The Project Gutenberg eBook of Recueil de chansons en patois de la Bresse, by P. C. de la Gelière
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Title: Recueil de chansons en patois de la Bresse
Author: P. C. de la Gelière
Release Date: January 9, 2015 [eBook #47919]
[Most recently updated: October 29, 2021]
Language: French
Produced by: Claudine Corbasson and Hans Pieterse
*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK RECUEIL DE CHANSONS EN PATOIS ***
Au lecteur.
Ce livre électronique reproduit intégralement le texte original,
et l'orthographe d'origine a été en général conservée. Cependant
dans le texte français, les erreurs clairement introduites par le
typographe ont été tacitement corrigées. Dans le texte bressan,
quelques erreurs typographiques probables ont été corrigées.
La liste de ces modifications se trouve à la fin du texte.
Également, la ponctuation a été alignée à différents endroits.
RECUEIL
DE
CHANSONS
EN
PATOIS DE LA BRESSE
PAR
P. C. de la Gelière
_Viriat 1898_
PREMIÈRE PARTIE
IMPRIMERIE LOUIS CHADUC
CHATILLON-SUR-CHALARONNE & BELLEY
1899
ERRATA
Le tirage de la première partie de ce recueil ayant eu lieu, en ce qui
concerne le chant, par suite de malentendus, sans que les épreuves
aient été préalablement corrigées par l'auteur, je me trouve dans la
regrettable nécessité d'ajouter cette feuille d'errata.
Je fais appel à l'extrême indulgence et bonne volonté des personnes
qui désireront apprendre les chansons en les priant de vouloir bien,
auparavant, faire à la main les corrections principales indiquées ci
après:
PAGES PORTÉES MESURES NOTES A LA PLACE DE METTRE
6 1 4 5 noire croche
6 2 2 et 3 _à diviser par une barre de mesure_
6 3 2 1 noire noire pointée
6 3 5 3 noire croche
6 4 2 1 croche noire
6 4 2 4 ré si
8 1 5 1 noire noire pointée
8 2 1 et 2 _à diviser par une barre de mesure_
8 2 4 1 noire noire pointée
8 2 5 1 noire noire pointée
8 3 3 1 et 2 noire et croche noire pointée et noire
14 2 4 1 croche noire
14 2 5 1 noire pointée noire point. et croche
liées
14 3 2 1 noire pointée noire point. et croche
liées
14 3 3 1 double croche noire
14 3 4 2 croche noire
14 3 5 1 croche noire
17 1 2 1 noire noire pointée
17 1 4 2 noire croche
17 2 3 2 noire croche
17 3 3 1 noire pointée noire
21 1 2 1 noire noire pointée
22 2 3 soupir demi-soupir
22 4 2 3 croche double croche
22 4 3 4 double croche croche
22 4 4 1 si sol
22 4 4 3 double croche croche
22 6 3 5 croche double croche
23 1 2 2 do si
24 1 3 1 noire noire et demi-soupir
24 3 3 2 et 3 do ré la si
24 3 3 4 croche noire pointée
25 1 2 et 3 3 croche noire
25 2 3 et 4 3 croche noire
25 4 2 4 fa ré
26 1 1 1 et 5 noires croches
27 2 3 1 croche noire pointée
28 1 2 1 double croche croche
28 1 2 et 3 _à diviser par une barre de mesure_
29 1 1 1 noire pointée noire
29 2 4 4 et 5 noires croches
29 2 6 2 la do
43 1 3 1 et 3 noire noire pointée et croche
50 1 6 1 noire croche
M. DE LA GIRODIÈRE
AVANT-PROPOS
Cet ouvrage qui s'adresse particulièrement aux enfants de la Bresse,
mes compatriotes, a pour but de faire revivre les vieilles coutumes
locales et de perpétuer le souvenir de nos pères.
C'est un recueil de chansons patoises sur les sujets, les mœurs et les
usages les plus caractéristiques de la Bresse. Quelques-unes m'ont été
inspirées par mes relations fréquentes avec les rares familles qui ont
su conserver à peu près intactes les vieilles traditions de nos aïeux,
tandis que d'autres font déjà partie du répertoire populaire. Seulement
ces dernières ont subi de telles altérations, en passant par les âges,
que, écrites comme elles se chantent actuellement, leurs auteurs ne les
reconnaîtraient peut-être plus. C'est pourquoi j'ai voulu essayer de
les reconstituer pour les rendre plus compréhensibles.
Elles sont écrites en patois avec la traduction française en regard:
traduction littérale qui demande bien souvent l'emploi de mots vicieux
et d'expressions triviales. De plus j'ai dû négliger complétement
l'orthographe pour m'attacher spécialement à rendre la prononciation
plus facile, aussi, malgré la différence de consonnance qui existe
entre les divers parlés de la Bresse, de commune à commune, voire même
d'un hameau à l'autre, j'espère être lu et compris par la majeure
partie des Bressans.
Il y a deux sons cependant qui rendent l'écriture du patois fort
difficile parce qu'ils n'existent pas dans la langue française—Pour
faciliter la lecture j'ai toujours représenté par «sh» celui que l'ont
produit en appuyant la langue contre les dents supérieures et en
sifflant comme pour prononcer s., et par «zh» celui que l'on produit en
appuyant la langue de la même façon et en sifflant comme pour prononcer
z.
La partie de chant est l'œuvre d'un ami, pur Bressan aussi, M. de la
Girodière, qui a bien voulu, sur ma demande se charger de noter ces
chansons telles qu'elles se chantent dans nos campagnes, sans-souci des
règles musicales.
P. C. DE LA GELIÈRE.
LA BRACHE
LA BRESSE
_Air de «Béranger à l'Académie»_
1
Qué l'étrèzhi que travache la Fronche
Treuve on pays fenamè cultivau;
Qué y va de recoulte é n'abondanche
Dé tui leu shamp, dé le tarre, dé leu prau;
Qué y va de béte de toutes raches
Allé, veniè de la buzhe u pauqui,
I da che dezhe: Sé vramè tië la Brache
Oh qué pays! Oh qué fameux pays. _bis_
1
Quand l'étranger qui traverse la France
Trouve un pays, finement cultivé;
Quand il voit des récoltes en abondance
Dans tous les champs, dans les terres, dans les prés
Quand il voit des bêtes de toutes races
Aller, venir, de l'étable au pâturage
Il doit se dire: si c'est vraiment là la Bresse
Oh quel pays! Oh quel fameux pays. _bis_
2
Pèdè que leu cavës n'ont que jo cauve,
Pe tout étreteni dè la majon
Leu Brachon ont, sè parlau de le rauve,
A ramachau touta la grè sajon,
U renouvé, é leur sho, le navete.
Qué vin juillet y machounon leu blau,
Vé la Teussè y font d'autre récolte:
Leu Brachon machounon touta l'ènau. _bis_
2
Pendant que les cavets n'ont que leurs caves
Pour tout entretenir dans la maison
Les Bressans ont, sans parler des raves
A ramasser toute la grande saison
Au renouveau, c'est le chou, la navette
Quand vient juillet, ils ramassent les blés
Vers la Toussaint, ils font d'autres récoltes
Les Bressans moissonnent toute l'année. _bis_
3
Bon travaillon, intriguè, économe,
Lou Brachon cha treye parti de tout,
Quemè pre lui jamais l'euvra ne chaume,
L'arzhè vé lui abonde azhi touzhou;
Quasi pretou l'entretien du moin-nazhou
Che treuve su la vêta dé shapon,
Le béte font pe la sècha leu gazhou,
Pi lou greni pe couliau lou bouchon. _bis_
3
Bon travailleur, intrigant, économe
Le Bressan sait tirer parti de tout
Comme pour lui jamais le travail ne chôme
L'argent chez lui abonde aussi toujours
Presque partout l'entretien du ménage
Se trouve sur la vente des chapons
Les bêtes font pour la ferme, les gages
Puis le grenier pour gonfler le bourson. _bis_
4
Pe leu Brachon que, chon loin de le vele
N'a-t-eu pau toute seurte d'agrémè?
L'ont pe s'y raidre de bene vatezhe,
Pi de shevaux que vont quemè lou vè,
Tui leu grè zhou neutre brauve Brachonde
Peurton jo shapè brachon garni d'eu,
Rè què vayè che le figuzhe fronshe
Cè vous revellie l'ama dè lou cœu. _bis_
4
Pour les Bressans qui sont loin des villes
N'y a-t-il pas toutes sortes d'agréments?
Ils ont pour s'y rendre de bonnes voitures
Puis des chevaux qui vont comme le vent
Tous les grands jours nos jolies Bressannes
Portent leurs chapeaux bressans garnis d'or
Rien qu'en voyant ces figures franches
Cela vous réveille l'âme dans le cœur. _bis_
5
Pe complétau cho tablau de la Brache
De davou dezhe que tout vra Brachon,
Dé vio Gaulois, l'homeu de neutra rache,
Cha coucharvau le meliou tradition;
Tout u deva, jamais y ne parjuzhe,
La foi, l'honeu se leïon su chon fron,
Pichque vé nou jamais nion ne recule
Amis shétin don: Vive leu Brachon. _bis_
5
Pour compléter ce tableau de la Bresse
Je dois vous dire que tout vrai Bressan
Des vieux Gaulois, l'honneur de notre race
Sait conserver les meilleures traditions
Tout au devoir jamais il ne parjure
La foi, l'honneur se lisent sur son front
Puisque chez nous jamais personne ne recule
Amis chantons donc: «Vivent les Bressans.» _bis_
LA LIAUDIN-NA ANCIENNE
LA CLAUDINE
1
Què d'ezha amau de ma Liaudinna,
Rè ne mèquove a meu dési,
Che pinne fajon bin me pinne,
Seu plasi ézhon meu plasi,
Nou nou dijin dechou lou chozhou
Que nou nou j'amezhin touzhou.
Vouzhe le me lache pe notrou,
Alle eubleïe neutreu j'amou.
1
Quand j'étais aimé de ma Claudine,
Rien ne manquait à mes désirs,
Ses peines faisaient bien mes peines,
Ses plaisirs étaient mes plaisirs,
Nous nous disions dessous le saule,
Que nous nous aimerions toujours.
Maintenant elle me laisse pour un autre.
Elle oublie nos amours.
2
Tui leu matin dè la preleia
Nou menovin neutreu moton,
Me chetova prè de ma meïa,
Nou quemèchovin na shèchon,
Pi aprè cètië nou dèchovon
E nou teniè tui deu la mon,
De plasi leu moton chotauvon
Mè le ne vin pau mé è shon.
2
Tous les matins dans la prairie
Nous menions nos moutons
Je m'asseyais près de ma mie
Nous commencions une chanson,
Puis après cela nous dansions
En nous tenant tous deux la main
De plaisir les moutons sautaient
Mais elle ne vient plus au champ.
3
La lou pië megnon, la mon blanshe,
Lou pa touzhou biè trenatau,
Le drate, prema su le j'ansche,
Pi ma fa brovamè meudau
La leu zu nea tout quemè d'ècrou,
Le dè blanshe quemè on papi,
Le rouzhaye quemè on combrou
Mè pe notrou l'brauva auzhourdi.
3
Elle a le pied mignon, la main blanche
Les cheveux toujours bien tressés
Elle est droite, fine sur la hanche
Et ma foi, joliment modée
Elle a les yeux noirs comme de l'encre
Les dents blanches comme un papier
Elle est rouge comme un cambre
Mais pour un autre elle est belle aujourd'hui.
4
La mê d'esprit que lou ra mémou
Tout le mondou ène-t-ébahi,
Le vou parle avoua tè d'émou,
Lè fa vreïe la téta à tui,
Le rèvelia quemè na rata,
Le shète quemè on reucenieu,
Mè le me méprije la shata
De notrou le fa lou beneu.
4
Elle a plus d'esprit que le roi même
Tout le monde en est ébahi
Elle vous parle avec tant d'âme
Qu'elle en fait tourner la tête à tous
Elle est réveillée comme une rate
Elle chante comme un rossignol
Mais elle me méprise la chatte
D'un autre elle fait le bonheur.
5
Tui leu cha chou lou mémou chozhou
U nou j'in tè dècha tui deu,
Te vindrè choule peuvrou Liaudou
Te vindrè bélau ton malheu;
Tou lou mondou chazha ta pin-na
Te shétezhé cè tin qu'u zhou
Pau mé ne m'ame ma Liaudinna
Mé ma de l'amezhe touzhou.
5
Tous les soirs sous le même saule
Où nous avons tant dansé tous deux
Tu viendras seul pauvre Claude
Tu viendras bêler ton malheur
Tout le monde saura ta peine
Tu chanteras cela jusqu'au jour
Plus elle ne m'aime ma Claudine
Mais moi je l'aimerai toujours.
LA LIAUDIN-NA NOUVELLE
LA CLAUDINE
(_Sur le même air_)
1
D'amou ma petita Liaudin-na
Che dègredia, che rèvelia,
Qu'è n'a pau dè touta la plin-na
Na fellie ple brauva que lia;
L'a lou pa na, la bena mena,
De trai que seureïon touzhou,
Avoué cè l'a la taille fena
Pi de zu brajaye d'amou.
1
J'aime une petite Claudine
Si dégourdie, si réveillée
Qu'il n'y a pas dans toute la plaine
Une fille plus jolie qu'elle
Elle a les cheveux noirs elle a bonne mine
Des traits qui sourient toujours
Avec ça elle a la taille fine
Et les yeux «braisayant» d'amour.
2
Le bin che viva che frequéta
Le ch'abelië avoua tè de goû,
Que le mè fa vreië la téta
Ne pèchou qu'à lia tou lou zhou;
Pi quemè la nai dè meu chonzhou
Me crayou touzhou pré de lia,
De dremou contè quemè n'onzhou
Què bin si choule dè mon lia.
2
Elle est bien si vive si friquette
Elle s'habille avec tant de goût
Qu'elle m'en fait tourner la tête
Je ne pense qu'à elle tout le jour
Puis comme la nuit dans mes songes
Je me crois toujours près d'elle
Je dors content comme un ange
Quand même je suis seul dans mon lit.
3
Mé lou matin què me réveliou
S'è von meu révou de beneu,
Pichqu'ézhou me livou, m'hadeliou
Mé l'ènui me crive lou cœu.
Quemè n'ai rè pe me distraizhe
Que rè ne peut me conchoulau.
Pi que n'éfè qu'a perdu cha mèzhe
De bélou touta la zhournau.
3
Mais le matin quand je me réveille
S'en vont mes rêves de bonheur
Puisqu'il fait jour je me lève, je m'habille
Mais l'ennui me crève le cœur
Comme je n'ai rien pour me distraire
Que rien ne peut me consoler
Pire qu'un enfant qui a perdu sa mère
Je pleure toute la journée.
4
Dé mon tourmé pe va ma blonde
L'a sheurshezha sè m'arrétau.
Pe lamè mamau cha man blanshe
De baillezha bin mon grè prau,
De l'amou tè que rè su tarra
Ne vaut pre ma che n'amitia,
Pe la va d'azardezha me n'ama
Pe l'a va de vèdra ma via.
4
Dans mon tourment pour voir ma blonde
Je la chercherais sans m'arrêter
Pour seulement baiser sa main blanche
Je donnerais bien mon grand pré
Je l'aime tant que rien sur terre
Ne vaut pour moi son amitié
Pour la voir j'hasarderais mon âme
Pour l'avoir je vendrais ma vie.
5
Mé, oh qué beneu! ma Liaudin-na
A vu meu tourmè, ma douleu,
Ch n'ama a compris la min-na
Chon bon cœu a compris mon cœu,
Pichque pe zh' adoci me pin-ne
Le vu bin partazhie mon seu,
Que che voulétau cheyon le min-ne
Chon beneu fazha mon beneu.
5
Mais oh! quel bonheur! ma Claudine
A vu mes tourments, ma douleur
Son âme a compris la mienne
Son bon cœur a compris mon cœur
Puisque pour adoucir mes peines
Elle veut bien partager mon sort
Que ses volontés soient les miennes
Son bonheur fera mon bonheur.
L'ÉBAUDA
L'ÉBAUDE
1
Uvre me don ta peurta
Uvre me don Meïon,
E pleu quemé na queurda.
On ne sin paumé nion,
Etéte chouliau l'euzha.
De greloutou de fra,
Aqueurde me don n'ozha
A pachau avoué ta.
1
Ouvre-moi donc ta porte
Ouvre-moi donc Mion,
Il pleut comme une corde.
On ne sent plus personne,
Entends-tu souffler le vent.
Je grelotte de froid,
Accorde-moi donc une heure
A passer avec toi.
2
E chetivoui ta féta
Pourre te bin dremi,
Què dechou ta fenétra
Choupizhe te n'ami,
Fa te don va la téta
Pe me parlau Meïon,
Te va bin que chou l'étra
Avouai ma é n'a nion.
2
C'est aujourd'hui ta fête
Pourrais-tu bien dormir,
Quand sous ta fenêtre
Soupire ton ami,
Fais-toi donc voir la tête
Pour me parler Mion,
Tu vois bien que sous l'hangar
Avec moi il n'y a personne.
3
Boncha mon peuvrou Liaudou
Ne fin pau trou de via,
Mon pèzhe è de pau n'autrou
Revozhe dè chon lia;
Eye bin va que t'amou
Mé te n'eu dezhé pau,
Che nou parlin mariazhou
Té sui d'ètre èconviau.
3
Bonsoir mon pauvre Claude
Ne faisons pas trop de vie,
Mon père, ce n'est pas un autre
Bouge dans son lit;
C'est bien vrai que je t'aime
Mais tu ne le diras pas,
Si nous parlons de mariage
Tu es sûr d'être renvoyé.
4
Sé ne tin qu'à ton paizhe
De t'époujau Meïa,
De m'énizhe te braizhe
Lou réchtou de ma via,
L'é vedre on ple reshou
Preté lou bin ne l'eu
Meïa te gazhètashou
Ne fon pau lou beneu.
4
S'il ne tient qu'à ton père
De t'épouser Mie,
Je m'en irai te braire
Le restant de ma vie,
Il en voudrait un plus riche
Pourtant le bien ni l'or
Mie, je te le garantis
Ne font pas le bonheur.
5
Lou deri mou de Liaudou
N'ézhe pau abadau,
Qu'arrevi tou de quatrou
Lou paizhe pe leu z'égrau,
Meïon teu qu'éya pretië
Que t'épashe de dremi?
—Eye l'euzha que seulië
Que fa pretou creci.
5
Le dernier mot de Claude
N'était pas sorti,
Qu'arriva tout de quatre
Le père par l'escalier,
Mion, qu'y a-t-il par là
Qui t'empêche de dormir?
—C'est le vent qui souffle
Qui fait partout craquer.
6
—Te me di qu'éye l'euzha
Meïon cè ne pau va,
D'étédou à la peurta
Caujelië avouai ta;
Y peu che prède garda
Cho que m'a fai levau,
Che d'attrapou n'éparra
De mé vai l'écegau.
6
—Tu me dis que c'est le vent
Mion cela n'est pas vrai,
J'entends à ta porte
Causer avec toi;
Il peut prendre garde
Celui qui m'a fait lever,
Si j'attrape une trique
Je m'en vais «le faire partir».
7
Què l'ètedi lou paize
Lou galon déquèpi
Pi che meti à braizhe
N'euzhé peu reveni.
Pédè que cha maîtréche
Grelauve dè chon lia,
De la po de chon paizhe
Que l'ave révelia.
7
Quand il entendit le père
Le galant décampa
Puis se mit à braire
N'osant pas revenir.
Pendant que sa maîtresse
Grelottait dans son lit,
De la peur de son père
Qu'elle avait réveillé.
8
Equetau zheune fellië
Pi vou zheunou gachon,
De cho que vou conchellië
Reteni la leçon:
Che jamais dè on carou
Vou z'éte on rendez-vou,
Assuriau-vou davêchou
Sé n'a nion deri vou.
8
Écoutez jeunes filles
Et vous jeunes garçons,
De celui qui vous conseille
Retenez la leçon:
Si jamais dans un coin
Vous avez un rendez-vous,
Assurez-vous d'avance
Qu'il n'y ait personne derrière vous.
ÉBAUDA NOUVALLA
ÉBAUDE NOUVELLE
(_Sur le même air_)
1
O don boncha ma meïa
Vramé té cru cushia,
Pichque devé la leîa
On ne va point de foua:
Mais à étèdre brizhe
Meïon dè ta maijon
De pèchou que te file
U foua d'on bon tijon.
1
O donc bonsoir ma mie
Vraiment je t'ai cru couchée,
Puisque, vers la barrière
On ne voit point de feu:
Mais à entendre bruire
Mion dans ta maison
Je pense que tu files
Au feu d'un bon tison.
