des terrains aurifères, nous nous
sentîmes plus ou moins découragés. Mes trois compagnons proposèrent de
dissoudre la société, de partager le matériel et le reste des fonds
qui se trouvaient en caisse; j'acceptai l'offre, heureux de pouvoir
enfin vivre seul de cette vie d'aventure et de liberté à laquelle
j'aspirais. Ces messieurs partirent donc pour San-Francisco, et moi je
restai à Grass-Valley le temps nécessaire pour recueillir assez de
poudre d'or, et me procurer ainsi les moyens de me livrer à la vie
d'excursions que j'avais projetée.
[Note 2: Le claim est une étendue de terre de dix
pieds carrés auquel a droit tout mineur d'un
placer.]
La solitude. -- Mineur et chasseur.
[Illustration: Grass-Valley.--Dessin de J. Pelcoq d'après un croquis
de l'auteur.]
Je me mis donc en quête des choses les plus nécessaires pour
travailler; d'abord j'achetai d'un Américain qui retournait à
New-York, une cabane et tous les outils à l'usage du mineur. Je
choisis un claim dans le haut de la vallée, où j'étais seul avec mes
pensées. Ma cabane n'était ni vaste ni élégante, mais elle était
commode, ce qui était le principal pour moi; mes lecteurs ne seront
peut-être pas fâchés d'en avoir la description. D'abord elle était
située sur le bord gazonné et fleuri d'un ruisseau et adossée à un
cèdre qui n'avait pas moins de vingt pieds de diamètre à sa base; ma
villa, bien moins large ne mesurait pas huit pieds sur les quatre
faces; sa maçonnerie consistait en branches de cèdre. Le toit était
formé avec des planches du même bois, fendues à la hache, et qui,
superposées les unes sur les autres comme des ardoises, me
garantissait assez bien des intempéries de l'air. Au milieu j'avais un
petit poêle de tôle, et pour batterie de cuisine un unique poêlon qui
me servait aussi bien pour faire la soupe que pour rôtir mon gibier;
dans le fond de la cabane était mon lit de camp, formé de quatre pieux
enfoncés en terre, et joints par quatre traverses sur lesquelles était
clouée de la toile; quant à la literie, elle se composait d'un sac de
campement rempli de feuilles de chêne; au-dessus de ma couche, à la
tête, était placée, comme une égide, une miniature représentant les
traits d'un être chéri; de chaque côté étaient suspendus ma bonne
carabine et mon revolver. Derrière ma cabane j'avais défriché un
jardin que j'avais entouré d'une palissade de branches, et j'y avais
semé des fleurs et des légumes de France, qui y poussaient
merveilleusement; près du jardin il y avait un petit four haut d'un
pied et demi, dans lequel je faisais du pain que je trouvais
délicieux. Le mineur auquel j'avais acheté ma cabane m'avait cédé
aussi quelques provisions englobant entre autres denrées une
quarantaine de livres de farine avariée, mais qui n'en était pas moins
d'une immense valeur pour moi. J'avais découvert à environ un mille de
mon habitation une petite société de quatre mineurs canadiens
d'origine française, avec lesquels je me liai bientôt d'amitié;
quoique d'une éducation inférieure, c'étaient d'honnêtes jeunes gens;
j'ai toujours eu à me louer des relations que nous eûmes ensemble et
j'ai été assez heureux pour faire leur fortune. Je crois déjà avoir
dit la composition de mon lit; or, un jour, par une belle après-midi
de soleil, j'étais monté sur la colline, avec mon sac de campement et
mon fusil sur l'épaule. Ayant trouvé une excavation remplie de
feuilles sèches, j'y entrai jusqu'à la ceinture et me mis avec les
pieds et les mains à en emplir mon sac; je revins à mon gîte après
avoir tué sur la montagne quelque menu gibier. Quand j'y arrivai, il
était nuit close, et après un léger repas je me jetai sur mon lit de
camp. La fatigue amena bientôt le sommeil. Vers les trois heures du
matin, quand le sommeil fut devenu plus léger, je sentis quelque chose
qui parcourait mon lit de campement et qui remuait d'une manière peu
rassurante; pensant que c'était un rat, je portai la main dessus au
travers du sac, et, frissonnant d'horreur, je sentis la forme d'un
serpent qui porta la tête vivement vers ma main; d'un bond je fus hors
de ma case et me dirigeai vers celle de mes voisins les Canadiens,
auxquels je racontai ma mésaventure, et les engageai à me suivre à ma
cabane. Rentré avec eux, je vidai le contenu de mon sac, d'où je vis
s'échapper un serpent à sonnettes de la plus belle venue, qui alla se
cacher sous un tronc d'arbre abattu près de mon jardin. Je voulus en
approcher pour le considérer à mon aise; mais le monstre oubliant que
je l'avais réchauffé dans mon sein, se rua sur ma baïonnette que je
lui présentais, et se mit à mordre le canon de mon fusil; craignant
qu'il ne me mordît moi-même, je mis le doigt sur la détente de ma
carabine, et le coup avant fait balle, il fut littéralement coupé en
deux. Après l'avoir mesuré, nous pûmes constater sa longueur, qui
dépassait quatre pieds deux pouces. Je lui coupai la queue à laquelle
était adaptée une douzaine de petits grelots d'écaille, qui rendaient
un son sec quand ils étaient mis en mouvement; c'est ce que l'on
appelle vulgairement la sonnette du serpent.
[Illustration: Un claim ou atelier de mineur.--Dessin de J. Pelcoq
d'après les _Reports of explorations_.]
Il paraîtrait que, sans y faire attention, j'avais fait entrer ce
serpent dans mon sac de campement, chose facile à cette époque de
l'année où ils sont engourdis par le froid et roulés sur eux-mêmes.
Dans ces contrées, nous avions encore un autre genre d'ennemi à
craindre, qui n'avait pas besoin d'être introduit dans le logis, et
qui savait bien y venir sans invitation, si l'on oubliait de fermer sa
porte. Un certain soir de dimanche, comme je travaillais dans mon
jardin, car je ne m'occupais de sa culture que tous les septièmes
jours, je vis l'ombre d'une bête ressemblant à notre loup cervier
d'Europe, et bondissant hors de ma case pour regagner la forêt; ayant
saisi mon fusil que j'avais près de moi, je le déchargeai sur l'animal
qui, se sentant piqué par le plomb, lâcha un dindon sauvage que
j'avais tué la veille tout en travaillant à mon claim; c'était un
coyotte, animal très-commun dans ces contrées; il rôde constamment
autour des placers pour se nourrir des détritus de toute sorte que les
mineurs jettent sur la voie.
.... On m'avait souvent parlé d'un marais très-giboyeux qui devait se
trouver à six milles au sud de Nevada-City. Je fus tenté d'aller le
visiter, et comme je venais de faire l'acquisition d'un mulet, en
prévisions des longues excursions que je projetais, je résolus
d'emmener avec moi cet animal pour faire l'essai de ses qualités....
ou de ses défauts.
Ma peau d'ours ployée en quatre me fit un bât des plus confortables,
que je fixai sur le dos du quadrupède avec une sangle de la tente que
mes coassociés avaient abandonnée à Grass-Valley lors de leur départ;
je confectionnai un bridon et des étrivières par le même moyen. Dans
cet équipage, je pris le chemin du marais, où je ne serais certes pas
arrivé avant l'aube du jour sans la rencontre d'un mineur qui eut
l'obligeance de me mettre dans mon chemin.
À cent mètres environ du bord, on apercevait dans la pénombre un
buisson de roseaux sous lequel j'allai m'embusquer.
À chaque instant des canards et des sarcelles venaient effleurer mon
visage de la pointe de leurs ailes; j'en abattis même plusieurs avec
le canon de mon fusil; mais ce n'était point à la race emplumée que
j'en voulais. Je visais à mieux que cela. De temps en temps, j'étais
obligé de faire changer de place mon mulet, car le fond n'étant pas
très-solide, je courais risque de le voir s'embourber, si je n'avais
eu recours à cette précaution. Il y avait près de trois quarts d'heure
que j'étais dans cette position, et le jour commençait déjà à
paraître, quand mon attention fut attirée par un bruit vague venant de
la montagne à laquelle était adossé le marais; j'avais à peine eu le
temps d'ajouter deux balles à celles qui étaient déjà dans mon fusil
qu'une magnifique troupe de cerfs et de biches apparut sur la lisière
de la forêt; à leur tête, à dix pas environ, marchait un superbe cerf
dix cors, qui, s'arrêtant avec l'air inquiet, leva sa belle tête en
l'air en reniflant; je compris à son inquiétude que j'avais été
éventé, et dans la crainte de les voir rentrer sous bois, je fis feu
de mes deux coups; je ne pus juger de leur effet, car je me sentis
lancé dans l'espace et ne m'arrêtai qu'au fond du marais: c'était mon
scélérat de mulet qui, effrayé par l'explosion de mon arme à feu,
avait jugé à propos de faire un vigoureux écart et de se séparer de
moi.
