Anita: Souvenirs d'un contre-guérillas

By Honoré Beaugrand

The Project Gutenberg EBook of Anita, by Honoré Beaugrand (1848-1906)

This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
almost no restrictions whatsoever.  You may copy it, give it away or
re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
with this eBook or online at www.gutenberg.org


Title: Anita
       Souvenirs d'un contre-guérillas

Author: Honoré Beaugrand (1848-1906)

Release Date: December 13, 2007 [EBook #23848]

Language: French


*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK ANITA ***




Produced by Rénald Lévesque






                                 ANITA

                               SOUVENIRS
                         D'UN CONTRE-GUERILLAS

                                  PAR

                             H. BEAUGRAND




[Illustration 03.png]

                                  ANITA

                    SOUVENIRS D'UN CONTRE-GUERRILAS




                                    I

[Illustration.]

On se battait ferme et dru chez Dupin.

Surtout lorsqu'on avait l'honneur d'appartenir à la 2ème compagnie
montée de la "Contre-guérilla"; compagnie commandée, s'il vous plaît,
par un petit fils du maréchal Ney.

Fameux régiment que celui-là, je vous en donne ma parole, lecteurs!

Chez Dupin--comme nous disions alors--on buvait sec, on faisait ripaille
et on se battait en enragés; ce qui faisait que MM. les _Chinacos_, nous
avaient appliqué le gentil sobriquet de _Diablos colorados_--ce qui
voulait dire "Diables rouges,"--s'il vous plaît.--Ils avaient ma foi
raison de ne pas nous adorer, car nous leur rendions bien pareil
compliment, et avec intérêts encore.

C'était au premier jour de février 1866, si je me rappelle bien. Nous
étions de passage à Monterey venant de Matamoras et en route pour
rejoindre la division Douay qui était campée sous les murs de San Luis
de Potosi.

Notre escadron faisait escorte à un convoi de vivres. Comme les
muletiers mexicains ne sont jamais pressés et que le train n'avançait
pas vite, j'avais demandé et obtenu la permission de mon capitaine, de
pouvoir devancer le détachement d'un jour; et j'étais donc à Monterey
vingt-quatre heures avant mes camarades.

Puisque j'ai tant fait que de vous dire que je tenais à passer un jour à
Monterey, autant vaut finir ma confidence, et vous avouer que les yeux
noirs d'une senorita étaient pour beaucoup dans cette décision prise à
la hâte.

J'étais alors maréchal-de-logis-chef de mon escadron et je n'aurais
voulu pour rien au monde, manquer l'occasion de donner un coup de sabre
qui aurait pu me valoir la contre épaulette de sous-lieutenant, alors
l'objet de tous mes rêves.

J'arrivai donc au galop, en vue de la _Silla_, et un quart d'heure plus
tard, j'apprenais que l'objet de ma course au clocher était depuis
quelques jours à Salinas en visite chez une de ses parentes.

Jugez de mon désespoir!

Que faire?

Je tenais à voir mon Anita, et Salinas était à une distance de dix bonne
lieues de Monterey. Je n'avais que vingt-quatre heures d'avance, sur la
colonne, et il m'était tout à fait impossible de penser à faire 30
lieues en un jour sur mon cheval qui était déjà fatigué, et de pouvoir
reprendre ensuite la route avec mes compagnons d'armes.

J'étais furieux de ce contretemps, quand je me rappelai fort à propos
que j'avais une cinquantaine de dollars dans mes goussets. A Monterey,
un bon mustang s'achète et se vend pour deux onces d'or.

Je trouvai tout de suite un maquignon qui me fournit une monture
respectable pour vingt-cinq dollars et après avoir confié mon fidèle
_Pedro_--mon cheval--au soins du garçon d'écurie de l'hôtel San
Fernando, je me préparai à prendre la route de Salinas.

On me fit bien remarquer que les _Chinacos_ avaient été vus dans les
environs depuis quelques jours, mais quand on est militaire et amoureux,
on se moque de tout,--même des choses les plus sérieuses.

J'étais donc décidé à tout braver, fatigues et Juaristes, pour avoir
l'ineffable plaisir de contempler pendant quelques instants les yeux
noirs de ma _Novia_.

Je plaçai de nouvelles capsules sur mes revolvers américains et je pris
une double ronde de cartouches pour ma carabine _Spenser_.




                                   II


Quelques instants plus tard, je galopais sur la route poudreuse qui
longe la base des montagnes élevées qui entourent Monterey. Mon cheval
faisait merveille et j'étais enthousiasmé de la surprise que j'allais
causer à mon Anita qui me croyait encore à Victoria, à guerroyer contre
ce brigand de Canales.

Je répondais d'un air souriant aux _Buenos Dias_ hypocrites des
_rancheros_ que je rencontrais sur la route. Il était notoire que ces
coquins nous disaient bonjour du bout des lèvres, tandis que dans leurs
coeurs, ils nous vouaient à tous les diables. Mais j'étais de bonne
humeur et j'oubliais pour le moment que j'étais en pays ennemi.

Je fis ainsi, sans y penser, cinq ou six lieues. Le coeur me battait
d'aise, à la pensée de l'heureuse inspiration que j'avais eue de me
procurer une nouvelle monture qui me permettrait de passer sept ou huit
heures auprès de l'objet de mes affections; ce qui est une dose de
bonheur énorme pour un militaire en campagne, croyez m'en sur parole,
heureux lecteur qui n'êtes jamais sorti de la paisible catégorie des
péquins.