2
Allon depi ta shombra
Equeta dè la cou
Cho que dè la nai chombra
Vin te fauzhe l'amou
Etète ma peteta
Lou dreulou menétri
Pin-neau dè cha mezeta
Pe te pra-ye d'uvri.
2
Allons, depuis ta chambre
Écoute dans la cour
Celui qui dans la nuit sombre
Vient te faire l'amour
Entends-tu ma petite
Le drôle ménétrier
Souffler dans sa musette
Pour te prier d'ouvrir.
3
Pichqu'é demon ta féta
T'apeurtou on bouque
Fait de fleu de zhenéta
Pi de brauvou mougue,
Che te vu ma coulomba
M'àccourdau la faveu
De pachau dè ta shombra
Lou mettre su ton cœu.
3
Puisque c'est demain ta fête
Je t'apporte un bouquet
Fait de fleurs de genêts
Puis de jolis muguets,
Si tu veux ma colombe
M'accorder la faveur
De passer dans ta chambre
Je le mettrai sur ton cœur.
4
Voua uvra ta fenétra
De ma pré don pedia
De zhelou shou te n'étra
Touta la grè velia:
Te chau bin que ne vivou
Meïon rè que pre ta
Che te n'uvre pau vitou
De moure chou ton ta.
4
Oui ouvre ta fenêtre
De moi prends donc pitié
Je gèle sous le hangar
Toute la grande veillée:
Tu sais bien que je ne vis
Mion rien que pour toi
Si tu n'ouvres pas vite
Je mourrai sous ton toit.
LA VOUGUA DE CRAU
LA VOGUE DE CRAS
1
Eye t'a la vougua de Crau,
Qué ne faut pau allau mianau,
Y chon na troupa,
Cashia chou leu zégrau
Qu'on bu la goutta,
Pe pouva miau grippau.
1
C'est à la vogue de Cras,
Qu'il ne faut pas aller miauler,
Ils sont une troupe,
Cachés sous les escaliers
Qui ont bu la goutte,
Pour pouvoir mieux griffer.
2
Eya n'ènau qu'y chou étau
Leu gachon de Monlafretau,
A la Bavizhe
Préchau pe cé de Crau,
Dè la Revizhe
Et fossi tui chautau.
2
Il y a une année qu'y sont allés
Les garçons de Malafretaz,
A la Bévière
Pressés par ceux de Cras,
Dans la rivière
Ils durent tous sauter.
3
Mé cé d'Etrez pessizhon mio
Pe ne pau recheva de co,
Que l'ètèdizhon
Peteau de tui leu lion,
Y che cashizhon
Chou lou pont de Barton.
3
Mais ceux d'Etrez pensèrent mieux
Pour ne pas recevoir des coups,
Quand ils entendirent
Taper de tous côtés,
Ils se cachèrent
Sous le pont de Barton.
4
Pe què té vaillè de Marbeu
Qu'avons tui è possè leu beu
Pri de reïeuté
Pe pazhau cé de Crau
L'on, su le queute,
Reçu de co de pau.
4
Pour quand aux vaillants de Marboz
Qui avaient tous en passant les bois
Pris des grosses verges
Pour parer ceux de Cras
Ils, sur les côtes,
Reçurent des coups de pieux.
5
Eyia azhi cé de Tenia
Que n'ont pau mau étau quenia,
De la Pienizhe,
A galou pe leu prau.
A le Bodizhe
Y fuzhon couratau.
5
Il y a aussi ceux d'Attignat
Qui n'ont pas mal été cognés,
De la Peignière,
Au galop par les prés.
Aux Baudières
Ils furent couratés.
6
Pe què ta cé de Sê Martin
Qu'on voulu fauzhe dé malin,
Tuinqu'a la varna
Depi lou bou de Crau,
A co d'épara,
Che chon t-y fait couliau.
6
Pour quand à ceux de St Martin
Qui voulurent faire les malins.
Jusqu'à la Verne
Depuis le bourg de Cras,
A coup d'éparre,
Se sont-ils fait gonfler.
7
Tout pédè che la sharpelia,
Su lou marronni biè cashia,
De compeujauva,
Sé fauzhe poin de via,
De chela vouga
La shèchon que vetia.
7
Tout pendant ce chamaillis,
Sur le marronnier bien caché,
Je composais,
Sans faire point de vie,
De cette vogue
La chanson que voici.
LE FELLIË DE VERIA
LES FILLES DE VIRIAT
_Air de «La vougua de Crau»_
1
Eye le fellië de Veria,
Surtou le z'ene qu'é y a,
Le chon frequette
L'amon greu leu gachon
Mé biè de mézhe
Ne treuvon pau cè bon.
1
Ce sont les filles de Viriat,
Surtout les unes qu'il y a,
Elles sont friquettes
Elles aiment gros les garçons
Mais toutes les mères
Ne trouvent pas ça bon.
2
Què leu magna velion le va
Y che rezhouënion deu-z-u tra,
Von à la peurta
Creïon: live te don
Nou j'in na liota
Pe faushe on rigoudon.
2
Quand les magnats veulent les voir
Ils se rejoignent deux ou trois,
Vont à la porte
Crient: lève toi donc
Nous avons une flûte
Pour faire un rigodon.
3
Cheteu la fellie révellia
L'a bin viton déferouilla
Su cha shemije
Efile on coutelion,
Pi sè lemizhe
Seu parlau è gachon.
3
Sitôt la fille réveillée
Elle a bien vite déverrouillé
Sur sa chemise
Enfile un cotillon,
Puis sans lumière
Sort parler aux garçons.
4
On co qu'y l'on tui ébracha
La fellie di: zheunou magna
Dè la grè buzhe
Alin nou j'amouje
Lé nion n'y cushe
Nou z'y pourin dèche.
4
Une fois qu'ils l'ont tous embrassée
La fille dit: jeunes magnats
Dans la grande étable
Allons nous amuser
Là personne n'y couche
Nous y pourrons danser.
5
Pretè cè fameu rendez-vous
Ne reuchashon po teu touzhou
De sai na mézhe
Que s'étè rèvelia,
Deci u pézhe:
Cou don va che qu'éya.
5
Pourtant ces fameux rendez-vous
Ne réussissent pas tôt toujours
Je sais une mère
Qui s'étant réveillée,
Dit au père:
Cours donc voir ce qu'il y a.
6
Lou pèzhe è n'ètèdè cho bri
Prè on pau, cou â l'équezhi.
Preni vou garda
Chaprè grè poulichon
Zhé tie n'éparra
Que n'éparmazha nion.
6
Le père en entendant ce bruit
Prend un pieu, court à l'écurie.
Prenez-vous garde
Sapré grands polissons
J'ai là une éparre
Qui n'épargnera personne.
7
L'azhon bin voulu s'échcujau
Dezhe, nou ne fin poin de mau
Mé cho vio pèzhe
Ezhe bin che montau
Bin sè coulèzhe
Qui leu j'a tui conliau.
7
Ils auraient bien voulu s'excuser
Dire: nous ne faisons pas de mal
Mais ce vieux père
Était bien si monté
Bien si en colère
Qu'il les a tous gonflés.
8
Pe què t'a vou zheunou magna
Pe ne pau étre éparaïa,
Què veutra Liauda
Che treuvezha cushia
Rèviau l'ébauda
A nautra sèpelia.
8
Pour quand à vous jeunes magnats
Pour ne pas être éparrayés
Quand votre Claudine
Se trouvera couchée
Renvoyez l'ébaude
A une autre occasion.
LA VOUGUA DE VERIA
LA VOGUE DE VIRIAT
_Air de «Blonde ou Brune»_
On parle de le vougue,
De Crau pi de Tenia,
Mè avè toute,
Et oncouzhe à Veria
De tui leu j'allètou,
Mémou pleteu qu'à Bou
Qu'on vin de prefezhonche,
A neutron rendez-vous
Fauzhe bombonche. (_bis_)
1
On parle des vogues,
De Cras et d'Attignat,
Mais avant toutes,
C'est encore à Viriat
De tous les alentours,
Même plutôt qu'à Bourg
Qu'on vient de préférence,
A notre rendez-vous
Faire bombance. (_bis_)
2
Dè toute le famellie
Pe fétau cé zhou tie
E faut qu'é brellie
Du ron u seurdellie.
On saigne de poulë,
De vé mémou de bouë;
On rèpla la futaille
Pi de Bu é Grefouë
Tout fa ripaille. (_bis_)
2
Dans toutes les familles
Pour fêter ce jour-là
Il faut que ça brille
Du balai au ciel de lit.
On saigne des poulets,
Des veaux même des bœufs;
On remplit la futaille
Puis de But aux Greffets
Tout fait ripaille. (_bis_)
3
Sé fa bon pe la vougua,
Què on a biè gueutau,
On va è troupa
U bou che premenau,
Lè des tenio de jeu,
Que pipon neutreu seu,
Et faut va lou ramazhou,
Vé leu shevau de beu,
Tout fa tapazhou. (_bis_)
3
S'il fait bon pour la vogue,
Quand on a bien dîné,
On va en troupe
Au bourg se promener,
Là, des teneurs de jeux,
Qui pipent nos sous,
Il faut voir le ramage,
Vers les chevaux de bois,
Tout fait tapage. (_bis_)
4
Pédè que leu vio shéton
L'atou des shépenon
Leu zheunou dèchon
Pi che font de bon chon.
Lou cha què é fa bon
Deu-ja-deu y s'è von
Choule pe le sharrizhe,
Què l'ombra des boïchons
Cha de lemizhe. (_bis_)
4
Pendant que les vieux chantent
Autour des chopinons
Les jeunes dansent
Et se font du bon sang.
Le soir quand il fait beau
Deux à deux ils s'en vont
Seuls par les charrières,
Quand l'ombre des buissons
Sert de lumière. (_bis_)
5
E pre cè que le vougue
Font a n'è pau doutau
Fauzhe de nouches
Qu'on ne comptauve pau;
Mais malhezheujemè
De fellie, biè chouvè
Pe zh ava voulu rizhe
On fauta devè n'è
De na brelizhe. (_bis_)
5
C'est pour cela que les vogues
Font à n'en pas douter
Faire des noces
Qu'on ne comptait pas;
Mais malheureusement
Des filles, bien souvent
Pour avoir voulu rire
Ont faute avant un an
D'une berceuse. (_bis_)
LA PRAŸZHE DU PAŸJON
LA PRIÈRE DU PAYSAN
_Air: «Le Credo du Paysan»_
1
Dieu tou puissè, Dieu de mizèzhicœurde,
Vou que depi d'amon lou pazhadi,
Gouvarnau tou che que la tarra peurte,
Lou firmamè, tout l'univers èti;
Què lou matin, l'atou de neutra frema,
L'arba du zhou quemèche à yalenau,
Réveliau me, meu servetio, ma fena
Tui biè pourtè pe zh allau u travau.
1
Dieu tout puissant, Dieu de miséricorde,
Vous que du haut du Paradis,
Gouvernez tout ce que la terre porte,
Le firmament, tout l'univers entier;
Quand le matin, autour de notre ferme,
L'aube du jour commence à éclairer,
Réveillez-nous, mes serviteurs, ma femme
Tous bien portants pour aller au travail.
_Refrain_
Dieu tout puissè, don réque la péssizhe
A suffi pe creïau touta l'humanitau,
Pédè la via a ma famellië ètizhe } _bis_
Prétau benea saitau, la paix, la libretau. }
_Refrain_
Dieu tout puissant, dont rien que la pensée
A suffi pour créer toute l'humanité,
Pendant la vie, à ma famille entière, } _bis_
Prêtez bonne santé, la paix, la liberté. }
2
Baillau azhi pe toute le recoulte
Lou tin qu'é fau pe le fauzhe levau,
De tè z'è tin na reujau quauque goutte,
On bon chelo, pe le fauzhe mozhau;
Faite azhi mé que vé nou la vremena,
Leu pinzhon, leu lapin, leu ca-yons grau,
Leu shevau, leu vé, la greucha bouvenea,
Tout fache arzhé, tou fache ben ènau.
2
Donnez aussi pour toutes les récoltes
Le temps qu'il faut pour les faire lever,
De temps en temps une rosée, quelques gouttes,
Un bon soleil pour les faire mûrir;
Faites aussi que chez nous la vermine,
Les pigeons, les lapins, les cochons gras,
Les chevaux, les veaux, la grosse bovine,
Tout fasse argent, tout fasse bonne année.
3
Prejarvau nou pre cé, dé gre plouvaizhou,
De le choitië, des mauvai j'ouragan,
De le grè fra dé grè co de tounaizhou
Qu'amoin-non la grela su le machon;
Prejarvau nou du malheu de la garra
Que chouvè lou ple tériblou de tui,
Pichqu'y nou prè leu produit de la tarra
Neutreu z'éfè pi rouin-ne lou pays.
3
Préservez-nous, pour çà des grandes pluies,
Des sécheresses, des mauvais ouragans,
Des grands froids des grands coups de tonnerre
Qui amènent la grêle sur les moissons;
Préservez-nous du malheur de la guerre
Qui est souvent le plus terrible de tous,
Puisqu'il nous prend les produits de la terre
Nos enfants, puis ruine le pays.
4
Prejarvau-nou de le mauvaije béte
Que ne sheurshon qu'à nou fauzhe de mau,
Depi lou leo tin qu'à le greuche guépe
Surtout de le charpès évezhounau.
Faite que de la rache faramena
Nion de vé nou ne chaye dévouzhau
Epargnau-nou la pechta, la famena,
Pi tè de mau que pourron arrevau.
4
Préservez-nous des mauvaises bêtes
Qui ne cherchent qu'à nous faire du mal,
Depuis le loup jusqu'aux grosses guêpes
Surtout des serpents venimeux.
Faites que de la race faramine
Personne de chez nous ne soit dévoré
Épargnez-nous la peste, la famine,
Puis tant de maux qui pourraient nous arriver.
5
Faite azhi mé gré Dieu que ma famelië
Ne chaye pau tracacha des esprits,
Des diabloutins que trouméton le fellië,
De le féteume, des folë, des chouci;
Faite que jamais dè le seneguougue,
Que cè reveniès font pe nous têtau,
Qué bin ces damnau vindront de grè troupe
Que nion vé nous ne s'y laiche ètrin-nau.
5
Faites aussi, grand Dieu, que ma famille
Ne soit pas tracassée par les esprits,
Des diablotins qui tourmentent les filles,
Des fantômes, des follets, des sorciers;
Faites que jamais, dans les synagogues,
Que ces revenants font pour nous tenter,
Quand même ces damnés viendraient de grandes troupes
Que personne de chez nous ne se laisse entraîner.
6
Mais che pretè pèdè me n'existanche
E vou plaije mon Dieu pe m'éprouvau,
De m'accablau de pinne, de chouffranches,
De grè shagrin, de terriblou fléau,
Loin de grondau contre cho que gouvarne,
A deux zheno devè vou de dezha:
De gràce épargnau me don tè d'alarmes
Dieu de bontau, preni pedia de ma.
6
Mais si pourtant pendant mon existence
Il vous plaisait mon Dieu pour m'éprouver,
De m'accabler de peines, de souffrances,
De grands chagrins, de terribles fléaux,
Loin de gronder contre celui qui gouverne,
A deux genoux devant vous je dirai:
De grâce épargnez-moi tant d'alarmes
Dieu de bonté, prenez pitié de moi.
_Refrain_
Dieu tou puissè, don rèque la pessizhe
A suffi pe creïau tonta l'humanitau,
Apré ma meu, u dela de la bizhe } _bis_
Baillau me u pazhadi, via pe l'éternitau. }
_Refrain_
Dieu tout puissant, dont rien que la pensée
A suffi pour créer l'humanité,
Après ma mort, au delà de la bière } _bis_
Donne-moi, au paradis, vie pour l'éternité. }
LA GRÈ VELIA
LA GRANDE VEILLÉE
1
Vé zé Peré à la grèvelia,
Què yè na qu'on don avu fra.
Ey a vede brove fellië
Maularèzhia,
Que leu gachon d'vonagneula
Ont bin guétia.
1
Chez Joseph Perret à la grand'veillée,
Qu'il y en a qui ont donc eu froid.
Il y avait de belles filles,
Mal arrangées,
Que les garçons de vacagnole
Ont bien regardées.
2
Leu magna pe che dévreti,
Fuzhon quezhi on menétri;
Toute le felië de la zelize
Ont greu dèchà.
Pèdè que d'autre Caillassizhe
Le jon guétià.
2
Les magnats, pour se divertir,
Furent quérir un ménétrier;
Toutes les filles de la Gelière
Ont gros dansé.
Pendant que d'autres Caillassières
Les ont regardées.
3
E y ave latië de Pelo
Qu'azhe voulu baill'on bon co,
Mé le s'ène, quemè biè d'autres,
Vra bin pachau;
Quèbin l'ave che brauve shauche,
L'na pau trouvau.
3
Il y avait celle du Pêloux
Qui aurait voulu donner un bon coup,
Mais elle s'en est, comme bien d'autres,
Vrai bien passé;
Quand même elle avait ses jolis bas,
Elle n'a pas trouvé.
4
Mè la ple fouala des gachon,
Ye bin Meïon du Shavaton;
Què lè sin yon dè neutron carou,
L'y vin tou drà,
Qué cheye Zhon, Liaudou u Piarou,
Le vu lou và.
4
Mais la plus folle des garçons,
C'est bien Mion du Chavaton;
Quand elle en sent un dans notre quartier,
Elle y vient tout droit,
Que ce soit Jean, Claude ou Pierre,
Elle veut le voir.
5
E la Marlà, lou freguelion,
Que sè va pe zhè gaugnië yon.
Et fau la va me pe le sharizhe,
Che dèvenië,
Eya de qua vous fozhe rizhe
De la guétië.
5
C'est la Merle, le freguillon,
Qui s'en voit pour en gagner un.
Il faut la voir par les charrières,
Se démener,
Il'y a de quoi vous faire rire
De la regarder.
6
Qu'a compoujau che la séchoun?
Eye Perè lou farnézhou.
On zhou pèdè que l'ègrenauve
On chà de pon,
Pi que la Meïon abouquauve
Seu greu shapon.
6
Qui a composé cette chanson?
C'est Perret le «farnairon»[1].
Un jour pendant qu'il engrenait
Un sac de pain,
Puis que la Mion embecquait
Ses gros chapons.
[1] Meunier.
LEU GACHON DE VERIA
LES GARÇONS DE VIRIAT
_Air de «La Grè Velia»_
1
On shète le fellië de Veria,
Mè vè vous shètau leu magna
Dè vio gachon, quemè dè zheunou,
De parlezhe,
Sè ébleië quèque bon j'oumou
Dé meu couple.
1
On chante les filles de Viriat,
Je m'en vais vous chanter les magnats
Des vieux garçons, comme des jeunes,
Je parlerai,
Sans oublier quelques bons hommes
Dans mes couplets.
2
Pe ne point fauzhe de zhelo,
Queméchin va pe leu ple vio:
On dit que cho de la Zhelizhe
Va quauque co
E queuté vè de Caillassizhe
Que n'on pau po.
2
Pour ne pas faire de jaloux,
Commençons voir par les plus vieux:
On dit que celui de la Gelière
Va quelque fois
Voisiner chez des Caillassières
Qui n'ont pas peur.
3
Nou j'in n'autrou fameu pailla,
A l'étrau dé shon de Veria,
Qu'ave bin na brauva métrèche
Vè shemesi;
Mè deri leu beu de le Baiche,
Lou leo l'a pri.
3
Nous avons un autre fameux paillard,
A l'entrée des champs de Viriat,
Qui avait bien une jolie maîtresse
Vers les Merciers;
Mais derrière les bois des Baisses,
Le loup l'a pris.
4
Velivou on bon breïaudi?
Nou z'ènin yon à Shemessi,
Pe tourtellië le zheune fellië,
Le dè premi;
Pe zhouïe na paucha de guellië,
Contau su lui.
4
Voulez-vous un bon dégourdi?
Nous en avons un aux Merciers,
Pour tortiller les jeunes filles,
C'est un des premiers;
Pour jouer une partie aux quilles,
Comptez sur lui.
5
A yé crazhe la Rénoumau
Shaution fazhe on peu de mau;
She bin qu'è Grefouë, on zheun'oumou,
A che qu'on cra,
Ballië de fameu co de chabrou,
Dè chon contra.
5
A en croire la renommée
Chacun ferait un peu de mal;
Si bien qu'aux Greffets, un jeune homme,
A ce que l'on croit,
Donne des fameux coups de sabre,
Dans son contrat.