Aussitôt que j'eus pu me mettre sur mes pieds, je l'aperçus qui
pointait vers la forêt; je me mis immédiatement à sa poursuite et pus
enfin l'atteindre, grâce à son bridon dans lequel il s'était pris une
jambe, ce qui le forçait à galoper sur les trois qui lui restaient
libres.
Quoique je fusse couvert de vase et trempé jusqu'aux os, je me
dirigeai à l'endroit de la forêt où m'avait apparu le troupeau et j'y
trouvai avec une joie extrême un très-beau cerf étendu sur le sol, le
flanc traversé par une de mes balles. C'était une fiche de consolation
dans mon malheur; je fus plus vite consolé que séché, car mon amadou
s'étant ressenti du bain forcé que je venais de prendre, je ne pus
allumer de feu pour me sécher et je dus charger le soleil de ce soin.
Étant parvenu avec beaucoup de peine à charger intact ce cerf sur mon
mulet, je me dirigeai vers Nevada-City, où je me proposais de vendre
mon gibier.
J'y arrivai vers le midi, juste au moment où les mineurs rentraient de
leur claim pour dîner; je m'avançai bravement au milieu de l'unique
rue du village en criant en anglais: _Venison at one dollar a pound._
Cette bonne idée fut couronnée de succès, car à peine étais-je arrivé
au bout de la rue, qui n'avait pas six cents mètres de long, que
j'avais tout vendu à raison d'un dollar[3] la livre, et me trouvais
avoir gagné huit cents francs en poudre d'or.
[Note 3: Le dollar est une monnaie des États-Unis
dont le cours ordinaire du commerce est fixé à la
valeur de cinq francs, terme moyen.]
Une autre bonne aubaine se présenta: deux frères Nantais, MM. Dep...,
qui y tenaient une taverne et auxquels j'avais vendu un des gigots de
mon cerf, m'invitèrent à dîner et me dirent au dessert que si je
voulais m'engager à leur fournir du gibier pendant toute l'année, ils
s'engageraient eux-mêmes à me le prendre tout à des prix débattus
entre nous; j'acceptai pour tout le temps que je resterais à
Grass-Valley, sans me lier cependant pour un temps déterminé, et notre
parole de Breton remplaça l'acte sur papier timbré.
Dans ce village comme dans tous les placers, l'or et l'argent monnayés
n'étaient point employés; dans les transactions commerciales, toute
denrée était vendue et payée en poudre d'or; aussi voyait-on sur le
comptoir de chaque marchand une balance servant à peser la marchandise
et une autre d'un plus petit modèle pour en peser le prix. Chaque
mineur était nanti d'une bourse en cuir en guise de porte-monnaie, où
était renfermée la poudre d'or qu'il consacrait à ses menus achats.
Ce ne fut que quelque temps avant le coucher du soleil que je pus me
mettre en route pour Grass-Valley, porteur d'une somme assez ronde.
Départ pour l'intérieur.
Des semaines, des mois s'écoulèrent ainsi entre les travaux du claim
et les plaisirs de la chasse; ceux-ci, chose étrange, me rapportant en
général plus de profit que ceux-là. Puis vint un moment où je ne pus
plus résister au désir impérieux qui me poussait vers les déserts de
l'Est; en conséquence, après avoir mis ma cabane sous la surveillance
des Canadiens et déposé ma petite fortune entre leurs mains loyales,
je fis un beau matin mes derniers préparatifs de départ. Ma peau
d'ours et mon hamac furent ployés en quatre sur le dos de mon mulet et
fixés au moyen d'une sangle; j'y plaçai mon bissac qui contenait mes
provisions, et, par-dessus le tout, je m'installai moi-même; je donnai
un dernier regard d'amour à mon paisible ermitage, à mes fleurs
chéries qui allaient peut-être dessécher sur leurs tiges, privées de
mes soins empressés, un amical serrement de main à mes voisins les
Canadiens, et le coeur heureux et rempli d'émotions aventureuses, je
me mis en route. Je m'étais confectionné une espèce de caban avec des
peaux de coyottes, car ma pauvre chemise de laine rouge de matelot
était bien usée. Dans cet équipage, je ressemblais assez à Robinson,
seulement le parapluie de peau me manquait; je l'avais remplacé par un
capuchon de la même étoffe que mon vêtement, et le trouvais infiniment
plus commode pour la marche ou le repos, la veille ou le sommeil.
Le début de mon voyage se passa sans incidents dignes d'être
rapportés; la journée était belle, le soleil resplendissant dorait la
cime des arbres de la forêt. Je voyageais sous un dôme de verdure
naturelle, où des myriades d'oiseaux voltigeaient en chantant et
paraissaient peu effrayés de ma présence; je fis environ quarante-cinq
à cinquante milles dans ma journée sans rencontrer d'Indiens; le calme
des sombres et profondes forêts de cèdres géants, orgueil de la
Sierra-Nevada (_Taxodium giganteum_), faisait pénétrer en moi un
sentiment de repos et de bonheur que je n'ai réellement éprouvé que
là. Mon âme semblait s'y reposer avec abandon des peines de la vie.
Vers les six heures j'arrivai près d'un joli petit ruisseau ombragé de
saules et de jeunes chênes. La position me sembla charmante pour y
établir mon campement; de chaque côté, le ruisseau était bordé d'un
beau tapis de gazon émaillé de fleurs fraîches comme l'aurore; après
avoir déchargé mon vieux camarade d'aventures et l'avoir laissé paître
sur ces bords charmants, je m'étendis moi-même sur le gazon, humant
avec délices les senteurs embaumées de la forêt. Quand je fus un peu
reposé, je pris un bain sous un de ses arceaux naturels de branchages
et de fleurs, et dans cette baignoire qu'eut enviée plus d'une jolie
naïade, je réparai mes forces en rendant à mes membres la souplesse
que leur enlève toujours une course de la longueur de celle que
j'avais parcourue; car, pour ménager mon mulet et plus encore par goût
de chasseur, j'avais fait la route à pied.
Mon premier soin fut d'allumer du feu, de plumer deux colins ou
perdrix californiennes, qui, une fois vidées, furent embrochées sur
une branche de chêne déposée elle-même sur deux fourches piquées en
terre devant le brasier; comme elles étaient fort grasses, je mis ma
poêle dessous pour en recevoir la graisse. J'eusse fait un repas
délicieux, si, pour le compléter, j'avais eu une chopine de cidre de
Bretagne; je dus remplacer ce nectar national des vieux Kimris par
l'eau du ruisseau, qui était au moins fraîche et limpide, qualités
qu'ont toujours dans ces régions les eaux qui descendent des montagnes
Rocheuses. Le soir, je disposai mon hamac entre deux branches de
cèdre, ne voulant pas trop me fier aux délices d'une nuit passée sur
le gazon, au bord d'un ruisseau dont le doux murmure devait bercer
délicieusement. Je coupai avec ma hache une bonne quantité de branches
de la même essence, qui entretinrent pendant toute la nuit un
magnifique foyer, sauvegarde contre les visites indiscrètes des bêtes
féroces.
Je me réveillai avec l'aurore; les oiseaux chantaient dans les
bosquets et donnaient à mon coeur, par leurs doux accords, cette
quiétude, ce courage si nécessaires à l'homme perdu dans les forêts, à
plusieurs milliers de lieues de sa patrie. Tout ce qui m'entourait
était si beau, si suave, que j'ai souvent regretté de n'être pas né
dans ces régions primitives, pour y vivre dans une continuelle
contemplation des beautés de la création.
L'ours gris. -- Reconnaissance des sauvages. -- Captivité.
-- Jugement. -- Le poteau de la guerre. -- L'Anglais chef de
tribu. -- Délivrance.
.... Après bien des jours de marche, bien des dangers courus à la
rencontre des hommes et des animaux de ces régions, peu fréquentées
des Européens, dangers dont la fréquence me fit presque une habitude
quotidienne, je traversai l'extrémité sud du groupe de montagnes d'où
s'écoule à l'ouest le fleuve Humboldt, et remontant entre les lacs
Nicollet et Sévier, je pénétrai dans la partie de la Sierra-Wah où la
recherche de l'or et l'hégire des Mormons ont fait naître depuis mon
passage les cités de Fillmore et de Cédar. Mais alors les sombres
_cañons_, ou passes de ces montagnes, les forêts gigantesques de leurs
flancs n'étaient parcourus que par des bêtes fauves et par des hommes
non moins sauvages appartenant aux nombreuses subdivisions des Indiens
Pah-Utahs.
[Illustration: Forêt de _Taxodium giganteum_ ou pins géants.--Dessin
de Lancelot d'après les _Reports of explorations_.]
