Reconnaissance au Maroc, 1883-1884 (Texte)

By Charles de Foucauld

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Title: Reconnaissance au Maroc, 1883-1884 (Texte)

Author: Charles de Foucauld

Contributor: Henri Duveyrier

Release date: February 5, 2025 [eBook #75296]

Language: French

Original publication: France: Challamel, 1888

Credits: Galo Flordelis (This file was produced from images generously made available by The Internet Archive/Getty Research Institute)


*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK RECONNAISSANCE AU MAROC, 1883-1884 (TEXTE) ***

                             RECONNAISSANCE
                                   AU
                                =MAROC=


                               * * * * *
               TYPOGRAPHIE FIRMIN-DIDOT. — MESNIL (EURE).
                               * * * * *


[Illustration: Heliog. P. Albert Dujardin

Challamel aine Editeur

TIKIRT. — DEMEURE DU CHIKH.]


                       =VICOMTE CH. DE FOUCAULD.=
                               * * * * *

                             RECONNAISSANCE
                                   AU
                                =MAROC=
                               1883-1884

         OUVRAGE ILLUSTRÉ DE 4 PHOTOGRAVURES ET DE 101 DESSINS
                    D’APRÈS LES CROQUIS DE L’AUTEUR

                               * * * * *
                                 TEXTE
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                                =PARIS=
                       CHALLAMEL ET CIE, ÉDITEURS
                          LIBRAIRIE COLONIALE
                  5, RUE JACOB, ET RUE FURSTENBERG, 2
                               * * * * *
                                  1888




Au moment de livrer au lecteur le récit de mon voyage, lorsque les
événements qui l’ont rempli, les travaux qui l’ont accompagné,
passent ensemble devant mes yeux, que de noms, que de choses, que
de sensations montent en foule à mon esprit ! Parmi les souvenirs,
ceux-ci agréables, ceux-là pénibles, que cet instant évoque,
il en est un d’une douceur infinie, un devant lequel tous les
autres s’effacent. C’est le souvenir des hommes en qui j’ai
trouvé bienveillance, amitié, sympathie, de ceux qui m’ont
encouragé, protégé, aidé, dans la préparation de mon voyage,
dans son accomplissement, dans les occupations qui l’ont suivi. Les
uns sont Français, les autres Marocains ; il en est de chrétiens,
il en est de musulmans. Qu’ils me permettent de les unir en un
seul groupe pour les remercier tous ensemble et les assurer d’une
gratitude trop vive pour que je puisse l’exprimer comme je la sens.

Que celui dont les savantes leçons ont préparé mon voyage,
dont les conseils l’ont dirigé, dont la prudence en a organisé
l’exécution, que M. O. Mac Carthy, président de la Société de
Géographie d’Alger, protecteur-né de quiconque travaille pour
la science ou pour la grandeur de notre colonie, reçoive le premier
l’hommage de ma profonde reconnaissance.

MM. Maunoir et Duveyrier m’ont encouragé avant mon départ,
accueilli à mon retour. Je leur dois la brillante distinction qu’à
peine revenu, me décernait la Société de Géographie de Paris. Je
ne saurais assez les remercier de leur bienveillance.

Ḥadj Bou Rḥim, Bel Qasem el Hamouzi, qui m’avez, au risque de
vos jours, protégé dans le danger, vous à qui je dois la vie, vous
dont le souvenir lointain me remplit d’émotion et de tristesse,
où êtes-vous à cette heure ? Vivez-vous encore ? Vous reverrai-je
jamais ? Comment vous exprimer ma reconnaissance et mon regret de ne
pouvoir vous la prouver ?

Enfin que tous ceux que je ne mentionne pas, non par oubli, mais
parce que leur liste serait trop longue, reçoivent l’hommage de
toute ma gratitude.

                                                Vte CH. DE FOUCAULD.

  Paris, octobre 1887.

                               * * * * *




                                RAPPORT
               FAIT A LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE DE PARIS,
               DANS LA SÉANCE GÉNÉRALE DU 24 AVRIL 1885,
                                  PAR
                         =M. HENRI DUVEYRIER,=
                             SUR LE VOYAGE
             DE M. LE VICOMTE CHARLES DE FOUCAULD AU MAROC.

                               * * * * *


Il est un État, limitrophe d’un département français, où
le voyageur européen en général, et le voyageur français en
particulier, n’a jamais été très bien vu. Cet État est le
Maroc. Nos cartes et nos manuels de géographie nous montrent bien
un vaste territoire qu’ils attribuent comme domaine au sultan du
Maroc. Les géographes européens ont cherché ainsi l’expression
la plus simple pour rendre un état de choses incertain, variable,
embrouillé ; sans s’en douter, ils ont été depuis cent et tant
d’années les complices d’une fiction. Car le sultan du Maghreb,
cet empereur d’Occident des musulmans, n’est pas, à beaucoup
près, le souverain temporel de tout le pays marqué à sa couleur
sur nos atlas. Prenons-nous, au contraire, sa souveraineté sous le
jour du spirituel, alors non seulement les cartes ont raison, mais il
faudrait tellement élargir les limites de son diocèse que personne,
ni à Paris ni à Constantinople, ne consentira à reconnaître que le
sultan du Maroc peut juger comme d’abus sur un mandement pastoral
ou sur une décision juridique rendus à Alger, à Tunis, à Tripoli
ou à Ben-Ghâzi, villes dont il est pourtant juge suprême et le
pape, et où la logique voudrait que l’imâm de chaque mosquée,
lors du service public du vendredi, appelât les bénédictions du
ciel non pas sur le président de la République française ou sur
le padichâh de Constantinople, mais bien sur le sultan du Maroc,
qui est en même temps le grand imâm de tous les musulmans mâlekites.

Mais le Maroc d’aujourd’hui n’est plus, à beaucoup près,
celui d’il y a deux cent cinquante ans, alors que (de 1590 à 1660
environ) le souverain de Fâs envoyait ses armées et dictait sa loi
jusque sur les rives du Niger et dans le Bâguena et le Tagânt, au
nord et assez près du Sénégal. Cette ère-là s’est évanouie, et
quiconque connaît bien la situation actuelle du Maroc ne comprendra
pas le rêve de son gouvernement qui songerait maintenant à faire
valoir ses droits périmés sur Timbouktou et sur Djinni. Sans être
resté indifférent au progrès ni insensible aux événements,
l’héritier des souverains de Fâs, à la fin du XIXe siècle, est
dominé par une situation, la résultante d’un long passé ; et,
tandis que chez nous le chef de l’État sait bien qu’il commande
non seulement aux préfets de nos quatre-vingt-dix départements,
mais aux gouverneurs de notre Inde, de la Cochinchine, du Sénégal,
de nos Antilles, etc., Sa Majesté chérifienne est parfois forcée
de faire parler la poudre quand elle veut prélever l’impôt,
et cela jusque dans des cantons qui sont visibles, sans télescope,
de l’une quelconque de ses capitales.

A côté de provinces ou de banlieues réellement soumises à
l’administration du sultan, quelquefois même enclavées dans
ces provinces, qui forment le _beled el makhzen_, ou « pays des
bureaux », on trouve des territoires aussi sevrés des bienfaits
de la bureaucratie marocaine que sont le Transvaal ou la république
d’Andorre.

Dans un État comme celui-là, inutile de parler d’ordre et de
sécurité.

C’est là pourtant qu’un jeune Français, M. le vicomte de
Foucauld, soucieux de nous révéler ce qui touche à nos portes,
avait résolu de faire un voyage d’exploration. Il l’a accompli,
sans l’aide du gouvernement, à ses frais, et en faisant avec le
sacrifice de son avenir dans la carrière militaire un autre sacrifice
plus grand encore, si possible. Il s’est résigné à voyager sous le
travestissement du juif, au milieu de populations qui considèrent le
juif comme un être utile, mais inférieur. Prenant bravement ce rôle,
il a fait abnégation absolue de son bien-être, et c’est sans tente,
sans lit, presque sans bagages, qu’il a travaillé pendant onze mois
chez des peuples qui, ayant plus d’une fois démasqué l’acteur,
l’ont, à deux ou trois reprises, placé en face du châtiment
qu’il méritait, c’est-à-dire de la mort.

Nous avions déjà vu un étudiant musulman, René Caillié, et deux
derviches musulmans, Richard Burton et Arminius Vambéry, faire de
très beaux voyages d’exploration ; leurs cartes pourtant prêtaient
à la discussion, parce qu’un faux étudiant ou un faux derviche
musulman doit rester fidèle à son rôle sous peine d’expier de
sa vie un écart, un simple oubli... Le voile qui abrite le juif
pendant sa prière a servi à cacher le baromètre et le sextant
de M. de Foucauld ! C’est un véritable miracle qu’il ait pu
rencontrer partout et toujours des caravaniers aussi complaisants ou
aussi indifférents ! Mais le fait est qu’il vient placer sous nos
yeux des itinéraires et des observations astronomiques exécutés
d’après les principes enseignés à l’École de guerre.

Ajoutons tout de suite que le rabbin Mardokhaï Abî Souroûr,
celui-là même dont vous connaissez déjà l’histoire et les
travaux, a été le compagnon constant du vicomte de Foucauld. Cette
association, qui dans l’espèce était un passe-partout nécessaire,
a coûté à l’explorateur bien autre chose que les 270 francs de
gages mensuels convenus ; les défauts de caractère prennent des
proportions inouïes quand on se trouve dans l’isolement, et vous
permettrez à votre rapporteur de déclarer, à la louange de M. de
Foucauld, expérience faite en Seine-et-Oise, que le rabbin Mardochée
n’est pas toujours un auxiliaire agréable et commode.

Voilà donc le voyageur dans son bien humble équipage. Voyons
maintenant où en était la connaissance géographique du Maroc au
moment où il commençait son exploration. En 1845, un géographe
aussi savant que consciencieux, M. Émilien Renou, avait donné une
première carte générale du Maroc, au 1/2,000,000e, qui a encore
sa valeur aujourd’hui ; trois ans plus tard, le capitaine Beaudoin,
disposant de renseignements nouveaux, refaisait, pour le Dépôt de la
guerre, le même travail à l’échelle du 1/1,500,000e. Utilisant
tous les documents et tous les renseignements qu’ils avaient pu se
procurer, ces deux géographes français avaient livré les modèles
de toutes les cartes générales qui ont été publiées pendant les
trente-cinq années suivantes. Mais le nombre des itinéraires et des
déterminations de positions s’est accru entre temps, et le 20 juin
1883, quand M. le vicomte de Foucauld commençait à Tanger son voyage
d’exploration, les cartographes avaient à leur disposition 12208
kilomètres d’itinéraires jalonnés de bien rares déterminations
de latitude et de déterminations de longitude plus rares encore ;
on n’avait fait de géographie astronomique que sur une vingtaine de
points dans l’intérieur de l’empire. Ajoutons qu’ici la France
ne s’était laissé distancer par personne et que, des vingt et un
auteurs d’itinéraires au Maroc, seize étaient des Français ;
que, sur le nombre des kilomètres levés, 9232 l’avaient été
tant par nos propres compatriotes que par deux étrangers patronnés
et subventionnés par le gouvernement français (Badia y Leblich)
ou par la Société de géographie de Paris (Mardochée).

En onze mois, du 20 juin au 23 mai 1884, un seul homme, M. le vicomte
de Foucauld, a doublé pour le moins la longueur des itinéraires
soigneusement levés au Maroc. Il a repris, en les perfectionnant,
689 kilomètres des travaux de ses devanciers, et il y a ajouté 2250
kilomètres nouveaux. Pour ce qui est de la géographie astronomique,
il a déterminé quarante-cinq longitudes et quarante latitudes ;
et, là où nous ne possédions que des altitudes se chiffrant par
quelques dizaines, il nous en apporte trois mille. C’est vraiment,
vous le comprenez, une ère nouvelle qui s’ouvre, grâce à M. de
Foucauld, dans la connaissance géographique du Maroc, et on ne sait
ce qu’il faut le plus admirer, ou de ces résultats si beaux et si
utiles, ou du dévouement, du courage et de l’abnégation ascétique
grâce auxquels ce jeune officier français les a obtenus.

Jetons un coup d’œil rapide sur ces résultats, en envisageant
séparément les travaux de M. de Foucauld au nord de la chaîne
de l’Atlas, puis ceux qu’il a faits dans l’Atlas même, et
enfin ce qu’il ajoute à notre connaissance des contrées au sud
de cette chaîne.

Partant de Tanger le 20 juin 1883, il fait d’abord une pointe,
par Tétouân, au sud-ouest, jusqu’à Chichawân, où commence
le territoire des Berbères indépendants du Rîf, populations
guerrières dont les tendances fanatiques sont excitées, ici dans
l’ouest du pays, par les chorfâ (pl. de cherîf) marocains. Il est
là, déjà à 60 kilomètres de Tétouân, sur un terrain nouveau
pour la géographie. Le projet de M. de Foucauld d’atteindre Fâs
directement en partant de Chichawân, et en levant un itinéraire
des plus précieux, échoue devant l’impossibilité même pour les
indigènes musulmans de traverser les territoires de tribus pillardes
indépendantes, les Ghezâwa, les Benî-Hamed et les Rehôma. Il
revient à Tétouân et relie directement cette ville à El Qaçar
El-Kebîr par un chemin nouveau, traversant un pays dont la population
nomade, de race arabe, est assez dense.

De là à Fâs et à Sefero, il ne fait que compléter les observations
topographiques de ses devanciers.

Il y a de cela quatre ans, un officier anglais, le capitaine Colville,
accompagné de sa jeune et courageuse épouse, faisait le voyage
de Fâs à Oudjeda et rapportait le premier itinéraire détaillé
fait dans cette partie du Maroc qui touche à l’Algérie, car son
prédécesseur, le célèbre Espagnol Badia y Leblich, s’était
appliqué principalement aux déterminations astronomiques. A son tour,
M. de Foucauld s’enfonce dans le dangereux pays à l’est de Fâs,
et il trace jusqu’à Tâza deux itinéraires qui fixent pour la
première fois la configuration du cours et du bassin de l’Ouâd
Jennawen. Sans doute le voyageur voudra bien vous communiquer
lui-même les observations qu’il a faites dans cette contrée,
où les tribus arabes des Ghiâta et même des Hiyaïna ne laissent
guère d’autre liberté au représentant du sultan, le gouverneur
de Tâza, que celle de végéter prisonnier dans sa citadelle.

Mentionnons pour mémoire le trajet de Fâs à Meknâs (Méquinez),
route tant de fois parcourue qu’à peine un explorateur aussi
sérieux pouvait-il y compléter les notions acquises.

Mais à Meknâs précisément commence une des parties les plus
nouvelles et les plus intéressantes du voyage de M. de Foucauld ;
de là jusqu’à près de cinq degrés plus au sud, son itinéraire
est à proprement parler celui d’un voyage de découverte dans
la province de Tâdela (ici déjà l’expression administrative
est illusoire), et plus au sud, dans le territoire parfaitement
indépendant des Berbères. Pour rester fidèle à notre programme,
nous considérerons maintenant le pays jusqu’à Qaçba Beni-Mellâl
(aussi nommée Qaçba-Bel-Kouch), où commencent les premiers plis
du soulèvement de l’Atlas. Il se présente d’abord avec une
surface accidentée, puis il devient montagneux et ici les montagnes
sont boisées. A 20 kilomètres de Boû-El-Dja’d, le voyageur
entre dans la plaine pierreuse et aride de Tâdela, qui s’étend
au sud, montrant des signes de fertilité quand on se rapproche
de l’Ouâd Oumm Er-Rebîa’, sur lequel est bâtie la Qaçba de
Tâdela, à l’intérieur des murs de laquelle le sultan est obéi
par un qâïd si désœuvré, par suite de l’insoumission de ses
prétendus administrés, qu’il passe ses journées à réciter
son chapelet. Entre la Qaçba de Tâdela et la Qaçba Bel Koûch,
ou Qaçba Benî Mellâl, bâtie au pied d’une première chaîne
dépendant de l’Atlas, on passe dans un pays bien arrosé, couvert
de cultures, de jardins et de villages. — Toute cette partie du
voyage est entièrement nouvelle.

Beaucoup plus à l’est, au retour, en rentrant en Algérie, M. de
Foucauld a relevé, entre Debdou et Oudjeda, une autre partie de la
même zone naturelle.

Nous arrivons à l’Adrâr-n-Deren, à la chaîne du seul véritable
grand Atlas, et à ses contreforts. Quiconque a jeté une fois
seulement les yeux sur la carte d’Afrique a vu son attention
éveillée par les forts coups d’estompe qui y accusent avec
fermeté la chaîne de l’Atlas. Pour qui n’est pas bien au
courant de l’histoire moderne de la géographie, la sûreté du
dessin rassure l’esprit, et on se croit là en terrain à peu près
sinon complètement connu. Il n’en est pourtant rien. De l’Iguîr
Oufrâni, du cap Guîr de nos cartes, à la frontière de l’Algérie,
le soulèvement du grand Atlas mesure, vous le savez, une longueur de
700 kilomètres. Eh bien, sur ce long développement de la chaîne,
les itinéraires de tous les voyageurs européens n’avaient encore
traversé et fixé que quatre cols, en comprenant le col qui touche
au rivage de l’Océan : Tizînt El-Rioût, Tagherot, Onq El-Djemel
et le col sur l’Iguîr Oufrâni (cap Guîr). Après René Caillié
et Gérard Rohlfs, M. le vicomte de Foucauld, lui aussi, a passé par
le Tizînt El-Rioût ; il est le premier explorateur qui ait franchi
et mesuré le Tîzi-n-Guelâwi, à l’est-sud-est de Merâkech. Ses
observations du baromètre nous apportent donc les altitudes de deux
cols dans l’arête maîtresse de l’Atlas ; ces chiffres sont
les premiers que nous possédions, ni Rohlfs ni Lenz, qui avaient
pourtant des baromètres, n’ayant fait d’observations sur les
points culminants de leurs deux itinéraires dans le Maroc. De plus,
sur une longueur de 300 kilomètres au moins, les itinéraires de
M. le vicomte de Foucauld passent à une distance de l’Atlas qui
permettait de déterminer sur la carte la direction de la chaîne.

Mais à 50 kilomètres dans le nord, à 150 et à 200 kilomètres
dans le sud, cette arête maîtresse est flanquée de chaînes
parallèles dont le tracé sur la carte de M. de Foucauld est toute
une révélation. Malgré le soin apporté par les géographes les
plus habiles, aucun d’eux jusqu’ici n’avait trouvé dans les
observations et les renseignements des voyageurs assez de données pour
débrouiller ce qui était resté souvent un chaos, un enchevêtrement
presque fantastique de sierras anastomosées. M. de Foucauld rectifie
et simplifie tout cela d’après ce qu’il a vu et observé, et
les géographes ne seront peut-être pas seuls à s’en réjouir,
les géologues, eux aussi, en éprouveront de la satisfaction. Au
nord de l’Atlas, court, nous le savons maintenant, une chaîne
de 300 kilomètres, qui prend les noms de Djebel Aït Seri et de
Djebel Benî Ouaghaïn ; au sud, c’est d’abord le petit Atlas,
l’Anti-Atlas de la carte de Lenz, avec son prolongement oriental,
le Djebel Sagherou, et enfin, encore plus au sud, le Djebel Bani,
dont le rabbin Mardochée nous avait appris le nom, et que Lenz a
coupé sans s’inquiéter de ce nom.

Votre rapporteur devine que vous voudriez bien entendre aujourd’hui
autre chose que le résumé aride des découvertes purement
géographiques de M. de Foucauld, que l’état des populations au
sein desquelles il a voyagé vous intéresse aussi, car l’homme
se préoccupe toujours d’abord de son semblable. Sur ce point, la
moisson de M. de Foucauld est extrêmement riche ; mais mieux vaut
lui laisser, à lui qui a vu, qui a senti, qui a souffert, l’honneur
de satisfaire votre légitime curiosité. A lui donc, dans une autre
séance, de vous peindre les mœurs et la politique des Imazîghen,
de ces montagnards berbères de l’Atlas, avec lesquels jusqu’à
ce jour personne n’a fait une connaissance aussi intime. Il vous
montrera les Aït Atta d’Amelou, et tous les Imazîghen à l’est
de Tîzi-n-Guelâwi, vivant dans des villages dont chacun est dominé
par un château fort où les villageois emmagasinent leurs récoltes
(cette coutume existe aussi dans le Djebel Nefousa, en Tripolitaine,
où j’ai pu l’observer) ; il vous montrera au contraire les
Imazîghen de la région entre Tizî-n-Guelâwi et l’Océan
groupant leurs villages autour d’un centre fortifié qui reçoit
les récoltes de tout un canton. Au point de vue de l’administration
que se sont donnée ces tribus berbères indépendantes, il vous fera
distinguer deux groupes de population : celles du nord, organisées
en démocraties et ennemies de la centralisation, où chaque fraction
de tribu obéit, et obéit exclusivement, à l’assemblée de ses
notables ; celles du sud, qui ont adopté un régime mixte entre
celui des communes et celui de la féodalité, et qui se sont donné
des cheïkhs héréditaires, dont quelques-uns bravent le sultan
et pourraient fort bien s’approprier la fière devise d’un haut
baron français du temps passé :


  _Roi ne suis, ne duc, ne comte aussy ;_

  _Je suis le sire de Coucy._


Ces sires de Tikirt, de Tazenakht, et cætera, ont des résidences
fortifiées, aux murs flanqués de quinze à vingt tours. Leurs
vassaux aussi sont loin d’inspirer la pitié, car ils vivent dans
des maisons à un ou deux étages, construites en pisé épais et
solide, et dont les murailles extérieures sont ornées de moulures.

Un peu au sud et au nord du 30e degré de latitude, l’arête
du petit Atlas marque une division tranchée. Au nord de cette
chaîne, nous apprend M. de Foucauld, on est encore dans la zone
tempérée ; la flore dans ses traits généraux rappelle celle du
midi de l’Europe. Le versant sud du petit Atlas est déjà dans la
zone saharienne caractérisée par un climat à extrêmes. Ici, le
dattier et les acacias à gomme remplacent le figuier, l’amandier, le
grenadier, l’olivier et même le noyer du versant septentrional et de
la région plus au nord. Le dattier, il est vrai, cet arbre cultivé,
n’existe que dans les vallées que la fonte des neiges et les pluies
de l’Atlas viennent mouiller de temps en temps ; l’acacia à gomme
se trouve de loin en loin sur les plaines d’un sable blanc. Quant
à l’eau, on est réduit à celle de sources cachées sous le sable.

Au milieu de cette plaine M. de Foucauld trace, d’après ses
observations, une bien singulière montagne, longue de 500 kilomètres,
le Djebel Banî, dont je mentionnais tout à l’heure l’alignement
parallèle avec l’Atlas. C’est, dit le voyageur, une simple arête
rocheuse, tranchante au sommet, épaisse d’un kilomètre à la base,
et haute de 200 à 300 mètres, au sud de laquelle court la partie
inférieure de l’Ouâdi Dhera’a, le fleuve le plus important de
ce que nous appelons le Maroc, si l’on ne mesure que la longueur
du cours, mais malheureusement fleuve sans eau. Une arête rocheuse,
un long tesson, comme le Djebel Banî, ne peut naturellement pas
fournir une quantité appréciable d’eau à un fleuve ; aussi les
trois affluents nord de l’Ouâdi Dhera’a, que M. de Foucauld a
relevés, descendent-ils du petit Atlas et traversent-ils le Djebel
Banî par autant de brèches de cette étrange digue naturelle. Au
sud de chacune de ces brèches (le mot cassure serait peut-être plus
exact) on trouve, sous la montagne, de belles oasis : c’est Tissint,
c’est Tatta, c’est Aqqa, patrie du rabbin Mardochée. Et M. de
Foucauld ne nous fait pas attendre l’explication du phénomène :
les affluents nord de ce fleuve mort, l’Ouâdi Dhera’a, sont
de belles rivières d’eau courant à pleins bords. Telle est
la puissance du climat du Sahara ! Le lit de l’Ouâdi Dhera’a,
large de 4 kilomètres, a tellement soif que l’apport permanent de
ces rivières ne sert qu’à lui conserver de la fertilité. Pour
que cette vallée redevienne le fleuve que les Romains ont connu
sous le nom de Darat, lorsque venaient s’y désaltérer et s’y
baigner les éléphants dont les figures sont gravées sur le Djebel
Tabayoudt, excroissance dans la chaîne du Bani, il faut ou bien une
fonte subite des neiges du Djebel Dâdès et du Djebel Guelâwi, ou
bien des pluies torrentielles continues dans les parties de l’Atlas
que nous venons de nommer. Alors, pendant deux ou trois jours, la
vallée est entièrement inondée, et le voyageur assez heureux pour
que son passage coïncide avec une de ces crues aurait sous les yeux
un cours d’eau de 3 ou 4 kilomètres de large.

Au mois de décembre 1883, le vicomte de Foucauld touchait le
Dhera’a, au sud de Tatta. Quelque temps après, il le revoyait, loin
dans le nord-est de ce point, dans le district de Mezguîta, et là,
sous le Djebel Sagherou, c’est un beau et large fleuve permanent,
coulant avec une rapidité moyenne au milieu de plantations de
dattiers ; je ne résiste pas au plaisir de vous faire part d’une
découverte que M. de Foucauld m’a fait faire. Son itinéraire
reporte d’un degré plein, vers l’ouest, le tracé de cette
partie du cours du fleuve telle qu’elle est indiquée sur la carte
du docteur Rohlfs, et, bien que les deux voyageurs n’aient pas
touché le même point de l’Ouâdi Dhera’a, la correction si
importante que je signale pourra sans doute être utilisée pour
redresser l’itinéraire même du docteur allemand.

Toute la partie haute de l’Ouâdi Dhera’a est constellée de
villages, peuplés d’Imazîghen et de subéthiopiens, de ces noirs,
indigènes du Sahara et parlant aujourd’hui la langue berbère.

Plus haut encore en remontant vers le nord, le voyageur français
arrive dans le canton populeux de Dâdès, arrosé par un affluent
du Dhera’a. Ici déjà on entre dans le domaine des Aït Attâ,
l’un des deux grands groupes formant la fameuse confédération
des Berâber, dont le nom dispense d’ajouter qu’ils sont de race
berbère. De toutes les tribus de cette expression géographique,
le Maroc, les Berâber sont la plus nombreuse, la plus belliqueuse et
à la fois la plus riche, ce qui indiquerait qu’ils ne méprisent
ni les travaux des champs et de l’industrie, ni le commerce, car
chacun sait que la guerre et le pillage ne sont jamais les sources
d’une fortune durable pour un peuple.

Toujours en terrain neuf, M. de Foucauld continue sa route sur
Todegha, Ferkela et Gherîs, trois oasis qui, dans son langage
imagé, « s’allongent comme trois tronçons de serpent » dans
les lits de cours d’eau affluents du Zîz. Il entre donc là dans
le bassin hydrographique à l’extrémité sud duquel s’épanouit
le Tafîlelt, le berceau de la dynastie marocaine régnante, le lieu
d’exil pour ceux de la famille impériale qui pourraient devenir
des prétendants, le groupe d’oasis célèbre, dans une vaste
partie de l’Afrique, pour les cuirs qu’on y prépare avec une
grande perfection.

Plus loin encore, notre hardi et méritant explorateur atteint, à
Qeçar Es-Soûq, le cours supérieur de l’Ouâd Ziz, séparé de
ses premiers affluents par un désert des plus arides. Qeçar Es-Soûq
touche l’oasis de Medghâra ou Medâghra, où M. de Foucauld tombe
sur les traces de René Caillé et du deuxième voyage du docteur
Rohlfs, qu’il ne quittera qu’au col de Telghemt, ou Tissint
Er-Rioût, comme l’appelle Rohlfs, au moment où il traversera une
dernière fois le grand Atlas. C’est ici seulement que finit dans la
direction du nord-est le territoire des Berâber, et que commence celui
des Aït Ou Afella, tribu d’Imazîghen que nous aurons la surprise de
compter parmi les loyaux sujets du sultan du Maroc. Du col de Telghemt,
où l’Atlas n’accuse que 2182 mètres d’altitude, M. de Foucauld
peut laisser planer sa vue sur la vaste plaine de la Moloûya, de ce
fleuve qui aurait formé une frontière si commode et si naturelle
de l’Algérie, si l’État voisin, du côté de l’ouest, avait
la puissance voulue pour la faire respecter de ses nationaux.

M. de Foucauld touche la Moloûya à Aqçâbi Ech-Chorfâ
(c’est-à-dire _les citadelles des cherifs_), où un qâïd marocain
est gardé par une centaine de soldats avec deux canons. Grâce à
cette force, le représentant du sultan se fait obéir dans un rayon
d’une vingtaine de kilomètres, au delà desquels on retrouve,
comme presque partout, des tribus bel et bien libres de toute attache
gouvernementale.

Avec le bassin de la Moloûya, notre vaillant explorateur trouve,
sur le versant nord de l’Atlas, d’abord une région dont la flore
rappelle la nature des hauts plateaux d’Algérie. Bientôt des
groupes de villages, des forêts d’oliviers et de pommiers et de
splendides cultures accusent une transition rapide à la région de
Tell, autrement dit aux conditions naturelles qui font, de l’autre
côté de la Méditerranée, la richesse de notre Provence.

J’abrège, car il y a beaucoup à garder dans les résultats de
la dernière partie du voyage, chez les Oulâd El Hâdj et de là
à la ville algérienne de Lâlla Maghnîa en passant par Debdou et
Oudjeda, c’est-à-dire sur un terrain qui touche aux dernières
reconnaissances faites lors de l’expédition du général de
Martimprey contre les Benî Senâsen (1859). Le 21 mai 1884, M. le
vicomte de Foucauld mettait le pied en Algérie après avoir traversé
le Maroc du nord au sud et du sud-ouest au nord-est. Sacrifiant bien
autre chose que ses aises, ayant fait et tenu jusqu’au bout bien
plus qu’un vœu de pauvreté et de misère, ayant renoncé, pendant
près d’un an, aux égards qui sont les apanages de son grade dans
l’armée, et s’étant consolé en recueillant les seuls et rares
témoignages de bienveillance auxquels un caractère heureux pouvait
lui donner quelque droit, même chez des peuples sauvages, il nous
avait conquis des renseignements très nombreux, très précis, qui
renouvellent littéralement la connaissance géographique et politique
presque tout entière du Maroc. C’est là, disons-le hautement, un
mérite peu ordinaire, que ne récompenserait pas trop, à l’avis
de votre rapporteur, la plus haute distinction que nous ayons à
décerner. Mais notre Société ne doit jamais oublier son caractère
universel et international ; elle a dû tenir compte des mérites
d’autres lutteurs qui venaient concourir à ses récompenses, et,
forcée cette année-ci de ne pas choisir entre trois concurrents
qu’elle estime être égaux en mérites, elle a transformé cette
récompense en plusieurs médailles d’or, dont elle attribue la
première à M. le vicomte de Foucauld.

                               * * * * *




                             AVANT-PROPOS.

                               * * * * *


A la veille d’entreprendre mon voyage au Maroc se dressaient deux
questions : quel itinéraire adopter ? quels moyens prendre pour
pouvoir le suivre ?

La première question se résolvait naturellement : il fallait, autant
que possible, ne passer que par des contrées encore inexplorées et,
parmi celles-ci, choisir les régions qui, soit par leurs accidents
physiques, soit par leurs habitants, paraissaient devoir présenter
le plus d’intérêt. Partant de ce principe, je me décidai pour
l’itinéraire suivant :

Tanger, Tétouan ; de là gagner Fâs par une route plus orientale que
celles suivies jusqu’alors ; de Fâs aller au Tâdla en traversant le
massif montagneux occupé par les Zemmour Chellaḥa et les Zaïan ;
parcourir le Tâdla, gagner l’Ouad el Ạbid, passer à Demnât ;
franchir le Grand Atlas à l’est des cols déjà explorés, gagner le
Sahara Marocain et en reconnaître autant que possible la vaste portion
encore inconnue, c’est-à-dire le versant méridional du Petit Atlas
et la région comprise entre cette chaîne, l’Ouad Dra et le Sahel ;
puis voir le haut bassin du Dra et les affluents de droite du Ziz ;
de là revenir vers la frontière algérienne en franchissant une
seconde fois le Grand Atlas et en explorant le cours de l’Ouad
Mlouïa : comme dernières étapes, Debdou, Oudjda, Lalla Maṛnia.

Tel fut le but que je me proposai. Restait la seconde question :
quel moyen employer pour l’atteindre ? Pourrait-on voyager comme
Européen ? Faudrait-il se servir d’un déguisement ? Il y avait
lieu d’hésiter ; d’une part, me donner pour ce que je n’étais
pas me répugnait ; de l’autre, les principaux explorateurs du
Maroc, René Caillé, MM. Rohlfs et Lenz, avaient voyagé déguisés
et déclaraient cette précaution indispensable : c’était aussi
l’opinion de nombreux Musulmans marocains que je consultai avant mon
départ. Je m’arrêtai au parti suivant : je partirais déguisé ;
une fois en route, si je sentais mon travestissement nécessaire,
je le conserverais ; sinon, je n’aurais qu’à le jeter aux orties.

Ce premier point arrêté, restait à faire un choix parmi les
déguisements qu’on pouvait prendre. Il n’y a que deux religions au
Maroc. Il fallait à tout prix être de l’une d’elles. Serait-on
Musulman ou Juif ? Coifferait-on le turban ou le bonnet noir ? —
René Caillé, MM. Rohlfs et Lenz avaient tous opté pour le turban. Je
me décidai au contraire pour le bonnet. Ce qui m’y porta surtout fut
le souvenir des difficultés qu’avaient rencontrées ces voyageurs
sous leur costume : l’obligation de mener la même vie que leurs
coreligionnaires, la présence continuelle de vrais Musulmans autour
d’eux, les soupçons même et la surveillance dont ils se trouvèrent
souvent l’objet furent un grave obstacle à leurs travaux. Je fus
effrayé d’un travestissement qui, loin de favoriser les études,
pouvait y apporter beaucoup d’entraves ; je jetai les yeux sur le
costume israélite. Il me sembla que ce dernier, en m’abaissant,
me ferait passer plus inaperçu, me donnerait plus de liberté. Je ne
me trompai pas. Durant tout mon voyage, je gardai ce déguisement et
je n’eus lieu que de m’en féliciter. S’il m’attira parfois
de petites avanies, j’en fus dédommagé, ayant toujours mes aises
pour travailler : pendant les séjours, il m’était facile, dans
l’ombre des mellaḥs[1], et de faire mes observations astronomiques
et d’écrire des nuits entières pour compléter mes notes ; dans
les marches, nul ne faisait attention, nul ne daignait parler au pauvre
Juif qui, pendant ce temps, consultait tour à tour boussole, montre,
baromètre, et relevait le chemin qu’on suivait ; de plus, en tous
lieux, j’obtenais par mes « cousins », comme s’appellent entre
eux les Juifs du Maroc, des renseignements sincères et détaillés sur
la région où je me trouvais. Enfin j’excitais peu de soupçons :
mon mauvais accent aurait pu en faire naître ; mais ne sait-on pas
qu’il y a des Israélites de tous pays ? mon travestissement était
d’ailleurs complété par la présence à mes côtés d’un Juif
authentique : le rabbin Mardochée Abi Serour, connu par son séjour
au Soudan. Je l’avais pris à mon service et le gardai durant tout
mon voyage ; parti d’Alger avec moi, il y revint de même. Son office
consistait, d’abord, à jurer partout que j’étais un rabbin, puis
à se mettre en avant dans toutes les relations avec les indigènes,
de manière à me laisser le plus possible dans l’ombre ; enfin à me
trouver toujours un logis solitaire où je pusse faire mes observations
commodément, et, en cas d’impossibilité, à forger les histoires
les plus fantastiques pour expliquer l’exhibition de mes instruments.

Malgré tant de précautions, je ne prétends pas que mon déguisement
ait été impénétrable. Dans les quatre ou cinq points où je
séjournai longtemps, ni mon bonnet noir, ni mes nouâḍers[2],
ni les serments de Mardochée ne servirent de rien : la population
juive s’aperçut tôt ou tard que j’étais un faux frère ; mais
une seule fois, et pour des raisons toutes particulières, cela pensa
me mettre en un sérieux péril ; en général, les Juifs marocains,
tous commerçants, appelés fréquemment par leurs affaires soit dans
des ports où ils trouvent nos consuls, soit en Algérie, ont avantage
à être en bonnes relations avec les Chrétiens, surtout avec les
Français. Aussi gardaient-ils religieusement le secret qu’ils
avaient découvert ; rien ne transpirait hors du mellaḥ ; même
avec moi, ils étaient fort discrets ; rien ne changeait dans leurs
manières, sinon qu’ils devenaient plus prévenants encore et plus
disposés à fournir tous les renseignements que je demandais. Quant
aux Musulmans, il ne m’arriva que bien rarement de leur inspirer
des soupçons.

Il y a une portion du Maroc où l’on peut voyager sans déguisement,
mais elle est petite. Le pays se divise en deux parties : l’une
soumise au sultan d’une manière effective (_blad el makhzen_),
où les Européens circulent ouvertement et en toute sécurité ;
l’autre, quatre ou cinq fois plus vaste, peuplée de tribus
insoumises ou indépendantes (_blad es sîba_)[3], où personne ne
voyage en sécurité et où les Européens ne sauraient pénétrer que
travestis. Les cinq sixièmes du Maroc sont donc entièrement fermés
aux Chrétiens ; ils ne peuvent y entrer que par la ruse et au péril
de leur vie. Cette intolérance extrême n’est pas causée par le
fanatisme religieux ; elle a sa source dans un autre sentiment commun
à tous les indigènes : pour eux, un Européen voyageant dans leur
pays ne peut être qu’un émissaire envoyé pour le reconnaître ;
il vient étudier le terrain en vue d’une invasion ; c’est un
espion. On le tue comme tel, non comme infidèle. Sans doute la vieille
antipathie de race, la superstition, y trouvent aussi leur compte ;
mais ces sentiments ne viennent qu’en seconde ligne. On craint le
conquérant bien plus qu’on ne hait le Chrétien.

                               * * * * *


[Note 1 : Dans les localités marocaines où se trouvent des
Israélites, ils sont confinés dans des quartiers spéciaux ;
ces quartiers uniquement habités par des Juifs portent le nom de
_mellaḥ_.]

[Note 2 : Les _nouâder_ sont deux longues mèches de cheveux que
les Israélites marocains laissent pousser au près des tempes.]

[Note 3 : بلاد السّيبة.]




                            RECONNAISSANCE
                               AU MAROC.

                               * * * * *

                            PREMIÈRE PARTIE.

                               =VOYAGE.=


                                   I.

                         DE TANGER A MEKNAS[4].


                       1o. — DE TANGER A TÉTOUAN.


Je débarquai à Tanger le 20 juin 1883, accompagné du rabbin
Mardochée. N’ayant aucune chose nouvelle à voir en cette ville,
qui est connue par maintes descriptions, j’avais hâte de la
quitter. Ma première étape devait être Tétouan. Je m’informai,
aussitôt arrivé, des moyens de m’y rendre. Il y avait une journée
de marche ; de petites caravanes partaient quotidiennement de Tanger ;
la route était sûre : inutile de prendre d’escorte. Je décidai
le départ pour le lendemain.

Malgré le peu de temps que je passai à Tanger, c’en fut assez pour
que le ministre de France, M. Ordéga, à qui M. Tirman, gouverneur
général de l’Algérie, avait bien voulu me recommander, me fît,
avec une bienveillance et une bonne grâce sans égales, préparer
des lettres pour ses agents, m’en fît donner une de Moulei Ạbd
es Selam, le célèbre cherif d’Ouazzân, ordonnant à quiconque
était son ami de me prêter aide et protection, enfin me munit de
toutes les recommandations qui pouvaient m’être utiles au cours de
mon voyage. Il n’en fut pas une qui ne me servît par la suite ;
aussi eus-je plus d’une fois à me souvenir, avec reconnaissance,
de la sollicitude dont j’avais été l’objet.

                             21 juin 1883.

Je quitte Tanger à 3 heures de l’après-midi : ma caravane se
compose de six ou sept hommes, Israélites la plupart, et d’une
dizaine de bêtes de somme. Nous traversons d’abord une série
de vallons bien cultivés, séparés entre eux par des côtes
couvertes de palmiers nains. Vers le soir, on s’engage dans la
vallée de l’Ouad Meraḥ : nous y cheminons durant le reste de
la journée, au milieu de superbes champs de blé qui la couvrent
tout entière. Nous nous arrêtons à 9 heures un quart auprès de
quelques huttes : nous passons la nuit en ce lieu. La route, sûre
le jour, cesse de l’être au crépuscule. C’est le moment où
les maraudeurs se mettent en campagne. Aussi ai-je vu, au coucher
du soleil, des vedettes, armées jusqu’aux dents, se poster à
l’entrée des villages, auprès des troupeaux, sur des tertres
d’où elles surveillaient les récoltes. Les rôdeurs, surtout
en _blad el makhzen_, font une terrible guerre au pauvre paysan ;
leurs rapines d’une part, les exigences du fisc de l’autre, lui
laissent à peine, au milieu de ces belles moissons que je viens de
traverser, de quoi vivre misérablement.

                             22 juin 1883.

A 4 heures du matin on se remet en marche. Nous ne tardons pas à
entrer dans la montagne. Nous nous élevons d’abord par des pentes
douces couvertes de bois ou de broussailles ; ce sont surtout des
oliviers et des lentisques ; beaucoup de gibier : lièvres, perdreaux,
tourterelles. A partir d’un fondoq[5] devant lequel nous passons, le
terrain change : le sol devient rocheux, les côtes raides, le chemin
difficile ; les arbres s’éclaircissent et sont remplacés par le
myrte et la bruyère. A 6 heures et demie, nous atteignons le col.

[Illustration]

Voici le profil du versant que nous venons de gravir.

La descente, rocheuse d’abord, nous ramène ensuite dans une région
boisée où la culture réapparaît dans les fonds. Peu à peu les
ravins s’élargissent ; leurs flancs s’abaissent. Enfin nous voici
en plaine. Jusqu’à Tétouan, ce ne sont que larges vallées toutes
couvertes de grands champs de blé s’étendant à perte de vue ;
au milieu, des rivières roulent paisiblement leurs eaux limpides. A
9 heures et demie nous voyons la ville. Elle se dessine en ligne
blanche sur un rideau de hautes montagnes bleuâtres ; à 11 heures,
nous y entrons.

Aujourd’hui comme hier, j’ai rencontré beaucoup de passants sur le
chemin, surtout en plaine : c’étaient presque tous des piétons,
paysans qui se rendaient aux champs ; peu étaient armés : il y
avait un assez grand nombre de femmes ; la plupart ne se voilaient
pas. Hier, j’ai vu une grande quantité de troupeaux, beaucoup de
bœufs ; ces derniers m’ont frappé par leur haute taille. Dans
toute la route, un seul passage difficile, les environs du col. Sol
en général terreux. Un seul cours d’eau important, l’Ouad Bou
Çfiḥa (berges escarpées de 5 à 6 mètres de haut ; eau claire et
courante de 6 à 8 mètres de large et de 0,30 à 0,40 centimètres
de profondeur ; lit de gravier). On le franchit sur un pont de deux
arches en assez bon état. Il ne faudrait pas conclure de là que les
ponts soient au Maroc le moyen de passage ordinaire des rivières :
ils sont, au contraire, fort rares : je ne pense pas en avoir vu
plus de cinq ou six dans mon voyage. Je citerai en leur lieu ceux que
j’ai rencontrés. Habituellement c’est à gué qu’on traverse
les cours d’eau.

Il est inutile, je pense, de dire qu’il n’y a point de routes
au Maroc : on n’y trouve qu’un très grand nombre de pistes qui
s’enchevêtrent les unes dans les autres, en formant des labyrinthes
où l’on se perd vite, à moins d’avoir une profonde connaissance
du pays. Ces pistes sont des chemins commodes en plaine, mais très
difficiles et souvent dangereux en montagne.

Deux choses surtout m’ont frappé dans cette première journée
de voyage : d’abord l’eau fraîche et courante qui, malgré la
saison, coule dans la multitude de sources, de ruisseaux, de petites
rivières que j’ai rencontrés ; puis la vigueur extraordinaire de
la végétation : de riches cultures occupent la majeure partie du
sol et les endroits incultes eux-mêmes sont couverts d’une verdure
éclatante : pas de plantes chétives, pas de places sablonneuses
ni stériles : les lieux les plus rocheux sont verts : les plantes
percent entre les pierres et les tapissent.


                        2o. — SÉJOUR A TÉTOUAN.


Tétouan s’élève sur un plateau rocheux qui se détache du
flanc gauche de la vallée du même nom et qui la barre en grande
partie. Dominée au nord et au sud par de hautes montagnes, ayant
à ses pieds les plus beaux jardins du monde, arrosée par mille
sources, elle a l’aspect le plus riant qu’on puisse voir. La
ville est assez bien construite et moins sale que la plupart des
cités du Maroc : ses fortifications consistent en une qaçba[6],
s’élevant au nord-ouest de la ville, et en une enceinte en briques
de 5 mètres de haut et de 30 ou 40 centimètres d’épaisseur ;
quelques canons hors d’usage grimacent en manière d’épouvantails
aux abords de chaque porte. Tétouan est grande, mais les quartiers
excentriques en sont peu habités et en partie ruinés : beaucoup de
mosquées : pas de bâtiment remarquable, si ce n’est le massif
donjon du mechouar. Le quartier commerçant est animé, surtout le
mercredi, jour de marché. Il y a un grand mellaḥ, le plus propre
et le mieux construit que j’aie vu au Maroc. Tétouan peut avoir
20000 à 25000 habitants, dont environ 6000 Israélites. Elle a pour
gouverneur un qaïd nommé directement par le sultan. L’autorité
de ce magistrat s’étend sur le territoire situé entre la mer et
les tribus indépendantes du Rif d’une part, et les provinces de
Tanger et d’El Ạraïch de l’autre. Les environs de la ville
sont d’une grande fertilité ; les fruits de ses immenses jardins
sont renommés dans tout le nord du Maroc : on les exporte à El
Qçar et à Fâs. La vallée de l’Ouad Tétouan, après s’être
resserrée en face de la ville au point d’y former un véritable
kheneg, reprend aussitôt au-dessous d’elle une grande largeur :
en même temps, les montagnes qui la bordent, et qui étaient très
hautes jusque-là, s’abaissent et deviennent des collines. Dès lors
la vallée n’est plus, jusqu’à la mer, qu’un immense champ de
blé semé de fermes et de jardins.

[Illustration : Revers nord des monts Beni Hasan. (Vue prise à 2
kilomètres de Tétouan, du chemin de Tanger.)

Croquis de l’auteur.]

Je demeurai dix jours à Tétouan ; ce n’est pas que ce long
séjour entrât dans mes projets ; bien au contraire. Mon désir
était de partir le plus tôt possible pour Fâs : mais je tenais
à y aller par un chemin déterminé, passant par les territoires
des Akhmâs, des Beni Zerouâl, des Beni Ḥamed[7]. Je me mis donc,
dès mon arrivée, en quête d’un guide qui me conduisît par cette
voie. Je rencontrai de graves obstacles. Les tribus dont je voulais
traverser les terres étaient insoumises, et de plus célèbres
par leurs brigandages ; les caravanes évitaient avec soin leurs
territoires ; les courriers n’osaient y passer : on leur prenait
leurs lettres et leurs vêtements ; les ṭalebs mêmes ne s’y
aventuraient qu’à condition d’être à peu près nus. — Bref,
malgré mes recherches, malgré mes offres, je n’avais encore, après
huit jours, pu trouver personne qui se chargeât de me conduire. Je
fis une dernière tentative : je m’adressai à des cherifs, à
des marabouts de Tétouan : peut-être avaient-ils de l’influence,
des amis, dans ces régions, et pourrait-on les traverser avec leur
protection : partout la réponse fut négative ; mais, me disait-on en
même temps, ce qui était impossible d’ici devenait aisé de Fâs ;
là se trouvaient des personnages pour qui me faire voyager en ces
tribus serait chose facile. Ces dernières paroles, que je reconnus
plus tard être la vérité, me décidèrent à ne pas m’obstiner
davantage. Je résolus de partir pour Fâs par le chemin ordinaire,
celui d’El Qçar.

Auparavant je consacrai deux journées à une excursion à Chechaouen,
petite ville du Rif située à une cinquantaine de kilomètres au
sud de Tétouan.


                     3o. — EXCURSION A CHECHAOUEN.


                               2 juillet.

Je sors de Tétouan à 8 heures du matin ; un guide musulman est mon
unique compagnon. D’ici à Chechaouen, nous avons à traverser les
territoires de trois tribus, les Beni Ạouzmer, les Beni Ḥasan,
les Akhmâs : les deux premières sont soumises : on y voyage seul en
sécurité ; la dernière ne l’est pas : quand nous en approcherons,
nous aviserons à prendre nos précautions.

Durant toute la route le chemin est aisé. On est continuellement en
montagne : par conséquent beaucoup de montées, beaucoup de descentes,
un terrain généralement pierreux ; mais de passage difficile,
point. Au début, dans la basse vallée de l’Ouad Meḥadjra, le
pays a un aspect sauvage : la rivière est encaissée entre deux hauts
talus tout couverts de broussailles ; myrte, bruyère, palmiers nains,
et surtout lentisques : au delà de ces talus on ne voit, à l’ouest,
que de longues croupes boisées se succédant les unes aux autres ;
à l’est, que la haute muraille rocheuse qui couronne le Djebel
Beni Ḥasan. Cette dernière se dresse toute droite au-dessus de
nos têtes : à peine se trouve-t-il entre elle et les lentisques une
étroite bande de cultures : quant à l’ouad, c’est un torrent aux
eaux vertes et impétueuses. Mais après quelque temps le paysage se
modifie : la bande de cultures s’élargit ; des troupeaux paissent
dans les broussailles ; on rencontre des villages. On marche encore :
la rivière prend un autre nom : un palmier solitaire croissant sur
sa rive la fait appeler Ouad en Nekhla. A ce moment s’opère un
changement complet : lentisques et palmiers nains disparaissent :
les talus s’arrondissant deviennent des côtes assez douces, que
garnissent des cultures. Le Djebel Beni Ḥasan présente maintenant un
aspect enchanteur : des champs de blé s’étagent en amphithéâtre
sur son flanc et, depuis les roches qui le couronnent jusqu’au fond
de la vallée, le couvrent d’un tapis d’or : au milieu des blés,
brillent une multitude de villages entourés de jardins : ce n’est
que vie, richesse, fraîcheur.

Des sources jaillissent de toutes parts : à chaque pas on traverse
des ruisseaux : ils coulent en cascades parmi les fougères, les
lauriers, les figuiers et la vigne, qui poussent d’eux-mêmes
sur leurs bords. Nulle part je n’ai vu de paysage plus riant,
nulle part un tel air de prospérité, nulle part une terre aussi
généreuse ni des habitants plus laborieux.

D’ici à Chechaouen, le pays reste semblable : le nom des vallées
change, mais pareille richesse règne partout ; elle augmente même
encore à mesure que l’on s’avance. J’arrive dans la vallée
de l’Ouad Arezaz : les villages maintenant se succèdent sans
interruption : le sentier, bordé d’églantiers en fleurs, ne
sort plus des vergers ; nous cheminons à l’ombre des grenadiers,
des figuiers, des pêchers et de la vigne, dont les rameaux couvrent
les arbres : les ruisseaux sont si nombreux que l’on marche presque
constamment dans l’eau. C’est ainsi que je parviens non loin du
confluent où finit, avec le territoire des Beni Ḥasan, le _blad
el makhzen_. Au delà commencent les Akhmâs : c’est le _blad es
sîba_. Nous ne pouvons aller seuls plus loin. D’ailleurs il est 7
heures du soir. Nous nous arrêtons dans un beau village où l’on
nous donne l’hospitalité.

Ici les habitations sont bien différentes des huttes que l’on
voit près de Tétouan : ce sont des maisons, les unes de pisé,
les autres de briques, toutes bien construites ; la plupart sont
blanchies ; elles sont couvertes de toits, soit de chaume, soit de
tuiles ; point de terrasses. Auprès de toute demeure est un clos de
gazon ; des murs bas l’entourent, de vieux figuiers l’ombragent :
là rentrent chaque soir les troupeaux qui, le jour, paissent dans la
montagne. Des ruisseaux courent en tous les sentiers du village ; ils
apportent l’eau devant chaque porte. Tout est propre, frais, riant.

[Illustration]

Toute la journée, il y avait des passants sur le chemin, dans les
champs une foule de travailleurs. Ainsi que nous l’avons dit, la
plupart des cultures consistent en blé ; cependant on rencontre aussi
de l’orge et, de loin en loin, quelques champs de maïs. Deux cours
d’eau importants : l’Ouad Tétouan (berges de terre presque à pic
de 4 ou 5 mètres de haut ; lit de 12 mètres de large, rempli d’eau
courante et assez claire, de 50 à 60 centimètres de profondeur ;
fond de sable) ; et l’Ouad Meḥadjra (voici ce qu’il est dans sa
partie inférieure : berges à peine marquées ; eaux vertes, de 6 à 8
mètres de large et de 30 ou 40 centimètres de profondeur, serpentant
dans un lit de galets beaucoup plus large ; courant très rapide). Le
Djebel Beni Ḥasan est un massif extrêmement remarquable : le versant
occidental en affecte, dans sa partie nord, la forme suivante : α ;
dans sa région sud, celle-ci : β ; les plus hauts sommets, dont
les cartes marines nous donnent les altitudes, 1410 mètres, 2210
mètres, 1818 mètres, en sont invisibles du fond de la vallée ; une
haute muraille de pierre grise, à crête dentelée, le couronne de ce
côté et lui donne l’aspect le plus étrange : on dirait une série
de rochers de Gibraltar juxtaposés sur un piédestal de montagnes :
quelque chose comme ceci : γ. La crête supérieure de cette muraille
me paraît être à une altitude à peu près uniforme pouvant varier
entre 1200 et 1500 mètres. Au-dessus, quelques cultures entrevues en
deux ou trois points semblent révéler l’existence d’un plateau.

                               3 juillet.

A 3 heures et demie du matin, nous nous mettons en route ; un jeune
homme du village où nous avons passé la nuit nous accompagne :
son père, qui, moyennant une faible rétribution, nous a accordé
son ạnaïa, nous le donne pour nous servir de zeṭaṭ[8]. Il
est sans armes, comme toutes les gens qu’on rencontre de Tétouan
à Chechaouen. Nous descendons d’abord les dernières pentes
du Djebel Beni Ḥasan ; puis, suivant le fond de la vallée qui
se déroule à son pied, nous ne tardons pas à entrer sur les
terres des Akhmâs. C’est toujours la même prospérité, la
même richesse : l’Ouad el Ḥechaïch roule ses eaux paisibles à
l’ombre d’oliviers séculaires ; sa vallée est couverte de beaux
champs de blé où travaillent gaiement une foule de moissonneurs. Ce
n’est que sur les premières pentes du Djebel Mezedjel, prolongement
du Djebel Beni Ḥasan, trop raides ici pour recevoir de culture,
qu’on retrouve pendant quelque temps les palmiers nains. Encore
cela dure peu : le premier talus franchi, les côtes deviennent plus
douces, et au milieu de champs dorés, en traversant des ruisseaux
innombrables, je monte à Chechaouen.

La ville, enfoncée dans un repli de la montagne, ne se découvre
qu’au dernier moment : on a gravi tous les premiers échelons de
la chaîne ; on est parvenu à la muraille rocheuse qui la couronne ;
on en longe péniblement le pied au milieu d’un dédale d’énormes
blocs de granit où se creusent de profondes cavernes. Tout à coup
ce labyrinthe cesse, la roche fait un angle : à cent mètres de là,
d’une part adossée à des montagnes à pic, de l’autre bordée
de jardins toujours verts, apparaît la ville. Il était 6 heures
du matin quand j’y arrivai : à cette heure, les premiers rayons
du soleil, laissant encore dans l’ombre les masses brunes des
hautes cimes qui la surplombent, doraient à peine le faîte de ses
minarets : l’aspect en était féerique. Avec son vieux donjon à
tournure féodale, ses maisons couvertes de tuiles, ses ruisseaux qui
serpentent de toutes parts, on se serait cru bien plutôt en face de
quelque bourg paisible des bords du Rhin que d’une des villes les
plus fanatiques du Rif. Chechaouen, dont la population compte un grand
nombre de cherifs[9], est en effet renommée pour son intolérance :
on se raconte encore le supplice d’un malheureux Espagnol qui,
il y a une vingtaine d’années, voulut y pénétrer : même les
Juifs, qu’on tolère, sont soumis aux plus mauvais traitements ;
parqués dans leur mellaḥ, ils ne peuvent en sortir sans être
assaillis de coups de pierres : sur tout le territoire des Akhmâs,
auquel appartient la ville, personne ne passa près de moi sans
me saluer d’un _Allah iḥarraq bouk, ia el Ihoudi_[10], ou de
quelque autre injure analogue. Chechaouen a 3 ou 4000 habitants, parmi
lesquels une dizaine de familles israélites. Le marché s’y tient
le dimanche. C’est une ville ouverte. Derrière elle s’élève
à pic la haute muraille de roche qui couronne le Djebel Mezedjel ;
en avant commencent de superbes jardins qui, s’étendant sur le
flanc de la montagne, couvrent un espace immense ; les fruits qu’ils
produisent, leurs raisins surtout, sont célèbres dans tout le nord du
Maroc. Chechaouen est renommée aussi pour l’excellence de son eau.

[Illustration : Heliog. P. Albert Dujardin

Challamel aine Edit.

CHECHAOUEN]

Pendant cette dernière partie de ma route, j’ai encore rencontré
beaucoup de personnes sur le chemin. Celui-ci ne cesse pas d’être
bon : une seule côte un peu raide, aucun passage difficile. Sol
terreux, peu de pierres. J’ai traversé deux cours d’eau assez
importants : l’Ouad Arezaz (berges de terre d’un mètre ; eau
claire et courante de 60 centimètres de profondeur ; 8 mètres de
large ; lit de galets), et l’Ouad el Ḥechaïch (il coule à pleins
bords dans un lit de gravier de 10 mètres de large ; eau claire
et courante de 60 centimètres de profondeur). Le Djebel Mezedjel,
identique au Djebel Beni Ḥasan, n’est que la continuation de
celui-ci sous un autre nom : on le voit se prolonger bien loin encore
dans le sud, appelé alors Djebel el Akhmâs.

Vers 7 heures du matin, je quitte Chechaouen pour reprendre la
direction de Tétouan. Le chemin qui m’a conduit me ramène. Pas
de nouvelles remarques à faire. Je ne me lasse pas d’admirer cette
merveilleuse quantité d’eau courante qu’on rencontre le long de
la route : si ce n’est dans les hautes vallées de la Suisse, je
n’ai vu nulle part un aussi grand nombre de sources, de ruisseaux
grands et petits, tous pleins d’eau douce et limpide. La population
sait tirer parti de tant de bienfaits ; aucune place cultivable qui
ne soit ensemencée : on voit des champs suspendus en des points qui
paraissent presque inaccessibles. — Chemin faisant, je rencontre un
_ḥadj_[11], qui suit la même direction que nous ; apprenant que je
suis étranger, il me salue en français et nous causons. J’avais
remarqué déjà, et c’est un fait que je ne cesserai de constater
dans la suite, que les ḥadjs étaient généralement plus polis
et affables que les autres Musulmans. C’est à tort qu’on se
figure parfois qu’ils reviennent de la Mecque plus fanatiques et
intolérants qu’ils n’étaient ; le contraire se produit : leur
long voyage, les mettant en contact avec les Européens, leur fait
voir d’abord que ceux-ci ne sont pas les monstres qu’on leur
avait dépeints ; ils sont surpris et reconnaissants de ne point
trouver chez nous d’hostilité ; puis nos bateaux à vapeur, nos
chemins de fer, les frappent d’admiration : au retour, ce n’est
pas le souvenir de la kạba qui hante leur esprit, c’est celui
des merveilles des pays chrétiens, celui d’Alexandrie, de Tunis,
d’Alger. La plupart du temps, le Pèlerinage, loin d’augmenter
leur fanatisme, les civilise et leur ouvre l’esprit.

Quelle que pût être notre célérité, il n’était pas possible
d’arriver à Tétouan le jour même : nous passâmes la nuit dans
un village des Beni Ḥasan. Le lendemain, nous repartîmes de très
bonne heure ; à 6 heures du matin, nous étions dans la ville.

Les Beni Ḥasan, sur le territoire desquels j’avais marché pendant
la plus grande partie de cette excursion, sont de race et de langue
tamaziṛt. Ils sont dits Qebaïl[12]. Tout le massif montagneux auquel
ils ont donné leur nom leur appartient. Cette tribu me paraît riche
et nombreuse, à voir la quantité et l’importance des villages,
la fertilité du pays, les belles cultures qu’il renferme, le
monde qu’on y rencontre sur les routes. Elle est fort dévote,
à en juger par la grande proportion de ḥadjs qui s’y trouve,
par le nombre de ses qoubbas et de ses zaouïas, à en juger aussi
par les immenses détours qu’on me faisait faire à travers champs,
chaque fois qu’on approchait d’un de ces lieux vénérés, de
peur de le souiller par la présence d’un Juif.

Dans cette tribu, aussi bien que chez les Akhmâs, les costumes
sont les suivants : pour les hommes de condition aisée : caleçons
étroits s’arrêtant au-dessus du genou, courte chemise sans manches,
en laine blanche, descendant jusqu’à mi-cuisse, enfin djelabia
brune ; comme chaussure, la belṛa[13] jaune ; comme coiffure, une
calotte rouge. Cette dernière se supprime souvent : dans tout le
Maroc, les populations des campagnes ont d’habitude la tête nue,
quelque soleil qu’il fasse, et bien que la plupart se rasent les
cheveux. Les pauvres n’ont qu’une chemise de laine blanche et une
djelabia ou un court bernous de même étoffe ; rien sur la tête,
ou bien quelque chiffon blanc ou rouge noué autour, laissant le
crâne à découvert ; les pieds nus ou chaussés de sandales. Ici,
par exception, peu de cheveux sont rasés : on se contente de
les porter très courts. Rien de particulier dans le costume des
femmes : elles ont celui quelles portent dans les campagnes du Tell
algérien ; il est uniformément en laine ou en cotonnade blanches ;
toutes laissent leur visage découvert ; pour travailler aux champs,
elles s’enroulent autour des jambes un épais morceau de cuir fauve
fixé sur le devant par une agrafe : c’est quelque chose comme les
cnémides que mettait Laërte pour jardiner.

En général, les hommes sont assez beaux et surtout vigoureux,
les femmes laides et communes. Bien que le tamaziṛt soit leur
langue habituelle, les Beni Ḥasan savent la plupart l’arabe ;
mais ils y mêlent diverses expressions étrangères : telle est la
particule _d_, dont ils font précéder les noms au génitif : ainsi
ils disent Ouad d en Nekhla, Djebel d el Akhmâs, etc. Cet emploi du
_d_ se retrouve d’ailleurs dans le Maroc entier, avec le même sens,
celui de notre préposition « de » ; mais nulle part avec autant
d’excès qu’aux environs de Tétouan.


                        4o. — DE TÉTOUAN A FAS.


                               4 juillet.

Pendant cette première journée de marche, je me borne à gagner
le fondoq devant lequel j’étais déjà passé, entre Tanger et
Tétouan. La route a été décrite ; je n’en reparlerai pas. J’ai
fait prix, pour me conduire à Fâs, avec un muletier musulman :
c’est en sa compagnie que je suis parti ce matin ; notre caravane
est peu nombreuse : dix bêtes de somme ; le muletier, son fils
et un domestique ; voilà, avec Mardochée et moi, tout ce qui la
compose. D’ici à Fâs, par la route que nous allons prendre,
il n’y a rien à craindre ; nous serons constamment en blad el
makhzen et en pays peuplé : inutile de prendre d’escorte.

Le fondoq où nous passons la nuit est une vaste enceinte carrée
dont le pourtour est garni, à l’intérieur, d’un hangar :
les voyageurs s’installent sous cet abri ; les animaux restent au
centre : le maître du lieu perçoit une légère rétribution sur
bêtes et gens ; de plus, il vend de l’orge et de la paille. Les
établissements de ce genre, rares au Maroc dans la campagne, y
sont très nombreux dans les villes : le hangar se surmonte alors
d’un étage où sont disposées de petites cellules fermant à
clef qu’on loue aux étrangers : ce sont les seules hôtelleries
qui existent. Le fondoq où nous sommes paraît très fréquenté :
vers le soir, près de cinquante voyageurs s’y trouvent réunis ;
la cour est pleine : chevaux, ânes, mulets, chameaux, s’y pressent
pêle-mêle avec des troupeaux de bœufs et de moutons.

                               5 juillet.

A 4 heures du matin, nous quittons le fondoq. La caravane s’augmente
de trois personnes : un homme se rendant à Fâs ; il porte à
la main une cage contenant six canaris ; c’est pour les vendre
qu’il entreprend ce voyage ; il compte sur un bénéfice d’environ
trente francs. Puis une femme et sa petite fille, allant je ne sais
où. Aujourd’hui, la route traverse deux régions fort différentes :
durant la première partie de la journée, je suis dans un pays
montueux, très arrosé, souvent boisé : ce sont les dernières pentes
du revers occidental des montagnes du Rif. Puis, vers midi, après
avoir passé un col aux abords rocheux et difficiles, je débouche
dans une immense plaine légèrement ondulée où je marche jusqu’au
gîte. Cette plaine, couverte tantôt de champs de blé et de maïs,
tantôt de pâturages, tantôt de nouara hebila[14], s’étend à
perte de vue dans les directions de l’ouest et du sud ; au nord et à
l’est, elle est bornée par une longue ligne de hauteurs bleuâtres,
au flanc desquelles on distingue de blancs villages et les taches
sombres de vergers. La nouvelle région où je viens d’entrer et
où je demeurerai jusqu’à l’Ouad Sebou présente le contraste
le plus complet avec celle que je quitte : là on ne voyait que des
villages, ici presque que des tentes ; là une foule de jardins, ici
pas un arbre ; là tous les ruisseaux, toutes les rivières avaient
de l’eau courante, tous étaient bordés de lauriers-roses ; ici
bien des lits sont à sec, d’autres ne contiennent qu’une eau
croupissante et le laurier-rose a disparu. Cependant, sans être
riante comme la première, c’est encore une riche contrée : le
sol, terreux partout, est entièrement cultivable ; de beaux champs
de blé, d’orge et parfois de maïs, en couvrent une grande partie
et en prouvent la fécondité. D’ailleurs, si elle n’a pas ces
ondes fraîches et limpides que j’admirais près de Tétouan,
les rivières pourtant y sont nombreuses et l’eau est loin d’y
manquer, malgré la saison.

Nous nous arrêtons à 4 heures du soir, dans un douar des Bdaoua[15],
en un lieu où se tient un marché hebdomadaire, Souq el Arbạa
el Bdaoua. Pendant cette journée, je n’ai rencontré sur la
route qu’un passage difficile : les environs du col signalé
plus haut. Parmi les cours d’eau traversés, trois avaient
quelque importance : l’Ouad el Ḥericha (berges escarpées de
2 ou 3 mètres de haut ; 6 mètres de large ; eau claire de 50
centimètres de profondeur, qui coule sur un lit de gros galets ;
courant rapide) ; l’Ouad el Kharroub (berges de terre escarpées de
2 ou 3 mètres de haut ; 5 mètres de large ; eau claire et courante
de 50 centimètres de profondeur ; lit de gravier) ; l’Ouad Ạïcha
(6 mètres de large ; eau de 50 à 60 centimètres de profondeur ;
courant insensible). En général, peu de monde sur le chemin,
mais sur quelques points beaucoup de travailleurs dans les champs :
partout, de Tétouan à Fâs, on moissonne. Souvent les douars qu’on
rencontre sont grands, mais ils ont l’aspect misérable : les tentes,
petites et mauvaises, ne descendent qu’à 0,80 centimètres de terre,
laissant un vide mal fermé par une cloison de nouara hebila. Encore
tout n’est-il pas tentes ; celles-ci sont mêlées la plupart du
temps de huttes en nouara hebila. Huttes et tentes sont groupées
sans ordre, formant un ensemble qui rappelle peu le sens primitif du
mot douar. Ainsi sont tous les campements de Tétouan à Fâs.

                               6 juillet.

Départ à 5 heures du matin. Toute la journée, je continue à marcher
dans la plaine ondulée décrite hier ; rien n’y change : même
terrain, mêmes habitants, même horizon ; seulement, à partir de 11
heures, j’ai en vue le Djebel Sarsar. Sa croupe massive apparaît
à l’est, dominant les hauteurs qu’on aperçoit de ce côté. El
Qçar est située au milieu de la plaine. Nous entrons dans la ville
à 4 heures du soir.

[Illustration : El Qçar el Kebir, ses jardins, le Djebel Sarsar.

(Vue prise à 2 kilomètres de la ville, du chemin de
Tétouan.) Croquis de l’auteur.]

Plus de voyageurs aujourd’hui qu’hier sur la route. Le principal
cours d’eau traversé est l’Ouad el Mkhâzen (berges de terre
à 1/2 de 4 à 5 mètres de haut ; 10 à 12 mètres de large ; belle
eau courante de 50 centimètres de profondeur).

Un événement se produit ce soir dans notre caravane : en entrant
à El Qçar, l’homme aux canaris nous fait part de son mariage :
en marche, il a fait connaissance avec notre compagne de route ;
elle lui a plu ; il lui a offert sa main ; elle a accepté ; ils
vont se marier à El Qçar : on vendra les canaris comme on pourra ;
le prix en servira au don nuptial et aux frais de la noce.

                               7 juillet.

C’est aujourd’hui samedi : force m’est de rester ici pendant
24 heures. De tous les ennuis auxquels m’a soumis ma condition de
Juif, je n’en connais aucun qui approche de celui-là : perdre
cinquante-deux jours par an. Certains Israélites du Maroc sont
d’avis que c’est le point le plus admirable de leur religion. Je
n’y ai rien trouvé de plus dur : on voudrait se mettre en route, on
ne peut pas : on est en voyage, il faut s’arrêter. Encore si l’on
pouvait profiter de ce retard pour rédiger ses notes, mais c’est
presque toujours impossible. Se trouve-t-on seul ? On barricade sa
porte, on bouche les fentes, et on se met au travail. Mais il est si
difficile d’être seul ce jour-là ! Et il ne faudrait pas qu’on
vous surprît à écrire : votre secret serait trahi ; on saurait que
vous n’êtes pas Israélite. A-t-on jamais vu au Maroc Juif écrire
durant le sabbat ? C’est défendu au même titre que voyager,
faire du feu, vendre, compter de l’argent, causer d’affaires,
que sais-je encore ? Et tous ces préceptes sont observés, avec quel
soin ! Pour les Israélites du Maroc, toute la religion est là : les
préceptes de morale, ils les nient ; les dix commandements sont de
vieilles histoires bonnes tout au plus pour les enfants ; mais quant
aux trois prières quotidiennes quant aux oraisons à dire avant et
après les repas, quant à l’observation du sabbat et des fêtes,
rien au monde, je crois, ne les y ferait manquer. Doués d’une foi
très vive, ils remplissent scrupuleusement leurs devoirs envers Dieu
et se dédommagent sur les créatures.

Encore ici ne suis-je pas très à plaindre : je profiterai de cette
journée pour visiter la ville. Celle-ci a pu mériter autrefois son
nom de El Qçar el Kebir[16], mais aujourd’hui elle n’est plus
ni grande ni fortifiée. Très mal construite, avec ses maisons non
blanchies qui lui donnent un air de saleté et de tristesse, c’est la
plus laide des villes que j’aie vues au Maroc : elle manque d’eau ;
on est obligé d’en aller chercher dans des outres à l’Ouad el
Qous, à près d’une demi-heure de distance. La population peut
être de 5 ou 6000 habitants, dont un millier d’Israélites :
ceux-ci étaient autrefois enfermés dans un mellaḥ ; comme il
est devenu trop étroit, on leur permet aujourd’hui d’habiter
dans toute la ville. Malgré cela, il est difficile de se loger :
j’ai eu toutes les peines du monde à trouver une chambre, et
quelle chambre ! Je n’aurais jamais cru qu’une telle quantité
d’araignées et de souris pût tenir en un si petit espace. Quant
aux anciennes fortifications, on en retrouve peu de traces : quelques
pans de murs ruinés, de pisé extrêmement épais, se dressant çà
et là aux abords de la ville, voilà tout ce qu’il en reste. Une
des choses remarquables de ce lieu est la quantité innombrable des
cigognes : point de maison sans un nid de ces oiseaux ; il y en a,
je pense, presque autant que d’habitants. El Qçar est la résidence
d’un gouverneur, lieutenant du qaïd d’El Ạraïch[17].

Auprès de la ville, sont de grands vergers : j’y ai remarqué de
belles plantations d’orangers, entretenues avec soin et arrosées par
des norias. Mais ce sont des exceptions : en général, ces jardins
sont plus vastes que florissants ; ils produisent peu de fruits ; la
plupart de ceux qu’on consomme ici viennent de Tanger ou de Tétouan.

                               8 juillet.

Départ à 5 heures du matin. Je marche dans la même plaine : telle
elle était avant-hier au nord d’El Qçar, telle elle sera encore
toute cette journée. Il n’y a qu’une différence : la ligne de
hauteurs qui la bordait vers l’est disparaît et fait place aux
lourds massifs du Djebel Sarsar et du Djebel Kourt. A 3 heures de
l’après-midi, nous arrivons à Chemmaḥa, petit douar où nous
devons passer la nuit.

[Illustration : Djebel Sarsar. (Les parties ombrées sont boisées.)

(Vue prise du chemin d’El Qçar à Fâs, à 22 kilomètres d’El
Qçar.)

Croquis de l’auteur.]

[Illustration : Djebel Kourt. (Vue prise du chemin d’El Qçar
à Fâs, à l’ouest-sud-ouest et à environ 12 kilomètres de la
montagne.) Croquis de l’auteur.]

Je n’ai traversé aujourd’hui qu’une seule rivière, mais elle
est importante : c’est l’Ouad el Qous (berges de terre à 1/1
de 7 à 8 mètres de haut ; eau courante de 60 à 70 centimètres de
profondeur et de 20 à 25 mètres de large ; lit de gravier).

Une caravane qui chemine en ces pays arrive toujours plus nombreuse
qu’elle n’était partie. En marche, elle se grossit de tous
les isolés qu’elle rencontre et qui suivent la même route. A
chaque gîte, elle s’accroît de quelques personnes qui profitent
de l’occasion. _El ạmara mliḥa_, « la société est bonne »,
dit-on : la société est une sûreté et souvent une économie. Cinq
au départ, nous sommes déjà une douzaine : nous arriverons quinze
ou vingt à Fâs.

                               9 juillet.

[Illustration]

Départ à 4 heures et demie du matin. Nous reprenons notre marche au
travers du même pays. A 2 heures, nous parvenons au bord de l’Ouad
Ouerṛa. Le fond de la vallée, très large ici, est limité des
deux côtés par un talus de terre presque à pic d’une dizaine de
mètres de hauteur. L’aspect de la vallée est riant : c’est une
grande prairie où paissent de nombreux troupeaux ; quelques bouquets
d’arbres l’ombragent ; des jardins, des douars s’y voient en
grand nombre. Au milieu, la rivière, large de 80 mètres, aux eaux
vertes, coule claire et rapide sur un lit de galets. Ce lit est bordé
de berges de terre à pic, de 4 à 5 mètres de haut ; la largeur de la
rivière atteint près de 100 mètres au gué où nous la traversons ;
en ce point, elle a environ 60 centimètres de profondeur ; au-dessous,
son cours se rétrécit, mais elle devient profonde de 1m,50. Nous
nous arrêtons sur la rive gauche de l’ouad, dans un petit douar
ombragé de figuiers : c’est là que nous passerons la nuit.

Avant d’arriver à l’Ouad Ouerṛa, j’avais franchi un cours
d’eau assez important, l’Ouad Rḍât (berges de terre de 4 à
5 mètres de haut ; eau claire et courante de 50 centimètres de
profondeur ; 15 mètres de large ; lit de gravier). Aujourd’hui,
un peu moins de monde sur le chemin que les jours derniers. Les
cultures semblent aussi un peu moins nombreuses et moins soignées. Les
pâturages augmentent.

[Illustration : Djebel Tselfat. (Vue prise du chemin d’El Qçar
à Fâs, à environ 16 kilomètres de la montagne.) Croquis de
l’auteur.]

D’ici on voit, tout à fait dans le lointain, bornant l’horizon
vers l’est, une longue série de crêtes grisâtres très
découpées ; elles paraissent appartenir à des massifs élevés ;
un sommet se distingue par ses formes escarpées : c’est le
Djebel Oulad Ạïssa. Plus près de moi, dans la direction du sud,
j’aperçois le Djebel Tselfat. — L’Ouad Ouerṛa renferme
beaucoup de poissons ; des hommes de la caravane pêchent, et en
prennent une quantité étonnante. Il contient aussi des tortues,
comme la plupart des cours d’eau entre Tanger et Fâs.

                              10 juillet.

[Illustration]

Départ à 5 heures du matin. Je marche jusqu’au gîte dans la même
plaine que les jours précédents ; mais le terrain se modifie un
peu. Il commence à changer vers 9 heures et demie, à la frontière
des Oulad Ạïssa. Jusque-là c’était toujours la même plaine
à ondulations légères, succession de plateaux peu élevés,
coupés de vallées sans profondeur. A partir de là, les rides
se creusent, les reliefs se prononcent. Cependant les mouvements
sont encore peu accentués, et la région d’ici à l’Ouad Sebou
peut se considérer comme appartenant à celle où je suis entré
le 5 juillet. Mais, par divers côtés, elle annonce la contrée
qu’on trouvera sur la rive gauche du fleuve : déjà les flancs des
vallées se couvrent de jardins ; déjà apparaissent sur les côtes
des plantations d’oliviers, de vignes et de figuiers ; déjà les
collines se couronnent de villages. De plus, la nouara hebila, plante
curieuse qui couvre une partie de la plaine que je finis de traverser,
et que je n’ai jamais rencontrée ailleurs, devient rare : par
contre, le jujubier sauvage commence à se montrer ; depuis que je
suis chez les Oulad Ạïssa, j’en vois çà et là des buissons
poussant dans la campagne. On rencontre plus de passants qu’hier ;
le pays paraît plus habité et plus riche. Vers 3 heures et demie,
nous atteignons la vallée du Sebou : moins large que celle de l’Ouad
Ouerṛa, elle est aussi nettement dessinée. Un double talus à pente
très raide en limite le fond de chaque côté. Ce fond est en partie
sablonneux : on y voit peu de cultures, mais il y a des pâturages avec
plusieurs grands douars ; au milieu coule, en serpentant beaucoup,
l’Ouad Sebou. La largeur moyenne paraît en être de 60 mètres,
la profondeur d’un mètre ; il coule entre deux berges de terre de
3 à 4 mètres de haut ; les eaux en sont moins claires que celles
de l’Ouad Ouerṛa, mais le courant en est extrêmement rapide :
nous profitons, pour le passer, d’un gué où il prend une grande
largeur et se divise en trois bras : dans les deux premiers je trouve
une profondeur de 50 centimètres environ ; dans le troisième, large
de 50 mètres, une profondeur de 70 centimètres : le lit est formé
de gros galets. Nous faisons halte dans un douar, sur la rive gauche
du fleuve, tout près d’un rocher isolé, _Ḥadjra ech Cherifa_,
qui donne son nom à ce lieu. Ici encore mes compagnons font une
pêche abondante. De l’Ouad Ouerṛa à l’Ouad Sebou, je n’ai
traversé que des ruisseaux.

                              11 juillet.

[Illustration : Djebel Gebgeb et Djebel Terrats. (Vue prise au
nord-ouest de ces montagnes, du chemin d’El Qçar à Fâs.) Croquis
de l’auteur.]