6
E che t'azhi de, pe Liazha,
D'on greu tartazhé qu'é y a,
Que pe desènouye cha fena,
Y va tou dra,
S'égauniaïe vè cha vézena
Quê vint lou cha.
6
Il s'est aussi dit, par Fleyriat,
D'un gros «tartaré»[2] qu'il y a,
Que pour désennuyer sa femme,
Il va tout droit,
S'étendre chez sa voisine
Quand vient le soir.
7
Nou z'in nautrou zheunou mariau
Qu'ame greu leu brovou shevau;
L'ame de mémon de fremizhe,
Dit-on vé nou,
A Têvou, à la Bretenizhe,
L'é n'a pretou.
7
Nous avons un autre jeune marié
Qui aime gros les beaux chevaux;
Il aime de même des fermières,
Dit-on chez nous,
A Tanvol, à la Bretonnière,
Il en a partout.
8
Mé lou ple fricouti de tui,
E zhouzè lou cabazhati,
E n'a cozi pau zheuna fena
Dè lou paï,
Que n'a vio lou bé de cha plema
Dè seu papi.
8
Mais le plus fricotteur de tous,
C'est Joseph, le cabaretier,
Il n'y a presque pas de jeune femme
Dans le pays,
Qui n'ait vu le bec de sa plume
Dans ses papiers.
9
Nou j'in azhi on tabati
Qu'à chouvè chon ciga èpri;
On menizi qu'à cha varloupa
Touzhou montau;
On marshau qu'a na piëche shauda
Touta l'ênau.
9
Nous avons aussi un marchand de tabac
Qui a souvent son cigare allumé;
Un menuisier qui a sa varlope
Toujours montée;
Un maréchal qui a une pièce chaude
Toute l'année.
10
E y èna pretè yon u bou
Que vin on peu moin avoué nou,
Mè che l'ebleye neutra bèda,
L'a che rèyon:
E que l'a na brauva serveta,
Dè cha méjon.
10
Il y en a pourtant un au bourg
Qui vient un peu moins avec nous,
Mais s'il oublie notre bande,
Il a ses raisons:
C'est qu'il a une jolie servante,
Dans sa maison.
11
Pe què à cè de Thèvenon,
Si che retizhon tout de bon:
L'azhon compris qu'è mariazhou,
Sè biè seurti,
On peu vra bin dè chon moin-nazhou,
Che dèvreti.
11
Pour quant à ceux de Thevenon,
S'ils se retirent pour tout de bon:
Ils auront compris qu'en mariage,
Sans beaucoup sortir,
On peut très bien dans son ménage,
Se divertir.
12
Pe présidau che l'assêblau,
Nou j'in neutre n'ami Putau,
Cho qu'à dix leïes à la reïonda
Ye renoumau
Pe le z'ébaude, pe la vougua,
Pi pe troutau.
12
Pour présider cette assemblée,
Nous avons notre ami Puthod,
Celui qu'à dix lieux à la ronde
Est renommé
Pour les ébaudes, pour la vogue,
Puis pour trotter.
13
Pe trouvau cè que zh'ai shètau,
Sheurshau dè leu bon décidau:
Eye na troupa de bon bizou
Sè leu vaitau.
Que rèdon greu mè de servichou
Qu'on ne di pau.
13
Pour trouver ceux que j'ai chanté,
Cherchez parmi les bons décidés:
C'est une troupe de «forts lurons»
Qui rendent gros plus de services
Qu'on ne dit pas.
[2] Tartaré—homme solide.
LA VIA DES PAŸJONS
LA VIE DES PAYSANS
_Sur l'air de «Béranger»_
1
De vu shètau lou mondou de quèpagne,
De vu shetau la via des payjons;
Ne courriashè pau cè de la montagne,
De parlezhe lamè des bons Brachons;
De shètezhe che le zheunes Brachondes
Què brede rouzhes, brovou chabou blanc,
Chavon têtau, le brene pi le blonde,
Seu grès monsus quemè leu payjons. (_bis_)
1
Je veux chanter le monde de la campagne,
Je veux chanter la vie des paysans;
Ne connaissait pas ceux de la montagne,
Je parlerai seulement des bons Bressans;
Je chanterai ces jeunes Bressannes
Qui ont brides rouges, jolis sabots blancs,
Savent tenter les brunes et les blondes,
Les grands messieurs comme les paysans. (_bis_)
2
Che leu Brachon ont chouvè gros de pinne,
Lont bin azhi jo moumès de plasi:
U zhou de l'è, lou tin de le z'étrinne,
Tui leu magnas vont shourshië de geni.
Vinr Carmètrê. Vè l'atië qui courtije,
Shauque galan va brulau son foulieu:
L'a fa dèche latou de ia bodizhe
E l'y parlè de che mariau jo deu. (_bis_)
2
Si les Bressans ont souvent gros de peine,
Ils ont bien aussi leurs moments de plaisir:
Au jour de l'an, le temps des étrennes,
Tous les magnats vont chercher du «gèni».
Vient Carnaval. Chez celle qu'il courtise,
Chaque galant va brûler son faulieu:
La fait danser autour du brasier
En lui parlant de se marier eux deux. (_bis_)
3
On peu ple tar, qu'è revenion le vougue,
Leu vra Brachon chavon che dèvreti;
Aprè machon; y font pretou de couque
Què chon bredau le meïe, leu pali.
Vint Sè Meshië, leu vashi, le vashizhe
U prau nous font mèzhië leu matafon;
Pi Sé Martin, è ramenè la bize,
Dè servetio vint garni lou bouchon. (_bis_)
3
Un peu plus tard, quand reviennent les vogues,
Les vrais Bressans savent se divertir;
Après moissons, ils font partout des coques
Quand sont bridés les meules, les paillers.
Vient St Michel, les vachers, les vachères
Au pré nous font manger des matefins;
Puis St Martin en ramenant la bise,
Des serviteurs vient garnir le gousset. (_bis_)
4
N'assuizhe pau sè parlau de le nouche
Quemè chavon le fauzhe leu Brachons;
Y font, cé zhons, è guija de breïoushe,
De grè fournè de tautres de pounions;
E t'adon qué fauva, prè de le felliës,
Leu dégredis, pourtios de dezhon-nons,
Chotau, dèche, déconliau le boutelliës,
E shète tui: Vive leu Payjons. (_bis_)
4
Je ne finirai pas sans parler des noces
Comme savent les faire les Bressans;
Ils font, ces jours, en guise de brioches,
Des grandes fournées de tartes de pognons;
C'est alors qu'il faut voir près des filles,
Les dégourdis porteurs de déjeuners,
Sauter, danser, dégonfler les bouteilles,
En chantant tous: Vive les Paysans. (_bis_)
5
Vetia quemè, loin du bri de la vela,
Pache cha via, l'honête payjon.
Che du monsu, y n'a pau la pè fena,
Y n'a pau teu moins de queu, moins de chang;
Si ne seutin ne ra, ne république,
E fau lou va défèdre cha Patrie;
E tin de pai, touta cha politique
Ye de répli che cauve, seu greni. (_bis_)
5
Voilà comment, loin des bruits de la ville,
Passe sa vie, l'honnête paysan.
Si du monsieur, il n'a pas la peau fine,
Il n'a pas moins de cœur, moins de sang;
S'il ne soutient ni roi, ni république,
Il faut le voir défendre sa Patrie;
En temps de paix, toute sa politique
Est de remplir ses caves, ses greniers. (_bis_)
6
Bons payjons, pe gardau l'Espezhanche,
Gardins la foi dè cha simplicitau;
Pe mezetau de tui la confianche,
Gardin nous biè de mèti, de trompau;
Pe zh'ètre amau, ne sheurshin pau la gara;
A cè qu'on fon, baillin on peu de pon;
Efin pe zh'étre èdèpèdè su tara,
Meu bon j'amis, demeuzhin payjon. (_bis_)
6
Bons Paysans, pour garder l'Espérance,
Gardons la foi dans sa simplicité;
Pour mériter de tous la confiance,
Gardez-nous de mentir, de tromper;
Pour être aimé, ne cherchons pas la guerre;
A ceux qui ont faim, donnons un peu de pain;
Enfin pour être indépendant sur terre,
Mes bons amis, restons paysan. (_bis_)
LOU BATÉMOU D'ON GACHON
LE BAPTÊME D'UN GARÇON
De plazi de pardou la téta
On me bateye on greu gachon,
E fau qu'on fache tui biè la fèta,
Api qu'on bave ou plein pouchon.
De plaisir je perds la tête
On me baptise un gros garçon,
Il faut qu'on fasse tous bien la fête,
Et puis qu'on boive un plein tonneau.
REFRAIN
Leu bon brachon font la ripaille
Pe lou batémou d'on gachon,
Pe tui biè fauzhe bredifaille,
Que la vieula ch'aqueurde } (_bis_)
Avoua neutra shèchon. }
REFRAIN
Les bons bressans font la ripaille
Pour le baptême d'un garçon,
Pour tous bien faire bredifaille,
Que la vieille s'accorde } (_bis_)
Avec notre chanson. }
2
Quezenizhe qu'on che dèpashe
D'allau quezhi vé lou beushi,
Reuti de vé, frecacha de vashe,
Pi de poulaille u poulali.
2
Cuisinières que l'on se dépêche
D'aller chercher vers le boucher,
Rôti de veau, fricassée de vache,
Puis des poules au poulailler.
3
Pe cheti voui, point de quatrouille,
Point de pa, point de j'hazbicau,
Point d'échcargou, point de renouille
Et faut qu'on reboute u fricau.
3
Pour aujourd'hui point de pommes de terre,
Point de pois, point d'haricots,
Point d'escargots, point de grenouille
Il faut qu'on «reboute»[3] au fricot.
4
De j'ole chon rèzhia è fache
Du foua, d'on grou fagou bredau,
Etèdivou frejoulau la cache,
La frecacha vou monte u nau.
4
Des marmites sont rangées en face
Du feu, d'un gros fagot bridé,
Entendez-vous rissoler la poèle,
La fricassée vous monte au nez.
5
Zheunou magna, zeune female,
Shètau, dêchau, faite des fos,
Pèdè qu'allietau su jo chale,
Tin qu'à demon bezhon leu vios.
5
Jeunes magnats, jeune femelles,
Sautez, dansez, faites les fous,
Pendant que collés sur leur chaise,
Jusqu'à demain boiront les vieux.
6
Coumèzhe, aku don de froumaille
Su la marmaille, à plin-ne mon;
Pi l'è que vin à neutre z'époujaille,
Y dèchezhon lou rigoudon.
6
Commère, jette donc des dragées
Sur la marmaille, à pleines mains;
Puis l'an qui vient à nos épousailles,
Ils danseront le rigodon.
[3] «Rebouter»—renoncer pour ne plus pouvoir manger.
LEU PAŸON VAILLON BIN LEU MONSU
LES PAYSANS VALENT BIEN LES MESSIEURS
1
On di qu'è ya de monsu pe zh'a prède
D'è mou é fo de ruja è crétins.
E païjon pe pouva è revèdre,
E fau ma fa che révelie matin. (_bis_)
Honnête et franc, méprijè la carrouta,
Pre lui l'honneu pache avè leu z'écu.
Pi sé chazi de baille na calouta,
Leu payjons vaillon bin leu monsu.
1
On dit qu'il y a des messieurs pour apprendre
De l'esprit aux fous de la ruse aux crétins.
Aux paysans pour pouvoir en revendre,
Il faut ma foi se réveiller matin. (_bis_)
Honnête et franc, méprisant la carrotte,
Pour lui l'honneur passe avant les écus.
Puis s'il s'agit de donner une calotte,
Les paysans valent bien les messieurs.
2
Qué, à douje è d'allauva à l'écœula,
D'apreniva, lou valin dé shemin,
A goulattau à biè fauzhe la reuva;
Què on monsu me traiti de gamin. (_bis_)
Y m'appeli: Païjon la beshache.
L'y répondi: te m'au l'air d'on canu.
On s'épegni tui deu pe la tegnache,
Leu païjon vaillon bin leu monsu.
2
Quand, à 12 ans, j'allais à l'école,
J'apprenais, le long des chemins,
A colleter à bien faire la roue;
Quand un monsieur me traita de gamin. (_bis_)
Il m'appela: Paysan la besace.
Je lui répondis: Tu m'as l'air d'un canut.
On s'empoigna tous deux par la tignasse,
Les paysans valent bien les messieurs.
3
Vé meu quinjê, d'ava zhia lou vezazhou
Garni de pa, nazhayè chou lou nau;
E n'ave pau, dè tou lou vezenazhou,
On ga ple dra, on cadé mio plètau. (_bis_)
De pourtauva mon shapé su l'ourellie,
Mio qu'on préfet ne peurte chon cournu;
Sè le parlau, d'amauva zhia fellie.
Leu païjon vaillon bin leu monsu.
3
Vers mes quinze ans, j'avais déjà le visage
Garni de poils, noircissant sous le nez;
Il n'y avait pas dans tout le voisinage,
Un gars plus droit, un cadet mieux planté. (_bis_)
Je portais mon chapeau sur l'oreille,
Mieux qu'un préfet ne porte son cornu;
Sans leur parler, j'aimais déjà les filles.
Les paysans valent bien les messieurs.
4
Mé à vingt è, é fu bin autre seuje;
N'ava biè sui pau mon métie à Pazhi.
De fu noumau pe ma taille, ma feuche,
Lou peurte-drapeau des conchcri du paï (_bis_)
De tui leu lion, toute le zheune fellie
E me va-yé m'avalauvon dè z'u,
Ne sezhe t'eu que pe zhouhie à le guellie,
Leu païjon vaillon bin leu monsu.
4
Mais à vingt ans, ce fut bien autre chose;
Je n'avais bien sûr pas mon maître à Paris.
Je fus pommé pour ma taille, ma force,
Le porte-drapeau des conscrits du pays (_bis_)
De tout côté, toutes les jeunes filles
En me voyant m'avalaient des yeux,
Ne serait-ce que pour jouer aux quilles,
Les paysans valent bien les messieurs.
5
On peu ple ta, què vin sizhon le garre,
Qu'on éclatau, pe la révolution;
E combattè, dè toute le bagarre,
D'ézha touzhou placha u premi ron (_bis_)
Pédè cho tin, è deri le vatezhe
Sharrayovon leu monsu trou vètru,
Dè leu comba lèchau me vou zeu dezhe,
Leu païjon vaillon bin leu monsu.
5
Un peu plus tard, quand arrivèrent les guerres,
Qui ont éclaté, pour la Révolution;
En combattant dans toutes les bagarres,
J'étais toujours placé au premier rang (_bis_)
Pendant ce temps, en arrière, les voitures
Traînaient les messieurs trop ventrus,
Dans les combats, laissez-moi vous le dire,
Les paysans valent bien les messieurs.
6
Mé, meu z'éfè, la feuche, lou couzhazhou,
Qu'avon de ma fè on preu, on vaillè
Ou déclinau, de sintou que de plaïou
Chou mon pa blanc, chou meu quatrou-vin-z è (_bis_)
Mé che pretè quèbrin zh'ai de bequellie,
Quéque monsu me dije: T'é foutu;
D'amezha greu li fretau le j'ouzhellie.
Leu païjon vaillon bin leu monsu.
6
Mais, mes enfants, la force, le courage,
Qui avaient de moi fait un preu, un vaillant
Ont décliné, je sens que je plie
Sous mes cheveux blancs, sous mes 80 ans (_bis_)
Mais si pourtant, quoique j'aie des béquilles,
Quelque monsieur me disait: Tu es fichu;
J'aimerais bien lui frotter les oreilles.
Les paysans valent bien les messieurs.
LA CHOUP' È VIN
LA SOUPE AU VIN
1
L'èzhon bin nava tra coumèzhe
Vè la Maria, vè la Maria,
Que che dejon yena à l'autra,
Eya pedia, éya pedia
Eya pri mau à la Liaudinna,
Cheti matin, cheti matin,
Fin li don vivamè na choup'è,
Na choup'è vin, na choup'è vin.
1
Elles étaient une fois trois commères
Chez la Maria, chez la Maria,
Qui se disaient l'une à l'autre,
Il y a pitié, il y a pitié
Il a pris mal à la Claudine,
Ce matin-ci, ce matin-ci,
Faisons lui vivement une soupe,
Une soupe au vin, une soupe au vin.
2
Commèze, de si bin malada,
Eya grè tein, éya grè tein,
E me fa greu mau dè l'estouma,
Pi dè le rein, pi dè le rein;
Pretè ne vu ne médecena,
Ne médecin, ne médecin;
D'amezha mio n'écouala plin-na
De choup'è vin, de choup'è vin.
2
Commère, je suis bien malade,
Il y a longtemps, il y a longtemps,
Il me fait grand mal dans l'estomac,
Puis dans les reins, puis dans les reins;
Pourtant je ne veux ni médecine,
Ni médecin, ni médecin;
J'aimerais mieux une écuelle pleine
De soupe au vin, de soupe au vin.
3
L'è buzhon shotiëna d'écouala,
Dra lou matin, dra lou matin;
A midi l'è buzon encouzhe
Ne sai combin, ne sai combin.
Lou chà, metizhon su la traubla
Lou grè tepin, lou grè tepin,
Pi lou buzhon bien plein shotiëna
De choup'è vin, de choup'è vin.
3
Elles en burent chacune une écuelle,
Dès le matin, dès le matin;
A midi elles en burent encore
Je n' sais combien, je n' sais combien.
Le soir, elles mirent sur la table
Le grand pot, le grand pot,
Puis le burent plein chacune
De soupe au vin, de soupe au vin.
4
A ta sétau, neutra vézenà,
Ba on bon co, ba on bon co,
Pi que le rein, pi que l'estoumà
Che peurte mio, che peurte mio.
Vramè, què dèvale la goutta,
Le fa de bin, le fa de bin;
Pe la sétau, vive l'écouala
De choup'è vin, de choup'è vin.
4
A ta santé, notre voisine,
Bois un bon coup, bois un bon coup,
Puis que les reins, puis que l'estomac
Se portent mieux, se portent mieux.
Vraiment, quand descend une goutte,
Elle fait du bien, elle fait du bien;
Pour la santé, vive l'écuelle
De soupe au vin, de soupe au vin.
5
Le che dijon, pe le sharizhe,
E s'én 'alè, è s'èn' alè:
Cheu co nou chin vramè trou grije,
Tenien nou biè, tenien nou biè,
De nou, tou lou mondou ch'amouije
Què nou brèlin pe leu shemin.
Nou z-é che bin vedià l'écouala
De choup'è vin, de choup'è vin.
5
Elles se disaient, par les charrières,
En s'en allant, en s'en allant:
Cette fois nous sommes vraiment trop grises,
Tenons-nous bien, tenons-nous bien,
De nous, tout le monde s'amuse
Quand nous branlons par les chemins.
Nous avons si bien vidé l'écuelle
De soupe au vin, de soupe au vin.
6
Pretè, che quauthion nou demède
D'u nou venien, d'u nou venien,
Nou chazhin pro que leu repondre,
Nou leu dezhin, nou leu dezhin:
Eya pri mau à la Liaudin-na,
Cheti matin, cheti matin;
L'ezhe fouthia sè che n'écouala
De choup'è vin, de choup'è vin.
6
Pourtant, si quelqu'un nous demande
D'où nous venons, d'où nous venons,
Nous saurons assez que leur répondre,
Nous leur dirons, nous leur dirons:
Il y a pris mal à la Claudine,
Ce matin, ce matin;
Elle était fichue sans son écuelle
De soupe au vin, de soupe au vin.
LA BOUILLAUDA DE SÈ NEZI
LA BOUILLAUDE DE St NIZIER
1
A Sè Nezi on dit qu'èya
Na bouillauda malada
Alle malada dè chon lia,
Sè chava la rajon prequa.
1
A Saint-Nizier on dit qu'il y a
Une bouillaude malade
Elle est malade dans son lit,
Sans savoir la raison pourquoi.
2
Et faut allau à Shalamon
Pe quezhi monsu Marlou,
Cho mèdecin cougnatra bin
Tie que la maladie che tin.
2
Il faut aller à Chalamont
Pour quérir Monsieur Merle,
Ce médecin connaîtra bien
Où la maladie se tient.
3
Què monsu Marlou l'u toteau
Y di à la bouillauda,
Che n'ami vou ja margoutau
E lui qu'azha fait tout lou mau.
3
Quand Monsieur Merle l'eut tâtée
Il dit à la bouillaude,
Si un ami vous a margottée
C'est lui qui aura fait tout le mal.
4
Ne crayou pau que me n'ami
M'aïe rèdia malada,
Depi si ma que le moudau
Ne l'y ai jamai reparlau.
4
Je ne crois pas que mon ami
M'ait rendue malade,
Depuis six mois qu'il est parti
Je ne lui ai jamais reparlé.