Campé une nuit sur le bord d'un cours d'eau que je reconnus plus tard
pour un affluent du Rio-Verde, je fus réveillé par des rugissements
d'ours, mais d'un diapason qui n'avait rien de rassurant. À la pointe
du jour, je rechargeai mes armes et y mis des lingots de fer trempé à
la place des balles de plomb; je ne sais ce qu'il y avait dans l'air,
mais j'éprouvais une espèce de pressentiment qui n'était pas de bon
augure, un serrement de coeur qui voulait dire: Prends garde à toi. Je
suivis ce conseil, et, à neuf heures environ, je continuai mon voyage;
la rivière longeant la direction de ma route, je la côtoyai jusqu'au
milieu du jour, et j'allais m'enfoncer dans la forêt, quand mon
attention fut réveillée par des cris lointains; j'approchai mon
oreille de terre à la façon des Indiens, et j'entendis distinctement
des cris confus. D'un bond, je me jetai dans un buisson de cerisiers
et de saules qui bordaient la rivière, et tapi comme un renard qui a
senti le chasseur, ma carabine en main, j'attendis. Au bout de
quelques minutes, j'aperçus une bande d'Indiens de tout sexe et de
tout âge accourant vers la rive opposée, et sautant à l'eau comme des
grenouilles. Je crus à une attaque et me mis sur la défensive; mais je
reconnus bientôt mon erreur, car les pauvres Indiens paraissaient trop
effrayés pour qu'il me fût possible de croire que c'était à moi qu'ils
en voulaient. Hommes et femmes nageaient à l'envi; seulement comme ces
dernières portaient presque toutes sur leur dos un ou deux enfants
ficelés dans des écorces de bouleau, elles nageaient bien moins vite
que les hommes; qui, une fois arrivés sur le rivage, prirent la fuite.
Trois seulement y restèrent, encourageant de la voix et du geste les
pauvres squaws à se presser; je m'attendais à voir apparaître de
l'autre côté de la rive un parti d'Indiens ennemis, et je me disposais
à battre en retraite de mon côté, quand j'entendis retentir le cri
formidable qui m'avait tenu éveillé pendant la nuit, à une distance
très-rapprochée; au même moment, je vis rouler du haut du talus une
énorme masse d'un gris sale, qui, s'étant relevée pour se jeter à
l'eau, devint bientôt un ours gris, effroyable bête, la terreur des
coeurs timorés, et le roi des animaux de ces régions; il nageait avec
une telle vigueur qu'il fut bientôt très-près de la dernière des
squaws, pauvre jeune mère traînant à la remorque deux petits jumeaux,
qui criaient quand ils n'avaient pas la bouche remplie d'eau. Les
Indiens, de leur côté, lançaient des flèches empoisonnées; mais la
distance qui les séparait étant encore trop grande, l'ours n'en fut
pas atteint.
[Illustration: Un cañon ou passage de la Sierra-Wah.--Dessin de
Lancelot d'après les _Reports of explorations_.]
Devant cette scène déchirante, je ne pus rester spectateur calme et
égoïste; je sortis de ma cachette, et après avoir appelé et forcé les
Indiens, fort disposés d'abord à la fuite en me voyant, à continuer
ferme le jeu de leurs arcs, je plaçai ma bonne carabine dans la
fourche d'un saule pour plus de précision dans mon tir, et j'ajustai à
cent vingt mètres; ma balle atteignit l'horrible tête du monstre, et
je le vis la tremper dans l'eau de la rivière, qui devint rouge de
sang. Sa course se ralentit visiblement. Ayant ensuite saisi un Indien
qui me paraissait le mari de l'infortunée squaw, je le poussai à l'eau
pour le contraindre à aller porter secours à cette malheureuse, qui,
paralysée par la peur et arrêtée par son fardeau, avait beaucoup de
peine à nager. Je fus cependant obligé de le menacer de mon revolver
pour l'y forcer. J'épaulai ma carabine, et une autre balle de fer
arriva encore dans la tête du _grizly-bear_[4], et l'arrêta assez à
temps pour permettre à l'Indienne de gagner la rive. En y mettant les
pieds elle tomba presque asphyxiée. Je fis signe aux trois Indiens,
père, frère et mari de cette infortunée, de la porter dans la forêt et
de la mettre en sûreté. Enhardi par mon premier succès, je voulus
faire plus intime connaissance avec un gibier si terrible; je coulai
vivement deux lingots dans ma carabine, et l'ayant jetée en
bandoulière, je m'élançai sur un des saules qui bordaient la rive, j'y
étais à peine installé et n'avais pas encore eu le temps de me fixer à
une de ses branches au moyen de ma ceinture, dans la crainte que mes
pieds ne vinssent à glisser, que le monstre dressé le long du tronc du
saule, la gueule fumante, me couvrait déjà de son haleine fétide. À
cette époque, j'ignorais encore que les _grizly-bears_ ne montent pas
sur les arbres; aussi, dans ma crainte et dans le but de l'arrêter, je
lui déchargeai à un mètre de distance, successivement, mes deux coups
de feux dans son énorme gueule béante, une de mes balles lui traversa
la mâchoire, en sortant par le cou, l'autre s'enfonça dans son large
poitrail; il poussa un rugissement terrible, et en faisant un violent
effort pour m'atteindre, il retomba sur le dos au pied du saule.
Cependant il se redressa presque aussitôt. Le temps me manquait pour
recharger ma carabine; je voulus me servir de mon revolver; mais dans
la vivacité de mes mouvements il s'était pris de telle façon dans ma
ceinture avec des branches de saule, que je ne pus immédiatement l'en
retirer. Je ne perdis cependant pas la tête, et ayant saisi ma hache,
j'en assenai un violent coup sur la tête de l'assaillant. Un de ses
yeux fut atteint et son sang vint m'inonder. Il tomba à terre et y
resta environ trois secondes, se tordant dans les convulsions de la
rage. Pendant ce temps, je parvins à dégager mon revolver, et me
voyant maître de la place, puisqu'il devenait évident que l'ennemi ne
monterait pas à l'assaut, je pris tout mon temps pour viser et lui
crever l'autre oeil. Dès lors, je pus facilement venir à bout de la
terrible bête. Privée de la vue, elle tournait constamment autour de
mon tronc de saule en déchirant l'écorce de ses puissantes dents et de
ses griffes. Enfin, un dernier coup de carabine mit fin à son agonie
qui s'était prolongée durant plus de vingt minutes, pendant lesquelles
il avait mis à découvert les racines de mon saule. Il en avait arraché
de si énormes morceaux que l'arbre en avait éprouvé de violentes
secousses.
[Note 4: Grizly-bear, ours gris.]
L'ours gris est, par sa force, le roi ou le tyran des animaux des
montagnes Rocheuses et des grandes prairies américaines; il n'est pas
rare d'en rencontrer pesant cinq cents kilos. Ils ne montent pas sur
les arbres comme ceux des autres espèces et ne sont pas aussi
intelligents. Leurs longs poils sont d'un gris rougeâtre, et leurs
oreilles pointues, leurs yeux féroces tirent sur le brun rouge; leurs
pattes dépassent onze pouces de long, et chaque griffe, recourbée en
croissant, en a six. Je coupai à ma victime ces formidables défenses
et lui cassai les dents à coups de hache, afin de m'en faire un
trophée comme les Indiens. Je lui ouvris le ventre pour suivre, en
vrai chasseur, le trajet de mes balles dans son corps: le coeur et les
poumons avaient été traversés trois fois. J'étais ainsi occupé quand
mes Indiens et leurs squaws arrivèrent et se mirent à danser une ronde
échevelée autour de nous, en chantant une chanson dont je crus
reconnaître le caractère gastronomique dans certains mots indiens
qu'ils prononçaient souvent. Je les laissai faire, et m'étant assis
sur les flancs rebondis de mon ours, je me joignis au choeur. Voyant
ma bonne volonté, ils vinrent me prendre par la main et m'entraînèrent
dans leur ronde; je cédai de bonne grâce, et ils en parurent
enchantés.