Départ à 5 heures du matin. Après nous être élevés par degrés
en franchissant une succession de côtes coupées de ravins assez
profonds, nous arrivons à 10 heures au cœur même du massif du
Gebgeb. Nous nous mettons à gravir cette montagne : le sol reste
terreux, mais le chemin, en pente très raide, devient difficile. La
fatigue de la route est compensée par la beauté du paysage : autour
de soi on ne voit que vastes plantations de vignes et d’oliviers,
s’étendant sur tout le flanc de la montagne et en couronnant le
faîte ; puis, de temps en temps, on aperçoit vers la droite la haute
cime du Terrats, ou bien, dans le lointain, la silhouette grise du
Zerhoun. A midi, j’atteins le col, situé presque au niveau des
sommets du massif. De là on jouit d’un spectacle merveilleux :
à droite, le Terrats et le Zerhoun ; à gauche, l’arête rocheuse
du Zalaṛ ; en avant, bornant toute l’étendue de l’horizon, une
ligne confuse de montagnes lointaines que dominent la haute cime du
Djebel Ṛiata et les crêtes neigeuses du Djebel Beni Ouaṛaïn :
au milieu de cette ceinture grandiose, au pied même du Gebgeb,
apparaît Fâs, émergeant comme une île blanche de la mer sombre
de ses immenses jardins.

Du col, la descente est aisée : à 2 heures, j’arrive à Bab Segma
et j’entre dans l’antique cité de Moulei Edris.

Pendant cette journée, une foule de voyageurs n’a cessé de
sillonner le chemin : de Ḥadjra ech Cherifa à Fâs, le pays
est d’une richesse extrême ; ce ne sont que cultures, villages,
jardins, plantations de vignes et d’oliviers ; quelques ravins sont
boisés ; peu de places incultes, celles qu’on voit sont couvertes
de jujubiers sauvages et de palmiers nains : la nouara hebila a
entièrement disparu. Peu d’eau courante, mais des sources et des
puits. Vers 7 heures et demie, j’ai passé au milieu de l’Arbạa
des Oulad Djemạ ; malgré l’heure matinale, il était animé :
il s’y trouvait 300 ou 400 personnes, et on venait de toutes parts.

[Illustration : Partie orientale de Fâs el Bâli. (Le reste de la
ville est caché par des collines couvertes de vergers.) (Vue prise
à un kilomètre du mellah de Fâs, du chemin de Sfrou.) Croquis
de l’auteur.]

                          5o. — SÉJOUR A FAS.

A mon passage à Tanger, M. Benchimol, dont le nom est connu en France
par les importants services que, depuis plus d’un siècle, sa famille
ne cesse de rendre à notre pays, m’avait donné une lettre pour
un des principaux négociants de Fâs, M. Samuel Ben Simhoun. Je me
fis immédiatement conduire à la maison de ce dernier. Je reçus de
lui le meilleur accueil. Je lui demandai aussitôt de m’aider à
trouver les moyens de gagner le Tâdla ; il me promit de le faire,
et il m’offrit si cordialement l’hospitalité que je n’hésitai
pas à l’accepter. D’ailleurs je comptais ne passer que peu de
temps à Fâs : cette ville étant décrite dans plusieurs ouvrages
en grand détail et mieux que je n’eusse pu le faire, je n’avais
pas à l’étudier ; il me tardait, au contraire, de la quitter pour
entrer enfin en pays inconnu. Je priai donc M. Ben Simhoun de hâter
mon départ pour le Tâdla : je tenais à y aller en coupant au court,
à travers le massif inexploré qu’occupent les Zemmour Chellaḥa
et les Zaïan.

Ce que je désirais n’était pas chose aussi facile que je l’avais
cru. Nous n’obtînmes d’abord que les renseignements les plus
décourageants : le chemin que je voulais prendre était impraticable,
jamais on ne le suivait ; les Zaïan et les Zemmour Chellaḥa
étaient des tribus sauvages chez lesquelles il était impossible de
voyager ; il ne fallait pas songer à une route pareille ; d’ailleurs
n’en avait-on pas une autre, aussi sûre que celle-ci l’était
peu ? celle qui se prenait toujours, et qui passait par Rebaṭ et
Dar Beïḍa. On eut beau chercher, questionner, s’informer, ce
fut tout ce qu’on put obtenir. Au bout de huit jours, force fut de
s’avouer qu’il n’y avait rien à espérer à Fâs. Mon hôte fit
alors une dernière tentative : il écrivit à Meknâs, priant un de
ses amis d’y continuer les recherches qui jusque-là avaient si peu
réussi. La réponse ne se fit pas attendre : il existait à Meknâs un
cherif, homme honorable, qui connaissait le chemin que je demandais ;
il l’avait suivi lui-même plusieurs fois : comble de bonheur, il
avait l’intention d’aller à Bou el Djạd dans quelque temps ;
je pourrais partir avec lui, il se faisait fort de me faire passer
partout. Mais il ne voyagerait qu’à la fin du Ramḍân. Or le
Ramḍân commençait à peine. Il était dur d’être arrêté un
mois à Fâs ; d’autre part, l’occasion qui s’offrait était
unique : il fallait ou l’attendre, ou se résigner à suivre la
route ordinaire. Je ne balançai pas, j’acceptai la proposition
du cherif. — Quant à mon séjour à Fâs, je m’efforcerais de
l’employer le plus utilement possible, j’en profiterais pour
aller visiter Tâza et Sfrou.

Je ne puis dire combien de zèle montra M. Ben Simhoun en ces
négociations. C’est lui qui fit toutes les démarches, toutes les
recherches. Jusqu’au moment où la dernière disposition fut prise
pour mon départ, il quitta ses occupations, négligea ses affaires,
pour se consacrer en entier à ce que je lui avais demandé. Il
montra en tout une intelligence, une activité, une discrétion
dont je ne devais pas trouver d’autre exemple au Maroc parmi ses
coreligionnaires.

[Illustration : Monts Terrats, Gebgeb et Zalar et plaine du Saïs. (Vue
prise du chemin de Sfrou à Fâs.)

Croquis de l’auteur.]

[Illustration : Djebel Terrats. (Vue prise du mellah de Fâs.)

Croquis de l’auteur.]

[Illustration : Djebel El Behalil, portion orientale du revers nord
du Djebel Beni Mtir et plaine du Saïs. (Vue prise du mellah de Fâs.)

Croquis de l’auteur.]

La population de Fâs est d’ordinaire estimée à 70000 habitants,
dont 3000 Israélites : ces chiffres ne sont, je crois, pas loin de la
vérité. Fâs fait un commerce considérable ; elle est le centre où
affluent d’une part les marchandises européennes venant par Tanger,
de l’autre les cuirs du Tafilelt, les laines, la cire et les peaux
de chèvre des Aït Ioussi et des Beni Ouaṛaïn, parfois même les
plumes du Soudan. Les laines, les peaux, la cire, sont expédiées
par grandes quantités en Europe ; les plus beaux cuirs restent à
Fâs où, travaillés par d’habiles ouvriers, ils servent à faire
ces belṛas, ces coussins, ces ceintures, objets de luxe qu’on
vient y acheter de tous les points du Maroc du nord[18]. Les objets
d’origine européenne arrivant dans la ville sont nombreux : velours,
soieries, passementeries d’or et d’argent venant de Lyon ; sucres,
allumettes, bougies de Marseille ; pierres fines de Paris ; corail de
Gênes ; cotonnades (_meriqan_, _sḥen_, indiennes), draps, papier,
coutellerie, aiguilles, sucres, thés d’Angleterre ; verrerie et
faïences d’Angleterre et de France. Une portion de ces marchandises,
tout ce qui est passementeries, pierres fines, coutellerie, reste à
Fâs. Le reste, c’est-à-dire la plus grande part de beaucoup, va
alimenter des marchés de Fâs au Tafilelt. Les grands négociants de
la capitale envoient des agents, munis de cotonnades et de belṛas,
sur les marchés des Hiaïna et des Beni Mgild ; de plus, ils ont des
correspondants échelonnés depuis Sfrou jusqu’au Reteb : ils leur
expédient du sucre, du thé, des cotonnades, qui s’écoulent de là
chez les Beni Ouaṛaïn, les Aït Ioussi, les Aït Tsegrouchen, et
chez toutes les tribus de la haute Mlouïa et de l’Ouad Ziz. D’un
autre côté, les caravanes qui viennent du Tafilelt, apportant des
cuirs et des dattes, s’en retournent chargées de cotonnades, de
sucre, de thé, de riches vêtements de drap et de belṛas fines,
pour lesquels Fâs est renommée, et d’une pacotille de parfums, de
papier, d’aiguilles, d’allumettes, de verres et de faïences. Fâs
fournit ainsi non seulement une partie du Maroc central, mais encore
la plus grande portion du Sahara oriental, toute celle qui dépend
commercialement de l’Ouad Ziz. Un commerce aussi étendu serait la
source de richesses immenses dans un autre pays ; mais ici plusieurs
causes diminuent les bénéfices : d’abord le prix élevé des
transports, tous faits à dos de chameau ou de mulet, prix que doublent
au moins les nombreux péages établis sur les chemins du nord de
l’Atlas et les escortes qu’il est indispensable de prendre au
sud de la chaîne ; ensuite, dans une région dont la plus grande
partie est peuplée de tribus indépendantes et souvent en guerre
entre elles, dont l’autre n’est qu’à moitié soumise et se
révolte fréquemment, il arrive sans cesse qu’une caravane est
attaquée, qu’un convoi est pillé, qu’un agent est enlevé. Le
commerce a donc ses risques, et plus d’un motif vient en amoindrir
les gains. Enfin il est entravé encore par le manque de crédit
et par l’usure. Le taux de l’intérêt atteint au Maroc des
limites fantastiques, ou plutôt il n’en a pas. Voici le taux
auquel prêtent à Fâs des Israélites qui se respectent : 12 %
pour un coreligionnaire d’une solvabilité certaine ; 30 % pour
un Musulman d’une solvabilité également assurée ; 30 % pour une
personne de solvabilité moins sûre, mais qui fournit un gage ; 60 %
dans les mêmes conditions sans gage[19].

[Illustration : Djebel Zerhoun. (Vue prise du chemin de Fâs à Sfrou,
à un kilomètre du mellah de Fâs.)

Croquis de l’auteur.]

Dans les diverses villes du Maroc que j’ai vues, le costume des
Musulmans de condition aisée est le même ; je le décrirai ici
une fois pour toutes : linge de coton ; comme principal vêtement,
soit un costume de drap brodé à la mode algérienne, soit un long
cafetan de drap de couleur très tendre, soit plus souvent encore la
_farazia_, sorte de cafetan de coutil blanc cousu au-dessous de la
ceinture, comme la gandoura, et se fermant du haut par une rangée
de petits boutons de soie ; sur la tête, un large turban en étoffe
très légère de coton blanc ; par-dessus le tout, un léger ḥaïk
de laine blanche unie ; aux pieds, jamais de bas : de simples belṛas
jaunes. Au Maroc, la couleur des belṛas a la plus grande importance :
le jaune est réservé aux Musulmans, le rouge aux femmes, le noir
aux Juifs : c’est une règle rigoureuse, observée même dans
les campagnes les plus reculées. Les citadins portent rarement le
bernous : il ne fait pas partie de leurs habits ordinaires ; on ne
le met que lorsqu’il fait froid. Les marchands, les individus de
condition secondaire, remplacent volontiers le costume algérien,
le cafetan, la farazia, par la djelabia en laine blanche ou en drap
bleu foncé : avec la djelabia on ne porte pas le ḥaïk. Quant aux
pauvres, ils n’ont qu’une chemise et une djelabia grossière. Les
Musulmans de Fâs ont la peau d’une blancheur extrême ; ils sont en
général d’une grande beauté ; leurs traits sont très délicats,
efféminés même, leurs mouvements pleins de grâce ; passant leur
vie dans les bains, ils sont la plupart, même les pauvres, de cette
propreté merveilleuse qui distingue les Musulmans des villes.

Si dans les cités la mode est invariable, c’est tout le contraire
dans les campagnes. A chaque pas, je la verrai changer. Je signalerai,
chemin faisant, ces différences : elles sont telles qu’on peut dire,
à la vue du costume et des armes d’un Marocain, à quelle région
il appartient. De Tétouan à Fâs, l’habillement est uniforme :
c’est, pour les gens dans l’aisance, une chemise de coton ou de
laine, une djelabia blanche, un ḥaïk ; les pauvres portent des
djelabias de couleur ou des lambeaux d’étoffe blanche dont ils
se couvrent comme ils peuvent. Les uns et les autres sont pour la
plupart tête nue : quelques-uns s’enroulent autour de la tête un
turban étroit et mince qui en laisse le sommet découvert. En fait
d’armes, on a le fusil à un coup, à pierre ; canon long, large
crosse triangulaire de bois noirci : la crosse est très simple, sans
autres ornements que de légères incrustations de fil d’argent. Ces
fusils se fabriquent surtout à Tétouan. La poudre se porte dans
des boîtes de bois en forme de poire : elles sont toutes couvertes
de gros clous de cuivre et de sculptures coloriées. Les sabres sont
rares dans cette région ; les cavaliers seuls en ont. Les lames en
sont courtes (70 à 80 centimètres), droites ou peu recourbées,
très flexibles ; les poignées, de corne ou de bois, avec gardes
et branches de fer ; les fourreaux, de bois couvert de cuir, avec
garnitures en cuivre : ce type de sabre est le seul en usage au
Maroc. Enfin, ici comme ailleurs, tout le monde, hors des villes,
porte habituellement le poignard, même étant désarmé ; il sert
au besoin de couteau. Il y a deux modèles de poignards au Maroc :
l’un court et à lame courbe, seul usité dans le massif du Grand
Atlas et au sud de cette chaîne ; l’autre plus long et à lame
droite, en usage dans le nord, où l’on rencontre aussi quelquefois,
mais rarement, le poignard recourbé. Les harnachements des chevaux
sont au Maroc les mêmes qu’en Algérie ; mais les housses de selles
sont de drap rouge, au lieu d’être de cuir, et les poitrails et les
brides sont brodés de soie d’une seule couleur, rouge d’ordinaire.

[Illustration : Page 24.

1. — Fusil en usage au nord du Grand Atlas.

2. — Sabre.

3. — Corne à poudre en usage dans les bassins de l’Oumm er Rebia,
du Sous et du Dra, et sacs à balles.

4. — sac à poudre en usage dans le bassin du Ziz et chez les
Aït Seddrât.

5. — Poignard à lame courbe.

6. — Fusil en usage au sud du Grand Atlas.

7. — Boîte à poudre en usage dans le Sahel marocain.]

La ville et la province de Fâs sont administrées par trois bachas,
commandant chacun à une portion de la ville et à un certain nombre
de tribus de la campagne[20]. Il n’y a point de grand commandement
dans le blad el makhzen. Jamais plusieurs tribus considérables,
plusieurs villes, ne sont réunies sous l’autorité d’un seul :
chaque tribu de quelque importance, chaque cité, chaque province
a son qaïd, nommé directement par le sultan et ne relevant que
de lui. Bien plus, dans les capitales, à Fâs et à Merrâkech, et
dans les grandes tribus telles que les Ḥaḥa, les Chaouïa, etc.,
l’autorité est répartie entre plusieurs gouverneurs. Ils portent
le titre de bacha dans les résidences impériales, Merrâkech, Fâs,
Meknâs, celui de qaïd partout ailleurs. Cette extrême division du
pouvoir a pour but d’empêcher les révoltes. Le soin constant du
sultan est de veiller à ce que personne dans ses États ne devienne
trop riche, ne prenne trop d’influence. Il suffirait de si peu pour
renverser son trône chancelant !


                          6o. — VOYAGE A TAZA.


Il y a deux chemins principaux pour aller à Tâza : l’un, plus
court, mais que l’on ne prend jamais, remonte l’Ouad Innaouen par
les tribus des Hiaïna et des Ṛiata ; l’autre, généralement
suivi, traverse les Hiaïna, les Tsoul, les Miknâsa, évitant le
plus longtemps possible le territoire des Ṛiata et n’y entrant
qu’à la porte de Tâza. Les Hiaïna, les Tsoul, les Miknâsa font
partie du blad el makhzen ; mais ils n’obéissent qu’à demi ;
leur pays est peu sûr ; les caravanes y circulent sans escorte, mais
les étrangers n’y voyagent guère isolés. Quant aux Ṛiata, sur
le territoire desquels est Tâza, ils sont indépendants, et de plus
célèbres par leurs violences et leurs brigandages. On ne saurait
faire un pas sur leurs terres sans l’ạnaïa d’un membre de la
tribu ; encore faut-il choisir un homme puissant et sûr, ce qui,
pour un étranger surtout, n’est pas facile. Pour moi, je vais
partir dans les conditions les plus favorables. En ces lieux où le
sultan n’a aucun pouvoir, il est un homme tout-puissant : c’est
le moqaddem de la grande zaouïa de Moulei Edris de Fâs, Sidi Er
Râmi[21]. Son influence, immense sur les Hiaïna, sur les Ṛiata,
s’étend plus loin encore ; tout le Rif, des Ṛomera aux Beni
Iznâten, toutes les tribus entre Fâs, Tâza et la Méditerranée,
obéissent à ses moindres volontés : ont-elles des affaires à Fâs,
c’est lui qui s’en charge ; le sultan désire-t-il quelque chose
de l’une d’elles, il s’adresse à lui. C’est à l’abri
de cette puissante protection que je vais partir : à la prière de
M. Ben Simhoun, Sidi Er Râmi me donne un de ses esclaves de confiance
pour me conduire à Tâza ; nous prendrons le chemin le plus court,
ce chemin que jamais on n’ose prendre : où ne passerait-on pas
sous une pareille sauvegarde ? — Avec la même facilité, avec la
même sécurité que je vais aller à Tâza, on pourrait, par Sidi
Er Râmi, aller de Fâs à Chechaouen et à Tétouan par le chemin
que j’avais voulu prendre et qui, dans le sens inverse, était si
difficile. Ce qu’on m’avait dit à Tétouan était donc exact.

                              29 juillet.

[Illustration : Fâs. (Vue générale de la ville et de ses jardins,
prise du haut d’Aqba el Djemel.)

Croquis de l’auteur.]

A 8 heures du matin, je suis à la porte de Fâs ; un superbe cavalier
noir y attend : c’est mon guide ; nous partons. Après avoir, sur
un pont de huit arches, traversé l’Ouad Sebou, nous nous mettons
aussitôt à gravir le flanc droit de sa vallée, haute croupe aux
pentes assez raides, au sol jaune et nu : point de végétation, si
ce n’est çà et là de rares et maigres cultures. D’ailleurs
le terrain est doux, sans une pierre ; le chemin bon et facile :
cette côte, Ạqba el Djemel, la seule qu’il y ait entre Fâs et
Tâza, est donc un faible obstacle. Nous la franchissons à quelque
distance du sommet, et nous descendons ensuite par son versant est :
il est semblable à l’autre, mais en pente plus douce. A son pied
s’étend un plateau : sol dur, terre semée de beaucoup de pierres,
nue dans quelques parties, le plus souvent couverte de palmiers nains
et de jujubiers sauvages ; une série de ravins parallèles, parfois
assez profonds, le coupe. C’est là que nous cheminons jusqu’au
moment où nous atteignons l’Ouad Innaouen. Cette rivière a ici 25
mètres de large et 60 centimètres de profondeur moyenne : ses eaux,
vertes et limpides, coulent sur un fond de gravier, au milieu d’un
lit de 50 mètres dont elles n’occupent que la moitié ; le reste
est couvert d’un fourré de lauriers-roses et de tamarix. Des berges
de terre de 2 à 3 mètres bordent ce lit. L’Ouad Innaouen n’a
pas un courant régulier, comme celui de l’Ouad Sebou. Tantôt ses
eaux sont assez profondes, alors il a peu de courant ; tantôt elles
le sont très peu, et son courant est rapide : je ne crois pas que
leur profondeur atteigne plus d’un mètre dans les parties que je
verrai. La rivière serpente beaucoup ; aussi, sans en quitter les
bords, la traverserai-je un grand nombre de fois d’ici à Tâza.

Nous nous engageons dans cette vallée et nous y marchons jusqu’au
soir. Le fond, de bonne terre, inculte d’abord, se remplit ensuite,
en partie, de champs, de jardins et de bouquets d’arbres. Les flancs,
talus de terre brune au sud, blanche ou grise au nord, sont longtemps
sans cultures, tantôt nus, tantôt couverts de palmiers nains ;
ce n’est que vers la fin de la journée que quelques plantations
nous apparaissent sur leurs pentes. A 5 heures, nous faisons halte :
nous sommes sur la rive gauche de l’Ouad Innaouen, dans un petit
douar où nous passerons la nuit. La rivière a ici 15 mètres de
large et environ 50 centimètres de profondeur. Les champs qu’on
voit dans la vallée produisent du blé, de l’orge, du maïs ;
les jardins, des melons, des pastèques, des courges, des oignons ;
les arbres sont des oliviers et des figuiers.

L’Ouad Sebou, sous le pont où nous l’avons traversé, a 35
mètres de large et 80 centimètres de profondeur ; il coule au milieu
d’un lit moitié vase, moitié gravier, d’une largeur de 60 à 80
mètres : courant extrêmement rapide ; eau jaune, chargée de beaucoup
de terre. Le pont est jeté au-dessus d’un gué ; en amont et en
aval, le fleuve se rétrécit et prend une profondeur plus grande. Le
fond de la vallée est occupé partie par des cultures, partie par des
roseaux. — Du haut d’Ạqba el Djemel, on aperçoit le pays au
nord de l’Ouad Innaouen, jusqu’à une grande distance : c’est
d’abord une large étendue de collines grises très ravinées ;
puis, en arrière, dans le lointain, s’échelonne une série de
chaînes de montagnes qui paraissent rocheuses.

                              30 juillet.

[Illustration : Djebel Riata.

(Les parties ombrées sont boisées.)

(Vue prise au confluent de l’Ouad Innaouen avec l’Ouad Amelloul.)

Croquis de l’auteur.]

Départ à 5 heures du matin. Nous continuons à remonter l’Ouad
Innaouen. Le fond de la vallée reste ce qu’il était hier. Le flanc
droit s’élève un peu sans cesser d’être calcaire ou glaiseux. Le
flanc gauche change complètement de nature : au bout de peu de temps,
les cultures en disparaissent, le sol s’y hérisse de pierres ;
les pentes se raidissent, les crêtes s’élèvent et se couvrent
d’arbres ; enfin le flanc se confond avec une haute chaîne de
montagnes, rocheuse et boisée ; au milieu d’elles se dresse la
cime majestueuse du Djebel Ṛiata[22].

[Illustration : Coupure où passe l’Ouad Innaouen, à 17 kilomètres
en aval de Tâza.

(Vue prise au point où la rivière entre dans la coupure.)

Croquis de l’auteur.]

[Illustration : Coupure où passe l’Ouad Innaouen, à 17 kilomètres
en aval de Tâza.

(Vue prise au point où la rivière sort de la coupure.)

Croquis de l’auteur.]

A 11 heures et demie, j’arrive à un accident de terrain des plus
curieux : devant moi, la vallée est barrée par une ligne de collines,
trait d’union entre les hauteurs de la rive droite et les monts
Ṛiata : ces collines sont peu élevées ; un col est au milieu. La
rivière, au lieu de s’ouvrir un passage au travers de ce faible
obstacle, passe plus au sud, par une étroite et profonde coupure
à hautes murailles de roc, creusée à pic dans le flanc du Djebel
Ṛiata. Cette brèche, qui n’a au fond que la largeur du cours
d’eau, et dont les parois sont presque aussi rapprochées dans
le haut que dans le bas, a ses bords supérieurs bien au-dessus du
sommet de la chaîne qui barre la vallée. Le chemin franchit cette
chaîne en suivant une ligne elle-même remarquable : sur l’un et
l’autre versant, on marche dans le fond d’une petite ravine dont la
ligne de thalweg marque la place exacte où se sont rejoints les deux
massifs pour former la digue ; à gauche de cette ligne, le terrain est
entièrement calcaire, ce ne sont que côtes blanches s’étendant à
perte de vue ; à droite, il est tout roche, ce ne sont qu’énormes
blocs de grès allant se confondre avec ceux du Djebel Ṛiata.

[Illustration : Tâza.

(Vue de la ville prise du chemin de Fâs.)

Croquis de l’auteur.]

Je me retrouve dans la vallée de l’Ouad Innaouen au moment où
celui-ci, sortant de sa coupure, y réapparaît aussi. Telle était
la vallée ce matin, telle elle se retrouve ici et telle elle restera
jusqu’au bout : seulement, à partir de maintenant on n’y verra
plus ni arbres ni jardins ; par contre, les cultures la couvriront
presque entièrement. Nous ne la quittons qu’à l’approche de
Tâza. Nous coupons alors au court à travers les premières pentes
des montagnes des Ṛiata : sol rocheux, sources nombreuses, bois
d’oliviers et de figuiers, foule de jardins et de hameaux. A 3 heures
et demie, nous atteignons un col : Tâza apparaît. Une haute falaise
de roche noire se détachant de la montagne et s’avançant dans la
plaine comme un cap ; sur son sommet, la ville, dominée par un vieux
minaret ; à ses pieds, d’immenses jardins : tel est l’aspect sous
lequel se présente ce lieu. Bientôt nous entrons dans les jardins,
jardins superbes qu’égalent à peine les plus beaux du Maroc. Ils
couvrent le flanc gauche et le fond du ravin de l’Ouad Tâza ;
à l’ombre d’arbres séculaires auxquels se suspendent de longs
rameaux de vigne, nous franchissons ce torrent et nous gravissons,
au milieu des rochers, le chemin raide et difficile qui conduit à
la ville. A 3 heures et demie, j’atteins la porte de la première
enceinte : j’ôte mes chaussures et j’entre.

L’Ouad Innaouen, au moment où je l’ai quitté, à une heure
et demie de Tâza, n’avait plus que 5 à 6 mètres de large
et environ 30 centimètres de profondeur. En aval de la coupure
qu’il traverse, au point où il en sort, sa largeur était encore
de 8 mètres. L’Ouad Tâza n’est qu’un torrent ; ses eaux,
se précipitant par cascades sur un lit de roche, sont d’une
limpidité extrême ; il a 2 mètres de large. On le franchit sur
un pont d’une arche en fort mauvais état. De Fâs à Tâza,
nous avons rencontré très peu de monde sur la route : point de
caravanes ; comme voyageurs, quelques cavaliers portant tous fusil
et sabre ; personne dans les champs ; à quatre ou cinq reprises,
j’ai remarqué des vedettes en armes postées auprès du chemin :
elles étaient là pour veiller sur les moissons, et à l’occasion
pour détrousser les étrangers. Pas une personne, le long de la route,
qui n’ait témoigné du plus profond respect pour mon guide : tous
le saluaient, lui adressaient la parole ; la plupart lui baisaient
la main. Le pays que nous avons traversé est peu habité et mal
cultivé ; les tentes qu’on y rencontre sont assez belles ; mais
les villages ont un aspect misérable, ils sont composés de huttes
plutôt que de maisons. Dans les douars, un grand nombre de chevaux
bien soignés, signe d’une population belliqueuse.

                             VILLE DE TAZA.

[Illustration : Tâza. La ville et ses environs.

Croquis au 1/62000.]

Elle est située sur un rocher, à 83 mètres au-dessus du lit
de l’Ouad Tâza, à 130 mètres au-dessus de celui de l’Ouad
Innaouen. Adossée au sud à une haute chaîne de montagnes, bordée
de précipices au nord et à l’ouest et d’un talus très raide
au nord-est, elle n’est facilement accessible que d’un côté,
le sud-est. Le plateau où se trouve la ville est en pente douce, vers
l’est d’une part, vers l’ouest de l’autre. Tâza est entourée
de murs, doubles en plusieurs endroits ; autrefois ces fortifications
étaient plus considérables encore, témoin les ruines éparses aux
abords de la ville. Les murailles actuelles n’ont aucune valeur
militaire : elles sont en pisé, fort minces et très vieilles ;
chose rare, elles sont basses. Toute la surface close par la partie
sud de l’enceinte est occupée par des jardins ; au delà vient
un deuxième mur, puis commence la ville proprement dite : là même
tout n’est pas constructions ; certaines parties du plateau, vers
l’est et vers l’ouest, sont couvertes de cultures. Tâza paraît
avoir 3 à 4000 habitants, dont 200 Juifs fort à l’étroit dans
un très petit mellaḥ. Il y a quatre mosquées, deux grandes et
deux petites ; deux ou trois fondoqs spacieux et bien installés,
mais vides et tombant en ruine. La ville est construite moitié en
pierres, moitié en briques ; les maisons sont peintes de couleur
brun-rouge, ce qui leur donne un aspect triste ; elles sont, comme dans
toutes les villes que j’ai vues au Maroc, excepté Chechaouen et El
Qçar, couvertes en terrasse. La plupart des habitations possèdent
des citernes dont l’eau est délicieuse et glacée ; mais c’est
insuffisant aux besoins des habitants et surtout à ceux des bestiaux :
on va puiser ce qui manque au torrent. Des jardins superbes entourent
Tâza de tous côtés ; l’Ouad Tâza d’une part, de l’autre
une foule de ruisseaux descendant de la montagne les arrosent :
c’est une épaisse forêt d’arbres fruitiers, d’une élévation
extraordinaire, sans exemple peut-être au Maroc ; couvrant la plaine
tout autour de la ville, ils se pressent jusque sur le raide talus
qui la borde à l’ouest et, atteignant là le pied de ses murailles,
ils élèvent leur haute ramure au-dessus du faîte des maisons.

[Illustration : Enceinte extérieure de Tâza et campagne
environnante. (Vue prise du mellah.)

Croquis de l’auteur.]

[Illustration : Cours de l’Ouad Innaouen et campagne au nord-est
de Tâza. (Vue prise du mellah de la ville.)

Croquis de l’auteur.]

                               HABITANTS.

Tâza est sous la domination nominale du sultan. De fait elle est au
pouvoir de la puissante tribu des Ṛiata, qui en font la ville la
plus misérable de la terre. Le sultan y entretient un qaïd et une
centaine de mkhaznis[23] ; ils vivent enfermés dans le mechouar,
d’où ils n’osent sortir par peur des Ṛiata. L’autorité du
qaïd est nulle, non seulement au dehors, mais dans la ville même :
ses fonctions se bornent à rendre la justice aux citadins et aux Juifs
dans les différends qu’ils ont entre eux. Quant aux Ṛiata, sur le
territoire desquels se trouve Tâza, ils traitent cette cité en pays
conquis, y prenant de force ce qui leur plaît, tuant sur l’heure
qui ne le leur cède pas de bonne grâce. Au dehors, ils tiennent la
ville dans un blocus continuel ; nul n’ose sortir des murs sans être
accompagné d’un Ṛiati : quiconque s’aventurerait sans zeṭaṭ,
ne fût-ce qu’à 100 mètres, serait dévalisé, maltraité,
peut-être tué : c’est au point que les habitants ne peuvent pas
aller seuls remplir leurs cruches à l’Ouad Tâza ; les Ṛiata ont
ainsi le monopole de l’eau, qu’ils apportent chaque jour moyennant
salaire. Au dedans, la ville est encombrée de Ṛiata ; on en voit
sans cesse un grand nombre flânant dans les rues, un grand nombre
assis soit devant les portes, soit à l’intérieur des maisons, soit
sur les terrasses : on les reconnaît à leur sabre et à leur fusil,
qui ne les quittent pas ; ils s’installent où bon leur semble, se
font donner à manger ; s’ils aperçoivent une chose qui leur plaise,
ils la prennent et s’en vont. Le jour du marché, où ils sont plus
nombreux encore que d’ordinaire, nul n’ose passer dans les rues
avec une bête de somme, de peur de se la voir enlever. En outre,
de temps en temps ils mettent la ville en pillage réglé ; aussi,
dès qu’un habitant a quelque argent, il se hâte de l’envoyer en
lieu sûr, soit à Fâs, soit à Qaçba Miknâsa. C’est un spectacle
étrange que celui de ces hommes se promenant en armes dans la ville,
et y agissant toute l’année comme ils pourraient faire dans une
ville ennemie le jour de l’assaut. Il est difficile d’exprimer
la terreur dans laquelle vit la population. Aussi ne rêve-t-elle
qu’une chose, la venue des Français. Que de fois ai-je entendu les
Musulmans s’écrier : « Quand les Français entreront-ils ? Quand
nous débarrasseront-ils enfin des Ṛiata ? Quand vivrons-nous en
paix comme les gens de Tlemsen ? » Et de faire des vœux pour que ce
jour soit proche : l’arrivée n’en fait point de doute pour eux ;
ils partagent à cet égard l’opinion commune à une grande partie
de la population du Maroc oriental et à presque toute la haute classe
de l’empire, savoir : que dans un avenir peu éloigné le Maṛreb
el Aqça suivra le sort d’Alger et de Tunis et tombera entre les
mains de la France. — Le commerce de Tâza est nul ; les denrées
européennes sont à un prix double de celui de Fâs, résultat naturel
de la difficulté des communications. — Hélas ! ces beaux jardins
eux-mêmes, où Ali Bey se plaisait à entendre roucouler pigeons
et tourterelles, ne sont plus aujourd’hui aux habitants qu’une
source d’amers regrets : on les voit toujours aussi verts qu’au
temps de Badia, les mêmes ruisseaux y murmurent, les rossignols y
chantent encore dans les arbres, mais les Ṛiata les ont tous pris.

                                 RIATA.

Les Ṛiata sont une grande tribu tamaziṛt indépendante, occupant
le revers nord du haut massif montagneux dont l’un des points
culminants porte son nom, et s’étendant jusqu’à la vallée
de l’Ouad Innaouen. Elle est bornée à l’est par les Houara,
au nord par les Miknâsa et les Tsoul, à l’ouest par les Hiaïna,
au sud par les Beni Ouaṛaïn. Elle se subdivise en six fractions :

Ahel ed Doula (dans la montagne, du côté de la Mlouïa).

Beni Bou Iaḥmed (dans la montagne, à l’ouest d’Ahel ed Doula).

Beni Bou Qitoun (dans la montagne, à l’ouest des Beni Bou Iaḥmed
et à l’est de Tâza).

Beni Oujjan (dans la montagne, à l’ouest de Tâza et des Beni
Bou Qitoun).

Ahel el Ouad (dans la montagne, sur les bords de l’Ouad el
Kḥel[24], à l’ouest des Beni Oujjan et au sud-est de la zaouïa
de S. Ạbd er Raḥman).

Ahel Ṭahar (dans la montagne, à l’ouest des Ahel el Ouad et au
sud-ouest de la zaouïa de S. Ạbd er Raḥman).

Ainsi qu’on le voit, les Ṛiata sont essentiellement montagnards. La
partie de leur territoire située en plaine est peu habitée,
peu cultivée même, quoique fertile : elle a d’ailleurs peu
d’étendue, comparée à l’épais massif montagneux qui forme leur
quartier principal : là sont leurs villages et leurs cultures, sur
de hauts plateaux, dans de profondes vallées presque inaccessibles ;
ces vallées sont, dit-on, d’une fécondité extrême, ombragées
d’oliviers, et produisant de l’orge en abondance. Les flancs de
la montagne contiennent, paraît-il, divers minerais, d’argent,
de fer, d’antimoine et de plomb. Ce dernier métal est le seul
qu’on sache extraire et travailler. La fabrication des balles et
celle de la poudre sont la principale industrie de la tribu : il y
a 80 maisons où l’on s’y livre. Les Ṛiata peuvent, je crois,
mettre en ligne environ 3000 fantassins et 200 chevaux. C’est une
tribu belliqueuse et jalouse de son indépendance. Ses six fractions
sont journellement en guerre entre elles, mais elles s’unissent
toujours contre les ennemis communs. Il y a environ sept ans,
Moulei El Ḥasen voulut la soumettre ; il marcha contre elle à
la tête d’une armée : ses troupes furent mises en déroute ;
lui-même eut son cheval tué dans la mêlée ; il s’enfuit à pied
et non sans peine du champ de bataille[25]. Depuis, il n’essaya
pas de venger cet échec. Les Ṛiata sont fort peu dévots : « ils
n’ont ni Dieu ni sultan ; ils ne connaissent que la poudre » ; le
fait est devenu proverbial. Cependant nous avons vu quelle immense
influence possède sur eux Sidi Edris ; ils ont encore, mais à un
degré moindre, du respect pour trois ou quatre autres cherifs,
tels que Moulei Ạbd er Raḥman et Moulei Ạbd es Selam, dont
nous verrons au retour les zaouïas. Ils n’élisent parmi eux ni
chikhs ni chefs d’aucune sorte ; c’est l’état démocratique
dans toute sa force : chacun pour soi avec son fusil. Cependant,
là comme partout, quelques hommes possèdent, par leur fortune, par
leur courage, une influence particulière : de nos jours, l’homme
le plus considérable des Ṛiata est un personnage du nom de Bel
Khaḍîr, habitant le village de Negert. Les Ṛiata sont Imaziṛen
(Chellaḥa) de race, et le tamaziṛt est leur langue habituelle ;
mais, par suite de leur voisinage avec plusieurs tribus arabes,
telles que les Hiaïna, les Oulad el Ḥadj, etc., un grand nombre
d’entre eux parlent l’arabe. Ils sont de très haute taille ;
leur costume ne diffère pas de celui que nous avons vu de Tétouan
à Fâs, si ce n’est par la coiffure : tous ont la tête nue,
avec un mince cordon de poil de chameau ou de coton blanc lié
autour. Ils ne marchent jamais qu’armés, et ont sabre et fusil :
ce dernier est de forme analogue à ceux qu’on a décrits plus
haut, mais plus grossier ; quelques-uns ont des fusils européens à
capsule. Les femmes ne se voilent point. On en voit un grand nombre
en ville le jour du marché : de taille élevée, portant leur jupe
retroussée au-dessus du genou, elles ont l’air si martial que,
ne fût l’absence d’armes et de barbe, on pourrait les prendre
pour des hommes. Les Ṛiata sont grands fumeurs de kif ; de plus,
il existe chez eux une coutume que j’ai rarement vue ailleurs :
tous, hommes et femmes, prisent. Si l’usage de fumer le kif[26]
est, à des degrés divers, répandu dans tout le Maroc, celui de
fumer le tabac l’est très peu et ne se trouve que dans quelques
tribus du Sahara ; quant à celui de priser, il est encore plus rare :
assez commun dans les villes, je ne l’ai vu aux gens de la campagne
que chez les Ṛiata, chez les Oulad el Ḥadj et à Misour.

                                6 août.

C’est aujourd’hui que je quitte Tâza, cette ville si florissante
et si heureuse, il y a quatre-vingts ans, qu’Ali Bey la trouvait
alors la plus agréable du Maroc, et que l’anarchie a réduite
maintenant à en être de beaucoup la plus misérable. Je n’ai plus
pour m’en retourner ma puissante protection de l’aller, aussi
prendrai-je un autre chemin ; voici la combinaison qui est adoptée :
deux cavaliers Ṛiata, me servant de zeṭaṭs, me conduiront à la
zaouïa de Moulei Ạbd er Raḥman. Là je demanderai au cherif de
me faire mener au Tlâta Hiaïna : c’est demain mardi, je trouverai
au marché maintes caravanes allant à Fâs ; il n’y aura qu’à
se joindre à l’une d’elles.

Départ à 7 heures du matin. Outre mes deux zeṭaṭs, un Juif
de Tâza m’accompagne, précaution indispensable pour assurer la
fidélité de l’escorte. A 11 heures et demie, nous parvenons à la
zaouïa. Ici, comme dans la plus grande partie du Maroc, on étend ce
nom à toute demeure de cherif ou de marabout un peu marquant ; telle
est la zaouïa où nous venons d’arriver : point d’enseignement,
point de khouan ni de corps de ṭalebs, mais une famille de cherifs,
vénérée par les tribus environnantes, et vivant des dons à peu
près réguliers qu’elles lui apportent et qu’au besoin elle va
chercher. C’est ici que je passerai la nuit : demain matin, un neveu
de Moulei Ạbd er Raḥman me conduira au Tlâta. Le hameau où je
suis a, malgré son titre pompeux, un aspect des plus misérables :
maisons très basses, murs de pisé ou de pierres sèches, terrasses
grossières chargées de terre. Dans les villages des Ṛiata,
les habitations sont couvertes en terrasse ; au contraire, chez les
Hiaïna, ainsi qu’entre Fâs et Tanger, on voit partout des toits
de chaume.

                                7 août.

[Illustration : Djebel Beni Ouaraïn.

(Les parties ombrées sont couvertes de neige.)

(Vue prise du col du Djebel Oulad Bou Ziân, sur le chemin de Tâza
à Fâs.)

Croquis de l’auteur.]

Je pars à 4 heures du matin, escorté par le jeune cherif mon
zeṭaṭ et deux de ses domestiques. Le chemin traverse une région
accidentée, mais sans relief important : collines calcaires :
peu de pierres ; les vallées et les pentes douces cultivées ; le
reste couvert de chardons. A 5 heures, nous arrivons à la limite des
Ṛiata. Ici notre cherif déclare à Mardochée qu’il n’ira pas
plus loin avant d’être payé : le prix, convenu d’avance, était
de deux reals. Mardochée les lui remet : « Donne-m’en encore
deux autres. — Mais... — Tais-toi et donne ! — Voilà... —
Maintenant donne un demi-real à chacun de mes domestiques. —
Mais... — Tais-toi et donne ! — A présent, un de mes hommes va
te mener jusqu’au marché. — Comment, après tout ce qu’on
t’a donné, tu ne nous conduis pas toi-même ? — Accompagner
de vilains Juifs comme vous ! A ta mère ! » A ces mots il fait
demi-tour, et nous nous estimons heureux qu’en nous abandonnant
il nous ait laissé un de ses serviteurs : celui-ci du moins est
fidèle et nous amène au Tlâta. Pour y parvenir, on franchit un
massif assez haut, le Djebel Oulad Bou Ziân. Au pied de son versant
ouest, sur un plateau, se trouve le marché. Nous y arrivons à 9
heures du matin. Le terrain jusque-là était calcaire ; les cultures
consistaient en blé, orge et maïs ; les portions incultes étaient
parfois nues, parfois couvertes de palmiers nains, le plus souvent
de chardons. Pendant une partie du chemin, j’aperçois dans le
lointain, à ma droite, le Djebel Beni Ouaṛaïn ; il est encore tel que
je le vis du Gebgeb ; les mêmes sillons de neige brillent sur ses
flancs.

Le marché est animé au moment où nous arrivons ; il s’y trouve 500
ou 600 personnes : tout le monde est armé, sabre au côté et fusil
sur l’épaule. On vend des grains, des bêtes de somme, du bétail,
des cotonnades, des belṛas, de l’huile, du sucre, du thé ;
de plus, on abat sur place des bœufs, des moutons et des chèvres
qu’on dépèce et débite à mesure au détail. Vers midi et demi,
la dispersion commence : chacun reprend le chemin de son douar ou
de son village. J’ai trouvé une petite caravane allant à Fâs ;
à 1 heure, je pars avec elle. Nous marchons toute l’après-midi en
terrain accidenté : succession de collines calcaires, de vallons,
de ravines ; de même que ce matin, il y a de longues côtes, mais
il est rare qu’elles soient très raides, et elles ne sont jamais
difficiles. Pendant une grande partie de la route, on distingue le
cours de l’Ouad Innaouen et le Djebel Ṛiata ; le Djebel Beni
Ouaṛaïn se voit au commencement ; vers le soir, le Zalaṛ et
le Terrats apparaissent. Peu de champs ; nous cheminons au milieu
d’étendues incultes couvertes de palmiers nains, de jujubiers
sauvages et de chardons ; ces plantes, si vivantes d’habitude, sont
ici flétries et jaunies par le soleil : c’est la première fois que
je les vois en cet état, et ce sera la dernière. A 6 heures et demie,
nous faisons halte dans un petit village où nous passerons la nuit.

Pendant la matinée, ainsi que le soir jusqu’à 2 heures et demie,
il y avait une foule de monde sur le chemin, gens allant au marché ou
en venant ; à partir de 2 heures et demie, nous n’avons rencontré
presque personne. Nous n’avons traversé aujourd’hui aucun cours
d’eau de quelque importance : l’Ouad Amelloul n’est qu’un gros
ruisseau dont les eaux avaient à peine, au point où nous l’avons
passé, 3 mètres de large et 20 à 30 centimètres de profondeur.

                                8 août.

Départ à 4 heures du matin. Nous descendons vers l’Ouad Innaouen ;
après en avoir traversé la vallée, nous nous engageons sur le
plateau qui forme le flanc gauche : là nous retrouvons le chemin que
nous avons pris en venant. Nous le suivons jusqu’à Fâs, où nous
arrivons à midi.


                        7o. — EXCURSION A SFROU.


La route de Fâs à Sfrou est sûre dans ce moment : il n’en est
pas toujours ainsi. Les tribus des environs de Fâs sont tantôt
obéissantes, tantôt en révolte : suivant ces deux états, les
chemins de Sfrou et de Meknâs sont tantôt sans danger, tantôt
périlleux. A l’heure qu’il est, on circule sans le moindre risque
sur l’un et l’autre.

                                20 août.

[Illustration : Jardins de Sfrou et Djebel Aït Ioussi. (Vue prise
du chemin de Fâs à Sfrou.)

Croquis de l’auteur.]

Départ de Fâs à 5 heures du matin. Pendant la première portion du
trajet, je traverse la partie orientale du Saïs : plaine unie, sans
ondulations ; sol dur, assez pierreux, couvert de palmiers nains. Vers
8 heures, le pays change : fin du Saïs ; j’entre dans une région
légèrement accidentée : collines très basses, à pentes douces
séparées par des vallées peu profondes ; sol souvent pierreux,
parfois rocheux ; terre rougeâtre ; à partir d’ici, on voit une
foule de sources, de ruisseaux, dont les eaux, courantes et limpides,
sont bordées de lauriers-roses. A 9 heures, je passe à hauteur
d’un très grand village, El Behalil[27] : il porte, dit-on, ce nom
parce que ses habitants prétendent descendre des Chrétiens. Quelle
que soit son origine, son état actuel est prospère ; les maisons
y sont bien construites et blanchies : autour s’étendent au loin
de beaux et vastes vergers qui, avec ceux de Sfrou et du Zerhoun,
forment cette riche ceinture qui entoure et nourrit Fâs. D’ici on
voit les jardins de Sfrou, qui s’allongent à nos pieds en masse
sombre ; une pente douce y conduit : la ville est au milieu ; mais,
cachée dans la profondeur des grands arbres, nous ne l’apercevrons
qu’arrivés à ses portes. A 9 heures et demie, j’entre dans
les jardins, jardins immenses et merveilleux, comme je n’en ai vu
qu’au Maroc : grands bois touffus dont le feuillage épais répand
sur la terre une ombre impénétrable et une fraîcheur délicieuse,
où toutes les branches sont chargées de fruits, où le sol toujours
vert ruisselle et murmure de sources innombrables. Chechaouen,
Tâza, Sfrou, Fichtâla, Beni Mellal, Demnât, autant de noms qui me
rappellent ces lieux charmants : tous sont également beaux, mais
le plus célèbre est Sfrou. A 10 heures, j’arrive à la ville :
de grands murs blancs l’entourent, elle a l’aspect propre et gai.

C’est surtout en la parcourant qu’on est frappé de l’air de
prospérité qui y règne : on ne le retrouve en aucune autre ville
du Maroc. Partout ailleurs on ne voit que traces de décadence :
ici tout est florissant, et annonce le progrès. Point de ruines,
point de terrains vagues, point de constructions abandonnées :
tout est habité, tout est couvert de belles maisons de plusieurs
étages, à extérieur neuf et propre ; la plupart sont bâties
en briques et blanchies. Sur les terrasses qui les surmontent,
des vignes, plantées dans les cours, grimpent et viennent former
des tonnelles. Une petite rivière de 2 à 3 mètres de large et de
20 à 30 centimètres de profondeur, aux eaux claires, au courant
très rapide, traverse la ville par le milieu : trois ou quatre ponts
permettent de la franchir. Sfrou a environ 3000 habitants, dont 1000
Israélites. Il y a deux mosquées et une zaouïa ; celle-ci renferme
de nombreux religieux appartenant aux descendants de Sidi El Ḥasen
el Ioussi[28]. On remarque aussi beaucoup de turbans verts, insigne
des Derkaoua.

Sfrou tire sa richesse de plusieurs sources : ce sont : 1o le
commerce qu’elle fait avec les tribus des environs, Aït Ioussi,
Beni Ouaṛaïn, etc. ; elle leur vend les produits européens et prend
en échange des peaux, et surtout de grandes quantités de laines :
ces dernières, parmi lesquelles celles des Beni Ouaṛaïn sont les
plus estimées, sont lavées et nettoyées à Sfrou, où ce travail
occupe une grande partie de la population ; puis on les vend à Fâs,
parfois même directement à Marseille ; 2o le passage des caravanes
du Tafilelt et le commerce qu’elle fait avec Qçâbi ech Cheurfa
et le sud ; 3o ses jardins : elle exporte à Fâs une multitude
énorme de fruits : olives, citrons, raisins, cerises, etc. ; le
raisin est si abondant qu’on en fait d’excellent vin à 10 francs
l’hectolitre ; 4o les poutres et les planches qu’elle reçoit du
Djebel Aït Ioussi et qu’elle expédie dans les villes du nord :
elles sont toutes de bois de cèdre ; chaque tronc donne, en poutres,
4 ou 5 charges de mulet : ces cèdres poussent sur le territoire des
Aït Ioussi. D’autres tribus voisines, telles que les Beni Mgild[29],
en possèdent aussi de grandes forêts, mais les exploitent peu.

La ville n’est sur le territoire d’aucune tribu ; elle a un
qaïd spécial et dépend de la province de Fâs : c’est ici que
finit cette dernière ; au point où s’arrêtent, vers le sud,
les jardins de Sfrou, commence le territoire des Aït Ioussi.

                                21 août.

Je reviens à Fâs en passant, au retour, par le même chemin qu’à
l’aller. Aujourd’hui comme hier, je rencontre beaucoup de passants
sur la route : âniers et chameliers conduisant des convois de fruits
et de planches, voyageurs isolés allant à Sfrou, caravanes partant
pour le Sahara. Personne n’est armé : les femmes ne se voilent pas.


                         8o. — DE FAS A MEKNAS.


Parti de Fâs le 23 août, à 5 heures du matin, j’arrive le même
jour vers 4 heures et demie du soir à Meknâs. Entre ces deux villes
s’étend une vaste plaine, le Saïs. Bornée au nord par les monts
Ouṭiṭa, Zerhoun, Terrats et Zalaṛ, à l’est par le flanc droit
de la vallée du Sebou, au sud par les monts El Behalil et Beni Mṭir,
elle s’étend à perte de vue vers l’ouest. Cette plaine se divise
en deux parties de niveaux différents : l’une plus basse, où est
Fâs, l’autre plus haute, où est Meknâs ; elles sont unies par
un talus en pente douce situé à environ moitié chemin entre les
deux villes. Le Saïs reste le même sur toute son étendue : terrain
très plat couvert de palmiers nains ; pas la moindre trace de culture,
bien que le sol soit très arrosé. On traverse, outre une quantité
de gros ruisseaux d’eau courante, quatre rivières : l’Ouad
Nza (gué au-dessous d’un pont de 5 arches ; 10 à 12 mètres de
large ; 40 à 50 centimètres de profondeur ; eau très claire ;
courant rapide) ; l’Ouad Mehdouma (10 mètres de large ; 40 à 50
centimètres de profondeur ; eau claire ; courant rapide) ; l’Ouad
Djedida (8 mètres de large ; 30 à 40 centimètres de profondeur ;
eau limpide et courante) ; l’Ouad Ousillin (8 mètres de large ;
30 à 40 centimètres de profondeur ; eau claire et courante). Durant
toute la route, nous avons soit devant nous, soit à notre droite,
le Djebel Zerhoun : ce massif, sans autres arbres que ceux de ses
jardins, est d’une fertilité extraordinaire ; ses pentes, ainsi que
le plateau qui le couronne, sont couverts de vergers et de cultures ;
il est renommé pour ses olives, ses raisins, ses oranges, ses fruits
de toute espèce. La population y est très dense ; du chemin, on
distingue à son flanc les masses blanches d’un grand nombre de
villages : ceux-ci renferment, dit-on, des maisons aussi belles que
les plus belles de Fâs. Les habitants du Zerhoun, comme les nomades
du Saïs, ne parlent que l’arabe.

[Illustration : Djebel Zerhoun, Djebel Outita et plaine du Saïs. (Vue
prise à 13 kilomètres de Meknâs, du chemin de Fâs.)

Croquis de l’auteur.]

Je passe quelques jours ici, attendant que Sidi Ọmar, le cherif qui
doit me mener à Bou el Djạd, achève ses préparatifs. Il faut de
plus, chose aussi nécessaire pour le cherif que pour moi, chercher des
zeṭaṭs qui nous protègent sur les territoires des Gerouân et des
Zemmour Chellaḥa, où nous aurons à marcher dès le premier jour :
ces tribus sont toutes deux insoumises. Le blad es sîba, pays libre,
commence aux portes de Meknâs, et le chemin y demeurera jusqu’au
Tâdla ; le Tâdla en fait lui-même partie. Nous quittons donc pour
longtemps les États du sultan, le blad el makhzen, triste région où
le gouvernement fait payer cher au peuple une sécurité qu’il ne
lui donne pas ; où, entre les voleurs et le qaïd, riches et pauvres
n’ont point de répit ; où l’autorité ne protège personne,
menace les biens de tous ; où l’État encaisse toujours sans
jamais faire une dépense pour le bien du pays ; où la justice se
vend, où l’injustice s’achète, où le travail ne profite pas ;
ajoutez à cela l’usure et la prison pour dettes : tel est le blad
el makhzen. On travaille le jour, il faut veiller la nuit : ferme-t-on
l’œil un instant, les maraudeurs enlèvent bestiaux et récoltes ;
tant que l’obscurité dure, ils tiennent la campagne : il faut
placer des gardiens ; on n’ose sortir du village ou du cercle des
tentes ; toujours sur le qui-vive. A force de fatigues et de soins,
a-t-on sauvé les moissons, les a-t-on rentrées, il reste encore à
les dérober au qaïd : on se hâte de les enfouir, on crie misère,
on se plaint de sa récolte. Mais des émissaires veillent : ils ont
vu que vous alliez au marché sans y acheter de grains : donc vous en
avez ; vous voilà signalé : un beau jour une vingtaine de mkhaznis
arrivent ; on fouille la maison, on enlève et le blé et le reste ;
avez-vous des bestiaux, des esclaves, on les emmène en même temps :
vous étiez riche le matin, vous êtes pauvre le soir. Cependant il
faut vivre, il faudra ensemencer l’année prochaine : il n’y a
qu’une ressource, le Juif. — Si c’est un honnête homme, il
vous prête à 60 %, sinon à bien davantage : alors c’est fini ;
à la première année de sécheresse, viennent la saisie des terres
et la prison ; la ruine est consommée. Telle est l’histoire qu’on
écoute à chaque pas ; en quelque maison que l’on entre, on vous
la répète. Tout se ligue, tout se soutient pour qu’on ne puisse
échapper. Le qaïd protège le Juif, qui le soudoie ; le sultan
maintient le qaïd, qui apporte chaque année un tribut monstrueux,
qui envoie sans cesse de riches présents, et qui enfin n’amasse
que pour son seigneur, car tôt ou tard tout ce qu’il possède sera
confisqué, ou de son vivant, ou à sa mort. Aussi règne-t-il dans la
population entière une tristesse et un découragement profonds : on
hait et on craint les qaïds ; parle-t-on du sultan, _ṭemạ bezzef_,
« Il est très cupide, » vous répond-on : c’est tout ce qu’on
en dit, et c’est tout ce qu’on en sait. Aussi combien ai-je vu de
Marocains, revenant d’Algérie, envier le sort de leurs voisins :
il est si doux de vivre en paix ! qu’on ait peu ou qu’on ait
beaucoup, il est si doux d’en jouir sans inquiétude ! Les routes
sûres, les chemins de fer, le commerce facile, le respect de la
propriété, paix et justice pour tous, voilà ce qu’ils ont vu par
delà la frontière. Que leur pays, si misérable quoique si riche,
serait heureux dans ces conditions !


[Note 4 : Les trois villes que les Français appellent inexactement
Fez, Mequinez et Maroc s’appellent _Fâs_, _Meknâs_ et
_Merrâkech_. Nous écrirons tous les noms propres marocains avec
leur orthographe véritable, à l’exception de trois auxquels nous
conserverons celle qui depuis longtemps est adoptée en France :
Tanger, Tétouan, Mogador.

Pour la transcription des mots arabes, nous suivrons en général
la méthode suivante : ا, a, e — ب, b — ت, t — ث, t et
rarement ts — ج, dj — ح, ḥ — خ, kh — د, d — ذ,
d — ر, r — ز, z — س, s — ش, ch — ص, ç — ض, ḍ,
— ط, ṭ — ظ, ḍ — ع, ạ et quelquefois ọ — غ, ṛ —
ف, f — ڧ, q, g — ك, k — ل, l — م, m — ن, n — ه,
h — و, ou, o — ي, i — ة, a.

Quant aux mots appartenant à la langue tamaziṛt, qui ne s’écrit
plus au Maroc, nous nous attacherons à les reproduire comme nous les
aurons entendus, nous servant pour cela des lettres de notre alphabet
et de cinq lettres arabes, le ḥ, le _kh_, le ḍ, le ṭ et le ṛ.

Dans les noms imaziṛen comme dans les noms arabes, toutes
les lettres devront se prononcer : ainsi, _Selîman_, _Zaïan_,
_Taourirt_, _Demnât_, _Ibzâzen_, etc., se liront comme s’il y
avait, _Selimane_, _Zaïane_, _Taourirte_, _Demnâte_, _Ibzâzene_. La
lettre _g_ sera toujours dure : ainsi on prononcera _Agerd_, _Aginan_,
comme s’il y avait _Aguerd_, _Aguinan_.

Nous nous servirons dans le courant de cette relation de plusieurs
mots étrangers tels que _qaïd_, _ṭaleb_, _tiṛremt_, _agadir_,
_cherif_, _qçar_, etc. : le singulier seul en sera employé, afin
de faciliter la lecture. Pour le pluriel on se bornera à y ajouter
une _s_. Nous dirons des _qaïds_, des _ṭalebs_, des _tiṛremts_,
des _qçars_, et non des _qïad_, des _ṭolba_, des _tiṛrematin_,
des _qçour_. Nous ne ferons exception à cette règle que pour trois
mots appelés à revenir très souvent ; l’un, nom de race ; les
deux autres, appellations par lesquelles les étrangers désignent
des fractions de cette race : ce sont, d’abord, _Amaziṛ_ ; puis
_Chleuḥ_, qui veut dire Amaziṛ blanc, et _Ḥarṭâni_, qui
veut dire Amaziṛ noir. Nous dirons un _Amaziṛ_, une _Tamaziṛt_,
des _Imaziṛen_, un _Chleuḥ_, une _Chleuḥa_, des _Chellaḥa_,
un _Ḥarṭâni_, une _Ḥarṭania_, des _Ḥaraṭîn_.

L’arabe qui se parle au Maroc est à peu de chose près celui de
l’Algérie : il n’en diffère que par une corruption un peu plus
grande : les mots étrangers y sont plus nombreux. L’accent présente
quelques différences dont la plus importante et la plus générale
est que le ج se prononce simplement J : ainsi l’on dit, _Jzaïr_,
Alger, _Oujda_, Oudjda. Quelquefois la même lettre se prononce G ;
exemple : _gaïz_, passant.]

[Note 5 : Les _fondoq_ sont des sortes d’hôtelleries.]

[Note 6 : Citadelle.]

[Note 7 : Cet itinéraire est le suivant : Tétouan, Beni Ạouzmer,
Beni Ḥasan, Akhmâs, Beni Zerouâl, Beni Ḥamed, Raḥôna,
Cherâga, Fâs.]

[Note 8 : زطاط, pluriel زطاطة. Dans toutes les tribus
indépendantes du Maroc, ainsi que dans celles qui sont imparfaitement
soumises, la manière de voyager est la même. On demande à un
membre de la tribu de vous accorder son _ạnaïa_, « protection »,
et de vous faire parvenir en sûreté à tel endroit que l’on
désigne : il s’y engage moyennant un prix qu’on débat avec
lui, _zeṭaṭa_ : la somme fixée, il vous conduit ou vous fait
conduire par un ou plusieurs hommes jusqu’au lieu convenu ; là on
ne vous laisse qu’en mains sûres, chez des amis auxquels on vous
recommande. Ceux-ci vous mèneront ou vous feront mener plus loin
dans les mêmes conditions : nouvelle ạnaïa, nouvelle zeṭaṭa,
et ainsi de suite. On passe de la sorte de main en main jusqu’à
l’arrivée au terme du voyage. Ceux qui composent l’escorte
sont appelés _zeṭaṭ_ ; leur nombre est extrêmement variable,
je l’indiquerai toujours : on verra qu’un seul homme suffit
parfois, lorsque ailleurs, souvent très près, quinze ne suffisent
pas. L’usage de l’ạnaïa, appelé aussi _mezrag_, forme une
des principales sources de revenu des familles puissantes. C’est
à elles, en effet, que les voyageurs s’adressent de préférence,
la première condition chez un zeṭaṭ étant la force de faire
respecter son protégé. Il y a une seconde qualité non moins
essentielle qu’il faut chercher en lui : c’est la fidélité. En
des lieux où il n’y a ni lois ni justice d’aucune sorte, où
chacun ne relève que de soi-même, des zeṭaṭs peuvent piller,
égorger, chemin faisant, les voyageurs qu’ils avaient promis de
défendre ; nul n’a un mot à leur dire, nul n’a un reproche
à leur faire ; c’est un accident contre lequel rien au monde
ne peut garantir : une fois en route avec des zeṭaṭs, on est
entièrement à leur merci. Aussi faut-il les choisir avec la plus
grande prudence et, avant de demander à un homme son ạnaïa,
s’informer minutieusement de sa réputation. D’ailleurs,
quoiqu’on en voie un très grand nombre qui trahissent, soit
ouvertement en vous pillant eux-mêmes, soit par stratagème en vous
faisant dépouiller par un parti plus nombreux auquel ils donnent
le mot ; quoiqu’il y en ait d’autres qui vous abandonnent,
chemin faisant, après s’être fait payer d’avance, ou bien qui
ne consentent à vous accompagner jusqu’au bout qu’à condition
d’augmenter leur salaire, malgré ces genres divers de trahison,
genres que j’ai expérimentés tous sans exception, on trouve
aussi des hommes honnêtes qui, les uns par sentiment d’honneur,
les autres pour garder intacte une réputation source de nombreux
bénéfices, non seulement vous conduisent fidèlement jusqu’à
la fin, mais montrent même un dévouement qui va jusqu’à risquer
leur vie pour vous défendre.]

[Note 9 : Parmi ces cherifs, se distingue au premier rang la famille
des Oulad El Maddjich ; ils font partie de la descendance de Sidi
Ạbd es Selam ben Mechich, célèbre saint marocain mort en 1227 de
J.-C. et enterré non loin de Tétouan, au Djebel el Ạlam.

C’est à l’obligeance de M. Pilard, ancien interprète militaire,
qui d’ailleurs m’a, ainsi qu’on le verra, fourni la matière
de plusieurs autres notes, que je dois ce renseignement. Le Djebel
el Ạlam, où se trouve le mausolée de Sidi Ạbd es Selam ben
Mechich, est situé à une journée de marche de Tétouan, dans le
Djebel Beni Ḥasan. Il fait partie de cette chaîne. Il s’élève
sur son versant oriental.]

[Note 10 : Que Dieu fasse brûler éternellement le père qui t’a
engendré, Juif !]

[Note 11 : Musulman qui a fait le pèlerinage de la Mecque.]

[Note 12 : Les expressions de _Qebaïl_, _Chellaḥa_, _Ḥaraṭîn_,
_Berâber_, sont autant de mots employés par les Arabes pour désigner
une race unique dont le nom national, le seul que se donnent ses
membres, est celui d’_Amaziṛ_ (féminin _Tamaziṛt_, pluriel
_Imaziṛen_). Au Maroc, les Arabes appellent _Qebaïl_ les Imaziṛen
de la partie septentrionale, ceux qui habitent au nord du parallèle
de Fâs ; ils donnent le nom de _Chellaḥa_ à tous les Imaziṛen
blancs résidant au sud de cette ligne[a] ; celui de _Ḥaraṭîn_
aux Imaziṛen noirs, Leucaethiopes des anciens ; enfin celui de
_Berâber_ est réservé à la puissante tribu tamaziṛt dont il est
proprement le nom. M. le colonel Carette ne s’était pas trompé
en disant que le mot de Berâber, appliqué par les généalogistes
arabes à toute la race tamaziṛt, devait être celui de quelque tribu
importante de ce peuple, tribu dont on avait par erreur étendu le
nom à toutes les autres. Cette tribu des Berâber existe toujours :
c’est encore aujourd’hui la plus puissante du Maroc ; elle occupe
toute la portion du Sahara comprise entre l’Ouad Dra et l’Ouad
Ziz, possède presque en entier le cours de ces deux fleuves,
et déborde en bien des points sur le flanc nord du Grand Atlas ;
elle est jusqu’à ce jour restée compacte, et elle réunit chaque
année en assemblée générale les chefs de ses nombreuses fractions :
nous donnerons ailleurs sa décomposition. Dans le Sahara, dans le
bassin de la Mlouïa, on est près de la tribu des Berâber : on la
connaît ; on n’a garde d’appliquer son nom à d’autres qu’à
elle. Mais qu’on s’éloigne vers le nord, qu’on aille à Fâs
ou à Sfrou, on trouve déjà la confusion. On entend généraliser
le nom de la célèbre tribu du sud et l’appliquer indifféremment
à toutes celles des environs qui parlent la même langue, comme les
Aït Ioussi, les Beni Ouaṛaïn, les Beni Mgild, les Zaïan, etc.,
tribus que, mieux informés, les Arabes de Qçâbi ech Cheurfa ou des
Oulad el Ḥadj auront soin de n’appeler jamais que du nom général
de Chellaḥa. Pour nous, suivant l’exemple des tribus limitrophes
des Berâber, nous donnerons le nom de Qebaïl aux Imaziṛen que
l’usage fait désigner ainsi, aux autres celui de Chellaḥa ou
de Ḥaraṭîn, réservant celui de Berâber pour la seule tribu à
laquelle il appartient.]

[Note a : En d’autres termes, et plus exactement, les Imaziṛen
du massif Rifain sont appelés Qebaïl et ceux du massif Atlantique
Chellaḥa. La ligne de démarcation entre les deux noms est la large
trouée qui sépare les deux massifs, celle qui conduit de Lalla
Maṛnia à Fâs et de là à l’Océan par la vallée du Sebou.]

[Note 13 : La _belṛa_ est une sorte de pantoufle très large, en
cuir souple, à semelle mince, sans talon. C’est la seule chaussure
qu’on voie au Maroc.]

[Note 14 : Les _nouara hebila_ sont de larges fleurs blanches
portées par des tiges raides qui atteignent jusqu’à 1m,20 à
1m,40 de hauteur ; elles poussent sans culture, très serrées,
formant comme de vastes champs blancs ; les tiges ont en moyenne 1
mètre à 1m,20 d’élévation ; elles servent, une fois sèches,
à allumer le feu et à faire des huttes grossières. Cette plante
n’est propre à aucun autre usage : les animaux ne la mangent point.]

[Note 15 : La tribu des Bdaoua fait partie de la province d’El
Ạraïch, province gouvernée par un qaïd résidant à El
Ạraïch. Les Bdaoua, ainsi que toutes les populations que je
rencontrerai d’ici à Fâs, ne parlent que l’arabe.]

[Note 16 : Le grand château.]

[Note 17 : Le qaïd d’El Ạraïch est le chef de la province du
même nom. De Tanger à Fâs, je traverse cinq provinces : celles de
Tanger, de Tétouan, d’El Ạraïch, du Ṛarb, et de Fâs. Les
quatre premières sont gouvernées chacune par un qaïd ; dans la
dernière l’autorité est partagée entre trois bachas. Ces sept
fonctionnaires relèvent tous directement du sultan. La province
du Ṛarb est très étendue : je vais y entrer, et j’y resterai
jusqu’auprès de Fâs. Les tribus des Ṭegaga, des Hejaoua, des
Oulad Ạïssa, des Cheraga, en font partie.]

[Note 18 :

[Illustration]

Le Maroc se divise politiquement et commercialement en deux régions
distinctes et presque sans rapports l’une avec l’autre : la
première a Fâs pour centre ; on peut l’appeler Maroc du nord
ou royaume de Fâs. La seconde a pour centre Merrâkech : elle
peut se désigner sous le nom de Maroc méridional ou royaume de
Merrâkech. Ces deux régions ont chacune leur capitale, chacune leurs
ports, chacune leur commerce. Elles sont séparées par une longue
ligne de tribus indépendantes, les Zạïr, les Zemmour Chellaḥa,
les Zaïan, les Ichqern, les Aït Seri, les Berâber, et par les
régions montagneuses qui s’étendent entre les bassins de l’Oumm
er Rebiạ et du Dra d’une part, et ceux du Sebou, de la Mlouïa et
du Ziz de l’autre. Il n’y a que deux points par où communiquent
ces deux contrées ; ils se trouvent aux extrémités opposées de la
ligne qui les sépare ; ce sont : au nord-ouest, le bord de la mer ;
au sud-est, la plaine qui, par le Todṛa, le Ferkla et le Ṛeris,
s’étend entre l’Ouad Dâdes et l’Ouad Ziz. Les deux chemins qui
suivent, l’un cette plaine, l’autre le rivage de l’Océan, sont
les seuls qui mettent en relation le Maroc du nord et le Maroc du sud.]

[Note 19 : Il faut aussi compter parmi les obstacles au commerce
l’absence d’un système monétaire uniforme. Il y a bien une
unité monétaire, le _mitqal_, se divisant en dix _ouqia_. Mais
c’est une valeur toute théorique ; il n’existe point de monnaie
la représentant : on se sert de pièces étrangères et de quelques
rares pièces du pays, les unes et les autres changeant de valeur
dans chaque ville, dans chaque tribu. Les pièces en usage sont :

Le _real_ (pièce de 5 francs, française ou espagnole) : il a cours
partout ; c’est la monnaie principale, l’unité dont on se sert
pour tous les comptes, toutes les évaluations.

La _peceta_ (pièce de 1 franc ; 5 valent un real) : toutes les
pièces d’un franc françaises ou espagnoles passent dans les grandes
villes ; hors de là n’ont cours que les vieilles pecetas espagnoles
du siècle dernier ou des dix premières années de celui-ci.

Diverses monnaies marocaines en argent. Il y en a d’une foule de
modèles, les unes anciennes, les autres neuves ; les plus fortes
sont un peu plus grosses qu’une pièce de 0 fr. 50 : on ne leur
donne pas d’autre nom que celui de leur valeur en ouqias, valeur
qui change en chaque lieu. Elles passent dans tout le Maroc, mais
avec une valeur relative moindre que celle des pièces européennes.

Les pièces de 2 francs, de 0 fr. 50 et de 0 fr. 20, n’ont cours
que dans les grandes villes ; il en est de même de toute la monnaie
d’or. Les populations des campagnes et des petites localités,
n’ayant pas le moyen de la contrôler, refusent de l’accepter,
craignant d’en prendre de fausse.

Comme monnaie de cuivre, on se sert d’une monnaie nationale dont
l’unité est la _mouzouna_. On compte quatre mouzounas dans l’ouqia
et 40 dans le mitqal. Cette monnaie est en usage dans tout le Maroc ;
sa valeur y est uniforme : c’est la seule pour laquelle il en soit
ainsi. Il n’y a pas de pièces d’une mouzouna ; il y en a de 2/3
de mouzouna, de 1/6 de mouzouna, etc.

[Illustration]

La pièce de 5 francs, seule unité pratique, a une valeur qui diffère
en chaque lieu ; de plus, en un même point, cette valeur n’est
pas fixe, elle oscille sans cesse entre certaines limites. Voici
ce qu’elle valait en divers endroits, aux époques où je les ai
traversés : Tanger, Tétouan, El Qçar, Fâs, Meknâs, 10 mitqals ;
— de Meknâs à Demnât, 8 à 9 mitqals ; — Demnât, Zaouïa Sidi
Reḥal, 10 mitqals ; — Tazenakht, 10 à 11 mitqals ; — Zenâga,
8 à 9 mitqals ; — Tisint, 4 mitqals 1/2 à 5 mitqals ; — Tatta,
Aqqa, Isaffen, Ilalen, Chtouka, Agadir Iṛir, partie méridionale
de la tribu des Ḥaḥa, tout le Sahel marocain, de 3 mitqals
1/2 à 4 mitqals 1/2 ; — Iliṛ (sur l’Ouad S. Moḥammed ou
Iạqob), 12 mitqals ; — Taroudant, Houara, Menâba, 12 mitqals
1/2 ; — partie septentrionale de la tribu des Ḥaḥa, Mogador,
12 à 13 mitqals ; — Mezgîṭa, Aït Seddrât, 11 mitqals 1/2 ;
— Tinzoulin, 8 mitqals ; — toute la partie du pays de Dra
située au sud du Tinzoulin, Tazarin, Todṛa, Ferkla, Tafilelt,
4 mitqals ; — Dâdes, 4 mitqals 1/2 ; — Qçâbi ech Cheurfa,
Misour, Ouṭat Oulad el Ḥadj, 9 mitqals ; — Debdou, 2 mitqals 1/2
(c’est-à-dire 100 mouzounas : on a adopté cette valeur pour pouvoir
compter d’après la règle française ; dans ces conditions chaque
mouzouna vaut 5 centimes ; on compte à Debdou par douros, francs,
sous). — Qaçba el Ạïoun, 3 mitqals.

Ainsi qu’on le voit, la pièce de 5 francs ou real vaut de 8 à 12
mitqals dans le nord et dans le centre du Maroc. Cette valeur baisse
brusquement et tombe à 4 mitqals, parfois même à moins, dans le
Sahel (nom de la région qui borde l’Océan au sud de l’Ouad Sous)
et dans le Sahara. De même, à Debdou et aux environs de la frontière
française, la nécessité de se rapprocher de notre système a fait,
dans une zone restreinte, tomber le real à 2 mitqals 1/2 et 3 mitqals.

Dans ces monnaies de valeur si variable, il circule beaucoup de
pièces fausses : il en existe parmi les reals ; il en existe
surtout parmi les pecetas espagnoles, qui sont la monnaie la plus
commune. Ces anciennes pièces, à empreinte souvent effacée, sont
d’une imitation facile ; aussi dans celles qui servent actuellement
s’en trouve-t-il plus de fausses que d’authentiques. Ce sont les
Juifs, les ṭalebs, les cherifs, qui les confectionnent, tous ceux,
en un mot, qui ont quelque instruction : la plupart d’entre eux
s’occupent d’alchimie et, en attendant qu’ils découvrent la
pierre philosophale, font de la fausse monnaie. Dans ces conditions,
on ne reçoit d’argent qu’avec les plus grandes précautions ; le
moindre payement exige, dans les campagnes surtout, un temps infini ;
on n’accepte une pièce qu’après l’avoir tournée, examinée,
montrée à deux ou trois personnes, fait voir à un Juif, s’il
s’en trouve. Quant aux monnaies d’or, on n’en veut point, tant
on craint d’en prendre de fausses. Enfin il n’y a pas jusqu’à
celles de cuivre qui ne soient souvent falsifiées.]

[Note 20 : Voici comment ils se partagent l’autorité :

1o Le bacha Sidi Ạbd Allah. Il a deux lieutenants, _khalifa_,
nommés directement par le sultan. Relèvent de lui : Fâs Qedîm ;
les gens du Rif habitant le Gebgeb et le Lemta ; le Djebel Zerhoun,
avec Zaouïa Moulei Edris, dont il nomme le qaïd (il y a un qaïd
à Zaouïa Moulei Edris, et des chikhs dans les autres villages du
Zerhoun) ; les Oulad el Ḥadj habitant autour du pont du Sebou.

2o Le bacha Ould Ba Moḥammed. Il est assisté d’un lieutenant
nommé par le sultan. Sont sous son autorité : le mellaḥ de Fâs ;
les Oulad Djemạ (deux marchés dans la tribu) ; les Behalil ; les
Oulad el Ḥadj habitant sur la route de Fâs à Sfrou ; les Chedjạ
(à quelques heures de Fâs) ; les Ḥamian, les Mhaïa, les Oulad Sidi
Chikh, les Doui Mnia (campant tous dans le Saïs) ; les Ṛomera (près
des Chedjạ). Toutes ces tribus sont dites de « plaine ». Voici
maintenant les tribus de « montagne » : les Fichtâla (sur le chemin
du Rif, à une demi-journée de Fâs ; les Beni Ouriaṛel (sur le
chemin du Rif, au delà des Fichtâla). Dans ces diverses fractions,
c’est le bacha qui nomme les chefs. Ceux de la plaine sont appelés
_khalifa es souq_, « lieutenants du marché », parce que c’est
sur les marchés qu’ils rendent la justice ; les petites tribus en
ont un, les grandes en ont plusieurs. Dans la montagne, ils portent le
nom de _chikh_ : les Fichtâla et les Beni Ouriaṛel en ont un chacun.

3o Le bacha Ḥadj Sạïd. Son commandement se compose de Qaçba
Cherarda, redoute faisant partie de l’enceinte de Fâs Djedid, au
nord de Bab Segma ; Sfrou (où il nomme le qaïd ainsi que le chikh
des Juifs) ; les gens du Sous et les nègres résidant aux environs
de Fâs ; les Cherarda (habitant entre Fâs et Sfrou dans la partie
appelée Bou Rejouan). Ḥadj Sạïd est secondé par un khalifa.]

[Note 21 : Le chef de la zaouïa de Sidi Edris, qui porte le titre de
moqaddem de cette zaouïa, n’est ni un descendant de Sidi Edris ni
un cherif. C’est le chef d’une maison où la dignité de moqaddem
de la zaouïa se perpétue de père en fils depuis un temps très
reculé. Il y a deux principales zaouïas de Sidi Edris : l’une
au Djebel Zerhoun, où est enseveli Sidi Edris le père, celui qui
vint d’Orient s’établir au Maroc ; l’autre à Fâs, où est
enterré le fils du précédent, Sidi Edris, fondateur de Fâs. Cette
dernière est la plus importante de beaucoup. C’est là que réside
le grand moqaddem. Un de ses parents dirige la zaouïa du Zerhoun. Le
moqaddem est, nous venons de le voir, plus puissant en bien des lieux
que le sultan : c’est un homme de grand poids au Maroc. Sa famille
est depuis longtemps plus vénérée que celle des descendants mêmes
de Moulei Edris. Cependant il donne à ces derniers une partie des
offrandes qu’apportent les pèlerins à la zaouïa. Les cadeaux
en nature, grains, tissus, etc., ainsi que ce qu’on lui remet
personnellement, demeurent sa propriété particulière. Mais outre
ces dons il existe deux troncs où les dévots glissent des offrandes :
le contenu de ces troncs est distribué intégralement par lui entre un
certain nombre de familles descendant de Moulei Edris. La postérité
de ce dernier est fort nombreuse ; mais ne sont admises à participer
à ce revenu de la zaouïa que deux classes : 1o les familles résidant
à Fâs et à Meknâs, au nombre d’une soixantaine ; 2o celles qui
font partie de la descendance de Moulei Ạbd es Selam ben Mechich,
et qui demeurent soit dans les environs de Fâs, soit dans le Rif,
soit dans la région de Tétouan. C’est le moqaddem qui remet à
chaque maison la part à laquelle elle a droit. Le moqaddem actuel
est un homme d’âge moyen. Il se nomme Sidi Er Râmi. Mais dans le
peuple on ne l’appelle que Sidi Edris. Depuis longtemps on désigne
de ce nom tous les moqaddems successifs de la zaouïa.

Sur la zaouïa de Moulei Edris, voir _Ali Bey_, t. I, chap. XI.]