5
Ne sezhe teu pau de cho tein
Que la maladi poche?
Contau me cè, ne cashau rien,
De vu chava de qui le vin.
5
Ne serai-ce pas de ce temps
Que la maladie pousse?
Contez-moi ça, ne cachez rien,
Je veux savoir d'où elle vient.
6
E lou cha de la sè nezi
Que deri neutra buzhe
Pe pouva mio nou margouton
Nou j'allizhin nou premenau.
6
C'est le soir de la St Nizier
Que derrière notre écurie
Pour pouvoir mieux nous margoter
Nous allâmes nous promener.
7
Qué y m'u margoutau chon seu
Y me cali pe tarra,
Pi s'y cali tou quemè ma
Sè dezhe la rajon prequa.
7
Quand il m'eut margottée son saoul
Il me jeta par terre,
Puis s'y jeta tout comme moi
Sans dire la raison pourquoi.
8
Eye sè que d'ava pèchau
Marmouti monsu Marlou,
Pe mezhi sè n'a pau de mau
Eyè n'a greu pe vou mariau.
8
C'est ce que j'avais pensé
Marmotta Monsieur Merle,
Pour mourir, il n'y a pas de mal
Il y en a gros pour vous marier.
9
De cho que vou j'a cazhècha
Faut dèveni la fena
N'autrou sezhe pézhe è tra ma
Sè chava la rajon prequa.
9
De celui qui vous a caressée
Faut devenir la femme
Un autre serait père en trois mois
Sans savoir la raison pourquoi.
10
Què vou z'izha vou premenau,
Vou j'autre, zheune felie,
Ne vou lachau pau margoutau
E n'a rè que fa té de mau.
10
Quand vous irez vous promener,
Vous autres, jeunes filles,
Ne vous laissez pas margotter
Il n'y a rien qui fasse tant de mal.
TRAVAS DU MARIAZHOU
TRAVERS DU MARIAGE
1
Dè lou tin que d'ezha servaita,
D'ava toute seurte d'amis;
Lou cha venivon à ma peurta,
Leu z'ébaudis, leu menétris.
Mè depi que de si mariau
Pleni me peuvra Liauda,
La nai, lou zhou dai la téta cachau,
Eya don bin shezhia d'ébauda.
1
Dans le temps que j'étais servante,
J'avais toutes sortes d'amis;
Le soir venaient à ma porte,
Les ébaudis, les ménétriers.
Mais depuis que je suis mariée
Plaignez-moi pauvre Claudine,
La nuit, le jour j'ai la tête cassée,
Cela a bien changé d'ébaude.
2
Tui leu matin què de me livou,
Què bin n'ai ré dremi la nai,
E faut que me dépasha vitou
A levau tui meu cachcazhè.
Eya de mardea leu plein lia,
Dè leu crë, su la traubla;
Eya on zhou que d'ava fournaya,
L'on sheyà dè ma pauta.
2
Tous les matins, quand je me lève,
Quand même je n'ai rien dormi de la nuit,
Il faut que je me dépêche vite
A lever tous mes marmots.
Il y a de la m... les pleins lits,
Dans les berceaux, sur la table;
Il y a un jour que je faisais au four,
Ils ont ch... dans ma pâte.
3
Cheteu levau, che la marmaille
Brame la cha, brame la fon;
On che quere va na bataille
A leur va chautau su lou pon,
Leu jon demêdon de paria,
D'autrou vedron de tautra;
L'avalezhon de mardea frecacha
Chon deje qué de dauba.
3
Sitôt levée, cette marmaille
Pleure la faim;
On croirait voir une bataille
En les voyant sauter sur le pain,
Les uns demandent de la confiture,
D'autres voudraient de la tarte;
Ils avaleraient de la ... fricassée
Si on disait que c'est de la daube.
4
Pe comblou de malheu, zh'ai n'houmou
Que ne déjartzhe jamais.
Touta la zhournau, l'a lou coudou
Su le trauble dè cabazhé;
N'ai pau cheteu deu seu gaugna,
Qu'y pachon pe cha gueula.
Hola! grè Dieu, de ma prenni pedia,
De si trou malezheuja.
4
Pour comble de malheur, j'ai un homme
Qui ne désaltère jamais.
Toute la journée, il a le coude
Sur les tables des cabarets;
Je n'ai pas sitôt deux sous gagnés,
Qu'ils passent par sa gueule.
Hélas! grand Dieu de moi prenez pitié,
Je suis trop malheureuse.
5
Equetau bié, zheune female
Che troumètau de vous mariau,
Ne chayau don pau mé che fouale,
Evio cè galons premenau,
Pèdè qu'y vou parlon d'amou,
E n'a rè de ple chazhou;
On co mariau, che fouton bien de vou,
Pi de veutron moin-nazhou.
5
Écoutez bien, jeunes femmes
Si tourmentées de vous marier,
Ne soyez donc pas si folles,
Envoyez ces galants promener,
Pendant qu'ils vous parlent d'amour,
Il n'y a rien de plus sage;
Une fois marié, ils se fichent de vous,
Et puis de votre ménage.
LOU BOUË DE NOUYE
LE BŒUF DE NOËL
_Air: «La grè velia»_
1
Nou zin on grè beuschi vè nou,
Quemè è né n'a po pretou,
Ne tuvè jamé que de vache,
Lou bon gachon
Achoume chele peuvre carnes
A co de ron.
1
Nous avons un grand boucher chez nous
Comme il n'y en a pas partout,
Ne tuant jamais que des vaches,
Le bon garçon
Assomme ces pauvres carnes
A coup de balais.
2
Che t'eyè, pe fozhe Nouyé,
L'a tiau; u mouatè de la nai,
On boue, qu'a ètèdre seu dezhe,
Ezhe she greu
Qui pourre ferni tra quemenes
Quemè Marbeu.
2
Cette année, pour faire Noël,
Il a tué, au milieu de la nuit,
Un bœuf, qu'a entendre son dire,
Etait si gros
Qu'il pourrait fournir trois communes
Comme Marboz.
3
On co cho fameu bouë saigna,
Conlio pèdu, pi depouilla,
Y l'uvrit vitou la vètraille.
Peuvrou nouyé!
N'ave t'y po dê le z'étrailles
On pete vè.
3
Une fois ce fameux bœuf saigné,
Gonflé, pendu et dépouillé,
Il lui ouvrit vite la ventraille.
Pauvre noël!
N'avait-il pas dans les entrailles
Un petit veau.
4
Non pau d'écroutau cho meurnè,
I fu découpo ê moucè,
Pi debraye dê na chodizhe
Avouai leu bouè
Pe z'ètre betau è chaussiches,
E n'autezhé.
4
Au lieu d'enfouir ce mort-né,
Il fut découpé en morceaux,
Puis broyé dans une chaudière
Avec les boyaux
Pour être mis en saucisses,
En fricandeaux.
5
On co que tout fu fabreco;
Y couzhi fozhe tebourno,
Que cè qu'on fauta de zhezheule
Alon vé lui;
Y leu z'è vêdra de fameuje,
L'ê-na pre tui.
5
Une fois que le tout fut fabriqué;
Il courut faire tambourner,
Que ceux qui ont besoin de saucisses
Aillent chez lui;
Il leur en vendra des fameuses,
Il en a pour tous.
6
Lou lèdemon, tout cho fricau,
Pe lou paï fut débito.
L'è vèdi à toute le fene
Dé z'èvezhon;
Pe zh'étre mezhia dè le freme,
U rèvelion.
6
Le lendemain, tout ce fricot,
Par le pays fut débité.
Il en vendit à toutes les femmes
Des environs;
Pour être mangé dans les fermes,
Au réveillon.
7
Avouai l'équema du belion,
Ecrim-mo su che l'avourton,
Neutron beuschi, houmou pratique
E-n'a fondu
De grè cizhou qua la fabrique,
L'a tui vèdu.
7
Avec l'écume du bouillon,
Ecrémée sur cet avorton,
Notre boucher, homme pratique
En a fondu
De grands cierges qu'à la fabrique,
Il a tous vendus.
8
La servèta qu'ave tout vu
N'è pouvè po crazhe seu zu,
Pe lou bou raconti la seujha,
Sè mau pècho,
Sè comprede que sha pazheula
Sezhe péjo.
8
La servante qui avait tout vu
N'en pouvant pas croire ses yeux,
Par le bourg raconta la chose,
Sans mal penser,
Sans comprendre que sa parole
Serait pesée.
9
Dhotion bin libaou de seu gout,
Mè d'espézhon greu que vè nous,
On frecachezha de catrouille
A l'aveni,
Pleteu qu'alo a la fripouille
Vé lou beuchi.
9
Chacun est bien libre de ses goûts,
Mais j'espère fort que chez nous,
On fricassera des pommes de terre
A l'avenir,
Plutôt que d'aller à la fripouille
Chez le boucher.
10
Quy teu qu'a fait chela sèchon?
E yon que n'a po leu blévon,
Po lamê leu fils à la lingua
Què é shazi
De fozhe paschau la verguinnea
D'on greu beuschi.
10
Qui est-ce qui a fait cette chanson?
C'est un qui n'a pas les blevons[4],
Ni même les fils à la langue
Quand il s'agit
De faire passer la rancune
D'un gros boucher.
[4] Mal de gorge et de la langue.
PETITE SCÈNE DE LA VIE
Vé lou Barbi
Allon meu j'ami, quemè è vous voyé bauliau vous éte l'air de vou
j'amouije su veutre chale quemè ch'amouijezhon na frelia de gouafon
qu'on fazhe banië dè on leni d'étale, é fau que vous raconta quauque
seuja pe zh'assuizhe de vou j'èdremi.
Me n'affauzhe che pache vè on barbi—de Veria.
Pe pouva, à tui, vou fauzhe avalau mon boucon sè trou vou freni de
chocha, è fau que de vou deya que neutron barbi, on grè dépèdia de
zhèzheule ch'apale Grégueula (on niom que convin vra bien a chela
seurta de profession tië, pichqu'éye convenu, dè tou pay, qu'on rajo de
pauva parlau leu zhou èti sè lamè prède lou tein de che moushië d'on
bin d'allau chequeurre cha quelauta).
D'ézha don vè lui dimeshe matin pe m'y fauzhe émoutau pe lou premi co,
leu deu z'u tra pa fo que me catelion la pé chou lou nau, què Liaudou
Troupréchau, Bena Binlaizi, Piarou Crainlabise, Tienou Goubaleuzha, pi
na troupa d'autrou que ne cougnashon pau l'amè y étrizhon azhi pe che
fauzhe décayonnau devè la grèmecha.
Allon, vetia don mon Grègueula que, pe ne pau lèche èdremi tui cè
j'houmou su chon bon, quemèche, quemè font touzhou cè que velion parlau
pe ne rè dezhe, à parlau de la plouzhe pi du bon tin, deyè quemè cè, è
che veriè du lion de la peurta pe zh'i consultau lou tin qu'éyave l'air
de fauzhe: Eh bin! que dit-on de cho tin, é dè lou ca de fauzhe bon
cheti voui sé ne pleut pau.
—Oh! éyeu faudre bin que repond lon pézhe Crainlafra, éye greu ple
dreulou de chequeurre la pocha de cha quelauta que de rauliau la
gueullie de che caboute.
—Oh! bon pe la pocha, que reprè Baptista Quamerizhe, mè à part cè,
ma vou deyon que na peteta reujau shauda fa touzhou de bin tie que le
déroushe: de pourra mèmou vou z'en prouvau pichque la derizhe qu'à
deravatau vè nou a fait repochau tin qu'à le poume rin-nette de neutra
métrecha—quemê vou zete vu sê douta.
_1er Refrain_
Dè tou pays què la dimèshe
On tin d'aprède lou nouvé
Vé lou barbi è faut che rèdre } _bis_
E vé lui qu'è s'è di lou mé. }
SCÈNE II
Allon pèzhe Binlaisi de crayou qu'éye t'a veutron tou; veni va que
de vou rauselia on peu che la vieillie pé de beya pédé que Piarou
Crainlabise va nou dezhe s'èye vra va qui che décide cheu co à mariau
cha fellie.
—Oh! oh! qu'y repond, è seureyè dè cha barba que frije quemè le dé
d'on pienou à dèquati le z'étoupe. Sè ne chazive que de mariau, è sezhe
bin éja vé nou, è ne pau leu galon que mèquon, éyè n'a petétre bin mé
de quinje que bûlon latou de Claudine quemè na troupa de bourdon nea
latou de na greucha boja fréshe. Mé é ne pau tou de bourdou-nau latou
é chazi de betau la mon dessu; pi vou peute contau qu'éyè faudra on
dégredi pe pouva y arrevau...
—Voua, é pazha bin que ne pau vra la premizhe venia que repond
Grégueula que raboutauve lou pèzhe Binlaisi è lou teniè pe lou nau de
la mon gaushe quemin neutra fena tin seu poule pe la créta que le leu
j'abouque.
—La premizhe venia que reprè vitou Crainlabise, oh non va vou z'eu
peute crazhe, touta zheuna que le, le ne che zhin-ne pau greu pe
repondre marda à cha mézhe. Avouai cè pe na fellie peupra comptau
qu'eyène yena. Cè ne che moushe touzhou rèqu'avoua leu da pe ne pau
chauli chon moushio de cafa. Pi pe l'économie on n'è parle pau, é ne
la zhin-ne pau de pachau leu ma èti sè che lavau lou nau rèque pe
zh'éparmau lou chavon. Mais è ne pau tou... che vou deja que le fa
épeli leu juë réqu'è leu pourtè dè che cafe, què dezhau-vou hein? Eye
pretè taulou que de vou z'eu deyou. Betin che vou veli qu'é ne pau
brauvou à ma de vou z'eu dezhe mais qu'épeurte, è n'èpashe pau que pe
na femala tein de mariau contau qu'eyène yena.
_2e Refrain.—(air de la Liaudin-na)_
La lou chon ple shau que la brauja
Leu z'u ple brelliè que lou foua
Le cha menau lou dar, la paula
L'écoucho, la shoucha, lou goua
Le raupelië mio que na fouin-na
Le ple rujau qu'on vio rena
Le chaute leu boichon sè pin-na
Le cou mio que neutron shin-na.
SCÈNE III
Mais à prepeu de mariazhou, vou, pézhe Goubaleuzha qu'éte azhi on
gachon que ne pau nomple lou vra premi venu, n'è pourrau-vous pau
fauzbe n'appla avoua Claudine Crainlabise? E me sèble qu'y fazhon on
brauvou zho lui deux.—Qu'è dete-vous?
—D'è deyou que què la fauta de mariau l'y troutezha pe lou vètrou,
mon gachon azha bin l'émou d'eu cougnatre sè que l'y deya le bin
pro malin pre cètie,—Lamé, sè ava l'air de voula cayounau Claudine
Crainlabize, de peuvou vou dezhe que che dégredia que le pouiche étre,
de ne la crayou pau teu de taille à pouva figuzhau avoua neutron Bena,
quemé vous pourra vou z'è rèdre comptou pe l'affauzhe que de vai vous
racontau.
—Eya pretië on cha de la chemon-na pachau que cha mézhe, ènouya de
touzhou vèlau le po chouleta, l'y deci quemè cè è choupè—Bena quemè
rèque è te vayè rouzhayë lou blan des u, pi garlayë lou fon de ta
quelauta què te moude, de cougnashou qu'é te vetia dravouzhe tin de
mariau, de te premashou t'ashetau on boune bardou lou premi co que
lou meci repassezha vé nou che te vu me premi d'allau courtijè Benate
Coutouzhou qua a chequ'on de le lavezhi de beya deu pea de pinzhon na
pourtau de lapin, pi na brauva camiseula de lon-na verda, sè parlau
de le j'autr berneguije que le pourra ava è mariazhou—Qu'è dite? Che
té che dégredi qué sèble, fa z'eu va—Oh! qu'y l'y repondi apré ava
chonzhia on moumè è che grattè l'ourellie, pe zhon boune bardou ne me
dérèzhezhe pau, mais che vou veli me premi na cachquette à bequa, de
veu courtije dra vouzhe—Eh bin qu'è chaye—Allon bon lou vetia parti
vé chon croufou, éfile seu guétron neuvou, cha berjellie blanshe pi che
meton-ne, pi lou vetia ébarquau avoua on bon vizha-shin à la mon pi
na pipa de boui à la gueurzhe—Eyazhe fallu lou va moudau, on azhe
de lou marquis de Caraba s'èbarquè à la garra—Quemè é ne pau vra loin
pe zh'allau vé leu Coutouzhou è paucè pe la travacha, l'y arrevi justou
quemè y quemèchauvon à blayë après choupau.
—Boncha Bena que l'y deci lou pézhe Coutouzhou è lou vayè ètrau,
t'arreve justou pe nou j'adië à blayë, prè don na chala—Mais à prepeu,
te ne sezhe pretè pau venu pe courtije neutra Benate que té che biè
arrezhia cheti cha—Chefai que l'y repon Bena' de n'air décidau quemè
cho du greu shin de la Zhelizhe que meuh tui cé que pâchon—de si venu
pe courtije veutra Benate, che vou veli me la ballie, balliau me la, pi
che vou ne veli pau la mariau, gardau la, de ne si pau ple fo de lia
que na marda—Pi lou vetia reparti è fassè bodaye cha pipa sè lamè ava
ballia à Coutouzhou lou tin de repondre.
—Eh bin qu'è dete vou de che la courtija? pèchau-vou qui chon oncouzhe
biè épais leu gachon dégredi quemè chotië? E n'èpashe pau que depi cho
cha lé lou tin duzhe bin tellemè de Bena à chela peuvra Benate que l'è
réle tou lou grè zhou quemè on vé qu'on détreyë.
—Mè l'azha biau bramau pi bio rélau, le ne lou tin poncouzhe la peuvra
fellie va! è faudra bin na gaillarda oncouzhe ple réshodau que l'atie
pe dézhelau chomagna, contau z'i.....
_3eme refrain, sur l'air de la Liaudinna._
Depi qui venu de la gara
De l'ila de Mezhagaspa
Mon Bena ple feu que na barra
Y caujé quemè n'avouca
Toute le fellië du vellazhou
Ne couzhon qu'aprè cho gailla
Le che vèdron bin tout'u grè diablou
Si pouve le z'y fauzhe ava.
SCÈNE IV.
Ardi pézhe Sinlourinchou, que dit tout pe zhon co la mèze Grègueula que
chavounove lou nau de zè Crinlafra, raconto nous va azhi lou nouvè de
veutron carrou.
Ma, vous racontau de nouvé, mé vous plaizètau mèzhe Grégeula; vous sète
bin que n'è sai point.
De chava de nouvè é bon a vous que teni na che brova peteta betequa
su lou devè pe zh'atreye leu j'houmou qu'on fauta de rajo pi qu'on
che bin laizi de vous leu raconto ê n'atèdè jo tou de pouva plètau
lou maiton dê veutron plat à barba. Mé ma que n'ai, quemê vous saite,
pe louzhemè qu'on chaulou pete goule prelai su lou deri, que veliuous
que d'aprenia de nouvè pischque jamè nion ne vint betau lou nau dê
cho goule beurniou sè ne pau leu shin predu pi quoque travesi que
sheurshons louzhemè à bon marshia.
Pretê, quemè n'ai rè à vous refujo mezhe Grègueula, pisque lou pezhe
Groubaleuzha vint tié de vou betau la gueurzhe è bon gout ê vous parlè
de la mardea, è fau bin que me déboutouna tê se peu, quemè on dit vè
nous, pe taye de vous servi azhi on moucè arezhia à la mèma chocha.—Pi
aprè tout n'azhe pau pre cè fauta de biê me fourche leu bouè de la téta
pisque d'ai n'ébauda touta neuva à vous raconto quemè vous jalo va sè
vous beushie le j'ouzhelie.....
Què nous j'alizin devê-t-ye a cha à la buzhe pe zétreni apré velia,
nous trouvizhin neutra vashe barda troumèto du vé apeuprè quemé sezhe
neutron gré vaule pe zh'allau a le z'ébaude—vetia que biê—nous l'y
fuzhin tout de suite na bena paille, pi, quemè neutra servèta ame greu
s'équipau de chela seurta de mécanique tié, è fut don convenu qué sezhe
lia que velliezhe chela vashe.
Le s'ézhe don bravamè instalo é-n'arret deri chelà bête e-n'atèdè—«On
azhe de on rena ê-n'arret deri na darbounize è-n'attèdè que lou darbon
venie» que tout pe zhon co le vi veni quoque seuja ne ressèblê ê rê
leu liapon d'on vé quemè é deve ètre.—Allons, sè lamé prède lou tein
de biè che rèdre contou de che que chauve po, vetia ma grè bardala de
serveta que vinsi u grê galou creyau a la peurta de la maijon: Maître,
maître, livau vous don pe veni va, de crayou qu'é ton bouquin que la
barda vu fauzhe, on l'y va zhia la barba!...