Je galopais donc content de moi-même et ne pensant nullement au danger,
quant j'arrivai au gué d'une petite rivière qu'il me fallait traverser
pour continuer ma route. Je lâchai la bride à mon cheval pour lui
permettre de s''abreuver à l'eau claire qui roulait sur un lit de
cailloux. Je me préparais à fumer une cigarette, quand le bruit des pas
de plusieurs chevaux me fit tourner la tête. Je vis cinq ou six
cavaliers qui se dirigeaient vers moi, mais qui, évidemment, jusque là,
ne m'avaient pas encore aperçu.

Leur tenue demi militaire me fut un devoir de m'assurer à qui j'avais
affaire, avant de les laisser s'avancer plus près, et je les interpellai
de la phrase habituelle:

--_Quien vive?_

--_Amigos!_ répondirent en choeur mes interlocuteurs qui s'avançaient
toujours, et qui me lancèrent en passant des bonjours équivoques. Je les
laissai s'avancer et traverser la rivière, mais je résolus de ne pas les
perdre de vue, pour éviter toute espèce de malentendu de la part de ces
messieurs que je soupçonnais fortement d'appartenir à quelque bande du
voisinage. Je les suivis donc à distance, bien décidé à ne pas leur
donner la chance de se cacher dans les broussailles et de me lancer une
balle à la manière proverbiale des brigands à qui nous faisions la
guerre.

Je crus m'apercevoir que l'un d'entre eux tournait de temps en temps la
tête, comme pour s'assurer que je les suivais toujours, mais j'en
arrivai bientôt à ne plus y porter attention et à croire, qu'après tout,
ces pauvres diables pouvaient bien n'être pas autres que de paisibles
fermiers du voisinage qui revenaient de Monterey. Je me relachai donc de
ma surveillance et je retombai peu à peu, dans la série d'idées couleur
de rose que m'avait inspirées l'espoir de me trouver bientôt auprès de
mon Anita.

Vous souriez probablement, lecteur, de mon infatuation amoureuse quand
je vous nomme ma passion; mais avant de vous raconter les aventures que
me valurent un attachement digne d'un meilleur sort, laissez-moi vous
dire qu'elle en valait la peine, ma mexicaine.

[Illustration 11.png]Voilà bientôt onze ans que je l'ai oubliée et
parole d'ex-_contre-guérilla_, quand j'y pense par hasard, je me
surprends à regretter la _plaza_ de Monterey et les charmantes
promenades que nous y faisions,_Anita et moi_ en écoutant la musique du
95ème. Je faisais retentir mes éperons et sonner mon grand sabre de
cavalier sur le pavé, et elle souriait sous sa mantille,--la
coquine--aux officiers d'état-major que me jalousaient ma bonne fortune.




                                  III


Mais revenons à la grande route de Salinas et aux cavaliers inconnus qui
galopaient devant moi.

J'avait donc fait taire mes soupçons et j'avais même oublié toute idée
de danger, quand j'arrivai, toujours su galop, à un endroit où la route
faisait un brusque détour. Mes Mexicains de tout-à-l'heure,
m'attendaient là le revolver au poing, et je fus accueille par un
brusque:

--_Alto ahi!_--Halte là!

[Illustration 13.png]

Mon cheval se cabra, et ma main droite fouillait encore les fontes de ma
selle quand j'entendis derrière moi, le sifflement bien connu du lasso.
Je sentis la corde se resserrer autour de mes épaules et un instant plus
tard je roulais dans la poussière. Un brigand de _Chinaco_ m'avait
_ficelé_ par derrière pendant que ses dignes compagnons me mettaient en
joue par devant.

Jolie position, pour un sous-officier qui avait l'honneur de servir sous
Dupin. Je me sentais attrapé comme le corbeau de la fable.

J'avais honte de moi-même.

En vrais Mexicains qui font leur métier avec un oeil aux affaires, mes
braves adversaires commencèrent par me dépouiller de tout ce que je
possédais qui pouvait avoir pour un sou de valeur et me donnèrent, par
ci, par là, quelques coups de pieds pour me faire sentir que j'étais à
leur merci. Les épithètes les plus injurieuses ne me manquèrent pas non
plus, pendant que l'on me liait solidement les bras de manière à me
mettre dans l'impossibilité de faire un seul mouvement pour me défendre.

Je souffris tout en silence, me réservant mentalement le droit de me
venger au centuple si jamais l'occasion s'en présentait.

On me plaça sur mon cheval et après m'avoir attaché les jambes à la
sangle afin qu'il ne me prit aucune envie d'essayer à m'échapper, nous
laissâmes la grand'route pour nous enfoncer dans les broussailles. Après
avoir voyagé pendant quelques heures nous arrivâmes à une mauvaise hutte
abandonnée, située sur les bords d'un ruisseau qui descendait des
montagnes environnantes pour se jeter probablement dans le _Rio
Salinas_.

Nous y passâmes la nuit et on me fit l'honneur de placer une sentinelle
pour veiller sur moi; précaution bien inutile en vue des liens dont
j'était littéralement couvert des pieds à la tête.

Avec une libéralité que je n'attendais pas d'eux, mes gardiens me
donnèrent ma part d'un souper excellent qu'ils préparèrent avec soin et
ils m'offrirent même un bon verre de _mescal_ que j'acceptai volontiers.

Aux questions que j'adressai sur ce que l'on prétendait faire de moi, on
répondit invariablement que je saurais le lendemain soir à quoi m'en
tenir à ce sujet.

J'attendais avec un impatience que vous comprenez, lecteur, l'heure qui
m'apprendrait le sort qui m'était destiné.

Je dormis tant bien que mal et nous reprîmes de bonne heure un sentier
qui conduisait à la grande route.

J'étais toujours ficelé jusqu'aux oreilles, et je faisais piteuse mine
entre les deux grands gaillards qui étaient chargés de ma garde.