[Note 22 : C’est ici que j’atteins pour la première fois le
pied du massif de l’Atlas. Les chaînes que j’ai rencontrées
jusqu’ici appartenaient toutes à un autre massif qui en est
entièrement distinct, le massif Rifain.

[Illustration]

On donne le nom général d’Atlas au long dos d’inégale hauteur
qui, tantôt montagnes, tantôt plateaux, traverse tout le Maṛreb
de l’ouest-sud-ouest à l’est-nord-est, sortant de l’Océan
à Agadir Iṛir, plongeant dans la Méditerranée à Tunis. Il
se divise naturellement en trois parties : Atlas Marocain, Atlas
Algérien, Atlas tunisien. Aux deux dernières on ne donne que
l’appellation générale d’Atlas. Dans l’Atlas Marocain, au
contraire, on distingue le Grand Atlas, le Moyen Atlas et le Petit
Atlas. Ce sont trois chaînes parallèles qui forment, dans ce pays,
la partie essentielle du massif.

Le _Grand Atlas_ commence à l’Océan, dans la tribu des Ḥaḥa,
et expire dans le Ḍahra. C’est de beaucoup la plus haute des trois
chaînes ; c’est aussi la plus longue et c’est l’arête centrale.

Le _Moyen Atlas_ est parallèle au Grand et situé au nord de
celui-ci. Commençant non loin de Demnât, il expire dans le Ḍahra,
à l’est de Debdou. C’est la seconde chaîne en hauteur.

Le _Petit Atlas_, parallèle aux deux premiers, mais moins haut
qu’eux, est situé au sud du Grand Atlas : il commence à l’Océan,
entre les embouchures du Sous et du Dra, et paraît expirer entre le
Dra et le Ziz, dans les plateaux qui avoisinent ce dernier fleuve.

Telles sont les trois chaînes fondamentales de l’Atlas Marocain. Il
y en a d’autres secondaires, toutes parallèles aux premières. Parmi
elles, la plus importante est celle devant laquelle nous sommes :
commençant à l’ouest d’Oulmess, elle passe au sud de Sfrou,
a un de ses points culminants au Djebel Ṛiata et se continue par
les monts Beni Bou Zeggou, Zekkara, etc., jusqu’en Algérie, où
elle passe au sud de Tlemsen.

Je franchirai cette dernière chaîne à Oulmess, le Moyen Atlas entre
Qaçba Beni Mellal et Ouaouizert, le Grand Atlas à Tizi n Glaoui et
à Tizi n Telṛemt, le Petit Atlas un grand nombre de fois.

Chaque fois que je dirai : « au nord de l’Atlas », « au sud de
l’Atlas », ce sera toujours de l’arête principale du massif
que j’entendrai parler : il faudra donc comprendre : « au nord,
au sud du Grand Atlas ».

Le nom de Djebel Ṛiata, qu’on vient de lire plusieurs fois,
s’emploie également pour désigner l’ensemble de la région
montagneuse occupée par les Ṛiata et pour indiquer le pic
remarquable qui en est le point dominant. Ce pic est célèbre à plus
d’un titre : très élevé, il se voit d’une grande distance ;
ses flancs passent pour renfermer des minerais de plusieurs métaux ;
enfin son sommet est le lieu où se produit une particularité unique
au Maroc : chaque année, après la fonte des neiges, ses plus hautes
pentes se couvrent d’une foule de chenilles à longs poils ; elles
sont aussi froides que la glace, et c’est, disent les indigènes, la
neige qui les enfante. On les appelle des _iakh_ (يَخ). Les chèvres
mangent avidement ces chenilles, qui disparaissent bientôt. Il n’y
a d’iakhs au Maroc que sur le Djebel Ṛiata. C’est à ces insectes
qu’il est fait allusion dans ce dicton de Fâs :

                    شيان عجيبان ابرد من اليَخ الشّيخ
يتصابّا وصبي يتمشيَخ

« Deux ridicules sont plus froids que l’iach : le vieillard qui
fait le jeune, et le jeune homme qui fait le vieux. »]

[Note 23 : Les mkhaznis sont des miliciens irréguliers, plutôt
gendarmes que soldats. Ils ne forment point de corps constitués. Les
principaux qaïds, ceux des villes surtout, en ont un certain nombre
auprès d’eux ; ils s’en servent pour faire la police, et surtout
pour pressurer le pays. Quand ils en ont 100, comme celui de Tâza,
c’est beaucoup. Il y a des mkhaznis à pied et à cheval : ils se
montent et s’arment à leurs frais et à leur fantaisie : leur solde
est fort irrégulière ; suivant l’exemple de leurs maîtres, ils
vivent sur le peuple en extorquant de l’argent çà et là. Je pense
qu’en estimant à 2000 le chiffre des mkhaznis ainsi disséminés
dans les provinces on aura un chiffre au-dessus de la vérité. Il y en
a un plus grand nombre auprès du sultan, ne quittant pas sa personne.]

[Note 24 : L’Ouad el Kḥel se jette sur la rive gauche de l’Ouad
Innaouen : son cours, m’a-t-on assuré, est souterrain sur une
certaine longueur ; sa vallée, très profonde, très étroite,
d’abord très difficile, est d’une richesse extrême. Ce n’est
qu’un long jardin où s’échelonnent des villages nombreux.]

[Note 25 : Le combat eut lieu dans la montagne, sur les bords de
l’Ouad Bou Gerba. Les Ṛiata avaient, dit-on, construit des
barrages qu’ils rompirent tout à coup : les eaux du torrent se
précipitèrent avec fureur et emportèrent une partie de l’armée
du sultan.]

[Note 26 : On appelle ainsi le chanvre indien, connu ailleurs sous
le nom de ḥachich. On ne le désigne au Maroc que sous celui de
_kif_. Il s’en fait en ce pays une grande consommation. Dans les
villes, l’usage en est extrêmement répandu : la plus grande
partie des classes moyenne et pauvre, les petits marchands, tout ce
qui est mkhazni, soldat, la plupart des esclaves l’y fument. Le
tabac est moins à la mode ; s’en sert-on, c’est presque toujours
mélangé au kif. Les Juifs seuls ont l’habitude de la cigarette. La
consommation du kif et du tabac est assez importante pour que le
sultan se soit réservé le monopole de leur introduction dans les
villes, monopole qu’il afferme soit à des compagnies, soit à des
particuliers. A Fâs, c’est une société de vingt Israélites qui
le possède en ce moment. Sfrou et Tâza dépendent de cette même
société. La plus grande partie du kif et du tabac qui pénètrent
dans ces villes vient du Rif ; plusieurs tribus y vivent presque
exclusivement du revenu de cette culture : parmi elles on cite les
Ketâma, petite tribu voisine des Beni Zerouâl ; ses produits sont
les plus renommés du nord du Maroc.

La difficulté de se procurer du kif dans les campagnes fait que
l’usage de le fumer y est bien moins répandu que dans les villes :
le prix en étant plus élevé, il y devient un luxe ; au lieu
d’être, comme dans les cités, la consolation de la classe pauvre,
il y devient la distraction des riches, et surtout des cherifs et des
marabouts. Ces derniers sont à peu près les seuls qui l’y fument :
on peut presque partout les reconnaître au double usage du kif et
de l’eau-de-vie (_maḥia_), qui forme un de leurs caractères
distinctifs. Quant au tabac, une fois sorti des villes, je le verrai
disparaître complètement jusqu’au Sahara ; mais là je trouverai
vers Tisint, Tatta, Aqqa, une vaste région où tout le monde le
fume du matin au soir : les tabacs à la mode y sont ceux du Touat,
du Dra, et surtout d’Ouad Noun.]

[Note 27 : Les sots.]

[Note 28 : Sidi El Ḥasen el Ioussi est un célèbre marabout marocain
qui naquit dans la première moitié du XIe siècle de l’hégire
(entre 1592 et 1640, environ). Voici quelques notes concernant sa
personne : elles sont extraites d’un ouvrage écrit par lui-même,
_Moḥaḍarat Chikh El Ḥasen el Ioussi_ ; elles m’ont été
communiquées par M. Pilard, ancien interprète militaire : « Je
suis El Ḥasen ben Mesạoud ben Moḥammed ben Ạli ben Iousef
ben Aḥmed ben Ibrahim ben Moḥammed ben Aḥmed ben Ạli ben
Ạmar ben Iaḥia ben Iousef (et celui-ci est l’ancêtre de la
tribu) ben Daoud ben Idracen ben Ietatten. Voilà quelle était la
généalogie (de Iousef) lorsqu’il vint se fixer à Ḥara Aqlal,
bourgade du Ferkla encore bien connue aujourd’hui... Quant au
qualificatif de Ioussi, on disait originairement el Iousfi, et ce
nom rappelait l’ancêtre de notre tribu. Mais, dans leur idiome,
les gens de notre pays suppriment l’F... Mon maître fut le Chikh
el Islam Abou Ạbd Allah Sidi Moḥammed En Nacer ed Draï. »]

[Note 29 : Sur le territoire des Beni Mgild se trouve, au milieu des
forêts, une source célèbre, Ạïn el Louḥ : elle est, dit-on,
à deux journées de marche de Sfrou, dans la direction du sud-ouest.]




                                  II.

                     DE MEKNAS A QAÇBA BENI MELLAL.


                     1o. — DE MEKNAS A BOU EL DJAD.


                             27 août 1883.

Enfin je quitte Meknâs. Nous partons plus nombreux que je ne pensais :
plusieurs personnes veulent profiter de la société de mon cherif, et
se joignent à nous : ce sont d’abord six ou huit Musulmans pauvres
qui se rendent dans le Tâdla, puis deux Juifs de Bou el Djạd qui
regagnent leur pays. De plus, nous faisons route jusqu’à Tlâta
ez Zemmour avec une caravane d’une cinquantaine de marchands qui
vont à ce marché. Nous sommes ainsi près de soixante-cinq : un
seul zeṭaṭ nous protège tous ; c’est un homme des Zemmour,
Moulei Ez Zạïr.

Partis à 11 heures du matin, nous arrivons vers 5 heures et demie
du soir à un petit douar où nous passerons la nuit. Le terrain ne
présente aucune difficulté durant le chemin : on est d’abord
en plaine ; beaucoup de cultures ; de là on passe à un terrain
accidenté, sans reliefs importants, région très arrosée, peu
cultivée, couverte de lentisques assez hauts, de jujubiers sauvages
et de palmiers nains. C’est le pays des Zemmour Chellaḥa ;
la plaine appartenait aux Gerouân. Les deux tribus sont de race
tamaziṛt (chleuḥa) et insoumises ; nous ne tardons pas à nous
en apercevoir. Les Gerouân ont, avec les voyageurs, le système de
quelques tribus limitrophes du blad el makhzen : elles ne pillent ni
ne donnent d’ạnaïa, mais, à chaque douar devant lequel on passe,
on vous arrête et il faut payer un droit arbitraire, la zeṭaṭa :
une troupe de cavaliers et de fantassins vient se mettre en travers du
chemin et se la fait donner les armes à la main. En deux heures, nous
avons eu cinq fois affaire à des députations de ce genre. Ce sont
les seuls êtres humains que nous ayons rencontrés sur notre route.

Du douar où nous campons, on ne voit de tous côtés que montagnes ;
au sud, le haut talus formant le flanc gauche de la vallée de l’Ouad
Beht ; partout ailleurs, des successions de croupes couvertes de
palmiers nains ou de broussailles ; en somme, pays fort montueux :
c’est le massif des Zemmour Chellaḥa.

                                28 août.

Départ à 3 heures et demie du matin. Nous traversons presque
aussitôt l’Ouad Beht (berges basses et en pente douce ; eau
claire de 20 mètres de large et de 50 centimètres de profondeur ;
courant très rapide ; lit de gravier) ; puis une longue côte,
facile mais assez raide, nous conduit au plateau où est situé le
marché. Durant la montée, on est soit sous des bois de lentisques,
soit dans des palmiers nains : beaucoup de gibier, perdreaux, pigeons,
lièvres. Sur le plateau, on entre dans une région toute différente,
aussi habitée et aussi florissante que la précédente était déserte
et sauvage : sol couvert de cultures ; foule de ruisseaux au milieu
des champs ; quantité de beaux douars, à l’aspect prospère,
entourés de frais jardins. C’est au milieu de cette riche campagne,
dont la fertilité proverbiale a fait donner au pays des Zemmour le
surnom de Doukkala du Ṛarb[30], qu’est situé le Tlâta. Nous y
arrivons à 7 heures du matin.

Nous passons la plus grande partie de la journée au marché : il
est très animé ; on y voit plus de 30 tentes de marchands. Les
denrées qui se vendent sont les mêmes qu’au Tlâta Hiaïna ;
mais il faut y ajouter des monceaux de fruits superbes, des raisins
surtout, qu’on apporte des douars du voisinage.

Vers 4 heures, nous quittons Moulei Ez Zạïr et la caravane des
marchands, et nous nous remettons en route avec l’ạnaïa d’un
homme des environs. A 6 heures, on fait halte ; nous sommes arrivés au
douar de notre conducteur. En quittant le marché, nous avons d’abord
cheminé sur le riche plateau où il se tient ; puis, arrivés au bord
de son talus sud, nous nous sommes mis à descendre : à partir de
là, plus de cultures ; une côte boisée de lentisques, semblable à
celle de ce matin. Depuis Meknâs, le sol a été constamment terreux.

                                29 août.

Nous avons, au sortir d’ici, à traverser une région très
dangereuse. Il nous faudra, pour la parcourir, une escorte de 6 ou
8 cavaliers : on ne peut la trouver aujourd’hui ; les tentes sont
vides ; toute la population est à un marché, l’Arbạa des Zemmour,
qui se tient aux environs. Force est donc d’attendre à demain pour
continuer la route.

Le douar où nous sommes est fort riche : belles et grandes tentes ;
auprès de la plupart, un ou deux chevaux de selle ; dans chacune
on voit des femmes occupées à tisser flidjs, tellis, bernous et
_tarḥalt_ (couvertes multicolores à dessins variés), ou bien
à tresser des nattes qu’on brode ensuite de laines aux couleurs
éclatantes. Ces nattes brodées sont, avec les tarḥalts, la
spécialité des Zemmour, des Zaïan et des Beni Mgild. Les Zemmour,
ainsi que les Zaïan, chez qui nous entrerons ensuite, se distinguent
des autres tribus que j’ai vues au Maroc par le primitif de leur
costume : hommes et femmes y sont fort peu vêtus ; leur habillement
est le suivant : pour les hommes riches, point de chemise ni de
caleçon, une simple farazia, et par-dessus un bernous ; les pauvres
n’ont que le bernous : en marche, ils le plient, le jettent sur
l’épaule, et vont nus. Les premiers ont sur la tête soit un turban
de cotonnade blanche, soit un mouchoir blanc et rouge ; les pauvres
sont tête nue. Les uns et les autres se rasent les cheveux ; mais,
chose que je n’ai également vue que là, ils conservent au-dessus
de chaque oreille une longue mèche semblable aux nouaḍer des
Juifs[31]. Les Zemmour les portent toutes deux, les Zaïan n’en
ont qu’une : c’est la seule différence de mode entre les deux
tribus. Cette mèche est, pour les jeunes élégants, l’objet de
soins minutieux : ils la peignent, la graissent, puis, la tressant,
en forment une petite natte. Le même usage existe, m’a-t-on dit,
chez les Chaouïa. Le costume des femmes est aussi des plus légers :
c’est une simple pièce d’étoffe rectangulaire, de cotonnade
ou plus souvent de laine, dont les deux extrémités sont réunies
par une couture verticale ; il y a trois manières de le porter :
1o en le retenant par des broches (grosses boucles d’argent,
_khelal_) ou de simples nœuds au-dessus de chaque épaule ; 2o en
retroussant et attachant le bord supérieur au-dessus des seins, les
épaules et le haut de la gorge demeurant découverts ; 3o en laissant
retomber la partie supérieure, le corps restant nu jusqu’à la
ceinture. Dans les trois cas, le vêtement est retenu à la taille
par une bande de laine ; il est assez court : il ne descend guère
au-dessous du genou. On le porte de la première façon pour sortir,
de la seconde pour travailler hors de la tente, de la troisième à
l’intérieur. Les femmes s’entourent plus ou moins la tête de
chiffons ; jamais elles ne se voilent.

                                30 août.

Départ à 5 heures du matin. Une escorte de 6 cavaliers et de
4 fantassins Zemmour nous accompagne. Aussitôt après avoir
franchi l’Ouad Ourjelim, qui passe au pied de notre douar, nous
nous engageons dans une vaste région, déserte en ce moment, mais
parcourue au printemps par les troupeaux des Zemmour ; on la nomme
la Tafoudeït : c’est une succession de côtes et de plateaux
s’élevant par échelons et sillonnée de nombreux ravins. Au
début, tout est boisé : lentisques, caroubiers, pins de diverses
espèces, forment un fourré épais ; après quelque temps les arbres
diminuent ; laissant à nu les crêtes et les parties supérieures,
ils se réfugient au fond des ravins et sur les premières pentes
de leurs flancs. Plus on s’avance, plus on s’élève, plus les
troncs deviennent rares. Le sol est terreux et jaunâtre ; nu en ce
moment, il se couvre au printemps de riches pâturages. A 10 heures,
nous atteignons un col : ici finit la Tafoudeït. Nous descendons
par un chemin rocheux et difficile dans une région nouvelle : pays
accidenté, terrain semé de gros blocs d’ardoise, sol boisé de
grands arbres, ruisseaux qui coulent de toutes parts. C’est ainsi,
à l’ombre de lentisques et d’oliviers séculaires, que nous
marchons jusqu’à 1 heure ; à ce moment nous apercevons un douar,
premier vestige d’êtres humains qui apparaisse depuis le départ :
nous nous y arrêtons ; c’est là qu’on passera la nuit. Ces
tentes appartiennent à un très haut personnage, Moulei El Feḍil,
cherif profondément vénéré par les Zaïan et tout-puissant sur la
plus grande partie de cette tribu. Je suis ici en pleine montagne :
le douar est au fond d’un ravin étroit ; de tous côtés se dressent
au-dessus de ma tête de hautes cimes escarpées aux flancs rocheux et
boisés. Les panthères abondent, dit-on, dans cette région sauvage.

Je n’ai traversé aujourd’hui qu’une rivière de quelque
importance, l’Ouad Ourjelim, encore était-elle à sec (lit de galets
de 25 mètres de large, sans eau). Pendant la route, nous n’avons
rencontré personne, si ce n’est une troupe d’une vingtaine de
Zaïan qui se sont joints à nous dans la Tafoudeït et nous ont suivis
jusqu’à la frontière de leur tribu : c’étaient des pauvres ;
la plupart n’avaient qu’un bernous pour tout vêtement, rien sur
la tête, à la main un grand sabre de bois : ils m’ont paru gens
fort irascibles ; à chaque instant ils se prenaient de querelle
entre eux, et c’étaient aussitôt de grands coups de sabre ;
ils y mirent tant d’ardeur qu’il fallut en emporter deux tout
sanglants dans leurs bernous.

                                31 août.

Nous sommes ici en territoire zaïan : nous abandonnons nos
zeṭaṭs Zemmour ; nous n’avons pas eu à nous louer d’eux :
hier, au milieu du trajet, quand ils nous virent bien engagés dans le
désert, ils nous déclarèrent qu’ils n’iraient pas plus loin si
l’on n’augmentait le salaire convenu ; force fut d’en passer
par là. Aujourd’hui un seul homme suffit pour nous escorter :
il n’est même pas armé.

On part à 5 heures du matin. Nous marchons dans un pays très
montagneux : succession de ravins profonds et de talus escarpés ;
chemins la plupart du temps difficiles ; une fois même, le sentier est
si rapide qu’il faut mettre pied à terre. Sol rocheux, hérissé de
blocs d’ardoise et entièrement boisé ; arbres élevés, serrés,
formant une forêt épaisse ; beaucoup d’eaux courantes, bordées de
lauriers-roses, de mûriers et parfois de vigne sauvage. Ainsi est la
région où, tantôt montant, tantôt descendant, nous cheminons avec
peine et lenteur jusqu’à 8 heures et demie. A cet instant, après
avoir gravi une dernière côte, nous nous trouvons enfin au sommet du
haut massif montagneux qui a commencé à l’Ouad Beht : un plateau
le couronne, nous nous y engageons ; le sol y est un sable dur et nu
semé de loin en loin de petits fragments d’ardoise ; dépouillé
maintenant, il se tapisse, aux pluies printanières, d’une herbe
verdoyante ; un grand nombre de sources et de ruisseaux limpides
l’arrosent. C’est au milieu de ce plateau, appelé Oulmess, que
nous faisons halte. Nous nous y installons, à 9 heures et demie,
dans le douar des Aït Ọmar. Il y a plusieurs autres groupes de
tentes dans le voisinage ; de grands troupeaux sont dispersés aux
alentours : j’y remarque des chameaux, les premiers que je rencontre
depuis Meknâs.

Aujourd’hui, en passant sur l’ạdjib[32] de Moulei El Feḍil,
nous avons rencontré une fraction de tribu en voyage. Les bœufs,
chargés des tentes et des bagages, marchaient au centre, en longue
colonne ; les femmes les poussaient : derrière leurs mères étaient
les enfants, les plus petits juchés par trois ou quatre sur le dos des
mulets. Sur un des côtés cheminaient moutons et chèvres, conduits
par quelques bergers. Les hommes, à cheval, formaient l’avant-garde
et l’arrière-garde et veillaient sur les flancs. Les troupeaux
étaient très nombreux ; il y avait surtout une grande quantité
de bœufs.

                             1er septembre.

C’est aujourd’hui sabbat ; force est de passer la journée à
Aït Ọmar. Ce douar est de tous points semblable à celui où je
me suis arrêté chez les Zemmour : même air de richesse, même
luxe de tentes, même quantité de chevaux. Les Zaïan, quoiqu’ils
ne cultivent presque pas, sont loin d’être une tribu pauvre ;
si leur pays produit peu de moissons, il nourrit des troupeaux
immenses, chèvres, moutons, chameaux, chevaux, et surtout bœufs
d’une taille remarquable : l’abondance des bêtes à cornes ne se
trouve au Maroc que dans leur tribu : de là un commerce important et
des gains considérables. Il y a toujours ici des agents de maisons
de Meknâs occupés à acheter des peaux et des animaux sur pied ;
ces derniers sont ensuite expédiés sur Tanger.

Les Zaïan sont nomades et de race tamaziṛt (chleuḥa). Ils forment
une tribu très nombreuse, la plus puissante qu’il y ait au nord
de l’Atlas. Leur territoire est borné par ceux des Zạïr, des
Zemmour Chellaḥa, des Beni Mgild, des Ichqern et par le Tâdla.

Ils se composent de quatre fractions :

Beni Hessousen (campant du côté de Moulei Bou Iạzza ; ils peuvent
mettre en ligne 3000 chevaux).

Aït Ḥarkat (campant du côté des Khanifra ; 6000 chevaux).

Ḥebbaren (campant du côté des Beni Zemmour ; 1000 chevaux).

Aït Sidi Ạli ou Brahim (campant du côté des Beni Mgild ;
8000 chevaux).

En se réunissant, ils pourraient donc armer environ 18000
cavaliers[33]. Les Zaïan, comme tous leurs voisins, sont libres. A la
vérité, le sultan a un qaïd chez eux ; mais c’est un magistrat
_in partibus_. Il est le seul de la tribu à se douter qu’il est
qaïd et à savoir qu’il y a un sultan. Jamais ne lui viendrait
l’idée de demander un sou d’impôt ni un soldat ; il est trop
heureux qu’on le laisse vivre en paix. Nous trouverons souvent,
dans les fractions les moins soumises, des qaïds de ce genre ;
la population tolère leur présence avec la plus grande bonhomie,
l’indifférence du mépris : on sait que ni eux ni leur maître
ne peuvent devenir une gêne. Le personnage influent chez les Zaïan
est le cherif dont il a déjà été parlé, Moulei El Feḍil ; son
ạdjib, que j’ai traversé, est situé sur leur territoire, non loin
des frontières des Zemmour Chellaḥa et des Beni Mgild : il a une
grande puissance sur les portions de ces trois tribus voisines de sa
résidence, mais aucune d’elles n’est tout entière dans sa main ;
les Zaïan s’étendent très loin vers le sud-est, dans ces régions
ils le connaissent moins. Une autre famille de cherifs possède aussi,
mais à un degré moindre, du crédit dans cette contrée : c’est
celle des Ạmrâni. Originaire de Fâs, elle est aujourd’hui
dispersée en divers lieux et compte de nombreux alliés chez les
Zaïan[34]. Le sultan a grand soin de rechercher l’amitié de ces
redoutables maisons, qui, du haut de leurs montagnes inaccessibles,
pourraient à tout moment précipiter des torrents d’envahisseurs
sur le blad el makhzen, dont plusieurs sont si fortes que leur haine
pourrait renverser son trône, leur bon vouloir le soutenir. Aussi
n’est-il pas d’avances qu’il ne leur fasse, pas de moyens
qu’il n’emploie pour s’assurer leur amitié : cadeaux, honneurs,
tout est pour elles ; il leur offre jusqu’à des alliances dans sa
famille : c’est ainsi qu’il a donné une de ses sœurs en mariage
à S. Moḥammed el Ạmrâni, chef de la maison de ce nom. Il est
aussi dans les meilleurs rapports avec Moulei El Feḍil. Grâce
à cette politique, il peut, tout insoumis que soient les Zaïan,
avoir parfois l’aide de leurs armes : ainsi, dans sa campagne
de cette année contre le Tâdla et les Zạïr, M. El Feḍil est
venu à son secours avec un corps assez fort. Les Zaïan, ainsi que
les Zemmour Chellaḥa, parlent le tamaziṛt ; mais l’arabe est
très répandu parmi eux : tout ce qui est de condition élevée a
l’habitude de s’en servir, même les femmes et les enfants ; les
pâtres, les gens de la dernière classe, ignorent seuls cette langue.

                              2 septembre.

Départ à 6 heures du matin. Un cavalier d’Aït Ọmar nous sert
de zeṭaṭ. Nous gagnons d’abord le bord méridional du plateau
d’Oulmess, puis commence la descente : elle est longue et difficile,
il faut mettre pied à terre. Ce ne sont que roches entassées,
escarpements, précipices. Les crêtes sont nues et toutes de
pierre ; au fond des ravins et sur leurs premières pentes poussent
quelques arbres. Il nous faut deux heures et demie pour parvenir au
pied du talus que nous descendons. Arrivés là, nous trouvons un
petit ruisseau ombragé de lentisques, de caroubiers et de pins ;
après en avoir suivi quelque temps le cours, nous le laissons au
nord et nous nous engageons sur un plateau montueux sillonné de
ravins ; vers 11 heures, les reliefs deviennent moins accentués,
les coupures moins profondes ; bientôt nous nous voyons dans une
vaste plaine où nous resterons jusqu’au soir : elle est pierreuse
et fortement ondulée ; le sol y est nu, sans autre végétation que
de rares jujubiers sauvages ; mais, dit-on, il se couvre d’herbe au
printemps : l’eau y est abondante ; sources et ruisseaux. A 3 heures,
nous faisons halte : nous sommes arrivés au douar Aït Mouloud, où
nous passerons la nuit. Mon cherif, Sidi Ọmar, m’abandonne ici ;
en partant, il me recommande avec chaleur au principal personnage du
douar ; celui-ci me donne l’hospitalité et se charge de me procurer
un zeṭaṭ.

Peu de temps avant d’arriver ici, j’ai traversé l’Ouad Ksiksou
(lit de galets de 15 mètres de large, à moitié rempli d’une eau
peu courante de 60 centimètres de profondeur) : il coule dans un petit
ravin à flancs de roche escarpés, coupure au milieu de la plaine ;
l’Ouad Ksiksou se jette plus bas dans l’Ouad Grou ; la réunion
de ces deux rivières forme le Bou Regreg. Nous n’avons rencontré
aujourd’hui personne sur la route. Comme les jours précédents,
tout ce qui était roche se composait d’ardoises mêlées d’un peu
de pierre blanche. Depuis le col par lequel nous sommes descendus de
la Tafoudeït jusqu’à la crête du Djebel Ḥeçaïa, où commence
la plaine du Tâdla, on ne rencontre que ces deux espèces de pierres.

                              3 septembre.

Je suis ici près de la limite des Zaïan ; à très peu de distance
commence le Tâdla : je ne saurais aller plus loin sans un zeṭaṭ
de ce pays ; la journée se passe à le chercher, je ne pourrai partir
que demain.

                              4 septembre.

Je me mets en route à 5 heures du matin, accompagné d’un cavalier
des Beni Zemmour, la tribu du Tâdla la plus rapprochée. Aujourd’hui
je n’irai que jusqu’à la tente de mon zeṭaṭ, située au
douar des Aït El Maṭi. Nous y sommes à 8 heures du matin. Le
terrain jusque-là est toujours la plaine d’avant-hier ; cependant
elle se modifie : ses ondulations s’accentuent et elle se couvre,
vers les hauteurs, d’un assez grand nombre de lentisques ; le sol
reste pierreux.

Le Tâdla, où je suis entré aujourd’hui, n’est point une tribu :
c’est une contrée, peuplée de plusieurs tribus distinctes. Elle
est bornée : au nord, par les Zaïan et les Zạïr ; à l’est,
par les Zaïan et les Ichqern ; au sud, par les Aït Seri, les Aït
Atta d Amalou, les Aït Bou Zîd, les Aït Ạïad, les Aït Ạtab ;
à l’ouest, par les Entifa, les Sraṛna, les Chaouïa. Elle se
compose, au sud, d’une immense plaine, arrosée par l’Oumm er
Rebiạ et s’étendant jusqu’au pied du Moyen Atlas ; au nord,
d’une région montueuse moins vaste. Les tribus qui l’occupent sont
au nombre de neuf : cinq se trouvent dans la partie septentrionale,
quatre dans la portion méridionale : ce sont, en allant de l’est à
l’ouest : au nord, les Beni Zemmour, les Smâla, les Beni Khîran,
les Ourdiṛra, les Beni Miskin ; au sud, les Qeṭạïa, les Beni
Mạdan, les Beni Ạmir, les Beni Mousa. Ces diverses tribus sont
à peu près de même force, pouvant mettre, me dit-on, environ
3000 hommes à cheval chacune. Elles parlent, les unes l’arabe,
la plupart le tamaziṛt. Toutes sont nomades et ne vivent que sous
la tente. Elles sont riches, possèdent d’immenses troupeaux de
chameaux et de moutons, un grand nombre de chevaux, et cultivent
les rives fertiles de l’Oumm er Rebiạ. Elles sont insoumises,
à l’exception d’une seule, les Beni Miskin. Celle-ci fait partie
du blad el makhzen ; elle est commandée par un qaïd résidant dans
une qaçba. Les autres sont blad es sîba. Elles ne reconnaissent
qu’une autorité, celle de Sidi Ben Daoud, le marabout de Bou el
Djạd. L’influence de ce saint personnage s’étend même sur une
part des Zaïan : depuis le douar des Aït Mouloud, je n’entends
plus parler que du _Sid_.

A partir d’ici, il y a une modification à noter dans les costumes :
sans changer complètement, ils présentent quelques différences avec
les précédents. Les hommes ne laissent plus pousser les longues
mèches qui distinguent les Zemmour Chellaḥa, les Zaïan et les
Chaouïa. Les femmes conservent le même vêtement, mais elles ne le
portent que d’une manière, attaché par des broches ou des nœuds
au-dessus des épaules ; de plus, il leur couvre les jambes jusqu’à
la cheville. Ce costume, tel qu’on le voit ici, est celui de toutes
les femmes du Maroc ; excepté dans les grandes villes et chez les
Zemmour Chellaḥa et les Zaïan, nulle part je ne leur en ai vu ni
ne leur en verrai d’autre : il peut être fait de divers tissus :
soit de laine, comme ici, soit de cotonnade blanche, soit de guinée,
mais partout la forme reste la même ; partout aussi les femmes ne
portent que cette unique pièce d’étoffe pour tout vêtement :
rien dessous, rien dessus : quelquefois un petit voile couvre la
tête et le buste ; rien de plus.

                              5 septembre.

[Illustration : Djebel Heçaïa. (Vue prise d’Aït el Maṭi.)

Croquis de l’auteur.]

Je pars à 4 heures du matin, en compagnie de mon zeṭaṭ
d’hier. Le terrain est légèrement accidenté ; le sol pierreux et
nu ; on n’y voit que de petits lentisques clairsemés et quelques
jujubiers sauvages. Au bout de deux heures de marche, nous traversons
l’Ouad Grou : c’est, ai-je dit, le second cours d’eau dont est
formé le Bou Regreg[35] : il n’est encore qu’une faible rivière :
lit de galets ; 12 mètres de large ; point d’eau courante ; quelques
flaques de distance en distance. A partir de là, nous montons, par
une côte qui ne devient un peu raide qu’en approchant du sommet,
vers la crête du Djebel Ḥeçaïa ; en chemin, nous franchissons
plusieurs chaînes de collines basses, ses contreforts. Jusqu’au
bout le sol reste le même qu’au départ, seulement les arbres sont
plus serrés à mesure que l’on s’élève.

A 10 heures et demie, j’arrive à un col ; devant moi se développe
une immense plaine, blanche et nue, dont la côte que je viens de
gravir n’était que le talus : cette plaine est celle du Tâdla ;
vers l’est et vers l’ouest, elle s’étend à perte de vue ;
au sud, dans le lointain, des montagnes majestueuses dressent haut,
malgré la distance, leurs crêtes sombres au-dessus de l’horizon,
et la bornent sur toute sa longueur : ces montagnes sont la première
des trois grandes chaînes dont se compose l’Atlas. A quelques
pas du col est une petite enceinte, Qçar Beni Zemmour. Nous nous
arrêtons là aujourd’hui. Nous entrons en même temps qu’une
caravane assez nombreuse, armée jusqu’aux dents, qui a fait route
avec nous depuis l’Ouad Grou.

Je ne suis ici qu’à trois heures de marche de Bou el Djạd,
pourtant je suis loin d’être arrivé. Il y a autant de danger
dans le peu de chemin qu’il me reste à faire qu’il y en avait
dans toute la route que j’ai franchie jusqu’à ce jour. Ici plus
d’ạnaïa, plus de zeṭaṭs : tout ce qui passe est pillé. Le
pays, en cette saison surtout, est désert. Des troupes de pillards
de toutes les tribus du Tâdla, parfois d’Ichqern, viennent s’y
embusquer par 40 et 60 chevaux, prêtes à fondre sur quiconque s’y
aventurerait. Les caravanes, même de 50 fusils, n’osent s’y
hasarder. Cependant, au milieu de tant de périls, il est une voie
de salut : ceux qui ne respectent rien respectent Sidi Ben Daoud ;
là où les armes ne préservent point de l’attaque, le pacifique
parasol d’un membre de la famille sainte suffit à écarter tout
danger. Ainsi, qu’un voyageur isolé, qu’un nombreux convoi
veuillent aller à Bou el Djạd, ils n’ont qu’un moyen :
prier Sidi Ben Daoud de les faire chercher par un de ses fils ou
petits-fils : cela coûte plus ou moins cher suivant le nombre de
voyageurs et la composition de la caravane. Hâtons-nous de dire que
les _çaliḥ_ (saints) de la zaouïa sont loin d’être exigeants :
ils profitent avec une extrême modération de ce monopole, et
déplorent l’état de choses qui le leur assure. Leur influence,
quelque grande qu’elle soit, a été impuissante à le faire cesser ;
ils ne peuvent rien contre cet antique usage de la _ṛazia_, partout
en honneur chez les nomades.

Je dépêche donc à Sidi Ben Daoud la lettre de recommandation que
j’ai pour lui, avec prière de m’envoyer chercher. Un messager
fait cette commission : il ne part qu’après s’être dépouillé
de presque tous ses habits, seul moyen de passer en sûreté.

Qçar Beni Zemmour est une enceinte carrée, en mauvais murs de pisé
de 3 mètres de haut ; à l’intérieur se dressent pêle-mêle
une trentaine de tentes, petites et misérables. Les habitants sont
très pauvres ; ils ne vivent que du commerce de bois : le coupant
dans le Djebel Ḥeçaïa, ils le vendent aux gens de Bou el Djạd
qui viennent le prendre. Point d’eau au Qçar : chaque jour, à
heure fixe, tous les hommes prennent leurs fusils et vont en troupe
en chercher à des puits éloignés. Il est difficile d’imaginer
une existence plus misérable. Encore la muraille qui protège ce
lieu ne date-t-elle que de deux ans : elle est un bienfait du _Sid_,
comme on appelle communément Sidi Ben Daoud.

                              6 septembre.

Mon messager revient à 10 heures et demie du matin ; un des
petits-fils de Sidi Ben Daoud l’accompagne : c’est un beau jeune
homme d’environ dix-neuf ans ; il arrive monté sur sa mule, le
parasol à la main ; un seul esclave le suit. Nous partons aussitôt.

D’ici à Bou el Djạd, nous marchons dans l’immense plaine
du Tâdla, plaine à ondulations légères, tantôt nue, tantôt
couverte de champs, en ce moment moissonnés et déserts ; çà et
là poussent, maigres broussailles, quelques jujubiers sauvages ; le
sol est blanchâtre, dur, pierreux. A 1 heure et demie, nous entrons
dans la ville.


                      2o. — SÉJOUR A BOU EL DJAD.


[Illustration : Bou el Djad.

(Vue de la ville prise du chemin de Qçar Beni Zemmour.)

Croquis de l’auteur.]

« Ici, ni sultan ni makhzen ; rien qu’Allah et Sidi Ben Daoud. »
Ces paroles, que m’adressait un Musulman à mon entrée à Bou el
Djạd, résument l’état de la ville : Sidi Ben Daoud y est seul
maître et seigneur absolu. Son pouvoir est une autorité spirituelle
qui devient, quand il lui plaît, une puissance temporelle, par le
prix qu’attachent les tribus voisines à ses bénédictions. Cette
souveraineté s’étend à la ronde à environ deux journées de
marche. De tous les points situés dans ce rayon, on accourt sans
cesse à Bou el Djạd apporter une foule de présents : la ville est
toujours remplie de pèlerins : ils viennent chercher la bénédiction
du saint et gagnent, en échange de cadeaux, les grâces attachées
à ses prières. C’est surtout le jeudi, jour de marché, que
les fidèles sont nombreux ; la semaine dernière, les offrandes,
en blé seulement, se montaient à deux cents charges de chameau ;
la précédente, à quatre cents : de plus, il y avait eu de grands
dons d’argent, de bétail, de chevaux. Ce ne sont pas seulement
les particuliers qui remplissent ces pieux devoirs. Chaque année,
les tribus environnantes arrivent, les unes après les autres,
fraction par fraction, recevoir en masse la bénédiction du Sid
et lui présenter leur tribut. Cette redevance régulière lui est
servie par toutes les tribus du Tâdla, presque tous les Chaouïa,
quelques fractions des Aït Seri, une petite portion des Ichqern.

Quelle est la source de ce prestige ? Sidi Ben Daoud n’est point
un chef d’ordre religieux ; il n’est point non plus un cherif,
petit-fils de Mahomet ; mais son origine n’en est pas moins auguste :
il descend du kalife Ọmar ben El Khaṭṭab. Ses ancêtres,
établis depuis trois siècles et demi au Maroc, y acquirent vite,
autant par leurs vertus que par leur sainte et illustre naissance,
la vénération et la puissance dont nous voyons Sidi Ben Daoud jouir
aujourd’hui. D’ailleurs, point d’ordre, point de khouân,
point de prières particulières : il n’y a ici que le chef
d’une grande et sainte famille, le rejeton d’une longue lignée
de bienheureux, objet des grâces spéciales du ciel accordées aux
prières de ses ancêtres. On honore en lui un sang sacré ; on a
foi en sa bénédiction, qui en ce monde fertilise la terre et fait
prospérer les troupeaux, et dans l’autre vie ouvre aux hommes
les portes du paradis et leur assure, au jour du jugement dernier,
l’intercession d’Ọmar et de tous les saints ses descendants.

Voici la généalogie de Sidi Ben Daoud, depuis l’époque à laquelle
sa maison s’est établie au Maroc :

Sidi Ḥammou (c’est lui qui vint d’Orient dans ces pays),

Sidi Zari ben S. Ḥammou,

Sidi Bel Qasem ben S. Zari (il habitait Qaçba Tâdla, où se trouve
son mausolée),

Sidi Moḥammed Ech Chergi ben S. Bel Qasem (c’est lui qui
fonda la ville de Bou el Djạd, à l’emplacement de laquelle ne
s’élevaient alors que des bois),

Sidi Ạbd el Qader ben S. Moḥammed Ech Chergi,

Sidi Ạbd el Qader ben S. Ạbd el Qader,

Sidi El Maṭi ben S. Ạbd el Qader,

Sidi Çaleḥ ben S. El Maṭi,

Sidi El Maṭi ben S. Çaleḥ,

Sidi El Ạrbi ben S. El Maṭi,

Sidi Ben Daoud ben S. El Ạrbi.

Depuis la fondation de Bou el Djạd par S. Moḥammed Ech
Chergi, cette ville n’a pas cessé d’être la résidence de ses
descendants[36]. Sidi ben Daoud ben Sidi El Ạrbi, leur chef actuel,
a près de quatre-vingt-dix ans ; malgré son grand âge, il jouit
de la plénitude de ses facultés : c’est un beau vieillard, au
visage pâle, à la longue barbe blanche ; ses traits ont une rare
expression de douceur et de bonté. Il marche avec difficulté,
mais circule chaque jour sur sa mule. Quelle que soit la maison
où il se trouve, les abords en sont toujours entourés de plus de
cent individus accroupis au pied des murs, attendant le moment de
sa sortie pour baiser son étrier ou le pan de son ḥaïk. Il est
non seulement vénéré, mais profondément aimé. Chacun vante sa
justice, sa bonté, sa charité.

La famille de Sidi ben Daoud est nombreuse : il a, me dit-on, au moins
trente enfants, tant de ses femmes que de ses esclaves. L’aîné
de ses fils s’appelle S. el Ḥadj El Ạrbi : il est en ce moment
auprès du sultan ; le second est S. Ọmar, homme de 55 à 60 ans :
ce dernier passe pour très intelligent et fort instruit. Outre ses
descendants directs, il a un grand nombre de frères, de neveux :
la ville entière n’est peuplée, à part les Juifs et quelques
artisans, que des parents proches ou éloignés du Sid, de leurs
esclaves et de leurs serviteurs. Tous les membres de la famille de
Sidi ben Daoud participent à son caractère de sainteté, et cela
à un degré d’autant plus élevé qu’ils lui tiennent de plus
près par le sang.

Qui sera l’héritier de S. Ben Daoud ? Nul ne le sait : il n’y a
point d’ordre de succession ; chaque Sid, lorsqu’il sent la mort
approcher, choisit un de ses enfants et, lui donnant sa bénédiction,
fait passer par là sur sa tête les faveurs divines dont est sans
cesse comblé le chef de la maison d’Ọmar ; l’élu recueille
l’héritage de tous les biens spirituels et temporels de son
père. Rien ne peut faire prévoir d’avance qui doit l’être ;
l’ordre de naissance n’est point suivi : S. Ben Daoud était un
des plus jeunes fils de S. El Ạrbi.

Le Sid est en bonnes relations avec le sultan ; jamais, malgré leur
puissance, ni lui ni ses ancêtres n’ont montré d’hostilité
au gouvernement des cherifs. Moulei El Ḥasen envoie chaque année
de riches présents à Bou el Djạd ; en échange, toutes les
fois qu’il va de Fâs à Merrâkech, le Sid ou un de ses fils
l’accompagne depuis Dar Beïḍa jusqu’à l’Oumm er Rebiạ
ou l’Ouad el Ạbid. C’est ainsi que Ḥadj El Ạrbi est en ce
moment auprès du sultan.

Inutile de dire que la zaouïa est riche : chaque année y voit
entrer des offrandes immenses, tant en argent qu’en nature, tributs
réguliers des régions environnantes, dons apportés de loin par
des pèlerins isolés, cadeaux envoyés de Fâs et de Merrâkech
par les grands de l’empire. Sidi ben Daoud possède une fortune
énorme. Les autres membres de sa famille participent aux aumônes
des fidèles comme ils participent à leur dévotion, suivant leur
degré de sainteté. Quelques-uns sont fort riches, d’autres le
sont moins ; mais tous ne vivent que des offrandes qu’ils reçoivent.

Les çaliḥs de Bou el Djạd sont loin d’être des hommes
fanatiques, intolérants, d’esprit étroit. La plupart ont été
à la Mecque : c’est dire qu’ils ont abandonné et les folles
idées des ignorants sur la puissance et l’étendue de la religion
musulmane et leurs préjugés ridicules contre les Européens. Tous
sont lettrés, peu sont savants. Le Sid possède cependant une belle
bibliothèque, mais on la consulte peu. Les saints profitent des
biens que Dieu leur a donnés pour passer leur existence dans les
douceurs des plaisirs licites : au reste, le Seigneur les bénit en
toutes choses. Nulle part je n’ai vu les mulâtres aussi nombreux
qu’à Bou el Djạd.

[Illustration : Bou el Djâd.

(La ville et ses environs.)

1. Mosquée de M. Selîman.

2. Mosquée de S. Mohammed Ech Chergi.

3. Qoubbas, au nombre de 3.

4. Qoubba de S. Mohammed Ech Chergi.

5. Maison de Sidi Ben Daoud.

6. Maison de S. Omar.

7. Maison de S. Mohammed Ben Dris.

8. Maison de S. el Hadj Edris.

9. Maison de Mousi Alloun.

10. 1er mellah.

11. 2e mellah.

12. 3e mellah.

13. Fondoq.

14. Place.

15. Marché.

P. Principale entrée de la ville.

α. Buttes formées de décombres amoncelés.

β. Jardins.

δ. Petites qoubbas.

ε. Puits.]


La position de Bou el Djạd, au milieu des ondulations d’une
immense plaine pierreuse et blanche, est triste. Il y a peu d’eau,
peu de jardins. Sans son importance comme centre religieux, sans
le caractère que lui donnent ses mosquées, ses grandes qoubbas
et les riches demeures de ses çaliḥs, ce lieu ne mériterait pas
le nom de ville : il n’a guère plus de 1700 habitants, dont 200
Israélites. La cité est étendue, eu égard à sa population ;
mais les maisons y sont clairsemées et entremêlées, à l’ouest,
de jardins, à l’est, de terrains vagues et d’énormes monceaux
d’ordures. Les demeures riches, celles des fils et des proches
parents du Sid, sont bâties en pierres grossièrement cimentées,
avec portails, arcades, pourtours de fenêtres en briques ; peu
sont blanchies extérieurement ; à l’intérieur, elles sont
ornées comme les maisons de Fâs : carrelage sur le sol ; vitres
aux fenêtres ; plafonds de poutrelles peintes ; miḥrabs[37] à
arabesques sculptées. Les maisons pauvres, c’est-à-dire le plus
grand nombre, sont construites en pisé. Toutes sont couvertes en
terrasse. La ville ne possède point d’enceinte ; mais il existe
des portes, ou au moins des portails, à l’entrée des principales
rues. La partie occidentale de Bou el Djạd est habitée par la
famille immédiate du Sid, aussi porte-t-elle le nom de Ez Zaouïa ;
les parents moins proches résident dans les autres quartiers ; les
Juifs sont relégués au nord-est. Il y a deux grandes mosquées, et
auprès d’elles quatre mausolées abritant les restes d’ancêtres
de S. Ben Daoud : ce sont des tours carrées, hautes et massives,
couronnées de toits de tuiles vertes. Point de quartier commerçant
proprement dit. L’emplacement du marché hebdomadaire sert en même
temps au trafic de chaque jour ; on y voit un certain nombre de niches
alignées, faites de pisé ou de pierre sans ciment, profondes de 2
mètres, hautes de 1m,50 : c’est là qu’artisans et commerçants
viennent s’installer chaque matin avec leurs marchandises
qu’ils remportent le soir : tous n’ont même pas ces abris,
il en est qui préfèrent de simples huttes de feuillage. Le jeudi,
grand marché, fréquenté par toutes les tribus des environs. On
trouve dans les boutiques la plupart des produits européens en
vente à Fâs et à Meknâs, sauf le pétrole, la coutellerie, les
crayons. Mais ces objets abondent chez les çaliḥs qui les font
venir directement de Dar Beïḍa. C’est par ce port que se fait
tout le commerce de Bou el Djạd. De là viennent cotonnades, thé,
riz, sucre, épicerie, parfumerie, vêtements de luxe ; en échange
on y apporte des peaux, de la laine, de la cire. Il y a quatre jours
de marche d’ici à Dar Beïḍa, deux en blad es sîba, où l’on
ne voyage qu’avec l’escorte d’un parent du Sid, deux en blad el
makhzen. Aucunes relations avec Merrâkech, à cause de la difficulté
des communications : la route est très périlleuse ; on compte huit
jours pour la parcourir, tant il faut faire de détours et changer
souvent de zeṭaṭs. Bou el Djạd, quoique traversée par un
ruisseau, est mal pourvue d’eau ; celle que donne le ruisseau est
mauvaise, et ne sert qu’à abreuver les animaux et à arroser les
vergers : quelques maisons ont des citernes, mais la plus grande
partie de la ville n’est alimentée que par un groupe de six ou
sept puits situés à près d’un kilomètre vers l’ouest. Avec si
peu d’eau, il ne saurait y avoir beaucoup de jardins : ils sont en
effet peu étendus ; on les cultive avec d’autant plus de soin. On
y voit les arbres qui croissent à Meknâs : grenadiers, figuiers,
oliviers, vigne ; et, poussant à leur ombre, les légumes du pays :
citrouilles, melons, pastèques, courges et piments.

[Illustration : Mosquée et mausolée de Sidi Mohammed Ech Chergi,
à Bou el Djạd.

(Vue prise de la maison de Mousi Alloun.)

Croquis de l’auteur.]

[Illustration : Deux des 3 mausolées, à Bou el Djạd.

(Vue prise de la maison de Mousi Alloun.

Croquis de l’auteur.]

[Illustration : Campagne autour de Bou el Djạd.

Qoubbas δ.

(Vue prise de la maison de Mousi Alloun.)

Croquis de l’auteur.]

Le costume des citadins est le même ici qu’à Fâs. Celui
des tribus voisines a été décrit au sujet des Beni Zemmour ;
cependant, à partir de Bou el Djạd, je remarque dans l’armement
une particularité, spéciale au Tâdla, et qui ne m’avait pas
frappé à Aït El Maṭi : c’est l’usage de la baïonnette ;
tous les hommes du Tâdla portent habituellement, suspendue à un
baudrier, une longue baïonnette qui remplace sabre et poignard.


                  3o. — DE BOU EL DJAD A QAÇBA TADLA.


Avant de quitter Bou el Djạd je m’assure de l’escorte d’un
des petits-fils de Sidi Ben Daoud pour tout le temps que je passerai
encore dans le Tâdla. Sous cette protection je vais aller d’abord
à Qaçba Tâdla, puis à Qaçba Beni Mellal.

                             17 septembre.

[Illustration : Qaçba Tâdla. (Vue prise du chemin de Bou el Djâd.)

Croquis de l’auteur.]

Départ de Bou el Djạd à 3 heures et demie du matin. Le terrain est
toujours cette grande plaine du Tâdla, à ondulations légères, où
j’ai déjà marché ; quant à la nature du sol, elle varie un peu :
rocheuse pendant le premier tiers de la route, elle n’est plus que
pierreuse au second ; à la fin c’est de la terre mêlée de petits
cailloux. Les cultures, rares au début, augmentent à mesure que
j’avance : ce qu’elles n’occupent pas est nu en cette saison,
ou semé de rares jujubiers sauvages, mais se couvre, dit-on, au
printemps, de pâturages superbes. Beaucoup de gibier : on lève un
grand nombre de lièvres et de perdreaux ; il y a aussi, paraît-il,
des gazelles. A 7 heures du matin, j’arrive à Qaçba Tâdla.

Avant Moulei Ismạïl, le lieu où elle se dresse était,
m’assure-t-on, désert : aucun village n’y existait. Le bourg que
l’on voit aujourd’hui daterait du règne de ce sultan. C’est lui
qui fonda et la qaçba et la mosquée ; à lui aussi est dû le pont de
l’Oumm er Rebiạ, pont de 10 arches, le plus grand du monde au dire
des habitants. Qaçba Tâdla s’élève sur la rive droite du fleuve,
qui coule au pied même de ses murs. Les eaux ont ici 30 à 40 mètres
de large ; le courant en est rapide, la profondeur considérable :
on ne peut les traverser qu’en des gués peu nombreux ; hors de ces
points, il faudrait, même dans cette saison, se mettre à la nage :
elles sont encaissées entre des berges tantôt à 1/1, tantôt à 1/2,
s’élevant de 12 à 15 mètres au-dessus de leur niveau. La berge
gauche est la plupart du temps un peu plus haute que la droite :
les berges sont parfois rocheuses ; alors le lit du fleuve l’est
aussi : mais le plus souvent leur composition est un mélange de
terre et de gravier.

La Qaçba proprement dite, bien conservée, est de beaucoup ce que
j’ai vu de mieux au Maroc, comme forteresse. Voici de quoi elle se
compose : 1o d’une enceinte extérieure, en murs de pisé de 1m,20
d’épaisseur et de 10 à 12 mètres de haut ; elle est crénelée
sur tout son pourtour, avec une banquette le long des créneaux ;
de grosses tours la flanquent ; 2o d’une enceinte intérieure,
séparée de la première par une rue de 6 à 8 mètres de large. La
muraille qui la forme est en pisé, de 1m,50 d’épaisseur ; elle est
presque aussi haute que l’autre, mais n’a point de créneaux. Ces
deux enceintes sont en bon état : point de brèche à la première ;
la seconde n’en a qu’une, large, il est vrai : elle s’ouvre
sur une place qui divise la qaçba en deux parties : à l’est,
sont la mosquée et dar el makhzen[38] ; à l’ouest, les demeures
des habitants : les unes et les autres tombent en ruine et paraissent
désertes. Je ne vis, lorsque je la visitai, qu’un seul être vivant
dans cette vaste forteresse : c’était un pauvre homme ; il était
assis tristement devant la porte de dar el makhzen ; son chapelet
pendait entre ses doigts ; il le disait d’un air si mélancolique
qu’il me fit peine. Quel était cet ascète vivant dans la solitude
et la prière ? D’où lui venait ce visage désolé ? Faisait-il,
pécheur converti, pénitence de crimes inconnus ? Était-ce un saint
marabout pleurant sur la corruption des hommes ? — Non, c’est
le qaïd ; le pauvre diable n’ose sortir : dès qu’il se montre,
on le poursuit de huées.

[Illustration :

1. Mosquée.

2. Dar el makhzen.

3. Principale porte de la 1er enceinte.

4. Pont sur l’Oumm er Rebia.

5. Gué de l’Oumm er Rebia.

α. Faubourg.

β. Marché.

γ. Cimetière.

δ. Maisons en ruine et désertes.

Qaçba Tâdla.]

Si la qaçba n’est pas habitée, elle a deux faubourgs qui le
sont : l’un sur la rive droite, formé de maisons de pisé : les
familles riches, les Juifs, y demeurent ; l’autre sur la rive
gauche, composé de tentes et de huttes en branchages : c’est
le quartier des pauvres. Qaçba Tâdla est moins peuplée que Bou
el Djạd : elle a environ 1200 à 1400 habitants, dont 100 à 150
Israélites. Point d’autre eau que celle de l’Oumm er Rebiạ :
elle est claire et bonne, quoique d’un goût un peu salé. Toute
cette région contient du sel en abondance ; j’en vois ici de belles
dalles, d’un mètre de long, sur 60 centimètres de large et 15 à
20 centimètres d’épaisseur : on les extrait non loin d’ici, sur
le territoire des Beni Mousa[39]. Qaçba Tâdla ne possède point de
jardins : pas un arbre, pas un fruit, pas un brin de verdure. C’est
un exemple unique au Maroc. Ville, bourg ou village, je n’y ai pas
vu d’autre lieu habité qui n’ait eu des jardins petits ou grands.


               4o. — DE QAÇBA TADLA A QAÇBA BENI MELLAL.


                             19 septembre.

Départ à 6 heures du matin. Je traverse l’Oumm er Rebiạ à un
gué situé auprès du cimetière, et je marche droit vers le pied
de la haute chaîne qui se dresse dans le sud. C’est la première
des trois grandes arêtes dont se compose l’Atlas Marocain, celle
que nous appelons Moyen Atlas. Elle n’a point de nom général
parmi les indigènes : la portion que je vois d’ici est dite,
à l’ouest, Djebel Beni Mellal, à l’est, Djebel Amhauch ;
les flancs sont tantôt rocheux, tantôt terreux, en grande partie
boisés : pentes fort raides dès le pied ; escarpements fréquents ;
dans les vastes forêts le gibier abonde : à côté des perdrix,
des lièvres, des sangliers, des singes, on y trouve le lion et la
panthère. Tels sont ces premiers hauts massifs de l’Atlas, monts
élevés et sauvages, au pied desquels s’arrêtent à la fois et la
plaine et le pays du Tâdla. Là commence le territoire des Aït Seri,
puissante tribu tamaziṛt qui couvre de ses villages et de ses tentes
toute la chaîne qui est devant mes yeux.

Du lit de l’Ouad Oumm er Rebiạ au pied de la montagne, ce n’est
qu’une large plaine, unie comme une glace ; pas une ondulation ;
pas une pierre ; le sol est une terre brune : des champs le couvrent
en entier et s’étendent à perte de vue ; des ruisseaux, à eau
claire et courante, une foule de canaux, les arrosent : ce sont les
cultures des Qeṭạïa, l’une des tribus du Tâdla. Au bout
de deux heures de marche, nous nous engageons au milieu de leurs
douars ; douars immenses et superbes, composés chacun de plus de
50 tentes, distants à peine d’un kilomètre les uns des autres :
ils forment deux longues rangées qui s’étendent parallèlement
au pied de la chaîne et se développent en lignes noires jusqu’à
l’horizon. A l’entour paissent chameaux, bœufs et moutons,
en troupeaux innombrables.

[Illustration :

A. Restes de l’ancienne qaçba.

B. Village actuel.

C. Jardins.

D. Côtes couvertes d’amandiers.

E. Qoubba.]

A 9 heures, nous arrivons au pied des montagnes : nous le suivons
jusqu’au gîte. La contrée est enchanteresse : point d’heure
où l’on ne traverse un cours d’eau, point d’heure où l’on
ne rencontre un village, des vergers. C’est d’abord l’Ouad
Derna, que nous franchissons au milieu des jardins de Tagzirt,
bourgade que nous laissons à notre droite ; puis c’est Fichtâla,
avec la célèbre qaçba de ce nom, si importante naguère. déchue
aujourd’hui ; enfin c’est l’Ouad Foum el Ạncer avec Aït
Sạïd. Nous nous arrêtons quelques instants à Fichtâla : de la
qaçba, construite par Moulei Ismạïl sur le modèle de celle de
Tâdla, il ne reste que des ruines imposantes ; le village actuel y
est adossé : il n’a pas plus de 250 à 300 habitants. Ceux-ci ne
comptent avec aucune tribu. Cet endroit est un petit centre à part,
siège d’une zaouïa dont les chefs, qui sont en ce moment deux
frères, Sidi Moḥammed Ech Cherif et Sidi Ḥasan, sont souverains
absolus du lieu. Fichtâla est située sur les premières pentes de
la montagne, parmi des côtes ombragées d’amandiers, au pied de
grands rochers où une foule de ruisseaux bondissant en cascades
tracent des sillons d’argent, au milieu de jardins merveilleux
comparables à ceux de Tâza et de Sfrou.

[Illustration : Foum el Ancer et village d’Aït Sạïd.

(Vue prise du chemin de Foum el Ancer à Qaçba Beni Mellal.)

Croquis de l’auteur.]

Un peu plus loin est Aït Sạïd ; nous y arrivons à midi : c’est
le terme de notre marche d’aujourd’hui. Les cours d’eau que
j’ai traversés chemin faisant sont les suivants : Ouad Oumm er
Rebiạ, (40 mètres de large ; 90 centimètres de profondeur) ; Ouad
Derna (torrent impétueux ; eaux limpides et vertes roulant au milieu
de quartiers de roc dont est semé le lit : au gué où je l’ai
passé, il avait 25 mètres de large et 70 centimètres de profondeur ;
mais sa largeur habituelle n’est que de 15 à 20 mètres) ; Ouad
Fichtâla (gros ruisseau ; 2 mètres de large ; 40 centimètres de
profondeur ; descend par cascades de la montagne) ; Ouad Foum el
Ancer (3 mètres de large ; 40 centimètres de profondeur ; prend
sa source à une centaine de mètres en amont du village d’Aït
Sạïd). J’ai rencontré aujourd’hui un assez grand nombre de
personnes sur le chemin.

Aït Sạïd est un gros village de 300 à 400 maisons, le principal
de la fraction de ce nom : il est situé au bas de la montagne, à la
bouche d’un ravin profond, Foum el Ạncer, où six sources, qui
donnent naissance à un beau torrent, jaillissent du pied de roches
immenses. Ces roches, murailles à pic d’une hauteur prodigieuse,
dominent le village : vers leur partie supérieure, apparaissent les
ouvertures béantes de cavernes creusées presque symétriquement dans
leur flanc. Quels ouvriers ont façonné ces étranges demeures ? A
quelles races appartenaient-ils, ceux qui escaladaient ainsi les parois
lisses du roc par des chemins inconnus ? C’étaient sans doute des
Chrétiens, puisque rien ne leur est impossible. Aujourd’hui nul
n’y peut atteindre ; malheur à qui tenterait de monter vers ces
retraites mystérieuses : des génies en défendent l’accès et
précipiteraient le téméraire au fond de la vallée.

[Illustration]

A partir d’ici, je rencontrerai souvent des cavernes de ce genre ;
je les signalerai chaque fois qu’il s’en présentera ; elles
abondent dans la partie de l’Atlas que je vais traverser : il est
rare d’y trouver un village auprès duquel il n’y en ait pas. La
plupart d’entre elles sont placées en des points inaccessibles. Il
y en a de deux sortes : les unes s’ouvrent sans ordre à la surface
du rocher ; l’œil ne distingue que plusieurs trous sombres percés
au hasard et isolés de leurs voisins. Les autres, au contraire, sont
creusées sur un même alignement : en avant des ouvertures, on voit,
le long de la muraille, une galerie taillée dans le roc qui met en
communication les cavernes ; cette galerie est fréquemment garnie,
à l’extérieur, d’un parapet en maçonnerie ; quand des crevasses
se présentent et coupent la voie, les bords en sont reliés par de
petits ponts de pierre. Souvent des rangs semblables sont étagés par

deux ou trois sur une même paroi rocheuse. Ces cavernes bordent
certaines vallées sur une grande longueur. Le petit nombre d’entre
elles qui sont accessibles servent à emmagasiner les grains ou à
abriter les troupeaux ; j’en ai visité quelques-unes : elles m’ont
frappé par leur profondeur et par leur hauteur. Mais presque toutes
sont inabordables. Aussi les légendes les plus fantastiques ont-elles
cours à leur sujet : ces demeures extraordinaires paraissant choses
aussi merveilleuses que les bateaux à vapeur et les chemins de fer,
on les attribue aux mêmes auteurs : à des Chrétiens des anciens
temps, que les Musulmans chassèrent quand ils conquirent le pays ;
on va jusqu’à citer les noms des rois, surtout des reines à
qui appartenaient ces forteresses aériennes. Dans leur fuite, ils
abandonnèrent leurs trésors. Aussi pas un indigène ne doute-t-il
que les cavernes n’en soient pleines. D’ailleurs ne les a-t-on pas
vus ? Ici c’est un marabout, là c’est un Juif qui, se glissant
entre les rochers, pénétrant dans les grottes profondes, a aperçu
des monceaux d’or ; mais nul n’a pu y toucher : tantôt des génies
les gardaient, tantôt un chameau de pierre, animé et roulant des yeux
terribles, veillait sur eux ; ailleurs on les entrevoyait entre deux
roches qui se refermaient d’elles-mêmes sur qui voulait franchir
le passage. On m’a cité un lieu, Amzrou, sur l’Ouad Dra, où,
d’après des rapports de ce genre, les habitants sont si convaincus
de l’existence de richesses immenses dans des cavernes du voisinage,
qu’ils y ont placé des gardiens pour qu’on ne les enlevât pas.

[Illustration]

Pendant ma route d’aujourd’hui, j’ai remarqué, sur les pentes
de l’Atlas, soit isolées, soit dominant des villages, un grand
nombre de constructions semblables à de petites qaçbas, à des
châteaux. C’est ce qu’on appelle des _tiṛremt_[40]. La forme
ordinaire en est carrée, avec une tour à chaque angle ; les murs sont
en pisé, d’une hauteur de 10 à 12 mètres. Ces châteaux servent de
magasins pour les grains et les autres provisions. Ici, tout village,
toute fraction a une ou plusieurs tiṛremts, où chaque habitant, dans
un local particulier dont il a la clef, met en sûreté ses richesses
et ses réserves. Des gardiens sont attachés à chacune d’elles.

Cette coutume des châteaux-magasins, que je vois ici pour la
première fois, est universellement en usage dans une région
étendue : d’abord dans les massifs du Grand et du Moyen Atlas,
sur les deux versants, depuis Qçâbi ech Cheurfa et depuis les Aït
Ioussi jusqu’à Tizi n Glaoui ; puis sur les cours tout entiers
de l’Ouad Dra et de l’Ouad Ziz, ainsi que dans la région
comprise entre ces fleuves. A l’ouest de Tizi n Glaoui et du Dra,
règne une autre méthode, en vigueur dans la portion occidentale
de l’Atlas et du Sahara, de l’Ouad Dra à l’Océan : celle des
_agadir_[41]. Là ce n’est plus le village qui réunit ses grains
en un ou plusieurs châteaux, c’est la tribu qui emmagasine ses
récoltes dans un ou plusieurs villages. Ces villages portent le nom
d’agadirs. Vers Tazenakht, je les verrai, sur ma route, remplacer
les tiṛremts. Dans la première région, chaque hameau, en temps
d’invasion, peut opposer séparément sa résistance ; dans la
seconde, la vie de la tribu entière dépend d’un ou deux points :
dans l’une, j’aurai chaque jour le spectacle d’hostilités de
village à village ; dans l’autre, ce n’est qu’entre grandes
fractions qu’on se fait la guerre.

                             20 septembre.

Départ à 10 heures du matin. Le chemin continue à longer le
pied de la montagne : sol terreux, semé de quelques pierres ; à
gauche, l’Atlas rocheux et boisé ; à droite, la plaine du Tâdla
s’étendant à perte de vue comme une mer ; aussi loin que l’œil
peut distinguer, elle est couverte de cultures. A midi, j’arrive
à Qaçba Beni Mellal, où je m’arrête.

[Illustration : Village d’Ahel Sabeq.

(Vue prise du chemin de Foum el Ancer à Qaçba Beni Mellal.)

Croquis de l’auteur.]

[Illustration : Zaouïa Sidi Mohammed Bel Qasem et partie
septentrionale des jardins de Qaçba Beni Mellal.

(Vue prise du chemin de Foum el Ancer à Qaçba Beni Mellal.)

Croquis de l’auteur.]

Qaçba Beni Mellal, qui porte aussi le nom de Qaçba Bel Kouch, est une
petite ville d’environ 3000 habitants, dont 300 Israélites. Elle est
construite au pied même de la montagne, sur une côte douce qui joint
celle-ci à la plaine ; de superbes jardins tapissent cette côte ;
vers le nord, ils s’étendent fort loin ; au sud, ils s’arrêtent
brusquement devant une falaise de pierre qui se dresse à 1 kilomètre
de la ville. Au pied de cette muraille jaillissent, du sein du rocher,
les sources qui arrosent Qaçba Beni Mellal : les eaux en sont d’une
pureté admirable et d’une abondance extrême ; on les a réparties
en six canaux : chacun d’eux forme un ruisseau de 2 mètres de large
et de 30 centimètres de profondeur ; ensuite elles sont distribuées
à chaque maison, à chaque clos, par une foule de petits conduits
courant en toutes directions. Bien que ces eaux forment un volume
total considérable, elles se perdent dans les jardins de la ville
et dans la plaine du Tâdla, sans atteindre l’Oumm er Rebiạ à
leur confluent naturel. Il en est de même des divers cours d’eau
que j’ai traversés hier, après l’Ouad Derna. Leurs eaux sont
captées au sortir de la montagne pour les irrigations : il ne leur en
reste plus en arrivant en plaine ; ce n’est que l’hiver que leurs
lits se remplissent, et qu’ils gagnent : l’Ouad Foum el Ạncer,
l’Ouad Derna ; l’Ouad Beni Mellal, l’Oumm er Rebiạ.

[Illustration : Zaouïa Sidi Mohammed Bel Qasem et plaine du Tâdla.

(Vue prise des premières pentes du Moyen Atlas, au sud de la zaouïa.)

Croquis de l’auteur.]

Les constructions de Qaçba Beni Mellal, comme toutes celles que
j’ai vues depuis le 17 septembre, sont en pisé. Les maisons
ont un premier étage, de même qu’à Bou el Djạd et à Qaçba
Tâdla. Point de minaret dans la ville même ; il y en a un au milieu
des jardins, à la zaouïa de S. Moḥammed Bel Qasem. Une vieille
qaçba, aux murailles hautes et épaisses, mais tombant en ruine,
quoiqu’elle ait été, dit-on, restaurée par Moulei Selîman, est
le seul monument remarquable. Au centre du bourg, se trouve le marché,
semblable à celui de Bou el Djạd ; les produits européens en vente
sur ce dernier se rencontrent également ici ; ils viennent soit de
Dar Beïḍa, soit plutôt de Merrâkech. Tous les quinze jours, une
caravane d’une douzaine de chameaux arrive de cette capitale : elle
ne met que quatre journées à faire le trajet. Au contraire, la route
de Dar Beïḍa est longue : elle passe par Bou el Djạd. La ville
a l’aspect propre et riche ; rues larges, maisons neuves et bien
construites : elle doit sa prospérité à ses immenses vergers, dont
les fruits s’exportent au loin. Les jardins de Qaçba Beni Mellal,
comme ceux qui sont échelonnés dans la même situation au pied de
l’Atlas, sont d’une richesse merveilleuse : ce qu’étaient au
nord Chechaouen, Tâza, Sfrou, nous le retrouvons ici à Tagzirt,
à Fichtâla, à Qaçba Beni Mellal, à Demnât. Les trois premiers
de ces lieux, et d’autres placés plus à l’est, fournissent
tout le Tâdla de leurs fruits. Bou el Djạd même ne mange guère
que de ceux-là. Ces fruits consistent en raisins, figues, grenades,
pêches, citrons et olives, aussi remarquables par la qualité que
par l’abondance.

[Illustration : Qaçba Beni Mellal et plaine du Tâdla. (Vue prise
des premières pentes du Moyen Atlas, au sud de la Qaçba.)

Croquis de l’auteur.]

Deux qaïds résident ici. Ce sont des qaïds _in partibus_, comme
ceux des Zaïan et de Qaçba Tâdla. Cependant le sultan avait en
ce lieu, il n’y a pas longtemps, un parti assez nombreux : il
s’était produit un fait que j’ai remarqué dans d’autres
contrées insoumises, surtout dans celles qui étaient riches
et commerçantes. Une partie de la population, considérant les
obstacles que l’anarchie mettait à la prospérité du pays,
songeant aux dévastations continuelles de leurs terres, résultat des
guerres avec les tribus voisines, regardant combien le trafic était
difficile à cause du peu de sûreté des routes, s’était prise
à désirer un autre régime, à souhaiter l’annexion au blad el
makhzen. Ces idées étaient depuis quelque temps celles d’un tiers
des habitants de Qaçba Beni Mellal. Les autres restaient attachés
à leur indépendance et rejetaient toute pensée de soumission. Sur
ces entrefaites, il y a cinq mois environ, Moulei El Ḥasen, à la
tête d’une armée, envahit le Tâdla. Il arrive devant Qaçba Beni
Mellal : à son approche, tout ce qui lui était hostile abandonne
la ville et se retire dans la montagne ; le parti du sultan reste,
et lui envoie une députation l’assurer de son dévouement. Comme
réponse, il impose les Beni Mellal de 50000 francs : les présents
paieront pour les absents. Inutile d’ajouter qu’aujourd’hui il
n’y a plus de parti du makhzen dans la Qaçba. J’ai dit plus haut
que, dans d’autres portions du Maroc, j’avais trouvé des tribus
disposées à échanger leur indépendance contre les bienfaits d’une
administration régulière. Ainsi, en 1882, plusieurs tribus du haut
Sous se sont, de leur propre gré, soumises au sultan. Mais partout
le dénouement est le même : on ne tarde pas à s’apercevoir que
le makhzen n’est rien moins que le gouvernement rêvé. Pas plus de
sécurité qu’auparavant : les voleurs plus nombreux que jamais ;
enfin les rapines des qaïds ruinant le pays en un an plus que ne
l’eussent fait dix années de guerre. Aucun bien ne compense de
grands maux. Aussi cet état ne dure-t-il pas. Après deux ou trois ans
de patience, souvent moins, voyant qu’il n’y a rien à espérer,
on secoue le joug et on reprend l’indépendance.


            5o. — CAMPAGNE DU SULTAN DANS LE TADLA, EN 1883.


Avant de quitter le Tâdla, je vais résumer quelques renseignements
recueillis sur la récente expédition de Moulei El Ḥasen dans
cette contrée.

Tous les ans ou tous les deux ans, le sultan se met à la tête
d’une armée et part pour guerroyer dans quelque portion du Maroc :
ces campagnes ont pour but tantôt d’amener à l’obéissance des
fractions insoumises, tantôt de lever des contributions de guerre sur
des tribus trop puissantes pour être réduites, mais trop faibles ou
trop désunies pour pouvoir empêcher une incursion momentanée sur
leur territoire. C’est une expédition de cette catégorie, simple
opération financière, que Moulei El Ḥasen vient de faire dans le
Tâdla. La méthode qu’il suit dans ces occasions est invariable :
il marche pas à pas, de tribu en tribu, offrant à chacune, en
arrivant à elle, le choix entre deux choses : pillage du territoire,
ou rachat par une somme d’argent. Dans cette alternative, prenant de
deux maux le moindre, on se décide souvent à acheter la paix au prix
demandé ; c’est ce qu’espère le sultan. Mais parfois il éprouve
des mécomptes. A certains endroits, on lui résiste, avec succès
même, témoin les Ṛiata. Dans le Tâdla, on prit un troisième
parti, qui fut pour lui la source de la plus amère déception :
à son approche, les tribus, toutes nomades, se contentèrent de
plier bagage et de se retirer, qui dans les montagnes de Aït Seri,
qui dans celles des Zaïan. Là elles étaient à l’abri. Le sultan
resta seul avec son armée, errant au milieu de la plaine déserte. Sa
campagne fut désastreuse ; il ne put que tirer quelque argent des
petites qaçbas éparses de loin en loin dans le pays, maigre rentrée
pour un grand déploiement de forces. « Fatigue sans profit »,
c’est ainsi que les habitants qualifient cette expédition.

Voici quel fut l’itinéraire de Moulei El Ḥasen :

Parti de Merrâkech au printemps dernier, il gagna d’abord Zaouïa
Sidi Ben Sasi ; puis, successivement, El Qanṭra (sur l’Ouad
Sidi Ben Sasi, affluent de la Tensift), Moulei Bou Ạzza Ạmer
Trab ; l’Ouad Teççaout, qu’il franchit ; l’Ouad el Ạbid,
qu’il traversa au gué de Bou Ạqba : cette dernière opération
fut pénible ; le passage dura trois jours ; trois canons tombèrent
au fond de la rivière, et on ne les retira qu’à grand’peine. En
arrivant à l’ouad, le sultan avait demandé au qaïd _in partibus_
des Beni Mousa, Ould Chlaïdi, si le gué était praticable et sans
danger ; celui-ci avait répondu que oui ; il se trouva au contraire
difficile, avec des eaux très hautes ; Moulei El Ḥasen fit donner
sur l’heure la bastonnade au qaïd mal informé. De là on alla
à Dar Ould Sidoïn (résidence d’un autre qaïd _in partibus_
des Beni Mousa ; ils en ont trois), puis à Sidi Selîman (qoubba
avec source dans la plaine du Tâdla, sans habitants), à Qçar Beni
Mellal (bourg à deux heures à l’ouest de Qaçba Beni Mellal,
dans une situation semblable, au pied de l’Atlas ; belles sources ;
environ 2000 habitants), à Qaçba Beni Mellal, à Seṛmeṛ (qaçba
fort ancienne, aujourd’hui déserte et ruinée, située dans la
plaine, entre Fichtâla et Aït Sạïd, à peu de distance au nord
du chemin que j’ai pris ; elle appartient aux Aït Sạïd), à
Ṛarm el Ạlam (vieille qaçba inhabitée, s’élevant dans la
plaine en face de la partie du Djebel Amhaouch occupée par les Aït
Ouirra). Dans cette marche, le sultan avait suivi la route que j’ai
prise moi-même, longeant le pied de l’Atlas entre les Aït Seri et
le Tâdla. De là il se rendit à Qaçba Tâdla ; puis à Zaouïa Aït
El Ṛouadi (chez les Semget, fraction des Qeṭạïa), à Zizouan
(entre les Beni Zemmour et les Zaïan, à sept heures de Bou el Djạd,
dans la direction de Moulei Bou Iạzza), à Sidi Bou Ạbbed (zaouïa
chez les Beni Zemmour), à Sidi Moḥammed Oumbarek (Beni Zemmour), à
Mezgîḍa (Beni Zemmour), à Bir el Ksa (Beni Zemmour), à El Ḥachia
(frontière des Beni Zemmour et des Smâla). Sur le territoire des
Smâla, le sultan éprouva de la résistance : une fraction de cette
tribu, les Beraksa, dédaignant de se retirer à son approche, et
se refusant à payer aucune contribution, l’attendit les armes à
la main ; il les attaqua : les Beraksa lui tuèrent 500 hommes, mais
furent vaincus ; leur qaçba fut prise, ses murs rasés ; on y coupa
50 têtes et on en emmena 200 prisonniers. De là on passa aux Oulad
Fennan (fraction des Smâla), puis aux Beni Khîran. Sur le territoire
de cette tribu, Moulei El Ḥasen commença par piller Zaouïa Oulad
Sidi Bou Ạmran : elle appartient aux cherifs de ce nom, cherifs qui
ont une influence considérable dans la fraction des Beni Khîran où
ils résident, celle des Oulad Bou Ṛadi, et possesseurs de grandes
richesses ; il les dépouilla. Il dévasta ensuite le territoire des
Oulad Fteta (rameau des Oulad Bou Ṛadi) et celui des Beni Mançour
(fraction des Beni Khîran). Il se trouvait chez les Beni Mançour
vers le 10 août. Il en partit pour se porter à Meris el Bioḍ, sur
la frontière des Beni Khîran et des Zạïr. Auparavant, à Masa,
il avait trouvé les contingents du royaume de Fâs, dont son armée
s’était grossie. De Meris el Bioḍ, il entra dans le pays des
Zạïr à Talemaṛt. Là s’arrêtent les renseignements qu’on
a pu me fournir.

Le sultan, dans cette campagne, avait avec lui 10000 chevaux et 10000
hommes de pied. Sur ce nombre, les troupes régulières (ạskris)
et les mkhaznis comptaient pour peu de chose, pour cinq ou six mille
hommes peut-être : le reste était le contingent des tribus soumises
du royaume de Merrâkech. S’agit-il de faire une expédition de ce
genre ? Si l’on est à Merrâkech, on mande les qaïds du voisinage,
chacun avec ce qu’il peut ramasser d’hommes ; leur réunion forme
un corps qui accompagne le sultan jusqu’à son arrivée dans une
autre capitale, Fâs ou Meknâs. Là le service de ces contingents
est terminé : chacun rentre dans ses foyers. Si au contraire on
était à Fâs, ce seraient les fractions fidèles du Maroc du nord
qui composeraient l’armée. Les corps ainsi rassemblés ne peuvent
être très forts ; les tribus les plus puissantes, étant insoumises
ou indépendantes, ne fournissent pas un homme : telles sont, pour
le centre seulement, celles des Ichqern, des Zaïan, des Zạïr, des
Zemmour Chellaḥa, des Beni Mgild, des Beni Mṭir, et toutes celles
du Tâdla, excepté les Beni Miskin. Ces noms sont ceux des tribus
non seulement les plus nombreuses, mais aussi les plus guerrières
de la région. Il ne reste donc au gouvernement que les populations
des bords de la mer, populations donnant des soldats médiocres.