D'azha bin voulu coure va chela bête, mais lou coualion de ma shemije
se trouvi bin che biê êtrefeshia dê cho moumê avouai cho de neu tra cha
maître que ne poussi pô me relevau tout de suite.
Pédê cho tein la servèta ézhe recouria à chon peustou pe zhatêdre
l'évenemê. Mé cho diablou de và ne venive touzhou pau à shavon!—Que
fauzhe?—Enouya de touzhou attêdre, ma benea gaillarda de servèta prit
tout simplamê l'idè de treye chela petetea bête ê l'ou preniê pe che
que le prenive pe de barba pi que n'ezhe autre sheuje que lou shavon de
la couva du vé.
Ah, mé le ne perdi pau chon tein..... Tout pe zhon co che l'ênimea
de vé que venive u mondou lou petreyau lou premi che meti a trompetau
ê possê cho foutu èshali que l'étrenive tê lou vètrou, pedè qu'è memou
tein, pe che déconliau sè douta, l'èviy na bardelia de n'espèche de pau
belete è plin vezazhou de ma zhauna de servéta que lou tezhauve pe la
couva è reyè touta chouleta à grê gueurzhe déplaya....
Che de vou dija que l'è na mèzhia de che le po de qua ly servi de
dezhon lou lédemon matin, de mêtron petétre omp eu, mé pe lou sui l'è
na pauchablamè avalau pisqu'é l'y é seurtive oncouzhe pe le j'ouzhellie
pi pe lou nau devè que le che décayouniche cheti matin pe veni a la grê
mecha—vous demèdou ompeu che nous zé n'in ri vé nous!....
_4eme refrain, sur l'air du refrain de ma babé._
Ami qu'amau le po belete
Vous n'a don qu'a betau lou nau
U cu d'on vé què y trompete } _bis_
Vou sezha servu quemé fau. }
DEUXIÈME PARTIE
LA GUARRA
LA GUERRE
_Air: de l'«Abdication de Napoléon 1er»_
1
Qué l'Allemand, seurtè de la Baviézhe,
E l'énau mil vouë cè choicèté-di,
Passi lou Rhin, traveci la frontiézhe,
Pe veni ravazhië neutron pays,
De tui leu lion la trompeta d'alarme,
De la Fronche, neutra mézhe patri,
Rappeli tui seu z'éfè sous le j'arme
Pe delivrau lou pays évahi. (_bis_)
1
Quand l'Allemand, sortant de la Bavière,
En l'année mil huit cent soixante dix,
Passa le Rhin, traversa la frontière,
Pour venir ravager notre pays,
De tous les côtés la trompette d'alarme,
De la France, notre mère patrie,
Rappela tous ses enfants sous les armes
Pour délivrer le pays envahi. (_bis_)
2
Mais cé gari, ènivrau de couzhazhou,
Ont biau che battre quemé de leyon,
Que pouvon t-y luttè yon contre quatrou,
Mèquè de pon, mèquiè de munition;
Mau quemèdau, écrajau pe lou nombrou,
Biè che fou thiau pleteu que requelau,
Pleteu qu'ava leu déjoneu, u l'hontou
D'abédounau on carrou du drapeau. (_bis_)
2
Mais ces guerriers, enivrés de courage,
Ont beau se battre comme des lions,
Que pouvaient-ils un contre quatre,
Manquant de pain, manquant de munitions,
Mal commandés écrasés par le nombre,
Beaucoup se font tuer plutôt que de reculer,
Plutôt que d'avoir le déshonneur, la honte
D'abandonner un coin du drapeau. (_bis_)
3
De cé héros, victime de la garra,
De cé vaillè meu devè l'ennemi;
Leu nion écri su de plaque de marbra
Sezhon, dé tui leu quèton du pays;
Pe rappelau à la nouvala Fronche
Cé frézhe meu défèdè la Patri,
E n'attèdè l'hozha de la vèzhonche
De cé j'ami gardin lou souveni. (_bis_)
3
De ces héros, victimes de la guerre,
De ces vaillants morts devant l'ennemi;
Les noms écrits sur des plaques de marbre
Seront, dans tous les cantons du pays;
Pour rappeler à la nouvelle France
Ces frères morts défendant la Patrie,
En attendant l'heure de la vengeance
De ces amis gardons le souvenir. (_bis_)
LA SÊ MARTIN
LA SAINT MARTIN
_(Revue et complétée) air connu._
1
Vetia la sê Martin qu'apruushe
Neutron vole dà s'ênalo,
Che nous pardin neutron vole
Nous pardin tout,
Nous fazhin mauvais moineazhou
Ma pis vous.
Tralalalala, lalalalala
Tralalalala lalalalala.
1
Voilà la St Martin qui approche
Notre valet doit s'en aller,
Si nous perdons notre valet
Nous perdons tout,
Nous ferons mauvais ménage
Moi et vous.
2
Vu-t-on chava che que nous mèzhin
Quê nous sint tui vé la maijon,
Lou vole pi neutra maitrecha
Ont de pon blan;
Lou minnou nea quemê de trefa
Peuvrou Zhon!
2
Veut-on savoir ce que nous mangeons
Quand nous sommes tous à la maison,
Le valet et notre maîtresse
Ont du pain blanc;
Le mien est noir comme du tourteau
Pauvre Jean!
3
Vu-t-on chav ache que nous bavin
Quê nous chin tui vé la maijon,
Lou vole pi neutra maitrecha
Vont u ponchon;
Ma de bavou à la chelieta
Peuvrou Zhon!
3
Veut-on savoir ce que nous buvons
Quand nous sommes tous à la maison,
Le valet et notre maîtresse
Vont au tonneau;
Moi je bois à la seillette
Pauvre Jean!
4
Querau vous bin quemê nous cushin,
Quê nous sint tui vè la maijon,
Lou vole pi neutra maitrecha
Ont de lia blanc;
Pi ma de cushou su la mata
Peuvrou Zhon!
4
Croiriez-vous bien comment nous couchons,
Quand nous sommes tous à la maison,
Le valet et notre maîtresse
Ont des lits blancs;
Et moi je couche sur la mate
Pauvre Jean!
5
Apre cè saite-vous la sheuja
Que me crive lou mé lou cœu,
Et quê lou vole pi la maitrecha,
Font ê chœur,
Femau lou fregon, la panoucha
L'amadeu.
5
Après cela savez-vous la chose
Qui me crève le plus le cœur,
C'est quand le valet et la maîtresse,
Font en chœur,
Fumer le fourgon, la panosse
Et l'amadou.
6
Vouzhêdra vous tui que m'équetau
Reteni biê chela leçon:
Cozi toujhou là laide fena
Tin chon rang,
Tie que de che n'oumou, la brova
Fa on Zhon!
6
Maintenant tous qui m'écoutez
Retenez bien cette leçon:
Presque toujours la laide femme
Tient son rang,
Là où de son mari, la belle
Fait un Jean!
NA BATAILLIE DE FELLIË
UNE BATAILLE DE FILLES
ou
LES FILLES DE BOISSEY ET DE CHEVROUX
1
Ne sai pau vra biè shètau,
Mè vous contezhe na seu-ja,
Que vin l'amè d'arrevau,
Pi que ne pau biè mau dreula,
Vou j'allau va que le fellië,
De Boicha pi de Shievro,
N'èparmon pau jo guenellië,
Pau lamè leu co d'etrellië,
Qué lon bio jo pete co.
1
J'ne sais pas vrai bien chanter,
Mais j'vous conterai une chose,
Qui vient seulement d'arriver,
Puis qui n'est pas bien mal drôle,
Vous allez voir que les filles,
De Boissey et de Chevroux,
N'épargnent pas leur guenille,
Pas seulement les coups d'étrille,
Quand elles ont bu leur petit coup.
2
Què vin lou Vendredi-Chin,
E faudre va che le zête,
Pe zhallau à Donmartin
E viazhou pe toute béte:
Le che pienon, le che frijon,
Le che lavon bien lou nau,
Le che bredon, le che mirion,
Le che nipon, le ch'ajuston,
Le che monton quemé faut.
2
Quand vient le Vendredi Saint,
Il faudrait voir ces Josephtes,
Pour aller à Dommartin
En voyage pour toutes bêtes:
Elles se peignent, elles se frisent,
Elles se lavent bien le nez,
Elles se brident, elles se mirent,
Elles se nippent, elles s'ajustent,
Elles se montent comme il faut.
3
Chete yè su leu Pelo,
Le fameuje Boichatizhe
Prizhon on brondai de bio,
Y pèdizhon de Brouyzhe.
—Biè pêchau, deci Claudine,
E sèblezha on drapeau,
Vedre-te bin Madeline
Me prétau ta capeline
Pe zh'on peu mio lou marquau.
3
Cette année sur le Peloux,
Les fameuses Boissatières
Prirent une branche de bouleau,
Y pendirent des bruyères.
Bien pensé, dit Claudine,
Ça semblera un drapeau,
Voudrais-tu bien Madeline
Me prêter ta capeline
Pour un peu mieux le marquer.
4
Mais é beu de Dommartin,
Arrevizhon le premizhe,
Ushè quemè de lutin,
Le terrible shievroutizhe.
You hi hi, tra la la lire
Vive le fellie de shievro!
Veni don grè Boichatizhe
Qu'on piene veutre brouyzhe,
Qu'on vous trenate on bon co.
4
Mais au bois de Donmartin,
Arrivèrent les premières,
Huchant comme des lutins,
Les terribles Chevroutières.
You hi hi, tra la la lire
Vivent les filles de Chevroux!
Venez donc grandes Boissatières
Qu'on peigne vos bruyères,
Qu'on vous tresse un bon coup.
5
Shievroutizhe, couajau vou,
Repondon le Boichatizhe,
Nou chavin bin que cho zhou
Vou fazhau quauque bétije;
Dè touta neutra paroushe
On ne parle que de vou,
On dit que, greuche guenioushe,
Vous faites chounau le lioushe
Mè que le fene de vè nou.
5
Chevroutières, taisez-vous,
Répondent les Boissatières,
Nous savions bien que ce jour
Vous feriez quelques bêtises;
Dans toute notre paroisse
On ne parle que de vous,
On dit que, grosses godiches,
Vous faites sonner les cloches
Plus que les femmes de chez nous.
6
Que peut-on dezhe de vou?
Reprenion le shievroutizhe
On cha bin qu'aqueuta nou
Vou n'ète que de vashizhes.
Pédè qu'à trava lou mondou
Nou chin renoumau pretou,
E n'a pau lamè velazhou
E defeu de veutron carou
Qu'on ne che mouque de vou.
6
Que peut-on dire de vous?
Reprennent les Chevroutières
On sait bien, qu'à côté de nous
Vous n'êtes que des vachères.
Pendant qu'à travers le monde
Nous sommes renommées partout,
Il n'y a pas seulement un village
En dehors de votre quartier
Où l'on ne se moque de vous.
7
Voua vous été renoumau.
Pi de na dreula manièzhe,
Pichqu'èye pe petioulau
Ple chouvè que veutre mézhe.
Che vou j'avo ompeu d'hontou
N'izhau vou pau vou cashie
Què é che di pe lou mondou
Que dèche de mézhe caïe
Ne chon brauve qu'à la chou.
7
Oui, vous êtes renommées.
Mais d'une drôle manière,
Puisque c'est pour faire des petits
Plus souvent que vos mères.
Si vous aviez un peu de honte
N'iriez-vous pas vous cacher
Quand il se dit par le monde
Qu'ainsi des mères truies
Ne sont belles qu'à la porcherie.
8
S'éya de caïe vé nou,
Ne t'eu pàu què vous y éte,
Què leu magna vont vé vou
On cha bin quemè vous faite:
Que l'achon lou tâ, la raushe
Tui leu j'houmou vou chon bon
Pessè dè privau le j'autre
Vous éte toute pro chaule
Pe n'è pau refujau yon.
8
S'il y a des truies chez nous,
N'est-ce pas quand vous y êtes,
Quand les magnats vont chez vous
On sait bien ce que vous faites:
Qu'ils aient le «tâ»[5] la «ràche»[6]
Tous les hommes vous sont bons
Pensant d'en priver les autres
Vous êtes toutes assez sales
Pour n'en pas refuser un.
9
Aprè s'étre tout creïau,
Le quemèchon la bataille;
Le gauge, leu co de pau
Veulon quemè la mitraille;
Le s'èpenion, che débourlon,
Le ch'attrapon pe lou nau.
Chela bèda de female
Quin-non quemè de cavales
Qu'on vint lamè d'abadau.
9
Après s'être tout crié,
Elles commencent la bataille;
Les gazons, les coups de pieux
Volent comme la mitraille;
Elles s'empoignent, se dépeignent,
Elles s'attrapent par le nez.
Cette bande de femelles
Cuinent comme des juments
Qu'on vient seulement de mettre en liberté.
10
Le fajon bin tè de train,
Que dè tou lou vézenazhou
Tin qu'u bou de Dommartin
On cru qu'é yézhe lou diablou,
Lou maizhe pri che n'écharpa,
Tui leu pompier jo fezi
Et creïè pretou à l'ârma!
Preni garda, è la gara,
Nou z'étèdin l'ennemi.
10
Elles faisaient bien tant de train,
Que dans tout le voisinage
Jusqu'au bourg de Donmartin
On crut que c'était le diable,
Le maire prit son écharpe,
Tous les pompiers leur fusil
En criant partout: Aux armes!
Prenez garde, c'est la guerre,
Nous entendons l'ennemi.
11
Aprè cè, chon ne vu pau
Fauzhe frapau de médaille,
Que l'on pretè mezhetau,
Dè che l'étrèzha bataille,
E faudre à che le fellie
Qu'avon bu on che greu co
Fauzhe èviau quauque boutellié,
De bon vin vio que petellie,
Pe refauzho notrou co.
11
Après cela, si on ne veut pas
Faire frapper de médailles,
Qu'elles ont pourtant méritées,
Dans cette étrange bataille,
Il faudrait à ces filles
Qui avaient bu un si gros coup
Faire envoyer quelques bouteilles,
De bon vin vieux qui pétille,
Pour refaire une autre fois.
[5] Tâ—sang vicié.
[6] Rache—sorte de gale.
LA VIA DU MONDOU
LA VIE DU MONDE
1
L'èfè dessus la tarra
Ne pau cheteu venu
Qu'y bèle creie à l'arma,
Devè d'uvri leu zu,
On dezhe qui sin zhia
Lou troumè de la via.
1
L'enfant dessus la terre
N'est pas sitôt venu
Qu'il pleure, crie aux larmes,
Avant d'ouvrir les yeux,
On dirait qu'il sent déjà
Les tourments de la vie.
2
Què l'on di-z'è le fellië
Parlon de le poupé,
Leu gachon de le guellië
Dé shevau, dé Joizé,
A cho tein leu z'éfè
Révon l'amujemè.
2
Quand elles ont dix ans, les filles
Parlent de leur poupée,
Les garçons de leurs quilles
Des chevaux, des oiseaux;
A ce temps les enfants
Rêvent l'amusement.
3
A vingt è la jeunesse
Ne chonzhe qu'é plaizi:
Parlau galon, métréche,
Vetia tou chon seuci;
Mé lou tein dé j'amou
Ne duzhe pau touzhou!
3
A vingt ans la jeunesse
Ne songe qu'au plaisir:
Parler galants, maîtresses,
Voilà tout leur souci;
Mais le temps des amours
Ne dure pas toujours!
4
A trête è fleu de l'azhou
Eye tein d'éparmau
Seu revenu, seu gazhou,
Chon pèche à che mariau,
Què on vu che montau
Eya greu à comptau.
4
A trente ans, fleur de l'âge
Il est temps d'économiser
Ses revenus, ses gages,
Si l'on pense se marier,
Quand on veut se monter
Il y a gros à compter.
5
E vé la quazhètin-na
Que cé que chon mariau
Ont chouvè mé de pin-na,
E fau touzhou gretau,
Mé dè lou céliba
On a moins de traca.
5
C'est vers la quarantaine
Que ceux qui sont mariés
Ont souvent le plus de peines,
Il faut toujours bercer,
Mais dans le célibat
On a moins de tracas.
6
Què vint la chinquètin-na,
Enouya du beneu,
On ne craint pau la pin-na
On sheurshe leu j'honeu,
Sheution vedre vé lui
Etre mézhe u marli.
6
Quand vient la cinquantaine,
Ennuyé du bonheur,
On ne craint pas la peine
On cherche les honneurs,
Chacun voudrait chez lui
Etre maire ou marguillier.
7
Mé què la tra vingt n'houmou
Dit: zhé pro travailla,
Pe zh'étre pre trèquilou
Lou réchtou de cha via,
Cède tout è z'éfè
Pe vivre sè tourmè.
7
Mais quand il a trois vingt l'homme
Dit: J'ai assez travaillé,
Pour être plus tranquille
Le reste de sa vie,
Cède tout aux enfants
Pour vivre sans tourment.
8
Què vint la septètin-na
On a biau che dreci,
Rentier, cho qu'a de pin-na
Quemèchon a croubi
Pretè leu jon qu'èya
Font touzhou leu gailla.
8
Quand vient la septantaine
On a beau se redresser,
Rentier, celui qui a de la peine
Commencent à se courber
Pourtant les uns qu'il y a
Font toujours les gaillards.
9
A quatrou-vingt lou tarmou
De la via ne pau loin,
Leu feu quemè leu fablou
Appreushon de la fin:
E fau bon grè mau grè
Prepazhau chon paquet.
9
A quatre-vingt le terme
De la vie n'est pas loin,
Les forts comme les faibles
Approchent de la fin:
Il faut bon gré mal gré
Préparer son paquet.
10
Pischque su che la tarra
Tui leu pau qu'on y fa
Nou moin-non vè la tomba
Que da nou recheva:
Vivin don quemè fau
Ne fint jamè lou mau.
10
Puisque sur cette terre
Tous les pas qu'on y fait
Nous mènent vers la tombe
Qui doit nous recevoir:
Vivons donc comme il faut
Ne faisons jamais le mal.
LEU DOUJE MA DE L'ÈNAU
LES DOUZE MOIS DE L'ANNÉE
_Sur l'air du roi Dagobert_
1
E janvier, mà de fra
On ne seu pau trou de vè cha,
De nezhe de verlia
Touta la quèpagne crevia;
Pèdè la zhournau
On fa la méliau,
Pe che réshodau
On va u fourniau,
Mé lou cha, la vellia,
Qu'on ne tui rezhoin près du foua,
On brache leu jatou
Chouvè tin qu'à l'arba du zhou.
1
En janvier, mois de froid
On ne sort pas trop de chez soi,
De la neige, du verglas
Toute la campagne est couverte;
Pendant la journée
On fait la mêlée,
Pour se réchauffer
On va au fourneau,
Mais le soir la veillée,
Quand on est tous rejoint près du feu,
On brasse les atouts
Souvent jusqu'à l'aube du jour.
2
E fevri lou chelo
Che fa va lou nau quauque co,
Pe veni ranimau
Carmètrè si ne pau zhelau;
Et faut va cho zhou
Fait pe leu j'amou,
Tui leu rendez-vou
Qui cashe pretou,
Leu zheunou deu-j-à deu
Vont fozhe brulau jo faulieu,
Pèdé qu'à la méjon
On prepazhe leu matafon.
2
En février le soleil
Se fait voir quelque fois,
Pour venir ranimer
Carnaval s'il n'est pas gelé;
Il faut voir ce jour
Fait pour les amours,
Tous les rendez-vous
Qu'il cache partout,
Les jeunes deux à deux
Vont faire brûler leur folieux[7]
Pendant qu'à la maison
On prépare les matefins.
3
E mars la shoucha
Qu'on ave étouya tout l'eva,
Sé ne fa pau mé fra
Quemèche à trache quauque rat;
Mé le zhèboulé
Dè lou renouvé,
Epashon chouvè
Dè fauzhe biè grè,
On ne t'ècazhin-nau
De zhon-nau lou vètrou fa mau,
Mé à Pauque chounau
Shaution pourra che rattrapau.
3
En mars, la charrue
Qu'on avait rentrée tout l'hiver,
S'il ne fait pas trop froid
Commence à tracer quelques raies;
Mais les giboulées
Dans le renouveau,
Empêchent souvent
D'en faire bien long,
On est «encarêmé»
Déjeuner le ventre fait mal,
Mais à Pâques sonné
Chacun pourra se rattraper.