Vers midi, nous avions atteint Lampassas; et ce n'est que lorsque
j'aperçus un bataillon de _Chinacos_, qui grouillait sur la place
publique, que je commençai à comprendre ce qu'on voulait de moi.

Je sentis que selon leur habitude, MM. les Juaristes allaient d'abord
essayer de me faire _causer_, en m'offrant probablement un grade
quelconque comme prix des informations que je pourrais leur donner, et
que si je m'y refusais absolument, on pourrait bien me passer _l'arme à
gauche_.

Cette manière d'agir avec leurs prisonniers était proverbiale chez les
mexicains, et je m'y attendais avec un calme assez mal emprunté à mon
dessein bien arrêté de paraître indifférent au danger de ma position.




                                  IV


Je réfléchissait encore aux vicissitudes de la vie de soldat, quand une
ordonnance vint m'annoncer que l'on m'attendait chez le général Trevino
dont la brigade se trouvait de passage à Lampassas.

Je connaissais Trevino de réputation, comme l'un des rares gentilshommes
qui aient accepté du service sous Juarez, et je remerciai mentalement
mon étoile de cette sorte de bonne fortune dans mon malheur.

Après avoir coupé mes liens pour me permettre de marcher, on me
conduisit dans une grande salle, au rez-de-chaussée du palais municipal,
où l'on me fit attendre le bon plaisir de son excellence, le général
commandant supérieur.

Si l'exactitude est la politesse des rois, il nous a toujours paru
évident que les rois de Mexique devaient être d'une impolitesse criante,
s'il nous est permis d'en juger par la conduite des fonctionnaires de la
république actuelle.

On me fit attendre deux longues heures sans boire ni manger, ce qui me
parut d'un mauvais augure pour la bonne humeur du général.

Quand la vie d'hun homme est en jeu, il devient superstitieux en diable,
et les événements les moins importants sont à ses yeux des pronostics
sérieux.

On me transmit enfin l'ordre d'entrer et je me trouvai, en quelques
instants, en présence de celui qui allait décider, si, selon la coutume,
je devais aller avant longtemps me balancer au bout d'un lasso, suspendu
aux branches de l'arbre le plus voisin.

J'entrai d'un pas ferme et en prenant un air assuré qui s'accordait
assez mal avec les idées noires qui se croisaient dans mon cerveau.

Plusieurs officiers étaient assis autour d'une table couverte de cartes
et de dépêches. Le général, en petite tenue, arpentait la salle de long
en large et semblait absorbé dans ses pensées. Au bruit que firent mes
gardes en entrant, il leva la tête et il me fit de la main, signe
d'avancer près de lui.

--Mes hommes m'apprennent, dit-il qu'il vous ont arrêté sur la route de
Monterey à Salinas; et il me parait pour le moins curieux, que vous ayez
eu l'audace de vus aventurer sur un territoire complètement au pouvoir
de nos troupes depuis plusieurs mois. Ceux qui nous ont fait prisonniers
vous accusent d'espionnage, et m'est avis qu'ils ont raison.
Qu'avez-vous à dire pour vous défendre?

--Ren général. Il est permis à vos gens de m'accuser d'espionnage quand
vous savez que je ne puis apporter aucune preuve pour me défendre. Je
connais les lois de la guerre pour les avoir plusieurs fois exécutées
moi-même sur l'ordre de mes supérieurs. Je ne suis pas un espion, mais
il m'est probablement impossible de vous le prouver. Les raisons qui
m'ont porté à entreprendre le voyage de Salinas sont d'une nature tout à
fait pacifique; je vous en donne ma parole de soldat.

Le général fixa sur mois un oeil scrutateur, mais je supportai son
regard avec une assurance qui me parut produire un bon effet.

--Et ces raisons, quelles sont-elles?

Je baissai la tête en souriant et je racontai au général étonné, mon
amour pour Anita et ma résolution de lui dire bonjour en passant à
Monterey. Je lui fis part de ma résolution de me rendre à Salinas,
malgré les avis que j'avais reçus de la présence des Juaristes en cet
endroit et de mon arrestation subséquente par ses hommes.

Il continua sa promenade pendant quelques minutes, en paraissant
réfléchir probablement à la plausibilité de mon histoire. Se tournant
vers moi tout à coup:

--Vous me paraissez un bon diable et je crois que vous dites la vérité.
Mais si nous n'étiez un des hommes de Dupin, j'ajouterais à peine foi à
vos paroles. Votre régiment se bat comme une brigade et les bons soldats
sont amoureux en diable: les Français surtout. Que diriez-vous si je
vous offrais les épaulettes de capitaine dans un de mes régiments de
_Lanceros_?

--Je dirais, Général, que vous voulez probablement vous moquer de moi;
ce qui serait à peine généreux de votre part.

--Rien de plus sérieux. Dites un mot et vos armes vous seront rendues
avec votre liberté. De plus comme je vous l'ai déjà dit, une compagnie
de braves soldats de la République Mexicaine sera placée sous vos
ordres.

--Général Trevino, répondis-je en me redressant et en le regardant en
face, si quelque malheureux, oubliant son devoir et son honneur de
soldat loyal, a pu sans mourir de honte prêter son épée à une aussi
basse transaction, apprenez que je ne suis pas un de ces hommes là.
Plutôt mille fois mourir simple soldat, fidèle à mon devoir d'honnête
homme, que de vivre avec un grade que j'aurais acheté au prix d'une
trahison déshonorante.

--Est-ce là votre dernier mot?

--Oui, Général.

--Et vous avez bien réfléchi?

--J'ai bien réfléchi.