Comment dans ces conditions Moulei El Ḥasen peut-il impunément
ravager les territoires de tribus aussi puissantes que celles du
Tâdla, que les Zạïr ? C’est par suite de la désunion qui règne
partout, non seulement entre les diverses tribus, mais encore parmi
les fractions de chacune d’elles : les discordes, les rivalités,
les rancunes sont telles, que rien, même l’intérêt commun, ne
peut unir les différents groupes ; seule la voix d’un cherif ou
d’un marabout respecté de tous pourrait produire momentanément
ce miracle ; cette voix, grâce à la politique habile du sultan,
se tait depuis un grand nombre d’années.


[Note 30 : Les Doukkala sont une grande tribu dont le territoire est
célèbre par sa fertilité ; il fait partie du Maroc du sud. Celui
des Zemmour, au contraire, est compris géographiquement dans le
Maroc du nord, que les gens du pays appellent plus particulièrement
Ṛarb. Le surnom qu’on lui donne signifie donc : « la province
la plus fertile, le Doukkala, du royaume de Fâs ».]

[Note 31 : Les _nouaḍer_ sont d’épaisses mèches de cheveux que
les Israélites marocains laissent pousser au-dessus de chaque oreille,
et qui leur pendent le long des joues jusqu’au niveau du menton ou
de l’épaule.]

[Note 32 : Le mot _ạdjib_ s’emploie au Maroc avec le sens de
« domaine agricole ».]

[Note 33 : Ce chiffre nous paraît fort : il nous a cependant été
donné de plusieurs côtés différents.]

[Note 34 : Les Ạmrâni, ainsi que M. El Feḍil, sont des cherifs
edrissides, ou plus correctement _Drisiin_. Tous les cherifs du Maroc
se divisent en 2 familles. 1o Les _Drisiin_, ou descendants de Moulei
Edris, enseveli au Zerhoun. Sont Drisiin : Moulei Ạbd es Selam el
Ouazzâni et toute la postérité de Moulei Ṭîb ; Moulei El Feḍil,
dont nous venons de parler ; Moulei El Madani, personnage tout-puissant
chez les Beni Mṭir, etc. 2o Les _Ạlaouïa_, ou descendants de
Moulei Ạli, venu de Ianbô et mort au Tafilelt. Sont Ạlaouïa :
la dynastie du sultan actuel, Chikh Moḥammed El Ạrabi el Derkaoui,
les cherifs de Qçâbi ech Cheurfa, etc.]

[Note 35 : L’Ouad Grou, qui porte ce nom dans sa portion supérieure,
et ceux de El Amgaz et de Bou Regreg dans son cours inférieur,
prend sa source dans la tribu des Zaïan ; de là il traverse les
territoires des Beni Zemmour, des Smâla et enfin des Zạïr.]

[Note 36 : Voici ce qu’écrivait Ali Bey, en 1804, au sujet de
la puissance de la zaouïa de Bou el Djạd et de Sidi El Ạrbi,
qui en était alors le chef :

« Je parlerai ici des deux plus grands saints qui existent maintenant
dans l’empire du Maroc : l’un est _Sidi Ali Benhamèt_, qui
réside à _Wazen_ ; et l’autre, qui se nomme _Sidi Alarbi Benmàte_,
demeure à _Tedla_.

« Ces deux saints décident presque du sort de l’empire, parce
que l’on croit que ce sont eux qui attirent les bénédictions du
ciel sur le pays. Dans les districts où ils habitent, il n’y a
ni pacha, ni kaïd, ni gouverneur du sultan, et on n’y paie aucune
espèce de tribut ; le peuple est entièrement gouverné par ces deux
saints personnages, sous une espèce de théocratie et dans une sorte
d’indépendance. La vénération dont jouissent ces personnages est
si grande que, lorsqu’ils visitent les provinces, les gouverneurs
prennent leurs ordres et leurs conseils...

« Je n’ai pas vu Sidi Alarbi, qui était à Tedla ; mais je connais
un de ses neveux, qui est venu me voir en son nom. Il est fort rouge,
et tellement gros que sa respiration est fatigante. On assure que Sidi
Alarbi est encore plus grand et plus gras. On voit que les jeûnes et
les macérations sont loin de porter atteinte à la vigueur et à la
santé de nos saints. Malgré sa grosseur, on ajoute que Sidi Alarbi
monte légèrement à cheval et qu’il tire très bien un coup de
fusil, ce qui est une nouvelle faveur de la divinité. Malheureusement
quelques discussions se sont élevées entre lui et le sultan Muley
Seliman. Ce dernier ayant fait construire une mosquée dans le
territoire de Tedla et ayant sans doute manqué à certains égards,
Sidi Alarbi crut devoir la convertir en écurie. Muley Seliman fit
alors présent de mille ducats à Sidi Alarbi pour l’apaiser. Le
vénérable saint envoya en échange mille moutons au sultan. Il
faut espérer que cet acte de repentir gagnera la miséricorde de
Dieu par la recommandation du saint. » (_Voyages d’Ali Bey el
Abbasi en Afrique et en Asie pendant les années_ 1803, 1804, 1805,
1806 et 1807 ; t. 1, chap. XV.)]

[Note 37 : Le _miḥrab_ est une niche orientée dans la direction
de la Mecque.]

[Note 38 : « Maison du gouvernement ».]

[Note 39 : Le sel abonde au Maroc. D’autres salines très riches,
d’où l’on tire des dalles semblables à celles des Beni Mousa,
se trouvent sur le territoire des Imeṛrân. Les rivières salées
sont aussi en grand nombre : j’en ai rencontré plusieurs : ce sont
l’Ouad Oumm er Rebiạ, l’Ouad Rḍât, l’Ouad Iounil, l’Asif
Marṛen, l’Ouad Tisint, l’Ouad Tatta, l’Ạïn Imaṛiren
(Ḥaḥa), etc. L’Ouad Messoun, affluent de la Mlouïa, est salé
aussi, m’a-t-on dit.]

[Note 40 : Au singulier _tiṛremt_, au pluriel _tiṛrematin_.]

[Note 41 : Au singulier _agadir_, au pluriel _igoudar_.]




                                  III.

                     DE QAÇBA BENI MELLAL A TIKIRT.


                1o. — DE QAÇBA BENI MELLAL A OUAOUIZERT.


                           25 septembre 1883.

Départ à 6 heures et demie du matin. Trois zeṭaṭs
m’accompagnent, un de la tribu des Beni Mellal, deux de celle des
Aït Atta d Amalou. Ouaouizert, où je vais, est située au pied
méridional du Moyen Atlas, qui sépare la plaine du Tâdla du cours
de l’Ouad el Ạbid, et dont, depuis Tagzirt, j’ai longé au bas
le versant nord. J’ai donc à franchir cette chaîne. Les pentes
en sont généralement escarpées ; dès qu’elles deviennent
assez douces pour être cultivées, elles se couvrent de champs
et des habitations apparaissent ; mais ces endroits sont rares :
presque toutes les côtes sont raides et boisées ; sauf les places
défrichées, clairières éparses de loin en loin, les flancs du
massif sont revêtus d’une épaisse forêt : les lentisques, les
caroubiers et les pins y dominent ; ils atteignent une hauteur de
5 à 6 mètres. Le sol est moitié terre, moitié roche ; celle-ci
n’apparaît point ici sous forme de longues assises, mais en blocs
isolés qui émergent de terre entre les arbres. Une foule de ruisseaux
d’eau courante arrosent l’un et l’autre versant. Le chemin,
constamment en montagne, pénible partout, est très difficile
en deux endroits : d’abord, au sortir de Qaçba Beni Mellal, au
passage nommé Ạqba el Kharroub ; puis à l’approche du col,
Tizi Ouaouizert, que précède une montée fort raide. A 1 heure,
je parviens à Ouaouizert.

Point de cours d’eau important pendant la route
d’aujourd’hui. Peu de monde sur le chemin. Les habitations
rencontrées étaient d’aspect misérable : c’étaient tantôt de
petites maisons de 2 mètres de haut, construites en pisé, couvertes
en terrasse, la plupart situées à mi-côte et à demi enfoncées
sous terre, tantôt de simples huttes de branchages ; les quelques
douars que j’ai vus ne se composaient que de cabanes rangées en
rond : pas une tente véritable.

                          SÉJOUR A OUAOUIZERT.

[Illustration : Djebel Beni Mellal.

(Les parties ombrées sont boisées.) (Vue prise du mellah
d’Ouaouizert.)

Croquis de l’auteur.]

[Illustration : Premiers échelons du Grand Atlas, formant le flanc
gauche de la vallée de l’Ouad el Abid.

(Les parties ombrées sont boisées.) (Vue prise du mellah
d’Ouaouizert.)

Croquis de l’auteur.]

Dès la sortie de Qaçba Beni Mellal, je suis entré chez les Aït Atta
d Amalou, sur le territoire desquels se trouve Ouaouizert. Ils n’ont
rien de commun avec les Aït Atta du Dra, ni avec les Berâber. C’est
une petite tribu tamaziṛt (chleuḥa), indépendante, dont les
frontières sont : au nord, le Tâdla ; au sud, l’Ouad el Ạbid ;
à l’est, les Aït Seri ; à l’ouest, les Aït Bou Zîd. Sur
l’autre rive de l’Ouad el Ạbid, habitent les Aït Messaṭ. Les
Aït Atta d Amalou peuvent mettre en ligne environ 800 fantassins
et 150 cavaliers. Les chevaux sont rares dans cette contrée ; en
revanche, on y élève un grand nombre de mulets. Les Aït Atta sont
peu riches, quoique rien ne manque à leur pays pour être prospère :
la montagne n’est que bois et pâturages ; sur les pentes douces,
dans les vallées, dans la plaine d’Ouaouizert, le sol est fertile :
on y voit des jardins et des cultures florissantes ; l’eau abonde
partout ; des minerais de fer, de cuivre, d’argent, se trouvent,
dit-on, sur le territoire. Mais les habitants ne savent point
extraire ces derniers, et ils négligent les travaux des champs ;
leurs troupeaux mêmes sont peu nombreux : ils ont des moutons, des
chèvres et quelques vaches, le tout de race médiocre. Aussi est-ce
une tribu de pillards, dont une bonne partie ne vit que de zeṭaṭas,
de vols, de rapines de tout genre.

[Illustration : Massif situé entre l’Ouad el Abid et l’Ouad
Ouaouizert.

(Les parties ombrées sont boisées.) (Vue prise du mellah
d’Ouaouizert.)

Croquis de l’auteur.]

[Illustration : Ouaouizert.

A. Groupes d’habitations.

B. Cimetière.

C. Qaçba Moulei Ismaïl (ruines).

D. Marché.

E. Mellah.]

Ouaouizert est située au pied du Djebel Beni Mellal, au seuil
d’une petite plaine traversée par l’Ouad el Ạbid. De quelque
côté qu’on tourne les yeux, on ne voit que hautes montagnes,
resserrant la vallée dans une ceinture étroite. La bourgade
s’élève sur les deux rives d’un ruisseau qui porte son nom ;
elle se compose de trois groupes d’habitations assez éloignés
les uns des autres, unis par des vergers. L’un d’eux est une
zaouïa, résidence d’une famille de marabouts, dont le chef
actuel est Sidi Moḥammed ould Moḥammed. Dans les vergers, on
voit quelques pans d’épaisses murailles, ruines d’une qaçba
construite jadis par Moulei Ismạïl. Les maisons sont de pisé,
à simple rez-de-chaussée couvert d’une terrasse ; au milieu
d’elles, ainsi que dans la campagne voisine, se dressent un grand
nombre de tiṛremts. Les arbres des jardins sont des oliviers, des
pêchers et des figuiers ; les légumes, des piments, des oignons
et des citrouilles. Ouaouizert renferme 800 ou 1000 habitants, dont
100 à 150 Israélites. Malgré son peu de population, elle a une
réelle importance, par son marché d’abord, marché qui se tient
le vendredi et qui est très fréquenté, ensuite et surtout par
sa position, qui en fait une des portes du Grand Atlas et le nœud
de plusieurs routes. Trois passages principaux s’ouvrent dans le
Grand Atlas entre les bassins de l’Oumm er Rebiạ et du Dra :
l’un à l’ouest, menant de Zaouïa Sidi Reḥal au Telouet ; un
autre au centre, conduisant de Demnât aux Haskoura ; le dernier en
face d’Ouaouizert, débouchant dans l’Oussikis. Celui-ci est le
chemin que prennent les caravanes venant de Merrâkech allant soit
dans le haut Ouad Dâdes, soit au Todṛa, soit au Ferkla. A l’est
de ce col, il n’y en a plus de fréquenté dans la chaîne jusque
auprès de Qçâbi ech Cheurfa.

[Illustration : Cavernes creusées dans le flanc droit de la vallée
de l’Ouad Ouaouizert, à 3 kilomètres en amont d’Ouaouizert.

Croquis de l’auteur.]

Les costumes sont les mêmes ici que dans le Tâdla ; mais les femmes,
comme déjà celles des Beni Mellal, font un usage immodéré de
henné. C’est une exception. Les Marocaines n’en mettent pas
d’ordinaire avec excès.

Dans la vallée de l’Ouad Ouaouizert, à trois kilomètres au-dessus
du village, se trouvent beaucoup de cavernes de Troglodytes comme
celles décrites plus haut.

J’entends causer ici du voyage d’un Chrétien. Habillé en
Musulman, il traversa, il y a trois ans et demi, le Sous, le Tazeroualt
et Ouad Noun. Puis il se rendit à Tindouf, d’où il partit pour le
Soudan. A Tétouan et à Fâs, on m’avait parlé du docteur Lenz ;
cela n’avait rien de surprenant ; mais comment s’attendre à ce
qu’ici, en ce coin perdu de l’Atlas, si éloigné du théâtre
de ses explorations, sa renommée fût parvenue ?

[Illustration : Ouaouizert et vallée de l’Ouad Ouaouizert.

(Vue prise des cavernes situées à 3 kilomètres en amont du village.)

Croquis de l’auteur.]


                     2o. — D’OUAOUIZERT AUX ENTIFA.


                             20 septembre.

Départ d’Ouaouizert à 6 heures du matin. Je vais d’abord au
Ḥad des Aït Bou Zîd, qui se tient aujourd’hui. J’y arrive
à 7 heures un quart. Le chemin qui y mène longe la lisière nord
de la plaine, au milieu de terrains tantôt rocheux et incultes,
tantôt terreux et couverts de champs de blé.

Le marché est très animé ; tant qu’il dure, il ne s’y
trouve jamais moins de 600 personnes, et c’est un va-et-vient
continuel. Cependant les objets qu’on y vend ne présentent pas
grande variété. On y voit surtout des fruits et des légumes,
apportés par les Aït Bou Zîd, achetés par les Aït Atta ; puis du
bétail : moutons, chèvres, vaches du prix de 30 à 40 francs ; des
grains, des peaux, de la laine. Les Juifs d’Ouaouizert étalent des
belṛas, des bijoux, des poules, des cotonnades ; quelques marchands
musulmans, coureurs de marchés de profession, vendent du thé,
du sucre, des allumettes. Mais ici l’affaire importante n’est
point le trafic, c’est le « jeu des chevaux ». Tout cavalier des
Aït Bou Zîd est tenu de venir chaque dimanche y prendre part ; une
amende de 10 francs punit les manquants. Voici comme on procède à
cet exercice : on se forme par pelotons de 10 à 20 ; successivement
chacun de ces groupes prend le galop, charge, fait feu, s’arrête et
démasque, laissant la place au suivant ; puis il recharge les armes,
pour recommencer quand son tour reviendra.

[Illustration : Entrée du long défilé où s’enfonce l’Ouad el
Abid, au sortir de la plaine d’Ouaouizert.

(Vue prise de cette plaine.)

Croquis de l’auteur.]

A 4 heures, je quitte le marché sous l’escorte d’un zeṭaṭ
des Aït Bou Zîd, sur le territoire desquels je suis à présent. Je
continue à longer, sur un sol semblable à celui de ce matin, la
lisière nord de la plaine ; les montagnes qui l’entourent paraissent
fort habitées : on y entrevoit des cultures partout où les pentes ne
sont pas trop raides, un grand nombre de tiṛremts se dressent sur
leurs flancs. A 5 heures, j’atteins l’extrémité de la plaine,
et en même temps les bords de l’Ouad el Ạbid. Celui-ci est
une belle rivière, au courant impétueux, aux nombreux rapides ;
ses eaux, vertes et claires, occupent le tiers d’un lit de 60
mètres de large, sans berges, moitié vase, moitié gravier, semé
de gros blocs de rochers ; il se remplit en entier durant l’hiver ;
quatre ou cinq fois plus forte qu’elle n’est en ce moment, la
rivière coule alors avec une violence extrême. En toute saison,
on ne peut la passer qu’à des gués assez rares. A partir d’ici,
j’en suis le cours, marchant tantôt le long de ses rives, tantôt
à mi-côte de ses flancs, suivant les difficultés du terrain ; elles
deviennent bientôt très grandes. L’Ouad el Ạbid, en sortant de
la plaine, s’enfonce dans une gorge profonde ; le bas en a juste
la largeur de la rivière ; les côtés sont deux murailles de grès,
qui atteignent par endroits plus de 100 mètres de hauteur ; au-dessus,
se dressent les massifs mi-terreux, mi-rocheux de la chaîne au travers
de laquelle l’ouad se fraie si violemment passage. Leurs pentes,
souvent escarpées, sont raides partout, parfois inclinées à 2/1,
d’ordinaire à 1/1 presque jamais à 1/2. C’est avec la plus grande
peine que l’on suit la vallée ; rarement on peut marcher au fond :
il est occupé par les eaux ; le chemin tantôt serpente dans la
montagne, au-dessus des parois de la gorge, tantôt est taillé dans
le roc, au flanc même de ces parois, et surplombe la rivière. Ce
sont des passages extrêmement difficiles, les plus difficiles que
j’aie jamais trouvés. Ils se franchissent pourtant trop vite au
gré du voyageur. L’œil ne se lasse pas de contempler ce large cours
d’eau roulant ses flots torrentueux entre d’immenses murailles de
pierre, au pied de ces montagnes sombres, dans cette région sauvage
où le seul vestige humain est quelque tiṛremt suspendue à la
cime d’un rocher. A l’entrée de ce long défilé, est la maison
de mon zeṭaṭ, Dar Ibrahim. Nous y faisons halte à 5 heures et
demie du soir. Peu de temps avant d’arriver, j’ai vu un affluent
se jeter sur la rive gauche de l’Ouad el Ạbid : c’est l’Ouad
Aït Messaṭ, belle rivière aux eaux vertes, au courant impétueux,
de 12 à 15 mètres de large, venant du sud par une gorge profonde.

Les Aït Bou Zîd, chez lesquels je suis, sont de race tamaziṛt
(chleuḥa) et indépendants. Leur territoire, tout en montagne,
occupe la portion du Moyen Atlas bornée au nord par le Tâdla, au
sud par l’Ouad el Ạbid, à l’est par les Aït Atta d Amalou,
à l’ouest par les Aït Ạtab et les Aït Ạïad. Ils peuvent
armer environ 1000 fantassins et 300 cavaliers. Cette tribu est
renommée pour sa richesse : en effet, tant que je serai sur ses
terres, je ne cesserai d’admirer des preuves de l’intelligence
et de l’activité des habitants ; nulle part au Maroc les cultures
ne m’ont paru mieux soignées, les chemins aussi bien aménagés,
dans un pays plus difficile. Toutes les portions du sol dont on a pu
tirer parti sont plantées : ici sont des blés, là des légumes,
ailleurs des oliviers ; ils s’étagent par gradins, une succession
de murs en maçonnerie retenant les terres ; sur ces pentes raides,
on ne peut labourer à la charrue : tout se travaille à la pioche. Les
chemins sont la plupart bordés de bourrelets de pierre ; en certains
points ; ils sont taillés dans le roc : des consoles les soutiennent,
des ponts sont jetés au-dessus des crevasses. Les maisons n’ont
qu’un rez-de-chaussée, mais sont bien construites ; elles sont en
pierre cimentée, mais non taillée. Les tiṛremts sont nombreuses
et grandes ; quelques-unes, se dressant au sommet de rocs escarpés,
semblent presque inaccessibles. Ces ouvrages témoignent d’une
population active et industrieuse. Les Aït Bou Zîd ont un usage qui
leur est spécial, et que nous ne retrouverons ailleurs que loin vers
l’ouest et dans une seule tribu, les Ḥaḥa. C’est celui de se
disséminer, maison par maison, chacun au milieu de ses cultures,
au lieu de se grouper par villages. Sur leur territoire, on n’en
rencontre pas : on ne voit que demeures isolées, semées sans ordre
au flanc de la montagne.

Une légère modification se fait ici dans l’armement : plus
de baïonnettes ; tout le monde porte le sabre. De plus, le fusil
change : la crosse, de courte et large, devient longue et étroite ;
elle était simple : elle se couvre d’ornements, incrustations d’os
et de métal. Ces deux modèles sont les seuls qui existent au Maroc ;
le premier est d’un usage universel au nord de l’Atlas ; dans
cette chaîne et au Sahara, on le trouve quelquefois, mais rarement,
c’est le second qui domine.

Le tamaziṛt est l’idiome général des tribus que j’ai
traversées depuis Meknâs ; mais jusqu’à Qaçba Beni Mellal tout
le monde, dans les familles aisées, savait l’arabe. Depuis que
je suis dans l’Atlas, il n’en est plus de même. Ici, bon nombre
d’hommes parlent encore cette langue, mais les femmes l’ignorent
complètement.

                              1er octobre.

[Illustration : Vallée de l’Ouad el Abid.

Village situé sur une roche de sa rive gauche, entre Dar Ibrahim et
Aït ou Akeddir.

Croquis de l’auteur.]

Départ à 5 heures du matin. Telle était hier soir la vallée de
l’Ouad el Ạbid, telle elle reste aujourd’hui ; les hautes
montagnes qu’elle traverse sont, à l’exception des places
cultivées, entièrement boisées : oliviers sauvages, pins, mêlés
parfois de lentisques et de caroubiers. Par instants, le fond de la
gorge se resserre au point de n’avoir que 30 mètres de large ;
par moments, il s’étend un peu et a jusqu’à 100 mètres : en
ces endroits, d’autant plus fréquents qu’on avance davantage,
les bords de l’ouad se garnissent de lauriers-roses, les parois de
la vallée s’abaissent et s’inclinent, quelques arbres poussent
aux fentes des rochers. La gorge, jusqu’au point où la rivière
sort de l’Atlas, présente donc l’aspect suivant : une série
d’étranglements très étroits unis par des défilés, lesquels,
resserrés au début, s’élargissent peu à peu à mesure qu’on
descend, en même temps que leurs flancs deviennent moins escarpés. Au
bout d’une heure et demie, la muraille rocheuse s’est déjà
beaucoup abaissée dans ces endroits ; un peu plus tard, elle fait
par moments place à la terre, et la forêt arrive jusqu’au bord
des eaux. A dater de 8 heures et demie, la largeur habituelle est
100 mètres ; des trembles, des oliviers, couvrent le fond ; les
parois de roche sont très basses ou remplacées par des talus de
terre à 1/1 ; quelques maisons entourées de vergers apparaissent
sur les pentes. Des étranglements resserrent encore par moments la
vallée, mais de chacun elle sort plus large. A 9 heures et demie,
elle a 150 mètres et se remplit de jardins ; les flancs en sont à
1/1 ou à 1/2 ; des habitations s’y élèvent de toutes parts. Elle
reste ainsi jusqu’à Aït ou Akeddir, où j’arrive à 10 heures
et demie du matin.

[Illustration]

En chemin, j’ai traversé l’Ouad el Ạbid plusieurs fois,
la première vers 6 heures (25 mètres de large, 70 centimètres de
profondeur), la dernière vers 10 heures un quart (40 mètres de large,
50 centimètres de profondeur). Partout les eaux étaient les mêmes,
limpides, vertes, impétueuses ; partout elles coulaient sur un lit
de gros galets, sans berges ; les blocs de roche dont était semé
le lit au commencement avaient disparu dans la dernière partie du
trajet. Depuis 8 heures et demie, les rives étaient garnies d’un
grand nombre d’appareils qui servent aux habitants à traverser en
hiver, lorsque, les eaux étant hautes, on ne peut plus franchir à
gué ; ces machines se composent de deux fortes piles de maçonnerie
établies l’une de chaque côté de la rivière ; en leur milieu
sont fixés de gros troncs d’arbres, auxquels s’amarrent les cordes
servant au passage. Le sol du fond de la vallée est partout de terre.

                            2 et 3 octobre.

Séjour à Aït ou Akeddir. Les Aït Ạtab, chez lesquels je suis,
sont une tribu tamaziṛt (chleuḥa), indépendante. Leur territoire
est limité : au nord, par les Aït Ạïad et le Tâdla ; à l’est,
par les Aït Bou Zîd ; au sud et à l’ouest, par l’Ouad el
Ạbid. Ils peuvent mettre en ligne environ 1200 fantassins et 300
chevaux. Deux marchés sur leur territoire : Ḥad d’Aït Ạtab
et Arbạa d’Ikadousen ; Ikadousen est le nom d’une de leurs
fractions, qui habite vers le nord-ouest du point où je suis.

Aït ou Akeddir est un gros village, situé sur les premières
pentes du flanc droit de l’Ouad el Ạbid, à un coude que fait la
rivière ; les environs de ce centre sont la portion la plus habitée
du territoire des Aït Ạtab. Auprès de lui s’élèvent à peu
de distance plusieurs autres groupes, parmi lesquels on distingue
El Ḥad, où se tient le marché. En face, le flanc gauche est
hérissé d’une foule de maisons, de tiṛremts, s’étageant en
amphithéâtre au milieu des oliviers. Ces constructions, ainsi que
toutes celles de la tribu, sont en pisé. La population totale de
ces diverses agglomérations peut être de 2000 âmes, dont 200 Juifs
répartis en deux mellaḥs. Chaque village est entouré d’arbres
fruitiers. De grands jardins occupent le fond de la vallée, où
l’on ne bâtit point, de peur des inondations.

                               4 octobre.

[Illustration : Point où l’Ouad el Abid sort de la montagne et
entre en plaine. (Vue prise de Tabia.)

Croquis de l’auteur.]

Départ à 5 heures du matin. Un homme des Aït Ạtab me sert de
zeṭaṭ. A quelque distance d’ici, l’Ouad el Ạbid s’enfonce
de nouveau dans une gorge profonde ; il y reste enfermé jusqu’à
Tabia, où il sort de l’Atlas et entre en plaine. Je prends un
chemin qui passe à quelque distance de la rivière, sur un petit
plateau couvert de cultures et semé d’amandiers ; des tiṛremts
se dressent de toutes parts ; de grands troupeaux paissent sur les
côtes. A 10 heures, je reviens sur les bords de l’Ouad el Ạbid au
lieu même où, débouchant de la montagne par une brèche sauvage,
il s’élance dans la plaine. Je le traverse et je gagne le petit
village de Tabia, situé sur sa rive gauche. Me voici en blad el
makhzen, pour la première fois depuis Meknâs. En passant la rivière,
je suis entré sur le territoire des Entifa, tribu soumise. Ici,
plus de zeṭaṭ, plus d’escorte ; on voyage seul en sûreté[42].

Je repars donc aussitôt avec un simple guide pris à Tabia. Laissant
l’Ouad el Ạbid prendre sa course vers le nord-ouest, je me
maintiens près de la montagne. C’est toujours le Moyen Atlas ;
j’en longe le pied par une succession de plateaux bas et de côtes
douces : les plateaux ont un sol sablonneux, avec des pâturages
et quelques cultures ; les coteaux, rocheux[43] et nus à la partie
supérieure, sont terreux et garnis de villages et de jardins à leur
pied. Vers 3 heures, j’atteins une bourgade qui sera mon gîte,
Djemaạa Entifa.

Assez nombreux voyageurs sur la route pendant cette journée. Point
d’autre cours d’eau que l’Ouad el Ạbid ; au gué de Tabia où
je l’ai traversé, il avait 40 mètres de large et 70 centimètres de
profondeur. Toujours même lit de galets, même eau limpide et verte,
même courant impétueux. Les roches au pied desquelles il coule en
sortant de l’Atlas sont de grès, comme toutes celles de sa vallée
depuis le point où j’y suis entré.

Djemaạa Entifa ne porte point ce nom à cause d’un marché ; elle
en possède un, mais qui se tient le lundi. Le village se compose de
trois groupes d’habitations, distribués sur les deux rives d’un
ruisseau. Des jardins, vraie forêt d’oliviers, les unissent et
les entourent. La population est d’environ 1500 habitants, dont 200
Israélites. Cette localité fait un commerce actif, d’une part avec
Bezzou et Demnât, de l’autre avec les tribus du sud. Non loin de là
est la demeure du qaïd des Entifa. La juridiction de ce gouverneur
est limitée : au nord, par les Sraṛna et l’Ouad el Ạbid ;
à l’est, par l’Ouad el Ạbid et les Aït Messaṭ ; au sud,
par les Aït b Ougemmez et les Aït b Ououlli ; à l’ouest, par la
province de Demnât et les Sraṛna. Elle comprend, outre les Entifa,
Bezzou au nord, les Aït Abbes et les Aït Bou Ḥarazen au sud-est.


                 3o. — DES ENTIFA A ZAOUIA SIDI REHAL.


                               5 octobre.

Départ à 5 heures du matin, en compagnie d’une caravane de cinq
à six personnes ; le pays est sûr ; on est en blad el makhzen :
point d’escorte. D’ici à Demnât, je continuerai à cheminer
sur les premières pentes de l’Atlas, en me rapprochant de plus
en plus de son pied. Pendant ce trajet, je passerai insensiblement
du Moyen Atlas au grand : les deux chaînes paraissent se rejoindre
à la trouée de la Teççaout, où serait l’extrémité de la
première. Ma route d’aujourd’hui se divise en deux portions
distinctes : de Djemaạa Entifa à l’Ouad Teççaout, et de
la Teççaout à Demnât. Dans la première partie, le pays est
accidenté, le sol pierreux, quelquefois rocheux ; il est souvent nu,
par moments garni de palmiers nains et de taçououts, ou boisé ;
peu d’eau ; cependant, au flanc des coteaux, au fond des ravins,
sur les sommets, s’élèvent une foule de villages, entourés de
grandes plantations d’oliviers, avec des haies de cactus : en somme,
région d’aspect triste, mais fort habitée. A 9 heures et demie,
j’arrive au bord de la Teççaout : c’est la Teççaout Fouqia,
appelée aussi Ouad Akhḍeur « Rivière Verte ». Elle est bien
nommée ; elle coule au milieu d’une végétation merveilleuse,
à l’ombre de grands oliviers, dans une vallée couverte de champs
et de vergers. A partir de la Teççaout, j’entre dans une région
nouvelle : accidents de terrain moins sensibles ; sol terreux ; foule
de ruisseaux ; nombreux villages ; à chaque instant jardins immenses,
à végétation superbe, à arbres séculaires : c’est au travers
de ce beau pays que je parviens à Demnât. J’entre dans la ville
à midi et demi.

Durant toute la journée, beaucoup de monde sur le chemin. Je n’ai
point traversé d’autre cours d’eau important que l’Ouad
Teççaout : il avait 15 mètres de large et 50 centimètres de
profondeur ; eaux claires ; courant rapide ; lit de galets ; berges
de terre, en pente douce, de 1 mètre à 1m,50 de hauteur.

                            6 et 7 octobre.

Séjour à Demnât. Cette ville est le siège d’un qaïd qui
gouverne la province de Demnât ; celle-ci a pour limites : au nord,
les Sraṛna ; à l’est, les Entifa et les Aït b Ououlli ; au sud,
les pentes supérieures du Grand Atlas ; à l’ouest, les Glaoua et
les Zemrân.

[Illustration : Demnât.

1. Enceinte de la ville.

2. Enceinte de la qaçba.

3. Demeure du qaïd.

4. Mosquée.

5. Mosquée.

6. Synagogue principale.

7. Place du marché.

8. Vergers.]

Demnât est entourée d’une enceinte rectangulaire de murailles
crénelées, garnies d’une banquette et flanquées de tours ; le
tout est en bon état, sans brèches ni portions délabrées. Trois
portes donnent entrée dans la ville. La qaçba a son enceinte à part
et est bordée de fossés ; ceux-ci, les seuls que j’aie vus au
Maroc, ont 7 à 8 mètres de large sur 4 ou 5 de profondeur et sont
en partie remplis d’eau. Au milieu de ce réduit, s’élèvent
la mosquée principale et la maison du qaïd. Murailles, qaçba,
mosquées, maisons, toutes les constructions de la ville sont en
pisé ; rien n’est blanchi, sauf la demeure du qaïd et le minaret
qui l’avoisine. Le reste est de la couleur brun sombre qui distingue
les habitations depuis Bou el Djạd. L’intérieur de l’enceinte
est aux deux tiers couvert de maisons, en bon état, quoique mal
bâties. Le dernier tiers est occupé partie par des cultures,
partie par la place du marché : point de terrains vagues, point de
ruines ; en somme, air prospère. La population est d’environ 3000
âmes, dont 1000 Israélites ; ceux-ci n’ont pas de mellaḥ ;
ils habitent pêle-mêle avec les Musulmans, qui les traitent avec
une exceptionnelle bonté. Demnât et Sfrou sont les deux endroits
du Maroc où les Juifs sont le plus heureux. Il y a d’autres
rapprochements à faire entre ces deux villes, dont les points
de ressemblance frappent l’esprit : même situation au pied de
l’Atlas, à la porte du Sahara ; population égale, et composée
d’une manière semblable ; prospérité presque pareille ; même
genre de trafic ; même caractère doux et poli des habitants ;
même ceinture d’immenses et superbes jardins. En un mot, ce que
Sfrou est à Fâs, Demnât l’est à Merrâkech.

[Illustration : Partie occidentale de la ville et des jardins de
Demnât. (Vue prise de la synagogue principale.)

Croquis de l’auteur.]

Le commerce de Demnât est le suivant : les tribus de l’Atlas et
du Sahara (Dâdes, Todṛa) viennent s’y approvisionner de produits
européens et d’objets fabriqués dans les villes marocaines, tels
que cotonnades, sucre, thé, parfumerie, bijouterie, belṛas ; elles
y cherchent aussi des grains, mais en petite quantité : en échange,
elles apportent des peaux, des laines et des dattes, que les habitants
de Demnât expédient à Merrâkech. Ce commerce, florissant autrefois,
a fait la richesse de la ville : il est en décadence depuis quatre ou
cinq ans. A cette époque, le sultan envoya un amin d’une rapacité
telle que le trafic ne fut plus possible : tout ce qui passait les
portes de la cité était, quelle qu’en fût la provenance, frappé
d’un droit arbitraire si élevé que bientôt les tribus voisines
et les caravanes du sud désertèrent ce marché, et se portèrent
en masse sur Merrâkech, où elles se fournissent à présent.

Demnât est entourée de toutes parts d’admirables vergers, les
plus vastes du Maroc. Au milieu d’eux sont disséminés une foule
de villages se touchant presque, qui forment comme des faubourgs de
la ville. Ces jardins sont renommés au loin ; leur fertilité, leur
étendue, la saveur et l’abondance de leurs fruits, les excellents
raisins qui s’y récoltent sont légendaires.

Presque contigus aux vergers de Demnât, s’en trouvent d’autres
très célèbres, que nous avons traversés en venant : ceux d’Aït
ou Aoudanous. Ils rappellent un triste exemple de la rapacité du
sultan et de la malheureuse condition de ses sujets. Ces jardins,
domaine immense et merveilleux, forêt d’oliviers séculaires et
d’arbres fruitiers de toute espèce, arrosés par des ruisseaux
innombrables, appartenaient, il y a quelques années, à un homme
fameux par ses richesses et son luxe, Ben Ạli ou El Maḥsoub,
dont la vaste demeure s’élève encore au sommet d’un mamelon qui
les domine. Cette fortune énorme, cette ostentation, ce pouvoir,
portèrent ombrage au sultan. Soit pure cupidité, soit crainte de
l’influence croissante d’un homme aussi puissant, il le fit une
nuit surprendre, saisir, emmener : on le jeta en prison dans l’île
de Mogador. En même temps, ses biens furent confisqués et réunis à
ceux de la couronne. J’appris plus tard à Mogador que le malheureux
Ben Ạli, qu’on y connaissait sous le nom d’El Demnâti, avait,
après plusieurs années de captivité, obtenu sa liberté au prix
de tous ses biens. Mais il n’en jouit pas. Au sortir de prison,
à la porte de Mogador, il mourut.

                               8 octobre.

Départ à 8 heures et demie du matin. D’ici à Zaouïa Sidi
Reḥal, je serai encore en blad el makhzen ; région sûre ; un guide
suffit. La route longe constamment la lisière d’une vaste plaine qui
s’étend au pied du Grand Atlas. Sol terreux et uni. A gauche, sont
les premières pentes de la montagne, pentes assez douces, partie nues
ou couvertes de palmiers nains, partie boisées ; d’aucun point on
ne distingue les crêtes. A droite, on ne voit qu’une immense plaine
s’allongeant à perte de vue vers l’ouest ; elle est bornée à
l’est par les masses lointaines et grises du Moyen Atlas, au nord
par les collines éloignées des Rḥamna, qui séparent les bassins
de l’Oumm er Rebiạ et de la Tensift. Jusqu’à la Teççaout
Taḥtia, la plaine est couverte de pâturages, et une foule de
villages entourés de bois d’oliviers la sèment de points sombres ;
ces vastes étendues pleines de troupeaux, ces innombrables oasis de
verdure, forment un beau tableau de paix et d’abondance. A partir
de la Teççaout, les oliviers diminuent ; bientôt ils cessent :
en même temps, les pâturages font place à des cultures. A 6 heures
du soir, j’arrive à Zaouïa Sidi Reḥal. Au loin, dans le disque
enflammé du soleil couchant, on aperçoit la haute tour de Djamạ
el Koutoubia, mosquée de Merrâkech.

Durant toute la journée, beaucoup de monde sur la route. Un seul
cours d’eau important : l’Ouad Teççaout Taḥtia (eaux claires
et courantes de 20 mètres de large et de 30 à 40 centimètres
de profondeur, coulant sur un lit de galets trois fois plus grand,
entre deux berges rocheuses, tantôt à 1/1, tantôt à 1/2).

Zaouïa Sidi Reḥal est une bourgade du territoire des Zemrân ;
entourée de murs bas sans prétentions militaires, bâtie en
pisé, elle a environ 1000 habitants ; au milieu s’élèvent
une belle qoubba, où reposent les restes de Sidi Reḥal, et une
zaouïa, où vivent les marabouts ses descendants ; ces derniers
sont fort vénérés dans le pays : de toutes les tribus voisines,
des Zemrân, des Rḥamna, des Sraṛna, de Demnât, de Merrâkech
même, on les visite, on leur apporte des offrandes. En dehors de
l’enceinte musulmane, formant un faubourg isolé, se trouve un
petit mellaḥ. Jardins peu étendus.


                  4o. — DE ZAOUIA SIDI REHAL A TIKIRT.


                               9 octobre.

Quoique blad el makhzen, le pays n’est pas assez sûr pour
marcher sans zeṭaṭ ; mais un seul homme suffit. Je trouve
sans peine quelqu’un pour m’escorter. Départ à midi et
demi. Un cours d’eau sort ici même du Grand Atlas. C’est
l’Ouad Rḍât. Il prend sa source au sommet de la chaîne, à la
dépression considérable appelée _Tizi n Glaoui_, et en descend
dans une direction perpendiculaire aux crêtes ; cette rivière trace
ainsi une route courte et facile pour franchir la chaîne. Je m’y
engage. Jusqu’au Tizi, je resterai dans le bassin de l’ouad, et
pendant la plus grande partie du trajet j’en suivrai le cours. De
Sidi Reḥal aux environs de Zarakten, où je quitterai la vallée
de l’Ouad Rḍât, celle-ci présente le même aspect : le fond
n’en a jamais plus de 100 mètres de large, le plus souvent il a
beaucoup moins ; les flancs sont habituellement des talus boisés
à 1/1, quelquefois des murailles rocheuses presque à pic. C’est
lorsque les pentes de ces flancs sont les plus raides que le fond
est le plus large, lorsqu’elles sont les plus douces qu’il est le
plus étroit. Tantôt ce dernier est couvert des galets, des blocs de
roche qui forment le lit de la rivière : dans ces points croissent,
entre les pierres, des lauriers-roses et des pins ; ailleurs il y a
un peu de terre : on trouve alors des jardins, avec des figuiers et
des oliviers. De même pour les flancs. Moitié terre, moitié grès,
ils sont la plupart du temps escarpés et couverts de forêts où
se mêlent les lentisques, les tiqqi, les teïda et les teceft. Mais
aux rares endroits où les côtes sont moins abruptes, on rencontre
des villages, et à leur pied, des cultures et des vergers. Les
villages sont disposés en long : chacun forme plusieurs groupes,
échelonnés dans le sens de la vallée. Les plantations s’étagent
au-dessous, disposées par gradins ; de petits murs retiennent la
terre. Les champs sont des champs d’orge et de maïs ; des figuiers,
des grenadiers, des oliviers, de la vigne, et surtout une foule de
noyers les ombragent : le noyer apparaît ici pour la première fois ;
cet arbre abonde sur les deux versants du Grand Atlas ; je ne l’ai
pas vu ailleurs. Telle sera la vallée de l’Ouad Rḍât jusque
auprès de Tagmout, où je la quitterai. Le chemin tantôt en suit
le fond, tantôt serpente sur ses flancs ; il est presque partout
raide et pénible, difficile en peu d’endroits. Aujourd’hui,
je fais une étape très courte : je m’arrête à Enzel, village
de 600 habitants, où je passerai la nuit ; il n’est que 3 heures
lorsque j’y arrive.

Durant le trajet, beaucoup de monde sur la route. L’Ouad Rḍât
avait, à Zaouïa Sidi Reḥal, 6 mètres de large et 20 centimètres
de profondeur ; les eaux en étaient claires et courantes, légèrement
salées ; elles coulaient au milieu d’un lit de galets de 60
mètres, bordé de berges de terre d’un mètre. Cette rivière est,
m’affirme-t-on, un affluent de la Tensift : elle s’y jetterait
après avoir arrosé le territoire des Zemrân et celui des Glaoua.

Cette dernière tribu est celle où je suis entré en sortant de
Zaouïa Sidi Reḥal ; un qaïd nommé par le sultan la gouverne ; il
réside à Imaounin, dans le Telouet : son autorité réelle s’étend
sur les Glaoua et sur le Ouarzazât, son pays natal ; son pouvoir
nominal va jusqu’aux Aït Zaïneb, son influence jusqu’à Tazenakht
et jusqu’au Mezgîṭa. La première seule de ces trois régions est
considérée comme blad el makhzen ; seule elle fournit des soldats
et paie l’impôt : les deux autres sont blad es sîba. Cependant,
dans la seconde, la parole du qaïd est prise en considération ; mais
à condition qu’il ne réclame que des choses faciles, ne coûtant
rien aux habitants ; il ne se hasarderait pas à leur en demander
d’autres, sachant que ce serait provoquer des refus ; il ne se
mêle en aucune façon de leur administration, de leurs différends,
des guerres qu’ils peuvent se faire entre eux ; mais son ạnaïa
est respectée : des gens de sa maison, esclaves ou mkhaznis, peuvent
servir de zeṭaṭs ; on voyage en sûreté sous sa protection. Il
n’en est plus de même dans la troisième région : la suprématie,
même nominale, du sultan n’y est pas reconnue ; tout ce que peut
faire le qaïd est d’entretenir des rapports d’amitié avec les
chefs des deux grandes maisons voisines, les chikhs de Tazenakht et du
Mezgîṭa. Il ne saurait servir de zeṭaṭ sur leurs territoires,
mais ses lettres assureraient un bon accueil auprès d’eux. Au delà,
ni son nom ni celui du makhzen ne sont connus.

Le commerce des Glaoua est actif : il consiste presque uniquement en
l’échange des grains du nord contre les dattes du Dra. Deux marchés
dans la tribu : le Tenîn de Telouet et le Khemîs d’Enzel. Les
Glaoua sont Imaziṛen de langue comme de race, ainsi que toutes
les tribus que je verrai dans les massifs du Grand et du Petit
Atlas : de Zaouïa Sidi Reḥal à Tisint, la première oasis que
j’atteindrai, il n’y a pas un seul Arabe. Ici apparaît pour la
première fois un vêtement original, d’un usage universel chez
les Glaoua, dans le Dra, dans le bassin du Sous, dans la chaîne du
Petit Atlas ; c’est le _khenîf_ : qu’on se figure une sorte de
bernous court, de laine teinte en noir, avec une large tache orange,
de forme ovale, occupant tout le bas du dos ; cette sorte de lune
si étrangement placée est tissée dans le bernous même, et les
bords en sont ornés de broderies de couleurs variées ; le bas du
bernous est garni d’une longue frange, le capuchon d’un gros
gland de laine noire. La plupart des hommes, enfants et vieillards,
Musulmans et Juifs, portent ce vêtement ; les autres se drapent dans
des ḥaïks de laine blanche. On garde le sommet de la tête nu,
comme dans le reste du Maroc ; mais la bande, large ou étroite, qui
se roule d’habitude à l’entour, au lieu d’être de cotonnade
blanche, est de laine noire. Les belṛas se remplacent fréquemment
par des sandales. On ne voit plus de sabres qu’aux cavaliers :
ces armes sont donc peu nombreuses, les chevaux étant rares dans le
Grand comme dans le Petit Atlas. On cesse de porter la poudre dans
des poires : on la met dans des cornes. Ce sont, soit des cornes
naturelles à armatures de cuivre, soit, plus souvent, des cornes
en cuivre ciselé ; elles ne manquent pas de grâce ; des sachets
de cuir pour les balles s’y attachent. Ce modèle, en usage dès
les premières pentes septentrionales du Grand Atlas, est le seul
employé dans cette chaîne et dans tout le sud : il n’y a que deux
exceptions ; nous les signalerons plus tard ; l’une est vers l’est,
dans le bassin du Ziz, l’autre vers l’ouest, dans le Sahel.

                              10 octobre.

[Illustration : Adrar n Iri et Tizi n Telouet. (Vue prise d’Ifsfes.)

Croquis de l’auteur.]

D’Enzel à Tagmout, je suis la vallée de l’Ouad Rḍât,
telle que je l’ai décrite hier. Parti à 5 heures du matin,
j’arrive à 11. Chemin faisant, je passe auprès des ruines
d’un pont attribué par les uns aux Chrétiens, par les autres
à es Soulṭân el Akḥeul : on cite toujours ces deux noms au
Maroc dès qu’il s’agit d’ouvrages dont on ne connaît pas les
auteurs ; ce pont, dont il reste quatre arches en pierre, s’élève
sur la rivière au point de jonction des chemins de Merrâkech et de
Zaouïa Sidi Reḥal. Il me paraît d’origine musulmane. Plusieurs
gros villages jalonnent la route : les deux principaux sont Ifsfes
(600 habitants) et Zarakten (800 habitants). L’Ouad Ifraden, le
seul que je traverse, est un ruisseau de 2 mètres de large ; les
eaux en sont salées, comme toutes celles des environs : les flancs
mêmes de la montagne sont par endroits blancs de sel. Durant cette
matinée, de hauts massifs ne cessent de se dresser de tous côtés
au-dessus de ma tête : vers le sud, au milieu d’une longue crête,
j’aperçois l’échancrure du Tizi n Telouet et, à sa gauche, la
cime rose de l’Adrar n Iri dominant toutes les autres. Du monde passe
sur le chemin. Beaucoup de gibier ; quantité énorme de perdreaux :
tout le long de la route, j’en vois courir à mes pieds ; ils se
lèvent rarement ; on ne les chasse pas : quand les habitants veulent
en manger, ils en tuent à coups de pierres.

                          11, 12, 13 octobre.

[Illustration : Portion supérieure de Tagmout et vallée de l’Ouad
Adrar n Iri.

(Les parties ombrées sont boisées.) (Vue prise d’un groupe de
maisons de Tagmout situé en aval.)

Croquis de l’auteur.]

[Illustration : Adrar n Iri. (Vue prise de Tagmout.)

Croquis de l’auteur.]

Séjour à Tagmout. Le village a 800 ou 900 habitants. Situé sur
le bord de l’Ouad Adrar n Iri, il est fractionné en plusieurs
groupes qui s’espacent sur les premières pentes du flanc gauche de
la vallée, au milieu de cultures et de jardins : ceux-ci occupent
aussi une partie du fond, qui a ici 60 mètres de large. Tagmout
compte parmi les Aït Robạ : cette fraction se compose de tout ce
qui habite sur le cours de l’Ouad Adrar n Iri. Zarakten forme une
autre fraction, Enzel une autre encore. Les villages de ce versant
sont d’aspect misérable : les maisons, de pierre et couvertes en
terrasse, sont mal bâties ; elles n’ont qu’un rez-de-chaussée,
parfois à demi enfoncé dans le sol.

                              14 octobre.

[Illustration : Adrar n Iri et Tizi n Telouet.

(Vue prise du chemin de Tagmout à ce col.)

Croquis de l’auteur.]

[Illustration : Adrar n Iri.

(Les parties ombrées sont boisées.)

(Vue prise du chemin de Tagmout au col de Telouet.)

Croquis de l’auteur.]

[Illustration : Village d’Ider.

(Les parties ombrées sont boisées.)

(Vue prise du chemin de Tagmout au col de Telouet, en amont d’Ider.)

Croquis de l’auteur.]

Départ à 6 heures du matin. Un zeṭaṭ m’escorte. La route
d’aujourd’hui peut se diviser en quatre portions. 1o De Tagmout
à Titoula Taḥtia : chemin extrêmement difficile ; montées
très raides à travers les pierres ; région déserte ; sol rocheux,
tantôt nu, tantôt boisé. 2o De Titoula Taḥtia à Titoula Fouqia :
on retrouve le cours de l’Ouad Adrar n Iri, appelé aussi dans cette
partie Ouad Titoula ; on le suit : les premières pentes et le fond de
la vallée sont couverts de villages et de cultures ; orges et maïs,
ombragés de noisetiers, de trembles, surtout de noyers ; ce fond de
vallée a peu de largeur : les cultures ne s’étendent en tout que
sur quarante mètres ; au milieu d’elles coule le ruisseau, qui ne
cesse pas d’avoir de l’eau : les flancs sont en pente douce au
pied, escarpés vers le sommet, rocheux partout ; plus on avance,
plus la pierre nue apparaît, plus les arbres sont clairsemés :
chemin facile. 3o De Titoula Fouqia au col Tizi n Telouet, où
je franchis la crête supérieure du Grand Atlas : l’eau tarit
dans l’ouad, les cultures cessent, les habitations ont disparu :
désert de pierre : de tous côtés s’élèvent de hautes montagnes
de grès ; plus un arbre, plus une plante, plus un brin de verdure ;
tout est roche : le chemin, sans être difficile, est très raide et
très pénible ; on monte lentement vers le col. Il est atteint à 4
heures du soir. Je me trouve à 2634 mètres au-dessus du niveau de la
mer. Un panorama immense s’étend devant mes yeux. Je suis frappé
d’abord de l’aspect montagneux de la contrée que je vais aborder :
ce ne sont que chaînes s’étageant les unes derrière les autres
jusqu’au bout de l’horizon ; puis de son air triste et désolé :
tout est nu ; tout est roc ; pas un grain de sable ni une motte de
terre ; de longues côtes jaunes, des croupes d’un rouge sombre
se succédant à l’infini, immenses solitudes pierreuses, c’est
tout ce que distingue l’œil lorsqu’il se tourne vers le sud du
haut du Grand Atlas. 4o J’entre ici dans la quatrième portion de
mon trajet d’aujourd’hui : du Tizi n Telouet à Aït Baddou. On
commence par une descente raide : c’est un passage dangereux,
comme l’indique son nom, _Taourirt n Imakkeren_, « colline des
brigands » ; puis on débouche dans la plaine du Telouet ; sol plat ;
bonne terre couverte de cultures. Je m’arrête à 6 heures et demie,
près de son extrémité sud, au petit village d’Aït Baddou.

[Illustration : Vue dans la direction du sud, prise du col de Telouet.

Croquis de l’auteur.]

[Illustration : Col de Telouet, plaine du Telouet et village d’Aït
Baddou. (Vue prise de la plaine du Telouet.)

Croquis de l’auteur.]

Peu de voyageurs sur la route pendant cette journée. Le Telouet est
une fraction des Glaoua : il comprend un certain nombre de villages,
semés les uns près des autres dans une petite plaine fertile ;
l’un d’eux, Imaounin[44], est la résidence du qaïd, _el
Glaoui_. L’extérieur des constructions annonce la prospérité :
ce ne sont plus les huttes de l’Ouad Rḍât ; maisons hautes
et bien bâties. Les arbres ne sont pas encore nombreux ; on en
voit quelques-uns auprès des habitations : ce sont des trembles,
des figuiers, des noyers ; il pousse aussi des pieds de vigne. Une
multitude de ruisseaux descendant de la crête de l’Atlas arrosent
le sol. Quelque riante que soit en elle-même cette verte plaine, elle
est entourée de toutes parts de montagnes si nues et si désolées
que son aspect en est attristé.

                              15 octobre.

Départ à 7 heures du matin. Je rentre en blad es sîba : m’y
voici pour longtemps. Ici le pays ne présente pas grands dangers :
un homme suffit aujourd’hui comme escorte. En quittant Aït Baddou,
on achève de traverser la plaine du Telouet. Puis on entre dans la
région la plus désolée qu’on puisse voir : tout est roche :
au-dessus de la tête, on ne voit que murs de pierre ; aux pieds,
ravins aux parois de grès sans eau ni verdure ; les lits à sec
sont couverts d’une couche de sel ; nulle part la moindre trace
de terre ni de végétation. Après trois heures de marche dans
cette triste contrée, je débouche tout à coup dans une vallée
qui forme avec elle le plus frappant contraste : creusée à pic au
milieu de l’immense plateau de pierre qui règne à l’entour,
elle présente un aspect aussi riant, aussi gai que les solitudes
qui la bordent sont mornes et tristes. Au fond, coule un torrent
dont les deux rives sont, sans interruption, garnies de jardins et
de cultures ; au milieu des figuiers, des oliviers, des noyers,
s’élèvent en foule des villages, des groupes de maisons, des
tiṛremts : tout respire la richesse ; c’est l’Ouad Dra qui
commence : sur ses rives seules, et sur celles des deux rivières qui
le forment, je trouverai ces constructions élégantes et pittoresques
qui me frapperont désormais : tiṛremts aux gracieuses tourelles,
aux terrasses crénelées, aux balustrades à jour ; maisons aux
murailles couvertes de dessins et de moulures ; qçars dont les
enceintes, du pied jusqu’au faîte, ne sont qu’arabesques et
qu’ornements. Dans ces belles contrées, même la demeure la plus
pauvre présente l’aspect du bien-être. Le bas des bâtiments est
en pierres cimentées, le haut en pisé ; tout est construit avec soin,
tout semble neuf ; point d’habitation qui n’ait un premier étage ;
un second est souvent formé par une terrasse couverte, installée
au-dessus ; partout bonnes portes, volets façonnés et ornés comme
aux maisons des villes ; toutefois peu de demeures sont blanchies :
de loin en loin, quelque zaouïa ou les créneaux d’une tiṛremt ;
le reste a la teinte brun-rouge du grès et du pisé. Les jardins et
les cultures sont entretenus avec un soin extrême, mais ils forment
une bande étroite : aux endroits les plus larges, ils ont 60 mètres ;
encore ne sont-ils presque jamais en sol plat ; ils s’étagent,
les terres soutenues par des revêtements de pierre, des deux côtés
de la rivière : celle-ci, l’Ouad Iounil, a 4 mètres de large,
un courant très rapide, des eaux claires, salées ; elles coulent
sur un lit de gravier de 10 mètres, blanc de sel dans les portions à
sec. Les flancs de la vallée sont des murailles de grès verticales,
creusées sur toute leur longueur de séries continues de cavernes. A
ces murailles s’adossent maisons et jardins ; dans leur flanc est
taillé le sentier que je suis ; passage difficile : le chemin n’a
nulle part plus de 1m,50 de large : la paroi de roc d’un côté,
le précipice de l’autre. Telle est cette vallée, telles sont, me
dit-on, toutes celles du voisinage, Ouad el Melḥ, Ouad Imini, Ouad
Iriri, étroits sillons où se concentrent la végétation et la vie,
au milieu des immenses déserts de pierre qui forment le versant sud
du Grand Atlas. Je ne quitte plus l’Ouad Iounil jusqu’au gîte :
un moment, je monte sur le sommet du flanc gauche ; un vaste plateau
rocheux s’y offre à mes yeux : il s’étend à perte de vue ; le
thym est la seule plante qui y pousse ; les gazelles sont les seuls
êtres animés qui y vivent. A 3 heures, je m’arrête à Tizgi,
principal village du district de ce nom.

[Illustration : Village de Tizgi et vallée de l’Ouad Iounil.

(Vue prise en amont de Tizgi, à mi-côte du flanc gauche de la
vallée.)

Croquis de l’auteur.]

Peu de voyageurs aujourd’hui sur la route. J’ai traversé deux
cours d’eau : l’Asif Marṛen, appelé aussi Ouad el Melḥ (lit
de 15 mètres de large, à sec) ; l’Ouad Iounil (eaux de 4 mètres
de large et de 30 centimètres de profondeur ; courant très rapide).

[Illustration : Heliog. P. Albert Dujardin

Challamel aine Editeur

TIGERT. — (OUAD IOUNIL)]

                           16 et 17 octobre.

Séjour à Tizgi. J’ai été frappé, à mon entrée dans la vallée
de l’Ouad Iounil, d’un des caractères qui distinguent le bassin
du Dra : l’élégance des constructions ; j’en remarque ici
un autre, plus important : il se rapporte à la race qui occupe
le pays. Jusqu’à présent, je n’avais vu que des Imaziṛen
blancs, ceux qu’on appelle _Chellaḥa_ ; désormais, une bonne
partie de la population se composera d’Imaziṛen noirs ou bruns,
_Ḥaraṭîn_. Dans tout le bassin du Dra, je les trouverai mêlés
aux Chellaḥa, dans une proportion d’autant plus grande que
j’avancerai davantage vers le sud : dans la vallée même de ce
fleuve, ils sont si nombreux que le nom de _Draoui_ y est synonyme
de celui de Ḥarṭâni ; sur ses affluents, ils existent aussi en
grande quantité : c’est dans ce bassin qu’ils semblent s’être
concentrés ; il n’y en a point dans celui du Sous, très peu
dans celui du Ziz. Ils présentent les types les plus variés : on
en voit qu’on confondrait avec des nègres du Soudan ; d’autres
ont la couleur des noirs, et les traits des Européens ; ou bien les
grosses lèvres et le nez épaté des premiers, avec la peau blanche :
certains sont dits Ḥaraṭîn, qui, pour un étranger, ne présentent
aucune différence avec les Chellaḥa. Les physionomies des individus
étant aussi diverses, il est difficile d’assigner des caractères
distinctifs à la race : on peut dire seulement qu’une couleur café
au lait foncé avec des traits presque européens sont ce qu’on
rencontre le plus souvent. Les Ḥaraṭîn se considèrent comme
Imaziṛen au même titre que les Chellaḥa : ils sont mélangés
avec eux dans le fractionnement par tribus ; ils appartiennent
comme eux aux Seketâna ou aux Gezoula, grandes familles qui, à
elles deux, comprennent toutes les tribus entre Sous et Dra et une
partie de celles du Sous. Malgré cette égalité politique, malgré
cette communauté d’origine reconnue, les Chellaḥa se regardent
comme supérieurs aux Ḥaraṭîn, et ceux-ci ont le sentiment
de l’infériorité. Ils cherchent à se relever en épousant des
femmes de couleur claire. « Parle-t-on mariage ? dit un proverbe,
l’Arabe demande : Est-elle de bonne maison ? le Chleuḥ, est-elle
riche ? le Ḥarṭâni, est-elle blanche ? »

                              18 octobre.

Départ à 10 heures et demie. De Tizgi à Tikirt, on ne cesse de
suivre le cours de l’Ouad Iounil ; une bonne partie du chemin,
c’est dans son lit même que l’on marche : ce dernier a ici 15 à
20 mètres de large ; la rivière y coule, tantôt en une seule masse
de 5 mètres de large et de 30 centimètres de profondeur, tantôt
y formant plusieurs bras, tantôt l’inondant presque en entier
et étant alors très peu profonde. Depuis sa source jusqu’à son
confluent avec l’Ouad Imini, elle a, quelle que soit sa force, cette
même manière irrégulière de couler. D’ici à Tikirt, sa vallée
peut se diviser en deux portions : l’une jusqu’à son confluent
avec l’Asif Marṛen, l’autre au delà. Dans la première, le
fond reste ce qu’il était au-dessus de Tizgi, large de 50 à 60
mètres, couvert de cultures, ombragé de beaucoup d’arbres. Les
deux flancs sont toujours de grès rouge et très hauts : cependant
ce ne sont plus des murailles perpendiculaires, si ce n’est à
leur partie supérieure, où se voient des cavernes ; le pied est à
2/1 d’abord, puis à 1/1. Les flancs n’avaient, de Tiourassin à
Tizgi, livré passage à aucun affluent. Dans cette nouvelle région,
ils laissent accès à plusieurs ; ce sont autant de points où la
vallée s’élargit et où les jardins s’étendent. A 1 heure et
demie, j’atteins Tamdakht, village en face duquel l’Asif Marṛen
se jette dans l’Ouad Iounil. La vallée change d’aspect : le fond
s’agrandit et prend une largeur de 300 mètres : il est couvert
de cultures ; les cultures qu’on voit d’ici à Tikirt n’ont
aucune ressemblance avec celles d’auparavant : jusqu’à présent,
une foule d’arbres ombrageaient les champs ; désormais on n’en
verra plus, excepté aux abords des villages ; encore y sont-ils
peu nombreux et parfois manquent-ils. La rivière coule dans un lit
de 40 mètres de large, moitié vase, moitié galets, dont l’eau
n’occupe qu’une faible partie. Les flancs, tout en restant rocheux,
s’abaissent peu à peu, le droit surtout ; il diminue graduellement,
et disparaît à quelque distance de Tikirt. Le flanc gauche conserve
une hauteur minima de 150 mètres au-dessus du niveau de la vallée,
mais ses pentes deviennent de plus en plus douces ; sa couleur change :
il n’a plus le rose ou le rouge du grès, mais une teinte blanche
qu’il gardera jusque auprès de Tikirt ; là, variant de nouveau,
il deviendra noir et luisant : à partir d’ici, plus de cavernes. En
face de Tikirt, s’étend une plaine triangulaire où confluent les
ouads Iounil et Imini ; très plate, à sol de vase desséchée, elle
se cultive en automne et est inondée en hiver. A l’extrémité de
la plaine, un étroit kheneg, se creusant entre les roches noires
des montagnes, donne passage à la rivière. Un peu plus haut, un
spectacle nouveau réjouit mes yeux : un bois de palmiers entoure le
village de Tazentout ; c’est le premier que je voie : on approche
du Sahara. A 5 heures, je parviens à Tikirt, où je m’arrête.

[Illustration : Djebel Anremer et village de Tazentout. (Vue prise
du mellah de Tikirt.)

Croquis de l’auteur.]

Peu de voyageurs sur le chemin, quoique le pays soit très
habité. L’Ouad Imini, que j’ai traversé avant d’arriver, a 9
mètres de large et 30 centimètres de profondeur ; peu de courant ;
il coule au milieu d’un lit de gros galets, large d’environ 700
mètres. Cette rivière est moins considérable comme volume d’eau
que l’Ouad Iounil, qui, deux heures plus haut, avait, avec un courant
très rapide, la même profondeur que lui et une largeur de 10 mètres.


                         5o. — SÉJOUR A TIKIRT.


Parmi les pays indépendants, ceux du sud du Grand Atlas présentent,
en leur organisation sociale, des différences avec ceux du nord. Dans
ceux-ci, une seule unité, la tribu ; un seul état social, l’état
démocratique ; aucun lien n’unit les tribus entre elles. La tribu
est une grande famille avec ses subdivisions naturelles, tente ou
maison, douar ou village, groupe de plusieurs centres habités, et
ainsi de suite ; le fractionnement est d’autant plus grand que la
tribu est plus nombreuse. Chaque groupe se gouverne à part comme
bon lui semble, au moyen d’une assemblée où chaque famille est
représentée, _djemaạa_ en arabe, _anfaliz_ en tamaziṛt. Quelques
hommes y ont souvent la prépondérance, mais sans titre ni droit
reconnu. Les affaires concernant la tribu entière se règlent
d’après le même principe ; les petites tribus réunissent tous
leurs membres pour délibérer ; dans les grandes, telles que les
Zaïan, les Beni Zemmour, les Smâla, où les premières fractions
sont elles-mêmes nombreuses et souvent peu unies entre elles, ces
fractions se concertent et se décident séparément, s’inquiétant
ou ne s’inquiétant pas du parti pris par les autres. Dans certaines
tribus, telles que les Aït Ạtab, les Aït Bou Zîd, il y a des
_qanoun_, codes de lois, auxquels les habitants sont tenus de se
soumettre, et que l’assemblée générale fait respecter. Chez
la plupart, cela n’existe pas ; les assemblées ne s’occupent
point des particuliers ; tout leur est permis : s’il s’élève
des différends, soit entre familles, soit entre fractions, elles
les tranchent entre elles à coups de fusil. Ici, avec la liberté
entière, la division à l’infini, la désunion complète ; là, avec
un peu plus d’ordre et d’unité, c’est toujours la démocratie
absolue. Les différentes tribus n’ont d’autres relations que les
guerres et les alliances qu’elles font momentanément entre elles.

Au sud du Grand Atlas, nous trouvons trois unités : la tribu, le
village, le district ; deux liens entre elles, la confédération
et le vasselage ; deux états sociaux, le gouvernement par des chefs
héréditaires et le régime démocratique. La tribu se rencontre et
parmi les Imaziṛen et parmi les Arabes, avec son fractionnement
naturel, le même en tous lieux : tels sont les Zenâga, les Aït
Jellal, les Aït Seddrât, les Berâber. A côté d’elle se trouvent
des villages isolés, sans aucun lien entre eux ; ils sont habités,
les uns par un mélange de Chellaḥa et de Ḥaraṭîn, d’autres
par des membres de tribus diverses, d’autres par des cherifs ou des
marabouts. Parmi ces villages, quelques-uns restent isolés, comme
Qaçba el Djouạ, Iliṛ ; la plupart, pour résister aux invasions
des tribus voisines, s’unissent entre eux par groupes d’un certain
nombre ; ils forment ainsi ce que nous appellerons des districts : tels
sont Arbạ Mia, Tizgi, Ouad Noun, Tisint. Tribus, villages isolés
et districts s’unissent entre eux par deux sortes de liens. Le
premier est la confédération ; elle est formée de la collection
de plusieurs de ces unités, quelles qu’elles soient, groupées
pour former une masse plus compacte : telle est la confédération du
Dâdes, tels sont les nombreuses tribus et les qçars confédérés
avec les Aït Ạmer. Inutile de dire que ces confédérations sont
soumises à des changements : tantôt un groupe s’en détache,
tantôt un autre s’y joint. Le second lien dont nous avons parlé
est une sorte de vasselage : des tribus, des districts, se déclarent
vassaux soit d’un chef, soit d’une tribu plus puissante[45] :
les vassaux sont tenus à une redevance annuelle, le suzerain
s’engage en retour à respecter leurs personnes et leurs biens ;
là se bornent les obligations mutuelles : c’est ainsi que Tisint,
Tatta, sont vassaux des Ida ou Blal, que ceux-ci le sont des Berâber.

Tribus, districts, villages, vivent les uns sous le régime despotique,
les autres sous le régime démocratique ; les premiers sont gouvernés
par des familles où le pouvoir suprême, avec le titre de chikh[46],
est héréditaire : tels sont les Aït Ạmer, les Zenâga, le
Mezgîṭa. L’autorité de ces chikhs n’est pas lourde pour leurs
sujets ; parents plus ou moins proches d’un grand nombre d’entre
eux, force leur est de ménager ces alliés naturels ; d’ailleurs
il est de leur intérêt de n’indisposer personne ; ils laissent
à leurs administrés grande liberté et ne leur demandent que trois
choses : payer une légère redevance, les suivre quand ils font
la guerre, ne pas trop se battre, se piller ni se voler entre eux :
ce n’est permis qu’avec les étrangers. Pour le reste, licence
complète. Tel est, dans le sud du Maroc, ce que, faute d’autre nom,
j’appelle le régime despotique.

Quant au régime démocratique, les tribus ou districts qui l’ont
adopté le possèdent avec les nuances les plus diverses. Chez les uns,
tels que les Ilalen, les Iberqaqen, règne le système établi dans le
nord : tribus, fractions, villages, se gouvernent par l’assemblée
de tous leurs membres. Ailleurs, comme dans les qçars de Tisint, de
Tatta, l’assemblée garde entre ses mains la puissance souveraine et
confie le pouvoir exécutif à un chikh qu’elle élit ; quelquefois
elle laisse ce titre longtemps dans la même maison, quelquefois
elle le porte sans cesse de l’une à l’autre. Certaines tribus,
telles que les Ida ou Blal, les Aït ou Mrîbeṭ, les Isaffen, se
divisent en fractions ayant chacune à leur tête une famille où la
dignité de chikh est héréditaire ; tantôt le pouvoir de ces chefs
est assez grand, comme chez les Aït ou Mrîbeṭ et les Isaffen ;
tantôt, comme chez les Ida ou Blal, leur seule prérogative est
de conduire leurs frères dans les combats. Enfin il y a un dernier
système, spécial aux Berâber, aux Aït Seddrât et aux Imeṛrân :
c’est celui des _chikh el ạam_, « chikhs nommés pour un an » ;
les tribus se gouvernent au moyen d’assemblées, mais dans chaque
fraction, chaque district, le pouvoir exécutif est entre les mains
d’un chikh qu’on élit chaque année.

S’il existe dans ces régions une organisation politique plus
complète que dans le nord, il ne faudrait pas en conclure qu’il
y règne beaucoup plus d’ordre ; l’administration intérieure
de chaque village se fait assez régulièrement, mais c’est tout ;
de tribu à tribu, de fraction à fraction, de district à district,
de village à village, les guerres sont continuelles ; trois motifs en
produisent la plupart : entre sédentaires, les contestations au sujet
des eaux et des canaux ; entre nomades, le pillage injuste de vassaux
que l’honneur commande de venger ; entre sédentaires et nomades,
la cupidité de ceux-ci, qui les porte à attaquer les premiers pour
les dépouiller. Je n’ai pas été dans une seule région au sud de
l’Atlas, sans y trouver, pour une de ces trois causes, la guerre,
soit intestine, soit avec des voisins.

Les divers territoires que j’ai traversés depuis les Glaoua,
Assaka, Tizgi, Aït Zaïneb, appartiennent, les premiers à des
districts isolés, le dernier à une petite tribu. Les uns et les
autres sont indépendants de fait, mais reconnaissent la suzeraineté
du sultan. Les marques de soumission qu’ils lui donnent se bornent
à l’envoi annuel au Glaoui d’un présent dont la valeur varie
entre 50 et 200 francs ; de plus, si l’on prend des voleurs, on les
expédie à Imaounin. L’Assaka, le Tizgi, se gouvernent par leurs
assemblées, _anfaliz_. Les Aït Zaïneb ont un chikh héréditaire,
Chikh Moḥammed, qui réside à Tikirt ; il ne domine que sur
une partie de sa tribu, celle qui est à l’est d’Imzouṛen ;
le reste, Imzouṛen, Tizgzaouin, Tadoula, s’est depuis peu rangé
volontairement sous la domination du chikh de Tazenakht, ez Zanifi :
cela s’est fait sans guerre ; la bonne intelligence des deux chefs
n’a pas été troublée.

Ici le tamaziṛt est non seulement la langue générale, c’est
presque la langue unique : à peine si un homme sur cinq, une femme
sur vingt, savent l’arabe.

Le costume est le même qu’à l’entrée des Glaoua ; mais les
femmes, qui dans le nord portaient peu de bijoux, en ont une foule et,
en outre, se peignent la figure. Jusqu’ici un fil de verroteries
mêlées de grains de corail et de pièces d’argent suspendu
au cou, un second placé dans les cheveux, étaient leurs seuls
ornements. Désormais elles se couvriront d’énormes colliers
d’ambre et de corail, de bracelets, de broches, de diadèmes,
de pendants d’oreilles et d’autres volumineuses parures d’argent.

Dans le Grand Atlas, nous avons trouvé le lait et le miel en
abondance. Ici il en a été de même ; plus loin, ces deux choses
seront rares. On cesse de pouvoir se procurer du savon au sud de
Tikirt ; jusqu’ici on en fabriquait dans toutes les bourgades
de quelque importance : c’était une spécialité lucrative des
Juifs ; au delà des Aït Zaïneb, il ne s’en fait plus, il ne
s’en vend plus sur les marchés. Pour laver les vêtements, on se
sert de certaines herbes ; le blanchissage ainsi obtenu est médiocre.

[Illustration]

Je profite de mon séjour à Tikirt pour aller visiter les ruines de
Tasgedlt, célèbres dans le pays et objet de mille légendes. Elles
se composent d’une enceinte presque carrée, jadis garnie de tours
sur tout son développement. Les murailles, épaisses, ont dû être
en maçonnerie à la base, en pisé dans le haut. Il en reste peu
de chose : une partie des murs s’est écroulée ; le reste, très
écrêté, tombe chaque jour davantage. La partie sud est la mieux
conservée ; on y voit 7 ou 8 tours ayant encore 3 à 4 mètres. A
l’intérieur de l’enceinte, s’élèvent des monceaux de pierres
ne présentant que des débris informes. La forteresse est construite
en amphithéâtre sur une côte rocheuse, d’une pente de 1/2, dont
elle couvre toute la hauteur ; dans sa portion nord, cette côte se
transforme brusquement en une muraille verticale où s’ouvrent les
bouches de plusieurs cavernes. Une ancienne citadelle, des cavernes,
voilà plus qu’il n’en faut aux habitants pour voir ici une trace
du passage des Chrétiens. D’ailleurs l’histoire n’est-elle pas
là pour prouver la vérité de cette opinion, histoire écrite en
des livres qu’on n’a pas pu me montrer, mais dont le contenu est
dans la mémoire de chacun. Naguère, il y a bien des siècles, trois
princesses, filles d’un roi chrétien, régnaient sur ces contrées :
l’une, Doula bent Ouâd, résidait en cette forteresse de Tasgedlt ;
une autre, Zelfa bent Ouâd, en habitait une semblable, sur les bords
de l’Asif Marṛen, près de Teççaïout ; la troisième, Stouka
bent Ouâd, une semblable encore à Taskoukt, sur l’Ouad Imini : en
ces trois lieux se voient des ruines pareilles. Les Musulmans firent
longtemps la guerre aux trois princesses chrétiennes et finirent
par les chasser. Il est plus probable que les trois qaçbas sont
l’œuvre d’un même sultan, celui sans doute qui construisit le
pont de l’Ouad Rḍât.

[Illustration : Ruines de Tasgedlt. (Vue d’ensemble, prise du lit
de l’Ouad Tidili.)

Croquis de l’auteur.]

[Illustration : Ancienne porte à l’angle nord de l’enceinte de
Tasgedlt. (Vue prise du nord-ouest.)

Croquis de l’auteur.]

Dans cette excursion, je passe auprès du confluent des ouads
Iriri et Imini ; ils se réunissent dans une plaine triangulaire
semblable à celle de Tikirt : même sol vaseux, bas et plat,
couvert de cultures, et en hiver inondé ; pas d’arbres, si ce
n’est quelques-uns auprès des villages ; champs d’orge, de
blé, surtout de maïs. On laboure avec des charrues à soc de fer,
traînées par des bœufs ; ces derniers sont assez nombreux dans
le pays, ainsi que les moutons et les chèvres ; depuis le Telouet,
on voit quelques chameaux. L’Ouad Imini, au-dessous du confluent,
a peu d’eau, 1m,50, avec 40 centimètres de profondeur : ce mince
filet court au milieu d’un lit de gros galets mesurant plus de 500
mètres d’une rive à l’autre. Plus haut, en face de Tasgedlt,
la même rivière a 200 mètres de large et est à sec, non par
manque d’eau, mais parce que les habitants la font dériver pour
arroser leurs plantations ; si je n’en rencontre pas dans l’ouad,
je traverse plusieurs larges conduites où elle coule à pleins
bords. Chaque tribu, chaque village, a droit à une quantité d’eau
déterminée ; des traités, des qanouns la règlent. Les canaux sont
une source de contestations et de querelles fréquentes entre villages
et entre fractions. Ces démêlés se vident comme ils se vident tous,
par la poudre : en ce moment, les gens de l’Imini et les Aït Touaïa
sont en hostilités avec les Aït Zaïneb pour ce motif. Rarement ces
guerres sont meurtrières ; elles se bornent la plupart du temps à
quelques coups de fusil échangés à la frontière.

[Illustration : Plaine où s’unissent les ouads Iounil, Iriri et
Tidili. (Vue prise du chemin de Tizgzaouin à Imzouren.)

Croquis de l’auteur.]


                     6o. — ADRAR N DEREN ET SIROUA.


« Les montagnes tournent tout autour de notre pays, » disent les
habitants de Tikirt. En effet, de quelque côté qu’on jette
les yeux, on ne voit que massifs sombres. Au sud et à l’est,
ce sont les flancs des ouads Iounil d’une part, Imini et Idermi de
l’autre, talus rocheux de 150 à 200 mètres de haut, que nous avons
décrits. Au nord et à l’ouest, ce sont de très hautes crêtes, la
plupart couvertes de neige, se perdant dans les nuages. On distingue
de Tikirt plusieurs sommets remarquables et plusieurs cols : Djebel
Anṛemer, Tizi n Telouet, Tizi n Tichka, Tizi n Tamanat, Djebel
Tidili, Djebel Siroua. Les premiers appartiennent à la chaîne du
Grand Atlas, qu’on appelle ici _Adrar n Deren_[47] ; quant au Siroua,
c’est le pic culminant d’un massif qui s’élève entre le Grand
et le Petit Atlas et sépare le bassin du Sous de celui du Dra.

Voici quelques détails sur ces différents points.

_Djebel Anṛemer_. C’est de cette montagne que sort l’Ouad
Iounil ; aussi lui donne-t-on quelquefois le nom de Djebel Ounila. A
son sommet est un étang, toujours rempli d’eau, même par les étés
les plus brûlants ; nul n’en connaît la profondeur ; au-dessous,
la source de l’Ouad Iounil jaillit au milieu des rochers. Cet
étang est un objet de vénération profonde pour les Musulmans
des environs. Le premier jour de chaque année, ils y montent en
pèlerinage et y immolent des brebis et des chèvres. Souffre-t-on
de la sécheresse ? les Iounilen, les gens de l’Assaka, les Aït
Zaïneb, se cotisent à raison d’une mouzouna par tête, achètent
des moutons, et vont les sacrifier sur ses bords.

_Tizi n Telouet_. C’est le col où j’ai franchi le Grand Atlas. Il
fait partie du Tizi n Glaoui. On appelle ainsi la forte dépression
qui se trouve en face d’ici dans l’Adrar n Deren, et que limitent
à l’est le Djebel Anṛemer, à l’ouest le Djebel Tidili. Ce
tronçon de la chaîne porte le nom général de Tizi n Glaoui ;
il renferme trois cols, ceux de Telouet, de Tichka et de Tamanat.