4
Avri on co venu
Qu'on a ètèdu lou coucu,
Tout quete la majon
Sè va travaille dè leu shon;
Eye dè cho mà
Qu'on ba leu tremà
Tui leu payjon
Chenon à plin mon
Dè leu beu, leu boichon
Tui leu j'oizé, tinqu'u bushon,
N'aréton de shètau
Pédé qu'y senion jo couvau.
4
Avril une fois venu
Qu'on a entendu le coucou,
Tout quitte la maison
S'en va travailler dans les champs;
C'est dans ce mois
Qu'on fait les semis
Tous les paysans
Sèment à pleine main
Dans les bois les buissons
Tous les oiseaux jusqu'au «buchon»,
N'arrêtent de chanter
Pendant qu'ils soignent leur couvée.
5
Mé de tui, éye mai
Lou ma lou ple biau, lou ple gai,
Dè cho tin de fleu
Tout vit de plasi, de beneu.
Dè tui leu verzhi
Leu j'abrou à fri,
Che sharzhon de lio
De toutes coulo,
Depi lou biau vashi
Tinqu'u grè vaule, u bouvi,
Shotion ressin l'ardeu,
L'amou, reveni dè chon cœu.
5
Mais de tous, c'est mai
Le mois le plus beau, le plus gai,
Dans ce temps des fleurs
Tout vit de plaisir, de bonheur.
Dans tous les vergers
Les arbres à fruits,
Se chargent de fleurs
De toutes couleurs,
Depuis le beau vacher
Jusqu'au grand valet, au bouvier,
Chacun ressent l'ardeur,
L'amour revenu dans son cœur.
6
Qué vint lou ma de juin
Arreve lou moumè dé fein,
U prau du grè matin
On ne t'ashevau su l'èdin;
Efau va cho fein
Què é fa bon tein
Chon lou fa chautau
Touta la zhournau,
Pretè chartin j'ouvri
Ebleyon quauque co l'oti,
Sé ya de fenezhi
Dé leu prau pe le dèvreti.
6
Quand vient le mois de juin
Arrive le moment des foins,
Au pré du grand matin
On est à cheval sur l'andain;
Il faut voir ce foin
Quand il fait beau temps
Si on le fait sauter
Toute la journée,
Pourtant certains ouvriers
Oublient quelquefois l'outil,
S'il y a des faneuses
Dans les prés pour les divertir.
7
E juillet la machon
Qu'a mozhau depi la Sè zhon,
Amin-ne dè leu shon
Tout lou mondou de la méjon,
Avoua qué plasi
Leu bon machouni,
Meurdon u chelion
De quauque sezon,
Cho qu'attrappe la crui
L'habelie dé ple biau z'épi
Què on prè lou rena
On ushe à gueurzhe déplaya.
7
En juillet la moisson
Qui a mûri depuis la St Jean,
Amène dans les champs
Tout le monde de la maison,
Avec quel plaisir
Les bons moissonneurs,
Mordent au sillon
De quelque Suzon,
Celui qui attrape la croix
L'habille des plus beaux épis
Quand on prend le renard
On huche à gorge déployée.
8
Mé de touta l'ènau
Eye lou ma d'eu lou ple shau,
Qu'on che fa don trauchau
Chon n'équeu touta la zhournau,
On co chon pali
Pienau, biè bredau,
Pi su chon greni
Chon blau tou queblau,
Tout contè lou fremi
Rassèble tui seu machouni,
On fa leu matafon
On shète, on chequeu lou ponchon.
8
Mais de toute l'année
C'est le mois d'août le plus chaud,
Qu'on se fait donc suer
Si on bat toute la journée,
Une fois le pailler
Peigné, bien bridé,
Puis sur le grenier
Le blé tout criblé,
Tout content le fermier
Rassemble tout ses moissonneurs,
On fait les matefins
On chante, on secoue le tonneau.
9
Septembre leu raijin
Que nous baillon de che bon vin,
Pe nous fauzhe shètau
Chon mo, è fau leu ramachau.
Dè cho mèmou tein
On fa leu revein,
Pi cé qu'on lési
Prenion on fesi
Mè chouvè lou premi
Ne cha qu'à shourshië na gebi,
Qu'on ne tuve pau teu
Què bin le trouvau dè leu beu.
9
Septembre, les raisins
Qui nous donnent du si bon vin,
Pour nous faire chanter
Sont mûrs, il faut les ramasser.
Dans ce même temps
On fait les regains,
Puis ceux qui ont le loisir
Prennent un fusil
Mais souvent le permis
Ne sert que pour chercher un gibier,
Qu'on se garde bien de tuer
Quand même on le trouve dans le bois.
10
E n'octobre leu zhou
On zhia greu dèfourzhia vé nou,
Preté leu payjon
On greu d'euvra de tui leu lion,
Et fau ramachau
Pe pouva femau,
Vitou labouzhau
Pe coure chenau,
E fau ètre pretou,
A la mèjon, é shon u fou
Chouvè è fau vellië
Tinqu'à minai pe dépellië.
10
En octobre les jours
Ont déjà gros diminué chez nous,
Pourtant les paysans
Ont beaucoup d'ouvrage de tous côtés,
Il faut ramasser
Pour pouvoir fumer,
Vite labourer
Puis courir semer,
Il faut être partout,
A la maison, aux champs, au four
Souvent il faut veiller
Jusqu'à minuit pour défeuiller.
11
E novembre leu zhou
Devenion mauvais quemè tout,
On ne va que brouilla
Que chon chouvè brovamè fra.
Què bin dè leu shon
E n'y fa pau bon,
E fau s'y teni
Crevi leu ravi,
E n'a pau mé de shau
Le nai quemèchon à zhelau,
La nezhe, leu zhevrin
Suivont de prè la Sê Martin.
11
En novembre, les jours
Deviennent mauvais comme tout,
On ne voit que brouillard
Qui sont souvent joliment froids.
Lors même que dans les champs
Il n'y fait pas bon,
Il faut s'y tenir
Couvrir ses raviers,
Il n'y a plus de chaleur
Les nuits commencent à geler,
La neige, les givres
Suivent de près la St Martin.
12
E décembre assui tout
La shau, leu travau, leu biau zhou,
Cho ma na que Nouyè
Pe nou rèdre on peu de gaîté,
Què vin la minai
Dè che la grê nai,
Shaution de tou cœu
Fète lou sauveu,
Pachau cho zhou l'ènau
Sè va dèclinè à grê pau,
Sêblé nou dezhe à tui
Quemè tout pache, tout assui!
12
En Décembre finit tout
Le chaud, les travaux, les beaux jours,
Ce mois n'a que Noël
Pour nous rendre un peu de gaîté,
Quand vient la minuit
Dans cette grande nuit,
Chacun de tout cœur
Fête le Sauveur,
Passé ce jour, l'année
S'en va déclinant à grands pas,
Semblant nous dire à tous
Comme tout passe! comme tout finit!
[7] Folieux ou brandon.
LA BELLE MARION
Air connu
1
J'aimerais mieux la belle Marion
Que toutes vos demoiselles
L'ène brauva, pi le ri
L'ène faite à meu dési
Grè Dieu que l'ène brauva
De l'amou mio que n'autra.
1
J'aimerais mieux la belle Marion
Que toutes vos demoiselles
Elle est belle et elle rit
Elle est faite à mes désirs
Grand Dieu qu'elle est belle
Je l'aime mieux qu'une autre.
2
Embrasse moi la belle Marion
Embrasse moi ma mie
Embrasse moi autant de fois
Qu'il y a de feuilles dans ces bois
De fleurs dans la prairie
Embrasse moi ma mie.
2
Embrasse moi ma belle Marion
Embrasse moi ma mie
Embrasse moi autant de fois
Qu'il y a de feuilles dans ces bois
De fleurs dans la prairie
Embrasse moi ma mie.
3
Mais què nou l'y fazhin l'amou
N'y allin pau trou vitou
Prequa ple vitou nou z'izhin
Mais d'arzhè nous mezhezhin
De m'amau che la brune
La barba nou z'è fûme.
3
Mais quand nous lui ferons l'amour
N'y allons pas trop vite
Parce que plus vite nous irons
Plus d'argent nous mangerons
D'embrasser cette brune
La barbe nous en fume.
4
Maitre vou ne s'ète don pau
Che que leu meshiè deïon
Y s'è von pretou deïè
Que n'a pau chin seu vaillè
Pe zh'ashetau na blauda
Pe zh'allau va ma Liauda.
4
Maître vous ne savez donc pas
Ce que les méchants disent
Ils s'en vont partout disant
Que je n'ai pas cinq sous vaillant
Pour acheter un paletot
Pour aller voir ma Claude.
5
Mon maitre m'y a repondu
Ne sizh'ou pau bon maitre
Va vendre ses six moutons
Cela t'y fera de l'argent
Pour acheter une veste
Pour aller voir ta maîtresse.
5
Mon maître m'y a répondu
Ne suis-je pas bon maître
Va vendre ces six moutons
Cela t'y fera de l'argent
Pour acheter une veste
Pour aller voir ta maîtresse.
N'AMETIA DÉPONDIA
UNE AMITIÉ ROMPUE
1
Holà meïa
Te sevinte de ma,
Du tinque deri ta peurta
Te m'invitauve lou cha
O ma meïa ressevinte de ma.
1
Hola mie
Te souviens-tu de moi,
Du temps que derrière ta porte
Tu m'invitais le soir
O ma mie ressouviens-toi de moi.
2
Oh lou magna, presqua vin-te vè ma
Què ma mezhe pi ma tanta
Aprè ta che chon faushia,
Pî qu'à nautrou ma fa me si premia.
2
Oh le magnat, pourquoi viens-tu chez moi
Quand ma mère et puis ma tante
Après toi se sont fâchées,
Et qu'à un autre, je me suis promise.
3
Meïa què bin à nautrou tè premia
Va, nè si guézhou è pin-na,
Me fou de te n'amitia,
Dè treuvezhe na chie brauva que ta.
3
Mais quand même à un autre tu es promise
Va, je n'en suis guère en peine,
Je me fiche de ton amitié,
j'en trouverai une plus belle que toi.
4
Tè mio, magna, mais rè me mon foula,
Mon foula de brauva chaïa
Que t'ava ballia on cha,
On cha, que n'amauva que ta.
4
Tant mieux, magnat, mais rends-moi mon foulard,
Mon foulard de jolie soie
Que je t'avais donné un soir,
Un soir, que je n'aimais que toi.
5
Oh non, Meïa, t'nazhé pau ton foula,
Le vé nou dedè ma shombra,
Dè on croufou bien froumau;
Depi lontè dè n'ai perdu la liau.
5
Oh non, Mie, tu n'auras pas ton foulard,
Il est chez nous dedans ma chambre,
Dans un coffre bien fermé;
Depuis longtemps j'en ai perdu la clef.
6
Gazha magna, ch'te ne rè pau tou,
Ya de gachon u velazhou
A qui n'azhe qu'à parlau
Pe te fauzhe ballië dessus lou nau.
6
Gare magnat, si tu ne rends pas tout,
Il y a des garçons au village
A qui je n'aurai qu'à parler
Pour te faire donner sur le nez.
7
Meïa, teu galon ne leu cregnou pau,
Ma qu'ai fait mon tou de Fronche
Depi Veria tin qu'à Crau,
Jamais nion ne m'a ballia su lou nau.
7
Mie, tes galants je ne les crains pas,
Moi qui ai fait mon tour de France
Depuis Viriat Jusqu'à Cras,
Jamais personne ne m'a donné sur le nez.
8
Fellie, gachon, vou date vou jamau,
Mais che l'exèplon trou laidou,
Pe shourshië à l'imitau
Ne vou j'amau que tè què peut dezhau.
8
Filles, garçons, vous devez vous aimer,
Mais si l'exemple est trop vilain,
Pour chercher à l'imiter
Ne vous aimez que tant que cela peut durer.
MA TANTA PERNETA
MA TANTE PERNETTE
1
Ma Tanta Perneta,
A bin mau u da,
L'a na vasche à trézhe, qui que la quinquelliezheta
Qui que la tizhe la bouyeta,
Qui que la traizha.
1
Ma Tante Pernette,
A bien mal au doigt,
Elle a une vache à traire, qui que la quinquillerette
Qui que la tire la bouyette,
Qui qui la traira.
2
Oh! dit ma vèzena, que bin dègredia,
Baillau la greleta, ma d'y vai, quinquelliezheta,
Ma d'y vai, tizhe la bouyeta,
Ma d'y vai tout dra.
2
Oh! dit une voisine, qui est bien dégourdie,
Donnez la grelette, moi j'y vais, quinquillerette,
Moi j'y vais, tirer la bouyette,
Moi j'y vais tout droit.
3
Allons ma bouyeta, ton lait baillava,
Mais la vashe viva a bailla quinquelliezheta,
A bailla, tizhe la bouyeta,
A bailla du pia.
3
Allons ma bouyette, ton lait donne voir,
Mais la vache vive a donné, qinquillerette,
A donné, tire la bouyette,
A donné du pied.
4
Foutia grè bardala t'au tou trabeshia,
T'au goulia ma rouba, pi verchau, quinquelliezheta,
Pi verchau, tizhe la bouyeta,
Verchau ma creshia.
4
Fichue grande bardelle, tu as tout trébuché,
T'as boué ma robe, puis versé, quinquillerette,
Puis versé, tire la bouyette,
Versé ma cruchée.
5
Què n'autrou co, tanta, lou mau vou prèda,
Che vou j'a n'a vashe, que baille, quinquelliezheta,
Que baille tizhe la bouyeta,
Que baille du pia.
5
Quand un autre coup, tante, vous prendra,
Si vous avez une vache, qui donne, quinquillerette,
Qui donne, tire la bouyette,
Qui donne du pied.
6
Vou la fazha traizhe à qui vedra,
Pre ma me contètou de na sè... quinquelliezheta,
De na sè... tizhe la bouyeta,
De na sèpelia.
6
Vous la ferez traire à qui vous voudrez,
Pour moi, je me contente d'une sem... quinquillerette,
D'une sem... tire la bouyette,
D'une sempillerée.
7
Oh qu'èya de fellie dè neutron Veria,
Sè qu'on sè mèfeye, rebaillon, quinquelliezheta,
Mè de na, tizhe la bouyeta,
Mè d'na tourtelia.
7
Oh! qu'il y a des filles, dans notre Viriat,
Sans qu'on s'en méfie, redonne, quinquillerette,
Plus d'une, tire la bouyette,
Plus d'une tortillée.
JOUZÉ BOUVA
JOSEPH BOUVARD
1
Veli vous chava na schèchon,
De na fellië pi don gachon;
La fellië chapale Marion,
Le reste u velazhou d'amon,
Le reste vé Shauné à Bala,
Jouzé Bouva la va chouvè va.
1
Voulez-vous savoir une chanson,
D'une fille et d'un garçon;
La fille s'appelle Marion,
Elle reste au village d'amont,
Elle reste chez Chanel à Bel-Air,
Joseph Bouvard la va souvent voir.
2
Tui leu cha, què y va la va,
Y pauche pe d'ava la ma,
Pi y travache lou verzhi,
Creïe Marion, vin don m'uvri,
De si venu va, cheti cha,
Che te velive te mariau avoua ma.
2
Tous les soirs, quand il va la voir,
Il passe en aval de la mare,
Puis il traverse le verger,
Crie: Marion, viens donc m'ouvrir,
Je suis venu voir, ce soir,
Si tu voulais te marier avec moi.
3
Marion Raufou l'y a repondu,
De n'air brauvamè rejoulu:
Sè yèzhe ton frézhe Frècha,
De l'amezha bin mio que ta,
Si m'ave parlau quemè ta
L'y azha zhia bin de: qu'oua.
3
Marion Raffour lui a répondu,
D'un air si joliment résolu:
Si c'était ton frère François,
Je l'aimerais bien mieux que toi,
S'il m'avait parlé comme toi
Je lui aurais déjà bien dit: oui.
4
Marion Raufou, te ne chau don pau
Que mon frézhe, Frècha ne t'ame pau;
Ma que de t'a touzhou tè amau
Prequa ne vu te pau m'amau,
Ma que d'ta fè la cou pèdè nè
Teu bin de crazhe que te ne m'amerè.
4
Marion Raffour, tu ne sais donc pas
Que mon frère, François, ne t'aime pas;
Moi qui t'ai toujours tant aimé
Pourquoi ne veux-tu pas m'aimer,
Moi qui t'ai fait la cour pendant un an
Est-ce bien de croire que tu m'aimes rien.
5
E travecè lou bou de Crau,
Jouzè Bouva che betau a shètau;
Eya l'atie à Marlou dè juë
De l'azhe bin què dè vedre;
Tui leu co que de l'y è n'a parlau
Jamais chon pézhe ne me l'a refujau.
5
En traversant le bourg de Cras,
Joseph Bouvard se mit à chanter;
Il y a celle à Merle des œufs
Je l'aurai bien quand je voudrais;
Toutes les fois que je lui en ai parlé
Jamais son père ne me l'a refusée.
6
Teu qu'a compeujau che la shèchôn?
Eyë leu gachon du d'amont
E bevè vé Mimi Raton
A shau sheupene, sheupenon,
Lon bin dépèchau vingt-chin fron
Pe compeu Jau che la shèchon.
6
Qui est-ce qui a composé cette chanson?
C'est les garçons d'amont
En buvant chez Mimi Raton
Par chopine, et chopinon,
Ils ont bien dépensé vingt cinq francs
Pour composer cette chanson.
VARIETTA U DERI COUPLE
Teu qua compeujau che la shèchon?
Eyë bin tra bravou gachon:
Lou premi n'a point de mèton,
Lou chegon a leu pië reïon,
L'autrou boussu quemè on benon,
Ne t'eu pau tra brauvou gachon.
VARIANTE AU DERNIER COUPLET
Qui est-ce qui a composé cette chanson?
C'est bien trois jolis garçons:
Le premier n'a point de menton,
Le second a les pieds ronds,
L'autre est bossu comme un benon,
N'est-ce pas trois jolis garçons?
LEU J'AMOUAZHO
LES AMOUREUX
_Air de «Jouzé Bouva»_
1
Saite-vou, qu'è Brache, leu gachon
Ne che font pau mau de bon chon.
De vou noumezha de magna
Que sè pauchau pe de pailla,
Treuvon moyen de chamouije,
E n'ayè pau l'air d'y toushië.
1
Savez-vous, qu'en Bresse, les garçons
Ne se font pas mal du bon sang.
Je vous nommerais des magnats
Qui, sans passer pour des paillards,
Trouvent moyen de s'amuser,
En n'ayant pas l'air d'y toucher.
2
Quemè vou parlau dé gachon?
Vou ne parlau pau d'le sezon!
Nè vedra point dezhe de mau;
Pretè, è fau bin racontau
Que le chavon treïè jo plan
Pe leu rendez-vous è galan.
2
Comment: vous parlez des garçons?
Vous ne parlez pas des Sezon!
Je n'en voudrais pas dire du mal;
Pourtant il faut bien vous raconter
Qu'elles savent tirer leur plan
Pour les rendez-vous aux galants.
3
Lou ple chouvè, eyë ta Bou,
Que le leu baillon rendez-vou.
Pre cè, lou mècredi matin,
Què lon fait mèzhië leu pezhin,
Le deïon: Mèzh'teu què vou fa,
Laichau m'don allau u marshia.
3
Le plus souvent, c'est à Bourg,
Qu'elles leur donnent rendez-vous.
Pour ça, le mercredi matin,
Quand elles ont fait manger les poussins,
Elles disent: mère qu'est-ce que ça vous fait,
Laissez-moi donc aller au marché.
4
Ma fa, la mezhe, sè mau pèchau
Repon: vas-y, vai-me gardau;
Faut-eu prepazhau lou pani?
Pe teyë d'on peu t'avèci;
On n'jamais trou teu arrevau
P'vèdr'chon marshia quemè fau.
4
Ma foi, la mère, sans mal penser
Répond: vas-y, j'vais me garder;
Faut-il préparer le panier?
Pour essayer d'un peu t'avancer;
On n'est jamais trop tôt arrivé
Pour vendre comme il faut son marché.
5
E mèmou tin, è n'affouré,
Lou galan dit: s'é n'vou fa rè
Pèzhe, d'izhe à Bou cheti voui,
Zhai d'affauzhe à y allau quezhi.
Pi lou pèzhe repon: vas-y,
Zh'vai me gardau pichqu'è t'adi.
5
En même temps, en affourant,
Le galant dit: Si ça ne vous fait rien
Père, j'irai à Bourg aujourd'hui,
J'ai des affaires à y aller chercher.
Puis le père répond: vas-y,
J'vais me garder puisque ça te va.