Au moment de nous séparer, un de ces Indiens qui savait un peu
d'espagnol, me fit un discours emphatiquement sentencieux qu'il
termina par cet aphorisme de circonstance: «La reconnaissance est une
vertu peau-rouge; l'ingratitude a le visage pâle.» Je m'éloignai ne
sachant que répondre à une parole aussi sensée.... Deux jours plus
tard j'aurais pu le faire; car deux jours plus tard j'étais bel et
bien abandonné dans le désert et dévalisé de mes menus bagages par
l'Indien même dont j'avais sauvé la femme et l'enfant, et qui avait
tenu à m'accompagner en qualité de guide. Ce n'est pas tout; le
lendemain au lever du soleil, je rêvais bien moins à ce mode indien de
gratitude qu'à la patrie dont j'étais séparé par plusieurs milliers de
lieues, quand je fus tout à coup, tiré de mes douces pensées par le
sifflement d'une flèche qui vint s'enfoncer dans la terre à un pas de
moi. L'inclinaison qu'elle avait gardée me porta à jeter les yeux du
côté d'où elle pouvait être partie, mais je ne pus apercevoir l'auteur
de cette agression. À quelques instants de là, une autre la suivit,
paraissant toujours venir du même point, qui était une éminence
escarpée, couronnée par un plateau élevé de soixante mètres sur ma
droite. Cette seconde flèche était venue s'enfoncer dans le tronc de
cèdre où j'étais appuyé et à quelques pouces de mon épaule; ceci
devenait compromettant. Je me levai et allai me cacher derrière un
tronc d'arbre, m'en servant comme d'un bouclier contre mon agresseur
invisible; en avançant tout doucement la tête entre les branches, je
vis effectivement un Indien, que je reconnus pour mon ingrat voleur,
qui, le corps caché derrière un bloc de rocher, cherchait à découvrir
l'endroit ou je m'étais embusqué. La pointe rougeâtre de ses flèches
me fit juger qu'elles étaient empoisonnées; mon parti fut alors
bientôt pris: je l'ajustai, et ma balle l'atteignit un peu au-dessus
de l'aisselle droite. Il s'affaissa sur la roche et y resta suspendu
le haut du corps et les bras pendants. Ayant alors jeté ma carabine en
bandoulière, je grimpai vers lui en m'accrochant aux aspérités des
rochers et aux racines; mais comme le passage était difficile, il
s'écoula assez de temps pour lui permettre de revenir à lui avant que
j'eusse atteint le haut du rocher. Avec une agilité qui me surprit,
dans un homme aussi grièvement blessé, il gagna le plateau sans qu'il
me fût possible de lui envoyer mon second coup de feu, embarrassé que
j'étais par la difficulté du terrain. Quand je fus arrivé sur le
plateau, il était déjà à près d'un quart de mille, fuyant dans la
plaine. Le suivre eût été une folie. Je me contentai de lui envoyer,
en forme de souhait de bon voyage, une balle conique de mon coup à
grande portée, mais sans l'arrêter, car il avait trop d'avance sur
moi.
Je descendis, et en passant à côté de la roche homicide où je l'avais
frappé, je la trouvai encore teinte de son sang. Après avoir fait un
mauvais déjeuner, je repris, triste et préoccupé, ma route au travers
de la forêt. Le lendemain, vers onze heures, un bruit vague et confus
attira mon attention; peu rassuré, j'attachai mon oreille au sol et
pus me convaincre bien vite qu'un parti de guerre indien était sur mes
traces, car la brise m'apportait le son de leurs voix encore
lointaines. La fuite était impossible. Me cacher eût été chose
inutile, et m'eût attiré le mépris des Indiens. Me confiant donc dans
ma bonne étoile, j'attendis de pied ferme, le dos appuyé à un arbre et
la face à l'ennemi. Quelques minutes après, ils étaient à soixante pas
de distance de moi. Alors commencèrent à tomber à mes côtés plusieurs
flèches dont je fus garanti par les arbres qui me couvraient. Mon
premier mouvement fut de me défendre à l'aide de mon revolver et de ma
carabine; mais quand je les vis se rapprocher peu à peu et m'assaillir
de leurs traits empoisonnés, je songeai à me rendre; car je rêvais à
la patrie, douce pensée qui me conseilla la prudence. Je déposai mes
armes au pied de l'arbre que j'avais choisi comme point d'appui, et
me dirigeai vers eux. Ils me reçurent les flèches sur la corde de
l'arc, prêts à recommencer une nouvelle décharge. Un féroce cri de
guerre accueillit ma résolution, et je fus immédiatement entouré,
couché sur le sol et garrotté des pieds et des mains.
J'adressai successivement la parole à celui qui me parut être le chef
de la bande, mais il me répondit en langue indienne quelques paroles
que je ne pus comprendre. Après beaucoup de mots et non moins de
gestes échangés entre eux, je crus comprendre qu'il était question de
me porter ou de me détacher les jambes; le chef penchait pour le
premier moyen, mais la bande, peu disposée à faire une telle corvée,
voulait le second, et elle l'emporta heureusement. Les liens de mes
jambes furent donc détachés, et je me mis en route à travers la forêt
au pas gymnastique, entraîné par ces Indiens.
Vers les deux heures, nous fûmes arrêtés dans notre course par une
rivière qu'ils se disposèrent à traverser à la nage; un des plus
robustes de la bande fut désigné pour me porter sur son dos, où je fus
attaché avec des lanières de peau de buffle. J'avoue que ce ne fut pas
sans crainte que je vis commencer cette opération, d'autant plus
qu'ayant toujours les mains liées, le danger devenait imminent, si mon
Indien n'était pas habile nageur. Je fis tout ce que je pus pour faire
comprendre au chef que je savais nager, et que s'il voulait me faire
détacher, je pourrais aussi bien qu'eux traverser à la nage; mais soit
qu'il ne comprit pas mes signes, ou qu'il se défiât de moi, tout fut
disposé pour mon passage; mon sac, mes armes, tout le butin, pris avec
moi, fut attaché en forme de ballot dans ma peau d'ours et lancé à
l'eau en même temps que nous. Je m'aperçus bien vite que mon Indien
était bon nageur, et nous arrivâmes rapidement à l'autre bord, où nous
attendîmes au milieu d'une petite anse bordée de joncs et de plantes
aquatiques. Comme il faisait très-chaud, je fus bientôt sec, car ils
n'avaient pas pris la précaution de me retirer mes vêtements de peau;
nous suivîmes encore le cours de la rivière environ une heure; puis
nous rencontrâmes un affluent dont nous suivîmes le cours, et vingt
minutes après nous trouvions, cachés dans les saules qui bordaient
cette rivière, trois canots indiens construits en branches de saule et
recouverts en écorce de bouleau d'un travail fort ingénieux; nous y
étant installés, nous remontâmes la rivière à coups de pagayes, et,
après deux heures de voyage, je pus distinguer à deux milles environ
devant nous une immense prairie, couverte de ce que j'aurais pris pour
un grand nombre de meules de foin, si je n'avais vu sortir du sommet
de plusieurs d'entre elles un filet de fumée bleue qui m'indiquait
assez que c'étaient les cases d'une tribu. Dès que nous atteignîmes
l'anse principale où étaient attachés des pirogues et des canots avec
des amarres en corde végétale, nous fûmes aperçus des habitants, des
cris de joie accueillirent notre arrivée, et plus d'un millier de
femmes, d'enfants et de vieillards accoururent sur le rivage. Les plus
impatients de me voir se jetèrent à l'eau avec des contorsions des
plus grotesques, et entourèrent notre canot par-dessous lequel les
enfants plongeaient comme de jeunes marsouins.
Je fus saisi et porté à terre au milieu d'une foule considérable. Nous
entrâmes dans une large rue, formée par deux rangs de huttes; le grand
chef arriva bientôt, et je compris vite qu'il donnait des ordres pour
éloigner la foule, devenue tellement compacte que je me sentais
étouffé comme dans une ceinture vivante. Le chemin que nous
parcourions montait, et je découvris la hutte du chef, qui était
beaucoup plus haute et plus vaste que les autres; sur son sommet une
foule d'Indiens des deux sexes étaient montés pour mieux jouir du coup
d'oeil. Cependant, au lieu d'y aller directement, mon escorte prit à
droite au travers d'un dédale de huttes, et s'arrêta devant l'une
d'elles, où on me fit entrer, suivi seulement du grand chef et de
trois Indiens, chefs inférieurs; la fumée épaisse qui remplissait la
hutte m'empêcha d'abord de distinguer les objets qui s'y trouvaient,
mais ayant été conduit au fond, je trouvai, couché sur une natte,
l'Indien que j'avais blessé l'avant-veille d'un coup de feu. Sa squaw
était près de lui avec tous ses parents. Le chef me demanda en
espagnol si je connaissais cet Indien, je fis signe que oui; ayant
levé une peau de buffle qui le couvrait, il me montra du doigt la
blessure produite par ma balle. On y avait appliqué une espèce
d'emplâtre de feuilles écrasées. Interrogé sur l'origine de cette
blessure, je ne crus pas devoir dissimuler que j'en étais l'auteur.
Mon crime étant avéré, je fus conduit à la hutte du conseil,
accompagné d'une foule considérable; plus vaste que les autres cases
de la tribu, elle ne différait en rien des autres par sa construction
qui était de branches de chêne piquées en terre et enduites de terre
glaise. Les Indiens de cette tribu étaient d'une grande taille, bien
faits et vigoureux, avec des nez aquilins et des mentons
très-saillants; les femmes y possédaient, en général, le genre de
beauté qu'on retrouve dans toutes les tribus indiennes; les vieilles
femmes seules étaient assujetties aux travaux les plus durs, et comme
dans la plus grande partie des autres tribus, les jeunes jouissaient
de la considération galante de chacun. D'après ma carte, ce village,
appartenant à la grande tribu des Timpabaches, subdivision des
Pah-Utahs, était situé sur les bords du San-Juan, rivière tributaire
du Rio-Grande, branche mère du Colorado de l'Ouest.