_Tizi n Tichka_. Col conduisant de la vallée de l’Asif Marṛen dans
celle de l’Ouad Rḍât, à Zarakten par exemple. L’Ouad Tichka,
qui en descend, se jette dans l’Ouad el Melḥ, à Imirṛen. Quand
le col de Telouet est encombré par les neiges et que celui de Tichka
est, par extraordinaire, praticable, on passe par ce dernier.

_Tizi n Tamanat_. Col donnant accès de la vallée de l’Ouad Imini
dans la tribu des Mesfioua. C’est un troisième chemin pour gagner
Merrâkech. De ces trois routes, la plus courte est la dernière,
mais la plus facile et de beaucoup la plus fréquentée est celle du
Tizi n Telouet. L’Ouad Tamanat, qui descend du col, se jette dans
l’Ouad Imini.

_Djebel Tidili_. Ce mont, ainsi que ceux qui l’entourent, a le sommet
couvert de neige ; c’est dans son flanc que l’Ouad Imini prend
sa source. A l’ouest du Djebel Tidili, la chaîne se continue par
une longue suite de crêtes neigeuses qui se perdent dans les nuages.

_Djebel Siroua_. C’est la plus haute des montagnes voisines,
au dire des habitants. Seul parmi elles, il a son sommet couvert de
neiges éternelles. Sur les autres cimes visibles d’ici, tantôt la
neige persiste l’été, tantôt elle fond, suivant que l’année
est plus ou moins chaude. Sur les pentes du Siroua se trouve un col
conduisant de la tribu des Aït Tedrart dans le Sous. Les flancs du
massif renferment, dit-on, des minerais ; les habitants n’en savent
pas tirer parti.

Ces montagnes sont toutes également nues, également rocheuses ;
point d’arbres, point de végétation, rien que des pierres. Point
de bêtes fauves, pas d’autre gibier que des gazelles et des
mouflons[48].

Les trois cols du Tizi n Glaoui sont praticables toute l’année ;
cependant, en hiver, il y tombe parfois une grande quantité de
neige : lorsque la couche est trop épaisse pour qu’on puisse
franchir la montagne, les voyageurs attendent dans les villages les
plus rapprochés du sommet et passent à la première éclaircie. Il
en est de même des cols qui, plus à l’est, mettent en relations
Demnât et les Haskoura, Ouaouizert et l’Oussikis.


               7o. — QUELQUES MOTS SUR L’ATLAS MAROCAIN.


[Illustration]

Nous sommes ici en plein cœur de l’Atlas. Il est temps de donner
quelques détails sur la façon dont nous comprenons le système
montagneux du Maroc.

Les montagnes du Maroc se composent pour nous de deux massifs
distincts, séparés par une large trouée. Ce sont : d’abord
le massif de l’Atlas, qui le traverse tout entier dans sa plus
grande longueur, du sud-ouest au nord-est ; puis le massif Rifain
qui, commençant vers Nemours, longeant la côte jusqu’à Ceuta,
percé par le détroit de Gibraltar, décrit une large courbe et se
retrouve en Espagne, dans la Sierra Nevada. Ces deux longs massifs
aux lignes courbes, partant presque d’un point commun et allant
en divergeant, ressemblent aux ondes d’un courant marin qui se
diviserait vers Tlemsen en deux bras, dont le principal continuerait
à suivre la direction générale du courant primitif en fléchissant
un peu vers le sud, tandis que l’autre, secondaire, s’élancerait
vers l’ouest, puis tournerait brusquement vers le nord et de
là vers l’est. La démarcation entre les deux massifs est très
nettement dessinée : de Lalla Maṛnia à Fâs, une large trouée
les sépare : plaine d’Angad jusqu’à la Mlouïa, même plaine
se prolongeant sous d’autres noms jusqu’à l’Ouad Innaouen,
vallée de cette rivière jusque auprès de Fâs. A partir de cette
ville, la trouée s’élargit encore ; c’est la vallée du Sebou,
qui va en s’épanouissant jusqu’à la mer.

Nous ne nous occuperons point du massif Rifain, dont nous n’avons vu
qu’une petite portion. Il semble d’ailleurs bien représenté sur
la carte de M. le capitaine Beaudoin, qui avait recueilli, sur cette
contrée en particulier, un nombre considérable de renseignements. De
plus, les levés de nos officiers d’état-major en comprennent une
partie, s’étendant de Nemours à la Mlouïa, région qui est connue
par conséquent avec exactitude.

Quant au massif de l’Atlas, nous l’avons traversé deux fois
dans tout son ensemble, et nous avons parcouru en quelques détails
certaines de ses parties. Nous allons essayer de le décrire tel
qu’il nous paraît être.

Expliquons d’abord les termes dont nous nous servons. Le nom
d’Atlas, appliqué primitivement par les anciens aux seules cimes
neigeuses qui s’élèvent au centre du Maroc, a été étendu ensuite
par quelques écrivains latins à l’ensemble du massif qui traverse
le Maṛreb. On lui a conservé cette signification ; le large dos
qui commence à l’Océan entre Mogador et l’embouchure du Dra et
finit à la Méditerranée au cap Bon, après avoir traversé le Maroc,
l’Algérie et la Tunisie, porte encore aujourd’hui le nom général
d’Atlas. On peut le distinguer en Atlas Marocain, Atlas Algérien,
Atlas Tunisien. Cette division est la seule qu’il comporte[49]. Quant
aux termes de Grand et de Petit Atlas, ils s’appliquent uniquement
à certaines parties de l’Atlas Marocain : ainsi l’entendait
Ptolémée, qui s’est servi le premier de ces expressions : il les
emploie pour désigner deux chaînes déterminées de ce massif. Nous
nous conformerons en partie à sa nomenclature, réservant ces noms
pour les deux chaînes du Maroc auxquelles ils paraissent le mieux
s’appliquer.

L’Atlas Marocain se compose essentiellement de trois chaînes
parallèles : l’une très haute, presque toujours couronnée de
neige ; elle est connue depuis longtemps sous le nom de Grand Atlas :
nous le lui conserverons ; une autre, au sud de celle-ci, suivant une
direction parallèle, mais moins élevée : nous l’appellerons Petit
Atlas ; ces deux chaînes, les deux seuls hauts massifs visibles de
la côte[50], étaient sans doute celles qu’on avait signalées à
Ptolémée, quoique dans ses écrits il en ait interverti l’ordre ;
la troisième, ne commençant que loin dans l’intérieur, a dû
lui être inconnue : elle est située au nord du Grand Atlas ;
moins élevée que ce dernier, elle l’est plus que le petit :
nous l’appellerons Moyen Atlas, nom correspondant à sa hauteur.

Il y a nécessité à donner à ces chaînes des appellations
tirées de notre langue, aucune d’elles n’en possède dans le
pays. Chaque sommet, chaque col, chaque vallée, a un nom spécial ;
nulle part il n’est de nom qui désigne l’ensemble d’une
chaîne. C’est facile à expliquer : le Marocain ne voyage pas ;
il connaît les montagnes de son pays, mais ne connaît qu’elles ;
il ne sait pas si elles se lient à d’autres, il ne le demande pas :
dans ces conditions, les noms particuliers suffisent et peuvent
seuls exister. Une seule chaîne en a un général, encore ne le
possède-t-elle que sur une partie de sa longueur : le Grand Atlas,
du Ḥaḥa à l’extrémité orientale du Tizi n Glaoui, porte le
nom d’Adrar n Deren. Cette appellation s’appliquant à peine à
la moitié de la chaîne, nous ne pouvons nous en servir. Force nous
est d’adopter pour tout le massif des noms de convention.

L’Atlas Marocain, avons-nous dit, paraît formé essentiellement
de trois chaînes parallèles, dont l’orientation approximative
serait de l’ouest-sud-ouest à l’est-nord-est : nous les avons
appelées Grand Atlas, Moyen Atlas et Petit Atlas.

1o _Grand Atlas_. — Des trois chaînes, c’est de beaucoup la plus
connue : visible de Merrâkech, visitée par plusieurs voyageurs,
explorée dans sa partie occidentale par MM. Hooker et Ball, franchie
au nord de Taroudant par M. le docteur Lenz, auprès des sources du
Ziz par Caillé et par M. Rohlfs, nous l’avons nous-même passée en
trois points, vers le centre, au col des Glaoua, à son extrémité
ouest, entre Agadir Iṛir et Mogador, et non loin du point où elle
expire vers l’est, à hauteur de Qçâbi ech Cheurfa. De plus,
nous en avons longé le pied sur presque toute sa longueur, le pied
nord de Misour (Mlouïa) à Qçâbi ech Cheurfa et de Ouaouizert à
Zaouïa Sidi Reḥal, le pied sud d’Agadir Iṛir aux Menâba et du
Dâdes au Qçar es Souq. C’est une longue chaîne non interrompue,
mais percée d’un grand nombre de cols (col de Bibaouan, Tizi
n Ouichdan, Tizi n Tamejjout, etc., débouchant dans la vallée du
Sous ; Tizi n Tamanat, Tizi n Tichka, Tizi n Telouet, Tizi n Amzoug,
Tizi n Tarkeddit, Tizi Aït Imi, Tizi Ou Rijimt, etc., débouchant
dans la vallée du Dra ; Tizi n Telṛemt, débouchant dans la
vallée du Ziz ; Tizi n Tanslemt, débouchant dans la vallée du
Gir). Les principales altitudes observées sont : 1250m (col de
Bibaouan, M. Lenz) ; 3350m (mont Teza, M. Hooker) ; 3475m (mont
Miltsin, Washington) ; 3500m,4 (col de Tagherot, M. Hooker) ; 2634m
(col de Telouet, au point où nous avons franchi la chaîne chez les
Glaoua) ; 2182m (col de Telṛemt, où nous l’avons passée près
d’El Qçâbi). Partout, j’ai vu le faîte du Grand Atlas couvert
de neige, excepté à la grande dépression du Tizi n Glaoui : à
juger d’après la hauteur de la portion blanche, la partie la plus
élevée de la chaîne serait celle qui est située au nord du Dâdes,
du Todṛa, du Ṛeris, du pays de Ziz. Dans ce groupe, le massif du
Djebel El Ạïachi domine de beaucoup les autres sommets. Est-il le
point culminant du Grand Atlas ? Il le semble ; rien ne le prouve. La
neige commence sur la chaîne, vers l’ouest, à l’orient du col
de Bibaouan ; elle y finit, vers l’est, aux dernières pentes du
Djebel El Ạïachi : après ce massif, il n’y en a plus trace. De
Bibaouan à l’Océan, le Grand Atlas s’abaisse rapidement. Au
delà du Djebel El Ạïachi, il décroît d’une façon continue
et finit par expirer dans le Ḍahra. Où exactement ? A quelle
distance du Djebel El Ạïachi ? Nous ne le savons pas. La crête
du Grand Atlas paraît être une arête et non un plateau. Elle ne
présente l’aspect d’une ligne uniforme que vers ses extrémités
orientale et occidentale, où elle est dépourvue de neige ; partout
ailleurs, elle se découpe en nombreuses dentelures. Le versant nord
est en général boisé ; le versant sud est nu, pure roche, dans
les bassins du Dra, du Ziz et du Gir, en partie boisé dans celui de
l’Ouad Sous. Les forêts renferment, dit-on, d’abondant gibier,
sans aucune bête féroce.

2o _Moyen Atlas_. — Cette chaîne est de beaucoup la moins connue. Du
col de Telṛemt, nous en avons entrevu une portion : c’était une
longue crête uniforme couverte de neige, se relevant en un point
pour former un pic, le Djebel Tsouqt, et finissant brusquement par une
haute falaise, le Djebel Oulad Ạli. Où commence cette chaîne ? où
finit-elle ? On ne saurait le dire d’une façon certaine. Pour nous,
elle commence au nord de Demnât, à la trouée de la Teççaout,
où ses dernières pentes viennent se confondre avec celles du Grand
Atlas. C’est elle que traverse l’Ouad el Ạbid dans le long
kheneg qu’il se creuse, c’est elle qui borne au sud la plaine
du Tâdla et qui sépare sur toute leur longueur les bassins de
l’Oumm er Rebiạ et de l’Ouad el Ạbid, c’est elle que nous
avons franchie en allant de Qaçba Beni Mellal à Ouaouizert : elle
n’avait là, au col, que 1529m d’altitude ; les sommets pouvaient
être à 1900m. La chaîne commençait ; depuis Demnât, elle ne cesse
de s’élever jusqu’au Djebel Tsouqt, qui paraît en être le point
le plus haut. Où finit-elle ? S’arrête-t-elle brusquement, comme
elle le semble, au Djebel Oulad Ạli et au Djebel Reggou ? Nous ne le
pensons pas. Pour nous, la trouée subite qui se trouve à l’est de
ces monts est un large kheneg que s’est percé la Mlouïa dans la
chaîne ; les monts Debdou (1648m) seraient le prolongement naturel
de celle-ci, et elle irait expirer avec eux sur les hauts plateaux
du Ḍahra. Le Moyen Atlas commencerait donc au nord de Demnât,
atteindrait son point culminant au Djebel Tsouqt, et se continuerait
jusqu’au Ḍahra, où il viendrait mourir, comme l’a fait le Grand
Atlas. Les deux versants sont boisés : de Demnât à Debdou, ils ne
sont qu’immenses forêts, pleines de gibier et de bêtes sauvages,
les seules du Maroc où il y ait des lions[51].

3o _Petit Atlas_. — C’est le plus connu après le grand. M. Lenz
l’a franchi au sud d’Iliṛ (1100m). M. Rohlfs en a suivi
longtemps le pied nord. Enfin il a été un des principaux objets
de mes recherches : j’en ai longé le pied méridional de Tisint
à Aqqa, le pied septentrional d’Agadir Iṛir aux Menâba et du
Dâdes au Ṛeris ; je l’ai traversé en six points différents,
aux cols d’Iberqaqen, d’Azrar, de Haroun, d’Agni, de Tifernin,
d’Iṛil n Oïṭṭôb. Il avait à ces passages : 1912m, 1934m,
2059m, 1674m, 1872m, 2280m d’altitude ; ce sont, à peu de chose
près, les hauteurs de la ligne culminante, car le Petit Atlas
est couronné presque partout d’un large plateau à ondulations
légères : ce plateau, pierreux dans la partie orientale de la chaîne
(celle qui est à l’est du Dra et qui porte le nom de Saṛro),
l’est moins dans la partie centrale, où le tapissent de longues
étendues d’ḥalfa, et, vers l’ouest, se garnit d’une couche
de bonne terre, se couvre de champs, d’amandiers et de villages,
et forme une des plus riches contrées du Maroc. Le versant sud du
Petit Atlas est nu et rocheux. Le versant nord l’est aussi dans les
bassins du Dra et du Ziz ; mais il est boisé dans celui du Sous, au
pied seulement vers l’est, en entier vers l’ouest. Peu de gibier ;
point de bêtes féroces. La hauteur de la chaîne ne présente nulle
part de brusques variations : la crête a partout l’aspect d’une
ligne horizontale ; en trois endroits, à hauteur de Taroudant, aux
environs du col d’Azrar et dans le Saṛro, j’y ai distingué
quelques filets de neige : c’étaient d’étroits sillons à
peine visibles. Le Petit Atlas commence auprès de l’Océan[52] :
où finit-il ? Nous ne le savons pas. Nous supposons qu’il expire
dans les hauts plateaux qui se trouvent à l’ouest de l’Ouad Ziz :
la chaîne paraît s’abaisser sans cesse du Dâdes au Ṛeris ; de
ce dernier point, on l’aperçoit se prolongeant dans le lointain et
décroissant toujours. De Qçar es Souq, on ne la distingue plus :
on ne voit vers le sud, le sud-ouest, le sud-est, qu’une plaine
immense s’étendant jusqu’à l’horizon. Je conjecture donc que le
Petit Atlas meurt avant d’atteindre les bords du Ziz. Les plateaux
où il finit se continuent au delà de ce fleuve et se prolongent
jusqu’en Algérie.

Telles sont les trois chaînes qui forment la portion fondamentale
de l’Atlas Marocain. Après elles, on peut en citer deux autres,
secondaires. Les directions en sont parallèles à celle des
premières. Elles sont situées, l’une, le Bani, au sud du Petit
Atlas ; l’autre, dont semblent faire partie le plateau d’Oulmess
et les monts des Ṛiata, au nord du Moyen Atlas.

Le Bani est une étroite digue de roche nue, peu élevée, ayant dans
sa partie centrale 924m d’altitude. Il commence à l’Océan,
au sud d’Ouad Noun, et se prolonge au delà de l’Ouad Dra, qui
le traverse au kheneg de Foum Taqqat, au-dessous de Tamegrout. Où
finit-il ? Nous l’ignorons. Il expire sans doute, comme le Petit
Atlas, entre le Dra et le Ziz. Nous avons franchi plusieurs fois le
Bani, nous en avons longé le pied durant quelque temps, et sur les
parties que nous n’avons pas vues nous possédons des renseignements
précis. Les traits généraux de cette chaîne peuvent donc être
considérés comme connus avec quelque certitude.

Il n’en est pas de même pour l’autre, pour celle dont je
crois voir des portions dans le plateau d’Oulmess et le Djebel
Ṛiata. Elle semble avoir son origine entre Oulmess et l’Océan,
passerait à quelque distance au sud de Sfrou, serait traversée par
le Sebou à un kheneg, atteindrait la Mlouïa sous le nom de Djebel
Ṛiata ; ce fleuve s’y fraierait un large passage au nord de la
plaine de Tafrâta, et elle se prolongerait ensuite sans interruption
jusqu’à Tlemsen par les monts Mergeshoum, Beni Bou Zeggou, Zekkara,
Beni Snous. La chaîne commencerait à l’ouest d’Oulmess, aurait
un de ses points culminants au pic des Ṛiata, et se continuerait
jusqu’en Algérie. La partie occidentale, jusqu’à la Mlouïa, est
couverte de grandes forêts et peuplée de fauves ; les panthères y
abondent. La région orientale possède aussi des bois et les mêmes
animaux sauvages, mais à un degré moindre. La chaîne a été
franchie par Caillé sur le territoire des Aït Ioussi, par M. Rohlfs
sur celui des Beni Mgild, par nous sur celui des Zaïan. L’altitude
en est de 1290m à Oulmess, de 1517m à Douar S. Ạbd Allah (Rohlfs).

Dans ce large massif de l’Atlas Marocain, formé de cinq chaînes
parallèles, dont trois essentielles et deux secondaires, on voit
qu’il y a une arête principale, le Grand Atlas, dominant de beaucoup
tout le reste ; la plupart des fleuves du Maroc, Mlouïa, Ouad el
Ạbid, Tensift, Sous, Dra, Ziz, Gir, y prennent leur source. Après
lui, vient le Moyen Atlas, le second en hauteur ; deux fleuves sortent
de son flanc : l’Oumm er Rebiạ et le Sebou. La moins élevée des
trois chaînes principales est le Petit Atlas ; il ne donne naissance
qu’à des rivières. Quant aux deux chaînes secondaires, seuls de
petits cours d’eau en sortent.

Ces chaînes parallèles forment entre elles trois rigoles où coulent
bout à bout tous les fleuves marocains : Oumm er Rebiạ et Sebou
entre le Moyen Atlas et la chaîne Oulmess-Ṛiata ; Ouad el Ạbid
et Mlouïa, entre le Grand Atlas et le Moyen Atlas ; Sous et Dra
supérieur, entre le Grand Atlas et le Petit Atlas. Le Dra, ayant
percé l’un après l’autre le Petit Atlas et le Bani, coule ensuite
au pied de ce dernier, parallèlement à la direction des crêtes. Dans
ces rigoles, les fleuves sont séparés à leur source, tantôt par des
plaines, si unies qu’il faut le baromètre pour trouver la ligne de
partage des eaux, tantôt par des massifs montagneux. Au nord du Moyen
Atlas, un plateau montueux, le Fezaz, fait la limite entre les bassins
du Sebou et de l’Oumm er Rebiạ. Entre le Grand et le Moyen Atlas,
les bassins de la Mlouïa et de l’Ouad el Ạbid sont divisés
par les hautes cimes du Djebel el Ạïachi et des plateaux très
élevés qui s’en détachent. Entre le Grand Atlas et le petit,
le Dra est séparé du Sous par un massif montagneux que domine le
Siroua, du Ziz par une large plaine. Du Ziz au Gir s’étendent
également des plaines.

Tel est le massif Atlantique au Maroc : tel du moins il me paraît
être. Il faudra encore bien des voyages, bien des travaux, pour
déterminer avec exactitude ce qu’il est. Les chaînes du Grand
Atlas, du Petit Atlas et du Bani sont relativement connues ; mais
celles du Moyen Atlas et d’Oulmess-Ṛiata le sont de la manière
la plus incertaine.


[Note 42 : Il n’en est plus ainsi maintenant. Les Entifa se sont
révoltés. Voici ce qu’on lit à leur sujet dans le _Réveil du
Maroc_ du 25 février 1885 : « A Entifa, le gouverneur s’est vu
dans la nécessité de prendre la fuite à la suite de l’attaque
dont il a été l’objet de la part de ses administrés, qui ont
détruit et pillé son château. »]

[Note 43 : Dans ces rochers, on aperçoit de loin une plante curieuse
que, dans le cours de mon voyage, j’ai vue en quatre endroits :
là ; dans les escarpements qui dominent le village d’Aït Sạïd
(Tâdla) ; sur les pentes septentrionales du Petit Atlas ; dans les
territoires des Ilalen et des Chtouka ; enfin dans les falaises
des Ḥaḥa, au bord de l’océan Atlantique. Cette plante, la
_taçouout_, paraît ne pousser que dans les lieux rocheux.]

[Note 44 : Imaounin porte aussi le nom de Dar el Qaïd et celui de
Dar el Glaoui. Le qaïd des Glaoua n’est point héréditaire ; il
est nommé par le sultan et change fréquemment ; quel qu’il soit,
on l’appelle _el Glaoui_. C’est un usage général au Maroc de
désigner les gouverneurs du nom de leurs provinces ; on dit ainsi :
_el Demnâti_, _el Entifi_, etc.]

[Note 45 : Cet acte de vasselage est la _debiḥa_, dont nous parlerons
en détail plus loin.]

[Note 46 : _Chikh_ en arabe, _amṛar_ en tamaziṛt.]

[Note 47 : _Adrar n Deren_, mot à mot « mont de Deren ». Deren est
un nom propre, sans signification. Cette expression est universellement
employée ici pour désigner le Grand Atlas ; dans le bassin du Sous,
elle l’est de même ; dans le Dâdes et au delà, on ne la connaît
plus. Elle s’applique donc à toute la portion occidentale de la
chaîne, jusqu’au Tizi n Glaoui inclusivement.]

[Note 48 : Mouflons à manchettes. C’est l’animal que les Arabes
appellent _aroui_, et les Imaziṛen _aoudad_. Ce gibier est le seul
qui se rencontre dans les déserts pierreux du Petit Atlas et dans le
Bani. J’ai vu des mouflons apprivoisés à Tazenakht et à Tisint.]

[Note 49 : Voir, sur ce sujet, _Géographie de l’Algérie_, par
M. O. Mac Carthy, Préliminaires.]

[Note 50 : C’est prouvé par le travail de M. le lieutenant
W. Arlett : _Description de la côte d’Afrique depuis le cap Spartel
jusqu’au cap Bojador_. (_Bulletin de la Société de Géographie
de Paris_ : 1837, janvier.)]

[Note 51 : Cette chaîne a été franchie par René Caillé entre
Qçâbi ech Cheurfa et Gigo, par M. Rohlfs entre Tesfrout (Ouad Sebou)
et Ouṭat Aït Izdeg (2085m d’altitude au col), par nous entre
Qaçba Beni Mellal et Ouaouizert (1529m au col).]

[Note 52 : Entre 29° 30′ et 29° 03′ de latitude nord. A quelque
distance du rivage, il y a des sommets de 1190m d’altitude. Voir
la description de la côte par le lieutenant W. Arlett, déjà citée.]




                                  IV.

                          DE TIKIRT A TISINT.


                      1o. — DE TIKIRT A TAZENAKHT.


                            25 octobre 1883.

Départ de Tikirt à 9 heures du matin. Je m’engage aussitôt dans
un vaste désert qui s’étend, moucheté de loin en loin de petites
oasis, entre les trois ouads Idermi, Aït Tigdi Ouchchen et Tazenakht ;
l’aspect en est partout le même : terrain montueux, chemins assez
pénibles, aucune végétation ; pas d’autres êtres vivants que les
gazelles ; le sol est formé de roches et de pierres, grès dont la
surface, semblant calcinée, est noire et luisante comme si elle avait
été passée au goudron. Cette roche, la seule que je sois appelé à
voir d’ici à Tazenakht, domine dans tout le sud. Dans les plaines,
je la trouverai sous la forme d’une croûte de petites pierres noires
et brillantes, sorte d’écaille qui couvre la terre ; en pays de
montagnes, comme ici, elle se présente sous deux aspects : tantôt
avec l’apparence d’escaliers aux degrés noircis et craquelés,
monceau de pierres luisantes entassées, tantôt en longues tables
unies et lisses. Telles sont les solitudes désolées que je parcours ;
elles font songer aux déserts de pierres noires que, dans une autre
région, S. Paulinus trouva aux abords du Grand Atlas. A 4 heures et
demie, j’arrive à l’oasis d’Iṛels ; j’y passerai la nuit.

La route d’aujourd’hui n’était pas des plus sûres : le
frère de Chikh Moḥammed de Tikirt m’a escorté avec deux de
ses gens jusqu’à Tagenzalt ; il me quitta là, en me confiant à
deux hommes de ce qçar : ceux-ci me conduisirent à Iṛels. Nous
n’avons rencontré personne pendant tout le trajet. Point de cours
d’eau. Tagenzalt, où je me suis arrêté une demi-heure, est une
localité indépendante, se gouvernant elle-même, mais reconnaissant
la suzeraineté du chikh de Tikirt ; elle comprend environ cinquante
maisons, bâties en pisé et entourées d’une enceinte ; auprès
sont de grands et beaux jardins ; les dattiers y dominent ; on
y voit aussi des grenadiers, des figuiers, des trembles ; à leur
ombre sont des cultures. L’oasis est située au fond d’un vallon
dont le flanc occidental est à cet endroit une muraille à pic ; les
bouches d’une dizaine de cavernes s’y ouvrent. Pas de ruisseau ;
il n’y a d’autre eau que celle d’une source. Tagenzalt est,
avons-nous dit, entourée d’une enceinte de murailles : c’est une
particularité que je vois pour la première fois et qu’il importe
de signaler. Elle marque un changement dans l’état des villages :
jusqu’ici tous étaient ouverts ; désormais, en allant vers le sud,
je trouverai la plupart d’entre eux fortifiés. A dater de ce jour,
il y aura donc une distinction à faire : nous appellerons _qçar_
tout centre fortifié, réservant le nom de _village_ pour ceux qui
ne le seront pas. Tantôt les qçars sont défendus par des murailles
qui enveloppent les habitations, murailles d’ordinaire garnies de
tours ; tantôt les murs des maisons, juxtaposés et ne laissant
passage que par une ou deux portes étroites, forment eux-mêmes
l’enceinte. Quel que soit le système adopté, les qçars sont
très ramassés, resserrés dans le plus petit espace possible :
l’opposé des villages.

Iṛels est un beau qçar, riche et prospère, d’environ 500
habitants. Il est très bien bâti ; point de ruines, point de maisons
en mauvais état ; tout est neuf, tout est propre et bien entretenu ;
le bas des constructions est en pierres, souvent taillées, toujours
disposées régulièrement, le haut est en pisé ; des terrasses
reposant sur de longues poutres de palmier couronnent les habitations,
des gouttières pratiquées le long des murs amènent l’eau dans des
citernes. Une enceinte garnie de tours protège le qçar ; elle est,
ainsi que tous les bâtiments de ce dernier, couverte de moulures et
de dessins à la chaux. Les jardins sont superbes : comme à Tagenzalt,
il y a des arbres variés, mais les palmiers dominent ; à leur ombre,
la terre, divisée en carrés, disparaît sous le maïs, le millet et
les légumes. Une foule de canaux arrosent ces riches plantations ;
çà et là de grands bassins maçonnés sont remplis jusqu’au
bord d’une eau limpide. Cette végétation luxuriante, ces arbres
superbes qui répandent une ombre épaisse sur une terre toute verte,
ces mille canaux, ce ciel admirable, cette nature riche et riante qui,
au milieu de la contrée la plus désolée, fait de ce séjour un
lieu de délices, se trouveront pareillement dans les autres oasis :
telle est Iṛels, tels seront tous les points où nous verrons
croître le dattier : en tous même fraîcheur, en tous même calme,
même abondance ; endroits charmants où il semble ne pouvoir exister
que des heureux.

A peu de distance d’Iṛels, est un qçar plus petit, Tamaïoust,
également entouré de palmiers ; il forme avec Iṛels un groupe
isolé, indépendant, compris sous le nom d’Iṛels. Population
tamaziṛt, mélange de Chellaḥa et de Ḥaraṭîn. Iṛels,
Tamaïoust et Tagenzalt produisent des dattes d’excellente qualité.

                              26 octobre.

[Illustration]

Départ à 8 heures et demie. Mon escorte, de deux fusils au début,
s’augmente de deux autres à El Bordj : ces nouveaux zeṭaṭs
sont nécessaires pour me protéger sur le territoire des Aït Tigdi
Ouchchen. Jusqu’à 10 heures, je chemine dans une région montueuse
et déserte, identique à celle où j’étais hier. A 10 heures,
j’entre dans la vallée de l’Ouad Aït Tigdi Ouchchen : le lit
de la rivière, d’environ 60 mètres de large, en occupe tout le
fond ; il est de sable ; au milieu, serpente un filet d’eau claire,
au courant assez rapide, de 4 mètres de large et 15 centimètres de
profondeur ; des deux côtés, poussent tantôt nombreux, tantôt
clairsemés, des tamarix et des lauriers-roses. Les flancs sont de
pure roche, grès à surface noire et luisante ; ils ont 80 à 100
mètres de haut ; les pentes en sont raides dès le pied, et à pic
auprès du sommet ; aucune trace de végétation n’y apparaît. Je
m’engage dans le fond de cette vallée, et je ne la quitte pas
jusqu’à Tafounent. D’ici là, elle reste la même, si ce n’est
que l’eau diminue dans la rivière à mesure qu’on avance : à
Tafounent, il n’y en a plus. Les flancs demeurent jusqu’au bout
ce qu’ils étaient au début ; le gauche expire près de Tafounent,
le droit continue à perte de vue. Le fond garde partout même largeur
et même aspect ; à hauteur d’El Bordj et de Tislit seulement,
il s’étend, et se couvre un instant de cultures. De Tafounent à
Tazenakht, je traverse un plateau rocheux et désert, extrémité du
massif qui s’étend entre les ouads Idermi, Aït Tigdi Ouchchen et
Tazenakht. A 3 heures et demie du soir, j’arrive au gros village
de Tazenakht.

[Illustration : Flanc droit de la vallée de l’Ouad Aït Tigdi
Ouchchen. (Vue prise de Tafounent.)

Croquis de l’auteur.]

Peu de voyageurs sur mon chemin. Je n’ai rencontré de la journée
que trois petites caravanes. Le chef de l’une d’elles entra
en longs pourparlers avec les gens de mon escorte : il désirait
me piller, leur proposait de faire la chose de concert et leur
offrait la moitié du butin. Ne leur était-ce pas plus avantageux
que de continuer, sot métier, à faire cortège à un Juif ? Mes
hommes, qui avaient des préjugés, repoussèrent sa demande. Aucun
terme ne lui parut trop fort pour exprimer combien il les trouvait
ridicules. Outre l’Ouad Aït Tigdi Ouchchen, j’ai traversé deux
rivières : l’Ouad Iṛels (lit de galets de 15 mètres de large,
à sec), l’Ouad Tazenakht (lit moitié galets, moitié sable,
de 50 mètres de large, à sec). Plusieurs centres habités se
sont trouvés sur ma route : Tagentout, composé de deux ou trois
maisons groupées autour d’une qoubba ; El Bordj, beau et grand
qçar, bâti sur une colline dans une situation pittoresque,
ceint de vastes jardins ; Tislit, groupe de deux petits qçars
s’élevant à 500 mètres l’un de l’autre, entourés de
vergers ; Tafounent, beau village d’environ 40 feux. Aujourd’hui,
plus de palmiers ; ils ont disparu avec Iṛels : je n’en verrai
désormais qu’après avoir atteint le versant méridional du Petit
Atlas. El Bordj, Tislit, Tafounent, appartiennent à la petite tribu
tamaziṛt des Aït Tigdi Ouchchen, tribu indépendante et isolée,
ne reconnaissant la suzeraineté de personne, ne faisant partie
d’aucune confédération. L’organisation des Aït Tigdi Ouchchen
est démocratique.


                       2o. — SÉJOUR A TAZENAKHT.


Le gros village de Tazenakht, qui porte aussi les noms de Tazenag,
Aït Ouzanif, Dar ez Zanifi et Khemîs Aït Ạmer, est la capitale
d’un État ; cet État est formé de plusieurs tribus, réunies dans
la main d’un seul chef, sans être connues sous aucune dénomination
générale. Elles en ont une cependant : la plupart des tribus et
des districts des environs, Aït Tigdi Ouchchen, Aït Oubial, Aït
Selîman, Tazenakht, Tasla, Iṛels, Tammasin, d’autres encore,
sont des fractions de la grande et ancienne tribu des Aït Ạmer ;
mais ce nom est oublié : chaque branche a un nom particulier et
ne connaît que lui ; une seule a conservé le nom d’origine, en
en faisant son appellation spéciale : c’est le rameau qui habite
les bords de l’Ouad Timjijt. La souche de la race des Aït Ạmer
fut, dit-on, une seule famille : celle dont les chefs ont pris le
nom d’Aït Ouzanif. Ceux-ci ont gardé la prépondérance qu’ils
avaient à l’origine ; depuis un temps immémorial, ils possèdent le
souverain pouvoir. Le berceau de cette antique maison est la vallée
même de l’Ouad Tazenakht, qu’on appelle aussi Ouad Ouzanif. Les
représentants actuels en sont deux frères, Chikh Ḥamed ben Chikh
Moḥammed et Chikh Ạbd el Ouaḥad ; ils règnent ensemble en bon
accord ; leur résidence est le village de Tazenakht, leurs États
propres se composent du pays de Tazenakht, de celui d’Amara et de la
tribu des Aït Ạmer ; on désigne cet ensemble du nom d’une de ses
parties ou de celui de ses chefs, l’appelant soit blad Aït Ạmer,
soit blad Tazenakht, soit blad ez Zanifi ; le tout forme environ 1200
fusils. De plus, Tammasin, les Aït Semgan, les Aït Touaïa, une
partie des Aït Zaïneb (Imzouṛen, Tadoula, Tizgzaouin, Taselmant),
le district d’Alougoum, les Aït ou Ḥamidi, quatre bourgades
du Tlit, Tasla, et quelques autres qçars isolés, se sont rangés
volontairement sous leur autorité. Celle-ci n’a rien de lourd :
le service militaire en temps de guerre, une redevance annuelle de 2
francs par fusil, c’est tout ce qu’ils demandent à la population ;
encore beaucoup sont-ils dispensés de l’impôt, les uns vu leur
parenté avec les chikhs, d’autres par leur qualité de marabout.

Les Zanifi sont indépendants ; comme nous l’avons dit, ils sont
d’ordinaire en bonnes relations avec le qaïd de Telouet : presque
toutes les années, jusqu’à celle-ci, l’un des deux frères
allait lui faire visite et lui apportait un cadeau de 500 à 700
francs. Ces rapports amicaux sont sur le point de cesser : il y a
quelques jours, Chikh Ạbd el Ouaḥad, qui, par suite du grand
âge de son frère, s’occupe presque seul des affaires, a reçu
des lettres de Merrâkech, écrites par des Juifs de Tazenakht en ce
moment dans la capitale : elles lui recommandaient de ne pas aller
comme d’habitude chez le Glaoui, celui-ci ayant reçu l’ordre
de le jeter en prison à son premier voyage à Imaounin. Cet avis
semble désintéressé et part de bonne source ; d’ailleurs il ne
contient rien qui puisse surprendre : combien n’a-t-on pas vu de
chefs indépendants, venus dans les villes du makhzen confiants dans
l’amitié du sultan, parfois sur son invitation, y être incarcérés
tout à coup et maintenus au cachot jusqu’à ce qu’ils aient payé
de grosses rançons ? Simple opération financière. De même ici ;
Moulei El Ḥasen veut faire emprisonner Chikh Ạbd el Ouaḥad :
est-ce pour annexer ses États au blad el makhzen ? Point ; c’est
pour lui arracher une partie de ses richesses, qu’on dit énormes. Le
Zanifi est célèbre au Maroc pour les trésors qu’il possède,
enfouis, dit-on, sous sa demeure ; ce ne seraient là que monceaux
d’or, joyaux, armes merveilleuses. Le Zanifi passe pour le plus riche
de l’empire en bijoux anciens et objets précieux de toute sorte ;
après lui, viendrait S. El Ḥoseïn ould Ḥachera, le marabout du
Tazeroualt ; en troisième lieu, le fameux qaïd el Genṭafi. Outre
ces trésors, les chikhs de Tazenakht ont de grandes terres, et dans
leur pays, et au Mezgîṭa, et chez les Aït Zaïneb. Il y a là de
quoi tenter la cupidité proverbiale de Moulei El Ḥasen. Mais cette
fois la trahison qu’il a projetée n’aura d’autre résultat
que de briser le dernier lien entre lui et les Aït Ouzanif : les
attaquer ouvertement, il n’y saurait songer ; même au temps où
les relations étaient les plus amicales avec Tazenakht, le qaïd
de Telouet n’osa jamais y aller. Que serait-ce aujourd’hui ? Il
faudrait le sultan avec toute son armée. Encore rencontrerait-il une
résistance sérieuse : les Aït Ouzanif sont unis par de nombreuses
alliances à la maison souveraine du Mezgîṭa : ils trouveraient là
un appui solide ; ils en ont un autre dans la personne de l’Azdifi,
chikh héréditaire de la puissante tribu des Zenâga : en guerre
contre lui depuis de nombreuses années, ils viennent de lui offrir
la paix ; elle s’est conclue ces jours derniers ; une visite de
l’Azdifi, pendant mon séjour même, a cimenté le traité : on
lui a fait une réception splendide, et d’ennemis on est devenu
alliés. Les nouvelles reçues de Merrâkech n’ont, dit-on, pas
été étrangères à ce brusque accommodement.

[Illustration : Massif rocheux situé entre Tazenakht et l’Ouad
Azgemerzi, et, en arrière, flanc droit de la vallée de cette
rivière. (Vue prise du mellah de Tazenakht.)

Croquis de l’auteur.]

[Illustration : Village d’Adreg et Djebel Siroua.

(Les parties ombrées des montagnes sont couvertes de neige.)

(Vue prise du marché de Tazenakht.)

Croquis de l’auteur.]

Tazenakht est un gros village construit dans un site triste : au nord,
s’étendent à perte de vue les solitudes pierreuses que traverse le
chemin de Tikirt ; à l’est et au sud, un massif escarpé de roche
noire et luisante, auquel la bourgade est adossée, ferme l’horizon ;
c’est vers l’ouest que le paysage est le moins désolé : de
ce côté, on aperçoit une portion de la plaine des Zenâga et au
delà, se dressant sur un piédestal de montagnes grises, la haute
cime blanche du Djebel Siroua. Au pied de Tazenakht est le lit de
la rivière du même nom, presque toujours à sec. Cette année, au
milieu de mon séjour, une nappe d’eau de 10 mètres y a coulé
durant 24 heures : ç’a été une joie universelle, le présage
d’une bonne récolte ; depuis quatre ans, on n’avait pas vu
d’eau dans l’ouad ; depuis quatre ans, il y avait disette. Le
village est bâti en long sur la rive droite de la rivière ; les
habitations, en pisé, sont la plupart délabrées ; vers le centre,
s’élève la demeure des chikhs, demeure vaste, mais simple, ne
rappelant en rien les constructions élégantes de l’Ouad Iounil et
d’Iṛels : celles-ci ont disparu par degrés à mesure que nous
nous sommes éloignés du Dra. L’aspect de Tazenakht est triste ;
on ne voit que maisons à demi démolies, pans de murs croulants ;
les ruines occupent au moins les deux tiers de la surface. C’est
l’œuvre de la famine ; quatre années de sécheresse ont produit
ce résultat ; il y a quatre ans, vivaient ici 300 familles, moitié
de Musulmans, moitié d’Israélites ; un grand commerce y apportait
la richesse ; le khemîs, marché célèbre dans le Sahara entier,
était le rendez-vous de toutes les tribus voisines : on y venait en
foule du Sous, du Dra, du Telouet même et des Ida ou Blal ; depuis
quatre ans, point d’eau, point de récoltes : les ressources se sont
épuisées, les provisions ont manqué, il a fallu émigrer ; plus de
la moitié des habitants a déserté. Aujourd’hui la population est
réduite à 80 familles musulmanes et 55 juives. La décadence s’est
mise en tout : le commerce est devenu à peu près nul ; le marché,
si animé jadis, est désert. C’est la disette de grains dans les
tribus voisines, surtout chez les Zenâga, qui a amené ce désastre ;
car en aucun temps Tazenakht ne peut se suffire à soi-même : nous
avons vu que le terrain qui l’environne est rocheux ; en outre, il
est peu arrosé : le village est alimenté par des sources ; l’eau en
est bonne et ne tarit pas ; mais si elle suffit à l’alimentation des
habitants, elle est trop peu abondante pour irriguer la campagne. Aussi
y a-t-il peu de cultures : de maigres plantations de maïs, d’oignons
et de citrouilles, s’étendant le long de la rivière ; au milieu
d’elles, des bouquets de trembles très clairsemés ; çà et là
quelques figuiers, quelques cognassiers ; c’est tout ce qu’on
voit de verdure à Tazenakht. Le climat est, me dit-on, très chaud
en été, tempéré en hiver ; il tombe quelquefois de la neige,
mais elle fond en touchant terre.

[Illustration : Ouad Tazenakht, au pied de Tazenakht. (Vue prise
du mellah.)

Croquis de l’auteur.]

[Illustration : Maison de Chikh ez Zanifi, à Tazenakht.

(Les montagnes ombrées sont couvertes de neige.) (Vue prise du
mellah.)

Croquis de l’auteur.]

Tazenakht possède un marché célèbre. La situation centrale de ce
marché entre le Sous, le Dra et le Telouet lui a donné une grande
importance ; chaque jeudi, le Sous y apporte ses huiles, le Dra ses
dattes, les Glaoua des grains ; là se fait l’échange des divers
produits : les dattes sont portées vers l’ouest et le nord,
huiles et grains prennent la direction du sud et de l’est. Les
habitants de Tazenakht ont des relations suivies avec Maroc : leurs
caravanes s’y rendent avec des peaux, des noix et des dattes, et
reviennent chargées de cotonnades, de sucre, de thé, d’allumettes,
etc. ; on emmagasine ces marchandises, et on les expose le jour du
marché. Une industrie, la fabrication des khenîfs[53], fleurit dans
la bourgade. Celle-ci est la patrie du khenîf, dont le tissage et le
brodage occupent presque toute la population. Malgré ces objets de
trafic, Tazenakht voit décliner son commerce : les tribus voisines
y viennent encore s’approvisionner des produits d’Europe ; les
Zenâga y apportent toujours leurs laines et leurs grains ; mais les
caravanes du Sous, du Mezgîṭa, des Glaoua, nombreuses autrefois,
sont aujourd’hui rares et peu importantes ; des oasis du sud on
ne vient plus. Parfois il n’y a pas 60 étrangers sur le marché ;
l’huile même manque souvent à Tazenakht ; on en est réduit, pour
s’éclairer, à faire brûler péniblement un peu de graisse, ou à
allumer une poignée d’herbes sèches. Le pays est très pauvre en
ce moment ; les chevaux et les mulets sont rares et regardés comme
un luxe ; peu de vaches ; point de chameaux ; il n’y a en certaine
quantité que des ânes, des moutons et des chèvres.

J’entre ici, pour l’alimentation, dans une région nouvelle :
jusqu’à présent, les pauvres se nourrissaient de farine d’orge,
mais tout ce qui était aisé mangeait du blé ; à partir d’ici,
on ne voit plus de blé ; excepté les chikhs, personne ne connaît
que l’orge ; c’est l’orge qui compose et le pain, et le
couscoussou de chaque jour, et la _zemmita_[54] qu’on emporte en
voyage. Les costumes sont les mêmes que chez les Aït Zaïneb ;
mais on voit, entre les khenîfs et les ḥaïks blancs, des bernous
gris à fines raies foncées ; je n’en trouverai de semblables
qu’au Mezgîṭa. Population de Chellaḥa, mêlés de quelques
Ḥaraṭîn ; ceux-ci sont moins nombreux ici qu’à Tikirt. On
ne parle que le tamaziṛt : sur sept ou huit hommes, à peine
en trouve-t-on un qui sache l’arabe ; aucune femme ne comprend
cette langue ; les Juifs même ne s’en servent pas habituellement
entre eux.


                      3o. — DE TAZENAKHT A TISINT.


Aller de Tazenakht à Tisint eût été chose facile autrefois,
lorsque, chaque jeudi, des Ida ou Blal venaient ici attirés par
le marché : on eût loué une escorte parmi eux ; le chemin,
infesté de bandes pillardes de leur tribu, ne peut se parcourir
que sous leur protection, ou en compagnie d’étrangers qu’ils
respectent. Aujourd’hui Tazenakht n’a plus de relations avec
le Sahara, on ne peut espérer l’arrivée d’Ida ou Blal. Il me
faut chercher, comme zeṭaṭ, un homme du pays qui soit connu
et considéré des nomades du sud. Le Zanifi et l’Azdifi sont
dans ces conditions et pourraient me faire parvenir en sûreté ;
mais on me détourne de m’adresser à ces seigneurs : si, me
dit-on, ils vous jugent pauvre, ils ne vous conduiront point, n’y
trouvant pas leur profit ; si, au contraire, ils vous croient riche,
ils vous _mangeront_ en route, vous et ce que vous avez, y trouvant
plus de profit ; il est imprudent de se mettre entre les mains des
souverains : leur haute position les met trop au-dessus de tout ;
que leur importe de passer pour loyaux ou sans foi ? il faut prendre
pour zeṭaṭ un homme assez fort pour faire respecter son ạnaïa,
mais non tant qu’il n’ait intérêt à garder une réputation
intacte. Après quinze jours de recherches, je trouvai quelqu’un qui
réunissait à ces deux conditions celle d’avoir dans le sud des
relations lui permettant d’y aller sans trop de danger. Lui aussi
portait le titre de chikh. Ce nom n’est point ici une expression
désignant le chef temporaire d’un douar ou d’un qçar ; c’est
un titre rare et respecté, qui est héréditaire et appartient aux
seuls chefs de quelques grandes familles ; tels sont le Zanifi,
le Mezgîṭi, Ben Ọtman, l’Azdifi, et enfin mon zeṭaṭ,
Chikh Moḥammed ou Ạziz ould Chikh El Ḥasen. Mais celui-ci
est un prince détrôné ; c’est pourquoi l’on peut se fier en
lui. Chef d’une maison souveraine des Zenâga, il partageait jadis
l’autorité dans cette tribu avec l’Azdifi ; une longue guerre
eut lieu entre les deux familles rivales ; elle se termina, il y a
quinze ans, par la ruine de Chikh Moḥammed ou Ạziz. Son château
fut détruit. Il dut chercher refuge à l’étranger. C’est alors
qu’il vint s’établir à Tazenakht. Il en est aujourd’hui un des
hommes les plus considérés et s’y est fait une grande renommée de
courage. Y a-t-il une expédition guerrière ? On le trouve toujours au
premier rang, avec Chikh Ạbd el Ouaḥad. Sa maison avait de vieilles
relations avec les tribus du sud ; les liens du sang l’unissent à
plusieurs d’entre elles ; il n’a cessé d’entretenir ces bons
rapports ; mieux que personne, il pourra me défendre. Tel est celui
qui va me conduire : je n’aurai qu’à me louer de lui.

                              12 novembre.

Départ à 10 heures et demie. Chikh Moḥammed, monté sur une belle
jument, et deux de ses esclaves à pied m’escortent. Après avoir,
par un chemin pierreux, contourné le massif auquel Tazenakht est
adossée, j’entre dans une immense plaine, dont le nord forme
le territoire des Aït Ạmer, et dont les portions centrales et
méridionales appartiennent aux Zenâga. Cette plaine est limitée :
au nord, par les premières pentes du désert montueux qui s’étend
entre les ouads Idermi et Tazenakht ; à l’est, à l’ouest
et au sud, par un talus de grès identique à celui qui forme le
flanc droit de l’Ouad Aït Tigdi Ouchchen : même composition,
même pente, même élévation de 80 à 100 mètres. Vers le sud,
le sommet de ce talus est le faîte même du Petit Atlas ; vers
l’ouest, il est le premier échelon du Siroua, dont la haute cime
domine toute la contrée. Dans le nord, on distingue au loin une
longue ligne blanche : le Grand Atlas. Le sol de la plaine n’a pas
une ondulation, il est uni comme une glace ; c’est, au début, de
la roche couverte d’une mince couche de sable : à mesure qu’on
avance vers le sud, on voit cette couche s’épaissir rapidement ;
au delà de l’Ouad Timjijt, le terrain n’est plus que sable semé
d’un peu de gravier, les plantations commencent ; à partir de
l’Ouad Tiouiin, on rencontre à peine une pierre de loin en loin,
le sol se couvre de cultures et se sème de villages ; enfin, au sud
de Tamarouft, plus de pierres du tout, sable pur, on n’aperçoit
que champs de toutes parts. En résumé, c’est une plaine très
riche ; le sol y est d’une fertilité admirable : une partie
seulement en est ensemencée, et les grains en alimentent toutes
les tribus voisines ; elle pourrait se cultiver en entier. L’eau
seule manque quelquefois ; cette terre excellente est peu arrosée :
on y voit les lits d’un grand nombre de ruisseaux, de rivières,
mais presque tous à sec : il faut la pluie pour féconder. Sur les
parties laissées incultes, le thym seul pousse en cette saison ;
en repassant au printemps, je trouverai les mêmes places couvertes
de _seboula el far_ et d’autres herbes qui servent à la nourriture
des troupeaux. Telle est la plaine où je marche aujourd’hui. Plus
j’avance, plus l’aspect en devient riant. A partir de Temdaouzgez,
on ne voit de tous côtés que travailleurs dans les champs : il vient
de pleuvoir durant plusieurs jours ; c’est la récolte assurée :
aussi chacun de labourer le plus qu’il peut et d’ensemencer à la
hâte, pour profiter de cette année de prospérité qui succède à
quatre de disette. A 4 heures, j’arrive à Tamarouft, gros village
où je passerai la nuit.

Point d’autres voyageurs que nous sur la route. J’ai traversé
deux rivières : l’Ouad Timjijt (au point où je l’ai passé, il
coule dans une dépression d’un kilomètre de large, de quelques
mètres au-dessous du niveau de la plaine ; lit de vase de 30
mètres, au milieu duquel serpentent 2 mètres d’eau claire et
courante) ; l’Ouad Azgemerzi (il coule, au-dessous de Temdaouzgez,
dans une dépression de 300 mètres de large et de quelques mètres de
profondeur ; au-dessus de ce lieu, le lit est au niveau de la plaine ;
il a 30 mètres de large ; fond de sable, avec 2 mètres d’eau
courante ; rives bordées de tamarix). Les divers centres habités
que nous avons rencontrés d’Asersa à Tamarouft sont des villages
en pisé blanc, médiocrement construits, entourés de jardins bien
cultivés, mais pauvres de végétation ; les arbres, en petit nombre,
y sont les mêmes qu’à Tazenakht : le tremble domine. L’eau,
peu abondante dans les rivières, se trouve à une courte profondeur,
en creusant le sol ; on voit au milieu des plantations une grande
quantité de puits.

Les Zenâga, chez qui je me trouve ici, se font appeler, lorsqu’on
écrit leur nom en arabe, _Cenhadja Oulḥourri_. C’est une
tribu riche et puissante ; son territoire s’étend et sur la
plaine où nous sommes et sur les montagnes qui la bordent : dans
la plaine, elle a ses cultures et ses villages, ceux-ci au nombre
d’une quarantaine ; dans la montagne paissent ses troupeaux. Les
Zenâga sont sédentaires et Imaziṛen ; ils sont Chellaḥa ;
pas un Ḥarṭâni parmi eux. Ils sont de beaucoup, des tribus
que j’ai vues, celle où le tamaziṛt est employé de la façon
la plus exclusive ; personne ici ne sait l’arabe, pas même les
gens riches, pas même les chikhs ; jusqu’aux Juifs, dont bon
nombre n’entendent que le tamaziṛt. Si j’avais dû trouver
quelque part des écrits dans cette langue, c’eût été ici ; mes
questions à ce sujet y ont été aussi infructueuses qu’ailleurs :
non seulement on n’en possède point, mais on semble ignorer qu’il
en ait existé. A ce caractère distinctif des Zenâga, leur langage,
un second se joint, leur physionomie ; ils en ont une spéciale qui
ne se retrouve pas chez d’autres : sans avoir rien des Ḥaraṭîn,
ils ont le teint très bronzé ; leurs traits sont accentués et durs ;
presque tous sont laids, mais grands, secs et forts[55]. C’est une
tribu farouche, guerrière et pillarde, la crainte de ses voisins,
l’effroi des voyageurs ; il faut l’ạnaïa d’un homme puissant
pour qu’un étranger puisse la traverser sans péril. Elle était
gouvernée autrefois par les deux maisons souveraines dont nous avons
parlé plus haut ; aujourd’hui elle obéit tout entière à un seul
chef, Chikh Ḥammou ben Chikh Moḥammed d Ida el Qaïd. Celui-ci
a pour résidence le village d’Azdif, d’où le nom d’Azdifi,
sous lequel il est connu. Il a un frère, Ạbd el Ouaḥad d Ida el
Qaïd, qui porte aussi le titre de chikh et habite avec lui. Le nom
de leur famille, _Ida el Qaïd_, vient de ce que jadis un de leurs
ancêtres reçut le titre de qaïd d’un sultan. Duquel ? Nul ne
peut le dire. Quand ? On l’ignore. Tout ce qu’on sait, c’est
que, depuis un temps immémorial, cette maison règne sur les
Zenâga. Son pouvoir s’étend plus loin ; elle a forcé plusieurs
tribus et districts du voisinage à le reconnaître. Le Tlit lui est
soumis. Tisint l’était autrefois, mais depuis vingt ans elle a
secoué le joug. Inutile de dire que les Zenâga sont indépendants ;
tout ce qui est au sud de Tazenakht l’est de la manière la plus
complète. Voici une anecdote qui donnera l’idée du genre de
relations qu’on a ici avec le makhzen. Au mois d’avril 1884,
comme je repassai dans ces parages, je rencontrai, entre El Ạïn
et Tazenakht, Chikh Ḥammou el Azdifi qui revenait du dernier point,
où il avait passé quelques jours en visite chez le Zanifi. J’avais
comme zeṭaṭ un esclave de Sidi Ḥamed ou Ạbd er Raḥman,
marabout des Aït Ạmer, chef de la zaouïa de S. Ạbd Allah
ou Mḥind. Aussitôt que les cavaliers de la suite du chikh nous
aperçurent, ils nous prirent au col, Mardochée et moi, en réclamant
un droit de passage, une zeṭaṭa. Leur maître s’était arrêté
et regardait impassible la bousculade. Un des hommes nous demanda
d’où nous étions. « De Merrâkech. — Des gens de Merrâkech,
des sujets du sultan ! s’écria le chikh. La bonne aubaine ! Trois
Zenâga sont en prison dans le blad el makhzen. Voici des otages
qui arrivent à propos. Qu’on les emmène et qu’on les mette aux
fers. Ils y resteront jusqu’à ce que Moulei El Ḥasen nous ait
rendu nos sujets. » Lorsqu’il entendit ce langage, l’esclave du
marabout prit la bride du chikh et lui déclara que, sujets ou non du
sultan, nous étions sous l’ạnaïa de son maître Sidi Ḥamed,
et que par conséquent nul n’avait droit de nous toucher. A ces
paroles, tout change. Toucher aux protégés de Sidi Ḥamed ! Qui y
a pensé ! Non seulement on ne nous emmène pas, mais on nous laisse
passer sans exiger de zeṭaṭa. Tel est le prestige du sultan. On
le regarde comme un chef de tribu éloigné, avec qui on serait en
assez mauvais rapports.

Les Zenâga comptent environ 1700 fusils ; ils ont à peine 20
chevaux. Un seul marché sur leur territoire, l’Arbạa Taleouin.

                              13 novembre.

Départ à 7 heures du matin. Nous marchons d’abord dans la même
plaine qu’hier, toujours unie, fertile, peuplée. A 9 heures et
demie, nous sommes à son extrémité sud, au pied du talus qui la
borne. Le sommet de ce talus forme ici la crête supérieure du Petit
Atlas. Nous allons la franchir. Une brèche profonde se dessine en
face de nous ; nous montons vers elle par un couloir en rampe douce. A
10 heures un quart, nous atteignons le col, _Tizi Agni_, et la ligne
de faîte du Petit Atlas. Devant nous, au milieu d’entassements de
roches noires, s’ouvre un ravin : aucune largeur au fond, où un
filet d’eau bondit par hautes cascades ; flancs très escarpés,
souvent à pic ; pas de trace de terre ni de végétation ; tout
est pierre, grès noir et luisant. Vers le sud, on n’aperçoit
d’abord qu’une longue succession de croupes brunes, flancs de la
vallée dont la source est ici, versant méridional du Petit Atlas ;
puis, au delà, à une grande distance, une plaine blanche ; enfin,
bornant l’horizon, une dernière chaîne de montagnes, dominée
par un pic bleuâtre : c’est le Bani, avec le mont Taïmzouṛ,
au pied duquel est Tisint. Nous nous mettons à descendre le ravin
où plongent nos regards ; chemin difficile à travers les roches du
flanc droit : du col au village d’Agni, où nous parvenons à midi,
on ne peut marcher qu’à pied. A Agni, le sentier atteint le fond
de la vallée ; celle-ci, en aval de ce point, change d’aspect :
jusque-là, la rivière coulait par cascades ; la pente de son lit
était très rapide ; les flancs étaient si escarpés, et en même
temps si resserrés, qu’en arrivant ici j’ai vu l’ouad pour la
première fois depuis le col. Au delà, au contraire, plus de chutes ;
les flancs resteront hauts et raides, mais le fond de la vallée sera
en pente douce et prendra quelque largeur.

[Illustration : Vue dans la direction du sud, prise du col d’Agni.

Croquis de l’auteur.]

Ce changement n’est pas le seul qui m’attende : en approchant
d’Agni, j’aperçois, se détachant sur le fond noir du roc,
les panaches verts des palmiers ; ils recommencent ici : à
l’ouest du Dra, la crête du Petit Atlas est leur limite nord ;
je les retrouve donc pour ne pas les quitter de longtemps. Nous
faisons halte au village d’Agni[56]. C’est un groupe de huttes
en pierres sèches, où vivent misérablement dix ou douze familles
de Ḥaraṭîn. Le fond de la vallée a momentanément 80 mètres de
large ; il est couvert de cultures et ombragé de dattiers ; au milieu
coule l’Ouad Agni, avec 3 mètres d’eau verte et courante. Les
habitants reconnaissent l’autorité des Zenâga ; elle finit ici.

A 3 heures et demie, nous nous remettons en route. Nous rentrons
dans le désert pour y rester jusque auprès de Tisint. A présent,
c’est dans le lit de la rivière que l’on marche ; dès la sortie
d’Agni, il se dessèche et embrasse tout le fond de la vallée,
large de 40 mètres ; cet espace est couvert d’une couche de
galets, qui rendent la marche pénible ; pas d’autre végétation
que des jujubiers sauvages, de 2 à 3 mètres d’élévation, et des
ḥeuboubs, de 1 à 2 mètres, croissant au pied des flancs. Ceux-ci
restent les mêmes, toujours rocheux et noirs, hauts, escarpés. Nous
cheminons lentement dans ce couloir sauvage, en en suivant les
mille détours. Pendant trois longues heures, la vallée demeure
ainsi. Après ce temps, le fond s’élargit un peu. A 7 heures,
les flancs s’abaissent et meurent : c’est la fin du Petit Atlas ;
j’en suis arrivé au pied. Devant moi s’étend une immense plaine,
qui apparaissait du haut du col : on l’appelle la Feïja. C’est
un vaste désert s’étendant entre le Petit Atlas et le Bani :
sol de sable, parfaitement plat ; un grand nombre de rivières et de
ruisseaux, tous à sec, le sillonnent ; pas d’autre végétation
que des gommiers de 2 à 3 mètres, nombreux au pied du Petit Atlas
et le long des cours d’eau, d’autant plus clairsemés qu’on
s’éloigne de ceux-ci et qu’on va vers le sud : je vois ces
arbres pour la première fois. Il fait nuit quand nous entrons dans
la Feïja ; Chikh Moḥammed l’avait calculé ainsi ; ce désert,
sans cesse parcouru par les _ṛezous_[57] des Ida ou Blal, des
Oulad Iaḥia, des Berâber, est un passage des plus dangereux :
a-t-on à le traverser ? on s’arrange pour le faire de nuit,
afin d’échapper, à la faveur des ténèbres, aux embuscades qui
s’y dressent. Nous nous y engageons donc, nous dirigeant droit
sur la cime du Taïmzouṛ, qui se détache en noir devant nous. A
10 heures du soir, après trois heures d’une course rapide, nous
parvenons au pied du Bani, à l’oasis de Tanziḍa. Ici, plus de
péril ; nous circulons lentement au travers de mille canaux, entre de
grands palmiers aux aspects fantastiques, dont les rameaux, argentés
par la lune, jettent sur nous une ombre épaisse. J’arrive ainsi
jusqu’au qçar : il m’apparaît tout entier, avec ses maisons de
pisé blanc étagées au pied de la paroi luisante de la montagne,
dont les roches polies miroitent par cette belle nuit. La lune, qui
brille au milieu d’un ciel sans nuages, jette une clarté douce ;
l’air est tiède, pas un souffle ne l’agite. En ce calme profond,
au milieu de cette nature féerique, j’atteins mon premier gîte
du Sahara. On comprend, dans le recueillement de nuits semblables,
cette croyance des Arabes à une nuit mystérieuse, _leïla el qedr_,
dans laquelle le ciel s’entr’ouvre, les anges descendent sur la
terre, les eaux de la mer deviennent douces, et tout ce qu’il y a
d’inanimé dans la nature s’incline pour adorer son Créateur.

Depuis le Tizi Agni, je n’ai pas rencontré une seule personne
sur la route. Auprès de Tanziḍa, j’ai traversé l’Ouad Agni
(lit de sable de 30 mètres de large ; 8 mètres d’eau ; la rivière
coule à 20 mètres environ au-dessous du niveau de la Feïja ; rives
bordées de palmiers), et l’Ouad Tanziḍa (40 mètres de large ;
fond de sable ; eau salée ; il n’y a que 4 mètres d’eau dans
le lit, la plus grande partie étant détournée pour l’arrosage
des plantations).

                              14 novembre.

Tanziḍa est un grand qçar peuplé surtout de Ḥaraṭîn. Il
se gouverne à part et ne compte avec aucun district ; mais il
reconnaît, comme tous les centres des environs, la suzeraineté des
Ida ou Blal. La vallée, ou plutôt l’encaissement au bord duquel
il s’élève, a environ 1000 mètres de large ; il est borné au
sud par le Bani, et au nord par la Feïja, en contre-bas de laquelle
il est de 20 à 25 mètres ; un talus presque à pic l’en sépare ;
le fond, de sable blanc, est planté de palmiers.

[Illustration : Chaîne du Bani, Djebel Taïmzour et Foum Tisint. (Vue
prise de Ez Zaouïa, qçar de Tisint.)

Croquis de l’auteur.]

[Illustration]

Départ de Tanziḍa à 8 heures et demie. Je suis le fond de la
vallée. Il se rétrécit peu à peu et finit, près d’Aqqa Aït
Sidi, par n’avoir plus que 200 mètres de large ; hors cela, il
demeure le même : toujours sablonneux, toujours ombragé de dattiers,
toujours séparé de la Feïja par une muraille verticale. A Aqqa Aït
Sidi, changement brusque : les dattiers disparaissent ; la vallée
se rétrécit tout à coup, de façon à ne garder qu’une largeur
de 40 mètres, la place de la rivière ; en même temps celle-ci
s’enfonce dans un profond kheneg. Ce défilé s’appelle Foum
Tisint ; s’ouvrant dans le flanc du Bani, il donne issue aux eaux
du Petit Atlas et de la Feïja. Le passage, de 150 mètres de largeur
totale, se divise en deux parties : l’une est un plateau sur lequel
passe le chemin ; l’autre, en contre-bas de la première, et large
de 40 mètres, est occupée par le lit du cours d’eau ; ces deux
portions sont séparées par un talus à 1/1 de 20 à 30 mètres
de haut. Plateau, talus, chemin, tout n’est que pierre, comme les
flancs de la montagne ; ceux-ci sont escarpés, et composés de cette
roche noire et luisante que je trouve si souvent dans le sud. Le Bani
est fort étroit ; c’est une arête aiguë, une lame qui émerge du
sol ; quoique je le traverse obliquement, il est bientôt franchi :
en un quart d’heure, j’atteins l’extrémité sud du kheneg. Là
toute l’oasis de Tisint se découvre à mes yeux : immense forêt
de palmiers, vaste étendue sombre, au milieu de laquelle brillent
les taches blanches des qçars ; des collines basses, des talus de
sable jaune, bordent au loin l’océan de verdure ; à mes pieds,
la rivière, qui sort du kheneg, s’avance avec majesté, pleine
d’une eau bleue et limpide, vers les bois de dattiers où je la
vois bientôt s’enfoncer et disparaître. Sur sa rive droite, au
seuil des plantations, est le grand qçar d’Agadir. J’y entre à
10 heures du matin.

Dans cette courte marche, j’ai traversé ou vu plusieurs cours
d’eau : l’Ouad Tanziḍa (lit mi-sable, mi-gravier ; 100 mètres
de large, avec 8 mètres d’eau, jusqu’au confluent de l’Ouad
Aginan ; 200 mètres de large, avec 20 mètres d’eau, au-dessous de
ce point) ; l’Ouad Aginan (je ne le vois que de loin ; sa vallée,
ombragée de palmiers, se creuse à pic dans les sables de la Feïja ;
elle semble identique à celle de l’Ouad Tanziḍa) ; l’Ouad Qaçba
el Djouạ (lit moitié roche, moitié sable, de 25 mètres de large,
avec 8 mètres d’eau claire et courante ; cette eau est douce) ;
l’Ouad Tisint (le lit, au point où je le traverse, a 40 mètres
de large ; il est de sable ; une eau limpide et courante, profonde
de 70 centimètres, en occupe la moitié ; cette eau est salée,
comme celle de l’Ouad Tanziḍa qui la compose en partie).


[Note 53 : Au singulier, _khenîf_ ; au pluriel, _khenfân_.]

[Note 54 : La _zemmita_ se compose de blé ou d’orge grillé, puis
moulu ; elle se mange avec un peu d’eau ; suivant la quantité de
celle-ci, on fait soit une pâte, soit une bouillie.]

[Note 55 : On peut leur appliquer de tous points ces mots de
M. Duveyrier sur les Touâreg : « En général les Touâreg
sont de haute taille... Tous sont maigres, secs, nerveux ; leurs
muscles semblent des ressorts d’acier. Blanche est leur peau dans
l’enfance ; mais le soleil ne tarde pas à lui donner la teinte
bronzée spéciale aux habitants des tropiques. » (H. DUVEYRIER,
_Touâreg du Nord_, liv. IV, chap. IV, _Caractères physiques des
Touâreg_.)]

[Note 56 : _Agni_, pluriel _ignan_. Mot amaziṛ ayant le sens de
brèche, tranchée, défilé très étroit.]

[Note 57 : On appelle _ṛezou_ des troupes de partisans qui
se réunissent pour exécuter des coups de main, _ṛazia_. Les
ṛezous n’ont pour but que le pillage ; ils opèrent soit contre
les caravanes et les voyageurs, soit contre des tribus ennemies.]




                                   V.

                         SÉJOUR DANS LE SAHARA.


                             1o. — TISINT.


En arrivant à Tisint, une région nouvelle a commencé pour
moi ; ciel, productions, habitants, costumes, tout y diffère de
ce que j’ai vu avant ce jour. Jusqu’ici j’étais dans un
pays montagneux ; il avait le climat et les produits du sud de
l’Europe ; les habitants étaient des Chellaḥa, presque tous
vêtus de laine blanche. Ce pays, le Bani en est la limite. Lorsque,
après l’avoir traversé, on entre à Tisint, on met le pied dans
un monde nouveau. Ici, pour la première fois, l’œil se porte
vers le midi sans rencontrer une seule montagne : la région au
sud du Bani est une immense plaine, tantôt blanche, tantôt brune,
étendant à perte de vue ses solitudes pierreuses ; une raie d’azur
la borne à l’horizon et la sépare du ciel : c’est le talus de
la rive gauche du Dra ; au delà commence le Ḥamada. Cette plaine
brûlée n’a d’autre végétation que quelques gommiers rabougris,
d’autres reliefs que d’étroites chaînes de collines, rocheuses,
entrecoupées, s’y tordant comme des tronçons de serpents. A côté
du désert morne, sont les oasis, avec leur végétation admirable,
leurs forêts de palmiers toujours verts, leurs qçars pleins de
bien-être et de richesse. Travaillant dans les jardins, étendue
nonchalamment à l’ombre des murs, accroupie aux portes des maisons
causant et fumant, on voit une population nombreuse d’hommes au
visage noir, Ḥaraṭîn de couleur très foncée ; leurs vêtements
me frappent d’abord : tous sont vêtus de cotonnade indigo, étoffe
du Soudan. Je suis dans un nouveau climat : point d’hiver ; on sème
en décembre, on récolte en mars ; l’air n’est jamais froid ;
au-dessus de ma tête, un ciel toujours bleu,


  Où jamais ne flotte une nue,

  S’étale implacablement pur.


Tisint est une des plus grandes oasis du Sahara Marocain. Elle est
située au fond d’une cuvette dont les bords sont, d’une part
le Bani, de l’autre une ceinture de collines, rocheuses au sud,
sablonneuses à l’est et à l’ouest. Au milieu de ce cercle,
s’étend une plaine de sable blanc : là se trouve l’oasis,
forêt de palmiers traversée par une belle rivière, avec qçars
s’élevant à la lisière des plantations.

L’Ouad Tisint a en toute saison beaucoup d’eau ; cette eau est
salée ; les habitants boivent de préférence celle qui provient de
pluie, et qui se conserve en quelques creux de rochers des environs ;
ils n’ont pas de citernes. La rivière renferme beaucoup de
poissons ; on en pêche qui ont 40 centimètres de longueur. Ces
poissons, cette onde abondante et amère donnent lieu à mille
légendes : les gens du pays ne doutent pas que l’Ouad Tisint
ne tire ses eaux de la mer. Leur opinion tient à une croyance
répandue dans les campagnes du Maroc. Les fleuves, les ruisseaux,
les sources qui coulent à la surface du globe, ont deux origines
principales : les uns, d’eau douce, viennent des nuages du ciel,
dont la substance s’emmagasine dans la terre ; les autres, salés,
sont produits par l’onde marine, qui s’infiltre sous le sol. Il y
a aussi des lits qui ne s’emplissent que durant les pluies : pour
ceux-ci, point d’hésitation sur la cause qui les forme. Enfin on
voit des cours d’eau d’une quatrième sorte, les plus mystérieux ;
ils coulent l’année entière, qu’il pleuve ou non, sans qu’on
leur connaisse de source : ils ne viennent ni de la terre, ni de la
mer, ni du ciel, mais de Dieu seul. L’Ouad Tisint passe au milieu
des dattiers ; ils croissent sur ses bords mêmes et ombragent ses
flots ; le lit de la rivière, presque partout rocheux, est au niveau
des plantations et sans berges ; il a 100 à 120 mètres de large,
dont le quart est couvert par la nappe liquide, d’ordinaire divisée
en plusieurs bras. Au-dessus de l’oasis, le volume des eaux est
plus considérable. A l’entrée de la forêt, en face d’Agadir,
un barrage les arrête : il se forme à ce point un réservoir long
et profond, d’où partent une foule innombrable de conduits qui vont
arroser chaque clos. Des diverses oasis que je verrai au Maroc, aucune
n’est comparable à Tisint pour la quantité des eaux courantes :
à chaque pas, on traverse des canaux, dont plusieurs ont jusqu’à
2 mètres de large et 40 ou 50 centimètres de profondeur.

Le sol de l’oasis est tout sable. Les palmiers qui le couvrent
sont plantés très serrés ; des murs de pisé les divisent en une
infinité d’enclos ; peu d’autres arbres s’y mêlent, de loin en
loin on aperçoit quelques figuiers. Point de cultures à l’ombre
des dattiers : on réserve toute l’eau pour l’irrigation de cet
arbre précieux. Il n’y a de champs qu’en dehors de la forêt,
à la lisière de l’oasis ; là on cultive dans le sable des
légumes et de l’orge ; on ne le fait que les années de pluie,
quand l’eau du ciel féconde la terre, et que la rivière, plus
grosse que d’habitude, fournissant plus qu’il ne faut aux palmiers,
permet d’arroser une plus grande surface de terrain. La datte est la
fortune de Tisint ; grâce à elle, cette dernière est un des centres
les plus prospères du Sahara Marocain : suivant un dicton du pays,
des trois oasis célèbres de la contrée, Tatta, Aqqa et Tisint,
la première l’emporte en population, et la dernière en nombre de
palmiers. Tisint produit des dattes de plusieurs espèces : _djihel_,
_bou iṭṭôb_, _bou feggouç_, _bou sekri_, _bou souaïr_[58] ;
les djihels y dominent de beaucoup : elles y sont très bonnes,
tandis qu’ailleurs elles sont d’ordinaire médiocres.

[Illustration : Oasis de Tisint. (Vue générale prise d’Agadir.)

Croquis de l’auteur.]

[Illustration : Oasis d’Aqqa. (Vue générale prise des coteaux
situés au nord-est du qçar d’El Kebbaba.)

Croquis de l’auteur.]

[Illustration : Plateau des Ilalen, plaines du bas Sous, Océan
Atlantique, Grand Atlas. (Les parties ombrées du Grand Atlas sont
couvertes de neige.) (Vue prise d’Afikourahen.)

Croquis de l’auteur.]

Les qçars de Tisint sont au nombre de cinq : Agadir (500 familles),
Aït ou Iran, Taznout, Ez Zaouïa, Bou Mousi. Agadir et Bou Mousi
sont les deux principaux ; en temps de guerre, tout Tisint enferme ses
biens entre leurs murs. Bou Mousi et Ez Zaouïa sont habités presque
exclusivement par des marabouts ; à Bou Mousi, se trouve la zaouïa de
Sidi Ạli ou Ạbd er Raḥman, dont l’influence est grande sur les
Oulad Iaḥia ; à Ez Zaouïa, celle de Sidi Ạbd Allah ou Mḥind,
avec le tombeau de ce saint et celui de son fils Sidi Moḥammed ou
Bou Bekr ; cette dernière est très vénérée d’une partie des
Berâber ; de tout le voisinage on vient visiter les mausolées des
trois bienheureux et apporter des offrandes à leurs descendants. Il y
a d’autres qoubbas à Tisint : telle est celle de Moulei Ismạïl,
en face d’Agadir. Tant de saints, morts et vivants, prouvent une
population pieuse ; en effet les Ḥaraṭîn de Tisint sont dévots,
formant contraste en cela avec les autres Musulmans de la contrée,
et surtout avec ces « païens » d’Arabes, comme ils appellent
les nomades voisins. A Tatta, à Aqqa d’une part, chez les Zenâga
de l’autre, personne ne fait le pèlerinage de la Mecque, personne
ne sait lire, si ce n’est un petit nombre de marabouts ; personne
ne dit régulièrement les prières, beaucoup ne les savent pas. Le
seul acte religieux qu’on fasse est de donner quelque argent à
des zaouïas ; encore ne le leur apporte-t-on point : il faut que
les religieux aillent eux-mêmes quêter en chaque village. Chez
les nomades, chez les Ida ou Blal surtout, c’est pis : on a beau
venir chez eux, ils ne donnent rien ; si les marabouts insistent, ils
les traitent de fainéants et les renvoient en se moquant d’eux ;
leur parle-t-on du ḥadj ? ils répondent qu’ils ne vont qu’où
il y a de l’argent à gagner ; quant à lire et à écrire, pas
un homme ne le sait dans la tribu ; prier, ils n’y ont jamais
pensé. A Tisint, au contraire, peu de gens jouissant d’un peu
d’aisance qui ne portent le titre de ḥadj. Faire le pèlerinage
est l’ambition de tous les habitants. Il faut 1000 ou 1500 francs
pour cela, grosse somme dans le pays : ils travaillent sans relâche
jusqu’à ce qu’ils l’aient acquise ; l’ont-ils ? les voilà
partis pour Tanger, et de là pour la Mecque. Prodige plus rare,
quelques-uns savent lire. C’est la première fois qu’en dehors
des villes et des zaouïas je vois des Marocains lettrés. Tisint
est une merveille au milieu de l’ignorance générale. Avec cette
piété, il ne peut régner pour les marabouts qu’une libéralité
et un respect extrêmes : couvents et religieux ont fleuri de toutes
parts sur un sol si propice.

A Tisint, comme partout au sud du Bani, la plupart des constructions
sont en pisé ou en briques séchées au soleil ; quelquefois, dans
les maisons pauvres, les parties basses sont en pierre ; les demeures
riches sont tout en pisé. Cette dernière matière est la seule
estimée dans le pays. Pour les charpentes, on se sert de poutres de
palmier. Les maisons ont un rez-de-chaussée, un premier étage et
une terrasse ; chacune possède une cour intérieure. Quelques rares
bâtiments sont blanchis ; la chaux est en général réservée aux
qoubbas. Les rues sont étroites, à tel point que, dans la plupart,
les mulets ne peuvent passer chargés ; elles sont en grande partie
couvertes.

La population de Tisint, comme celle de toutes les oasis du sud
du Bani, est un mélange de Chellaḥa et de Ḥaraṭîn ; ici
ces derniers, en proportion bien plus forte que partout ailleurs,
forment plus des neuf dixièmes des habitants : ainsi Tisint est
presque entièrement peuplée de Ḥaraṭîn. En même temps,
sans doute à cause de cela, leur couleur y est plus foncée que
nulle part. Nous remarquerons, en tous lieux, que le teint des
Ḥaraṭîn est d’autant plus noir qu’ils sont plus compacts,
d’autant plus clair que les Chellaḥa auxquels ils sont mélangés
sont plus nombreux.

[Illustration : Hartania de Tisint.

Croquis de l’auteur.]