Le général parut absorbé dans ses pensées pendant quelques instants,
puis se tournant vers l'un de ses aides de camp:

Capitaine Carillos, vous verrez à ce que le prisonnier soit conduit sous
bonne escorte au camp de Santa Rosa, pour y être interné jusqu'à nouvel
ordre; et faisant signe de la main aux gardes qui m'avaient introduit,
je fus reconduit au corps de garde en attendant mon départ qui ne devait
pas longtemps tarder.




                                   V


Pour le moment j'avais la vie sauve; mais s'il me fallait croire les
récits de ceux de nos soldats qui avaient eu l'expérience de quelques
mois de captivité chez les Mexicains, je n'avais guère à m'en féliciter.

Les Mexicains à de rares exceptions près, traitaient leurs prisonniers
un peu à la manière des Indiens des plaines de l'Ouest.

Chez eux, c'était l'esclavage, accompagné de tous les mauvais
traitements que suggérait à ces soldats demi-brigands leur nature
sauvage et vindicative.

Il me restait cependant une dernière chance: l'évasion.

Coûte que coûte, j'étais bien décidé à tout risquer pour regagner ma
liberté. Aussi, commençai-je à l'instant même, à former des plans plus
ou moins praticables pour m'échapper des mains des _Chinacos_.

Le lendemain, de grand matin, flanqué de deux cavaliers et ficelé de
nouveau des pieds à la tête, je prenais la route de Santa Rosa.

Comme nous étions en pays ami pour les Juaristes, mes grades me
laissèrent une certaine latitude, e n'eussent été les liens qui me
gênaient terriblement, je n'aurais pas eu trop à me plaindre de ces
messieurs. Trente-six heures de route devaient nous conduire au camp, et
en attendant, je me creusais la tête pour trouver le moyen de tromper
mes Mexicains.

Si j'avais eu de l'or, j'aurais pu les acheter corps et âmes, car il est
proverbial que les descendants de Cortez--comme leurs ancêtres--ne
savent pas résister aux appas d'une somme un peu respectable; mais je
n'avais pas un sou. On m'avait tout enlevé.

Nous campâmes, le premier soir, aux environs de Monclava et je passai la
nuit à méditer des plans d'évasion, tous, les uns plus impossibles que
les autres.

Nous nous mimes en route de bonne heure, dans l'espérance--pour mes
grades, bien entendu--de pouvoir atteindre le soir même, le but de leur
voyage.

Je commençais à croire, qu'après tout, il me faudrait attendre une
occasion plus favorable et je me résignai à subir mon sort tant bien que
mal.

Vers trois heures de l'après-midi, nous nous arrêtâmes à la _Hacienda de
los Hermanos_ pour reposer nos chevaux et prendre nous-même un dîner
dont nous avions grand besoin.

Là, j'appris d'un _péon_--domestique--que les Français avaient été vus
la veille sur la route de _Paso del Aguila_ et un rayon d'espérance vint
relever mon esprit abattu.

Mes gardes se hâtèrent de prendre un mauvais repas composé de
_tortillas_ et de _frijoles_ dont ils m'offrirent une part assez
libérale que j'acceptai avec plaisir.

Ils avaient appris, comme moi que les Français rôdaient dans les
environs et ils tenaient probablement à atteindre Santa Rosa, le soir
même, afin de se trouver à l'abri des attaques des éclaireurs impériaux
qui battaient la campagne.

Ils ignoraient que je fusse au courant de la cause de ce départ
précipité, mais comme je l'ai dit plus haut, j'en avais été informé
aussitôt qu'eux.

J'espérais donc ardemment ce qu'ils paraissaient redouter:--la rencontre
de quelque détachement de troupes française qui aurait bien pu
intervertir les rôles et les faire prisonniers tout en me rendant la
liberté.




                                  VI


Nous nous mîmes en route en grande hâte et je crus m'apercevoir, cette
fois, que j'étais devenu l'objet d'une surveillance beaucoup plus
sévère. On avait resserré mes liens avec une sollicitude qui ne me
présageait rien de bon; et il était è craindre qu'en cas d'une attaque
soudaine je fusse le premier à recevoir les balles amies des Français.

Nous galopions depuis une heure et nous n'avions encore rien aperçu qui
put donner raison aux craintes de mon escorte.

Malgré tout, j'espérais toujours et mon attente ne fut pas de longue
durée.

Un bruit lointain de voix animées parvint à mes oreilles et mes gardes
firent une halte spontanée. Ils se consultèrent à voix basse et l'un
d'eux se tournant vers moi:

--Je vous avertis, dit-il, qu'au premier mouvement suspect de votre part
je vous brûle la cervelle.

Mouvement suspect! J'aurais bien voulu pouvoir en faire de ces
mouvements là, entortillé comme je l'étais par un lasso en cuir qui me
coupait dans les chairs.

J'aurais pu crier; mais mes diables de _Chinacos_ ne m'en laissèrent pas
la chance. On me bâillonna précipitamment, en m'étouffant sus les plis
d'un mauvais foulard qu'on avait oublié de me confisquer, lors de ma
capture sur la route de Salinas.

Je m'aperçus que mes deux Juaristes auraient voulu se voir à cent pieds
sous terre, quoiqu'ils ne fussent pas encore certains de la nature des
bruits qui nous arrivaient de plus en plus distincts.

Pour moi, je n'avais qu'à faire le mort--et me résigner; impatiemment si
vous le voulez, mais c'est à peu près tout ce que je pouvais faire dans
des circonstances aussi peu rassurantes. En attendant mes Mexicains
demeuraient indécis et ne savaient évidemment quel parti prendre.

Ils ne furent pas longtemps dans l'attente.

Un éclat de rire prolongé, accompagné d'un juron formidable venaient de
nous apprendre à qui nous avions affaire.