6
Vetia don neutreu j'amouazho,
Contè de caroutau jo vio.
Oh! què beneu! oh! què biau zhou!
Y von che rencontrau à Bou,
E fa bon che va, che parlau,
Què leu vios ne s'è méfion pau.
6
Voilà donc nos amoureux,
Contents de carotter leur vieux.
Oh! quel bonheur! oh! quel beau jour!
Ils vont se rencontrer à Bourg,
Il fait si bon se voir, se parler,
Quand les vieux ne s'en méfient pas.
7
Mais cè, ne pau de blau nouvè.
Neutreu pézhe èn'on atè fai,
Pichque de tout éternitau
Lou mondou fu fait pe ch'amau;
Dè j'amouazho, peuvin parlau
Mais gardin-nous de leu blamau.
7
Mais cela, n'est pas du blé nouveau.
Nos pères en ont autant fait,
Puisque de toute éternité
Le monde fut fait pour s'aimer;
Des amoureux, nous pouvons parler
Mais gardons-nous de les blâmer.
LEU Z'AUTRICHIENS A VERIA
LES AUTRICHIENS A VIRIAT
1
Coumèzhe vin donc cheti cha,
Te racontezhe ne chaqua,
Neutron Zhouzé nous j'a écrit
Qu'y che batton è n'Italie,
Avoué ces diablous d'Autrichiens
Qu'on sé sevin chon che malins.
1
Commère viens donc ce soir,
Je te raconterai quelque chose,
Notre Joseph nous a écrit
Qu'il se battait en Italie,
Avec ces diables d'Autrichiens
Que l'on s'en souvient sont si malins.
2
Y conte que cé grê groumè,
Dévozhon tou, ne lèchon rè;
I di, que rèque n'Autrichien,
Peu bin mèzhië tui leu matin,
Na doujin-na de greu poulé,
Pi na grê panaria de juë.
2
Il conte que ces grands gourmands,
Dévorent tout, ne laissent rien;
Il dit, que rien qu'un Autrichien,
Peut bien manger tous les matins,
Une douzaine de gros poulets,
Puis un grand panier d'œufs.
3
Y conte azhi que cé vaurè,
Dévachton tou, n'épargnon rè;
Y di, qui beton l'Itali
Sè dessu dechou, sè devè deri,
La po de leu reva vé nou,
Me bete sè dessu dechou.
3
Il conte aussi que ces vauriens,
Dévastent tout, n'épargnent rien;
Il dit, qu'ils mettent l'Italie
Sans dessus dessous, sans devant derrière,
La peur de les revoir chez nous,
Me met sans dessus dessous.
4
Coumézhe, cè teu bin vra va?
E mé fa tou dreci lou pa,
Si revenion pe leu Grefouë
Gazha leu pinzhon, leu poule,
Gazha ma cazhia de shapon,
Pi neutra pourtau de caïon.
4
Commère, cela est-il bien vrai?
Cela m'en fait dresser les cheveux,
S'ils reviennent par les Greffets
Garent les pigeons, les poulets,
Garent ma cagée de chapons,
Puis notre portée de cochons.
5
L'autrou co, pe neutron Veria,
L'on tou mèzhia l'on tou pellia,
L'on saigna tui neutreu nerin,
Le quatrou shievre, lou bouquin,
Leu bouë, le vashe, leu shevau,
Leu poulain, tout y a pachau.
5
L'autre fois, par notre Viriat,
Ils ont tout mangé, tout pillé,
Ils ont saigné tous nos porcs,
Les quatre chèvres, le bouquin,
Les bœufs, les vaches, les chevaux,
Les poulains, tout y a passé.
6
Pi què y vinsizhon vé nou
E fuzhon-t-y moin que vé vou?
L'on prè meu chabou, meu choula,
Mon devèti, mon shemeza;
Che qu'à lou mé faushia Zhouzé,
E què l'on prè chon pelliezhé.
6
Puis, quand ils vinrent chez nous
En firent-ils moins que chez vous?
Ils ont pris mes sabots, mes souliers,
Mon tablier, mon corsage;
Ce qui a le plus fâché Joseph,
C'est quand ils ont pris son tablier de peau.
7
Coumézhe, te ne dezhé pau
Che que de vai te racontau:
D'ézha on cha, dè mon shèbron,
Apré remèdau meu shochon,
Què é yè vinsi yon vé ma
Dévena la raijon prequa?
7
Commère, tu ne diras pas
Ce que je vais te raconter:
J'étais un soir, dans ma petite chambre,
En train de raccommoder mes chaussons,
Quand il en vint un vers moi
Devine la raison pourquoi?
8
Coumézhe, ne t'alarma pau,
E m'èna bin mé arevau.
On cha, apré na dèpellia,
N'Autrichien m'a tè tourtellia,
Qu'a la fin du biau ma de mai
L'ènau apré, d'ava mon zé.
8
Commère ne t'alarme pas,
Il m'en est bien plus arrivé.
Un soir, après une «défeuillée»,
Un Autrichien m'a tant tortillé,
Qu'à la fin du beau mois de mai
L'année après, j'avais mon Joseph.
9
Pichqu'èye fai, cashin z'eu biè,
Che neutre fellie chavon cè,
Le vedron toute, è n'Itali,
Allau combattre l'ennemi,
Quemè nou jin fai dè lou tein
Avoué cé mémou z'Autrichien.
9
Puisque c'est fait, cachons y bien.
Si nos filles savaient cela,
Elles voudraient toutes, en Italie,
Aller combattre l'ennemi,
Comme nous avons fait dans le temps
Avec ces mêmes Autrichiens.
NOUCHES BRACHONDES
NOCES BRESSANES
_Air de «Jouzé Bouvar»_
1
Meu j'ami, pich'què faut shètau,
Du mariazhou, vai vou parlau;
De vou racontezhe quemè
Che font le nouche biè chouvè,
A Veria, pi è z'èvezhon
Què che marion reshou brachon.
1
Mes amis, puisqu'il faut chanter,
Du mariage, je vais vous parler;
Je vais vous raconter, comment
Se font les noces bien souvent,
A Viriat, et puis aux environs
Quand se marient riches bressans.
2
Quemè è sè treuve, leu-j-on,
Che mariant sè eu dezhe a nion,
De chela seurta de cayon,
Ne dezhe rè dè ma shéchon.
Pe ne parlau que dé vivè,
N'ébleyè nion è che mariè.
2
Comme il s'en trouve, les uns,
Se mariant sans le dire à personne,
De cette sorte de cochons,
N'en parlons pas dans notre chanson.
Je ne parlerai que des viveurs,
Qui n'oublient personne quand ils se marient.
3
Lou zhou d'acourdaille fixau,
On quemèche pe bien gueutau;
Pi, quemè on ne vedre pau
Che quetau sè tou arrétau,
Eye chouvè tea dè la né,
Què on s'é va, leu j'aqueu fé.
3
Le jour des accordailles fixé,
On commence par bien dîner;
Puis, comme l'on ne voudrait pas
Se quitter sans tout arrêter,
C'est souvent bien tard dans la nuit,
Lorsqu'on s'en va, les accords finis.
4
Dè la majon de la premia
Che pachezha sui lou contra;
A le froumaille assistezhon
Lau ple pré pazhè dè deu lion;
Leu repau touzhou bien servu
Montrezha qu'on a de-z-écu.
4
Dans la maison de la fiancée
Se fera sans doute le contrat;
Aux fiançailles assisteront
Les plus proches parents des deux côtés;
Le repas toujours bien servi
Montrera que l'on a des écus.
5
Pèdè lou tein qui chon fiècha,
Leu premi pachon brava via,
L'ufron de froumaille pretou,
Ne parlon que plazi, d'amou;
On leu regale de matafon
Dè toute le majon qui von.
5
Pendant le temps des fiançailles,
Les promis passent une belle vie,
Ils offrent des dragées partout,
Ne parlent que plaisirs, d'amour;
On les règale avec des matefins
Dans toutes les maisons où ils vont.
6
La dimèshe avè lou gré zhou,
Le pazhète dé j'alètou,
Apeurton de grè panarië
De beurou frais pite de juë;
Le quemèchon cho zhou lou trin,
Pe zh'anonche lou gré festin.
6
Le Dimanche avant le grand jour,
Les parentes des alentours,
Apportent de grands paniers
De beurre frais et puis des œufs;
Elles commencent ce jour le train,
Pour annoncer le grand festin.
7
Lou lèdemon, fau va lou fou
Chon lou fa femau tou lou zhou;
Lou cha venion coulatiounau,
Leu fameu pourtio de choupau
Qu'èdiablon zhia touta la né
Pèdè qu'on garna jo shapé.
7
Le lendemain, il faut voir le four
Si on le fait fumer tout le jour;
Le soir, viennent collationner,
Les fameux porteurs de souper
Qui endiablent toute la nuit
Pendant qu'on garnit leurs chapeaux.
8
Dozha, lou matin, leu gachon
Vè la felië, l'arrevezhon;
Toushezhon du lion du matin
E che dèche fè de teu tein.
L'onœu de baille on premi co
Rejarvau u gachon d'èpo.
8
De bonne heure, le matin, les garçons
Chez la fille, ils arriveront;
Frapperont du côté du matin
Il s'est toujours fait ainsi.
L'honneur de donner le premier coup
Est réservé au garçon d'honneur.
9
Vè la felië è leu j'attèdè,
De la nè, on ne dreme rè
Pe repondre à ces ébaudi;
Qu'on ferouille è vayè veni,
Dè la majon yazha biè sui
Le feurte lingue du pays.
9
Chez la fiancée, en les attendant,
De la nuit, ils ne dorment pas
Pour répondre à ces ébaudis;
On ferme la porte quand on les voit venir,
Dans la maison, il y a sûrement
Les meilleures langues du pays.
10
Què des deu lion ya che qu'é fau,
E fau leu z'ètèdre blagau,
Què bin defeu l'on bon bagou
Chavon trouvau mille détou,
E fau bin pe che fauzhe uvri
Reclamau che qu'on vin quezhi.
10
Quand des deux côtés, il y a ceux qu'il faut,
Il faut les entendre blaguer,
Quand bien dehors, ils ont bonne langue
Savent trouver mille détours,
Il faut bien pour se faire ouvrir
Réclamer ce qu'ils viennent chercher.
11
Leu vetia don dè la majon,
Mè on di: Meu peuvrou gachon,
Sè neutre felië què vou fau
Sheurshau le, nou n'èpashin pau,
Mè vou n'azha à dézhon-nau
Que què vou le j'azha trouvau.
11
Les voilà dans la maison,
Mais on leur dit: Mes pauvres garçons,
Si ce sont nos filles que vous voulez
Cherchez-les, nous n'empêchons pas,
Mais vous n'aurez à déjeuner
Que lorsque vous les aurez trouvées.
12
Vetia don neutreu bon cadet,
Sheurshè quemin de shin d'arret
Y vont betè lou nau pretou:
Dè leu poulali, dè le chou;
L'onœu de le menau din-nau
T'a cho que pourra le trouvau.
12
Voilà donc nos bons cadets,
Cherchant comme des chiens d'arrêt
Ils vont mettant le nez partout:
Dans les poulaillers, dans les tects à porcs;
L'honneur de les mener déjeuner
Est à celui qui pourra les trouver.
13
A din-nau, pourtio de choupau,
Avaion ch'que l'on appourtau.
Eya dè chela prouvision,
De vin, de tautra, de pounion
Pe zh'attrapau leu ple préchau,
Ya de seuje qu'on ne dit pau.
13
Au déjeuner, les porteurs de souper,
Montrent ce qu'ils ont apporté.
Il y a dans ces provisions,
Du vin, de la tarte, du pognon
Pour attraper les plus pressés,
Il y a des choses qu'on ne dit pas.
14
Lou fameu dézhon-non assui,
Vite on fa signe u ménetri
D'allau baille na segneulau
Pe l'atië, que da che mariau;
La sharzhe de betau l'ètrain,
U gachon d'èlion le revin.
14
Le fameux déjeuner fini,
Vite on fait signe au ménétrier
D'aller donner une signolée
Pour celle qui doit se marier;
La charge de mettre l'entrain,
Au garçon d'honneur revient.
15
Pi, què vin l'hozha de moudau,
On va prepazhau leu shevau;
D'autrou co, bra dessus, dechou,
E deu-j-a deu, qu'on va u bou;
Chau qu'afatië va lou premi,
Pi, après lui leu menétri.
15
Puis, quand vient l'heure de partir,
On va préparer les chevaux;
D'autre fois, c'est bras dessus dessous,
Et deux à deux, que l'on va jusqu'au bourg;
Celui qui balaye va le premier,
Puis, vient ensuite les menétriers.
16
A l'èlige on sui leu z'èpo,
A la chacristi quèque co;
Aprés cè, on s'en izha tui
A l'auberge che dévreti,
On fa bodaye lou vin shau
Pède qu'che prepazhe lou gueutau.
16
A l'église, on suit les époux,
A la sacristie, quelque fois;
Après cela, on s'en va tous
A l'auberge se divertir,
On fait fumer le vin chaud
Pendant que se prépare le dîner.
17
On arréte, quosi touzhou,
La noucha que s'è va du bou,
On courdè, barre lou shemin,
Pèdè qu'on leu z'ufre de vin.
Pichequé n'onœu d'ètre arrétau
Fau don chava s'exécutau.
17
On arrête, presque toujours,
La noce qui s'en va du bourg,
Un cordeau, barre le chemin,
Pendant qu'on leur offre du vin.
Puisque c'est un honneur d'être arrêté
Il faut savoir s'exécuter.
18
E n'arevè à la majon,
On leu j'acu leu grenaton;
A la mariau, on ufre de vin,
U mariau, d'èdië, à plin tepin;
On prè pe lou panau lou nau
Na panoucha biè maushezhau.
18
En arrivant à la maison,
On leur jette des petites graines;
A la mariée, on offre du vin,
Au marié de l'eau un plein pot;
On prend pour lui essuyer le nez
Un torchon bien machuré.
19
Pi, è n'ètrè dè la majon,
Pe tarra, éyazha on ron,
Che la mariau feule dessus
E mauvais signe à tui leu zu,
Che la choin de lou relevau
On flattezha tui lou mariau.
19
Puis, en entrant dans la maison,
Par terre il y a un balai.
Si la mariée marche dessus
C'est un mauvais signe à tous les yeux,
Si elle a le soin de le relever
On flattera tous le marié.
20
Ne parlin guézhou du gueutau,
On cha qu'èya greu de fricau,
Après leu zheunou dèchezhon,
Leu vios, bezhon u shètezhon,
D'autrou pet'étre courtijezhon,
Shotion peu rizhe à cha fachon.
20
Ne parlons guère du dîner,
On sait qu'il y a beaucoup à manger,
Après les jeunes danseront,
Les vieux, boiront ou chanteront,
D'autres peut-être courtiseront,
Chacun peut rire à sa façon.
21
P'le nouche du deri mariau,
Lou cha, on fazha sè mèquau,
A che n'honœu on foa de joa,
Qu'éye la mariau qu'èprèda,
On va tui latou, sè fa bon,
Dèche, chautau on rigoudon.
21
Pour les noces du dernier marié,
Le soir, on fera sans manquer,
A son honneur un feu de joie,
Ce sera la mariée qui l'allumera,
On va tous autour, s'il fait beau temps,
Danser, chanter un rigodon.
22
Lou cha, che le peu, la mariau,
S'en izha pe che repeujau.
On va, lou lèdemon matin,
La quezhi su on cha de fin,
Bien garni de planshe pretou,
Nion ne peu s'èguin-neo dechou.
22
Le soir, si elle peut, la mariée,
S'en ira pour se reposer.
On va, le lendemain matin,
La chercher sur un char de foin,
Bien garni de planches partout,
Personne ne peut se faufiler dessous.
23
On co que l'époujau dessus,
Qu'y on montau sè qu'on voulu,
Avoua na choa, de bataillon,
S'y appleyon, leu bon luzhon;
Pi ardi, è trava boachon,
On chaute tinqu'è bazhagnon.
23
Une fois que l'épousée est dessus,
Qu'y sont montés ceux qui ont voulu,
Avec une corde, des bataillons,
S'y attèlent les bons lurons;
Puis hardi à travers buissons,
On saute jusqu'aux baragnons.
24
Pi, què la sharau dè la cou,
Vite on n'èprè lou foa dechou,
Cè, pe prèveni l'èpoujau,
Que dè la via, è fau contau
D'ava petétre de z'énui
Lou lèdemon dé grè plézi.
24
Puis, quand le char est dans la cour,
Vite on éclaire le feu dessous,
Ça pour prévenir l'épousée,
Que dans la vie, il faut compter
D'avoir peut-être des ennuis
Le lendemain des grands plaisirs.
25
Cho zhou, leu grè j'amouijemè,
Quemè la vellie n'arréton rè;
Mè lou cha, la zheuna mariau,
Sè retournezha prepazhau
Chon paquet, pe lou sèmedi,
Que chon j'houmou izha quezhi.
25
Ce jour, les grands amusements,
Comme la veille n'arrêtent pas;
Mais le soir, la jeune mariée,
Se rentournera préparer
Son paquet, pour le samedi,
Que son mari ira chercher.
26
L'èpoujau, pe lou premi co,
Cho sèmedi, caushe vè l'èpo;
Lou lèdemon du grè matin,
On leu peurte la choup'è vin
Pe leu z'èpashië, d'vè lou quezhau,
A la mecha de fringalau.
26
La mariée, pour la première fois,
Ce samedi, couche avec son époux;
Le lendemain du grand matin,
On leur porte la soupe en vin
Pour leur empêcher, devant le curé,
A la messe de fringaler.
27
La dimèshe, é lou renouchon,
Qu'on fa pe cé dè z'èvezhon,
Qu'à le nouche étè invitau
N'avon pau tui pu y allau;
Sè s'y treuve quauque vio gachon,
Le sui d'èpourtau lou greton.
27
Le dimanche, du retour de la noce,
Que l'on fait pour ceux des environs,
Qu'aux noces ils étaient invités
Et n'avaient pu tous y aller;
S'il se trouve quelque vieux garçon,
Il est sûr d'emporter le croûton.
28
Vouë zhou apré, è l'arcanau,
Dè la famelië de la mariau,
Cheuco è sezha la vra fin
Dè j'amouijemè, du festin;
On quete leu zheunou mariau,
Leu choatè grè postézhitau.
28
Huit jours après, a lieu l'acarno[8],
Dans la famille de la mariée,
Cette fois, c'est la vraie fin
Des amusements, du festin;
On quitte les jeunes mariés,
Leur souhaitant grande postérité.
29
Ami, què de me marië-zhe,
A me nouche vou z'invitezhe;
Mè d'accourdaille è n'arcanau,
Sè da dezhau sè débredau
Pèdè quosi deu ma èti,
Attedi, mè vé rèflèchi!
29
Amis, quand je me marierai,
A mes noces, je vous inviterai;
Mais des accordailles à l'acarno,
Si ça doit durer sans discontinuer
Pendant presque deux mois entiers,
Attendez, je vais réfléchir!
[8] Dernier jour du festin.
LOU BANQUET DES VIOS GACHONS A VERIA
LE BANQUET DES VIEUX GARÇONS A VIRIAT
1
Dé la quemena de Veria,
Vouë zhou apré la sé t'Eggueta,
Leu vios gachons che chon paya
On gré geutau vé la zhaqueta,
Mé leu j'houmou mariau
Pe ne pau dérèzhie jo moinnazhou,
Mé leu j'houmou mariau
N'y devon pau betau le nau.
1
Dans la commune de Viriat,
Huit jours après la Ste Agathe,
Les vieux garçons se sont payés
Un grand dîner chez la Jacquette,
Mais les hommes mariés
Pour ne pas déranger leur ménage,
Mais les hommes mariés
N'y devaient pas mettre le nez.
2
Què vinsi la fin du gueutau,
Shaution beve à cha maniézhe:
Leu j'on, velivon de vin shau,
D'autrou, toushauvon su la biézhe,
Y che chon tè conliau
Qu'y fajon rizhe
Le quezenizhe,
Y che chon tè conliau
Qu'y n'è poujon pau mé bauliau.
2
Quand vint la fin du dîner,
Chacun buvait à sa manière:
Les uns, voulaient du vin chaud,
D'autres, touchaient sur la bière,
Ils se sont tant gonflés
Qu'ils en faisaient rire
Les cuisinières,
Ils se sont tant gonflés
Qu'ils n'en pouvaient plus bailler.
3
Pretè devè de che quetau
Apré ava pro fait ripaille,
Neutreu gailla ont décidau,
Pe zh'èvitau toutes batailles;
Que t'è qu'y treuvezhon
Fellie u fene
Le chon toute bene,
Que dèchon sè fachon
Jamais fena y ne prèdon.