Les costumes sont les suivants. Au lieu de chemise, on porte une
kechchaba de cotonnade indigo (_khent_)[59] : c’est un morceau
d’étoffe, de 2 mètres à 2m,50 de long sur 1 mètre à 1m,20
de large, au milieu duquel est pratiquée une fente longitudinale
où l’on passe la tête ; les deux pans de la pièce tombent
naturellement, l’un par devant, l’autre par derrière ; point de
coutures ; on se contente de nouer ensemble les coins des pans dans
le bas, à droite et à gauche ; le côté reste nu. La plupart du
temps on n’a qu’une kechchaba ; quelques riches en mettent deux,
la seconde étant en coton blanc (_sḥen_). Par-dessus ce vêtement,
les uns portent le ḥaïk de laine blanche, d’autres le bernous,
parfois blanc, plus souvent brun (_kheïdous_), quelques-uns le
khenîf. On s’entoure la tête d’un étroit turban de khent ou,
plus souvent, on reste tête nue. Aux pieds on a des belṛas jaunes,
au bras quelque amulette, au cou un cordon de cuir où sont pendus
quatre objets : une pipe[60] à fourneau en bois noir du Soudan,
un poinçon pour la nettoyer, une pince pour saisir la braise et
allumer, enfin un sachet de cuir pour le tabac ; ces sachets, appelés
_bit_, tous du même modèle, sont apportés de Timbouktou. Le costume
comporte une dernière pièce, qui couvre tour à tour diverses parties
du corps : c’est le caleçon. Il est de khent et descend au-dessous
du genou. Les riches seuls le possèdent. A l’intérieur des qçars,
ils le portent comme se porte d’ordinaire ce vêtement. Sortent-ils,
ont-ils une marche à faire ? ils l’ôtent, sous prétexte qu’il
gêne les mouvements, et se l’enroulent autour de la tête comme
renfort de turban. Tels sont les costumes et la façon de s’habiller
des Musulmans sédentaires dans les oasis du sud du Bani, entre Dra
et Sahel. Les vêtements des nomades de la même région diffèrent
peu ; ils sont moins variés encore : une seule kechchaba, toujours
de khent ; le caleçon facultatif ; un ḥaïk de laine blanche ;
un bernous de même couleur ; rien sur la tête, chez quelques
vieillards seuls un turban de khent ; une amulette enfermée dans un
étui de métal et pendue soit au cou, soit au bras ; la pipe et ses
accessoires : c’est là leur costume uniforme. Parmi eux, les Ida ou
Blal se distinguent par leur façon de porter les cheveux : alors que
les autres Marocains que j’ai vus les rasent ou les tiennent très
courts, beaucoup d’Ida ou Blal les laissent pousser et gardent une
chevelure longue de 10, 15 et 20 centimètres. Les femmes s’habillent
d’une manière identique chez les Ḥaraṭîn, les Chellaḥa et
les nomades. Leur vêtement est le même que dans le reste du Maroc,
une pièce d’étoffe unique attachée sur les épaules et retenue
à la ceinture ; le tissu, au lieu d’en être comme auparavant de
cotonnade blanche ou de laine, est de khent. Un voile court, en khent,
complète le costume ; elles s’en couvrent le visage devant les
hommes, lorsque leurs pères ou leurs maris sont présents ; hors de
la vue de ces derniers, elles ne le mettent pas. Elles se peignent
peu la figure et ne se tatouent point ; la coutume du tatouage est
à peu près inconnue au Maroc. Comme bijoux, elles ont de grosses
boucles d’oreilles d’argent, des agrafes de même métal, un
grand nombre de colliers où l’ambre domine, mêlé de mial, de
pièces d’un et de deux francs, de grains de verre et de corail,
puis des diadèmes argent et corail, des bracelets de corne, enfin
quelques bagues d’argent. Pieds nus d’ordinaire, elles mettent
pour sortir les belṛas rouges de toutes les Marocaines.

Parmi les hommes de cette région, les Chellaḥa et les Ḥaraṭîn
sont en général de taille moyenne, bien faits, forts, lestes, et
laids de figure ; les Arabes sont presque tous petits et d’apparence
chétive, avec de beaux traits. On trouve peu de femmes agréables chez
les Chellaḥa ; au contraire, beaucoup de Ḥarṭaniat sont jolies ;
elles se distinguent dans leur jeunesse par de grands yeux pleins de
mobilité et d’expression, une physionomie ouverte et rieuse, des
mouvements souples et gracieux. Les femmes des tribus nomades, Ida
ou Blal, Oulad Iaḥia, etc., sont la plupart belles ; en aucun lieu
du Maroc je n’ai vu d’aussi beaux types que parmi elles : elles
ont la noblesse, la régularité, la grâce ; leur peau est d’une
blancheur extrême, celle du moins de leur visage et de leurs bras ;
car l’habitude de porter des habits indigo, jointe à celle de ne
se jamais laver, donne à leur corps des tons foncés et bleuâtres
différents de sa couleur naturelle.

Dans cette contrée, comme dans le blad es sîba tout entier, on ne
va jamais sans armes : tant qu’on est dans l’intérieur d’un
qçar ou d’un douar, on ne porte que le poignard ; dès qu’on sort,
fût-ce pour la course la plus courte, on prend son fusil. Sédentaires
et nomades ont comme armes le fusil et le poignard à lame courbe. La
poudre se met dans une corne de cuivre ouvragé. Les cornes et les
poignards sont d’un modèle uniforme, déjà décrit. Les fusils
sont de deux sortes : les uns appartiennent au type en usage chez
les Glaoua, à Tazenakht, etc. ; les autres sont des armes à deux
coups de fabrication européenne. Ces derniers sont des fusils de
chasse, à pierre, de la fin du siècle dernier ou de la première
partie de celui-ci, qu’on exporte du Sénégal ; ils en viennent
par terre, apportés par les caravanes du Sahel[61]. Les nomades
les recherchent, près de la moitié d’entre eux en sont armés ;
on en voit moins parmi les sédentaires. Les cavaliers portent le
sabre. Il y a peu de ces privilégiés. Les chevaux sont très
rares. Les nomades eux-mêmes n’en ont pas beaucoup. Dans les
qçars, où la difficulté de les nourrir est extrême, il s’en
trouve au plus trois ou quatre, en moyenne ; il n’y en a pas quinze
dans tout Tisint. Les vaches sont un luxe non moins grand ; seules,
les quelques maisons regardées comme très riches en possèdent ;
on n’en compte pas vingt-cinq à Tisint. Les mulets sont plus
rares encore que les chevaux. Il existe quelques ânes et un petit
nombre de moutons et de chèvres. On nourrit ces animaux de paille,
et d’herbe quand on peut, ce qui n’est pas fréquent ; on donne,
en outre, aux chevaux et aux mulets des dattes de la dernière qualité
(bou souaïr). Le plus souvent, pour se délivrer de ces difficultés,
les habitants des qçars font des arrangements avec des nomades et leur
confient leurs chevaux et leurs moutons : les nomades se chargent de
les nourrir, en ont la jouissance et, au premier signal, doivent les
ramener au propriétaire. Quant aux nomades, ils ont des chameaux,
des moutons, des chèvres et quelques chevaux.

Dans les qçars de cette région, la nourriture des habitants est
la suivante : le matin, au réveil, le _ḥesou_ ; vers 11 heures,
l’_ạsida_ ; le soir, le _ṭạm_ avec des navets. Le ḥesou
est une sorte de potage où entrent de l’eau, un peu de graisse
ou d’huile et une poignée de farine d’orge ; il se mange à
la cuiller[62]. L’ạsida est une bouillie épaisse ayant la
consistance du ṭạm ; elle est faite de farine d’orge, ou de
maïs cuite avec un peu d’eau ; au milieu, on verse de l’huile
ou du beurre fondu. Le ṭạm est ce qu’on connaît ailleurs sous
le nom de couscoussou ; il se fait ici avec de l’orge. La viande
ne figure pas comme mets habituel dans les repas ; les riches même
en goûtent rarement. Le petit nombre des heureux qui ont une vache
remplacent le ḥesou du matin par une jarre de lait aigre qu’ils
boivent en mangeant des dattes. L’arrivée d’hôtes transforme peu
l’ordinaire : à leur entrée, on offre une corbeille de dattes ;
de même avant le ṭạm du soir. Si la maison est riche et si l’on
reçoit des gens de qualité, on sert le matin, au lieu de ḥesou,
des galettes chaudes avec du miel de dattes[63] ; s’il y a du
lait, on le boit vers 3 heures, en mangeant des bou iṭṭôb ou
des bou feggouç, ce qui fait une sorte de goûter ; on fait le thé
deux fois par jour, avant le repas du matin et avant celui du soir ;
enfin on sert de la viande avec le couscoussou. Le thé est la grande
friandise au Maroc[64] : c’est la seule boisson de ce genre qui
y soit en usage ; sauf à Merrâkech, à Fâs, et dans les ports,
le café est inconnu ; dans ces villes, on en prend peu. Le thé,
au contraire, est répandu dans tout l’empire ; au Sahara c’est
un coûteux régal, que se donnent seuls les qaïds, les chikhs,
les marabouts et les Juifs. Nous venons de dire la nourriture
des Musulmans sédentaires ; celle des nomades est la même, si
ce n’est qu’ayant des troupeaux, le lait, de chamelle surtout,
tient une grande place dans leur alimentation. Les uns et les autres,
lorsqu’ils voyagent, emportent des dattes comme unique provision,
quelle que doive être la longueur de la route[65].

Tisint est le centre d’un commerce considérable : elle trafique
avec Merrâkech, Mogador, le Sous ; elle exporte vers ces points
des dattes, des peaux et de la gomme, et reçoit, en retour, du
Sous les grains et les huiles, de Merrâkech et de Mogador les
produits européens. Tisint est un grand dépôt de ces dernières
marchandises ; Agadir surtout, où s’est concentré le commerce de
l’oasis et où il y a marché chaque jour : les Chellaḥa voisins
et les nomades des environs, Ida ou Blal, Oulad Iaḥia et Berâber,
viennent s’y approvisionner, de dattes d’abord, puis de grains,
d’huile et de choses d’Europe telles que khent, sucre, thé,
aiguilles. Tous les principaux habitants d’Agadir se livrent au
commerce ; ils ont leur fortune, qui chez les plus riches s’élève
à 8000 francs, composée d’une part de dattiers (à Tisint un bon
dattier vaut 10 francs), de l’autre d’une somme d’argent qu’ils
emploient au trafic. Faisant eux-mêmes les transactions principales,
ils ne s’occupent pas du détail de la vente ; pour ce service,
chacun a chez soi un Juif à gages qui du matin au soir ne fait que
débiter les marchandises. Il y a ainsi une dizaine d’Israélites à
Agadir. Point de mellaḥ : ces Juifs sont seuls, sans leur famille,
et habitent chez leurs patrons : les uns sont de Tatta et d’Aqqa,
les autres des Zenâga. Un ou deux d’entre eux font en même temps le
métier d’orfèvre, spécialité des Juifs du Maroc, surtout au sud
de l’Atlas. Agadir a ce qui caractérise les marchés : l’on y abat
chaque jour et l’on y vend à toute heure de la viande au détail et
du pain chaud. Le marché d’Agadir est le seul de Tisint. Naguère,
outre ce qui s’y rencontre aujourd’hui, les produits du Soudan y
affluaient. Cuirs, étoffes, bougies de cire jaune, or, y venaient
de Timbouktou en abondance. A présent, plus de vestige de ce
commerce. C’est par hasard et de loin en loin qu’on voit quelque
objet du pays des noirs. Il en est de même à Tatta et à Aqqa :
autrefois, avant que Tindouf existât, ces oasis étaient des points
d’arrivée de caravanes du Soudan. Depuis trente ans que Tindouf est
fondée, tous les convois du sud s’arrêtent à cette localité ;
de là les marchandises prennent le chemin direct de Mogador, par le
Sahel et le Chtouka : plus rien ne passe ni à Tisint, ni à Tatta,
ni à Aqqa. Il faut aller à Tizounin pour commencer à trouver des
produits de la Nigritie. A partir d’ici, tout le monde connaît de
nom le Soudan et Timbouktou, et l’on rencontre parmi les nomades
une certaine quantité de gens y ayant été, et un grand nombre au
courant de son trafic, de ses usages et de son état. Avec le commerce
considérable qui anime Agadir, le qçar est sans cesse rempli d’une
foule d’étrangers, Ida ou Blal la plupart, venus pour affaires :
c’est pourquoi nous avons décrit dès à présent la physionomie
des Arabes, on en voit presque autant que de Ḥaraṭîn.

L’oasis de Tisint est tributaire des Ida ou Blal. Chacun des
cinq qçars qui la composent est indépendant des autres, a son
administration séparée et n’entretient avec ses voisins que
les rapports rendus nécessaires par la proximité ; quelquefois
des querelles s’élèvent entre eux, questions d’eaux le plus
souvent ; d’ordinaire, les localités vivent en bonne intelligence :
le danger commun les a toujours réunies ; cet accord fait en partie
la prospérité de l’oasis ; il l’a préservée des malheurs de
certains qçars de Tatta. Tisint est tributaire des Ida ou Blal depuis
peu de temps. Il y a vingt ans, elle l’était non pas d’eux, mais
des Zenâga. L’Azdifi avait une maison à Agadir, et toute l’oasis
reconnaissait sa suprématie. Les Zenâga abusèrent de leur pouvoir ;
ils commirent mille excès, dépouillant les habitants de leurs biens,
les tuant au moindre propos. Ceux-ci se lassèrent d’un état qui
était devenu la plus dure des servitudes ; ils allèrent trouver
les Ida ou Blal, leur demandèrent secours contre leurs oppresseurs
et, en échange, se constituèrent leurs tributaires. Les nouveaux
protecteurs se mirent en campagne ; unis aux gens de Tisint soulevés,
ils chassèrent les Zenâga, les forcèrent d’abandonner et l’oasis
et la Feïja, et les refoulèrent jusqu’à Agni. Depuis ce temps,
Tisint vit en paix sous la suzeraineté de ses libérateurs. Cette
suzeraineté n’implique aucune immixtion dans les affaires
intérieures ni extérieures des qçars : chacun d’eux se gouverne à
sa guise ; elle n’implique même pas alliance : qu’ils aient des
guerres, soit entre eux, soit avec des étrangers, cela ne regarde
point les Ida ou Blal. Les seuls devoirs réciproques sont : pour
les gens de Tisint, de remettre chaque année à leurs protecteurs
un tribut consistant en la charge de dattes de vingt chameaux ;
pour les Ida ou Blal, de s’abstenir de tout méfait envers leurs
clients. Si Tisint ou une partie de Tisint voulait leur appui pour
une expédition ou une guerre défensive, cela ferait l’objet
d’un traité spécial. Le fait ne s’est pas présenté depuis
que les Zenâga ont été chassés ; ceux-ci n’ont point tenté de
revenir ; la paix s’est établie avec eux : ils sont aujourd’hui
en relations amicales et avec Tisint et avec ses suzerains.

Chaque qçar, avons-nous dit, est indépendant des autres. Chacun se
gouverne par l’assemblée de ses habitants, qui remet le pouvoir
exécutif aux mains d’un chikh élu dans son sein : tant que
ce chikh satisfait la majorité, il garde son titre : cesse-t-il
de plaire, on le lui enlève et on le donne à un autre. Dans les
qçars où une famille a la prépondérance par ses richesses et sa
considération, cette dignité est généralement son apanage ; si
un homme, par ses qualités et sa fortune, l’emporte de beaucoup
sur ses compatriotes, il demeure ordinairement chikh toute sa vie. A
défaut d’influence qui s’impose, on nomme un des notables de la
localité ; il reste jusqu’au jour où on cesse d’être content
de lui. Le chikh veille aux affaires du qçar, en fait respecter
les coutumes au dedans, en sauvegarde les intérêts au dehors ;
en guerre, il marche à la tête de ses concitoyens : pour toute
résolution importante, l’assemblée, _anfaliz_, se réunit
et décide. Le degré de pouvoir des chikhs est très variable :
les uns, par leurs qualités personnelles ou la puissance de leurs
familles, possèdent une grande autorité ; d’autres, dépourvus de
ces avantages, sont peu de chose de plus que leurs concitoyens. Dans
certaines localités, il existe une sorte de maison commune, souvent
distinguée par une tour ; appartenant à l’ensemble des habitants,
elle est successivement prêtée à chaque chikh. D’ordinaire, il
ne l’occupe pas ; il y reçoit les hôtes de distinction et les
députés des tribus étrangères. A Agadir, on a fait une maison
semblable de l’ancienne demeure de l’Azdifi, connue sous le nom
de Dar ez Zenâgi. Point de famille ni d’homme prépondérants dans
ce qçar : on y a pris pour chikh l’habitant le plus riche du lieu,
un nommé El Touḥami. C’est un Ḥarṭâni. Tisint est le seul
endroit où j’aie vu le titre de chikh porté par des Ḥaraṭîn,
partout ailleurs on ne le donnait qu’à des Chellaḥa.

En aucun des qçars que j’ai visités, je n’ai trouvé de
qanouns écrits. Dans tous ceux de ces contrées, des coutumes
se transmettent par la tradition ; un des devoirs du chikh est de
les faire observer. Ces coutumes, les mêmes pour le fond, varient
dans les détails à chaque localité. Elles se composent de peu
de chose. Nous allons dire ce qui se passe, en général, en cas de
contestation, de vol et de meurtre. Il faut savoir d’abord qu’il y
a dans le sud un certain nombre de qaḍis : ce sont des hommes connus
pour leur équité, ayant fait quelques études, soit dans le pays,
soit au dehors, et appelés par la volonté des gens du voisinage à
remplir les fonctions de juge. La plupart du temps, ils joignent à
ce titre celui de marabout, mais ce n’est pas obligatoire[66].

Un homme a-t-il une contestation avec un de ses concitoyens ? il
lui dit : allons devant le qaḍi de tel endroit. L’autre doit
le suivre. Le qaḍi rend un arrêt. Si ce juge n’inspire pas
confiance à la partie citée, elle a le droit, une fois arrivée
devant lui, de le récuser en disant : Votre justice ne me convient
pas ; envoyez-moi à un autre. Cette volonté est exécutée : on
désigne un qaḍi différent. Si un homme déclare ne se soumettre
à aucun, s’il ne veut pas comparaître en justice, le plaignant
s’adresse à l’anfaliz, lequel condamne le récalcitrant, quand
il persiste dans son refus, à une forte amende. Ces qaḍis sont
des gens ignorants, mais la plupart équitables et à l’abri de la
corruption ; ils jugent plutôt selon le bon sens que d’après les
règles du droit musulman.

S’agit-il d’un vol ? Aussitôt qu’il est connu, le chikh
fait crier dans le qçar qu’une amende de tant de réals punira
l’individu chez qui on trouvera, à partir d’une date fixée,
ou l’objet volé ou le voleur ; l’amende est, en général,
égale à quatre fois la valeur de la chose dérobée. Si rien n’a
reparu dans le délai indiqué, l’objet est perdu à jamais, car il
a été pris par un pauvre diable qui, fuyant avec, a quitté le pays,
ou il est recélé chez un homme riche qui n’avouera ni ne rendra
rien. On peut, à la demande de la victime, faire des perquisitions
dans les maisons ; ce droit se paie cher : pour toute demeure qu’on a
fouillée sans y trouver la chose volée, il est dû au propriétaire
une indemnité variant entre 30 et 50 réals, indemnité à la charge
du plaignant. Dans ce pays pauvre, où les vols ne s’exercent guère
sur des objets de valeur, on hésite à employer ce moyen. Mais il y
a des nuances. Si le volé est un malheureux, il ne reverra jamais
ce qu’on lui a ravi. Si c’est un homme puissant et audacieux,
il fera ses perquisitions lui-même et, s’il trouve son bien,
il le reprendra le fusil à la main, à la tête de ses parents et
de ses amis. Dans le cas rare où l’on découvre un voleur par les
moyens réguliers, il est condamné d’abord à rendre ce qu’il a
dérobé, puis à une peine qui est déterminée par l’anfaliz ;
cette peine peut être soit très légère, telle qu’une amende
insignifiante, soit très rigoureuse, telle que le bannissement ;
c’est selon la qualité du voleur, selon qu’il est soutenu,
ou dépourvu de protections. S’il est serviteur ou client d’un
homme considérable, s’il a des amis, il ne sera presque pas puni,
peut-être point du tout ; si c’est un misérable sans appui, on
lui prendra le peu qu’il a et on le jettera nu à la porte du qçar.

Il faut faire la même distinction en cas de meurtre. Si un homme
riche, audacieux, redouté, tue un malheureux, il se bornera à
payer le prix du sang, somme minime qui varie suivant les endroits ;
s’il est très puissant, il ne le paiera même pas : qui oserait
le lui réclamer ? Ces sortes de meurtres sont fréquents. Les
autres sont rares : ils entraînent toujours les résultats les plus
graves. Un homme tue-t-il son égal, les parents du mort le vengent
aussitôt. L’honneur leur défend aucun accommodement : ils courent
sus au meurtrier ; celui-ci, de son côté, est soutenu par les siens :
la guerre s’allume entre les deux familles ; elle gagne bientôt
tout le qçar. Quand ces luttes intestines ont duré un certain temps,
il se trouve quelquefois un homme assez sage et assez influent pour
faire entendre des paroles de conciliation et être écouté ; ou
bien la crainte que des voisins ne profitent de cet état produit un
rapprochement. Trop souvent une des factions appelle l’étranger
à son aide ; l’étranger, c’est le nomade ; alors la ruine
est inévitable : aussitôt introduits dans la cité, les nomades
attaquent sans différence les deux partis, font un massacre général,
pillent tout, détruisent les maisons et s’en vont chargés de butin,
lorsque le qçar est un monceau de ruines. Les habitants de Tisint ont
eu la sagesse de ne jamais les mêler aux querelles, peu nombreuses
d’ailleurs, qu’ils ont eues entre eux. Il n’en a pas été de
même à Tatta : on y voit les vestiges de dix villages ruinés à
diverses époques par les Ida ou Blal qui, dans la plupart, avaient
été appelés en alliés pendant des guerres civiles.

Chez les nomades, les choses se passent à peu près comme dans les
populations sédentaires : là, plus qu’ailleurs, la loi du plus
fort est seule respectée. Entre eux ne s’élèvent point ces mille
contestations auxquelles les achats, les ventes, les voisinages de
propriétés, donnent naissance parmi les habitants des oasis. Par
contre, les vols et les meurtres sont plus fréquents.

Si, dans les qçars et dans les tribus errantes, des coutumes
protègent plus ou moins chaque individu contre ses concitoyens, rien
nulle part ne sauvegarde l’étranger ; tout est permis contre lui. On
peut le voler, le piller, le tuer : nul ne prendra sa défense ;
s’il résiste, chacun lui tombera sus. Tout commerce, toutes
relations, seraient impossibles si un usage spécial ne remédiait à
cet état. Cet usage, de la plus haute antiquité, qui existe presque
partout au Maroc, est ce que les anciens Arabes appelaient _djira_[67]
et ce qu’on nomme ici _debiḥa_. La debiḥa est l’acte par
lequel on se place sous la protection perpétuelle d’un homme ou
d’une tribu. C’est une ạnaïa prolongée. Prenons un exemple :
un étranger entre dans un qçar ou dans un campement de nomades : il y
est arrivé avec un individu de la localité ou de la tribu, qui l’a
accompagné comme zeṭaṭ, après lui avoir accordé son ạnaïa,
aussi appelée _mezrag_[68]. Si l’étranger ne fait que passer,
cette protection suffit pour sa sûreté ; s’il veut séjourner,
elle cesse d’être valable : l’ạnaïa ou mezrag est une garantie
temporaire, créée spécialement pour les voyageurs ; celui qui
veut résider quelque temps, ne fût-ce qu’un mois, doit s’en
assurer une autre. Il demande, à titre perpétuel, la protection
d’un personnage de la tribu : cela s’appelle « sacrifier sur
lui », _debeḥ ạlih_. Cette expression a pour origine l’ancien
usage, qui n’est suivi aujourd’hui qu’en circonstances graves,
d’immoler un mouton sur le seuil de l’homme à qui l’on demande
son patronage. Si, comme il arrive d’habitude, la personne à qui
on s’adresse l’accorde, on fait venir un marabout, et il écrit,
séance tenante, un acte certifiant que le nommé un tel a sacrifié
sur tel individu de telle tribu et qu’il est actuellement sous sa
protection. Voici les termes dans lesquels se rédigent ces pièces. Je
prends pour exemple une de mes debiḥas sur les Ida ou Blal. « Par la
volonté de Dieu, le rabbin Iosef el Djezîri sacrifie sur Ḥaïmed
ben Haïoun el Ḥarzallaoui, afin que celui-ci le protège contre
ses frères les Mekrez ; ayant reçu du Juif le prix de la debiḥa,
il devient responsable envers lui de tous les dommages qui lui seraient
faits par les Mekrez ; il les prend à sa charge et lui restituera ce
qu’on lui enlèverait. De son côté, le Juif s’engage à payer
à Ḥaïmed ben Haïoun dix coudées de cotonnade chaque année. Ces
conditions ont été acceptées par les deux parties. Écrit en leur
présence, le 26 moḥarrem 1301. Le serviteur du Dieu très haut,
Ḥamed ben Moḥammed El Ḥaddad el Ạmrani. » Cette protection se
paie d’ordinaire, on le voit, d’une légère redevance annuelle ;
seuls quelques grands seigneurs se font un point d’honneur de ne
rien demander. Il ressort de la teneur de l’acte qu’une fois cette
démarche faite, on n’a rien à craindre des concitoyens de son
patron ; on peut circuler sans péril parmi eux : s’attaquer à vous
serait s’attaquer à lui-même ; toutes les lois qui le sauvegardent
vous sauvegardent aussi : on est entré sous leur protection par
le fait de la debiḥa ; elle incorpore, en quelque sorte, à la
tribu. Comme, à côté des coutumes, il y a la loi du plus fort,
et que celle-ci l’emporte souvent, on a soin de prendre pour patron
un homme considérable, d’une famille puissante, et surtout d’un
caractère fier et intrépide, qui ne soit pas d’humeur à permettre
qu’on lèse ses clients. Il faut choisir aussi un homme loyal,
car si la debiḥa assure contre les concitoyens du protecteur, elle
ne garantit pas contre lui. Il est rare qu’un patron trahisse son
client ; celui qui le fait devient l’objet du mépris général,
et ses frères mêmes ne le soutiendraient pas. Dans toute tribu
ou localité où on veut séjourner un certain temps, dans celles
où on désire soit acheter des biens soit établir des dépôts de
marchandises, il faut faire une debiḥa : les négociants possesseurs
d’un commerce étendu en font un très grand nombre. Dans les tribus
nomades, on prend pour protecteurs les chefs des principales familles ;
dans les qçars, l’usage est de s’adresser au chikh. Les actes de
debiḥa font partie des héritages : les fils des patrons et ceux des
clients restent liés entre eux par les engagements qui unissaient
leurs pères. Deux choses seules peuvent annuler une debiḥa : la
cessation du paiement de la redevance par le client, ou la trahison
du patron.

Telle qu’elle existe entre particuliers, la debiḥa existe entre
tribus. Pour se mettre sous la protection d’une tribu, il y a deux
moyens : sacrifier sur un de ses membres, ou sur la tribu entière :
chaque individu étant solidaire de ses frères, les deux actes ont
un résultat identique. D’ordinaire, les particuliers et les petits
groupes, tels que les qçars isolés, se mettent sous la protection
d’un seul personnage ; au contraire, les districts, les grandes
fractions font les debiḥas sur les tribus entières. Ainsi, le
district de Tisint est vassal de l’ensemble des Ida ou Blal, tandis
qu’à Tatta chaque qçar isolément a pour patron[69] un membre de
cette tribu ; la tribu des Aït Jellal s’est déclarée cliente de
la masse des Ida ou Blal et ceux-ci, à leur tour, se sont constitués
tributaires de l’ensemble des Berâber. Ces liens, encore que nous
nous servions parfois des mots de suzeraineté et de vasselage pour
les désigner, n’impliquent, nous le répétons, aucune immixtion
dans les affaires, aucune suprématie. Les actes de debiḥa ne font
que garantir, dans l’étendue de la tribu qui patronne, la sûreté
des membres de la tribu cliente. Les Aït Jellal étant vassaux des
Ida ou Blal, ceux-ci devront respecter en tous lieux les personnes et
les biens des premiers, qui pourront voyager en sécurité sur leurs
terres. Les Ida ou Blal, grâce à leur debiḥa sur les Berâber,
pourront circuler sans péril dans les régions habitées par ces
derniers. Si, par erreur, des marchandises de tribus clientes sont
pillées par les patrons, ou réciproquement, on devra rendre ce qui a
été pris, dès qu’on apercevra la faute commise. Ce sont surtout
d’une part les populations commerçantes dont les caravanes ont
à traverser les territoires ou à craindre les ṛezous de tribus
étrangères, de l’autre les districts faibles enclavés dans les
contrées parcourues par des voisins puissants, qui ont besoin de ces
debiḥas. La garantie qu’elles procurent se paie par une redevance
annuelle, plus ou moins forte suivant l’importance de la fraction
cliente et l’étendue de ses relations avec ses patrons. Certaines
tribus, comme certains individus, ont à la fois plusieurs suzerains
différents.

Les debiḥas rendent possibles le commerce et les voyages ; elles les
rendraient faciles et leur enlèveraient tout risque si elles étaient
respectées. Souvent elles ne le sont pas : entre particuliers, on
les viole rarement ; entre tribus, on a moins de scrupules. Voici les
cas d’infraction les plus fréquents. Le client d’un particulier
peut être tué ou pillé par des concitoyens de son patron. Si les
meurtriers ou les ravisseurs ont agi par ignorance, s’ils témoignent
leurs regrets et proposent de payer le prix du sang et de rendre ce
qu’ils ont pris, on accepte généralement ces offres, et les choses
en restent là. Mais, dans un pays où tout le monde se connaît par
son nom, il est rare qu’on puisse alléguer l’ignorance. On a
presque toujours agi en connaissance de cause. L’agression constitue
donc un outrage personnel au patron de la victime ; son honneur
est engagé à en tirer sans retard une vengeance éclatante. Il
réunit tous ses parents, ce qui peut s’étendre loin, et les
prie de l’aider dans ses représailles ; s’il est puissant,
il entraîne à sa suite une grande partie de la tribu. Au premier
jour, il attaque et tue ceux qui l’ont outragé. Ces nouveaux morts
demandent vengeance à leur tour : riches ou pauvres, considérés
ou non, leurs proches, la fraction à laquelle ils appartiennent,
ne peuvent sans honte laisser leur meurtre impuni. On prend les
armes : une guerre civile éclate ; la tribu entière ne tarde pas
à y prendre part. Ces guerres, courtes dans les qçars, durent des
années parmi les nomades, et s’allument surtout chez eux. Nous
avons choisi le cas d’un notable ayant à se venger de gens moins
puissants. Si le patron offensé était assez fort pour réunir autour
de lui presque toute la tribu, il châtierait de même les auteurs de
l’attentat, mais les parents de ces derniers n’oseraient entrer
en lutte contre lui ; ils se borneraient à demander une indemnité,
qu’on leur accorderait sans doute, ou bien ils temporiseraient,
épiant l’occasion de laver leur honneur en faisant tomber dans un
guet-apens leur ennemi ou l’un des siens ; le jour venu, ils feraient
le coup, et émigreraient, de peur des représailles. Un troisième cas
se présente, le plus fréquent : on peut s’être attaqué au client
d’un homme faible. Si la fraction de ce dernier est très unie,
si les auteurs de l’agression en sont mal vus, elle considère
l’insulte comme sienne et tout entière embrasse sa cause : on
rentre dans le premier cas. Si au contraire son groupe est divisé,
si ceux dont il se plaint y ont des amis, peu de gens se lèveront
à sa voix. S’il a affaire à aussi faible que lui, il pourra se
venger ; si son adversaire est puissant, ou bien il se résignera à
boire sa honte, ou bien, s’il est homme de cœur, il assassinera
par surprise son ennemi ou quelqu’un de sa famille, et prendra la
fuite. Tels sont les faits qui se produisent lorsqu’un particulier
est lésé par son concitoyen dans la personne d’un client ; que
ce client soit individu, groupe ou qçar, les choses se passent de
même. Les suzerains, à moins d’être dans l’impossibilité
de le faire, tirent une vengeance sanglante de l’attentat commis
contre un de leurs vassaux. Il y va de leur honneur. Pour ce motif,
des groupes importants, des qçars, aiment mieux se mettre sous la
protection d’un seul individu que sous celle de toute une tribu.

Ceux qui ont pour patronne une tribu sont moins bien protégés. Des
hommes, des troupes, ont-ils lésé des gens d’un groupe vassal du
leur ? L’action est blâmable. Le devoir de l’assemblée de la
tribu suzeraine est de faire rendre justice aux clients offensés. Mais
là nul n’a d’intérêt personnel, nul ne prend la chose à cœur ;
au contraire. Quel est le fait dont on se plaint ? un ṛezou a enlevé
une caravane ? quelques hommes ont pillé un voyageur isolé ? Dans
l’assemblée siègent plusieurs membres du ṛezou en question ;
il leur coûte de rendre gorge, surtout si le convoi était richement
chargé ; ceux qui n’ont point participé au profit sentent que le
lendemain pareille chose pourra leur arriver, et craignent de demander
à leurs concitoyens des comptes qu’à leur tour ils seront heureux
de ne pas rendre ; enfin la prise d’une belle proie est un succès
qui flatte l’amour-propre de toute la tribu. Quand la fraction
plaignante est puissante, qu’on a des représailles graves à
craindre, il faut s’exécuter ; mais on traîne les choses en
longueur, on cherche mille prétextes pour restituer moins qu’on
n’a pris, on donne aussi peu que possible. Si la tribu lésée est
faible, éloignée, qu’on n’ait pas de vengeance à redouter,
l’on ne rend qu’au bout de longtemps, et presque rien. Aussi les
gens de fractions clientes, en voyage sur le territoire de leurs
patrons, se font souvent accompagner, par précaution, de l’un
d’eux comme zeṭaṭ. Lorsque, de deux tribus unies par un acte de
debiḥa[70], l’une met trop de mauvaise volonté à remplir ses
engagements, le pacte se rompt et une guerre s’ensuit. Elle peut
avoir lieu entre sédentaires et nomades, ou entre nomades. Dans
le premier cas, les nomades se réunissent en masse, marchent sur
les qçars, les assiègent et dévastent les jardins. A moins que
les habitants n’appellent d’autres nomades à leur secours, ils
sont obligés, s’ils ne veulent voir détruire leurs cités, de
demander grâce et d’acheter la paix par une rançon. Entre nomades,
la guerre est différente : guerre peu active, toute de surprises ;
rarement il y a de vrais engagements, on se borne à des ṛazias
mutuelles ; on tâche de tomber à l’improviste sur les tentes,
sur les troupeaux de ses adversaires, cherchant le butin et non le
combat. Ces guerres-là durent souvent pendant plusieurs générations.

Lorsque, dans un qçar ou une tribu, on vole, on pille ou on tue
des membres d’une fraction limitrophe, et qu’on refuse tout
dédommagement, la guerre en résulte ; cela ne peut être lorsque
les lésés appartiennent à des tribus lointaines. Entre groupes
éloignés, un usage est universel : celui des représailles. Prenons
des exemples. Un individu du qçar de Tisenna s Amin a été tué
par des hommes d’Agadir Tisint. Le premier habitant d’Agadir qui
tombera entre les mains des gens de Tisenna s Amin sera mis à mort. Un
Zenâgi, étant à Agadir Tisint, a été dupé dans un marché par
un homme du qçar, et l’anfaliz a refusé de lui rendre justice. Le
premier individu d’Agadir qui entrera sur le territoire des Zenâga
sera arrêté ; on ne le laissera partir qu’après qu’il aura
donné une somme égale à celle dont ses compatriotes ont fait tort au
Zenâgi : s’il ne l’a pas avec lui, il devra la faire chercher, et
restera prisonnier jusqu’à paiement complet. Ainsi du reste. C’est
la loi du talion : chacun reprend, dès que l’occasion s’en
présente, ce dont il a été frustré. D’après cette coutume,
l’Azdifi ordonnait de me mettre en prison comme sujet du sultan,
parce que des hommes de sa tribu étaient incarcérés à Merrâkech.

Les habitants de Tisint et tous les sédentaires de la région
emploient la langue tamaziṛt. La plupart d’entre eux
possèdent, par suite de leurs rapports avec les nomades voisins,
une teinture d’arabe. Les femmes et les enfants ne connaissent que
le tamaziṛt. Les hommes apprennent l’arabe à mesure qu’ils
grandissent ; ils le savent plus ou moins : les pauvres, sans cesse
occupés de travaux manuels, peu ; les riches, davantage, grâce au
commerce et aux affaires quotidiennes avec les nomades. Les principaux
citoyens le parlent couramment. Pour ce motif, le tamaziṛt en usage
est moins pur qu’il n’était à Tazenakht et chez les Zenâga ;
des mots arabes s’y sont introduits, surtout dans la conversation des
hommes ; les femmes ont mieux conservé les anciennes expressions. Si
les populations sédentaires des oasis ont pour idiome le tamaziṛt,
toutes les tribus nomades du sud du Bani, Oulad Iaḥia, Ida ou Blal,
Aït ou Mrîbeṭ, parlent l’arabe. Femmes et enfants n’usent
que de cette langue. Parmi les hommes, beaucoup n’en savent point
d’autre ; ceux-là seuls que de fréquentes affaires appellent
dans les qçars apprennent à la longue un peu de tamaziṛt ;
ils mettent de l’amour-propre à ne s’en servir que quand leur
interlocuteur ne comprend pas l’arabe, lorsque c’est une femme,
par exemple. Les familles d’Oulad Iaḥia qui habitent le Zgiḍ
et les bords du Dra, celles d’Ida ou Blal qui ont des domiciles
à Tatta et celles d’Aït ou Mrîbeṭ fixées à Aqqa et à
Tizounin, font exception à cette règle. Ces familles, isolées,
en contact journalier avec les Imaziṛen, ont appris leur langue,
bien qu’elles se servent entre elles de l’arabe.

Nous nous sommes occupés à plusieurs reprises de la langue, des
usages, des coutumes des Marocains ; nous n’avons pas dit un mot de
leur caractère : c’est qu’il nous paraît difficile d’être
exact sur ce sujet. Quelles qualités, quels défauts attribuer
à un ensemble de tant d’hommes, dont chacun est différent des
autres et de soi-même ? S’efforce-t-on de démêler des traits
généraux ? Lorsqu’on en croit reconnaître, une foule d’exemples
contradictoires surgissent, et, si l’on veut rester vrai, il faut
se restreindre à des caractères peu nombreux, ou dire des choses
si générales qu’elles s’appliquent non seulement à un peuple,
mais à une grande partie du genre humain. Partout même mélange de
qualités et de défauts, avec les modifications qu’apportent la
civilisation ou la barbarie, la richesse ou la pauvreté, la liberté
ou la servitude. Il me paraît difficile de reconnaître aujourd’hui
à ceux qu’Ibn Khaldoun appelle Berâber le bouquet de vertus
dont il les orne. Si une chose peut donner l’idée du caractère
des Marocains, ce sont les ouvrages où a été décrit celui des
Kabiles ou d’autres populations imaziṛen de l’Algérie. Une
longue expérience, des études approfondies, ont donné à des
hommes éminents le droit de traiter avec autorité un tel sujet. On
ne saurait l’avoir quand on a, comme moi, passé une seule année
dans un pays. Aussi n’entreprendrai-je point de dire ce que sont et
ne sont pas les Marocains ; je me bornerai à signaler quelques traits
isolés qui m’ont frappé et que j’ai retrouvés en beaucoup de
lieux ou remarqué dans certains groupes. Je le ferai en déclarant que
« je n’ay rien à dire entièrement, simplement, et solidement, sans
confusion et sans meslange, ny en un mot ». Presque partout règnent
une cupidité extrême et, comme compagnons, le vol et le mensonge sous
toutes leurs formes. En général, le brigandage, l’attaque à main
armée, sont considérés comme des actions honorables. Les mœurs
sont dissolues. La condition de la femme est au Maroc ce qu’elle
est en Algérie. D’ordinaire peu attachés à leurs épouses,
les Marocains ont un grand amour pour leurs enfants. La plus belle
qualité qu’ils montrent est le dévouement à leurs amis. Ils
le poussent aux dernières limites. Ce noble sentiment fait faire
chaque jour les plus belles actions. En blad es sîba, pas un homme
qui n’ait bien des fois risqué sa vie pour des compagnons, pour des
hôtes de quelques heures. La générosité, se traduisant surtout par
l’hospitalité, n’est l’apanage particulier d’aucun groupe :
les nomades ont l’habitude de taxer les Chellaḥa d’avarice ;
ces derniers accusent les Ḥaraṭîn du même vice. Je ne me suis
point aperçu qu’il y ait entre eux de distinction profonde à ce
sujet. Partout également, m’a-t-il semblé, il y a des avares et
des hommes généreux ; d’ordinaire, dans les contrées riches on
reçoit avec libéralité les étrangers, dans les localités pauvres
on ne leur donne rien ; dans tel qçar, qu’il se présente cent
voyageurs en même temps à la mosquée, on apportera à manger pour
tous, dans tel autre on n’offrira pas l’hospitalité à un seul. De
même chez les nomades. Les Marocains ont, comme tous les hommes, plus
ou moins d’amour-propre ; chez les Arabes du sud, ce sentiment est
très développé et se change souvent en une noble fierté ; chez les
Ḥaraṭîn, il prend volontiers la forme d’une vanité puérile ;
les Chellaḥa l’ont moins. Inutile de dire que ces populations,
qui passent leur existence les armes à la main, sont braves. Inutile
de dire qu’elles sont attachées à leur indépendance : la plupart
l’ont conquise et la défendent chaque jour au péril de leur vie,
soit contre le sultan, soit contre leurs voisins ; les tribus du
blad el makhzen elles-mêmes ne font que se révolter. Je n’ai pu
juger avec mes yeux de la valeur guerrière des divers habitants du
Maroc ; il est admis dans le pays que les peuplades les plus braves
et les plus aguerries sont les grandes tribus nomades du sud et
de l’est du Grand Atlas : Berâber, Aït Seddrât, Ida ou Blal,
Oulad Iaḥia, Aït ou Mrîbeṭ d’une part ; Doui Mnia, Oulad el
Ḥadj de l’autre. Après eux, très braves aussi, viennent les
montagnards, les Chellaḥa du massif Atlantique et les Qebaïl du
Rif. Les populations de plaine, cantonnées dans les basses vallées
des fleuves et sur les bords de l’Océan, forment une troisième
classe regardée comme au-dessous des précédentes en courage. Les
moins estimés de tous sont les Ḥaraṭîn. Les Marocains sont
prompts à verser le sang et ne font aucun cas de la vie des autres ;
je n’ai vu ni entendu citer d’exemple de cruauté de leur part. En
général, Chellaḥa et Ḥaraṭîn sont laborieux : adonnés à
l’agriculture, ils semblent, les seconds surtout, industrieux en ce
qui la concerne. Ils n’ont pas l’esprit vif de certains Arabes,
tels que les Ida ou Blal et les Oulad Iaḥia : ceux-ci, malgré
leur ignorance, ont une intelligence remarquable, sont curieux et
comprennent vite. Ces Arabes ont des façons distinguées et de la
politesse, tandis que les Imaziṛen sont la plupart grossiers. En
revanche, on trouve parfois dans ceux-ci une certaine bonhomie,
rare chez les premiers. Le Maroc, à l’exception des villes et
de quelques districts isolés, est très ignorant. Presque partout,
on est superstitieux et on accorde un respect et une confiance sans
bornes à des marabouts locaux dont l’influence s’étend à une
distance variable. Nulle part, sauf dans les villes et districts
exceptés plus haut, on ne remplit d’une manière habituelle
les devoirs religieux, même en ce qui concerne les pratiques
extérieures. Il y a des mosquées dans tout qçar, village ou douar
important ; elles sont plus fréquentées par les voyageurs pauvres,
à qui elles servent d’abri, que par les habitants.

Avant de quitter Tisint, disons qu’auprès des cinq qçars actuels,
s’en trouvent quatre autres ruinés, trois au sommet du Djebel
Taïmzouṛ et un à l’extrémité sud de Foum Tisint, traversé
par le chemin. On ne sait de quelle époque date leur destruction ;
de mémoire d’homme on les a vus ce qu’ils sont aujourd’hui ;
leur fondation est attribuée aux Chrétiens.


                        2o. — DE TISINT A TATTA.


Comptant revenir plus tard à Tisint, je ne désirai pas m’y arrêter
cette fois ; dès mon arrivée, je voulus partir pour Tatta. Deux
zeṭaṭs Ida ou Blal, escorte suffisante, furent bientôt trouvés ;
mais un contretemps se présenta : un ṛezou de 400 Berâber était
signalé depuis quelques jours aux environs ; on jugea imprudent de se
mettre en route tant que ses intentions ne seraient pas connues. Le 16,
il tomba sur la partie occidentale des jardins de Tisint, les pilla
et enleva des travailleurs. Son but était atteint ; il ne lui restait
qu’à battre en retraite pour sauver son butin. Je pouvais partir.

Pendant ce court séjour, je fis plusieurs connaissances. Aussitôt le
bruit de mon arrivée répandu, tous les ḥadjs, familiers avec les
choses et les gens des pays lointains, voulurent me voir. Une fois de
plus, je reconnus les excellents effets du pèlerinage. Pour le seul
fait que je venais d’Algérie, où ils avaient été bien reçus,
tous me firent le meilleur accueil ; plusieurs, je le sus depuis,
se doutèrent que j’étais Chrétien ; ils n’en dirent mot,
comprenant mieux que moi peut-être les dangers où leurs discours
pourraient me jeter. L’un d’entre eux, le Ḥadj Bou Rḥim ould
Bou Rzaq, devint dans la suite pour moi un véritable ami, me rendit
les services les plus signalés et me sauva des plus grands périls.

                              16 novembre.

Parti à midi d’Agadir, avec deux Ida ou Blal, j’arrivai à 3
heures et demie à Qaçba el Djouạ, petite oasis où l’on devait
passer la nuit. De Tisint à Tatta, on suit constamment le pied des
monts Bani. Cette chaîne est un mouvement de terrain fort curieux
et l’un des plus importants du Sahara Marocain. S’élevant
de 200 à 300 mètres au-dessus du sol environnant, d’un à deux
kilomètres de largeur à la base, sans aucune largeur au sommet, elle
forme une lame rocheuse, un tranchant, émergeant de terre au seuil
du désert. Nul contrefort, nulle chaîne, ne se rattache à cette
digue isolée dans le Sahara. Elle est orientée de l’est-nord-est
à l’ouest-sud-ouest, comme le cours inférieur du Dra et comme les
chaînes de l’Atlas. La longueur en est grande : elle est traversée,
dit-on, par le Dra au-dessous de Tamegrout et se développe, toujours
semblable, gardant même composition, même forme et même hauteur,
jusqu’au bord de l’Océan, où elle expire au sud du groupe de
villages appelé Ouad Noun. Un certain nombre de khenegs la percent,
étroites brèches par où s’écoulent vers le Dra les eaux du
Petit Atlas. Chacun de ces passages est le point de réunion de
quatre ou cinq rivières, et comme l’orifice d’un entonnoir. Les
eaux se trouvant assemblées en ces points, il s’est créé à
chacun d’eux une oasis. Les grandes oasis qui se voient entre le
Sous, le Dra et l’Atlantique ont toutes cette origine ; toutes,
Zgiḍ, Tisint, Tatta, Aqqa, Tizgi el Ḥaraṭîn, Icht sont à
la bouche d’un kheneg du Bani. Le Bani est en roche, sans terre
ni végétation : grès calciné, comme les monts de Tazenakht,
il présente une écaille noire et brillante sur toute la surface
de ses flancs. Ceux-ci sont en pente douce au pied, très raide
vers le sommet. En maints endroits du Bani existent des minerais :
cuivre, zinc, argent, or vers l’occident. Au nord de cette muraille
s’élèvent les pentes du Petit Atlas ; commençant à son pied,
à l’ouest, elles sont séparées d’elle par la Feïja, dans la
portion orientale. Au sud, plus une montagne, la plaine à perte de
vue. Tel est le Bani, la dernière chaîne avant le Grand Désert ;
parallèle au Grand et au Petit Atlas, il est comme le ruban d’écume
qui borde la plage en avant de ces deux vagues monstrueuses. Je suivrai
cette chaîne remarquable jusqu’à Tatta, tantôt en longeant le
pied, tantôt m’en tenant à peu de distance, marchant dans la Feïja
d’abord, sur les premières pentes du Petit Atlas ensuite. Le chemin
est facile : terrain sablonneux dans la Feïja, pierreux ailleurs,
nu en cette saison, couvert de plantes basses les hivers pluvieux ;
comme arbres, des gommiers de 2 à 3 mètres, d’autant plus nombreux
qu’on se rapproche du lit de quelque ruisseau ou qu’on s’éloigne
du Bani, au pied duquel le sol, tout de roche, ne leur permet pas de
pousser. Point de gibier dans ces régions stériles, si ce n’est
des mouflons ; eux seuls vivent dans les vastes solitudes du Petit
Atlas et sur les rocs du Bani. Au sud de celui-ci, dans la plaine,
courent de nombreuses gazelles.

Depuis le kheneg de Tisint jusqu’à Qaçba el Djouạ, je n’ai
cessé de suivre l’Ouad Qaçba el Djouạ. A hauteur d’Aqqa Aït
Sidi, il a 12 ou 15 mètres d’eau, dans un lit de pierre de largeur
double, que bordent deux parois rocheuses et escarpées élevées
de 20 à 30 mètres. Deux kilomètres plus haut, l’eau courante
disparaît ; il reste des flaques plus ou moins longues, de distance
en distance ; lit de 50 mètres ; le fond, parfois recouvert d’une
légère couche de sable, est de roche blanche ainsi que les parois qui
le bordent ; celles-ci n’ont plus que 15 à 20 mètres de haut. Peu
après, elles s’abaissent encore et se changent en talus de sable
de 10 à 15 mètres, formant de chaque côté une ligne de dunes
irrégulières appelées Idroumen. A partir de Trit, plus d’eau
dans l’ouad : lit de galets au niveau de la Feïja. Dans l’oasis
de Qaçba el Djouạ, la rivière prend une largeur extrême, mais
reste à sec ; le lit, moitié sable, moitié gravier, se remplit de
palmiers et, confondu avec le terrain qui l’entoure, cesse bientôt
de se distinguer. Chemin faisant, j’ai traversé la petite oasis
de Trit, bois de palmiers au milieu duquel s’élève un qçar
d’environ 100 maisons, peuplé de Ḥaraṭîn vassaux des Ida
ou Blal. Trit se gouverne à part. De Tisint à Qaçba el Djouạ,
beaucoup de monde sur la route.

[Illustration : Feïja, oasis de Qaçba el Djoua et Bani.

(Vue prise du chemin de Qaçba el Djoua à Aqqa Igiren.)

Croquis de l’auteur.]

                              17 novembre.

Séjour à Qaçba el Djouạ. Qaçba el Djouạ est un grand qçar,
situé au milieu d’une belle oasis. Les constructions s’élèvent
sur les premières pentes de la plus basse et la plus septentrionale de
trois collines qui, se dressant près du Bani, sans s’y rattacher,
forment un massif isolé au bord de la Feïja. L’Ouad Qaçba el
Djouạ, plein de dattiers et confondu avec le sol de l’oasis,
contourne ce massif. A son entrée dans les plantations, il reçoit sur
sa rive gauche l’Ouad Ṭriq Targant[71], ainsi nommé parce que,
pour gagner au nord-ouest le qçar de ce nom, on en remonte le cours
un certain temps. Ici, les palmiers, moins serrés qu’à Tisint,
ombragent des cultures. Le sol est sablonneux. Point d’eau courante ;
l’ouad est à sec, à moins qu’il ne pleuve. Une nappe d’eau
existe sous le sol, à peu de profondeur ; une multitude de puits sont
creusés dans l’oasis ; par eux la Qaçba s’alimente et irrigue
ses plantations. L’arrosage des palmiers est inutile les années de
pluie : que l’eau coule dans l’ouad durant vingt-quatre heures,
c’est assez pour inonder l’oasis, assez pour que la terre soit
fécondée, assez pour que la récolte de grains et de dattes soit
assurée. Mais il ne pleut pas tous les ans ; en voici sept que ce
bonheur n’est arrivé : sept années de sécheresse viennent de
passer sur la partie occidentale du bassin du Dra. Le pays s’en
est ressenti et est fort appauvri. L’orge est hors de prix ;
il n’y a presque plus de bétail : la misère est générale. Un
ciel nuageux et un peu de pluie ayant signalé le commencement de ce
mois, l’allégresse fut universelle ; on employa les dernières
économies à acheter des grains, et chacun se mit à labourer
avec acharnement. Tous déploient ici une activité fiévreuse ;
pas un homme de la Qaçba qui ne soit au travail ; on voit de
toutes parts des gens conduisant leurs charrues entre les palmiers,
traînées par des vaches, des chevaux, des mulets, des ânes et,
faute de mieux, des femmes : les bêtes de somme et de trait sont
rares dans les qçars et le moment des semailles va passer ! Qaçba
el Djouạ est vaste, prospère, et bien construite, partie en
pisé, partie en pierre. Les habitants, Chellaḥa. contrastent,
par leur blancheur, avec les noirs possesseurs des oasis voisines ;
exception remarquable, ils ne reconnaissent point de suzerain, n’ont
de debiḥa sur personne. Beaucoup d’entre eux sont cherifs, la
plupart sont riches. Ils forment 400 fusils. Leur langue habituelle
est le tamaziṛt, presque tous savent aussi l’arabe. Fraction des
Aït Semmeg de la rive gauche du Sous, et depuis longtemps séparés
de leur tribu mère, ils ont conservé de bons rapports avec elle, et
en cas de guerre, malgré la distance, lui envoient et en reçoivent
des secours. Ils sont en bonnes relations avec les Ida ou Blal ;
beaucoup épousent des femmes de cette tribu. Qaçba el Djouạ est
célèbre par l’abondance et la bonne qualité de ses dattes ;
elle produit des bou feggouç, des djihel, des bou souaïr, des bou
iṭṭôb et surtout des bou sekri.

On distingue d’ici quatre petites oasis, situées de l’autre côté
de la Feïja ; chacune d’elles contient un qçar dont elle porte le
nom. De ces qçars, Aqqa Iṛen, Tiskmoudin, Ida Oulstan, Serṛina,
le plus important est Aqqa Iṛen. On appelle les trois autres Qçour
Beïḍin, à cause de la blancheur de leurs maisons. Tous sont
peuplés de Chellaḥa et de Ḥaraṭîn tributaires des Ida ou Blal.

                              18 novembre.

Départ à 6 heures du matin. Je continue à suivre le Bani. Bientôt
la Feïja finit et je passe dans une nouvelle région, sur
les premières pentes du Petit Atlas, terrain pierreux, mais
facile. Vers 10 heures, j’approche d’Aqqa Igiren : on voit
d’une part cette petite oasis, de l’autre un kheneg dans le Bani,
Kheneg eṭ Ṭeurfa. A cette brèche se trouvent une source et des
dattiers, propriété des habitants d’Aqqa Igiren, mais point de
maisons. Une rivière s’échappe par là vers le sud, l’Ouad
Kheneg eṭ Ṭeurfa. Elle est formée de trois cours d’eau,
l’Ouad Aqqa Izen, l’Ouad Tesatift et l’Ouad Aqqa Igiren :
les deux premiers sont des ruisseaux et coulent dans le désert ; le
troisième est une rivière importante ; au-dessus d’Aqqa Igiren,
qu’il traverse et où il reçoit un affluent, il prend le nom
d’Ouad Targant et arrose plusieurs lieux habités. Aqqa Igiren est
une oasis peu étendue, avec deux petits qçars d’aspect misérable ;
la moitié des constructions est en ruine et abandonnée ; les maisons
qui restent sont en pierre, mal bâties, n’ayant la plupart qu’un
rez-de-chaussée, ce qui est le dernier signe de pauvreté dans le
pays. Population de Chellaḥa et de Ḥaraṭîn, tributaires des
Ida ou Blal. Point d’eau courante ; plusieurs puits de bonne eau
et une feggara auprès du qçar occidental.

[Illustration : Kheneg et Teurfa. (Vue prise du chemin de Qaçba el
Djoua à Aqqa Igiren.)

Croquis de l’auteur.]

[Illustration : Aqqa Igiren. (Vue prise du chemin de Qaçba el Djoua.)

Croquis de l’auteur.]

Vers 3 heures, j’aperçois devant moi les palmiers de Tatta. Cette
oasis n’est pas comme Tisint une forêt compacte ; elle se compose
d’un grand nombre de groupes distincts, les uns au nord du Bani, les
autres au sud : dans la première région, les qçars sont rapprochés
et leurs plantations se touchent souvent ; dans la seconde, ils sont
isolés et dispersés un par un dans la plaine. Celui où je vais,
Tintazart, est de ces derniers. Pour l’atteindre, je commence à
gravir le Bani : la montée est difficile : bientôt il faut mettre
pied à terre ; je chemine péniblement au milieu des roches. A
3 heures 35 minutes, je parviens au sommet, arête effilée sans
aucune largeur. Le coup d’œil, vers le sud, est admirable. Une
immense plaine s’étend à perte de vue : c’est le désert. Il
se déroule, indéfiniment jaune et plat, jusqu’à un double ruban
bleu que forment à l’horizon les coteaux de la rive gauche du
Dra et le talus du Ḥamada. Comme des taches noires sur le sable,
apparaissent divers qçars de Tatta ; ils sont disséminés près
du Bani, à quelque distance les uns des autres, chacun entouré de
ses palmiers. Le col où je suis s’appelle Tizi n Tzgert[72]. La
descente est aussi lente que la montée. Au pied du Bani, je rencontre
un sable dur sur lequel je marche jusqu’à Tintazart. J’y arrive
à 5 heures et demie.

Personne sur la route, de toute la journée. Les cours d’eau que
j’ai rencontrés étaient à sec ; ils avaient un lit semblable,
à fond de gros galets, à berges de terre de 50 centimètres à 1
mètre de haut. Aucun d’eux n’a d’importance, excepté l’Ouad
Aqqa Igiren. Celui-ci, dans l’oasis de ce nom, a 80 mètres de
large et des berges à pic de 2 mètres. Le long du trajet, les
gommiers sont assez nombreux, sauf sur les flancs du Bani. Dans
la vallée de l’Asif Oudad, ils se mêlent, au bord du ruisseau,
de quelques tamarix. Des touffes de melbina et de kemcha sèment le
sol. Enfantées par les pluies récentes, de petites herbes sortent
de toutes parts. Ce qu’on voit, chemin faisant, du Petit Atlas est
tout roche, aussi bien les pentes prochaines, noires comme le Bani,
que les crêtes éloignées, majestueux massifs d’un rouge sombre.


                              3o. — TATTA.


Tintazart est un des plus grands qçars de Tatta ; elle est bâtie
sur l’extrémité d’une petite chaîne rocheuse de 15 à 20
mètres d’élévation, à flancs très escarpés. Cette chaîne
fait partie de l’enchevêtrement d’arêtes de roche noire qui
serpentent dans la plaine. Le point où est construite Tintazart
s’appelle Irf Ouzelag, « la tête du serpent ». La localité
se compose de trois parties : l’une, dominée par le donjon de la
maison commune, forme le qçar actuel ; une seconde, plus petite de
moitié, est ruinée : c’était le quartier de Chikh Ḥamed ; la
destruction, qui date de quelques années, est l’œuvre des Mekrez,
l’une des deux branches des Ida ou Blal, et fut cause d’une guerre
longue et sanglante, à peine achevée, entre les Mekrez et l’autre
moitié de la tribu, les Ḥaïan, dont Chikh Ḥamed était client. Le
troisième quartier, plus petit que les précédents et hors des murs,
est le mellaḥ. Les maisons sont, comme celles de Tisint, pierre à la
base, pisé dans les parties supérieures ; elles sont uniformément
couvertes en terrasse. Belles plantations de palmiers, arrosées de
sources nombreuses. Toutes les eaux qui descendent du Bani et arrosent
la plaine entre cette chaîne, Toug er Riḥ et Anṛerif, aboutissent
à Tintazart, El Qcîba et Anṛerif et en fertilisent les terres. Dans
les trois lieux, les jardins sont au sud des bâtiments ; au nord, on
ne voit que le sable desséché de la plaine, l’areg. Tintazart est
peuplée de Chellaḥa et de Ḥaraṭîn ; les premiers dominent. Elle
se gouverne à part, comme chacun des qçars de Tatta ; comme eux,
elle est tributaire des Ida ou Blal. L’administration y est confiée
à un chikh élu par l’assemblée générale. Lors de mon arrivée,
un jeune homme de dix-huit ans, Ḥamed ou Baqâder, remplissait ces
fonctions. Pendant mon séjour, on eut sujet d’être mécontent de
lui et on le remplaça par son cousin, El Ḥasen ould Bihi, aussi
jeune que lui. Leurs pères ont péri de mort violente : on voit peu
de vieillards en ce pays. Le fait qui motiva ce changement fut le
suivant : un Chleuḥ de Tintazart, nommé Ạbd Allah, avait depuis
trois ans une affaire en litige avec des gens d’Aqqa Izenqad, autre
qçar de Tatta. Ceux-ci lui réclamaient une somme d’argent qu’il
refusait de rembourser : ils s’impatientèrent, vinrent au nombre
de 17 fusils dans sa maison, le tuèrent, prirent ce qu’ils purent
et s’en retournèrent. Cet événement se passait à l’époque où
j’étais là. Ḥamed ou Baqâder n’avait rien fait pour prévenir
le meurtre et n’essaya point de le punir : il se borna à de molles
réclamations auprès de l’assemblée d’Aqqa Izenqad. Son manque
d’énergie mécontenta : on lui enleva son titre, et on le donna
à son cousin.

[Illustration : Kheneg d’Adis. (Vue prise de Tintazart.)

Croquis de l’auteur.]

[Illustration : Kheneg d’Adis et Ouad Toug er Rih. (Vue prise de
Toug er Rih.)

Croquis de l’auteur.]

Tatta est la plus étendue des oasis situées entre le Dra et
l’Atlantique. Elle se compose de deux parties. La première, au
nord du Bani, comprend de nombreuses localités, échelonnées sur
les rives de trois cours d’eau, les ouads Tatta, Toug er Riḥ et
Adis. Ces rivières se rapprochent en arrivant au Bani, où le kheneg
d’Adis donne passage à toutes trois et conduit dans la seconde
région. Celle-ci est ce qu’on appelle l’_areg_, vaste plaine à
sol sablonneux et dur, située au sud du Bani, semée, de distance en
distance, de qçars isolés, les uns sur les bords des trois rivières,
les autres arrosés par des sources ; l’areg est moins peuplé que
la portion supérieure : il compte 14 lieux habités, l’autre en
possède 22. Ces diverses localités ont une population identique,
mélange de Ḥaraṭîn et de Chellaḥa ; le dernier élément y
domine. Elles sont sans lien entre elles et indépendantes. Chacune en
particulier est tributaire des Ida ou Blal ; les plus septentrionales
ont une seconde debiḥa sur les Aït Jellal, tribu nomade cantonnée
non loin de là, vers les pentes supérieures du Petit Atlas. Les
principaux centres de Tatta sont Afra et Adis. L’un et l’autre
se composent de deux qçars presque contigus. L’un et l’autre
réunissent les deux causes d’importance d’un lieu, marché
et zaouïa. La zaouïa d’Adis a peu de membres ; le chef en est
S. Moḥammed d Aït Ouzeggar. Celle d’Afra, plus considérable,
appartient à la nombreuse famille des Aït Ḥoseïn ; les religieux
habitent Afra Fouqania, appelée aussi Aït Ḥoseïn, où est enseveli
S. Moḥammed d Aït Ḥoseïn, leur ancêtre ; cette zaouïa jouit
d’une grande vénération dans le pays. Une troisième existe à
Tatta : celle de Djebaïr, fondée par S. Ạli ben Djebira, dont
la qoubba s’élève entre Adis et Toug er Riḥ. S. Ạli ben
Djebira descendait de S. Moḥammed ech Chergi, de Bou el Djạd ;
sa postérité, fixée à Djebaïr, est un rameau de la famille dont
Sidi Ben Daoud est le chef. L’un de ses rejetons, Ạli Ben Hiba,
ayant gagné une fortune considérable dans le commerce du Soudan,
où il a fait un long séjour, a acquis par là une grande influence ;
peu d’hommes ont autant de poids à Tatta et dans la tribu des Ida
ou Blal. Enfin, une quatrième puissance religieuse, celle du marabout
S. Moḥammed Mouloud, a son siège à Tintazart. S. Moḥammed Mouloud
est étranger : son père fut S. El Mokhtar bel Lạmech, fondateur de
Tindouf et chef de la tribu religieuse des Tajakant. A son lit de mort,
S. El Mokhtar partagea entre ses enfants la zone où s’étendait
son influence : les Ida ou Blal échurent à Moḥammed Mouloud. Pour
être près d’eux il s’établit à Tatta. Mais la tribu est des
moins dévotes et ne lui donne ni travail ni profit. A-t-on un acte
à dresser, quelque chose à écrire ? on s’adresse à lui ; une
légère rémunération le gratifie. Là se bornent et ses fonctions et
ses bénéfices. Encore lui préfère-t-on souvent son frère cadet,
Aḥmed Digna, qui réside à Tindouf.

[Illustration : Derniers palmiers de Tatta dans la direction du sud,
areg, collines de la rive gauche de l’Ouad Dra.

(Vue prise de Tintazart.) Croquis de l’auteur.

Le commerce de Tatta, considérable naguère, quand y arrivaient
les caravanes du Soudan, est presque nul aujourd’hui. On se borne
à chercher à Merrâkech les produits européens indispensables,
à demander au Sous son huile, à exporter des dattes. Deux marchés,
le Tlâta d’Afra et le Khemîs d’Adis. J’ai été une fois à ce
dernier : il se tient dans le kheneg d’Adis, sur la rive droite de
l’Ouad Adis, en face de Tamessoult, à l’ombre des palmiers. De
petites niches de pisé ou de pierre, adossées aux troncs, servent
de boutiques aux marchands. Le jour où j’y fus, les produits en
vente se réduisaient à peu de chose : des grains, du bétail, de
l’huile, des légumes, des cotonnades blanches, beaucoup de khent,
un peu de thé et de sucre ; il n’y avait ni allumettes, ni papier,
ni aiguilles. Le marché était peu animé. On semblait y être
venu plutôt par désir de distraction, afin de se voir et causer,
que pour acheter.

Tatta a de nombreux dattiers ; les bou feggouç dominent ; puis
viennent les bou iṭṭôb, les djihel, les bou souaïr et, plus
rares, les bou sekri. Les arbres sont, comme à Qaçba el Djouạ,
assez espacés pour que grains et légumes se cultivent entre leurs
intervalles. Les années de pluie, on sème de l’orge dans l’areg,
au bord des rivières et dans le voisinage des palmiers, partout où
l’on peut arroser.

Outre la population tamaziṛt, un certain nombre d’Ida ou Blal
vivent à Tatta, dans des qçars du sud. Des familles de la tribu
habitent El Qcîba, Izeṛran, Toug er Riḥ. Les unes s’y sont
établies paisiblement, la plupart y sont entrées de force à la
faveur des divisions des habitants. Tel est le cas de Toug er Riḥ,
lieu où ils sont le plus nombreux : au cours de querelles intestines,
une des factions y demanda l’appui d’Ida ou Blal ; ceux-ci
entrèrent, chassèrent une partie des habitants, s’emparèrent
des meilleures maisons et des jardins et s’installèrent.

Plusieurs localités en ruine jonchent le sol de Tatta : Qaçba el
Makhzen et Tiiggan Qedîm sont abandonnés depuis une époque dont
la mémoire est perdue ; cinq des qçars de Taldnount, de sept que
comptait ce groupe, ont été, il y a trente ans, ruinés par les
Ida ou Blal ; des quartiers de Tintazart et d’Izeṛran viennent
d’être détruits par la même tribu.

Ici comme à Tisint, le tamaziṛt est la langue générale ; mais
presque tous les hommes savent l’arabe.

Mon compagnon, le rabbin Mardochée, se trouvait à Tintazart au milieu
de sa famille, entre un frère et une foule de parents. Il était
juste de lui permettre de jouir de leur société. Je le laissai se
reposer auprès des siens pendant que je faisais deux excursions,
l’une au lit de l’Ouad Dra, l’autre à l’oasis d’Aqqa.

Pour le peu de temps que je devais rester à Tintazart, je n’avais
pas besoin de faire de debiḥa sur aucune personne du qçar ;
ayant à séjourner davantage sur le territoire des Ida ou Blal,
il était indispensable de m’assurer de ce côté en me munissant
de deux patrons parmi eux : en temps ordinaire un seul eût suffi ;
mais la longue guerre qui les a divisés finit à peine ; les membres
d’une fraction ne garantissent pas encore contre ceux de l’autre :
il faut avoir son protecteur dans chacune d’elles. Ce n’est
qu’après avoir rempli ces formalités que je pus me mettre en route.


                  4o. — EXCURSIONS AU MADER ET A AQQA.


                             I. — LE MADER.

La portion du lit de l’Ouad Dra qui se trouve à l’ouest du
méridien de Tisint est en grande partie cultivable : le fond,
sablonneux sur presque toute son étendue, y devient fertile
dès qu’il est arrosé. Ces parties labourables sont appelées
_mạder_. Six principaux mạders sont situés aux confluents des six
grands tributaires du fleuve ; on les nomme : Mạder Ida ou Blal,
Mạder Tatta, Mạder Aqqa, Mạder Tizgi, Mạder Icht, Mạder
Imi Ougadir. Je vais aller au premier.

                              25 novembre.

Parti à 10 heures du matin de Tintazart, j’arrive, à 6 heures
et demie du soir, à 200 mètres du lit de l’Ouad Dra, dans
un ensemble de cultures appelé Mạder Soulṭân ; ce lieu fait
partie de la plaine de Medelles, delta sablonneux formé par l’Ouad
Kheneg eṭ Ṭeurfa à son confluent avec le Dra. J’y passe la
nuit. Ma route a traversé cinq régions distinctes. La première,
de Tintazart à l’Ouad Toufasour, est l’areg, tel qu’on le voit
jusqu’au Bani, sable uni, dur, sans une pierre et sans un arbre ;
il est semé de touffes rares et maigres d’aggaïa, de kemcha et de
melbina ; d’étroites arêtes de roche noire émergent çà et là
et se tordent à sa surface. La seconde région commence à l’Ouad
Toufasour et finit au Kheneg Zrorha ; plus de sable ; sol dur et plat,
couvert de petites pierres et de gravier ; mêmes plantes, auxquelles
s’ajoutent des gommiers de 3 à 4 mètres, nombreux surtout le
long des ruisseaux ; les serpents rocheux rampent toujours sur le
dos de la plaine, deux ou trois chaînes de collines plus hautes, de
couleur grise et jaune, s’y mêlent. Du Kheneg Zrorha à l’Ouad
Asgig, dans la troisième partie du trajet, tout relief cesse ;
plus d’arêtes rocheuses ; terrain plat jusqu’au Dra : le sol,
très dur, est couvert de cailloux noirs comme d’une écaille
sombre et brillante ; même végétation que tout à l’heure,
moins abondante et plus étroitement cantonnée sur les bords des
ruisseaux. Cette plaine s’appelle Ouṭa Bouddeïr. La quatrième
région s’étend de l’Ouad Asgig au delta de l’Ouad Kheneg
eṭ Ṭeurfa : le sol s’adoucit, le gravier se mêle de sable ;
celui-ci augmente à mesure que l’on avance ; la végétation garde
la même nature, les gommiers diminuent. La cinquième est la plaine
de Medelles, delta sablonneux formé de vase et de dunes basses, de 50
centimètres à 1 mètre ; l’Ouad Kheneg eṭ Ṭeurfa le traverse,
divisé en trois bras ; végétation abondante ; des bouquets de
grands tamarix ombragent une terre verdoyante, couverte de melbina,
d’aggaïa et de sebt[73] ; des cultures apparaissent. Plus on avance,
plus le sol devient humide ; il est si vaseux durant les 2 derniers
kilomètres que les animaux marchent à grand’peine et qu’on
est forcé d’aller nu-pieds. Cette partie inférieure du Medelles
est défrichée et labourée ; on l’appelle Mạder Soulṭân ;
je m’y arrête à quelques pas de l’Ouad Dra. Ma nuit se passe
là, au pied d’un bouquet de tamarix, en compagnie d’une douzaine
d’Ida ou Blal, laboureurs au bivac.

Peu de monde aujourd’hui sur ma route ; seuls, quelques cultivateurs
revenaient du Mạder avec leurs bestiaux, après avoir terminé leurs
labours. Les cours d’eau situés sur mon passage étaient à sec ;
aucun n’avait d’importance. Le lit de l’Ouad Toufasour, à fleur
de terre, se distingue à peine ; celui de l’Ouad Zrorha a un fond
de galets large de 12 mètres et des berges de terre de 1 mètre ;
celui de l’Ouad Asgig a 30 ou 40 mètres de large, un fond moitié
roche, moitié galets, des berges à pic de 1 ou 2 mètres. Durant la
dernière partie du trajet, on distinguait le mont Taïmzouṛ et le
Kheneg eṭ Ṭeurfa ; seul relief entre eux et le chemin, un massif
isolé, le Gelob, dressait à l’est sa double cime au milieu de
la plaine qui s’étend du Bani au Dra. Le kheneg d’Adis était
invisible ; les collines entre lesquelles j’ai passé au sud de
l’Ouad Toufasour le cachaient.

                              26 novembre.

Départ à 6 heures 5 minutes. A 6 heures 9 minutes, je sors
de la plaine de Medelles et je gravis un bourrelet rocheux, le
Rist Djedeïd, qui la sépare du Dra ; à 6 heures 13 minutes,
j’en atteins la crête ; à 6 heures 14 minutes, je suis dans le
fleuve. Je le remonte. Le lit est de vase, sèche sur les bords,
humide vers le milieu. De grands herbages, des fourrés de tamarix
le recouvraient, ces jours derniers, d’une végétation touffue. A
l’heure qu’il est, presque toute cette verdure a disparu sous
les sillons : la majeure partie du sol est ensemencée ; on laboure
encore sans relâche ; de toutes parts, on ne voit que charrues
attelées de bœufs, de chevaux, de chameaux, on n’entend que les
cris et les chants des laboureurs. Le lit de l’Ouad Dra est plat ;
il a 3 kilomètres et demi de large ; un talus uniforme élevé de
100 mètres, la ligne bleue qu’on voyait de Tisint et de Tatta,
le borde à gauche ; le bourrelet rocheux d’à peine 30 mètres
que j’ai franchi ce matin, le Rist Djedeïd, en garnit la rive
droite. D’ordinaire, il disparaît en entier sous les hautes herbes
et les broussailles : aux pluies d’automne, on les arrache pour
cultiver : la moisson faite, elles l’envahissent de nouveau. En
ce moment tout est défriché, à l’exception d’une bande de
verdure de 500 mètres de large qui court au milieu ; là, dans
la partie centrale du lit, le sol est si détrempé qu’il est
impossible de labourer : les hommes, même pieds nus, y marchent
avec peine. Lorsque, les années très pluvieuses, les eaux du haut
Dra arrivent jusqu’ici, elles inondent tout le lit et font une
nappe infranchissable de 3 à 4 kilomètres de large ; les cultures
sont fécondées et la récolte assurée. S’il est tombé quelques
pluies, mais non assez pour déterminer la venue du Dra supérieur,
les mạders sont encore arrosés ; les rivières au confluent
desquelles ils sont situés leur apportent leur tribut : dans ce cas,
chaque mạder est fertilisé, mais le lit n’est pas rempli ; le
peu d’eau qui y entre coule dans trois rigoles qui sont au milieu et
que je verrai tout à l’heure. Enfin, si l’année est tout à fait
sèche, l’eau ne descend nulle part, le sable reste stérile, et il
y a famine. Plusieurs années de disette viennent de s’écouler ;
aussi quelle joie a accueilli les premières ondées, prélude d’un
hiver humide ! avec quelle précipitation tout le monde s’est jeté
vers le mạder ! avec quel entrain chacun laboure le plus qu’il
peut ! Pendant les jours que je viens de passer à Tintazart, il
n’y avait dans le qçar ni un homme ni une bête : vaches, ânes,
chevaux, mulets, chameaux, tout était au mạder avec les hommes ;
les femmes seules et les petits enfants gardaient les maisons. Toute
la population mâle de la contrée, nomade et sédentaire, est massée
depuis quinze jours dans cette étroite bande de terre. Des habitants
du Petit Atlas, du Sous même et du Sahel, y ont des terrains et sont
venus les cultiver. Le lit de l’Ouad Dra, d’habitude désert,
présente l’aspect le plus gai et le plus animé. Au lever du jour,
une multitude de feux s’allument le long des deux rives, perçant
le brouillard du matin : c’est le premier repas qui s’apprête
en silence. Puis chacun quitte le bivac et se met au travail ; les
vapeurs s’élèvent peu à peu ; au-dessous des pentes du flanc
gauche, encore d’un violet sombre, le soleil illumine le fleuve
dont les sables se colorent d’un rose doux : la vie renaît ; le
lit se couvre de monde ; les laboureurs le parcourent en tous sens :
on n’entend que les hennissements, les mugissements des animaux,
et les cris des conducteurs qui les excitent.

Après avoir remonté quelque temps le fleuve, au milieu de ce travail,
de ce mouvement universels, je visite les trois rigoles centrales
où est en ce moment toute l’eau du Dra. La plus septentrionale
a 20 mètres de large et 1 mètre de profondeur ; la vase y
est plus détrempée qu’ailleurs, mais elle ne contient point
d’eau. La seconde, pareille, a seulement 10 mètres de large. La
plus méridionale n’en a que 8, mais sa profondeur est double et de
nombreuses flaques d’eau sèment le fond. L’eau du Dra est salée
dans cette région. Les trois rigoles serpentent au milieu d’une
végétation touffue ; au ras du sol, diverses herbes se pressent
en tapis ; des tamarix de 3 à 4 mètres les ombragent. L’eau de
la dernière rigole et l’humidité répandue dans le mạder ont
été apportées par des affluents du fleuve à la suite des pluies
récemment tombées dans la montagne ; elles suffisent pour assurer
la moisson ; si le haut Dra ajoutait son tribut, celle-ci serait plus
belle ; s’il venait au printemps, après cette moisson faite, on
pourrait semer de nouveau et avoir double récolte. Les inondations
produites par le cours supérieur durent peu de jours.

Je prends au retour le même chemin qu’à l’aller, en traversant le
Medelles plus haut que la première fois. Les trois bras de l’Ouad
Kheneg eṭ Ṭeurfa ont l’aspect suivant : le bras oriental a 20
mètres de large, des berges insensibles, un fond de sable en partie
humide, point d’eau ; le bras central est très humide, large de 40
mètres, du reste semblable au précédent ; le bras occidental est
pareil aux deux autres, mais plus sec ; sa largeur est de 30 mètres ;
il marque la fin des sables et la limite du Medelles.

Un homme des Ida ou Blal m’a servi d’escorte dans cette
excursion. Cet unique zeṭaṭ avait été difficile à trouver,
tout le monde étant parti pour le Dra. Les fertiles terres
des mạders, quelque incultes qu’elles soient la plus grande
partie de l’année, ont toutes leurs possesseurs. Chacun d’eux
connaît sa parcelle. Un champ au mạder se vend, s’achète,
se loue comme un autre bien. Tant qu’il ne tombe pas de pluie,
on ne s’en occupe pas ; à l’apparition des premiers nuages,
le propriétaire se prépare à labourer ou se met en quête d’un
fermier. On passe au mạder le temps du labour et des semailles, 15
jours ou trois semaines. Les hommes seuls y vont, avec les bestiaux ;
comme provisions, on emporte de l’orge et du maïs, parfois des
dattes. Jamais on ne prend de tente : tout le monde bivaque, même les
nomades. Les travaux terminés, on s’en va pour ne revenir qu’au
moment de la récolte, en mars. Dans trois mois et demi, vers les
premiers jours de mars 1884, je verrai moissonner ce qu’on sème
aujourd’hui : la récolte sera superbe, quoique les eaux du haut
Dra doivent continuer à faire défaut. A peine sera-t-elle achevée,
ces eaux arriveront et inonderont le lit du fleuve durant plusieurs
jours. Il est donc probable qu’on aura fait deux récoltes en 1884.

Le Mạder Ida ou Blal est fort long ; il se divise en plusieurs
portions. Celle que j’ai visitée s’appelle le Rist Djedeïd,
du nom des hauteurs qui la bordent.