Les Français s'approchaient en nombre.

Un brusque détour de la route, seul les empêchaient de nous apercevoir.

Mes Mexicains ne furent pas lents à tourner bride et enfonçant leurs
éperons dans les flancs de leurs montures, en même temps qu'ils
excitaient mon cheval de quelques coups de plats de sabre, nous nous
élançâmes à fond de train,--bien malgré moi--sur la route que nous
venions de parcourir.

Attaché comme je l'étais, sur mon cheval qui bondissait en essayant de
me désarçonner en ne sentant pas la main d'un cavalier pour le conduire,
je fus pris d'un vertige que me fit bientôt perdre connaissance.

J'entendis vaguement quelques coups de feu; j'entrevis comme dans un
rêve l'uniforme bleu-ciel des Chasseurs d'Afrique qui se pressaient
autour de moi et ce fut tout.




                                 VII


Quand je revins à moi, j'étais couché au pied d'un arbre et un
_tringlot_ me présentait une potion que je bus avec avidité.

Après avoir apaisé la soif ardente que me dévorait, mon premier soin fut
de me tâter pour voir si j'était bien _tout_ là. Rien n'y manquait; j'en
étais quitte pour une légère blessure à la main droite. J'avais la
jointure de l'annulaire emportée par une balle française, sans soute,
durant la course échevelée que m'avaient fait prendre mes _amis_ les
_Chinacos_. Je regardai autour de moi et je vis, non sans quelque
satisfaction, que mes gardiens du matin étaient mes prisonniers du soir.
Mes deux Juaristes étaient solidement liés aux roues d'une voiture du
train qui accompagnait l'escadron de Chasseurs d'Afrique à qui je devais
la liberté.

J'en étais là de mes réflexions quand un brigadier s'avança vers moi en
me demandant de mes nouvelles.

Je reconnus en lui un camarade de garnison de Tampico, et il me raconta
en quelques mots que son détachement était en route de Carmago à Piedras
Negras, d'où il devait aller rejoindre l'expédition qui se préparait à
envahir les Etats de Durango et de Chihuahua.

Je remerciai ma bonne étoile d'être tombé en aussi bonnes mains.

Huit jours plus tard, le bras droit en écharpe, et ne me sentant
nullement l'envie d'aller voir Anita, en passant par Monterey, je
prenais la route de Matamoras par la diligence de Laredo.

Je trouvai là, la première compagnie d'infanterie de la Contre-guerilla,
qui avait rossé d'importance, quelques jours auparavant, un bataillon de
la brigade de Cortinas.

Je me présentai au capitaine commandant que je connaissais déjà, et qui
me félicita de la bonne tournure qu'avait prise mon escapade d'amoureux.

Je rejoignis mon escadron qui partait pour les côtes Pacifiques et je ne
revis jamais Anita, qui, probablement elle aussi, a oublié depuis
longtemps nos promenades sur la plaza de Monterey.




                                 VIII


C'était en 1869.

Ma carrière militaire avait été brusquement terminée par l'exécution du
10 juin 1867.

Après avoir visité la France avec la plupart de mes compagnons d'armes
et être demeuré quelques mois à la Nouvelle Orléans, j'avais repris le
chemin du Mexique.

J'étais employé comme comptable interprète, au chemin de fer: Vera Cruz
et Mexico. Cette ligne commencée depuis nombre d'années était enfin
terminée sur toute sa longueur de Vera Cruz à la capitale, et pour
célébrer cet événement, il y avait grand banquet au palais municipal de
Puebla. Le président de la République Mexicaine y assistait accompagné
d'un nombreux état-major. Les gouverneurs des différents Etats avaient
aussi répondu à l'invitation des capitalistes anglais qui avaient
conduit à bonne fin, malgré les difficultés sans nombre qu'avait
engendrées la guerre civile, l'entreprise de relier Mexico au littoral
du golfe par une voie ferrée.

J'assistais à la fête comme employé, et la vue de tous ces généraux de
l'armée Juarez me rappelait de bien tristes souvenirs.

Par hasard, pendant le grand bal de gala qui eut lieu pour clore les
réjouissances du jour, je me trouvai placé auprès du gouverneur de
l'Etat de Nuevo Leon: le général Geronimo Trevino.

Je me rappelais la figure de celui-là: c'était mon homme de Lampassas
qui avait jugé à propos de m'expédier à Santa Rosa où je n'arrivai
jamais, au lieu de me faire danser au bout de la branche d'un arbre,
comme c'en était l'habitude, en ces temps-là.

Je lui devais de la reconnaissance et j'entamai la conversation.

Après les compliments d'usage en pareille occasion, je lui demandai s'il
se rappelait, par hasard, les circonstances de notre première entrevue à
Lampassas, en 1866.

Il se remettait ma figure et me demanda de vouloir bien lui rafraîchir
la mémoire par un récit circonstancié des événements qui avaient marqué
notre première rencontre.

Je luis redis mon histoire et il me félicita d'avoir pu, en des temps
aussi difficiles m'en être retiré avec la vie sauve.

Nous causâmes longuement et il m'avoua que j'avais eu une chance toute
particulière de ne pas l'avoir rencontré quinze jours plus tard.

Je lui en demandai la raison.