Entré dans la case du chef, j'y trouvai rassemblés les quatre
principaux chefs qui, assis au fond de la hutte, m'y attendaient; ils
étaient fraîchement tatoués, à en juger par l'éclat des couleurs qui
resplendissaient sur leurs traits farouches. Chacun d'eux avait son
tomahawk posé à côté de lui, et portait des plumes d'aigle dans la
chevelure; leur cou et leurs poignets étaient ornés de dents humaines
et de griffes d'ours; autour de leurs reins pendaient des queues de
loup et de renard; des trophées de guerre ornaient l'intérieur de la
hutte du conseil. C'étaient des crânes humains avec leur chevelure,
des armes de toute espèce prises dans les combats, des peaux d'ours et
de tigre, et une chose qui me frappa singulièrement, ce fut de
retrouver parmi ces dépouilles, celle d'un monstrueux serpent que
j'avais tué quelque temps avant de pénétrer dans la Sierra-Wah: je ne
me trompais pas, c'était bien son affreuse tête percée de mes deux
coups de feu.
Au centre brûlait un brasier homérique, dont la fumée sortait par
l'ouverture pratiquée, comme toujours, au sommet de la hutte.
Deux Indiens armés de leur tomahawk, gardaient la porte du conseil, et
comme les cris de la foule curieuse semblaient gêner les chefs, ils
donnèrent ordre qu'une peau d'ours fût jetée en guise de portière sur
l'ouverture. D'abord ils commencèrent par la cérémonie du calumet, le
chef le plus âgé ayant décrit un cercle sur la terre et l'ayant
entouré de signes cabalistiques, y fit apporter un charbon ardent
auquel il alluma le calumet national qu'il offrit au grand manitou, au
soleil, à la terre et aux quatre points cardinaux; les autres chefs le
regardaient faire d'un air fort sérieux. Ensuite le calumet leur fut
remis à tour de rôle; nul d'entre eux ne s'en servit de la même
manière, car chacun d'eux s'était engagé par serment devant le manitou
de fumer d'une façon unique pendant le cours de son existence. À mon
grand regret le calumet ne me fut point offert; mais à sa place on me
montra un tomahawk teint du sang ennemi, qui était, je crois, l'arme
du bourreau. Un guerrier le leva avec ostentation sur ma tête;
heureusement il sut s'arrêter dans son mouvement; car j'avais les bras
toujours attachés derrière le dos, et ma tête eût volé en morceaux,
s'il l'avait laissé retomber sur elle.
[Illustration: La case du jugement.--Dessin de J. Pelcoq d'après un
croquis.]
Cette cérémonie achevée, on alla replacer le tomahawk de guerre
au-dessus d'une affreuse peinture tracée sur une écorce de bouleau
fixée aux parois de la hutte. Cette peinture représentait
grossièrement le soleil, astre dans lequel les Timpabaches croient que
le grand esprit réside.
La squaw de l'Indien blessé par moi fut ensuite introduite, et celui
des chefs qui avait ouvert la séance l'interrogea sur ce qu'elle
savait au sujet du fait qui m'était reproché; je vis bien d'abord que
la pauvre squaw me plaignait au lieu de me charger; je lus dans ses
yeux et dans ses gestes qu'elle plaidait ma cause autant que sa
position d'épouse du blessé le lui permettait.
Je compris aussi qu'elle racontait la scène du combat contre l'ours,
et comment je les avais sauvés tous d'un péril certain. À la
déposition de la squaw, une teinte de bienveillance éclaira le visage
des membres du conseil, et après un débat assez animé, le grand chef
m'adressa en espagnol les questions suivantes:
«Pourquoi le visage pâle est-il venu dans ces régions déclarer la
guerre aux Timpabaches? Qu'il réponde. Le grand chef de cette nation
attend qu'il se justifie s'il le peut.
[Illustration: Le poteau de la guerre.--Dessin de J. Pelcoq.]
--Le visage pâle, répondis-je, n'a point déclaré la guerre; il a, au
contraire, été attaqué, et il s'est défendu.
--Alors, ajouta-t-il, qu'il montre la blessure que lui a faite son
agresseur.
--Je n'ai pas reçu de blessure, mais j'ai dû en faire une pour sauver
ma vie.
--Le visage pâle n'avait pas ce droit; après avoir été brave devant
l'ours gris, il devait être clément et fuir devant les flèches du
Timpabache qui ne l'eussent pas atteint. Il a versé le sang, son sang
doit être versé. Le grand chef le Serpent à cornes et son conseil
pensent que le visage pâle a mérité la mort.»
À ces mots l'Indienne prononça quelques paroles que je ne compris pas,
et, soulevant la peau d'ours qui formait la portière de la hutte du
conseil, elle s'éloigna. Après son départ, un nouveau conciliabule
s'éleva dans le conseil des chefs; je crus un moment que les avis
étaient partagés sur mon sort; mais bientôt, tranchant définitivement
la question, le premier chef se fit apporter de nouveau le tomahawk de
guerre, me le posa sur la tête en prononçant quelques paroles en
langue indienne, les yeux fixés sur l'image du soleil dont j'ai déjà
parlé plus haut. Je compris que mon arrêt de mort venait d'être
prononcé.
Je songeai à la patrie et aux êtres chers auxquels il faudrait dire un
éternel adieu.
Au fond de la hutte existait le tronc d'un chêne auquel je fus attaché
par le cou au moyen d'une forte corde de cuir, fixée elle-même à un
anneau d'or massif, dont le poli intérieur faisait supposer qu'il
avait servi à plus d'une victime. On apporta une botte de joncs secs
sur lesquels plusieurs Indiens se couchèrent en fumant et en
fredonnant une complainte de mort qui finit par m'endormir, accablé
que j'étais par la fatigue, l'émotion et la faim, car il m'avait été
impossible de la rassasier avec un morceau de galette de gland doux
cuite sous les cendres que mes gardiens m'avaient offert lors de leur
repas du soir.
.... Deux jours et deux nuits se succédèrent sans apporter de grands
changements à ma situation.
Dans la matinée du troisième jour, mon attention fut attirée par un
tumulte inaccoutumé de voix, d'allées et venues dans le camp. Pendant
la nuit, j'avais été constamment tenu éveillé par un pressentiment
sinistre; bientôt les quatre chefs se présentèrent majestueusement
équipés, suivis par une centaine de guerriers, la chevelure ornée de
plumes d'aigle; les uns étaient armés d'arcs et de boucliers de bois
dur recouvert de peau d'ours gris peinte de diverses couleurs, et
d'autres de fusils à silex. On remit au grand chef le tomahawk de
guerre dont j'ai déjà parlé, et il ouvrit la marche funèbre. On me
délia les jambes, et je fus conduit la corde au cou hors de la hutte;
je compris que l'heure de ma mort était venue.
En vrai soldat, je me résignai et marchai avec toute la fierté et
l'assurance que mon âme put obtenir de ma chair émue. Arrivés hors de
la hutte, les Indiens de mon escorte montèrent sur des chevaux
magnifiquement caparaçonnés de peaux d'ours, de tigres et de bisons;
tous avaient appendu aux mors de leur bride des chevelures à plusieurs
desquelles adhérait encore la peau de la tête ou même le crâne.
L'immense prairie qui entourait les wigwams des Timpabaches était
couverte d'Indiens. J'eus bientôt découvert, à la diversité de leurs
accoutrements et à leur nombre, qu'il y avait là plusieurs tribus
réunies; je fus conduit au centre de cette savane par mon escorte de
guerriers, qui tous, armés de leurs tomahawks, avaient beaucoup de
peine à éloigner la masse populaire que la curiosité jetait sur mon
passage.
Au milieu de la prairie s'élevait une espèce de monticule de gazon,
surmonté par le tronc d'un jeune chêne fourchu; c'était le poteau de
la guerre; j'y fus immédiatement attaché par les mains et les pieds.
J'étais dans cette position depuis quelque temps, quand le grand chef
s'avança vers moi, accompagné d'un personnage qui, bien qu'affublé à
la manière indienne, avait cependant le type européen. C'était un
homme de soixante-cinq ans environ, à la taille haute et au torse
robuste. Il portait une barbe rousse très-longue, contre l'habitude
des Indiens qui se l'arrachent; ses vêtements en peau de panthère non
tannée ajoutaient encore à sa physionomie sauvage; il portait un rifle
en bandoulière, une hache et un revolver dans la ceinture.
«Le grand chef des Timpabaches ici présent, me dit-il en bon anglais,
me charge de vous dire qu'il vous a condamné à mort; sa sagesse lui a
conseillé cette résolution pour plusieurs motifs: le premier et le
plus concluant est votre qualité d'Américain; le second est la
blessure mortelle faite par vous sur le territoire des Timpabaches à
un Indien de sa tribu. En considération, cependant, du bien qu'il a
entendu raconter de vous, il veut bien vous faire grâce des supplices
qui sont dus à de tels actes, châtiments cruels que je n'approuve pas
et auxquels, moi, Indien de coeur et Anglais de nation, je me serais
opposé probablement.