                              II. — AQQA.

Parti de Tintazart le 28 novembre à 7 heures et demie du matin,
j’arrivai à El Kebbaba, le plus oriental des qçars d’Aqqa,
le même jour à 6 heures du soir. Mon escorte se composait de deux
hommes. Obligé de marcher sur les territoires des Ida ou Blal et des
Aït ou Mrîbeṭ, j’avais un zeṭaṭ de chaque tribu. La route de
Tintazart à Aqqa peut se diviser en deux parties : de Tintazart au lit
de l’Ouad Tatta, et de l’Ouad Tatta à El Kebbaba. La première
partie est l’areg, tel que nous le connaissons, avec son sol uni,
sablonneux et dur, ses touffes de melbina, d’aggaïa, de kemcha,
ses gommiers rabougris de 1 à 2 mètres, ses serpents rocheux qui
se déroulent en raies sombres à la surface blanche de la plaine ;
de temps à autre, un qçar apparaît avec sa fraîche ceinture de
palmiers, faisant diversion à ce monotone paysage. Deux kilomètres
avant d’atteindre l’Ouad Tatta, on traverse une cuvette sans
végétation appelée Imchisen ; elle est couverte d’une couche de
5 à 15 millimètres d’_amersal_, poudre blanche ayant l’apparence
du sel, sans aucun goût. Peu après, à un kilomètre de la rivière,
le sable s’amollit et se couvre d’une végétation abondante :
les touffes de melbina et d’aggaïa s’élèvent ; entre elles
croissent des _akrass_, sortes de joncs d’un vert foncé ; des
tamarix se mêlent aux gommiers ; au-dessus d’eux, quelques palmiers
sauvages dressent leur tête. Cette verdure s’étend jusqu’à
la rive gauche de l’Ouad Tatta. Elle y cesse. Là finit l’areg
et commence la seconde partie de mon trajet. Le sol, toujours plat,
devient gris et pierreux ; plus de serpents rocheux sortant de terre,
çà et là des plateaux bas, des talus rocailleux ; une foule de
lits de torrents coupent la route : tous sont à sec, avec un fond
de gros galets de 6 à 15 mètres de large ; la végétation reste la
même, le gommier augmentant un peu. Tel est le pays, désert absolu,
qu’on traverse de l’Ouad Tatta à El Kebbaba.

Depuis Tiiggan, dernier qçar de Tatta, je n’ai rencontré personne
sur mon chemin. Les principales rivières que j’ai traversées sont :
l’Ouad Adis (lit de roche large de 20 mètres, au milieu duquel
coulent 3 mètres d’eau claire et courante ; berges insensibles) ;
l’Ouad Tatta (il se divise en trois bras : le bras oriental a 100
mètres de large, des berges de 1 mètre à 1/2, en galets roulants,
un fond de roche où serpentent 3 mètres d’eau limpide et courante,
salée ; le bras central, large de 30 mètres, est à sec ; le bras
occidental a 60 mètres, un lit de roche et des flaques d’eau : ces
divers bras sont séparés par des langues de terre partie sablonneuses
et partie couvertes de gros galets, sans végétation) ; enfin
l’Ouad Foum Meskoua (il se divise en trois ou quatre bras dont le
plus large a 30 mètres ; tous sont à sec, ont un lit de gros galets,
et des berges à 1/2 hautes de 2 à 3 mètres). Tel était le Bani
à Tisint, tel je l’ai vu à Tatta, tel je le retrouve à Aqqa. De
quelque point qu’on aperçoive cette chaîne, on n’y distingue
aucune différence. Partout même hauteur, même composition, même
forme, même couleur. Entre les khenegs de Tatta et d’Aqqa, elle
présente trois points remarquables : Foum Azerftin, kheneg étroit
et désert donnant passage à l’Ouad Azerftin, ruisseau à sec ;
Foum Meskoua, kheneg semblable au précédent ; Tizi Aqqa, col par
où un second chemin conduit de Tatta à Aqqa. Cette voie suit le pied
méridional du Bani de Tatta au col, franchit la chaîne à ce passage,
et en longe le pied septentrional jusqu’au kheneg d’Aqqa. Le Tizi
Aqqa est peu au-dessous du niveau général des crêtes.

L’oasis d’Aqqa, qu’on appelle aussi Aqqa ou Chaïb, ressemble à
celle de Tisint. Forêt compacte de palmiers massée au sud du kheneg
où l’Ouad Aqqa perce le Bani, elle s’étend en grande partie
sur les bords de cette rivière. Un second cours d’eau contribue à
l’arroser : l’Ouad Kebbaba sort du Bani à l’est de Foum Aqqa,
coule au pied de la chaîne jusqu’au kheneg, et de là se dirige
vers le sud en arrosant la portion orientale des plantations.

Les qçars d’Aqqa, comme ceux de Tisint, s’élèvent la plupart
à la lisière de l’oasis ; un seul se trouve au milieu. Ils sont
au nombre de dix ; en voici les noms : Tagadirt, Taourirt, Erḥal,
Ez Zaouïa, El Qaçba, Agadir Ouzrou, El Kebbaba, Aït Djellal, Aït
Bou Feḍaïl, Aït Anter. Autrefois, Tagadirt était la première
en importance : à présent, Tagadirt, Taourirt, Erḥal, Agadir
Ouzrou, sont de même force ; El Kebbaba et El Qaçba sont un peu
moindres ; Ez Zaouïa est la dernière : Ez Zaouïa doit son nom au
sanctuaire de Sidi Ạbd Allah Oumbarek, qu’elle renferme. Dans la
population, mélange de Ḥaraṭîn et de Chellaḥa, les Ḥaraṭîn
dominent. Aqqa, jadis sans debiḥa, est, depuis 40 ans, sous la
suzeraineté des Aït ou Mrîbeṭ. Chaque qçar a son gouvernement
séparé et est administré par un chikh. Les chikhs d’Aqqa sont
héréditaires, et plus puissants que ceux de Tisint et de Tatta :
ils sont Chellaḥa et originaires de leurs localités, excepté
celui d’El Kebbaba, qui est un des chikhs Aït ou Mrîbeṭ.

Aqqa se trouve, pour le commerce, dans les mêmes conditions que
Tatta. Naguère lieu d’arrivée des caravanes du sud, elle voyait
affluer sur ses marchés l’or, les esclaves, les cuirs, les tissus
du Soudan. A côté d’un trafic considérable, l’industrie locale
s’était développée : Aqqa était célèbre pour ses bijoux
d’or. Toutes ces sources de fortune sont taries ; plus de commerce,
plus d’industrie, plus de relations lointaines. Il reste une oasis
comme Tatta, comme Tisint, vivant du produit de ses dattiers. Deux
marchés subsistent, peu fréquentés : le Ḥad de Taourirt et le
Tlâta d’Erḥal. Le trafic qui jadis enrichissait ce lieu s’est
transporté à Tindouf et à Tizounin.

Aqqa égale et surpasse peut-être Tisint par son aspect riant et la
beauté de sa végétation : point de fruits qu’on n’y trouve :
à côté des dattes, bou sekri, bou iṭṭôb, djihel, bou feggouç,
bou souaïr, elle produit en abondance figues, raisins, grenades,
abricots, pêches, noisettes, pommes et coings. D’innombrables
canaux arrosent ces beaux vergers. L’eau coule en toute saison et
dans l’Ouad Aqqa et dans l’Ouad Kebbaba. On pêche des poissons
dans le premier.

D’Aqqa on voit, dans la direction du sud, deux oasis, seules au
milieu de la plaine. L’une, proche, est Oumm el Ạleg, petit qçar
entouré de quelques palmiers ; l’autre, lointaine, est Tizounin,
localité importante qui apparaît comme une butte grise isolée dans
le désert.

Les Aït ou Mrîbeṭ, sur les terres desquels est Aqqa, sont
une nombreuse tribu nomade cantonnée entre le Bani au nord,
les Ida ou Blal à l’est, l’Ouad Dra au sud, diverses tribus
du Sahel à l’ouest. Elle se divise en fractions, dont la plus
puissante est celle des Aït ou Iran. Occupant la portion orientale du
territoire, ceux-ci ont sous leur suzeraineté Aqqa, Tizounin, Tizgi el
Ḥaraṭîn, Tizgi es Selam[74], Tadakoucht[75], Icht. Deux frères,
Chikh Ḥamed, résidant à Tizounin, et Chikh Moḥammed, résidant
à El Kebabba, les commandaient autrefois ; tous deux sont morts,
et leurs enfants leur ont succédé. Une faible partie des Aït ou
Iran habite les oasis tributaires, la plupart vivent sous la tente. Le
groupe n’a point de mạder particulier : il possède et loue des
terres dans les mạders Ida ou Blal, Tatta et Aqqa. Les discordes,
fréquentes entre les diverses fractions des Aït ou Mrîbeṭ,
sont rares dans l’intérieur de chacune d’elles. La tribu est
indépendante, et sans relations avec le sultan.


                           5o. — IDA OU BLAL.


Peu après mon retour d’Aqqa, je quittai Tintazart : mes excursions
aux environs, des insinuations perfides des Juifs avaient attiré
l’attention sur moi et rendu mon séjour périlleux. Le Daoublali[76]
Ḥaïan, mon patron, craignant un attentat contre son client, vint
en hâte m’avertir des bruits qui circulaient et des dangers que
je courais ; il me proposa de m’installer dans sa maison, à Toug
er Riḥ. J’acceptai. Toug er Riḥ est un qçar plus petit que
Tintazart. Il se dresse au milieu de l’areg, sur une butte isolée
dont il couvre les pentes et couronne le sommet. Cette situation lui
a fait donner par les nomades le nom de _Toug er Riḥ_, « fille
du vent » ; il s’appelait primitivement Isbabaten. Les jardins en
sont pauvres ; aucune localité de Tatta n’a moins de palmiers.

Les Ida ou Blal sont une tribu nomade, se disant d’origine arabe[77],
cantonnée entre les premières pentes du Petit Atlas au nord ; les
Oulad Iaḥia à l’est ; les Aït ou Mrîbeṭ à l’ouest. Au sud,
elle s’étend à plusieurs journées de marche dans le désert,
sans limite fixe : point de tribu entre elle et le Soudan. Si les
Ida ou Blal parcourent en maîtres ce vaste territoire, leurs tentes
en occupent une faible portion. Par mesure de sûreté, elles ne se
disséminent pas : le plus souvent toutes sont massées en un point ;
elles se divisent rarement en plus de deux groupes. La majeure partie
de l’année, la tribu se tient dans le voisinage de Tisint ou de
Kheneg eṭ Ṭeurfa, entre le Bani et le Dra ; au printemps, elle
passe le fleuve, appelée par les riches pâturages qui se trouvent sur
sa rive gauche entre lui et le Ḥamada. La zone d’opérations des
Ida ou Blal s’étend au delà de leur territoire. Ces opérations
consistent en deux choses : escorte et pillage de caravanes :
ạnaïa et ṛazia. De Tatta à Timbouktou, de Tatta à l’Adrar,
dans le triangle compris entre ces trois points, dans le Sahel au sud
de l’Ouad Dra, on les trouve tantôt par petits groupes, escortant
des convois, tantôt par troupes de 50 à 60, battant le pays pour
en surprendre. Principaux théâtres de leurs courses, ces régions
ne sont pas les seules ; ils parcourent la Feïja au nord du Bani,
poussent des pointes au sud du Dra sur les Ạrib et les Berâber,
apparaissent avec leurs ṛezous jusqu’au Tafilelt et au Touat.


Voici la décomposition des Ida ou Blal :

                                                 {      Soualeb.
                                                 {
                                                 {      Behenni.
                                                 {
                                                 {      Aït El Ḥaseïn.
                                                 {
                                                 {      Oulad Ạbd Allah.
                                                 {
                             { Aṭṭara            {      Mdahi.
                             {                   {
                             {                   {      Oulad Bella.
                             {                   {
                             {                   {      Igertat.
                             {                   {
               {   Ḥaïan     {                   {      Aït Mḥammed.
               {             {                   {
               {             {                   {      Soukkan.
               {             {
               {             {                   {      Ferarma.
               {             {                   {
               {             { Ḥaïan el Bali     {      Djedân.
               {             {                   {
               {                                 {      Imoulaten.
               {
               {                                 {      Aït Mousi.
  IDA OU BLAL  {                                 {
               {                                 {      Aït Ḥamed.
               {                                 {
               {                                 {      El Qcîbat.
               {                                 {
               {             { Mekrez el Ḥadjer  {      Meskis.
               {             {                   {
               {             {                   {
               {             {                   {      El Khleṭ.
               {             {                   {
               {             {                   {      Aït Oujana.
               {   Mekrez    {                   {
               {             {                   {
               {             {                   {      Aït Boudder.
                             {
                             {                   {      Aït Ba Ḥaman.
                             {                   {
                             { Iannout           {      Aït Ḥarz Allah.
                                                 {
                                                 {      Oulad Doudoun.

Les Ida ou Blal forment environ 1800 fusils et 100 chevaux. Les
chevaux étaient autrefois plus nombreux : la dernière guerre entre
les Ḥaïan et les Mekrez les a décimés. Cette guerre, dont les
rancunes ne sont pas éteintes, quoique la paix soit faite, s’est
terminée à l’avantage des Ḥaïan. Les pertes en hommes ont été
presque égales des deux côtés : il est mort 120 Ḥaïan et 150
Mekrez. Nous avons dit le motif de la querelle : l’attaque par les
Mekrez d’un Chleuḥ de Tintazart, client des Ḥaïan. Un chikh
héréditaire commandait jadis chaque fraction des Ida ou Blal ; seul
le titre subsiste dans les familles qui le possédaient, le pouvoir
n’y est plus attaché : les groupes s’administrent isolément par
l’assemblée de leurs principaux membres. Un Daoublali a une grande
autorité sur toute la tribu et peut, sans porter de titre, en être
regardé comme chef : il s’appelle Ạli ould Ben Nạïlat. Bien
qu’ayant une maison à Toug er Riḥ, il habite sous la tente, avec
l’ensemble de ses concitoyens. Ḥaïan, sa considération est aussi
grande chez les Mekrez que parmi les siens. Hors de cette influence,
les Ida ou Blal n’en subissent que deux, à un degré moindre :
l’une, temporelle, celle qu’Ạli ben Hiba, de Djebaïr, s’est
acquise par ses richesses ; l’autre, spirituelle, celle du Jakani
Ḥamed Digna, fils d’El Mokhtar, le marabout de Tindouf.

Les Ida ou Blal sont indépendants et ne reconnaissent point le
sultan. Je demandai un jour à l’un d’eux s’ils n’avaient
jamais eu de relations avec lui. « Si, me répondit-il, nous en
avons eu il y a un an et demi ; voici lesquelles. Moulei el Ḥasen
ayant, pendant sa campagne du Sahel, envoyé des secrétaires et des
mkhaznis ramasser l’impôt dans le Ras el Ouad, nous dépêchâmes un
ṛezou s’embusquer sur leur passage : quand les gens du gouvernement
revinrent, avec des mulets chargés d’argent, on les attaqua, les
mit en fuite, et l’on amena en triomphe parmi nous le tribut des
habitants du Sous et les armes et les chevaux des mkhaznis. Telles
furent les dernières relations de notre tribu avec le sultan. Je ne
sache pas qu’elle en ait eu d’autres. »

Chez les Ida ou Blal, comme à Tintazart, on ne voit que de jeunes
hommes : les pères ont été moissonnés dans les guerres civiles qui
désolèrent la tribu et dont la dernière finit à peine. Puissants
il y a quinze ans, les Ida ou Blal sont sans force à l’heure
présente, épuisés par ces querelles intestines. Eux, dont le nom
faisait trembler jadis tout le Sahara, ont peine à se défendre des
incursions des tribus voisines. Ils sont moins occupés d’envoyer
des ṛezous que de se garder contre ceux des autres. Les Berâber
les attaquent sans cesse. A chaque instant on en signale une troupe
sur quelque point du territoire. Nous en avons vu une se jeter sur les
jardins de Tisint ; quinze jours après, une autre s’abattait sur le
mạder à l’est du Rist Djedeïd. Ces incursions sont contraires
à toute loi, car les Ida ou Blal sont clients des Berâber. Chaque
année, ceux-ci envoient des députés percevoir le montant du
tribut, une ouqia par fusil ; les Ida ou Blal qui voyagent sur
leurs terres paient, en outre, 2 ouqias par chameau, une par âne et
une par personne. La debiḥa existe depuis un temps immémorial :
jadis les conventions en étaient respectées des deux côtés ;
aujourd’hui, profitant de la faiblesse de leurs vassaux, les Berâber
font exécuter les clauses à leur bénéfice et ne tiennent pas compte
de celles qui sauvegardent les Ida ou Blal. Tributaires des Berâber,
les Ida ou Blal sont eux-mêmes suzerains d’une foule de tribus et
de districts : les Aït Jellal, les qçars de l’Ounzin, des ouads
Aginan et Aït Mançour, de Tatta, de Tisint, ceux de la Feïja, sauf
Qaçba el Djouạ, ceux du sud du Bani situés sur leur territoire,
sont leurs clients. Ces nombreux pactes entraînent des rapports
continuels entre eux et les tribus voisines : en un mois et demi,
j’ai vu plus de dix députations chez eux, toutes venues pour le
même objet : plaintes sur des convois attaqués malgré des debiḥas,
et demandes de restitution. Les réclamants étaient des Berâber,
des Aït Jellal, des Chellaḥa du Petit Atlas, jusqu’à des gens
du Tafilelt. Les Ida ou Blal sortent peu du Sahara. Quelques-uns à
peine ont été à Mogador ou à Merrâkech, aucun à la Mecque. Ils
connaissent admirablement leur pays et sont au courant de la région
qui s’étend d’ici au Tafilelt, à Ouad Noun, à Timbouktou et
à l’Adrar.

Les Ida ou Blal sont en ce moment dans la dernière misère : leurs
guerres intestines les avaient appauvris ; plusieurs années de famine
ont mis le comble à leur détresse. En temps ordinaire, la tribu est
riche : ses troupeaux, nuls aujourd’hui, sont d’habitude nombreux ;
le mạder la fournit de grains ; quelques-uns de ses membres se
livrent au commerce du Soudan ; enfin, elle a dans le Sahara une
ressource inépuisable, par les sommes que lui vaut l’escorte des
caravanes et le butin qu’elle fait en les pillant. Le ṛezou est,
chez les Ida ou Blal, la première des institutions. Il s’organise
de la façon suivante : un ou plusieurs individus, connus pour leur
audace, annoncent qu’on va entreprendre une ṛazia et font appel aux
hommes de bonne volonté. Des jeunes gens de la tribu se présentent ;
souvent des Chellaḥa des qçars se joignent à eux, ou prêtent
leurs chevaux moyennant une part de butin. Les ṛezous se composent
de chameaux, de chevaux, ou de fantassins. Les derniers, parfois de
400 à 500 hommes, font des expéditions de courte durée et dans
un rayon peu étendu. Les autres ne dépassent pas 100 combattants
et opèrent au loin. Ils emmènent des chameaux chargés de dattes,
s’installent auprès d’un point d’eau et envoient chaque jour
des cavaliers à la découverte ; l’un d’eux aperçoit-il un
convoi ou des voyageurs, il vole l’annoncer. On s’élance à la
poursuite de la proie, on s’empare des marchandises, on dépouille
les hommes : s’ils appartiennent à des tribus éloignées, à
des tribus faibles, ou si ce sont des Juifs, on les renvoie nus,
mais vivants ; s’ils sont d’une fraction proche et de qui l’on
redoute des représailles, on les tue pour sauver le secret. Puis
on revient aux chameaux et on guette de nouveau. Tant que durent
les dattes, on reste en embuscade dans le même lieu, ou à des
points d’eau voisins ; lorsqu’il n’y en a plus, on s’en
retourne. Quelquefois le ṛezou tombe à l’improviste sur des douars
d’une tribu voisine qu’il sait isolés ou mal gardés. Les Ida ou
Blal, ces impies qui ne veulent pas entendre parler de religieux, ne
partent jamais pour une ṛazia sans en avoir un dans leurs rangs. Ils
l’emmènent pour prier Dieu de rendre l’expédition fructueuse :
chaque jour, il demande au Seigneur de favoriser le ṛezou, de faire
tomber de nombreux voyageurs dans ses pièges, de lui inspirer les
meilleures embuscades. On paie ses services sur les bénéfices de
l’opération. A-t-on fait de riches captures ? Il touchera une
part considérable. S’est-on fatigué en vain ? n’a-t-on rien
pris ? C’est un mauvais marabout ! on l’accable de reproches ;
on ne lui donne rien ; on ne l’emmènera pas une autre fois. Les
ṛezous qui du Bani au Soudan sillonnent le désert en tous sens
sont le seul danger des voyageurs dans cette région. Les grandes
caravanes, de plusieurs centaines de personnes, n’ont rien à
redouter ; elles sont armées et on n’ose les attaquer : telles
sont celles qui, chaque printemps et chaque automne, traversent le
Sahara entre Timbouktou d’une part, Tindouf, le Dra, le Tafilelt
de l’autre. Les négociants qui, pour faire de meilleures affaires
en devançant l’arrivée générale, essaient de franchir seuls le
désert, ont tout à craindre. Ils s’efforcent d’échapper par
le petit nombre et la vitesse à la vue des ṛezous. Quelquefois
ils ont ce bonheur. C’est ainsi, presque seul, que le docteur Lenz
traversa le Sahara. Le récit de son passage à Tindouf est ici sur
les lèvres de chacun. Comme il était en cette oasis, à la veille
de s’enfoncer dans le désert, on s’étonnait de son audace :
s’aventurer seul dans ces solitudes terribles ! Et les pillards,
les Berâber, les Oulad Deleïm, les Regibat, n’y pensait-il
pas ? Pour réponse, il montra son fusil. « De combien d’hommes
sont ces ṛezous dont vous voulez m’effrayer ? — De 60, 80,
100 même. — Pas plus de 100 ? — Non. — Eh bien, regardez ! »
Il épaule son arme et tire, sans recharger ni s’interrompre, cent
cinquante coups de feu. Les Ida ou Blal ont des idées fort étranges
sur les Chrétiens : ils les considèrent plutôt comme des sortes
de génies, de magiciens, que comme des hommes ordinaires. Ils les
croient très peu nombreux, disséminés dans quelques îles du nord,
et doués d’un pouvoir surnaturel : les uns me demandaient s’il
était vrai qu’ils labourassent la mer, d’autres si les Français
étaient aussi nombreux que les Ida ou Blal. Cette dernière question
est excusable. Ils savent de nous une seule chose : depuis trois ans,
les gens de Figig, une poignée de Chellaḥa et de Ḥaraṭîn, nous
font impunément la guerre sainte. Eussent-ils osé s’attaquer à
une tribu comme la leur ? Les Ḥaraṭîn de Tisint entreraient-ils
en lutte avec les Ida ou Blal ? Jamais. On juge notre puissance
d’après notre conduite à Figig ; on n’en saurait avoir une
haute idée. Notre réputation est telle dans le Sahara Marocain,
du Sahel à l’Ouad Ziz. On n’y admet pas que notre patience à
Figig soit respect pour Moulei El Ḥasen. Il n’est pas le maître de
Figig. Qu’existe-t-il de commun entre lui et cette oasis ? Il n’y a
guère plus d’ignorance, en effet, à mettre au même rang la France
et les Ida ou Blal qu’à croire Figig soumis au sultan de Fâs.


                    6o. — RETOUR A TISINT. MRIMIMA.


Aqqa et le mạder étaient les limites ouest et sud que j’avais
fixées à mon voyage. Je songeai, après quelques jours passés à
Toug er Riḥ, à m’occuper du retour ; il devait s’effectuer par
le Ternata ou le Mezgîṭa et le Dâdes. Tisint était la première
étape sur cette voie. Je priai mon patron de m’y ramener.

                              17 décembre.

Départ à 8 heures du matin, en compagnie de trois Ida ou Blal. Je
traverse le kheneg d’Adis, puis je m’engage dans la vallée de
l’Asif Oudad, où je regagne mon chemin de l’aller. De Toug
er Riḥ à l’Ouad Imi n ou Aqqa, on est dans l’areg, sable
dur semé de rares touffes de melbina et d’aggaïa. Au delà de
l’Ouad Imi n ou Aqqa, je retrouve la région parcourue en venant à
Tintazart, sol pierreux avec des gommiers, nombreux surtout au bord
des cours d’eau. J’arrive à 3 heures et demie à Aqqa Igiren,
gîte d’aujourd’hui.

J’ai vu près du kheneg d’Adis plusieurs rivières nouvelles :
l’Ouad Toug er Riḥ (au pied de Toug er Riḥ, il a un lit de
gravier large de 12 mètres, et est à sec ; plus haut, près de
Tiiti, l’eau y coule) ; l’Ouad Adis (au pied de Tamessoult,
le lit en a 20 mètres de large, dont 8 remplis d’eau claire et
courante de 40 centimètres de profondeur ; berges de terre à 1/2,
hautes de 5 mètres) ; l’Ouad Izourzen (40 mètres de large, à sec,
fond de gravier avec rigole de vase humide au milieu ; hautes berges
de sable) ; l’Ouad Imi n ou Aqqa (50 mètres de large, à sec, lit
de gros galets, berges de sable de 1 à 2 mètres) ; l’Asif Oudad (25
mètres de large, à sec, lit de gros galets, berges d’un mètre).

                              18 décembre.

Départ d’Aqqa Igiren à 8 heures du matin. Arrivée à Agadir
Tisint à 4 heures du soir. L’aspect du pays entre Tatta et Tisint a
changé en l’espace d’un mois : la végétation s’est modifiée ;
la melbina, vivace à la fin de novembre, est desséchée ; de verte
l’aggaïa est devenue jaune. On ne voyait alors que ces plantes,
avec la kemcha : aujourd’hui une foule d’herbes, de fleurs, sont
sorties de terre et la couvrent de verdure. On les trouve sur tout
le parcours, ici poussant dans le sable, là se glissant entre les
pierres, partout substituant les teintes éclatantes des fleurs et
des feuilles à la surface grise du sol. Quelques gouttes de pluie
ont produit cette transformation.

                            SÉJOUR A TISINT.

En arrivant à Agadir, je descendis chez le Ḥadj Bou Rḥim qui,
lors de mon premier passage, m’avait fait promettre d’accepter
au retour son hospitalité. Des circonstances inattendues devaient
m’amener à avoir cet homme pendant près de quatre mois comme
compagnon de chaque jour. Je ne puis dire combien j’eus à me
louer de lui, ni quelle reconnaissance je lui dois : il fut pour moi
l’ami le plus sûr, le plus désintéressé, le plus dévoué ; en
deux occasions, il risqua sa vie pour protéger la mienne. Il avait
deviné au bout de peu de temps que j’étais Chrétien ; je le lui
déclarai moi-même dans la suite : cette preuve de confiance ne fit
qu’augmenter son attachement. Le Ḥadj Bou Rḥim est Ḥarṭâni ;
c’est l’un des principaux habitants de Tisint.

J’étais loin de prévoir, le 18 décembre, en entrant dans sa
maison, que j’allais vivre avec lui durant plusieurs mois. Je ne
pensais qu’à une chose : gagner le Ternata, le Mezgîṭa ou le
Tinzoulin, et continuer rapidement ma route au nord-est. Se rendre
d’ici au Ternata est difficile : on va sans grands dangers à
Mḥamid el Ṛozlân avec des zeṭaṭs Berâber ; pour atteindre
directement le Tinzoulin ou le Ternata, il faut traverser le territoire
des Oulad Iaḥia, et ceux-ci sont en guerre avec les Ida ou Blal
et avec Agadir ; de plus, une famine terrible, auprès de laquelle
celle d’ici n’est rien, règne chez eux : dans cette détresse,
tous sont brigands ; ils attaquent, pillent tout le monde ; point
d’ạnaïa qu’ils respectent. Le Ḥadj Bou Rḥim et mon patron
Ḥaïan réfléchissent aux moyens de me mettre en route. Deux partis
se présentent : le premier est de s’adresser à un Daoublali ayant
des parents parmi les Oulad Iaḥia et demeuré en bonnes relations
avec eux malgré les hostilités, et de le prier de faire venir chez
lui des zeṭaṭs sûrs, entre les mains de qui on me mettrait et
qui me mèneraient au Tinzoulin : on dresserait, selon l’usage
du Sahara pour les occasions importantes, un acte par lequel les
zeṭaṭs se déclareraient responsables de moi envers la tribu
des Ida ou Blal, s’engageant, en cas de malheur, à lui payer
une somme considérable. Le second parti est d’aller à Mrimima,
village peu éloigné d’ici, où se trouve la célèbre zaouïa
de S. Ạbd Allah Oumbarek, la plus vénérée d’entre Sous et
Dra après celles de Tamegrout et de S. Ḥamed ou Mousa. S. Ạbd
Allah, chef actuel de la zaouïa, est très considéré parmi les
Oulad Iaḥia : on lui demanderait de me faire conduire par un de ses
propres fils jusqu’au Tinzoulin. Point de zeṭaṭ qui vaille une
pareille protection ; et là, au moins, pas de trahison à craindre :
les marabouts de Mrimima sont gens à qui l’on peut se fier. On
s’arrête à ce dernier projet. Je pars pour Mrimima.

                              26 décembre.

Départ à 9 heures et demie du matin, en compagnie du Ḥadj et de
trois Ida ou Blal, parmi lesquels mon patron. En sortant de l’oasis,
auprès d’Ez Zaouïa, je trouve une plaine de sable dur, semée de
quelques touffes d’aggaïa et de melbina. Vers 11 heures un quart,
j’en atteins l’extrémité, et j’entre dans un défilé entre le
Djebel Feggouçat et la Koudia Bou Mousi. Le Djebel Feggouçat est un
serpent de roche noire étroit et bas, pareil à celui de Tintazart ;
la Koudia Bou Mousi, plus élevée, est un lourd massif de collines
grises aux pentes douces. Entre eux s’étend un large couloir où je
marche. Le sol est formé de dunes de sable, hautes de 1 à 2 mètres ;
la végétation est plus vivace qu’auparavant : l’aggaïa, plus
haute et plus abondante, se mêle de touffes de sebt. Par places, le
sable est humide : il disparaît alors sous la verdure et se couvre de
ziâda, de ḥamid, d’ouḍen naja, de ṛerima el ṛzel[78]. A midi
un quart, je quitte le défilé et franchis le Djebel Feggouçat. De sa
crête, on voit le désert jusqu’au Dra. C’est une vaste plaine,
sillonnée de serpents rocheux et de collines, analogue d’aspect
à celle qui s’étend au sud de Tatta. Toutefois le terrain semble
plus accidenté ici que là, les chaînes plus nombreuses et plus
hautes. Les deux principales sont le Djebel Mḥeïjiba, ou Koudia
Mrimima, et le Djebel Hamsaïlikh. La première paraît avoir 60 à
70 mètres d’élévation au-dessus de la plaine environnante, la
seconde davantage ; toutes deux sont de roche nue, et ont leurs flancs
en pente douce. Le Mḥeïjiba est noir et luisant comme le Bani,
le Hamsaïlikh d’une teinte claire ; ce dernier contient, dit-on,
des minerais. Je vois à quelques pas du chemin un massif de verdure
célèbre dans la contrée : il cache les sources de S. Ạbd Allah
ou Mḥind, sources intarissables et douées de rares propriétés :
toute personne atteinte d’une maladie scrofuleuse n’a qu’à
aller à la qoubba de S. Ạbd Allah ou Mḥind, à Ez Zaouïa, à y
passer trois jours en prières et en sacrifices, puis à se baigner
ici : sa guérison est assurée. La Koudia Bou Mousi donne, plus à
l’est, naissance à d’autres sources et ruisseaux ; un canton se
trouve là, le Meṛder Djeld, où, quelle que soit la sécheresse,
poussent toujours d’abondants pâturages. Les tentes des Ida ou
Blal y sont en ce moment.

De l’autre côté du Feggouçat, je franchis deux vallons
parallèles, à fond de sable durci, où poussent quelques gommiers ;
puis je débouche dans une plaine dont le sol, dur et couvert de
galets, a pour seule végétation de petits gommiers qui bordent les
lits desséchés des ruisseaux. Cette plaine se prolonge au loin :
bornée au nord par un talus bas que perce l’Ouad Tisint au Tizi
Igidi[79], à l’est par le Hamsaïlikh, au sud par le Mḥeïjiba,
s’étendant à l’ouest jusqu’à la ligne uniforme et mince
du Zouaïzel, talus plutôt que collines, elle est traversée
par les ouads Tisint et Zgiḍ, qui s’y réunissent auprès de
Mrimima, et en sortent pour gagner le Dra par une large trouée,
Foum Tangarfa[80]. Cette brèche montre, dans le lointain,
les collines bleues du Dra. Au pied du Mḥeïjiba, on voit les
palmiers de Mrimima, vers lesquels je marche. Dans la direction du
nord-est s’aperçoit Foum Zgiḍ, kheneg dans le Bani, semblable
à ceux d’Aqqa et de Tatta ; là est l’oasis de Zgiḍ, et passe
l’ouad du même nom. Quatre ou cinq mamelons isolés se dressent
dans la plaine entre Mrimima et Foum Zgiḍ, à 6 ou 8 kilomètres
d’ici ; on les appelle El Gelob es Sṛîr ou Gelob Mrimima ; ces
qualificatifs les distinguent d’un autre Gelob, que j’ai vu en
allant au mạder. Jusqu’à Mrimima, le sol reste le même, plat,
dur, pierreux ; à mesure qu’on approche, les gommiers augmentent. A
2 heures, j’entre dans le village.

Hors l’Ouad Tisint, j’ai traversé un seul cours d’eau de
quelque importance, Tazrout Timeloukka (lit de 20 mètres de large,
dont 10 couverts d’eau claire et courante ; fond de roche).

[Illustration : Areg au sud de Tisint et portions de la crête du
Bani. (Vue prise de Mrimima.)

Croquis de l’auteur.]

                           SÉJOUR A MRIMIMA.

A notre arrivée à Mrimima, mes compagnons et moi descendons
dans une des premières demeures du village : c’est une maison
vide appartenant à Sidi Ạbd Allah ; il en possède plusieurs
semblables ; elles servent à loger ses hôtes au moment d’une
foire célèbre qui se tient chaque année. Aussitôt installés,
nous voyons venir à nous les fils du marabout : ils sont au nombre
de quatre ; l’aîné, S. Oumbarek, est un homme de 30 à 35 ans ;
son père lui laisse en grande partie la direction de la zaouïa ;
les autres sont plus jeunes. On apporte une natte pour les Musulmans,
des dattes pour tout le monde ; puis vient un plateau avec des verres
et ce qu’il faut pour le thé, moins le sucre et le thé. C’est au
Juif à les fournir. On s’installe. A peine est-on assis, S. Oumbarek
se répand en plaintes contre les Ida ou Blal : « Toutes les tribus
nous servent ; toutes nous présentent de riches offrandes : les Ida
ou Blal seuls ne nous donnent rien ; bien plus, allons-nous chez eux
pour prélever la redevance, non contents de ne pas la remettre, ils
nous accueillent avec des quolibets, des plaisanteries et de mauvaises
paroles. Je leur en veux, non pour ce qu’a souffert chez eux mon
ventre, mais pour ce qu’ont souffert mes oreilles : gens grossiers,
inhospitaliers, impies autant qu’avares. D’ailleurs ils ont ce
qu’ils méritent. Ils accueillent mal les marabouts et méprisent
leurs bénédictions ; Dieu non plus ne les bénit point : ils meurent
de faim, et sont divisés entre eux. Autrefois, c’était une grande
tribu ; à présent, c’est la dernière du désert. Les Berâber les
pillent de tous côtés, les Oulad Iaḥia en font autant, jusqu’aux
Aït Jellal qui les bravent ; dans le Sahel, dans le Dra, ils n’osent
plus mettre les pieds. Ils sont la risée de tout le monde. Et puis,
il n’y a plus d’hommes parmi eux : tous les braves d’autrefois
sont morts. Aujourd’hui ce sont tous des femmes, tous des menteurs,
tous des traîtres : pas un qui ne viole son ạnaïa. Demandait-on le
mezrag à leurs pères, ils l’accordaient aussitôt, pour le seul
honneur, sans rien réclamer. Le demande-t-on aux Ida ou Blal d’à
présent ? Leur première parole est : « Combien me donnerez-vous ? »
Et ils en marchandent le prix comme des Juifs. Aujourd’hui,
parmi tous les Ida ou Blal, pas un qui soit brave, pas un qui
soit généreux, pas un qui soit franc, pas un qui soit loyal ;
et à mesure qu’ils valent moins, ils ont plus de prétentions :
depuis quelque temps il pousse chez eux des chikhs de toutes parts :
jadis combien de leurs pères avaient une chiakha[81] véritable,
qui ne pensaient pas à en prendre le titre : à cette heure, dans la
tribu entière il n’y a plus l’ombre d’une chiakha et tout le
monde est chikh. C’est une race d’hommes cupides et traîtres ;
il n’y a rien de bon en eux ; aussi nous ne les visitons plus. Ils
ne veulent pas de nos bénédictions ; mais dès aujourd’hui ils
ont visiblement le prix de leur impiété et de leur mépris pour
les hommes du Seigneur. » Mes trois Ida ou Blal se taisent et font
longue figure devant cette harangue qui se prolonge sur le même ton
durant plus d’une heure. Ce que dit S. Oumbarek est vrai ; mais
l’amertume avec laquelle le marabout leur reproche de ne point lui
donner d’argent est aussi répugnante que leur avarice. Pour moi,
je m’amuse à voir ces loups se mordre entre eux.

Dans la soirée, on agite la question de mon départ pour le
Tinzoulin. Sidi Oumbarek m’y conduira en personne ; il fait voir
qu’il ne marchande pas moins son ạnaïa que les Ida ou Blal :
c’est au bout de deux heures de discussion qu’on s’entend sur
le prix. Enfin on tombe d’accord : je verse la somme sur l’heure :
il est convenu qu’on partira après-demain.

Le lendemain matin, 27 décembre, mes Ida ou Blal, n’ayant plus rien
à faire ici, s’en vont ainsi que mon ami le Ḥadj. Au moment des
adieux, j’ai toutes les peines du monde à faire accepter un cadeau
à ce dernier ; avec les autres, au contraire, il y a un règlement
de compte laborieux. Me voici seul à Mrimima avec Mardochée et un
domestique israélite. Dans l’après-midi, nous recevons la visite
de S. Ạbd Allah en personne. C’est un vieillard d’environ
70 ans, à barbe toute blanche, tranchant sur le brun de sa peau ;
car il est Ḥarṭâni. Il nous parle avec bienveillance, mais sa
péroraison rappelle les discours de son fils : « Grâce à Dieu,
vous êtes maintenant débarrassés de vos Ida ou Blal, gens impies
et sans foi qui n’étaient venus que pour vous dépouiller. Quant
à moi, je n’aime pas les Juifs ; mais Dieu vous a conduits ici
dans la maison de la confiance : vous y êtes les bienvenus, et,
quand vous voudrez partir, je vous ferai mener où vous voudrez
en sûreté. Mais voyons, les Juifs ! vos pareils, quand ils se
présentent, ne m’abordent que les mains pleines de toutes sortes
de cadeaux : vous, vous ne m’avez rien donné ; tâchez de réparer
votre faute et de m’offrir quelque chose de bien : pas de khent,
pas de ces objets ordinaires et grossiers ; je veux quelque chose de
bien. Je repasserai tout à l’heure : à présent, je vais parler à
des Oulad Iaḥia avec qui je vous ferai partir. » Il nous quitte,
va et revient au bout d’une demi-heure : « Ce que vous avez de
mieux à faire est de passer le sabbat ici et de ne vous mettre en
route que le lendemain. J’ai donné rendez-vous pour samedi à
ces Oulad Iaḥia qui s’en iront dimanche avec vous. Maintenant,
voyons ce que vous m’avez préparé de bien ! » Je lui montre ce
que j’ai, du thé, de la cotonnade blanche, deux pains de sucre. Il
prend le tout, et nous lui déclarons que nous sommes les gens les
plus heureux du monde de ce qu’un grand saint comme lui ait bien
voulu accepter ce faible don. Je ne suis pas aussi content que je
le dis. Voici mon départ remis à plusieurs jours, car on n’est
qu’à jeudi. Puis, que sont ces Oulad Iaḥia à qui S. Ạbd
Allah veut me confier, alors qu’il était convenu que son fils me
conduirait lui-même ? Ces marabouts ont moins de parole encore que
les Ida ou Blal. Mais que faire ? Je suis à leur merci. C’est le
cas d’être fataliste et d’attendre avec résignation. Espérant
que cela pourrait produire quelque effet, je me recommandai du cherif
d’Ouazzân. Jamais je ne m’étais servi de sa lettre, pour la
meilleure raison : son nom était inconnu de ceux à qui j’avais eu
affaire jusqu’alors, et son influence nulle dans les régions que
j’avais traversées depuis Fâs. Ici il n’en est pas autrement,
mais dans la zaouïa du moins son nom est connu et respecté. Je fis
voir sa lettre à S. Ạbd Allah. Dans les premiers jours, ce fut un
événement : on lut l’épître en pleine mosquée ; comme effets,
il résulta qu’on me traita avec plus d’égards qu’auparavant,
que chaque jour S. Ạbd Allah me faisait une visite et que, le soir,
il envoyait deux de ses fils passer la nuit dans ma chambre, honneur
et protection à la fois.

Le samedi, le dimanche se passent, on ne parle point de départ. Par
extraordinaire, S. Ạbd Allah reste invisible. Je demande
S. Oumbarek : il est malade. Enfin, le lundi matin, je vis arriver
ce dernier : il était impossible, disait-il, de se mettre en route :
deux troupes de 20 fusils, l’une de Berâber, l’autre d’Ạrib,
de passage ici, avaient appris que j’allais partir ; le bruit
que j’étais Chrétien, venu de Tintazart, s’était répandu
dans le pays et leur était parvenu ; de plus, on me croyait chargé
d’or. Les deux bandes s’étaient embusquées dans la montagne et
guettaient mon passage pour m’attaquer. Il fallait patienter. Dans
trois ou quatre jours, quand, lasses d’attendre, elles auraient
disparu, S. Oumbarek prendrait avec lui 30 ou 40 Ḥaraṭîn et me
conduirait en personne à destination. Le lendemain, S. Ạbd Allah
vint confirmer ces paroles : « Ayez confiance en moi ; je vous ferai
partir en sûreté avec mon fils, quand tous ceux qui voudraient vous
manger seront partis ou vous auront oubliés. Mrimima est un ventre
de hyène, rendez-vous de tout ce qu’il y a de mauvais. Mais,
patience ; vous en sortirez, s’il plaît à Dieu. »

Deux jours après, c’est autre chose : les Ạrib sont partis ;
mais 30 Aït Seddrât les ont remplacés : ils étaient venus acheter
des dattes ; à la nouvelle du coup à faire, ils se sont installés
dans le Mḥeïjiba, jurant qu’ils n’en bougeraient tant que je
serais ici. Le jeudi, ils font mieux : ils envoient une députation
à S. Ạbd Allah, demandant de me livrer : ils se chargent de me
conduire au Tinzoulin. Sur son refus, ils se répandent en menaces,
déclarent qu’ils m’enlèveront de force. Les marabouts prennent
peur : le jour, ils placent deux hommes à ma porte, avec consigne de
ne laisser entrer personne ; la nuit, on m’envoie plusieurs esclaves
armés. Les deux fils cadets de S. Ạbd Allah ne me quittent plus. Les
murs de la maison sont hauts, la porte solide, rien à redouter
de ce côté ; mais on craint que les Aït Seddrât ne percent la
muraille de pisé. Le lendemain, ils envoient de nouveaux émissaires,
l’inquiétude des marabouts augmente, ma garde s’accroît. Enfin,
le vendredi, S. Ạbd Allah vient me dire qu’il ne s’engage plus à
me faire conduire au Dra : tout ce qu’il peut pour moi, c’est de me
ramener à Tisint, encore faudra-t-il attendre plus d’une semaine :
le 12 janvier sera la fête du Mouloud ; ce jour-là, S. Ạbd Allah
fait tous les ans un pèlerinage à la qoubba de S. Ạbd Allah
ou Mḥind, à Tisint ; il s’y rend en grand appareil, suivi de
toute la zaouïa, de tout ce qu’il a de parents, de serviteurs et
d’esclaves : je me joindrai à lui et, sous la protection de cette
puissante escorte, je pourrai passer.

Après une semblable déclaration, il ne me restait rien à espérer
quant au Tinzoulin. Attendre à Mrimima n’avait plus de raison
d’être ; il fallait revenir à Tisint : cela même était chose
difficile et dangereuse. Le soir de ce jour, 3 janvier, j’écrivis
à mon ami le Ḥadj Bou Rḥim : je lui peignais la situation,
et le priais de venir me chercher. Un mendiant porta ma lettre.

Le lendemain, à 7 heures du matin, grand mouvement dans le village :
une troupe de 25 fantassins et 2 cavaliers y arrive tout à coup et
entre droit dans ma cour. C’est le Ḥadj qui vient me prendre. Il a
reçu mon billet cette nuit. Il s’est levé aussitôt, a couru chez
ses frères et ses parents ; chacun s’est armé et l’a rejoint
avec ses serviteurs ; ils se sont mis en marche, et les voici. Une
demi-heure après, je reprenais avec eux le chemin d’Agadir. Les
marabouts nous voyaient partir avec inquiétude : ils craignaient pour
nous une attaque des Aït Seddrât. Ceux-ci cherchaient le pillage,
et non le combat ; voyant la force de l’escorte, ils n’osèrent
se présenter. A 11 heures et demie, j’étais de retour dans la
maison du Ḥadj.

                                MRIMIMA.

[Illustration : Mrimima. (Vue prise du chemin de Tisint.)

Croquis de l’auteur.]

Mrimima a l’aspect triste et pauvre. C’est un petit village en
pisé, ensemble de constructions basses du milieu desquelles émergent
le minaret délabré de la grande mosquée et deux autres moins hauts ;
dans cette masse de murailles grises brillent trois petites qoubbas,
seuls édifices blanchis du village. En dehors des habitations,
sur leur lisière nord-ouest, se tient la foire annuelle, l’une
des causes de célébrité de Mrimima ; ce côté est occupé par
de grandes maisons carrées appartenant à S. Ạbd Allah ; vides en
ce moment, elles servent de lieux de dépôt pour les marchandises,
lors de la foire. Celle que j’ai habitée est l’une d’elles. A
l’est et au sud-est du village s’étendent des plantations de
dattiers de moyenne étendue ; elles produisent surtout des djihel,
puis des bou souaïr, des bou feggouç et quelques bou sekri. Le
long des dattiers, entre l’oasis et les roches du Mḥeïjiba,
coule l’Ouad Zgiḍ ; c’est une large rivière, un peu plus forte
que l’Ouad Tisint ; en toute saison elle a de l’eau courante ;
les poissons y sont nombreux. La population de Mrimima est composée,
d’une part de la famille proche et éloignée de S. Ạbd Allah,
groupée autour de la _zaouïa_, demeure propre de ce dernier, de
l’autre des nègres et Ḥaraṭîn esclaves ou serviteurs de la
famille sainte. Tous les membres de celle-ci portent le titre de
marabout et sont nourris ou aidés par la zaouïa. Les palmiers de
Mrimima appartiennent la plupart à S. Ạbd Allah, les autres sont
possédés par ses neveux ou ses parents ; quelques-uns ont pour
propriétaires de simples Ḥaraṭîn.

La zaouïa de Mrimima n’est pas très ancienne ; elle n’est
pas ḥerra, « indépendante » : une zaouïa est ḥerra
lorsque son chef compte au moins sept ancêtres postérieurs à la
fondation ; les arrière-petits-fils de S. Ạbd Allah seulement
seront indépendants. D’après cette donnée, la zaouïa compterait
environ 150 ans d’existence. Les marabouts de Mrimima tirent leur
origine du qçar d’Ez Zaouïa, de Tisint ; leur chikh est Sidi
Ạbd Allah ou Mḥind, saint mort depuis plusieurs siècles, dont
la qoubba est dans cette localité ; chaque année, à la fête du
Mouloud, ils y font en grande pompe un pèlerinage. Ils sont donc une
branche de la famille de religieux dont la souche est à Ez Zaouïa :
cette famille étend au loin ses ramifications : j’en trouverai des
membres établis à demeure dans le Ras el Ouad, dans le bas Sous,
jusque auprès de Mogador, partout vénérés, partout vivant de
leur titre de marabout et de leur sainte origine. Les religieux de
Mrimima, quoique ne formant pas la branche aînée de cette race,
en sont actuellement la plus distinguée ; les autres sont réduites
à une influence locale, celle-ci jouit au loin d’une grande
considération : elle perçoit des redevances dans le Dra, dans le
Sahel, sur les deux versants du Petit Atlas ; les noms de Mrimima et
de la zaouïa de Sidi Ạbd Allah Oumbarek sont connus en bien des
lieux où celui de Tisint est ignoré. Cependant c’est une zaouïa
de second ordre, qu’on ne saurait comparer à celles d’Ouazzân,
de Bou el Djạd, ou de Tamegrout. Elle ne leur ressemble en rien,
ni comme célébrité, ni comme influence, ni comme richesses.

J’ai vu, dès mon arrivée à Mrimima, que S. Ạbd Allah et ses
fils étaient rapaces : on ne s’en étonne pas quand on voit la
peine qu’ils se donnent pour recueillir de l’argent. On leur en
apporte peu : il vient des pèlerinages, même de loin ; de cette
source ne sortent que des dons isolés : pour percevoir les redevances
générales des tribus, il faut se rendre au milieu d’elles ;
il faut que le marabout sanctifie les territoires par un séjour de
quelque temps, qu’il appelle sur lui les bienfaits du Seigneur. Ces
conditions remplies, lorsque la présence et la bénédiction de
l’homme de Dieu ont assuré pour l’année une bonne récolte,
de gras pâturages, des eaux abondantes, on lui remet, en échange de
ses bons offices, la cotisation habituelle ; sinon, rien. De là des
voyages continuels, qui constituent pour les religieux un travail
régulier : ils appellent cela « aller bénir ». Chaque année,
S. Ạbd Allah va en personne dans le Sahel et dans le Dra bénir
et recueillir les tributs ; dans les autres régions qui servent la
zaouïa, il envoie ses deux fils aînés faire la collecte : c’est,
d’une part, dans une portion du Petit Atlas (Aït Bou Iaḥia,
Seketâna, etc.), de l’autre, au sud du Bani (Oulad Iaḥia, Ida
ou Blal, Aït ou Mrîbeṭ, etc.). Malgré ces revenus, la zaouïa
ne semble pas riche : les bâtiments sont simples ; les costumes des
marabouts n’indiquent pas une grande aisance. Sidi Ạbd Allah seul
est habillé à la façon des villes : gros turban blanc, farazia
et ḥaïk ; ses vêtements sont propres et frais. On ne peut en
dire autant pour ceux de ses fils : l’aîné paraît très fier
d’un cafetan de drap rouge râpé qu’il porte sous son ḥaïk
(les marabouts marocains ont un goût prononcé pour les étoffes de
couleur éclatante) ; le second, S. El Faṭmi, n’a sur sa chemise
qu’un ḥaïk grossier et un bernous de 10 francs. Quant aux deux
plus jeunes, leurs chemises sales et déchirées, leurs bernous troués
me les avaient fait prendre à l’arrivée pour des mendiants ;
l’un d’eux, S. Iaḥia, a quinze ans, l’autre, S. Ḥamed,
en a dix. Comme mobilier, je n’ai vu que les théières et les
verres, lesquels sont des plus communs. Pas de bougies : il n’en
existe nulle part dans le Sahara ; on se sert de petites lampes
à huile, qui jettent une lumière funèbre : luxe rare, Mrimima
possède 3 ou 4 chandeliers de cuivre ; on place les lampes dessus :
c’est très commode. Une mule est l’unique bête de somme de la
zaouïa. Je ne crois pas que les marabouts thésaurisent ; malgré
la simplicité de leur vie, la caisse de la maison ne doit pas être
riche. Ils recueillent de nombreux dons, de nombreuses redevances ;
mais ces offrandes sont presque toutes en nature : elles consistent
en dattes, en orge, dans les tribus du Sahara ; en blé et en huile,
dans celles de la montagne ; très peu sont de l’argent. Ces
cadeaux s’en vont aussi vite qu’ils viennent : la zaouïa[82]
ne se compose pas seulement de son chef et des fils de celui-ci ;
Sidi Ạbd Allah nourrit une infinité de neveux, de cousins,
de parents ayant les mêmes ancêtres que lui ; tous ne vivent
que de la sainteté de leur sang ; tous mangent sur la zaouïa ;
je veux qu’ils fassent maigre chère, il y a encore les hôtes :
le nombre des étrangers qui reçoivent chaque jour l’hospitalité
est considérable ; en un séjour d’un peu plus d’une semaine,
j’ai vu passer des Berâber, des Oulad Iaḥia, des Ạrib, des
Ida ou Blal, des Tajakant, des gens de Tafilelt, des Aït Seddrât ;
point de jour où il n’y ait quinze à vingt hôtes à la zaouïa :
gens du Dra qui vont acheter des dattes dans les oasis de l’ouest,
cavaliers qui viennent de ṛazia, députations qui se rendent dans
quelque tribu des environs, voyageurs de toutes conditions et de
tous pays. Mrimima, par sa situation unique entre le Dra et le Bani,
se trouve un point de passage et de ravitaillement naturel pour
ceux qui traversent le Sahara Marocain dans sa longueur. Les uns y
séjournent peu ; d’autres restent longtemps. J’y fus avec un homme
des Aït Ioussa[83] qui y vivait depuis deux mois : il venait du Dra
et n’osait rentrer dans son pays, parce que les Aït ou Mrîbeṭ,
de qui il avait à traverser le territoire, étaient en guerre avec sa
tribu : comme S. Ạbd Allah va tous les ans à époque fixe au Sahel,
il attendait son départ pour passer sous sa sauvegarde. Le moment de
ce voyage de S. Ạbd Allah est celui du Souq el Mouloud[84] ; il se
rend chaque année à cette foire où, un grand concours de monde se
trouvant réuni, il ramasse d’un seul coup de nombreuses offrandes.

Par ces tournées, qui embrassent le bassin du Dra presque entier,
et par les gens de toute origine qui reçoivent l’hospitalité
à la zaouïa, le marabout de Mrimima est en relations avec toutes
les tribus habitant entre l’Océan et le Tafilelt et sa parole est
répandue et respectée dans cette vaste zone de pays. Il peut avoir,
à un moment donné, une influence politique réelle.

S. Ạbd Allah, quoique vieux, s’occupe des affaires de la zaouïa ;
mais son fils aîné S. Oumbarek a en main la plus grande partie
d’entre elles : il agit souvent sans consulter son père, son père
ne fait rien sans son avis. S. Oumbarek a de l’autorité sur les
tribus des alentours ; c’est lui qui reçoit les hôtes, qui fait
une partie des tournées ; il ne s’éloigne pas longtemps de la
zaouïa, où il est indispensable. Il forme avec ses trois frères
et deux sœurs l’unique postérité de S. Ạbd Allah : ces six
enfants sont nés à celui-ci de sa première femme ; elle morte,
il en a épousé une seconde qui ne lui a point donné de rejetons ;
il a toujours été monogame. Ses fils ont le type ḥarṭâni moins
prononcé que lui. Les autres marabouts, ses neveux ou cousins à
divers degrés, sont ceux-ci Ḥaraṭîn, ceux-là blancs ; les
uns ont quelque fortune, d’autres sont pauvres ; tous portent
au cou un gros chapelet, ce qui est d’usage ici pour les seuls
religieux, et tous ont droit aux baisemains des Musulmans. Peu ont
été à la Mecque : comme les Ida ou Blal, ils ne vont qu’où il
y a de l’argent à gagner. Bien que ṭalebs, ils sont ignorants
et grossiers d’esprit. Ne se figurèrent-ils pas qu’avec cinq ou
six brins d’herbe qu’on m’avait vu ramasser dans le mạder
je voulais maléficier tout l’Islam ? Je ne sais si je parvins
à les rassurer à cet égard. Nous trouvons parmi eux le kif, cet
apanage des cherifs et des marabouts ; ils le fument en l’arrosant
de grands verres d’eau-de-vie, que leur fabriquent les Juifs de
Tintazart et du Dra. A Tisint et à Tatta, quatre ou cinq personnes
usaient de kif : c’étaient des cherifs, originaires du Tafilelt ;
on les reconnaissait à la petite pipe spéciale qui se balançait
à leur cou.

Mrimima, célèbre par sa zaouïa, ne l’est pas moins par
sa foire. Cette foire, annuelle, dure trois jours et est très
fréquentée : on y vient de tout le bassin du Dra, du Sous, du Sahel,
souvent du Tafilelt ; on y a vu, dit-on, jusqu’à des marchands
de Figig. Trois grandes foires annuelles se tiennent dans le Sahara
Marocain, celle de Mrimima en redjeb, celle de Sidi Ḥamed ou Mousa
à la fin de mars[85], Souq el Mouloud en mouloud. Les unes et les
autres attirent une foule de monde. Malgré cette affluence de gens peu
habitués à la discipline, on n’y voit d’ordinaire aucun trouble ;
des mesures sévères sont prises par les chefs des localités où
elles ont lieu (ici, par S. Ạbd Allah) pour que l’ordre ne cesse de
régner : bien plus, on garantit à ceux qui s’y rendent la sûreté
sur le chemin. Un individu, une caravane allant à la foire ont-ils
été pillés, maltraités en route ? on saisit, parmi les hommes
présents au marché, ceux de la tribu coupable de l’agression,
on les rend responsables du dommage, et on le leur fait payer sur
l’heure. Grâce à cette méthode employée aux trois points, la
sûreté, rare phénomène, règne à trois époques de l’année
sur les routes de la contrée. Dans ces foires on trouve réunis
les produits du pays, les objets fabriqués dans les villes du Maroc
et en Europe, et les marchandises du Soudan. La plus importante est
celle de S. Ḥamed ou Mousa ; placée sur le chemin des caravanes
de Timbouktou, elle se tient à l’époque de leur arrivée et est
le théâtre des transactions relatives au commerce du Soudan ;
là se fait l’échange de l’or, des plumes d’autruche, de
l’ivoire, des esclaves, contre les produits européens envoyés
de Mogador. Après cette foire vient celle de Mrimima. La moins
considérable est Souq el Mouloud.


[Note 58 : Les principales espèces de dattes que produit le
Sahara Marocain sont, par ordre de mérite : les bou iṭṭôb,
les bou feggouç, les bou sekri, les djihel, les bou souaïr. Les bou
iṭṭôb sont très petites, avec un noyau presque imperceptible ;
le goût en est délicat : ce sont les dattes qui se conservent le
mieux ; jamais, dit-on, les vers ne les attaquent. Les bou feggouç
sont grosses ; elles sont aussi très bonnes et très recherchées. Les
bou sekri sont de taille moyenne, et fort sucrées, comme l’indique
leur nom ; elles ont une couleur particulière, d’un gris vert,
tandis que les autres ont les tons dorés qu’on voit habituellement
aux dattes. Les djihel sont de même dimension, à noyau assez
gros ; elles sont beaucoup moins estimées que les trois premières
espèces, excepté celles qui viennent de Tisint ; les dattiers
qui les produisent ont une quantité énorme de fruits : de cette
exubérance est venu leur nom. Les bou souaïr sont fort au-dessous
des dattes précédentes ; elles sont petites et ont peu de chair ;
on les mange à peine ; elles servent surtout à la nourriture des
bestiaux. Le nom de bou souaïr s’applique d’ailleurs, dans tout
le sud, moins à une datte spéciale qu’à toute datte de rebut,
de mauvaise qualité ou non parvenue à maturité, et peu propre à
l’alimentation des hommes. Ces diverses espèces sont mélangées
dans les oasis ; dans toutes, une d’elles domine : à Tisint, ce
sont les djihel ; à Tatta, ce sont les bou feggouç, à Aqqa les
bou sekri, sur le versant méridional du Petit Atlas les bou souaïr,
dans le Dra les bou feggouç, dans le bassin du Ziz les bou feggouç
et les bou souaïr.]

[Note 59 : Le _khent_, appelé en France _guinée_, est une étoffe
de coton indigo. La plupart de celui dont on se sert au Maroc est
fabriqué en Angleterre et vient par Mogador. C’est la contrefaçon
d’une étoffe de même teinte, mais beaucoup meilleure, qui se
confectionne au Soudan. Cette dernière, aussi solide comme tissu et
comme couleur que l’autre l’est peu, a une valeur plus grande :
l’élévation de son prix en fait un objet de luxe réservé à
quelques chikhs et marabouts. Une kechchaba d’étoffe du Soudan se
paie environ 60 francs ; en khent ordinaire, elle en coûte 5 ou 6.]

[Note 60 : Ici tous les hommes fument, nomades et sédentaires, les
riches dans des pipes, les pauvres dans des os creux. Trois espèces
de tabac viennent d’Ouad Noun, du Dra et du Touat. Celle d’Ouad
Noun est la plus estimée. Les unes et les autres se vendent par
feuilles entières et au poids. Personne ne prise, sauf les Juifs.]

[Note 61 : On nomme ici _Sahel_ la région qui borde la mer, de
l’embouchure de l’Ouad Sous au Sénégal. La partie marocaine de
cette longue bande se compose des bassins secondaires qui versent leurs
eaux dans l’Océan entre l’embouchure du Sous et celle du Dra ;
pour la distinguer du reste, nous appellerons cette portion _Sahel
Marocain_. Ici l’on ne fait point cette différence : on parle du
Sahel Marocain en disant « Sahel » ; jamais on ne le nomme Sous,
comme on fait dans le nord. C’est par un effet de généralisation,
comparable à celui qui a fait étendre à toute une race le nom
de la tribu des Berâber, que dans les parties septentrionales du
Maroc on a étendu le nom de Sous aux régions situées au sud du
bassin de l’Ouad Sous, alors qu’il s’applique exclusivement à
ce bassin. Nous conformant à la règle établie dans le pays même,
nous emploierons le nom de Sous pour désigner le bassin de l’Ouad
Sous tout entier, et rien que lui.]

[Note 62 : Le _ḥesou_ est connu en Algérie sous le nom de
_medechcha_.]

[Note 63 : Les dattes se conservent dans de grandes jarres de terre
d’environ 1m20 de hauteur : les couches supérieures, pesant sur
les autres, les écrasent peu à peu ; il s’en exprime un jus très
sucré, de la couleur et de la consistance du miel ; on le recueille
en pratiquant au bas du récipient une petite ouverture par laquelle
il s’échappe. C’est ce qu’on appelle le miel de dattes.]

[Note 64 : Ce thé est du thé vert apporté d’Angleterre. Dans
les ports et dans les grandes villes du Maroc, il se vend environ
5 francs le kilogramme ; la valeur en augmente à mesure qu’on
s’éloigne des centres ; elle est de 20 à 30 francs le kilogramme
à Tisint. On prend le thé très faible, avec beaucoup d’eau,
énormément de sucre, et en y ajoutant de la menthe ou d’autres
plantes aromatiques pour en relever le parfum.]

[Note 65 : La seule différence de nourriture qui existe entre les
Musulmans du sud du Bani et ceux des massifs du Grand et du Petit
Atlas est que, dans ces dernières contrées, la datte cesse de faire
partie de l’alimentation, et que le lait, le beurre et le miel y
entrent pour une part plus ou moins grande, suivant les lieux.]

[Note 66 : Les qaḍis de cette région sont les suivants. A Tisint :
Ḥadj Ḥamed à Ez Zaouïa, S. Mḥind Ạbd el Kebir à Aït ou
Iran, S. El Ạdnani à Agadir. A Trit, Ould S. Ṭîb. A Qaçba
el Djouạ, S. Ḥamed Abou Zeïz. A Tatta : S. Ḥamed, S. El
Ḥanafi, S. El Madani à Aït Ḥaseïn, S. Moḥammed d Aït
Ouzeggar à Adis. A Mrimima, S. Ạbd Allah. A Tamessoult, S. Ạbd
er Raḥman. Pour la tribu des Ida ou Blal, deux qaḍis, Tajakant
l’un et l’autre ; ce sont deux frères : S. Mouloud, résidant
à Tatta, et S. Aḥmed Digna, habitant d’ordinaire Tindouf.]

[Note 67 : Voir : Caussin de Perceval. _Essai sur l’histoire
des Arabes avant l’islamisme, pendant l’époque de Mahomet et
jusqu’à la réduction de toutes les tribus sous la loi musulmane_.]

[Note 68 : _Mezrag_ signifie « lance ». Dans les tribus unies
et compactes, celui qui a donné son ạnaïa n’accompagne pas
lui-même ; il fait conduire par un enfant, ou se contente de
remettre au protégé un objet connu comme sien, dont la présence
prouve qu’on est sous sa sauvegarde. Autrefois on donnait sa lance
à celui à qui on accordait son ạnaïa. Les deux mots sont ainsi
devenus synonymes.]

[Note 69 : Nous exprimerons la plupart du temps les rapports
résultant de l’acte de la debiḥa soit par les mots de vassal et
de suzerain, soit par ceux de client et de patron ; nous emploierons
aussi quelquefois le mot de tributaire.]

[Note 70 : Souvent c’est la tribu vassale qui lèse les
suzerains. Ceux-ci s’empressent de réclamer. Les choses se passent
toujours de même manière ; on ne cède qu’à la crainte.]

[Note 71 : On l’appelle aussi parfois, par abréviation, Ouad
Targant.]

[Note 72 : _Tzgert_ est le nom d’un arbrisseau.]

[Note 73 : Le _sebt_, qui porte aussi le nom de _drin_, et le _geddim_,
dont nous parlerons plus tard, ressemblent à l’ḥalfa : ils servent
à tous les usages de celui-ci. Ces trois plantes sont beaucoup moins
répandues au Maroc que ne l’est la dernière en Algérie. Il y a du
sebt en quelques places sablonneuses de la région comprise entre le
Bani et le Dra, et une certaine quantité d’ḥalfa sur le plateau
qui couronne la portion centrale du Petit Atlas. J’ai trouvé du
geddim sur les pentes inférieures du Grand Atlas, au Tizi n Telṛemt,
et sur la rive droite de la Mlouïa, au-dessous de Qçâbi ech Cheurfa,
dans les vastes déserts de la Mlouïa et du Rekkam. Le Ḍahra est
couvert d’ḥalfa ; ce désert est le commencement des hauts plateaux
du Sud Oranais, auxquels il se lie et dont rien ne le distingue : même
aspect monotone, même sol stérile, mêmes longs steppes d’ḥalfa.]

[Note 74 : Qçar unique avec dattiers.]

[Note 75 : Qçar entouré de dattiers, situé entre Icht et
Tamanaṛt.]

[Note 76 : Le nom arabe des Ida ou Blal est _Doui Blal_ (ذوي
بلال) ; on l’écrit ainsi à Fâs, et ainsi sans doute il faut
l’écrire. Dans le sud et à Mogador, on l’écrit sous la forme
tamaziṛt Ida ou Blal (اِذا اُ بلال). Nous avons adopté
cette dernière manière, employée par les membres de la tribu :
ils disent _Ida ou Blal_, ou _Daoublal_ au pluriel et _Daoublali_
au singulier.]

[Note 77 : Les Ida ou Blal ont le type et les manières des Arabes,
et parlent la langue du Koran, seuls au milieu d’une population
tamaziṛt ; double motif d’admettre ce qu’eux-mêmes disent
de leur origine. Les nombreuses formes imaziṛen qui figurent dans
leurs noms de fractions m’inspirèrent pourtant des doutes à ce
sujet. A mon retour du Maroc, j’essayai d’éclaircir la question ;
je fus conduit à regarder les Ida ou Blal comme Arabes : un long
contact avec les Imaziṛen a introduit chez eux les appellations
étrangères. Parmi mes documents sur les Ida ou Blal, en voici deux
d’un intérêt particulier : le premier m’a été fourni par
M. Montel, chancelier du consulat de France à Mogador, l’autre
par M. Pilard, interprète militaire en retraite.

1o — « Les Ida ou Blal ont leur berceau dans le Sahara, entre les
Tajakant et les Ạrib ; ces trois tribus sont de race arabe. Les
Ida ou Blal se divisent aujourd’hui en trois groupes : le premier
habite encore le territoire originaire de la tribu ; le second est
établi dans la qaçba de Fâs Djedid et en un lieu appelé Ḍahr er
Ramka, proche de Fâs ; le troisième est, depuis de longues années,
installé aux environs de Merrâkech. De plus, il y a parmi les
Ḥaḥa quelques familles connues sous le nom d’Ida ou Blal et
regardées comme originaires de la grande tribu de ce nom ; elles
parlent la langue tamaziṛt et sont comptées comme faisant partie
des Ḥaḥa. »

2o — « Les Ạrib, les Doui Blal et les Tajakant sont des
Arabes Mâkil fortement mêlés de nomades Zenâga. Vers l’ouest,
l’élément berbère semble prendre le dessus ; aussi les Doui
Blal y sont ordinairement désignés sous l’appellation chleuḥa
d’Ida ou Blal. Quant aux Tajakant, leur véritable nom est
Djakâna. Au contraire, les fractions demeurées dans l’est sont
restées purement arabes. Tels les Oulad Moulat, portion des Doui
Blal, établis isolément dans les déserts du sud du Tafilelt ; ils
auraient, au dire des gens des oasis, conservé encore aujourd’hui
les flexions finales de la langue arabe[A].

« Les Doui Blal sont une tribu nomade dont le territoire habituel
est entre Tatta et Mrimima, mais ils volent sur les routes jusque
chez les Chạanba.

« Une des fractions des Doui Blal, les Oulad Moulat[B], est
séparée du reste de la tribu et vit isolée dans l’Areg er
Raoui. Elle peut mettre sur pied 1000 combattants montés deux à deux
sur des meharis. Les Oulad Moulat sont nomades ; ils s’habillent
de coton bleu foncé ; tête nue ; longs cheveux ; sabres droits à
deux tranchants comme ceux des Touâreg. Ils sont libres ; personne
n’exerce de commandement dans la tribu. Ils sont ennemis de tout
le monde, sont craints des qçour du Tafilelt et ne respectent
pas les zaouïas. Leur perfidie est telle que le mot _mitsaq Doui
Blal_, « foi des Doui Blal », est, dans le sud, synonyme de _foi
punique_. En 1871 ou 1872, 350 tentes environ d’entre eux, ayant
eu une querelle avec le reste des Oulad Moulat, se sont séparées
du gros de la fraction : elles ont émigré, 150 tentes à Timmi et
à Tsabit, 200 chez les Aït Ounbegi, à El Mạïder, entre l’Ouad
Ziz et l’Ouad Dra[C]. Cette querelle avait eu lieu à la suite du
pillage, par un groupe des Oulad Moulat, d’une caravane protégée
par l’autre groupe. Ils s’ensuivit une guerre civile qui dura
deux ans et se termina par l’émigration du parti vaincu. Les Oulad
Moulat, quelque impies qu’ils soient, sont serviteurs religieux
de Sidi el Ṛazi (Tafilelt), de Sidi Aḥmed el Ḥabib (Zaouïa el
Maṭi), et de Sidi Moḥammed ben Nacer (Tamegrout). »

Ces documents, s’alliant avec les renseignements que j’ai
rapportés, prouvent que les Ida ou Blal, ou mieux Doui Blal, sont
une tribu nomade d’origine arabe, dont la masse principale est
établie sur les deux rives du Dra, entre les méridiens de Tatta et de
Mrimima. Un groupe important de la tribu, appartenant à la fraction
des Imoulaten ou Oulad Moulat, a émigré depuis longtemps vers
l’est, où il est cantonné au sud du Tafilelt. Un certain nombre
de familles Doui Blal ont été transportées, de force probablement,
par quelque puissant sultan, les unes à Merrâkech, les autres à
Fâs, où elles ont perpétué leur nom et leur race. Quelques-unes
enfin sont mêlées, on ne sait comment, à la tribu tamaziṛt
des Ḥaḥa. Les premiers se sont un peu altérés au contact des
Chellaḥa et des Ḥaraṭîn, leurs voisins ; les seconds, plus
isolés, ont gardé leur physionomie et leur langage primitifs. Les
troisièmes sont des Arabes dégénérés, semblables aux Arabes
d’Algérie. Les derniers sont Imaziṛen de mœurs et de langue et
n’ont de Doui Blal que le nom.]

[Note A : Je n’ai pas remarqué ce fait chez les Ida ou Blal que
j’ai vus, c’est-à-dire dans le gros de la tribu : on y parle,
comme partout au Maroc, un arabe qui est, à peu de chose près,
notre arabe vulgaire d’Algérie.]

[Note B : Ils figurent sous le nom d’Imoulaten dans la décomposition
qu’on nous a donnée à Tatta.]

[Note C : Pour les noms géographiques dont il est question ici,
voir la _Carte générale du Tafilala_ par M. le général Dastugue.]

[Note 78 : La ziâda a 50 centimètres à 1 mètre de haut ; les
autres plantes poussent au ras du sol.]

[Note 79 : L’Ouad Tisint se creuse dans le plateau d’où il sort,
à Tizi Igidi, une vallée à fond plat, profonde de 20 à 25 mètres
et large de 800.]

[Note 80 : Les pierres à fusil dont on se sert à Tisint et assez
loin à la ronde viennent de Foum Tangarfa ; dans les hauteurs
voisines, le silex abonde ; les nomades l’enlèvent par gros blocs
et l’apportent à Tisint, où on le taille.]

[Note 81 : Autorité de chikh.]

[Note 82 : On appelle _zaouïa_, d’une part, l’ensemble de tous
les marabouts, parents proches ou éloignés de Sid Ạbd Allah,
qui habitent Mrimima ; de l’autre, la maison où Sidi Ạbd Allah
demeure.]

[Note 83 : Tribu voisine du district d’Ouad Noun.]

[Note 84 : Le Souq el Mouloud est ainsi appelé parce qu’il a lieu
dans le mois de mouloud (rebiạ el aoul) ; il se tient dans la tribu
des Aït Ioussa. C’est une grande foire, qui dure plusieurs jours,
l’une des trois foires annuelles du Sahara ; les deux autres sont
celles de Mrimima et de S. Ḥamed ou Mousa (Tazeroualt).]

[Note 85 : Le calendrier chrétien est connu et employé dans le
Sahara Marocain. Les mois en sont désignés sous leurs noms latins. La
foire de S. Ḥamed ou Mousa se tient au printemps et habituellement
en mars ; en 1885, elle a commencé le 25 mars.]




                                  VI.

                          DE TISINT A MOGADOR.


                     1o. — DE TISINT A AFIKOURAHEN.


Lorsque je me retrouvai à Tisint, la somme d’argent que je portais
avait, par suite de vols successifs, diminué à tel point que je
ne pouvais achever mon voyage avec ce qui restait. Il fallait avant
tout me procurer des fonds. Je n’en trouverais que dans une ville
où il y eût des Européens : la plus proche était Mogador. Je
résolus d’en chercher dans ce port.

Je m’ouvris de mon projet à mon ami le Ḥadj, et fis avec
lui l’arrangement suivant : il me conduirait à Mogador, m’y
attendrait, et me ramènerait à Tisint ; nous prendrions des routes
différentes en allant et en revenant, passant la première fois
par les Isaffen et les Ilalen[86], la seconde par le Sous, le Ras el
Ouad et les Aït Jellal. Le Ḥadj Bou Rḥim connaissait la région
que nous devions traverser au retour et y avait de nombreux amis ;
pour l’aller, il emmènerait un de ses agents, nommé Moḥammed ou
Ạddi, homme de la tribu des Ilalen, qui avait maintes fois parcouru
le chemin que nous allions faire. Nous ne partirions qu’à nous
trois : le rabbin Mardochée, dont je n’avais pas besoin, resterait
à Tisint dans la maison du Ḥadj, où il attendrait mon retour.

                               9 janvier.

Je quittai Tisint le 9 janvier, à 10 heures et demie du soir, et pris
la direction de Tatta, escorté par le Ḥadj et son compagnon. Nous
voyageâmes toute la nuit. Nous avions attendu pour sortir que le qçar
fût endormi : personne n’avait été instruit de notre voyage ;
en s’en allant, le Ḥadj n’avait pas dit adieu à ses femmes
et à ses enfants. Si le bruit de notre départ avait transpiré,
il eût été à craindre que des étrangers, Berâber, Oulad Iaḥia
ou autres, toujours en foule à Agadir, n’aient couru s’embusquer
sur le chemin pour nous attaquer et nous piller. De là notre départ
furtif et notre marche nocturne. Le rabbin Mardochée avait ordre de
n’ouvrir la maison à personne le lendemain et, après deux jours,
de déclarer que nous étions partis pour Tazenakht. Pareilles mesures
se prennent toujours lorsqu’on doit traverser un long désert,
un passage dangereux, que, comme nous, on est en petit nombre, et
qu’on a des objets pouvant exciter la convoitise. Ici, il avait
fallu redoubler de précautions ; avec ma réputation de Chrétien et
d’homme chargé d’or, plus d’une bande se serait mise en campagne
si mon départ avait été connu. Mes mules seules eussent suffi pour
faire prendre les armes à bien des gens : en cette contrée pauvre
elles constituent un capital.

                              10 janvier.

Ralentis dans notre marche par une pluie torrentielle qui tomba
pendant la plus grande partie de la nuit et durant toute la matinée,
nous arrivâmes à Tatta à la fin de la journée du 10. A 7 heures
du soir, nous nous arrêtâmes dans le petit qçar de Taṛla, chez
des amis du Ḥadj.

La route de Tisint à Tatta n’avait rien de nouveau pour moi. Je pus
admirer combien la végétation s’était développée depuis mon
dernier passage : le long du moindre ruisseau, au-dessous de chaque
gommier, s’étendait un épais tapis de verdure, tantôt d’un
émeraude éclatant, tantôt argenté ou doré par une multitude
de fleurs.

Pour gagner Taṛla, on remonte l’Ouad Tatta à partir de Tiiti,
dans son lit : celui-ci est large de 150 mètres et couvert de gros
galets ; au milieu se creuse un canal de 30 mètres, où un peu
d’eau serpente sur un fond de roche. La rivière, resserrée à
Tiiti entre le qçar et le Bani, coule de Tiiti à Taṛla dans une
plaine de sable, déserte sur la rive droite, couverte de palmiers
sur la rive gauche.

                              11 janvier.

Séjour à Taṛla. Ce qçar est situé à la bouche méridionale
d’un kheneg par lequel l’Ouad Tatta franchit une chaîne de
collines parallèle au Bani. Il est petit et riche : tout y respire
la prospérité ; les maisons sont belles ; point de ruines ; les
habitants, Chellaḥa et Ḥaraṭîn, vivent dans l’aisance,
grâce à leurs nombreux dattiers. Les bou feggouç dominent.

                              12 janvier.

Nous passons toute la journée à Taṛla sans sortir de chez
notre hôte, à qui le Ḥadj a recommandé le secret sur notre
présence. Nous avons, d’ici à Tizgi, notre prochain gîte,
à traverser un long désert, très dangereux, qu’on ne peut
franchir que de nuit et au pas de course, comme nous essaierons de le
faire, ou en nombreuse caravane. Ce désert, qui fait un avec celui
d’Imaouen coupé par l’Ouad Aqqa, s’étend sur les confins
de plusieurs tribus entre lesquelles il forme un terrain neutre :
champ commun où s’exercent leurs rapines ; des bandes pillardes
d’Aït ou Mrîbeṭ, d’Ida ou Blal, d’Aït Jellal, d’Isaffen,
le parcourent sans cesse.

Nous partons à 9 heures du soir et marchons sans arrêt jusqu’au
matin. A l’aurore, nous nous trouvons à l’entrée d’une gorge
profonde, dans le lit desséché d’une rivière, à son confluent
avec un ruisseau, l’Ouad Tanamrout. Nous faisons halte quelques
heures à cet endroit.