--Ma brigade quitta Lampassas, le lendemain de votre départ pour Santa
Rosa, me répondit-il. Nous nous rendions à Durango dans le dessein
d'attaquer le colonel Jeannin-Gros qui s'y trouvait en garnison avec un
bataillon de la Légion Etrangère. Nous attaquâmes avec des forces
supérieures, cinq contre un et force fut au brave colonel d'évacuer la
ville et de se retirer devant nos troupes. Nous avions raison de croire
que nous resterions en possession du pays, au moins pour quelques jours,
comme les troupes françaises se trouvaient alors en grande partie
occupées à Guadalajara. Nous avions compté sans Dupin qui rôdait dans
ces parages. Deux jours après notre entrée, Jeannin-Gros que nous
croyions en pleine déroute revint à la charge et nous attaqua assez
vivement pour me décider à détacher deux régiments de ma brigade, pour
le combattre en rase campagne. Ce diable de Dupin s'était concerté avec
lui, et nos soldats avaient à peine franchi les fortifications et engagé
le feu contre la Légion Etrangère, que deux escadrons de Cavaliers et
une batterie de campagne des Contre-guerillas, cachés dans le champaral,
se ruèrent sur notre arrière-garde. Je commandais en personne, mais mes
hommes crurent, aux cris poussés par les "diablos colorados" que nous
avions affaire à des forces supérieures. Une panique s'ensuivit et nous
rentrâmes pêle-mêle dans Durango après avoir perdu 500 hommes tués,
blessés et faits prisonniers. Le soir même, à la faveur de l'obscurité,
nous fûmes forcés à notre tour, de nous retirer devant les forces
combinées de Jeannin-Gros et de Dupin. Jugez de mon humeur. C'est ce qui
me fait vous dire que si j'avais eu alors, entre mes mains, un homme
appartenant à la contre-guerilla, je lui aurais, tout probablement, fait
passer un mauvais quart-d'heure.

--En effet, répondis-je, je tiens du colonel Dupin lui-même les détails
de cette affaire. Mais que voulez-vous, général, malgré tous nos succès
d'alors, les circonstances nous ont forcés d'abandonner l'espoir
d'établir un empire sur le sol du Mexique. Espérons ensemble, que
l'avenir réserve à votre pays natal une ère de paix et de prospérité.

Le général me serra la main et me remercia de mes bons souhaits pour la
République Mexicaine.

La foule nous sépara bientôt et je ne l'ai jamais revu depuis, quoique
j'aie appris qu'il s'était rallié au gouvernement de Porfirio Diaz,
après avoir eu lui-même des velléités de candidature au fauteuil de
président de la République.

[Illustration signature.png]






End of the Project Gutenberg EBook of Anita, by Honoré Beaugrand (1848-1906)

*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK ANITA ***

***** This file should be named 23848-8.txt or 23848-8.zip *****
This and all associated files of various formats will be found in:
        http://www.gutenberg.org/2/3/8/4/23848/

Produced by Rénald Lévesque

Updated editions will replace the previous one--the old editions
will be renamed.

Creating the works from public domain print editions means that no
one owns a United States copyright in these works, so the Foundation
(and you!) can copy and distribute it in the United States without
permission and without paying copyright royalties.  Special rules,
set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to
copying and distributing Project Gutenberg-tm electronic works to
protect the PROJECT GUTENBERG-tm concept and trademark.  Project
Gutenberg is a registered trademark, and may not be used if you
charge for the eBooks, unless you receive specific permission.  If you
do not charge anything for copies of this eBook, complying with the
rules is very easy.  You may use this eBook for nearly any purpose
such as creation of derivative works, reports, performances and
research.  They may be modified and printed and given away--you may do
practically ANYTHING with public domain eBooks.  Redistribution is
subject to the trademark license, especially commercial
redistribution.



*** START: FULL LICENSE ***

THE FULL PROJECT GUTENBERG LICENSE
PLEASE READ THIS BEFORE YOU DISTRIBUTE OR USE THIS WORK

To protect the Project Gutenberg-tm mission of promoting the free
distribution of electronic works, by using or distributing this work
(or any other work associated in any way with the phrase "Project
Gutenberg"), you agree to comply with all the terms of the Full Project
Gutenberg-tm License (available with this file or online at
http://gutenberg.org/license).


Section 1.  General Terms of Use and Redistributing Project Gutenberg-tm
electronic works

1.A.  By reading or using any part of this Project Gutenberg-tm
electronic work, you indicate that you have read, understand, agree to
and accept all the terms of this license and intellectual property
(trademark/copyright) agreement.  If you do not agree to abide by all
the terms of this agreement, you must cease using and return or destroy
all copies of Project Gutenberg-tm electronic works in your possession.
If you paid a fee for obtaining a copy of or access to a Project
Gutenberg-tm electronic work and you do not agree to be bound by the
terms of this agreement, you may obtain a refund from the person or
entity to whom you paid the fee as set forth in paragraph 1.E.8.

1.B.  "Project Gutenberg" is a registered trademark.  It may only be
used on or associated in any way with an electronic work by people who
agree to be bound by the terms of this agreement.  There are a few
things that you can do with most Project Gutenberg-tm electronic works
even without complying with the full terms of this agreement.  See
paragraph 1.C below.  There are a lot of things you can do with Project
Gutenberg-tm electronic works if you follow the terms of this agreement
and help preserve free future access to Project Gutenberg-tm electronic
works.  See paragraph 1.E below.

1.C.  The Project Gutenberg Literary Archive Foundation ("the Foundation"
or PGLAF), owns a compilation copyright in the collection of Project
Gutenberg-tm electronic works.  Nearly all the individual works in the
collection are in the public domain in the United States.  If an
individual work is in the public domain in the United States and you are
located in the United States, we do not claim a right to prevent you from
copying, distributing, performing, displaying or creating derivative
works based on the work as long as all references to Project Gutenberg
are removed.  Of course, we hope that you will support the Project
Gutenberg-tm mission of promoting free access to electronic works by
freely sharing Project Gutenberg-tm works in compliance with the terms of
this agreement for keeping the Project Gutenberg-tm name associated with
the work.  You can easily comply with the terms of this agreement by
keeping this work in the same format with its attached full Project
Gutenberg-tm License when you share it without charge with others.