3
Pourtant avant de se quitter
Après avoir fait ripaille,
Nos gaillards ont décidé,
Pour éviter toutes batailles;
Que tant qu'ils trouveront
Filles ou femmes
Elles sont toutes bonnes,
Qui dansent sans façon
Jamais femme ils ne prendront.
4
Fellie ne vou déjoulau pau
Qué bin sè vios galon vou grondon,
L'idèe, la fauta de mariau,
Leu prèda pre teu qu'y ne conton,
Lou cœu d'on vio gachon
Quemè de brauja
Que touzhou shauda
E faut lou revozhië
Pe lou fauzhe reboda-ye.
4
Filles ne vous désolez pas
Quand même ces vieux garçons vous grondent,
L'idée, la faute de marier,
Les prendra plutôt qu'ils ne comptent,
Le cœur d'un vieux garçon
Comme de la braise
Qui est toujours chaude
Il faut le remuer
Pour le faire reflamber.
PETE TRAVAS DE LA VIA
PETIT TRAVERS DE LA VIE
_Sur l'air de Monsieur et Madame Denis_
1
Meïon, te ne quere pau,
Quemè d'si troumètau;
Depi lou matin u cha,
De si dè lou foua (_bis_)
Depi lou matin u cha
Mon cœu brûle pre ta.
1
Marion, tu ne croirais pas,
Comment je suis tourmenté;
Depuis le matin au soir,
Je suis dans le feu (_bis_)
Depuis le matin au soir
Mon cœur brûle pour toi.
2
Bena què on a trou shau
Eye t'éja che refiau,
Eya d'èguië lou plein bi
Va don t'y fouti (_bis_)
Te veré que dèche on bin
Te fazha greu de bin.
2
Benoît, quand on a trop chaud
C'est facile de se refroidir,
Il y a de l'eau le plein bief
Va donc t'y jeter (_bis_)
Tu verras que comme ça un bain
Te fera grand bien.
3
Contre lou foua que me tin,
En'a n'éguië, ne bin,
Pe lou calmau, l'amourtau;
De crayou qué fau, (_bis_)
Pe lou calmau, l'amourtau,
E faudra nou mariau.
3
Contre le feu qui me tient,
Il n'y a ni eau, ni vin,
Pour le calmer l'éteindre;
Je crois qu'il faut, (_bis_)
Pour le calmer, l'éteindre,
Il faudrait nous marier.
4
Che ta shau, qu'à cè ne tin
Mary-in nou, de vu bin;
Petétre que ton grè foua
On co avoua ma (_bis_)
Petétre que ton grè foua,
Bena che calmezha.
4
Si ta chaleur, qu'à cela ne tient
Marions-nous, je veux bien;
Peut-être que ton grand feu
Une fois avec moi (_bis_)
Peut-être que ton grand feu,
Benoît se calmera.
5
Que nou chin don de benheu
D'étre tombau d'accœu,
Nou vin don d'asteu pouva
Chou lou mémou ta, (_bis_)
Nou vin don d'asteu pouva
Ne défauzhe qu'on lia.
5
Que nous sommes donc heureux
D'être tombés d'accord,
Nous allons donc bientôt pouvoir
Sous le même toit, (_bis_)
Nous allons donc bientôt pouvoir
Ne défaire qu'un lit.
6
Ne t'eu pau dreulou la via
A de moumè qu'èya?
N'amauva étè gachon
Rèque ma meïon, (_bis_)
Du zhou que de l'ai mariau
De m'è si dègoutau.
6
N'est-elle pas drôle la vie
A certains moments qu'il y a?
Je n'aimais étant garçon
Rien que ma Marion, (_bis_)
Du jour que je me suis marié
Je m'en suis dégoûté.
7
Bena, te n'au point de cœu,
Te quefond te n'hauneu,
Mais che te n'arréte pau
De tè couratau (_bis_)
Dé vai fauzhe attè que ta,
Advindra que pourra.
7
Benoît tu n'as point de cœur,
Tu perds ton honneur,
Mais si tu ne t'arrêtes pas
De tant courir (_bis_)
Je vais faire autant que toi,
Adviendra que pourra.
8
Va te vou cho vio shochon
Que me fa la leçon,
Le peut montau chon shevau
Ne m'è fou pau mau, (_bis_)
Pourvu que d'aiya touzhou
De qua fauzhe l'amou.
8
Voyez-vous ce vieux chausson
Qui me fait la leçon,
Elle peut monter son cheval
Je ne m'en fiche pas mal, (_bis_)
Pourvu que j'aie toujours
De quoi faire l'amour.
9
Pèdè que Bena moudau,
De vu me rattrapau,
Veni, zheunou libertin,
Nou j'in de bon vin (_bis_)
Veni, zheunou libertin,
Nou nou j'amouijezhin.
9
Pendant que Benoît partira,
Je veux me rattraper,
Venez, jeunes libertins,
Nous avons du bon vin (_bis_)
Venez, jeunes libertins,
Nous nous amuserons.
10
On dit qu'avouai on fazhon,
Epri des deux shavon,
L'ailou ne fa pau lon foua;
De crayou qu'é va (_bis_)
La preuva neutron betin
Fume quemè lou train.
10
On dit qu'avec une mèche,
Éclairée des deux côtés,
L'huile ne fait pas long feu;
Je crois que c'est vrai (_bis_)
La preuve notre bien
Disparaît comme le train.
11
Che neutron betin, monsu
S'é va, t'eu yau voulu,
Che te n'avè pau zhouya
Jamais de n'azha, (_bis_)
Che te n'ave pau zhouya
Jamais de n'azha dècha.
11
Si notre bien, Monsieur
S'en va, tu l'as voulu,
Si tu n'avais pas joué
Jamais je n'aurais, (_bis_)
Si tu n'avais pas joué
Jamais je n'aurais dansé.
12
Meïon, de neutreu malheu
E t'a ma tui leu teu,
Mé de meu z'égazhemè
De si repètè; (_bis_)
Mè de meu z'ègazhemè
De fazhe l'ètremè.
12
Marion de notre malheur
C'est à moi tous les torts,
Mais de mes égarements
Je suis repentant; (_bis_)
Mais de mes égarements
J'en ferai l'enterrement.
13
Che t'é repètè, Bena,
D'y si atè que ta,
Pichque nou nou chin trompau
N'è reparlin pau (_bis_)
Pichque nou nou chin trompau
E faut nous pardounau.
13
Si tu es repentant, Benoît,
Je le suis autant que toi,
Puisque nous nous sommes trompés
Nous n'en parlerons pas (_bis_)
Puisque nous nous sommes trompés
Il faut nous pardonner.
14
Pe repazhau leu méfait,
Lou mau que nou j'in fait,
Quemè nou z'è chin fauzhia
Shèzhin don de nia (_bis_)
Pre cè nou vin quemèche
A bien nou z'èbrache.
14
Pour réparer les méfaits,
Le mal que nous avons fait,
Comme nous étions fâchés
Changeons donc de vie (_bis_)
Pour ça nous allons commencer
Par bien nous embrasser.
LA ZHAUNA U MELIN
LA JEANNE AU MOULIN
1
Què la zhauna va u melin,
Le ne piate, pau chon schemin.
Le chetau su che n'ausnou,
Làdon, làdon, la brauva Sezon làdon
Le chetau su che n'aunou,
Su chon pet'aunazhon.
1
Quand la Jeanne va au moulin,
Elle ne piétine pas son chemin.
Elle est assise sur son âne,
Ladon, ladon la belle Suzon ladon
Elle est assise sur son âne,
Sur son petit ânon.
2
Què lou mon-ni la va veni,
De rizhe y ne peut che teni,
Te vetia don la zhauna,
Ladon, ladon, la brauva Sezon ladon,
Te vetia don la zhauna,
Su ton pete aunazhon.
2
Quand le meunier la voit venir,
De rire il ne peut se tenir,
Te voilà donc la Jeanne,
Ladon, ladon, la belle Suzon ladon,
Te voilà donc la Jeanne,
Sur ton petit ânon.
3
Zhauna, tè que maudra ton blau,
Que nou vin allau ègrenau,
T'attashezhé te n'aunou,
Ladon, ladon, la brauva Sezon ladon,
T'attashezhé te n'aunou
A l'ombra du boichon.
3
Jeanne, pendant que moudra ton blé,
Que nous allons aller engrener,
Tu attacheras ton âne,
Ladon, ladon, la brave Suzon ladon,
Tu attacheras ton âne
A l'ombre du buisson.
4
Pèdè que lou blau a moulu,
Lou leo a mèzhia lou bourru;
Que dezha t'y mon pezhe,
Ladon, ladon, la brauva Sezon ladon,
Que dezha t'y mon pézhe
De chon pete aunazhon.
4
Pendant que le blé a moulu,
Le loup a mangé le bourru;
Que dira-t-il, mon père,
Ladon, ladon la belle Suzon ladon,
Que dira-t-il mon père
De son petit ânon.
5
Da dix ecu dè mon bouchon;
T'è vetia neu, dè gardou yon,
Avoua cè t-azhè naunou
Ladon, ladon, la brauva Sezon ladon,
Avoua cè t'azhè n'aunou
Nautrou pete aunazhon.
5
J'ai dix écus dans mon bourson;
T'en voilà neuf, j'en garde un,
Avec ça tu auras un âne
Ladon, ladon, la belle Suzon ladon,
Avec ça tu auras un âne
Un autre petit ânon.
6
Mais què chon pézhe la vi veni,
De braizhe y ne pu che teni,
Cê ne pau neutre n'aunou
Ladon, ladon, la brauva Sezon ladon
Cè ne pau neutre n'aunou
Neutron pete aunazhon.
6
Mais quand son père la vit venir,
De braire il ne put se retenir,
Cela n'est pas notre âne
Ladon, ladon, la belle Suzon ladon,
Cela n'est pas notre âne
Notre petit ânon.
7
Pèzhe, è vetia lou mâ de ma,
Toute le béte shèzhon de pa,
L'aunau a fait de mémou
Ladon, ladon, lou pete aunazhon ladon
L'annou a fait de mémou
A l'ombra du boichon.
7
Père, voilà le mois de mai,
Toutes les bêtes changent de poil,
L'âne a fait de même
Ladon, ladon, le petit ânon, ladon
L'âne a fait de même
A l'ombre du buisson.
8
Fellie, què vou véte u melin
Segnau don mio veutron betin,
Gardau biè veutre n'aunou,
Ladon, ladon, petete guenon ladon,
Gardau biè veutre n'aunou,
Veutron pete aunazhon.
8
Filles, quand vous allez au moulin
Soignez donc, mieux votre butin,
Gardez bien votre âne,
Ladon, ladon, petite guenon ladon,
Gardez bien votre âne,
Votre petit ânon.
LEU CONCHCRITS
LES CONSCRITS
_Air de «Bon voyage M. Dumolet»_
1
Drapeau u vê tèbou musique ê téta,
Ardi conchcrits è faut nous dévreti;
E t'a vingt-ê qu'on fa lou mio la féta,
Amuijin-nous è lou tein des plaisis.
1
Drapeau au vent tambour musique en tête
Hardis conscrits il faut nous divertir;
C'est à vingt ans qu'on fait le mieux la fête,
Amusons-nous c'est le temps des plaisirs.
_Refrain_
En'avé vive leu conchcrits,
Nous vint moudo pe servi la patrie,
En'avè, vive leu conchcrits,
Conto su nous pe pazho l'ennemi.
_Refrain_
En avant, vive les conscrits.
Nous allons partir pour servir la patrie,
En avant, vive les conscrits,
Comptez sur nous pour parer à l'ennemi.
2
Apré ces zhou de plaisi, de bombance,
U réjimê, è faudra s'ébarquo;
Pishqué chazi d'allo servi la France,
Nous moudezhin conto-zy sê trêblo.
2
Après ces jours de plaisirs, de bombances
Au régiment, il faudra s'embarquer;
Puisqu'il s'agit d'aller servir la France,
Nous partirons contez-y sans trembler.
3
R'assurio-vous, bons pèzhes, bone mèzhe,
De la garra, nous chazhin rapourto
L'oneu d'ava défèdu la frontièzhe,
L'oneu d'ava défèdu lou drapeau.
3
Rassurez vous, bons pères, bonnes mères
De la guerre nous saurons rapporter
L'honneur d'avoir défendu la frontière,
L'honneur d'avoir défendu le drapeau.
4
Pe quê-t-a vou neutre jeunes suzelles,
Quê lou destin nous j'azha sépazheau
Pêcho à nous demeuzeo-nous fidèles,
Pe qu'u retou nou puichin nous mario.
4
Pour quant à vous jeune Suzelles,
Quand le destin nous aura séparés
Pensez à nous, demeurez-nous fidèles
Pour qu'au retour nous puissions nous marier.
LA MARION SU LOU POUMI
LA MARION SUR LE POMMIER
1
La Marion su lou Poumi,
Quelive de poumes,
Quelive de poumes decha,
Quelive de poumes dela
Quelive de poumes.
1
La Marion sur le Pommier,
Cueillait des pommes,
Cueillait des pommes deci,
Cueillait des pommes delà
Cueillait des pommes.
2
On boato vin-t-à pachau
Que la reluquauve,
Que la reluquauve decha,
Que la reluquauve delà,
Que la reluquauve.
2
Un boiteux vient à passer
Qui la reluquait,
Qui la reluquait deci,
Qui la reluquait delà,
Qui la reluquait.
3
Boato, te me guétië biè,
Me treuve te brauva.
Me treuve te brauva decha,
Me treuve te brauva delà,
Me treuve te brauva.
3
Boiteux tu me regardes bien,
Me trouves-tu belle.
Me trouves-tu belle deci,
Me trouves-tu belle delà,
Me trouves-tu belle.
4
Voa, de vedra te mariau,
Vu-t-ètre ma fena?
Vu-t-ètre ma fena decha,
Vu-t-ètre ma fena delà,
Vu-t-ètre ma fena?
4
Oui, je voudrais te marier,
Veux-tu être ma femme?
Veux-tu être ma femme deci,
Veux-tu être ma femme delà,
Veux-tu être ma femme?
5
Voa, me n'ami, de vu bin
Deveni ta fena,
Deveni ta fena decha,
Deveni ta fena delà,
Deveni ta fena.
5
Oui, mon ami, je veux bien
Devenir ta femme,
Devenir ta femme deci,
Devenir ta femme delà,
Devenir ta femme.
6
Le poume de la Meïon
Depi cho zhou fourzhon,
Depi cho zhou fourzhon decha,
Depi cho zhou fourzhon delà,
Depi cho zhou fourzhon.
6
Les pommes de la Marion
Depuis ce jour grandissent,
Depuis ce jour grandissent deci,
Depuis ce jour grandissent delà,
Depuis ce jour grandissent.
LA SÊ MARTIN
LA SAINT MARTIN
1
Vaules servaites, caras, berzizhes
La Sê Martin ye t'arrevau
Menin gré bri pe le sharrizhe
Neutron gazhou ye t'affanau.
Moudin quezhi on menétri
On menio de mezeta.
Magna faudra nous dévreti, } _bis_
Shaution neutra Jouseta. }
La la la la la la la etc.
1
Valets servantes, caras, bergères
La Saint Martin, est arrivée
Menons grand bruit par les charrières
Nos gages sont gagnés.
Partons quérir un ménétrier
Un joueur de musette.
Magnats faudra nous divertir, } _bis_
Chacun notre Josephte. }
2
Mè pe biè quemèche la féta,
Allin nou z'è va bien gueutau,
Què lou vin sharfezha la téta,
Le schombe pourron mio chautau;
Pite nou j'autrou payjon,
Què lou vin nou j'attije,
Eye-t-adon qu'on ne galon, } _bis_
E-t-adon que l'on courtije. }
2
Mais pour bien commencer la fête,
Allons-nous en bien dîner,
Quand le vin chauffera la tête,
Les jambes pourront mieux sauter;
Puis, nous autres payans,
Quand le vin nous excite,
C'est à ce moment qu'on est galant, } _bis_
C'est à ce moment que l'on courtise. }
3
E vetia lou bouchon qu'èplatië,
Eye tein de nou z'èn'allau,
Aprè na fazhe quemè latië,
On peut remoudau ch'affroumau,
A métre nou reteurnezhin
Affanau nautrou gazhou;
Boncha magna, à l'è que vin, } _bis_
Chon ne pau è moin-nazhou. }
3
Voilà la bourse qui diminue,
C'est temps de nous en aller,
Après une foire comme celle-ci,
On peut retourner s'affermer,
En condition nous retournerons
Gagner un autre gage;
Bonsoir magnat, à l'année prochaine } _bis_
Si nous ne sommes point en ménage. }
BLONDES OU BRUNES
1
Écoutez chansonnette
Chanson bien approuvée
D'une fillette
Et de son bien-aimé
D'un garçon boulanger
Qui s'est bien préparé
Pour aller voir sa brune
C'la m'y revient toujours
Qu'il m'en faut une. (_bis_)
2
Et puisqu'il m'en faut une
Cela n'en coûte rien,
Blonde-z-ou brune
La couleur n'y fait rien,
Quand elles ont des appâts
Cela ne vaut-il pas
La meilleure des fortunes?
Cela m'y revient toujours
Qu'il m'en faut une. (_bis_)
3
C'est donc à toi ma belle,
Que j'ai prêté serment
D'être fidèle,
Jusqu'au dernier moment.
Tu oublias pourtant
Ton plus fidèle amant:
Sois donc plus gentille,
Tu ne s'ras pas toujours
jeune et jolie. (_bis_)
4
Le temps de la jeunesse
Est un temps d'agrément,
Mais la vieillesse
A bien du changement.
Le printemps a ses fleurs,
L'été a ses chaleurs,
L'hiver a sa froidure,
Celà m'y revient toujours
Qu'il m'en faut une. (_bis_)
[Illustration: FIN]
TABLE DES MATIÈRES
PREMIÈRE PARTIE
Pages
Avant-propos 3
La Brache 5
La Liaudin-na ancienne 6
La Liaudin-na nouvelle 7
L'Ébauda 8
Ébauda nouvalla 10
La Vougua de Crau 11
Le fellië de Veria 12
La vougua de Veria 14
La Prayzhe du payjon 15
La grê velia 17
Leu gachon de Veria 18
La via des payjons 20
Lou batémou d'on gachon 21
Leu payjons vaillon bin leu monsu 23
La choup è vin 25
La bouillauda de Sè Nezi 27
Travas du mariazhou 28
Lou bouë de nouyé 30
Petite scène de la vie:
Vé lou Barbi 32
DEUXIÈME PARTIE
La guarra 39
La Sê Martin 40
Na bataillie de fellie 41
La via du mondou 43
Leu douje ma de l'ènau 45
La belle Marion 49
N'ametia dépondia 50
Ma tanta Perneta 51
Jouzé Bouva 52
Leu j'amouazho 54
Lau z'Autrichiens à Veria 55
Nouches brachondes 57
Lou banquet des vios gachons à Veria 61
Pete travas de la via 63
La zhauna u melin 65
Lou conshcrits 67
La Marion su lou poumi 68
La Sê Martin 68
* * * * *
Modifications dans le texte bressan.
Page 14: «reudez-vous» remplacé par «rendez-vous» (A neutron
rendez-vous).
Page 14: «Ou» remplacé par «On» (On saigne de poulë).
Page 16: «lo» remplacé par «leo» (Depi lou leo tin qu'à le greuche
guépe)
Page 18: «Ou» remplacé par «On» (On dit que cho de la Zhelizhe).
Page 29: «hien» remplacé par «bien» (On co mariau, che fouton bien
de vou).
Page 32: «qnemè» remplacé par «quemè» (quemè font touzhou cè que
velion).
Page 32: «qnelauta» remplacé par «quelauta» (la pocha de cha
quelauta).
Page 43: «cavalcs» remplacé par «cavales» (Quin-non quemè de
cavales).
Page 43: «qu{t}é» remplacé par «qu'é» (On cru qu'é yézhe lou
diablou).
Page 52: «quiuquelliezheta» remplacé par «quinquelliezheta» dans la
strophe 6.
Page 52: «felië» remplacé par «fellië» (De na fellië pi don gachon).
Page 55: «J» remplacé par «I» (I di, que rèque n'Autrichien).
Page 55: «Pcu» remplacé par «Peu» (Peu bin mèzhië tui leu matin).
Page 56: «Ou'a» remplacé par «Qu'a» (Qu'a la fin du biau ma de mai).
Page 68: «Sè» remplacé par «Sê» (La Sê Martin).
*** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK RECUEIL DE CHANSONS EN PATOIS ***
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