--Je vous remercie, lui dis-je, de ce sentiment qui vous honore, mais
dites bien au grand chef qu'il se trompe quant à ma nationalité: je ne
suis point Américain; et, si j'ai blessé un de ces Indiens, ce n'a été
qu'à mon corps défendant, et poussé à bout par son ingratitude envers
moi qui l'avais sauvé lui et sa famille de la dent et des griffes de
l'ours gris. Du reste, n'est-il pas dans la nature de l'homme de
défendre son existence quand elle est menacée?»
Sans me répondre directement, mon étrange interlocuteur reprit:
«Sir, votre position m'attriste beaucoup, n'avez-vous donc pas une
famille à regretter, une femme, une mère, une soeur, qui pleureront
votre mort?
--Oui, répondis-je, et tous éprouveront une douleur profonde quand ils
ne me verront pas revenir au foyer de mes pères; mais au moins
ignoreront-ils où et comment j'aurai perdu l'existence; à part cela,
la mort ne m'effraye pas, le malheur m'a appris à la mépriser. Quand
je me décidai à faire cette excursion au delà des montagnes Rocheuses,
j'étais déterminé au sacrifice de ma vie: la mort n'est pour moi
qu'un accident vulgaire et prévu. Du reste, je suis soldat, et à ce
titre je saurai montrer à ces barbares qu'un Français peut savoir
mourir aussi bravement qu'un guerrier indien.»
À ces mots, je vis l'émotion gagner la prunelle de ce chasseur
d'hommes, qui paraissait si féroce à première vue.
«J'ai tout essayé, dit-il, pour obtenir voire grâce de ces Indiens,
mais il y a contre vous, dans le conseil des chefs, un parti puissant.
L'Indien que vous avez blessé était le beau-frère d'un des guerriers
les plus influents de la tribu.
--Je vous en remercie encore, lui répliquai-je; mais permettez-moi de
vous demander un seul et dernier service avant de mourir, celui de
tâcher de faire abréger mon supplice et de vous charger de faire
remettre un médaillon que j'ai là sur mon coeur à une de vos
compatriotes que j'ai laissée en France, lors de mon départ pour
l'Amérique. Je ne veux pas que cette image, qui me rappelle les traits
de la plus chère des femmes, soit profanée après ma mort par ces
barbares. Vous irez sans doute un jour à Sacramento, ou même à
San-Francisco; là vous pourrez trouver, en le cherchant, un Français
digne de recevoir mon dépôt sacré, avec recommandation d'annoncer à
cette femme que je suis mort dans les placers.
--Cette mission, pour moi, est sacrée, me répondit-il, je ferai exprès
le voyage pour accomplir votre dernier voeu, et je promets sur mon
honneur de gentleman anglais et de chef indien de m'acquitter
religieusement de cette sainte mission.
--Alors, écartez ma vareuse, et vous trouverez ce médaillon.»
M'ayant demandé la permission de l'ouvrir, il y attacha son regard
humide de larmes, et me dit:
«Je vous trouve bien malheureux de quitter pour toujours cette
créature dont le regard attristé semble présager d'avance les dangers
qui vous attendaient dans votre périlleux voyage.»
Quelques larmes roulant sur la fourrure de mon vêtement furent ma
seule réponse. Dans l'intérieur de la boîte de métal où je gardais
cette chère relique, j'avais écrit son nom; après l'avoir lu,
l'étranger me demanda avec vivacité si ce nom était aussi le mien, et
si je n'étais pas d'origine anglaise.
--Oui, et certes j'en suis fier, lui répondis-je; mes aïeux ayant
suivi la fortune des Stuart, abandonnèrent fortune et patrie pour
accompagner en France leur roi exilé.»
Il ne me laissa pas achever:
«Mais alors, s'écria-t-il, vous descendez de ce Wogan, dont la valeur
a été célébrée par l'auteur de _Waverley_[5]; et, s'il en est ainsi,
moi, descendant de Lennox duc de Richmond, je ne puis voir couler
devant mes yeux le sang d'un homme dont les ancêtres ont prodigué le
leur pour la cause de mes aïeux. Comptez donc sur Lennox, à la vie et
à la mort!»
[Note 5: «Le capitaine Wogan, dont le caractère
entreprenant est si bien dépeint dans l'histoire de
la rébellion par Clarendon, avait d'abord été
attaché au parlement, mais il avait abjuré ce parti
lors de l'exécution de Charles 1er. Dès qu'il eut
appris que le comte de Glencairn et le général
Middleton avaient arboré l'étendard royal dans les
highlands d'Écosse, il prit congé de Charles II
qu'il avait accompagné à Paris. Il revint en
Angleterre, leva un corps de cavalerie à ses frais
dans les environs de Londres, traversa le royaume
qui, depuis si longtemps, était sous la domination
de l'usurpateur, et par des démarches habiles, il
parvint à joindre, sans avoir perdu un seul homme,
un corps de highlanders alors sous le drapeau des
Stuart. Après avoir fait la guerre pendant
plusieurs mois et acquis, par ses talents et son
courage, une grande réputation, il eut le malheur
d'être blessé dangereusement, et aucun secours de
l'art ne fut capable de prolonger sa glorieuse
carrière.»
_Waverley_, chap. XXVIII.]
À ces mots, l'homme dont je venais si étrangement d'apprendre le nom,
s'éloigna, suivi des principaux guerriers de sa tribu. J'attendis
peut-être un quart d'heure, l'âme et la pensée tournées vers ma
patrie, quand je fus tiré de mes réflexions par une rumeur subite qui
se fit entendre dans le camp et se communiqua aux guerriers qui
entouraient le poteau de mort où j'étais attaché. C'étaient les cris
de guerre des tribus qui s'apprêtaient au combat. De l'éminence où
j'étais enchaîné, je vis distinctement le brave Lennox groupant autour
de lui la tribu qui l'avait adopté pour chef et l'adossant à la
lisière de la forêt, tandis que les Timpabaches gardaient le centre de
la plaine.
Quelque temps après, je vis les chefs de chaque tribu se rendre au
milieu de la savane; leur conférence, cette fois, ne dura qu'un
instant; ils s'avancèrent vers moi, et Lennox à leur tête, coupant mes
liens avec son poignard, me rendit la vie et la liberté. Je tombai
dans ses bras et le pressai sur mon coeur avec l'émotion de la
reconnaissance.
Au bout de quelques instants, l'arène du combat se chargea des apprêts
d'une fête à laquelle furent convoquées toutes les tribus présentes.
Tous leurs chefs réunis, ayant mon libérateur et le grand chef à leur
tête, vinrent me prier de séjourner encore quelques jours dans cette
tribu, et d'assister à un festin qui allait être offert par la nation
des Timpabaches.
.... C'est ainsi que la rencontre inopinée d'un homme, aujourd'hui
bien connu en Californie par ses goûts aventureux et son influence sur
les Indiens, m'arracha providentiellement à une mort certaine. Lennox
ne s'en tint pas là; grâce à sa protection, je pus, en toute sûreté,
descendre le Rio-Colorado jusqu'au Rio-Virgin, remonter cette rivière
et enfin regagner la région des mines, et Grass-Valley, où l'on me
croyait mort depuis longtemps.
B{on} de WOGAN[6].
[Note 6: M. de Wogan, ancien officier de spahis,
ancien chef d'un des bataillons de la garde mobile,
en 1848, est aujourd'hui directeur du télégraphe à
Saint-Sever (Landes).]
[Illustration: Types d'Indiennes du Colorado.--Dessin de J. Pelcoq
d'après les _Reports of explorations_.]
GRAVURES.
Dessinateurs.