1.D.  The copyright laws of the place where you are located also govern
what you can do with this work.  Copyright laws in most countries are in
a constant state of change.  If you are outside the United States, check
the laws of your country in addition to the terms of this agreement
before downloading, copying, displaying, performing, distributing or
creating derivative works based on this work or any other Project
Gutenberg-tm work.  The Foundation makes no representations concerning
the copyright status of any work in any country outside the United
States.

1.E.  Unless you have removed all references to Project Gutenberg:

1.E.1.  The following sentence, with active links to, or other immediate
access to, the full Project Gutenberg-tm License must appear prominently
whenever any copy of a Project Gutenberg-tm work (any work on which the
phrase "Project Gutenberg" appears, or with which the phrase "Project
Gutenberg" is associated) is accessed, displayed, performed, viewed,
copied or distributed:

This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
almost no restrictions whatsoever.  You may copy it, give it away or
re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
with this eBook or online at www.gutenberg.org

1.E.2.  If an individual Project Gutenberg-tm electronic work is derived
from the public domain (does not contain a notice indicating that it is
posted with permission of the copyright holder), the work can be copied
and distributed to anyone in the United States without paying any fees
or charges.  If you are redistributing or providing access to a work
with the phrase "Project Gutenberg" associated with or appearing on the
work, you must comply either with the requirements of paragraphs 1.E.1
through 1.E.7 or obtain permission for the use of the work and the
Project Gutenberg-tm trademark as set forth in paragraphs 1.E.8 or
1.E.9.

1.E.3.  If an individual Project Gutenberg-tm electronic work is posted
with the permission of the copyright holder, your use and distribution
must comply with both paragraphs 1.E.1 through 1.E.7 and any additional
terms imposed by the copyright holder.  Additional terms will be linked
to the Project Gutenberg-tm License for all works posted with the
permission of the copyright holder found at the beginning of this work.

1.E.4.  Do not unlink or detach or remove the full Project Gutenberg-tm
License terms from this work, or any files containing a part of this
work or any other work associated with Project Gutenberg-tm.

1.E.5.  Do not copy, display, perform, distribute or redistribute this
electronic work, or any part of this electronic work, without
prominently displaying the sentence set forth in paragraph 1.E.1 with
active links or immediate access to the full terms of the Project
Gutenberg-tm License.

1.E.6.  You may convert to and distribute this work in any binary,
compressed, marked up, nonproprietary or proprietary form, including any
word processing or hypertext form.  However, if you provide access to or
distribute copies of a Project Gutenberg-tm work in a format other than
"Plain Vanilla ASCII" or other format used in the official version
posted on the official Project Gutenberg-tm web site (www.gutenberg.org),
you must, at no additional cost, fee or expense to the user, provide a
copy, a means of exporting a copy, or a means of obtaining a copy upon
request, of the work in its original "Plain Vanilla ASCII" or other
form.  Any alternate format must include the full Project Gutenberg-tm
License as specified in paragraph 1.E.1.

1.E.7.  Do not charge a fee for access to, viewing, displaying,
performing, copying or distributing any Project Gutenberg-tm works
unless you comply with paragraph 1.E.8 or 1.E.9.

1.E.8.  You may charge a reasonable fee for copies of or providing
access to or distributing Project Gutenberg-tm electronic works provided
that

- You pay a royalty fee of 20% of the gross profits you derive from
     the use of Project Gutenberg-tm works calculated using the method
     you already use to calculate your applicable taxes.  The fee is
     owed to the owner of the Project Gutenberg-tm trademark, but he
     has agreed to donate royalties under this paragraph to the
     Project Gutenberg Literary Archive Foundation.  Royalty payments
     must be paid within 60 days following each date on which you
     prepare (or are legally required to prepare) your periodic tax
     returns.  Royalty payments should be clearly marked as such and
     sent to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation at the
     address specified in Section 4, "Information about donations to
     the Project Gutenberg Literary Archive Foundation."

- You provide a full refund of any money paid by a user who notifies
     you in writing (or by e-mail) within 30 days of receipt that s/he
     does not agree to the terms of the full Project Gutenberg-tm
     License.  You must require such a user to return or
     destroy all copies of the works possessed in a physical medium
     and discontinue all use of and all access to other copies of
     Project Gutenberg-tm works.

- You provide, in accordance with paragraph 1.F.3, a full refund of any
     money paid for a work or a replacement copy, if a defect in the
     electronic work is discovered and reported to you within 90 days
     of receipt of the work.

- You comply with all other terms of this agreement for free
     distribution of Project Gutenberg-tm works.

1.E.9.  If you wish to charge a fee or distribute a Project Gutenberg-tm
electronic work or group of works on different terms than are set
forth in this agreement, you must obtain permission in writing from
both the Project Gutenberg Literary Archive Foundation and Michael
Hart, the owner of the Project Gutenberg-tm trademark.  Contact the
Foundation as set forth in Section 3 below.

1.F.

1.F.1.  Project Gutenberg volunteers and employees expend considerable
effort to identify, do copyright research on, transcribe and proofread
public domain works in creating the Project Gutenberg-tm
collection.  Despite these efforts, Project Gutenberg-tm electronic
works, and the medium on which they may be stored, may contain
"Defects," such as, but not limited to, incomplete, inaccurate or
corrupt data, transcription errors, a copyright or other intellectual
property infringement, a defective or damaged disk or other medium, a
computer virus, or computer codes that damage or cannot be read by
your equipment.

1.F.2.  LIMITED WARRANTY, DISCLAIMER OF DAMAGES - Except for the "Right
of Replacement or Refund" described in paragraph 1.F.3, the Project
Gutenberg Literary Archive Foundation, the owner of the Project
Gutenberg-tm trademark, and any other party distributing a Project
Gutenberg-tm electronic work under this agreement, disclaim all
liability to you for damages, costs and expenses, including legal
fees.  YOU AGREE THAT YOU HAVE NO REMEDIES FOR NEGLIGENCE, STRICT
LIABILITY, BREACH OF WARRANTY OR BREACH OF CONTRACT EXCEPT THOSE
PROVIDED IN PARAGRAPH F3.  YOU AGREE THAT THE FOUNDATION, THE
TRADEMARK OWNER, AND ANY DISTRIBUTOR UNDER THIS AGREEMENT WILL NOT BE
LIABLE TO YOU FOR ACTUAL, DIRECT, INDIRECT, CONSEQUENTIAL, PUNITIVE OR
INCIDENTAL DAMAGES EVEN IF YOU GIVE NOTICE OF THE POSSIBILITY OF SUCH
DAMAGE.

1.F.3.  LIMITED RIGHT OF REPLACEMENT OR REFUND - If you discover a
defect in this electronic work within 90 days of receiving it, you can
receive a refund of the money (if any) you paid for it by sending a
written explanation to the person you received the work from.  If you
received the work on a physical medium, you must return the medium with
your written explanation.  The person or entity that provided you with
the defective work may elect to provide a replacement copy in lieu of a
refund.  If you received the work electronically, the person or entity
providing it to you may choose to give you a second opportunity to
receive the work electronically in lieu of a refund.  If the second copy
is also defective, you may demand a refund in writing without further
opportunities to fix the problem.

1.F.4.  Except for the limited right of replacement or refund set forth
in paragraph 1.F.3, this work is provided to you 'AS-IS' WITH NO OTHER
WARRANTIES OF ANY KIND, EXPRESS OR IMPLIED, INCLUDING BUT NOT LIMITED TO
WARRANTIES OF MERCHANTIBILITY OR FITNESS FOR ANY PURPOSE.

1.F.5.  Some states do not allow disclaimers of certain implied
warranties or the exclusion or limitation of certain types of damages.
If any disclaimer or limitation set forth in this agreement violates the
law of the state applicable to this agreement, the agreement shall be
interpreted to make the maximum disclaimer or limitation permitted by
the applicable state law.  The invalidity or unenforceability of any
provision of this agreement shall not void the remaining provisions.

1.F.6.  INDEMNITY - You agree to indemnify and hold the Foundation, the
trademark owner, any agent or employee of the Foundation, anyone
providing copies of Project Gutenberg-tm electronic works in accordance
with this agreement, and any volunteers associated with the production,
promotion and distribution of Project Gutenberg-tm electronic works,
harmless from all liability, costs and expenses, including legal fees,
that arise directly or indirectly from any of the following which you do
or cause to occur: (a) distribution of this or any Project Gutenberg-tm
work, (b) alteration, modification, or additions or deletions to any
Project Gutenberg-tm work, and (c) any Defect you cause.


Section  2.  Information about the Mission of Project Gutenberg-tm

Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
electronic works in formats readable by the widest variety of computers
including obsolete, old, middle-aged and new computers.  It exists
because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from
people in all walks of life.

Volunteers and financial support to provide volunteers with the
assistance they need, is critical to reaching Project Gutenberg-tm's
goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will
remain freely available for generations to come.  In 2001, the Project
Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations.
To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
and the Foundation web page at http://www.pglaf.org.


Section 3.  Information about the Project Gutenberg Literary Archive
Foundation

The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
Revenue Service.  The Foundation's EIN or federal tax identification
number is 64-6221541.  Its 501(c)(3) letter is posted at
http://pglaf.org/fundraising.  Contributions to the Project Gutenberg
Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
permitted by U.S. federal laws and your state's laws.

The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S.
Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
throughout numerous locations.  Its business office is located at
809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email
[email protected].  Email contact links and up to date contact
information can be found at the Foundation's web site and official
page at http://pglaf.org

For additional contact information:
     Dr. Gregory B. Newby
     Chief Executive and Director
     [email protected]


Section 4.  Information about Donations to the Project Gutenberg
Literary Archive Foundation

Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
spread public support and donations to carry out its mission of
increasing the number of public domain and licensed works that can be
freely distributed in machine readable form accessible by the widest
array of equipment including outdated equipment.  Many small donations
($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
status with the IRS.

The Foundation is committed to complying with the laws regulating
charities and charitable donations in all 50 states of the United
States.  Compliance requirements are not uniform and it takes a
considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
with these requirements.  We do not solicit donations in locations
where we have not received written confirmation of compliance.  To
SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any
particular state visit http://pglaf.org

While we cannot and do not solicit contributions from states where we
have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
against accepting unsolicited donations from donors in such states who
approach us with offers to donate.

International donations are gratefully accepted, but we cannot make
any statements concerning tax treatment of donations received from
outside the United States.  U.S. laws alone swamp our small staff.

Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation
methods and addresses.  Donations are accepted in a number of other
ways including checks, online payments and credit card donations.
To donate, please visit: http://pglaf.org/donate


Section 5.  General Information About Project Gutenberg-tm electronic
works.

Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm
concept of a library of electronic works that could be freely shared
with anyone.  For thirty years, he produced and distributed Project
Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support.


Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S.
unless a copyright notice is included.  Thus, we do not necessarily
keep eBooks in compliance with any particular paper edition.


Most people start at our Web site which has the main PG search facility:

     http://www.gutenberg.org

This Web site includes information about Project Gutenberg-tm,
including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to
subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.