Chapelle de Sainte-Rosalie (près Palerme) Rouargue 1
Types et costumes siciliens Rouargue 4
Ruines à Girgenti (Agrigente) Rouargue 5
Vue de Syracuse Rouargue 8
Taormine et l'Etna Rouargue 9
La Marine à Messine Rouargue 12
Rocher de Scylla Rouargue 13
Stromboli Rouargue 16
Pigeonnier près d'Ispahan Jules Laurens 17
Pont d'Allah-Verdi-Khan sur le Zend-è-Roud,
à Ispahan Jules Laurens 21
Collége de la Mère du roi, à Ispahan Jules Laurens 24
Une peinture indienne dans le palais des
Quarante-Colonnes, à Ispahan Jules Laurens 25
Entrée de Kaschan Jules Laurens 28
Une caravane persane au repos Jules Laurens 29
Types persans Jules Laurens 32
Faubourg de Téhéran Jules Laurens 33
La porte de Schah-Abdoulazim Jules Laurens 36
Dans une cour, à Téhéran Jules Laurens 37
Types et portraits persans Jules Laurens 40
Groupe de Persans Jules Laurens 41
Dans l'Enderoun (appartement intérieur
-- Costumes d'intérieur et de sortie) Jules Laurens 44
Choix d'armes, d'instruments et objets divers
persans Jules Laurens 45
Le Démavend Jules Laurens 48
Vue de l'île Saint-Thomas de Bérard 49
Saint-Pierre, à la Martinique de Bérard 52
Cataracte de Weinachts (Guyane anglaise) de Bérard 53
Une sucrerie à la Guadeloupe de Bérard 56
La Pointe-à-Pître, à la Guadeloupe de Bérard 57
Le port d'Espagne, à la Trinidad de Bérard 60
La baie de Panama de Bérard 61
Vue des Bermudes de Bérard 64
Costumes norvégiens d'Hitterdal Pelcoq 65
La vallée de Bolkesjö Doré 68
Costumes du Télémark Pelcoq 69
La vallée de Vestfjordal Doré 72
Intérieur d'auberge à Bolkesjö Lancelot 73
Église d'Hitterdal Wormser 75
Le Rjukandfoss Doré 76
Un chalet à Bamble Lancelot 77
Vue du lac Bandak Doré 80
Le lac Flatdal Doré 81
Fjord de Gudvangen Doré 84
Église de Bakke Doré 85
Route de Stalheim Doré 88
Le Vöringfoss Doré 89
Vallée de l'Heimdal Doré 92
Femme du Sogn Pelcoq 93
Une noce en Norvége Pelcoq 96
Le marché aux grains (Suez) Karl Girardet 97
Port de Suez Karl Girardet 100
Cimetière européen à Suez Karl Girardet 100
Qosséir Karl Girardet 101
Djeddah Karl Girardet 101
Port de Souakin Karl Girardet 101
Mosquée de Salonique Karl Girardet 104
Femmes albanaises, près d'un arabas,
à Vasilika Villevieille 105
Un Juif de Salonique Bida 108
Une Juive de Salonique Bida 109
Sceau du monastère de Kariès 111
Vue générale de mont Athos Villevieille 112
Le Conseil des Épistates au mont Athos Boulanger 113
Saint Georges (fresque de Panselinos dans le
Catholicon de Kariès) Pelcoq 116
Monastère d'Iveron Karl Girardet 117
L'higoumène d'Iveron Pelcoq 120
La Phiale ou le Baptistère du couvent de Lavra Lancelot 121
Croix sculptée en bois dans le trésor de Kariès Thérond 124
Coffret dans le trésor de Kariès Thérond 125
Peinture de la trapeza de Lavra: les trois patriarches Thérond 128
La confession Bida 129
Bas-relief du couvent de Vatopédi A. Proust 130
Albanais, soldat de la garde des Épistates Villevieille 132
Vue du couvent d'Esphigmenou Karl Girardet 133
Intérieur de la cour principale du couvent slave
de Kiliandari Lancelot 136
La récolte des noisettes au mont Athos Villevieille 137
L'île Chatam, dans l'archipel Galapagos E. de Bérard 140
Baie de la Poste, dans l'île Floriana
(archipel Galapagos) E. de Bérard 140
L'île Charles, dans l'archipel Galapagos E. de Bérard 141
Aiguade de l'île Charles (archipel Galapagos) E. de Bérard 144
Oiseaux et reptile (archipel Galapagos) Rouyer 145
Côtes de l'île Albermale, dans l'archipel
Galapagos E. de Bérard 148
Oeno, dans l'archipel Pomotou (îles à coraux) E. de Bérard 149
Village de Vanou, dans l'île de Vanikoro
(îles à coraux) E. de Bérard 149
Baie de Manevai, dans l'île de Vanikoro
(îles à coraux) E. de Bérard 152
Récifs et piton de l'île de Borabora
(îles à coraux) E. de Bérard 153
Rade et pic de l'île de Borabora (îles à coraux) E. de Bérard 156
Île de Whitsunday, dans l'archipel Pomotou
(îles à coraux) E. de Bérard 157
Brun-Rollet Fath 160
Traîneau yakoute Victor Adam 161
Une sorcière tongouse Victor Adam 164
Port d'Okhotsk Victor Adam 165
Bazar de Nertchinsk Victor Adam 168
Colonie ou village yakoute Victor Adam 169
Voyageur russe en Sibérie Victor Adam 172
Argali (mouton sauvage) Victor Adam 173
Campement de Tongouses Victor Adam 176
Chamans yakoutes Victor Adam 177
Femme yakoute Victor Adam 180
Poteaux des frontières du pays des Yakoutes et
de la Chine Victor Adam 181
Types indigènes (Australie du Sud) G. Fath 184
Sépultures australiennes dans les bois Lancelot 185
Sépulture australienne au désert Doré 189
Restes d'un voyageur retrouvés par ses compagnons
dans les déserts du lac Torrens Doré 192
Oasis d'Éderi (Fezzan) Rouargue 193
Mourzouk (capitale du Fezzan) Rouargue 196
Gorge d'Agueri Lancelot 197
Vallée d'Auderaz Rouargue 200
Vue d'Agadez Lancelot 201
Vue de Kano (entrepôt du Soudan central) Lancelot 204
Dendal ou boulevard de Kouka (capitale du Bornou) Lancelot 205
Vue du lac Tchad Rouargue 208
Village marghi Rouargue 209
Halte dans une forêt du Marghi Rouargue 212
Village mosgou Rouargue 213
Chef mosgovien Rouargue 216
Intérieur d'une habitation mosgovienne Rouargue 217
Chef kanembou Rouargue 220
Entrée du sultan de Baghirmi dans Maséna
(sa capitale) Rouargue 221
Une razzia à Barea (Mosgou) Rouargue 224
Vue du marché de Sokoto Hadamard 225
Bac sur le Niger, à Say Rouargue 228
Vue des monts Homboris Lancelot 229
Village sonray Lancelot 232
Vue de Kabra (port de Tembouctou) Rouargue 233
Camp touareg Lancelot 236
Arrivée à Tembouctou Lancelot 237
Vue générale de Tembouctou Lancelot 240
Portrait en pied du baron de Wogan en costume
de voyage J. Pelcoq 241
Grass-Valley J. Pelcoq 244
Un claim ou atelier de mineur J. Pelcoq 245
Forêt de _taxodium giganteum_ ou pins géants Lancelot 248
Un cañon ou passage de la Sierra-Wah Lancelot 249
La case du jugement J. Pelcoq 252
Le poteau de la guerre J. Pelcoq 253
Types d'Indiennes du Rio-Colorado J. Pelcoq 256
Grande pagode de Rangoun Français 257
Bateau à voile sur l'Irawady Cliché anglais 258
Canot de parade Cliché anglais 259
Bateau de commerce Cliché anglais 259
Birmans dans une forêt J. Pelcoq 261
Pattshaing ou tambour-harmonica Cliché anglais 262
Pattshaing à baguettes Cliché anglais 262
Harpe birmane Cliché anglais 263
Harmonica birman Cliché anglais 263
Pagode à Pagán Cliché anglais 264
Représentation théâtrale dans le royaume d'Ava Hadamard 265
Dagobah ou pagode en forme de cloche Cliché anglais 266
Intérieur d'une pagode Cliché anglais 267
Maison de l'ambassade à Amarapoura Cliché anglais 268
Vallée des puits de bitume Karl Girardet 269
Types de grands seigneurs et hauts fonctionnaires
birmans Morin 272
Le palais du roi et l'éléphant blanc Navlet 273
Sculptures comiques dans le monastère royal à
Amarapoura Lancelot 276
Vue du Maha-Toolut-Boungyo (monastère royal à
Amarapoura) Lancelot 277
Détails intérieurs du Maha-comiye-peima à Amarapoura Navlet 281
Une porte à Amarapoura Cliché anglais 284
Canon birman Cliché anglais 284
Danse des éléphants Cliché anglais 284
Canal d'irrigation dans le royaume d'Ava Cliché anglais 285
Jeunes dames birmanes Morin 288
Le temple du Dragon Lancelot 289
Rives de l'Irawady (près des mines de rubis) Cliché anglais 292
Petite pagode à Mengoun Cliché anglais 292
Grand temple de Mengoun (depuis le tremblement
de terre de 1839) Karl Girardet 293
Vallée de l'Irawady au confluent du Myit-Nge Paul Huet 297
Temple ruiné à Pagán Lancelot 300
Salces ou volcans de boue à Membo Cliché anglais 301
Cônes volcaniques dans la plaine de Membo Cliché anglais 301
Paysans birmans en voyage Cliché anglais 302
Statue gigantesque de Bouddha à Amarapoura Lancelot 304
Zanzibar vue de la mer E. de Bérard 305
Portrait de feu l'iman de Zanzibar E. de Bérard 308
Pont de la ville de Zanzibar E. de Bérard 309
Un village de la Mrima Lavieille 312
Jihoué la Mkoa ou la roche ronde Cliché anglais 313
La fontaine qui bout (source thermale dans le
Khoutou) Cliché anglais 313
Sycomore africain Cliché anglais 314
L'Ougogo Cliché anglais 315
Burton et ses compagnons en marche Lavieille 316
Chaîne côtière de l'Afrique occidentale Lavieille 317
Passe dans l'Ousagara Lavieille 320
Paysage dans l'Ounyamouézi Lavieille 321
Noirs de l'Ousumboua G. Boulanger 324
Huttes à Mséné Lavieille 325
Nègres porteurs G. Boulanger 328
Noir de l'Ouganda G. Boulanger 329
Habitation de Snay ben Amir à Kazeh Lavieille 332
Jeunes dames à Kazeh G. Boulanger 333
Coiffures des indigènes de l'Ounyanyembé Cliché anglais 334
Coiffures des indigènes de l'Oujiji Cliché anglais 335
Maison des étrangers à Kaouélé Lavieille 336
Navigation sur le lac Tanganyika Lavieille 337
Le capitaine Burton sur le lac Tanganyika Lavieille 339
Habitation au bord du lac Tanganyika Lavieille 340
Le bassin du Maroro Lavieille 341
Instruments et ustensiles des Ouajiji Cliché anglais 342
Riverains du Tanganyika (côté ouest) Cliché anglais 343
Riverains du Tanganyika (côté sud) Cliché anglais 343
Le bassin du Kisanga Lavieille 344
Végétation de l'Ougogi Lavieille 345
Passe de l'Ouzagara Cliché anglais 346
Rocher de l'Éléphant près du cap Gardafui Cliché anglais 347
Dernier établissement égyptien dans le Fazogl Lancelot 348
Contrée des Shelouks sur le Saubat Lancelot 349
Bélénia (village bari sur le fleuve Blanc) Lancelot 352
Habitants de la Havane Potin 353
Coolies chinois à Cuba Pelcoq 356
Vue générale de la Havane (capitale de Cuba) Lancelot 357
Avenue de palmiers devant une habitation de Cuba E. de Bérard 360
Cathédrale de la Havane Navlet 361
La volante (voiture de la Havane) Victor Adam 363
Vue de Matanzas Lancelot 364
Paysage dans l'île de Cuba: Loma (coteau)
de Candela Paul Huet 365
Paysage dans l'île de Cuba (Loma de la Givora) Paul Huet 368
Grenoble et les Alpes dauphinoises Karl Girardet 369
Les Grands Goulets Karl Girardet 372
Pont-en-Royans Doré 373
Sainte-Croix et les ruines du château de Quint Karl Girardet 376
Die et la vallée de Roumeyer (vue prise des
hauteurs de Saint-Justin) Français 377
Le Mont-Aiguille (vu de Clelles) Daubigny 380
Pontaix Karl Girardet 381
Roumeyer et le mont Glandaz Français 384
Entrée de la vallée de Roumeyer Karl Girardet 385
La vallée de Léoncel Karl Girardet 388
La vallée de la Véoure et de la plaine du Rhône
(vue prise des hauteurs de la Vacherie) Karl Girardet 389
Beaufort Français 392
La forêt de Saou Sabatier 394
Poët-Cellard Karl Girardet 395
Bourdeaux Karl Girardet 396
Le Velan et Plan-de-Baix (vue des sources
du Ruïdoux) Karl Girardet 397
Cascade de la Druïse Karl Girardet 398
La gorge de Trente-Pas Karl Girardet 400
Le mont Viso Sabatier 401
Le pont du Diable Sabatier 405
Le lac de l'Échauda Sabatier 408
Le Pelvoux Sabatier 409
Le mont Aurouze Français 412
Les montagnes du Devoluy Karl Girardet 413
Ruines de la Chartreuse de Durbon Karl Girardet 416
CARTES ET PLANS.
Carte de la Sicile, par M. A. Vuillemin. 3
Carte de la Perse, par M. A. Vuillemin. 19
Carte des grandes et petites Antilles, par M. A. Vuillemin. 51
Carte du haut Télémark (Norvége méridionale), d'après
M. Paul Riant. 67
Carte de la presqu'île de Bergen, d'après M. Paul Riant. 83
Carte de la Chalcidique, par M. A. Vuillemin. 115
Partie du gouvernement d'Yakoutsk, par Piadischeff. 167
Carte de l'Australie, par M. A. Vuillemin. 187
Carte des voyages du docteur Henri Barth en Afrique (partie
orientale) d'après M. de Lanoye. 195
Voyage du docteur Barth (Itinéraire de Sokoto à Tembouctou),
par M. A. Vuillemin. 234
Carte du cours inférieur de l'Irawady comprenant les possessions
britanniques et la partie sud du royaume d'Ava, d'après le
capitaine H. Yule. 260
Plan d'Amarapoura et de sa banlieue, d'après les relevés du
major Grant Allan. 280
Carte du cours supérieur de l'Irawady et partie nord du royaume
d'Ava, d'après le cap. Yule. 296
Carte du voyage de Burton et Speke aux grands lacs de l'Afrique
orientale (Itinéraire de Zanzibar à Kazeh). 307
Carte du voyage de Burton et Speke aux grands lacs de l'Afrique
orientale (2e partie). 338
Carte de l'île de Cuba, par M. A. Vuillemin. 355
Carte du Dauphiné (partie occidentale: Isère et Drôme),
par M. A. Vuillemin. 371
Carte du Dauphiné (partie orientale: Isère et Hautes-Alpes),
par M. A. Vuillemin. 404
ERRATA.
I. Sous le titre _Voyage d'un naturaliste_, pages 139 et 146, on
a imprimé: (1858.--INÉDIT).--Cette date et cette qualification ne
peuvent s'appliquer qu'à la traduction.
La note qui commence la page 139 donne la date du voyage (1838)
et avertit les lecteurs que le texte a été publié en anglais.
II. Dans un certain nombre d'exemplaires, le voyage du capitaine
Burton AUX GRANDS LACS DE L'AFRIQUE ORIENTALE, 1re partie,
46e livraison, le mot ORIENTALE se trouve remplacé par celui
d'OCCIDENTALE.
III. On a omis, sous les titres de _Juif_ et _Juive de
Salonique_, dessins de Bida, pages 108 et 109, la mention
suivante: d'après M. A. Proust.
IV. On a également omis de donner, à la page 146, la description
des oiseaux et du reptile de l'archipel des Galapagos représentés
sur la page 145. Nous réparons cette omission:
1º _Tanagra Darwinii_, variété du genre des
_Tanagras_ très-nombreux en Amérique. Ces oiseaux ne diffèrent de
nos moineaux, dont ils ont à peu près les habitudes, que par la
brillante diversité des couleurs et par les échancrures de la
mandibule supérieure de leur bec.
2º _Cactornis assimilis:_ Darwin le nomme _Tisseim des
Galapagos_, où l'on peut le voir souvent grimper autour des
fleurs du grand cactus. Il appartient particulièrement à l'île
Saint-Charles. Des treize espèces du genre _pinson_, que le
naturaliste trouva dans cet archipel, chacune semble affectée à
une île en particulier.
3º _Pyrocephalus nanus_, très-joli petit oiseau du
sous-genre _muscicapa_, gobe-mouches, tyrans ou moucherolles. Le
mâle de cette variété a une tête de feu. Il hante à la fois les
bois humides des plus hautes parties des îles _Galapagos_ et les
districts arides et rocailleux.
4º _Sylvicola aureola._ Ce charmant oiseau, d'un jaune
d'or, appartient aux îles Galapagos.
5º Le _Leiocephalus grayii_ est l'une des nombreuses
nouveautés rapportées par les navigateurs du _Beagle_. Dans le
pays on le nomme _holotropis_, et moins curieux peut-être que
l'_amblyrhinchus_, il est cependant remarquable en ce que c'est
un des plus beaux sauriens, sinon le plus beau saurien qui
existe.
Le saurien _amblyrhinchus cristatus_, que nous reproduisons ici,
est décrit dans le texte, page 147.
[Illustration: _Amblyrhinchus cristatus_, iguane des îles Galapagos.]
* * * * *
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Rue de Fleurus, 9, à Paris.
* * * * *
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Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
throughout numerous locations. Its business office is located at
809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email
[email protected]. Email contact links and up to date contact
information can be found at the Foundation's web site and official
page at http://pglaf.org
For additional contact information:
Dr. Gregory B. Newby
Chief Executive and Director
[email protected]
Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg
Literary Archive Foundation
Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
spread public support and donations to carry out its mission of
increasing the number of public domain and licensed works that can be
freely distributed in machine readable form accessible by the widest
array of equipment including outdated equipment. Many small donations
($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
status with the IRS.
The Foundation is committed to complying with the laws regulating
charities and charitable donations in all 50 states of the United
States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
with these requirements. We do not solicit donations in locations
where we have not received written confirmation of compliance. To
SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any
particular state visit http://pglaf.org
While we cannot and do not solicit contributions from states where we
have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
against accepting unsolicited donations from donors in such states who
approach us with offers to donate.
International donations are gratefully accepted, but we cannot make
any statements concerning tax treatment of donations received from
outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff.
Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation
methods and addresses. Donations are accepted in a number of other
ways including checks, online payments and credit card donations.
To donate, please visit: http://pglaf.org/donate
Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic
works.
Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm
concept of a library of electronic works that could be freely shared
with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project
Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support.
Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S.
unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily
keep eBooks in compliance with any particular paper edition.
Most people start at our Web site which has the main PG search facility:
http://www.gutenberg.org
This Web site includes information about Project Gutenberg-tm,
including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to
subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.