La contrée que j’ai parcourue de Taṛla ici se divise en deux
portions distinctes : l’une de Taṛla à Imiṭeq, l’autre
d’Imiṭeq au point où je suis. Celle-là se compose de larges
vallées entre lesquelles s’élèvent des massifs mamelonnés de
peu de hauteur ; celle-ci est formée d’une succession de plaines
étagées, séparées par de hautes chaînes parallèles, que les
rivières traversent par des gorges étroites. Les vallées de la
première région ont dans leur partie inférieure un sol pierreux,
garni de gommiers, de jujubiers sauvages et de melbina, dans leur
partie haute, un sol rocheux avec une végétation moins abondante ;
leurs flancs sont des coteaux de grès noir et luisant. Au delà
d’Imiṭeq, les collines se remplacent par de hautes montagnes :
massifs rocheux, aux pentes escarpées, ils ont une couleur jaune
rosée, différente de ce que nous avons vu jusqu’ici ; leurs
flancs, tourmentés, ne sont du pied à la crête que découpures
et crevasses. Ces monts entourent comme de remparts lézardés
des plaines unies et pierreuses, où le sol, aride d’ordinaire,
est en cette saison couvert de verdure ; on y marche au milieu de
jujubiers sauvages, de melbina, de hautes herbes. Entre ces plaines,
les cours d’eau traversent les montagnes par des couloirs étroits,
aux parois verticales, si resserrées qu’elles laissent la seule
place de la rivière. Le gommier disparaît au nord d’Imiṭeq.

[Illustration : Petite plaine entourée d’une ceinture de montagnes,
entre Imiteq et le col de Tanamrout.

Croquis de l’auteur.]

J’ai traversé cette nuit un grand nombre de cours d’eau, tous
à sec, tous ayant un lit de gros galets et des berges verticales,
mi-sable, mi-cailloux, hautes de 1 à 2 mètres. Les deux plus
importants se réunissent pour former l’Ouad Imiṭeq ; l’un
vient de l’est, l’autre de l’ouest ; le premier a 50 mètres
de large, le second 40. De Taṛla ici, bien que le terrain soit
constamment pierreux ou rocheux, le chemin n’est pas difficile :
il a des montées, des descentes, mais jamais raides ni longues.

                              13 janvier.

A 1 heure de l’après-midi, nous nous remettons en marche. Nous
quittons la vallée, lieu de notre halte, et remontons l’Ouad
Tanamrout ; il coule dans un ravin étroit qui bientôt n’a
aucune largeur et où le chemin, malgré de nombreux lacets, devient
difficile. Les parois sont les montagnes de roche jaune dont nous
étions jusqu’à présent au pied et que nous allons franchir. Près
du torrent, la pierre laisse percer une végétation abondante :
jujubiers sauvages, ḥeuboubs de 2 à 3 mètres, grandes herbes,
fleurs de toute couleur. Une heure de marche pénible nous conduit
à un col, Tizi Tanamrout, où l’ouad prend sa source. A nos pieds
s’étend une large vallée, dont le flanc gauche est le massif
que nous venons de gravir, et le droit un talus sombre dont la crête
paraît un peu plus élevée que celle où nous sommes. Nous descendons
vers le thalweg. Les pentes, si rapides sur l’autre versant, sont
douces, le chemin aisé ; terrain rocheux ; la végétation, vivace
sur le côté opposé, existe à peine sur celui-ci : des jujubiers
sauvages interrompent seuls de loin en loin la monotonie du sol nu.

Parvenus au fond de la vallée, nous la descendons pendant quelque
temps ; un cours d’eau à sec, de 60 mètres de large, en occupe
le milieu : c’est un affluent de l’Ouad Aqqa. Peu après, nous
gagnons les bords de l’Ouad Aqqa : il forme une grande rivière,
large de plus de 200 mètres ; le lit, ici de sable, là de gravier,
ailleurs de gros galets, ne contient point d’eau. Nous le remontons
jusqu’à Tizgi Ida ou Baloul[87]. Nous entrons dans ce village à
7 heures du soir. Un ami de Ou Ạddi nous donne l’hospitalité.

De Taṛla à Tizgi, personne n’a paru sur le chemin. Le seul
vestige humain que j’aie vu a été, entre Tatta et Imiṭeq,
une dizaine de tombes, échelonnées par groupes de deux ou trois au
bord du sentier. Ces tombes, qui rappelaient chacune un pillage, et
marquaient l’endroit où avaient péri des voyageurs moins heureux
que moi, avaient, au clair de lune, au milieu de cette solitude,
un aspect lugubre.

Arrivé à Tizgi, la portion périlleuse de ma route est faite : je
pourrai marcher désormais à la clarté du soleil. Les Marocains
de ces régions emploient, on le voit, une méthode simple pour
voyager : quand le pays n’est pas dangereux, ils le traversent le
jour ; lorsqu’il l’est, au lieu de prendre des escortes, ils le
franchissent rapidement de nuit.

                              14 janvier.

Séjour à Tizgi Ida ou Baloul. Tizgi est une bourgade isolée,
d’environ 400 feux ; elle est construite en long sur les premières
pentes du flanc gauche de l’Ouad Aqqa. Au pied du village, les bords
et le lit du cours d’eau sont occupés par des cultures ombragées
de palmiers (bou souaïr) ; ceux-ci ne sont pas serrés comme à
Tisint et à Tatta : ils sont espacés, et se mêlent de trembles,
de figuiers et d’oliviers. Le fond de la vallée est sablonneux ;
les flancs sont de hautes parois de roche jaune, escarpées,
s’élevant à 150 mètres au-dessus du lit de la rivière. Comme son
nom l’indique, Tizgi est située dans une gorge resserrée entre de
hautes montagnes, kheneg très étroit que l’Ouad Aqqa traverse en
ce point. Le village est construit partie en pisé, partie en pierres
grossièrement cimentées ; pas de mur d’enceinte. La rivière est
à sec au pied des maisons et dans les jardins ; de nombreux canaux
pleins d’eau claire et courante arrosent ces derniers.

[Illustration : Tizgi Ida ou Baloul. (Vue prise d’une maison du
village, dans la direction du sud-est.)

Croquis de l’auteur.]

A partir d’ici, on ne voit plus de khent ; le costume des indigènes
ne se compose que de laine. Les femmes sont vêtues de laine blanche
et portent sur la tête un voile spécial au pays : c’est une pièce
rectangulaire de laine noire ayant un mètre de long, avec un gland
noir à chaque coin. Elles s’en couvrent le visage dès qu’elles
aperçoivent un homme. Les femmes de cette région font montre d’une
grande modestie : en rencontre-t-on sur les routes ? on les voit
s’arrêter à plusieurs pas, faire un à-droite ou un à-gauche,
et demeurer au bord du chemin, la figure voilée et le dos tourné,
jusqu’à ce qu’on soit passé. Les hommes portent des ḥaïks de
laine blanche ou des djelabias et, par-dessus, soit le bernous blanc,
soit plus souvent le khenîf. Pas de modification dans les armes, sauf
qu’il n’y a plus de fusils à deux coups. Tels sont les costumes
à Tizgi, tels je les trouverai chez les Isaffen, les Iberqaqen et
les Ilalen.

                              15 janvier.

Nous quittons Tizgi à 10 heures du matin. Notre hôte nous escorte
jusqu’à midi : après, on peut marcher seul ; le pays n’est
plus périlleux. En sortant de Tizgi, nous continuons à remonter
l’Ouad Aqqa. Au bout de peu de temps, il reçoit l’Ouad Tizert
et fait un brusque coude vers le nord. A partir de là, sa vallée
se transforme : le fond prend 600 mètres de large ; les flancs sont
de hauts talus rocheux, celui de droite plus élevé et à crêtes
plus éloignées que celui de gauche. La rivière est large de 60
mètres ; son lit desséché, où poussent de distance en distance
des palmiers isolés, se déroule au milieu de la vallée. Le sol de
celle-ci est de sable, tantôt durci, tantôt humide ; des champs,
qui garnissent les rives de l’ouad, en occupent une partie. On
entre sur le territoire des Isaffen. A peu de distance en amont de
nous s’aperçoit un bois de dattiers ; nous marchons droit sur
lui. Plus on avance, plus le sol devient mouillé ; dans les champs,
les tiges vertes des orges commencent à sortir de terre ; en dehors
poussent des tamarix et, à leur pied, du gazon. Bientôt nous
arrivons aux palmiers ; ce sont des bou souaïr : d’ici au point
où nous quitterons l’ouad et de là aussi loin que s’étendra
la vue, le fond de la vallée en sera couvert. Mélangés d’autres
arbres fruitiers, ils ombragent de vertes cultures et entourent
une foule de villages qui s’échelonnent le long de la rivière :
ces villages appartiennent aux Aït Tasousekht, l’une des trois
fractions des Isaffen. Nous continuons à remonter l’Ouad Aqqa,
tantôt à l’ombre des dattiers, tantôt en longeant la lisière,
jusqu’au point où il reçoit l’Ouad Iberqaqen ; sur cet espace,
la vallée reste la même, si ce n’est qu’elle se rétrécit
peu à peu de manière à avoir en dernier lieu 200 à 300 mètres
de large ; de plus, la proportion des palmiers diminue à mesure
que l’on monte ; celle des autres arbres, grenadiers, caroubiers,
amandiers, oliviers, augmente : auprès des villages inférieurs
des Isaffen, il n’y avait guère que des dattiers ; au-dessus
de Tamsoult, les autres essences dominent. A partir du même lieu,
un filet d’eau courante de 1 à 2 mètres de large serpente dans
le lit de la rivière, à sec auparavant. A 1 heure et demie, nous
arrivons au confluent de l’Ouad Iberqaqen : nous gagnons les bords
de ce nouveau cours d’eau et le remontons ; nous entrons en même
temps dans la tribu qui lui a donné son nom. En quittant l’Ouad
Aqqa, on en voit la vallée se continuer à perte de vue, toujours
la même, long ruban vert se déroulant entre les montagnes, les
villages des Isaffen le semant çà et là de points bruns.

La vallée de l’Ouad Iberqaqen est moins importante que celle d’où
nous sortons : étroitement encaissée entre des talus rocheux, elle
a 50 mètres de large ; le fond est rempli de palmiers ombrageant des
cultures qui se prolongent en escaliers sur les premières pentes des
flancs. Le lit de l’ouad a 8 mètres de large et est couvert de
galets ; il est à sec ; de larges canaux, pleins jusqu’au bord,
coulent sur les deux rives, apportant l’eau de la montagne aux
habitations et aux cultures. Des villages, qui appartiennent aux
Iberqaqen, s’échelonnent de distance en distance, suspendus aux
premières assises du roc. A partir de Toug el Khir, la vallée se
rétrécit encore : elle n’a plus que 30 mètres ; en même temps
les flancs deviennent plus escarpés : ce sont des talus de roche
jaune très raides, hauts de 100 à 150 mètres. Les plantations
qui s’étageaient sur leurs premières pentes disparaissent ; le
fond seul ne cesse d’en être couvert ; les palmiers diminuent et
font place aux oliviers et aux amandiers. Les villages sont toujours
nombreux ; à chaque coude où la vallée s’élargit, on en voit
un. A 3 heures et demie, nous arrivons dans celui de Tidgar où nous
ferons gîte ; nous descendons chez un ami de Ou Ạddi.

[Illustration : Haute vallée de l’Ouad Iberqaqen.

(Vue prise de Tidgar, dans la direction du nord-nord-ouest.)

Croquis de l’auteur.]

A Tidgar, les palmiers ont disparu de la vallée de l’Ouad
Iberqaqen. On la voit se prolonger au loin, ligne foncée serpentant
entre deux massifs de roche jaune : des amandiers et des oliviers en
garnissent le fond ; des villages se distinguent sur les premières
pentes de ses flancs. Nous avons rencontré aujourd’hui beaucoup
de monde sur notre route.

Chez les Isaffen et les Iberqaqen, les maisons sont tantôt en
pierres grossièrement cimentées, tantôt en mauvais pisé ; chez
les Isaffen, où le pisé domine, il forme des constructions sans
solidité ni élégance : on est loin des gracieuses demeures des
Aït Zaïneb. Chez les Iberqaqen, la plupart des bâtiments sont en
pierre ; les terrasses qui les couvrent sont des plus primitives :
on se contente de juxtaposer des pierres plates sur une rangée de
poutrelles d’olivier, et de les maintenir par de gros cailloux
placés en dessus, comme aux chalets.

                              16 janvier.

Départ à 8 heures et demie du matin. Notre hôte nous escorte
pendant trois heures ; puis il nous laisse, le pays ne présentant
plus de péril. Je quitte à Tidgar la vallée de l’Ouad Iberqaqen ;
je remonte à mi-côte un ravin désert, sans espace au fond, dont les
flancs, très escarpés, sont des parois monotones de roche jaune :
le sentier est une longue rampe serpentant au bord du précipice ;
taillé dans le roc, il a pour sol une pierre lisse et glissante,
chemin aisé pour les piétons, difficile et dangereux pour les bêtes
de somme. Pas trace de végétation : de toutes parts on ne voit que
la surface jaune du rocher.

A 10 heures, le pays change ; parvenu à l’extrémité du ravin,
je me trouve au bord méridional d’un vaste plateau sur lequel je
m’engage : plus de gorges à pentes abruptes ; plus de hautes cimes
au-dessus de ma tête : devant moi s’étend un plateau ayant une
pente très faible du nord au sud et ne présentant que des ondulations
légères, vallées sans profondeur et collines sans élévation. Il
couronne le Petit Atlas, et sa ligne de faîte, vers laquelle je
marche, est le point culminant de la chaîne. Dans le lointain,
on aperçoit le pic couvert de neige du Djebel Ida ou Ziqi, un des
sommets du Grand Atlas. Je m’avance vers la crête supérieure du
plateau, tantôt montant, tantôt descendant : le sol est aux deux
tiers terreux, un tiers est rocheux ; il est en grande partie couvert
de cultures semées d’amandiers, qui poussent au milieu des champs
comme les pommiers en certaines régions de la France ; une multitude
de villages apparaissent à l’horizon ; autour d’eux surtout
les cultures sont nombreuses et les amandiers serrés. Je rencontre
beaucoup de femmes dans la campagne ; contre l’usage ordinaire, elles
sont occupées des travaux de la terre ; on voit les unes labourer
avec un bœuf ou un âne, les autres bêcher. Une grande activité
règne partout : c’est la saison des semailles. Je remarque de
nombreuses citernes[88] ; d’ici à Mogador, j’en trouverai à
chaque pas le long du chemin : en ces régions où il y a peu de
rivières et peu de sources, leurs eaux sont d’ordinaire les seules
que possèdent les habitants. A midi et demi, je parviens à la crête
presque insensible qui forme le faîte du Petit Atlas : elle marque
à la fois la limite du versant sud de cette chaîne et celle de la
tribu des Iberqaqen. Le point où le chemin la franchit s’appelle
Tizi Iberqaqen. De là, j’aperçois vers le nord une longue bande
bleue bordée d’argent : le Grand Atlas avec ses cimes neigeuses,
brillant dans un rayon de soleil. Je quitte ici le bassin du Dra et je
passe dans celui du Sous ; en même temps j’entre sur le territoire
des Ilalen. Le plateau qui couronne le Petit Atlas s’étend sur
le sommet de son versant nord comme sur celui de son versant sud ;
des deux côtés du Tizi Iberqaqen, le pays est semblable : même sol
plat, même terre féconde, mêmes cultures semées d’amandiers,
même population dense. La partie où je pénètre est encore plus
riche que la précédente : à mesure qu’on avance, les villages
se font plus nombreux, les champs couvrent un espace plus grand et
finissent par envahir presque tout le sol. Celui-ci, au bout de peu
de temps, n’est que terre, avec de rares portions pierreuses ; la
roche disparaît. Les amandiers s’étendent par endroits à perte
de vue et donnent à ce plateau fertile un aspect unique.

A 4 heures, nous arrivons à Azaṛarad, village des Ida ou Ska,
fraction des Ilalen. Nous nous y arrêtons chez un ami de Ou
Ạddi. Je n’ai pas vu un seul cours d’eau pendant la marche
d’aujourd’hui. Parmi les nombreux villages que j’ai rencontrés,
un était fort important : Agadir Iberqaqen Fouqani ; il a 300 ou 400
maisons : la plupart sont vides durant une portion de l’année ;
situées dans la région où se trouvent les principales cultures
de la tribu, elles se remplissent aux époques du labour et de la
récolte et servent de magasins aux grains et aux amandes. Des gens
de toutes les parties du territoire, même du bas Ouad Iberqaqen,
y possèdent des demeures.

Il existe une différence frappante entre le village d’Azaṛarad
et ceux du versant sud de la chaîne : ces derniers étaient, on
l’a vu, mal bâtis. Azaṛarad, au contraire, se distingue par la
beauté de ses constructions : toutes les maisons y sont en pierres,
non taillées, mais cimentées avec soin ; le long des murs, des
gouttières pratiquées avec adresse conduisent l’eau de pluie dans
des réservoirs ; chaque habitation a sa citerne ; les portes, hautes
et larges, sont cintrées : les arcades en sont faites de pierres
de diverses dimensions habilement ajustées ; fenêtres, crête des
murs, gouttières sont blanchies à la chaux. Les terrasses sont
formées de pierres plates recouvertes d’une couche de terre et
maintenues par de gros cailloux. Sur tout le territoire des Ilalen,
les constructions sont pareilles, toutes soignées, toutes en pierre ;
je ne retrouverai le pisé qu’en entrant chez les Chtouka.

                              17 janvier.

Départ à 8 heures du matin. Nous marchons seuls : devant demeurer
toute la journée sur le territoire des Ilalen, Ou Ạddi nous
suffit comme protection. Nous continuons à cheminer sur le plateau
d’hier : il ne se modifie pas ; même sol, mêmes ondulations ;
les cultures le couvrent en entier, les amandiers l’ombragent à
perte de vue ; plus de villages que jamais. Jusqu’à présent les
amandiers n’avaient ni fleurs ni feuilles : je les verrai tous en
fleur à partir du Tenîn de Touf el Ạzz. A 11 heures, j’atteins
la limite septentrionale du plateau ; il finit de ce côté aussi
brusquement que vers le sud. En le quittant, je descends une succession
de ravins qui me mènent à une vallée profonde, celle de l’Ouad
Ikhoullan. La région qu’on traverse jusque-là est montagneuse et
boisée : côtes terreuses semées de blocs de roche, grands argans,
pentes raides, gorges encaissées. Au fond de ces dernières sont
des ruisseaux à sec, avec des lits de galets et parfois de roc. Sur
les croupes, à l’ombre des argans, poussent des genêts à fleurs
jaunes de 1 mètre de haut ; beaucoup de verdure au ras du sol ;
entre les rochers percent des taçououts, les premiers que je voie
depuis le Moyen Atlas. Ces forêts ne sont pas désertes ; plusieurs
villages apparaissent sur les crêtes ou à mi-côte, et un plus grand
nombre au fond des ravins. Chacun d’eux a sa ceinture de jardins,
plantations en amphithéâtre où croissent amandiers, grenadiers et
oliviers. Les chemins de cette région sont pénibles : je descends
plusieurs rampes très rapides ; point de passage difficile.

A 3 heures, je parviens à la vallée de l’Ouad Ikhoullan ; elle a
400 mètres de large et est couverte de cultures ; les flancs en sont
de hauts talus boisés ; plusieurs villages sont près de moi, dans
le fond ; d’autres brillent au versant de la montagne. Au milieu
de la vallée serpente la rivière, dont le lit à sec, tantôt
de gravier, tantôt de galets, a 50 ou 60 mètres de large. J’en
descends le cours durant un quart d’heure, puis je gagne le pied
du flanc gauche. Je le gravis. Terrain semblable à celui de tout à
l’heure, boisé de grands argans, avec gazon, genêts, taçououts,
poussant à leur ombre ; pentes raides, sol tantôt pierreux, tantôt
terreux, hérissé de blocs de roche. A 4 heures et demie, j’arrive
au sommet de la côte. Je me trouve en face d’un nouveau plateau,
analogue à celui de ce matin en fertilité, abondance de cultures
et nombre de villages, mais plus accidenté. Nous nous y engageons et
nous y marchons durant le reste de la journée. A 5 heures et demie,
on fait halte : nous voici à Afikourahen, petit village, patrie
de Ou Ạddi. Le plateau où nous sommes est cultivé sur toute son
étendue ; on ne voit plus d’amandiers : de grands argans, arbres
séculaires, les remplacent ; plantés symétriquement dans les champs,
ils les couvrent à perte de vue. Ce plateau est comme un second
échelon du Petit Atlas, celui que j’ai quitté ce matin en formant
le premier. Je n’en traverserai plus d’autre d’ici à la vallée
du Sous : Afikourahen domine directement celle-ci. De la maison de
Ou Ạddi, la vue est merveilleuse : à l’ouest, dans le lointain,
la plaine des Chtouka, et au delà une ligne bleue, l’Océan ;
au nord, la vallée de l’Ouad Sous, bordée par la masse sombre et
les pics neigeux du Grand Atlas ; au point où l’Atlas expire et
où commence la mer, on distingue, à 75 kilomètres, Agadir Iṛir,
dont les murs blancs couronnant un cône bleuâtre brillent au soleil
comme un diadème d’argent.

L’Ouad Ikhoullan est la seule rivière que j’aie vue
aujourd’hui. J’ai rencontré beaucoup de monde sur les deux
plateaux traversés au commencement et à la fin de la journée,
peu dans la région montagneuse et boisée qui les sépare : sur les
plateaux, c’étaient des travailleurs labourant les champs ; dans la
montagne, des voyageurs isolés. En passant dans la vallée de l’Ouad
Ikhoullan, il s’est produit un incident qui a failli être funeste
à Ou Ạddi. Comme nous descendions la rivière, nous apercevons
derrière nous cinq hommes, armés jusqu’aux dents, lancés à
notre poursuite. Ou Ạddi les regarde : « Ce sont des Ikhoullan qui
courent après moi ! » s’écrie-t-il. Échanger son long fusil
de Chleuḥ contre le fusil à deux coups du Ḥadj, s’enfuir à
toutes jambes vers le hameau le plus proche, est pour lui l’affaire
de moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Le Ḥadj et moi
restons en arrière. Les cinq Ikhoullan ne s’arrêtent pas à nous ;
ils nous dépassent, cherchant à rejoindre notre compagnon. Bientôt
ils disparaissent dans le village où nous l’avons vu entrer. Nous
attendons quelque temps, très anxieux du sort de Ou Ạddi. Enfin le
voilà qui revient, avec un notable du lieu, son ami, de qui il a eu
le temps de prendre l’ạnaïa. D’un autre côté retournent ses
ennemis, arrivés trop tard pour lui faire un mauvais parti. Notre
compagnon nous rejoint : nous nous remettons aussitôt en route ;
son sauveur nous escorte pendant une heure, jusqu’à ce que nous
soyons en sûreté. Les hommes qui nous ont poursuivis appartiennent
à un village devant lequel nous avons passé : ce ne sont pas des
brigands. Ilalen comme Ou Ạddi, ils font partie de la fraction
des Ikhoullan, tandis que notre ami est de celle d’Afra : les deux
groupes sont en ce moment en guerre. Ou Ạddi avait été aperçu de
ce village : aussitôt sa présence connue, cinq hommes s’étaient
mis à sa poursuite, non pour nous voler, mais pour le tuer.


                     2o. — D’AFIKOURAHEN A MOGADOR.


                           18 et 19 janvier.

Séjour à Afikourahen. Je suis l’hôte de Ou Ạddi. Il y a plus
d’un an qu’il n’avait vu sa famille ; je lui accorde deux jours
de repos auprès d’elle.

Les constructions de ce pays sont soignées : tout est en pierres
cimentées ; les habitations sont grandes et élégantes ; elles
ont un ou deux étages, des escaliers commodes, des portes larges
et solides. Dans les régions que j’ai parcourues depuis Tatta et
dans celles que je traverserai d’ici à Mogador, les villages ne
sont point entourés de murs : cependant il existe des distinctions ;
les uns, bien qu’ouverts, sont organisés d’une façon défensive,
les autres sont sans défense. Chez les Isaffen, les Iberqaqen, les
Ilalen, la plupart sont aménagés de manière à pouvoir résister
à une attaque : dans la fraction d’Afra, les murs des maisons sont
percés de meurtrières à chaque étage et les terrasses munies
d’un parapet crénelé. Ces précautions disparaîtront dès que
je quitterai les Ilalen, et les hameaux présenteront l’aspect le
plus pacifique. Jusqu’à mon entrée dans la fraction d’Afra,
les habitations étaient réunies en villages ; d’Afra à Mogador,
il n’en sera presque jamais ainsi : sauf rares exceptions, je
ne rencontrerai plus de villages, mais des hameaux, ou des demeures
disséminées seules ou par petits groupes dans la campagne ; plus rien
de guerrier ; parfois une tour se dressera entre quelques maisons :
ce ne sera qu’un ornement, signe de la demeure d’un riche. Dans
cette région je cesserai de voir des jardins entourer les lieux
habités ; adieu figuiers, grenadiers, vignes, frais bosquets,
ceinture habituelle des villages marocains : d’ici à Mogador,
hameaux et maisons s’élèvent tristement en plein champ, au
milieu des labourages. Tout au plus ont-ils des haies de cactus. On
voit d’après ce qui précède que la tiṛremt d’un modèle si
régulier et si uniforme, que j’ai rencontrée constamment du Tâdla
à Tazenakht, n’existe en aucune façon dans ces contrées. Je suis,
depuis Tisint, en plein pays d’agadirs.

Le costume demeure ce qu’il était à Tizgi et dans les tribus
intermédiaires ; un détail d’équipement, la poudrière, se modifie
chez les Ilalen. Elle consiste en une petite boîte métallique, en
forme de cylindre très bas. Ce modèle est en usage chez les Ilalen
et les Chtouka ; dans le reste du bassin du Sous et chez les Ḥaḥa,
on se sert de la corne, du type connu. Le fusil et le poignard sont
les mêmes qu’auparavant ; pas de sabres ni de baïonnettes.

                              20 janvier.

Départ à 10 heures et demie. Nous reprenons notre marche sur
le plateau où nous sommes ; il est toujours couvert de cultures,
toujours semé d’une foule de villages. A midi, je passe de la
tribu des Ilalen dans celle des Chtouka ; le pays ne se modifie pas :
politiquement, cette frontière est importante ; elle marque la limite
entre le blad es sîba, d’où je sors, et le blad el makhzen,
où j’entre. Jusqu’à 2 heures, le plateau reste tel qu’il
était auprès d’Afikourahen, fort accidenté ; à 2 heures, il
s’aplanit et ne présente dès lors que des ondulations légères ;
il continue à être cultivé à perte de vue, ombragé d’argans
et semé de villages : ceux-ci sont moins nombreux que chez les
Ilalen. Vers 3 heures, j’arrive au bord septentrional du plateau,
au sommet du talus qui le sépare de la plaine du Sous ; ce talus est
analogue à celui que j’ai descendu hier, de 11 heures à 3 heures :
côtes raides et ravinées ; terrain pierreux, avec beaucoup de
rochers, boisé d’argans ; sous les arbres, des genêts jaunes, des
jujubiers sauvages, des taçououts couvrent le sol. Chemin pénible,
mais non difficile. J’entre dans la forêt et me mets à descendre ;
vers 4 heures moins un quart, je parviens au pied du talus. Devant
moi s’étend une plaine triangulaire, de 5 à 6 kilomètres de
long ; un kheneg, vers lequel je me dirige, la termine ; elle est
entourée d’une ceinture de collines basses sur les premières
pentes desquelles brillent, comme des taches blanches, une multitude
de hameaux. La plaine est couverte de cultures ombragées d’argans ;
sol de sable, sans une pierre. Ici, comme chez les Ilalen, la plupart
des groupes d’habitations sont dominés par une tour indiquant
la demeure du chikh ; les constructions n’ont plus l’appareil
défensif des précédentes. Elles cessent d’être de pierre et
sont en pisé blanc. A 4 heures et demie, j’atteins l’entrée du
kheneg ; je m’y arrête au hameau de Taourirt ou Selîman.

Durant la journée, j’ai rencontré beaucoup de monde sur le chemin,
travailleurs et voyageurs. Le seul cours d’eau de quelque importance
que j’aie vu est l’Asif Aït Mezal (lit de gros galets de 15
mètres de large, au milieu duquel coulent 5 mètres d’eau de 30
centimètres de profondeur). Parmi les villages qui se sont trouvés
sur mon chemin, il en était un d’aspect particulier : celui d’Aït
Sạïd. Les maisons, hautes, à terrasses couronnées de créneaux, en
sont autant de petits châteaux ; toutes sont blanchies, luxe suprême
du pays : il n’en existe point de plus belles dans les villes. Ce
sont les demeures de la riche famille des Aït Sạïd. Celle-ci est
une nombreuse maison de négociants faisant le commerce entre Mogador
d’une part, le Sahel, Aqqa, Tizounin et Tindouf de l’autre :
elle exporte de Mogador les objets de provenance européenne et y
importe les dattes et la gomme du Sahara, les amandes des Ilalen
et les produits du Soudan qu’elle achète à Tindouf et dans le
Sahel. Les Aït Sạïd ont des résidences en ce lieu qui est leur
berceau, mais une partie d’entre eux vit à Mogador.

A Taourirt ou Selîman, nous recevons l’hospitalité du chikh du
village. Le nom de chikh, chez les Chtouka et les Ilalen, signifie
l’homme le plus riche du hameau ; tout petit centre, fût-il de
3 ou 4 maisons, a son chikh ; il ne s’ensuit pas que cet individu
soit un grand personnage. Dans le blad el makhzen, ces chikhs sont
nommés ou acceptés par les qaïds ; leur considération n’en
est pas augmentée et ils n’ont jamais que celle, passagère,
qui s’attache à leur fortune.

Chez les Chtouka, les armes sont les mêmes que chez les Ilalen,
mais les vêtements changent : plus de khenîf ; chaque homme porte
une chemise de cotonnade ou de laine blanche, un petit turban blanc
laissant à nu le sommet de la tête, un ḥaïk ou un bernous de même
couleur ; le bernous a une forme et un nom particuliers : il est très
court et s’appelle _selḥam_. Pour les femmes, la toilette n’offre
pas de modification, à l’exception du voile de laine noire qui
disparaît. Le costume des Chtouka est celui des Ksima et des Ḥaḥa.

Les Chtouka, comme les Ksima, les Ḥaḥa et les diverses tribus
que j’ai traversées depuis Tizgi Ida ou Baloul, sont Imaziṛen
(Chellaḥa) et parlent le tamaziṛt. Celles qui habitent la montagne,
Isaffen, Iberqaqen, Ilalen, ne savent guère que cette langue ; parmi
celles de la côte, chez les Ksima surtout, l’arabe est répandu.

                              21 janvier.

Départ à 8 heures et demie. Durant toute la journée, nous
marcherons de concert avec une caravane que nous avons rencontrée
hier au gîte. Bien que nous soyons en blad el makhzen, il est plus
prudent d’aller en compagnie que de cheminer seuls. Après avoir
traversé le kheneg à l’entrée duquel je m’étais arrêté hier,
je trouve une immense plaine où je cheminerai jusqu’au soir ; plaine
de sable rose, unie comme une glace, sans une pierre, sans une ride,
sans une ondulation, s’étendant depuis le pied du Petit Atlas, où
je suis, jusqu’à la mer d’une part, au Grand Atlas de l’autre,
et traversée par l’Ouad Sous. La portion que j’ai devant moi,
occupée presque tout entière par les Chtouka, est d’une fécondité
admirable ; une partie est cultivée, l’autre est en pâturages et
en forêts. Les cultures ne sont plus semées d’argans ; aucun arbre
ne les ombrage : ce sont des successions de champs uniformes séparés
par des haies vives ; çà et là, on y voit des puits ; et, auprès,
quelques figuiers ; une multitude de hameaux s’y élèvent : dans
les portions labourées, on en a sans cesse douze ou quinze en vue :
ils sont ouverts et sans défense, les tours y sont rares ; ce sont des
constructions de pisé rose, sans arbres aux alentours, si ce n’est
des figuiers de Barbarie ; ils respirent la prospérité. Ces parties
cultivées de la plaine forment une des contrées les plus fertiles
et les plus peuplées du Maroc. Les portions boisées présentent un
aspect tout différent : là, plus de champs, plus d’habitations ;
des forêts d’argans séculaires étendent leur ombre sur la surface
unie du sol, qui se couvre d’immenses pâturages ; pas un sillon,
pas une maison n’interrompent la monotonie de ces vastes prairies,
sous leur dôme de feuillage : seuls habitants de ces solitudes,
on rencontre de loin en loin des troupeaux de vaches, de moutons et
de chameaux, paissant sous les arbres. La principale de ces forêts
s’appelle Targant n Ououdmim ; elle est célèbre par ses serpents :
les Ạïssaoua y viennent de loin en faire leur provision.

Cheminant ainsi, tantôt à travers le recueillement des grands bois,
tantôt au milieu de riantes cultures et d’innombrables villages,
je parviens vers le soir non loin de l’Ouad Sous. Je m’arrête
à 5 heures dans un hameau, à quelque distance du fleuve.

Je n’ai cessé de rencontrer beaucoup de monde sur le chemin. De
toute la journée, il ne s’est pas présenté un seul cours d’eau,
ni rivière ni ruisseau. J’ai passé par un marché, le Tenîn des
Ida ou Mḥammed, où j’ai fait une halte assez longue.

                              22 janvier.

Départ à 6 heures et demie du matin. Je me dirige vers l’Ouad
Sous ; d’ici là ce n’est qu’un vaste jardin : champs bordés
de cactus, ombragés d’oliviers, de figuiers et d’argans,
semés d’une foule d’habitations ; le chemin, garni de haies,
serpente entre les vergers et les maisons qui se succèdent sans
interruption. Au travers de cette riche contrée, j’arrive, à
7 heures et demie, au bord du fleuve. Je le franchis à un gué :
le lit, de sable, a 100 mètres de large ; 75 mètres sont à sec ;
les 25 autres sont occupés par une nappe d’eau limpide, profonde de
50 centimètres ; courant de rapidité moyenne. En amont et en aval du
gué, le fleuve, gardant même largeur, change d’aspect : l’eau,
moins courante et moins haute, s’étend sur la surface du lit dont
le fond, devenu vaseux, se garnit de roseaux. Depuis l’endroit où
je l’ai passé jusqu’à celui où je le perdrai de vue, l’Ouad
Sous aura la même apparence : une bande de 100 mètres couverte de
roseaux. Je descends la rive droite ; le sol est à peine à un mètre
au-dessus du niveau de l’eau ; c’est du sable, tapissé de gazon et
de joncs, et ombragé de tamarix. Ce terrain bas et humide, qui forme
un ruban de 300 mètres le long du côté droit, peut être considéré
comme faisant partie du lit. Au Tlâta des Ksima, je quitte les bords
du fleuve et gagne un village voisin, résidence de Sidi Ạbd Allah
d Aït Iaḥia, marabout d’Ez Zaouïa, de Tisint, depuis longtemps
établi en cette région. Du Tlâta à sa demeure, ce ne sont que
cultures, jardins et villages : au milieu de la verdure se dresse,
dominant le pays, la haute maison blanche de Ḥadj El Ạrabi, vrai
château, avec deux énormes tours que j’aperçois depuis Taourirt
ou Selîman. Ḥadj El Ạrabi est un simple particulier, fort riche.

A 8 heures et demie, nous sommes chez S. Ạbd Allah ; c’est un
compatriote et un ami du Ḥadj ; nous comptons sur lui pour nous
accompagner et nous protéger dans le Ḥaḥa, où il jouit, comme
ici, d’une grande influence. En arrivant, nous apprenons qu’il
est absent ; nous ne trouvons que son fils. Celui-ci, beau jeune homme
d’une vingtaine d’années, Ḥarṭâni de couleur presque noire,
nous accueille à merveille : le Ḥadj, excellent homme aimé de tous
ceux qui le connaissent, est reçu à bras ouverts. Il est bientôt
convenu que nous passerons là le reste de la journée ; le lendemain
nous nous remettrons en route, accompagnés par le jeune marabout,
qui nous escortera jusqu’à Mogador.

                              23 janvier.

Départ à 9 heures. D’ici à Agadir Iṛir, la plaine où je
suis depuis avant-hier se continue ; elle est couverte partie de
cultures, partie de pâturages : ces derniers sont semés çà et
là de jujubiers sauvages ; plus d’argans. A 10 heures et demie,
le pays devient désert ; on entre dans un fourré d’arbres et
de broussailles, petits argans et jujubiers sauvages. A 11 heures,
après avoir franchi quelques dunes de sable de 8 à 10 mètres de
haut, je me trouve au bord de la mer. Je longe le rivage jusqu’à
Agadir. Le chemin passe au-dessous de cette ville, à mi-côte entre
elle et Founti : Founti est un hameau misérable, quelques cabanes de
pêcheurs ; Agadir, malgré son enceinte blanche qui lui donne un air
de ville, est, me dit-on, une pauvre bourgade, dépeuplée et sans
commerce. A partir de là, je suis la côte, cheminant à mi-hauteur
de la falaise qui la borde ; elle n’est ni très haute ni très
escarpée : c’est un talus pierreux, parfois rocheux, tapissé
de broussailles basses et d’herbages ; le jujubier sauvage et la
taçouout y dominent. Vers 2 heures moins un quart, je descends pour
traverser, à quelques mètres de son embouchure, l’Asif Tamrakht :
la vallée en est remplie de cultures ; plusieurs villages s’y
voient à quelque distance. La rivière forme deux bras, larges l’un
de 15 mètres, l’autre de 50 ; tous deux ont un lit de sable ; le
premier est à sec, des flaques d’eau sont dans le second. Au delà
je reprends mon chemin le long de la falaise. Vers 3 heures, celle-ci
change d’aspect : elle devient plus rocheuse et se couvre d’argans
de 4 à 6 mètres de haut ; je cesse de la suivre et je monte vers sa
crête. J’y parviens à 4 heures moins un quart ; c’est la fin
de la forêt : je suis à la lisière d’un plateau à ondulations
légères, couvert en grande partie de cultures qu’ombragent des
argans comme chez les Ilalen ; une multitude de bâtiments isolés,
de groupes de maisons y apparaissent. Je fais halte à 4 heures,
à une des premières habitations. C’est une nezala. On donne
ici ce nom à des postes habités par des familles attachées au
makhzen, qui ont pour devoir d’assurer la sécurité des routes
et sont autorisées à percevoir de faibles droits de péage. Ces
nezalas sont installées dans un petit nombre de tribus soumises :
elles ne font régner qu’une demi-sûreté ; ici, comme ailleurs,
les étrangers n’osent guère voyager seuls.

[Illustration : Agadir Irir. (Vue prise du sud-est de la ville.)

Croquis de l’auteur.]

Entré dans la tribu des Ḥaḥa ce matin, à Agadir, j’y resterai
jusqu’à mon arrivée à Mogador. Ce que j’ai aperçu de leur
territoire donne une idée complète de ce que j’en verrai dans la
suite. Leur pays peut se diviser en quatre portions : 1o les falaises
du rivage, partout telles que je les ai vues ; 2o des vallées,
à fond cultivé et semé de villages ; 3o des côtes : toutes sont
boisées d’argans ; le sol en est partie de la terre, partie une
roche blanche ; les pentes, assez raides, en sont sillonnées de
ravins escarpés ; sous les argans, poussent des jujubiers sauvages
et mille sortes d’herbes, et vivent des quantités énormes de
gibier, perdreaux innombrables, sangliers, lièvres, lynx, etc. ; 4o
des plateaux : ils forment la quatrième portion du territoire et la
plus importante ; ces terrasses ressemblent à celle d’Afikourahen ;
elles sont moins accidentées, ne présentent que des ondulations
légères, et ne sont pas peuplées partout : la majeure partie
de leur surface est couverte de cultures, champs d’orge et de
blé plantés d’argans comme ceux du bas territoire des Ilalen ;
au milieu des labours s’élèvent une foule d’habitations,
dispersées une à une ou par deux ou trois. Chez les Ḥaḥa,
non seulement on ne trouve pas de centre de quelque importance,
mais on ne voit point les hameaux des Chtouka et des Ilalen ; les
maisons se dressent isolées au milieu des champs, ou réunies par
très petits groupes : elles sont en pisé blanc ; celles des riches
sont bien construites, avec des encadrements de portes en pierres
de taille et de hautes tours carrées, à angles et couronnement
de pierre : la contrée fournit en abondance une pierre blanche,
tendre, facile à travailler, mais peu solide, qui sert pour ces
édifices. Les cultures, parfois serrées sur une longue étendue,
ailleurs clairsemées, occupent les 2/3 de la surface des plateaux ;
le reste est garni de pâturages, avec des bouquets d’argans et,
par places, de grands genêts blancs. Je n’y ai vu qu’une forêt,
la Ṛaba Ida ou Gerṭ, à la porte de Mogador. Le sol est de terre
blanche mêlée de beaucoup de pierres. Ces hautes terres, où sont
concentrées la plupart des cultures et des habitations des Ḥaḥa,
n’ont d’autre eau que celle des medfias.

                              24 janvier.

Départ à 7 heures et demie du matin. Arrêté à 5 heures du soir,
sur les bords de l’Ouad Aït Ạmer. Ma route s’est effectuée
successivement dans les diverses régions que je viens de décrire,
sans donner lieu à aucune remarque nouvelle. La seule chose à noter
est la composition d’une portion de la falaise, entre la nezala où
j’ai passé la nuit et le fondoq qui est au-dessous, sur la côte ;
la partie supérieure de cette falaise est formée d’énormes blocs
de coquillages agglomérés ; là, pendant quelque temps, on ne voit
trace ni de terre ni de roche : tout le sol n’est fait que de ces
coquillages pétrifiés ; le chemin passe sur leur surface.

J’ai rencontré peu de monde aujourd’hui et n’ai traversé
aucun cours d’eau important.

                              25 janvier.

Départ à 8 heures du matin. Arrêté à 4 heures du soir,
à la maison de Ḥadj Ạbd el Malek. On voit plus de passants
qu’hier. Traversé l’Ouad Aït Ạmer (lit de gros galets, de
50 mètres de large, avec un filet d’eau courante de 2 mètres) ;
cette rivière est la seule que j’aperçoive de la journée.

                              26 janvier.

Séjour chez Ḥadj Ạbd el Malek.

                              27 janvier.

Départ à 7 heures du matin. Arrêté à 6 heures du soir, chez un
ami de notre marabout. Le pays reste tel que je l’ai décrit.

J’ai traversé plusieurs petits cours d’eau : l’Asif Ida
ou Gelloul (ruisseau desséché ; 6 mètres de large), l’Ouad
Aït Bou Zoul (40 mètres de large ; à sec), l’Ouad Ijaṛiren
(3 mètres de large ; à sec ; affluent de l’Ouad Aït Bou Zoul),
l’Ouad Imaṛiren (15 mètres de large ; à sec ; le cours supérieur
traverse des gisements de sel, non loin d’une source d’eau vive,
Ạïn Imaṛiren, la seule que j’aie vue dans le Ḥaḥa), l’Ouad
Ida ou Isaṛen (à sec ; 15 mètres de large près de son confluent),
l’Ouad Tidsi (30 mètres de large ; à sec).

                              28 janvier.

Départ à 7 heures et demie du matin. A 8 heures, j’entre dans
une vaste forêt ombrageant d’immenses pâturages : c’est Ṛaba
Ida ou Gerṭ, lieu désert, célèbre par les brigandages qui s’y
commettent. J’en sors à 11 heures et demie ; au-delà je franchis
une petite plaine, en partie couverte de genêts ; puis des dunes de
sable me conduisent par une pente douce au bord de la mer. A midi
et demi, je traverse l’Ouad Ida ou Gerṭ. A 1 heure, j’entre
à Mogador.

Aussitôt arrivé, j’allai au Consulat de France. J’y fus reçu
par le chancelier, M. Montel. Ce que fut pour moi M. Montel durant
mon séjour à Mogador, les services de tout genre qu’il me rendit,
rien ne saurait l’exprimer. Puisse tout voyageur, en pareille
circonstance, rencontrer même accueil, même sympathie, même
appui ! Heureux ceux dont le pays est représenté par des hommes
semblables, en qui un compatriote inconnu trouve dès le premier jour,
avec la bienveillance et la protection du magistrat, le dévouement
d’un ami.


[Note 86 : On dit indifféremment _Ilalen_ et _Ilala_ ; Ilala est
la forme arabe, Ilalen la forme tamaziṛt. Dans le sud du Maroc,
un grand nombre de noms de tribus sont également usités sous ces
deux formes : ainsi on dit Seketâna ou Isektân, Zenâga ou Iznâgen,
Ḥaḥa ou Iḥaḥan, Ounila ou Iounilen, Ikhzama ou Ikhzamen, etc.]

[Note 87 : Tizgi Ida ou Baloul n’a rien de commun avec les Ida ou
Blal. Il n’y a entre les deux noms qu’une similitude fortuite.]

[Note 88 :

[Illustration]

Ces citernes portent le nom de _medfia_, au pluriel _medâfi_. Chez les
Isaffen et surtout chez les Iberqaqen, les Ilalen, les Chtouka, les
Ḥaḥa, on en rencontre une quantité prodigieuse ; les parties de
ces quatre dernières tribus que je traverserai ne sont alimentées que
par l’eau des citernes. Aussi ces constructions utiles y sont-elles
soignées et est-on arrivé à un certain degré de perfection dans
leur aménagement : elles sont maçonnées en pierre et quelquefois
creusées dans le roc. Voici la coupe et la projection du modèle le
plus usité.]




                                  VII

                          DE MOGADOR A TISINT.


              1o. — DE MOGADOR A DOUAR OUMBAREK OU DEHEN.


Mogador, dont le nom est écrit en grosses lettres sur nos cartes, est
loin d’être le port important que nous pourrions nous figurer. Celui
qui s’attendrait à trouver une ville en relations constantes avec
l’Europe serait déçu. En hiver surtout, les moyens de communiquer
sont rares et irréguliers. Au bout de 45 jours seulement, je reçus
de Paris la réponse à des lettres expédiées le lendemain de mon
arrivée. Cet état tient au peu de commerce que fait aujourd’hui
Mogador : ce port n’a plus d’affaires qu’avec les Chiadma,
les Ḥaḥa, les Chtouka, les Ilalen, le Sahel, Tindouf, et par
là Timbouktou. Il possède le monopole de la majeure partie du
trafic du Soudan, de celui qui se fait par les Tajakant. C’est
le plus bel apanage qui lui reste. Quant au bassin du Sous, quant
au Sahara occidental et central, de l’Ouad Aqqa à l’Ouad Ziz,
ils font leurs achats à Merrâkech, et cette capitale reçoit tout
de Djedida (Mazagan). Le grand centre commercial du Maroc est la
ville de Merrâkech : au sud de l’Atlas, Fâs fournit le cours de
l’Ouad Ziz et la région du Sahara qui est à l’est de ce fleuve ;
Mogador approvisionne le Sahel et la petite portion du bassin du Dra
située à l’ouest de l’Ouad Aqqa ; Merrâkech alimente tout le
bassin du Sous, l’immense bassin du Dra, sauf les réserves que nous
venons de faire, et jusqu’aux districts arrosés par les affluents
de droite du Ziz, tels que le Todṛa et le Ferkla.

Aussitôt que j’eus reçu les lettres que j’attendais de France,
je me mis en route vers le sud pour regagner Tisint. Mon ami le
Ḥadj m’avait attendu : cette fois je partais seul avec lui ;
il avait renvoyé son compagnon.

                         Du 14 au 20 mars 1884.

Partis de Mogador le 14 mars, avec le fils de S. Ạbd Allah d
Aït Iaḥia, que son père nous avait donné comme escorte, nous
arrivâmes à la maison des religieux, dans la tribu des Ksima,
le 20 du même mois. Des pluies torrentielles qui étaient tombées
pendant une partie de cette période avaient entravé notre marche ;
c’est pourquoi nous avions mis sept jours à parcourir une distance
qui se franchit d’ordinaire en quatre. Nous avions suivi une route
différente de la première, mais qui n’avait donné lieu à aucune
remarque nouvelle. Par suite des pluies, les rivières s’étaient
grossies : là où un mois et demi auparavant je n’avais vu que des
lits desséchés, je trouvais des torrents impétueux. L’Ouad Aït
Ạmer, que je traversai au même point qu’à l’aller, formait
une rivière large de 20 mètres, profonde de 70 centimètres et si
rapide que j’eus beaucoup de peine à la passer.

Aussitôt parvenus à la demeure de notre compagnon, celui-ci nous
chercha un de ses parents, marabout originaire de Mrimima et ami du
Ḥadj. Ce marabout, S. Iaḥia Bou Ḥebel, moins grand personnage que
Sidi Ạbd Allah, est plus connu que lui dans la région nouvelle où
nous allons entrer : comme S. Ạbd Allah a ses serviteurs religieux
parmi les Ksima et les Ḥaḥa, il a les siens chez les Imseggin et
les Houara. Il fut convenu qu’il nous escorterait jusqu’à Douar
Oumbarek ou Dehen. Ce point se trouve sur la rive droite de l’Ouad
Sous, à quelque distance du fleuve, au nord-est d’Igli.

                                21 mars.

Départ à 7 heures du matin, en compagnie de Sidi Iaḥia. Je
remonte l’Ouad Sous, à 1 ou 2 kilomètres de sa rive droite. Je
le verrai toute la journée, serpentant au milieu des tamarix,
entouré de cultures, avec de grands oliviers ombrageant son cours
et deux rangées de villages échelonnés sur ses rives. Ce qu’il
sera aujourd’hui, il le restera jusqu’au delà d’Igli. Le
fleuve, avec sa bordure de champs, d’arbres et d’habitations,
forme une large bande verte se déroulant au milieu de la plaine,
10 mètres au-dessous du niveau général. Un talus à 1/2 relie la
dépression au sol environnant. Je marche au nord du talus, dans la
plaine du Sous. C’est une surface immense, unie comme une glace, au
sol de terre rouge sans une pierre ; elle s’étend entre le Grand
et le Petit Atlas, depuis la mer jusqu’au haut du Ras el Ouad ;
la largeur en est énorme : d’autant plus grande qu’on descend
davantage, elle est ici de 40 kilomètres et sera encore de 12 chez
les Menâba. La vallée du Sous demeurera la même durant les trois
jours que je vais la remonter : plaine d’une fertilité merveilleuse,
enfermée entre deux longues chaînes, dont l’une, moins élevée et
à crêtes uniformes, borne au sud l’horizon d’une ligne brune,
tandis que l’autre, s’élançant dans les nuages, élève à
pic au-dessus de la campagne ses massifs gigantesques aux flancs
bleuâtres, aux cimes blanches[89].

La plaine du Sous, toute d’une admirable fécondité, est loin
d’être cultivée en entier. Pendant que champs, jardins et villages
se pressent sans interruption sur les rives du fleuve, ils sont très
inégalement répartis dans le reste de la vallée. Le sol de celle-ci
est occupé partie par des cultures, partie par des prairies, partie
par des forêts ; nulle part il n’est nu ; partout cette terre
généreuse se tapisse d’une verdure abondante. La portion que je
traverse aujourd’hui peut se diviser en trois régions de longueurs
inégales : dans la première, les cultures occupent un tiers du sol ;
le reste est couvert de broussailles et de pâturages : des bouquets de
grands argans croissent çà et là ; de nombreux troupeaux de vaches
paissent dans les prés ; de temps à autre on rencontre un village,
mais ils sont peu nombreux. C’est le territoire des Imseggin. La
seconde région est une vaste forêt, faisant limite entre les
Imseggin et les Houara : épais bois d’argans ; quelques villages
y apparaissent de loin en loin dans des clairières ; peu de monde,
point de troupeaux ; le sol, sec jusqu’ici, devient détrempé par
endroits : de petites mares, des flaques d’eau le sèment ; les
argans ont 4 à 5 mètres de haut ; ils ne rappellent, non plus que
ceux des Ḥaḥa, les magnifiques arbres des Chtouka et des Ilalen :
à leur ombre croît une végétation abondante, broussailles et herbe
émaillée d’une multitude de fleurs. En sortant de la forêt, on
entre sur le territoire des Houara ; une nouvelle région commence :
les arbres, qui étaient si nombreux, deviennent rares ; point de
cultures, si ce n’est aux abords des villages : une immense prairie,
semée de flaques d’eau, s’étend de l’Ouad Sous au pied du
Grand Atlas ; des villages, des fermes isolées sont en vue : les uns
et les autres, comme tous les lieux habités que j’ai rencontrés
aujourd’hui, sont entourés d’une ceinture de cactus, de quelques
champs d’orge et de plantations d’oliviers.

A 6 heures du soir, j’arrive au grand village d’Oulad Seṛeïr,
où S. Iaḥia a une maison ; je m’y arrête.

J’ai rencontré partout, excepté dans la forêt, beaucoup de gens
sur ma route. Tous baisaient pieusement la main de mon marabout,
reconnaissable, comme la plupart de ceux du Sous, à une longue canne
ferrée, surmontée d’une pomme de cuivre, sorte de crosse qui
ne le quitte pas. Mon protecteur paraît un bon homme, mais c’est
le plus enragé fumeur de kif qui soit au monde. Peu de localités,
sur notre passage, où il n’eût un ami, fumeur comme lui. Sitôt
qu’on approchait d’un de ces points, il me quittait, prenait le
pas gymnastique, entrait au village, se faisait donner une pipe, la
fumait et me rejoignait : malgré ses soixante-huit ans, il fit plus
de dix fois ce manège pendant le trajet. J’ai traversé deux cours
d’eau importants : l’Ouad el Ḥamerin (il arrose, au-dessus
d’ici, la tribu des Ḥamerin, qui, dit-on, doit ce nom à la
couleur rouge du sol de son territoire. C’est une belle rivière :
eau de 30 mètres de large et de 80 centimètres de profondeur ;
courant rapide ; lit de 40 mètres, moitié sable, moitié galets ;
berges de terre à 1/1, hautes de 3 mètres, couvertes de gazon,
de lauriers-roses et de tamarix) ; l’Ouad Semnara (lit de sable de
40 mètres ; berges de 3 mètres de haut à 1/1. L’eau n’a que
3 mètres de large ; elle est limpide et courante).

Durant la marche dans les diverses tribus, Ksima, Imseggin et Houara,
dont j’ai traversé les territoires, trois choses m’ont frappé :
l’horizontalité du sol dans cette large vallée du Sous, la richesse
de la végétation, enfin la force des bestiaux : ce ne sont plus les
petites vaches de l’Algérie et du Sahara Marocain, mais de beaux
animaux comme ceux des environs de Tanger, des Zaïan et d’Europe.

                                22 mars.

Séjour à Oulad Seṛeïr.

La tribu des Houara, dont j’ai traversé une partie avec
l’escorte d’un pauvre marabout, est célèbre et redoutée pour
ses brigandages. J’ai eu un rare bonheur de ne point y faire de
mauvaise rencontre. Les pillages y sont aussi fréquents que jamais,
bien que, depuis 1882, elle fasse partie du blad el makhzen. Elle est
commandée par un qaïd dont l’autorité s’étend sur tout son
territoire, comprenant les deux rives de l’Ouad Sous. La plupart des
Houara habitent des fermes isolées ; les autres résident dans des
villages d’une forme particulière à la tribu. Les maisons en sont
séparées, et entourées chacune d’une haie circulaire de jujubiers
sauvages ou de cactus. Avec cet usage, les moindres localités occupent
une grande étendue ; il y en a d’importantes : celle où je suis
a 120 feux. Aucun lieu habité qui ne soit environné de cultures et
de jardins ; comme arbres, croissent des figuiers, des grenadiers,
des oliviers. Les demeures, vastes, sont la plupart flanquées de
deux tours ne dépassant pas en hauteur les murs du bâtiment ;
on construit en pisé ; on couvre en terrasse.

La tribu des Imseggin, que j’ai traversée hier, se divise, me
dit-on, en onze fractions.

Une grande activité commerciale règne en cette région ; témoin
le nombre de marchés : on va d’ici à 8 marchés différents :
Arbạa Ḥamerin, Khemîs Oulad Daḥou, Djemạa Amzou, Sebt el
Kefifat, Ḥad Menizela, Tenîn Oulad eṭ Ṭeïma, Tlâta Ḥafaïa,
Sebt el Gerdan.

                                23 mars.

Le pays à parcourir aujourd’hui est encore dangereux ; S. Iaḥia
prend avec lui, comme renfort, un de ses fils qui demeure à Oulad
Seṛeïr. Départ à 6 heures du matin. Les arbres recommencent ;
on voit quelques prairies, mouchetées de bouquets d’argans : la
majeure partie du sol, jusqu’à 10 heures et demie, est couverte
de bois ; ces forêts sont semblables à celles d’avant-hier :
mêmes essences, mêmes déserts ombragés, mêmes rares clairières
où apparaît un village entouré de cultures ; le peu de prairies
qui s’aperçoivent sont semées d’un grand nombre de fermes
isolées ; à partir d’Oulad Seṛeïr, le terrain redevient
sec : plus de flaques d’eau. A 10 heures et demie, forêts et
pâturages cessent ; j’entre dans des labourages qui ne tardent
pas à occuper toute la surface du sol ; ce sont des champs d’orge
et de blé auxquels se mêlent des plantations d’oliviers, de plus
en plus étendues à mesure que l’on avance. Une foule de villages
s’élèvent de toutes parts. Bientôt apparaît une longue ligne
noire, forêt d’oliviers d’où émerge le faîte d’un minaret :
c’est Taroudant. A midi et demi, j’arrive au pied des murs. Je
les longe sans entrer dans la ville. L’enceinte de Taroudant est
construite en pisé jaune ; elle a 5 à 6 mètres de haut, et 40
centimètres environ d’épaisseur ; elle est pleine de lézardes
et, bien que sans brèches, en mauvais état. Pour sa portion sud,
dont j’ai suivi les sinuosités, j’ai constaté l’exactitude du
tracé de M. Gatell[90]. Taroudant me paraît située à un point où
la vallée du Sous se resserre brusquement sur une courte longueur,
à un kheneg en un mot, mais kheneg peu accentué. Il semble que
plusieurs chaînes de hauteurs parallèles au fleuve se détachent
en face d’ici du pied du Petit Atlas et viennent expirer, près de
l’Ouad Sous, en collines sablonneuses boisées d’argans. Aucun
cours d’eau n’arrose la ville ; elle est alimentée par de larges
canaux dérivés du fleuve.

A 1 heure, je quitte les murs de la capitale du bas Sous. Jusqu’à
2 heures et demie, le chemin, entouré de haies d’églantiers,
serpente entre des champs et des plantations d’oliviers, au
milieu de villages. Les environs de Taroudant sont d’une richesse
extrême. Dès qu’il est labouré, ce sol admirable de la vallée du
Sous, dont une grande partie reste inculte, devient d’une fertilité
merveilleuse. A 2 heures et demie, je m’arrête chez des amis de
S. Iaḥia, dans une petite zaouïa.

Peu de monde sur ma route jusqu’à 10 heures et demie, beaucoup
depuis. J’ai traversé deux cours d’eau importants : l’Ouad
Beni Mḥammed (au point où je le passe, il se divise en trois
bras : le bras occidental a un lit de 40 mètres, gravier et sable,
à sec ; berges de 75 centimètres ; le bras central est semblable
au précédent ; le bras oriental a 60 mètres de large ; lit de
galets ; à sec ; les deux premiers sont séparés par une langue de
terre couverte de pâturages et de tamarix, les deux derniers par une
surface où ne poussent que des touffes de melbina. Cette rivière
n’a d’eau que d’une façon passagère, au moment des pluies) ;
l’Ouad El Ouaạr (à sec ; lit de gravier de 60 mètres ; berges
de sable, à pic, de 10 mètres de hauteur).

                                24 mars.

Départ à 7 heures du matin. Je continue à cheminer à quelque
distance au nord de l’Ouad Sous, hors de la bande de plantations et
de villages qui le bordent ; la vallée reste ce qu’elle était hier,
toujours plate, toujours sans une pierre ; comme on l’a dit, elle se
rétrécit par degrés. Jusqu’au territoire des Menâba, le sentier
parcourt une succession de cultures, de pâturages, de taillis et de
bois d’argans ; on passe auprès de nombreux hameaux ; à chaque pas
on rencontre des troupeaux de bœufs. A partir de la frontière des
Menâba, bois et broussailles cessent ; on trouve quelques pâturages,
mais la majeure partie du sol est occupée par des champs d’orge
ou de blé ; les villages sont en plus grande quantité que jamais :
comme tous ceux de la vallée du Sous, ils sont en pisé rouge, plus
on moins foncé ; dans quelques-uns s’élève une tour, distinguant
la demeure d’un homme riche, d’un chikh. Ils sont bien bâtis,
bien entretenus, non élégants ; murs nus, sans ornements. Depuis
Taroudant, les cactus qui les entouraient chez les Houara, les
Chtouka, les Imseggin et les Ksima, ont disparu ; une sombre ceinture
d’oliviers les enveloppe. En marchant dans cette riche contrée, je
parviens aux campements des Oulad Dris. Je m’y arrête à 6 heures du
soir, dans le douar d’Oumbarek ou Dehen. Le maître de la principale
tente, vieil ami du Ḥadj, m’offre l’hospitalité. Beaucoup de
passants aujourd’hui sur mon chemin. Pendant les dernières heures de
marche, j’ai franchi un grand nombre de canaux, les uns souterrains
(feggaras), les autres à ciel ouvert ; ils apportent l’eau de la
montagne aux cultures de la plaine. J’ai traversé trois rivières
importantes : l’Ouad Ziad (lit de 500 mètres de large où coulent,
sur un fond moitié gravier, moitié sable, six bras d’eau de 2
mètres chacun ; eau claire ; courant rapide) ; l’Ouad Talkjount
(lit de 40 mètres, moitié sable, moitié galets ; flaques d’eau au
milieu ; berges de terre de 3 mètres de haut) ; l’Ouad Bou Srioul
(lit de gravier de 50 mètres ; nappe d’eau courante de 3 mètres ;
berges de terre de 3 mètres).

                                25 mars.

Séjour chez les Oulad Dris. Ceux-ci sont une petite tribu nomade
isolée campant au nord-est des Menâba, entre ces derniers et les
Talkjount. Indépendants autrefois, ils ont suivi le sort du reste
du Ras el Ouad et, en 1882, se sont soumis au sultan. Celui-ci les
a placés sous la dépendance du qaïd des Menâba. Les Oulad Dris
labourent, mais leur fortune principale consiste en troupeaux de
chameaux. Ils se disent de race arabe ; leur langue est l’arabe,
la plupart savent aussi le tamaziṛt. Ils sont en rapports constants
avec le sud, avec Tatta, Tisint, Aqqa, ont des alliances avec les Aït
Jellal et les Ida ou Blal. Leur costume est plutôt celui du Sahara
que celui du Sous : un turban de khent ceint leur tête ; comme linge,
ils ne portent que du khent ; leurs vêtements de dessus sont soit
le ḥaïk blanc, soit le selḥam, le kheidous ou le khenîf.

Dans les autres tribus du Sous que j’ai traversées, Ksima,
Imseggin, Houara, Oulad Iaḥia, Aït Iiggas, Menâba, ainsi que
chez les Indaouzal, les hommes portent une chemise blanche, de
laine ou de cotonnade, et un ḥaïk de même couleur ; ce dernier
se remplace souvent par le selḥam ou le khenîf ; la tête reste
nue, ou s’entoure d’un mince turban blanc. Les femmes portent le
vêtement général des Marocaines ; il est chez la plupart en khent,
chez les autres en laine ou cotonnade blanche ; le khent passe pour
le plus élégant. Les armes se composent du long fusil que l’on
connaît, à crosse large ou étroite, et du poignard recourbé,
_qoummia_ ; on met la poudre dans des cornes de cuivre. Les chevaux,
sans être nombreux, ne sont pas rares dans ces tribus. Bien qu’elles
appartiennent maintenant au blad el makhzen, les usages y sont les
mêmes qu’en blad es sîba : on n’y sort pas des villages sans
être armé, on n’y voyage pas sans zeṭaṭ ; les fractions s’y
font journellement la guerre entre elles, et les routes y offrent
en certaines parties plus de périls que dans bien des régions
insoumises : il est peu de tribus indépendantes plus dangereuses à
traverser que les Houara. Pendant mon séjour à Oulad Seṛeïr, on se
battait aux environs : j’entendis la fusillade toute la journée :
deux fractions étaient aux prises ; le combat finit à la nuit,
par la prise et la destruction d’un village.

Les Ksima, les Imseggin, les Oulad Iaḥia, les Aït Iiggas, les
Menâba et les Indaouzal parlent le tamaziṛt ; les Houara parlent
l’arabe. Chez les premiers, la langue arabe est assez répandue,
surtout parmi les Ksima et les Imseggin. Elle l’est très peu chez
les seuls Indaouzal.


               2o. — DE DOUAR OUMBAREK OU DEHEN A TISINT.


                                26 mars.

Départ à 5 heures du matin. Notre hôte nous donne son fils pour
nous escorter jusqu’à Iliṛ. Nous avons à traverser la vallée
du Sous et une partie du Petit Atlas, sur le versant méridional
duquel se trouve le qçar. La marche d’aujourd’hui se divise
en deux parties, la première en plaine, la seconde en montagne. En
quittant Douar Oumbarek ou Dehen, je prends la direction du sud-est,
de façon à couper presque perpendiculairement la vallée de l’Ouad
Sous. Jusqu’au fleuve, des pâturages et des broussailles de
jujubier sauvage se succèdent, dominés çà et là par des bouquets
d’argans. Je passe en vue de plusieurs villages, se distinguant à
peine au milieu de leurs ceintures d’oliviers. Vers 6 heures un
quart, j’arrive à l’Ouad Sous ; les deux rives sont bordées
de cultures, de villages et de jardins, mais l’aspect du lit est
différent de ce qu’il était plus bas. La largeur en est de près
d’un kilomètre ; le fond est de gros galets, avec de rares places
sablonneuses ; ni roseaux ni joncs, aucune trace de verdure. Au milieu
de cette surface grise coule le fleuve, en trois bras : le premier
n’a que 2 mètres d’eau ; le second en a 15 avec 40 centimètres
de profondeur et un courant très rapide ; le troisième a 35 mètres
de large et 1m,20 de profondeur : gonflé par des pluies récentes,
il forme des vagues énormes, et le courant en est si impétueux
que nous ne pouvons le franchir seuls : des habitants d’un village
voisin viennent à notre secours, nous indiquent un gué, où les eaux,
divisées en plusieurs canaux, n’ont au principal qu’un mètre
de profondeur, et nous aident à traverser : c’est une opération
longue et difficile, tant l’onde a de violence. Le gué se trouve
en face du hameau de Tafellount. Le lit du Sous est séparé des
plantations de ses rives par des berges de terre à pic, hautes de
1m,50. Après avoir passé, je me remets à marcher dans la plaine ;
elle garde un même aspect d’ici au pied du Petit Atlas : prairies
semées de jujubiers sauvages et de rares argans ; nombreux perdreaux ;
point de lieux habités ; il n’y a de cultures que le long du fleuve.

A 9 heures un quart, j’arrive aux premières pentes du Petit
Atlas ; à son pied se trouvent quelques champs, et à mi-côte des
villages. J’entre dans la montagne par une plaine triangulaire que
traverse l’Ouad Tangarfa ; elle est couverte de pâturages avec
jujubiers sauvages et argans, semblables à ceux dont nous sortons ;
le sol, terreux jusqu’à présent, commence à se semer de pierres
qui bientôt deviennent nombreuses. On passe devant des medfias : il
n’y en a point dans la vallée du Sous ; les portions de celle-ci
qui ne sont pas alimentées par le fleuve ou ses tributaires le
sont par des ṛedirs et des canaux : les ṛedirs servent à la
boisson, les canaux à l’irrigation des cultures. Parvenu à
l’extrémité de la plaine où je me suis engagé, je remonte
la vallée de l’Ouad Tangarfa ; puis je la quitte, et je remonte
celle d’un de ses affluents jusqu’au qçar de Tagerra. Ces deux
vallées sont pareilles : le fond en est nu et pierreux, d’une
largeur variant entre 30 et 150 mètres ; les flancs sont des côtes
raides, hérissées de roches, boisées d’argans, de 200 mètres
de hauteur ; les lits sont presque partout à sec ; parfois il y
coule un filet d’eau large au plus de 1 mètre. Le chemin ne quitte
pas les thalwegs et est facile. Au-dessus de Tagerra, l’étroite
vallée que je suis devient un ravin impraticable, où un ruisseau
bondit par cascades au milieu des rochers. Je quitte le fond à ce
village et gravis le flanc droit ; montée difficile : le terrain
n’est que roches, aux fentes desquelles poussent de rares argans ;
plusieurs sources d’eau vive jaillissent du sol. Enfin j’arrive
à la crête, et bientôt après à un col. Je me mets à descendre
une petite vallée, celle de l’Ouad el Ạsel : elle n’a pas
20 mètres de large ; des talus de roche rose la bordent des deux
côtés ; ils sont peu élevés et en pente douce ; des qçars et un
étroit ruban de cultures ombragées d’amandiers s’échelonnent sur
leurs premières pentes, le long de l’ouad. Cette nouvelle région
diffère de la précédente ; le col que j’ai franchi marque la
limite entre deux portions du Petit Atlas : jusqu’à lui, toutes
les côtes étaient boisées d’argans ; à partir d’ici, cet arbre
disparaît : je ne le verrai plus ; du col à Tisint, les flancs des
montagnes seront une roche nue. Autre changement : dans la plaine du
Sous les villages étaient ouverts ; ici recommencent les qçars.

Vers 4 heures, l’Ouad el Ạsel débouche dans une plaine
verdoyante, entourée de hauteurs dénudées ; je la traverse :
c’est une surface unie, au sol sablonneux couvert de pâturages ;
elle s’étend entre l’Ouad el Ạsel et l’Ouad Aït el Ḥazen,
et se prolonge jusqu’à leur confluent. J’atteins au bout d’une
heure la dernière des deux rivières, et je la remonte jusqu’au
grand village d’Amzoug. Là je fais halte, à 7 heures et demie
du soir. Un ami de notre guide nous reçoit. La vallée de l’Ouad
Aït el Ḥazen, dans la partie que j’ai parcourue, a 500 à 600
mètres de large au fond, cultivés en entier ; les flancs sont des
talus hauts et escarpés de grès noirci, comme celui des environs de
Tazenakht. Dans le bas j’ai rencontré plusieurs grands villages
ou qçars d’aspect prospère, entourés de vergers. La rivière a
60 mètres ; lit de gros galets sans eau.

La plaine que j’ai traversée de 4 à 5 heures forme limite entre
les Aït el Ḥazen et les Indaouzal. Au sortir du territoire de
ces derniers, j’ai quitté le blad el makhzen et suis rentré en
blad es sîba. Les Aït el Ḥazen sont indépendants ; autrefois
alliés des Aït Semmeg, ils le sont maintenant des Ounzin. Ils sont
Chellaḥa comme ces deux tribus et comme les Indaouzal, et parlent le
tamaziṛt : à peine quelques-uns d’entre eux savent-ils l’arabe.

Peu de monde sur mon chemin, excepté au bord de l’Ouad Sous et
dans les vallées des ouads el Ạsel et Aït el Ḥazen. Parmi les
rivières que j’ai traversées, il en est une que je n’ai pas
décrite : l’Ouad el Amdad : il a un lit de galets de 100 mètres
de large ; au milieu coulent 15 mètres d’eau claire et courante ;
des berges de terre à pic, de 2 mètres de haut, le bordent. Les
villages et qçars rencontrés au sud de l’Ouad Sous sont bâtis
mi-pierre, mi-pisé.

                                27 mars.

Départ à 5 heures du matin. Notre hôte de cette nuit nous
accompagne ; il nous escortera jusqu’au col d’Azrar. Je continue à
remonter l’Ouad Aït el Ḥazen : la vallée, qui reste d’abord
ce qu’elle était hier, se met ensuite à se rétrécir ; puis
les cultures cessent : au bout d’une heure et demie, c’est un
sombre ravin dont le fond n’a d’autre largeur que celle de la
rivière, 20 mètres ; celle-ci, qui possède à présent 7 à 8
mètres d’eau, est devenue un vrai torrent, tantôt coulant sur un
lit de sable, tantôt bondissant par cascades entre de gros blocs de
rochers. La marche est pénible. Bientôt il faut quitter le fond
du ravin pour en gravir le flanc droit : c’est un talus rocheux,
haut, escarpé ; montée raide et difficile. J’arrive au sommet ;
un plateau couvert de cultures le couronne ; j’y marche quelques
minutes, puis je débouche dans une vallée peu profonde, à flancs
rocheux et en pente douce, dont le fond et les premières côtes sont
cultivés ; on y voit, avec des champs d’orge, des cactus et de
nombreux amandiers. Je la remonte. Elle est près de son origine ; je
parviens au col où elle prend naissance. Dès lors, plus de cultures,
plus d’habitations jusqu’à la vallée de l’Ouad Azrar ; d’ici
là, je franchis des séries de crêtes et de ravines désertes : sol
noir et rocheux ; pas d’autre végétation que de maigres touffes
d’ḥalfa clairsemées sur les pentes ; ce ne sont que montées
et descentes ; chemin fatigant sans être difficile. A 11 heures, le
terrain change : les roches font place à une couche de sable blanc,
semé de paillettes brillantes ; une côte douce conduit à l’Ouad
Azrar, auquel j’arrive un quart d’heure après. Ce cours d’eau
a une large vallée ; les flancs de celle-ci sont des montagnes
rocheuses de moyenne élévation, dont les premières pentes, peu
rapides, sont, comme le fond, couvertes de sable blanc et garnies de
cultures ; la rivière a un lit de 30 mètres dont 7 remplis d’eau
claire et courante ; les rives en sont bordées d’amandiers ;
plusieurs villages, bâtis en pierre, s’élèvent sur ses bords. Je
remonte la vallée jusque non loin de son point d’origine ; puis,
je gagne le flanc gauche et le gravis. D’abord pierreux et de pente
modérée, il devient tout à coup très raide, et se change en une
paroi à pic : passage difficile ; le chemin monte péniblement au
milieu de grands blocs de roche noire d’où jaillissent plusieurs
sources. A 1 heure et demie, j’atteins le sommet ; il n’a aucune
largeur ; c’est une arête aiguë, le tranchant d’une lame : je le
franchis à un col situé presque au niveau du reste de la crête ;
il s’appelle Tizi Azrar. Cette arête est la ligne culminante du
Petit Atlas : au Tizi Azrar, on passe sur son versant sud. Du col,
j’entre dans un cirque où une rivière prend sa source ; je la
descends : c’est l’Ouad S. Moḥammed ou Iạqob ; à son origine,
il a un peu d’eau qui ne tarde pas à tarir. Au sortir du cirque, il
s’enfonce dans un étroit ravin à flancs escarpés de roche jaune ;
fond large de 30 mètres : le lit, de galets, l’occupe en entier ;
point trace de végétation. Après avoir coulé un certain temps
ainsi, il débouche dans une plaine pierreuse, dont le sol disparaît
sous les hautes herbes et les genêts. Je l’y laisse poursuivre sa
course et, passant à l’est, je m’engage dans le massif de collines
qui borde la plaine de ce côté : endroit montueux ; terre semée de
pierres et rayée de bandes de roches s’allongeant symétriquement
à fleur de sol ; comme verdure, un peu de thym et quelques touffes
d’ḥalfa. Cheminant ainsi, j’atteins une nouvelle vallée,
celle de l’Ouad Imi n Tels : je la descends à son tour : ravin à
flancs blanchâtres, rocheux et escarpés, d’autant plus hauts que
j’avance davantage ; 15 mètres de large au fond, occupés par le
lit de la rivière ; celui-ci est à sec et couvert de galets ; point
de végétation, ni en bas ni sur les flancs. A 5 heures et demie,
la rivière entre dans la vaste plaine d’Azaṛar Imi n Tels[91],
qui s’étend d’ici à Iliṛ ; elle est bornée à l’est et
à l’ouest par des collines rocheuses très basses, au sud par
une longue ligne de hauteurs brunes et nues, à crêtes uniformes ;
le sol est de terre, semée par endroits de beaucoup de pierres : des
jujubiers sauvages, des genêts, diverses herbes la couvrent ; de temps
à autre y apparaissent des champs, propriété, les uns d’habitants
d’Iliṛ, les autres de marabouts de S. Moḥammed ou Iạqob. Pour
ce motif, le nom d’Azaṛar Imi n Tels est remplacé quelquefois
par celui d’Azaṛar S. Moḥammed ou Iạqob. Au milieu de cette
plaine, nous fûmes surpris par la nuit : l’obscurité devint si
grande que nous perdîmes le sentier ; nous errâmes quelque temps à
l’aventure, nous accrochant aux broussailles et trébuchant dans les
pierres : à 7 heures, quoique certains d’être près d’Iliṛ,
mes deux guides abandonnèrent l’espoir de retrouver le chemin ;
nous nous arrêtâmes au pied d’un buisson et y passâmes la nuit.

                                28 mars.

Départ à 6 heures du matin. Nous gagnons le plateau bas, nu,
pierreux et ondulé qui forme le bord oriental de la plaine, et,
le coupant obliquement, nous nous trouvons bientôt à une crête :
au-dessous, apparaissent à nos pieds l’Ouad Iliṛ, ses dattiers et
son qçar. Je retrouve les palmiers après trois mois d’absence. Une
descente rapide à travers les rochers m’amène au fond de la
vallée ; il est couvert de cultures ombragées de bou souaïr ;
l’Ouad S. Moḥammed ou Iạqob, qu’on appelle aussi Ouad Iliṛ,
coule au milieu, n’ayant que 2 mètres d’eau dans un lit de 50
mètres. Le qçar d’Iliṛ est sur la rive gauche. J’y entre à
8 heures du matin.

[Illustration : Qçar d’Ilir et vallée de l’Ouad S. Mohammed ou
Iaqob. (Vue prise du flanc gauche de la vallée, en amont d’Ilir.)

Croquis de l’auteur.]

Je m’installe à Iliṛ chez un ami du Ḥadj. Le qçar est grand
et riche : la population, composée de Chellaḥa, en est nombreuse ;
bien que voisine des Aït Jellal, elle est indépendante et les nomades
ne peuvent rien sur elle. Iliṛ est bâtie partie en pierre, partie
en pisé, ce dernier dominant.

Hier, nous sommes, depuis le col d’Azrar, restés dans le désert :
nous eussions pu, en continuant à descendre l’Ouad S. Moḥammed
ou Iạqob, marcher en terre habitée. C’est à dessein que nous
avons fait le contraire. Quand on est peu nombreux, qu’on n’a
pas de zeṭaṭ du pays et de zeṭaṭ puissant, il est de règle
d’éviter les centres ; la vue de voyageurs en petite troupe et
mal escortés inspire à ceux devant qui ils passent la pensée
de courir à leur poursuite et de les piller : c’est un danger
de tous les instants en contrée peuplée. On s’y soustrait en
échappant aux regards et en prenant les chemins déserts. C’est
pour ce motif que, dans la vallée du Sous, au lieu d’aller de
village en village le long les rives du fleuve, nous avons passé
au nord, traversant tantôt des forêts, tantôt des prairies,
nous tenant sans cesse à l’écart des centres. Du col d’Azrar
à Iliṛ, c’est pour éviter les campements des Aït Jellal,
situés le long de l’Ouad S. Moḥammed ou Iạqob, que nous avons
pris par le désert d’Imi n Tels. Les Musulmans de ces contrées,
quand ils voyagent sans ạnaïa et sans escorte ont deux principes :
marcher de nuit dans les endroits très dangereux ; choisir toujours
les chemins les moins fréquentés et les plus déserts.

La tribu d’Azrar que j’ai traversée hier est une petite tribu
chleuḥa indépendante.

                                29 mars.

Séjour à Iliṛ. Pendant la nuit que j’ai passée dans l’Azaṛar
Imi n Tels, il est tombé, me dit-on, beaucoup de neige au Tizi
Azrar. Ni de Tazenakht, ni d’Agni, ni du Sahara, ni de chez les
Ilalen, je n’avais aperçu trace de neige sur le Petit Atlas ;
depuis mon départ de Mogador, j’en ai remarqué deux fois sur ses
crêtes : c’étaient des fils blancs à peine visibles qui rayaient
de lignes minces deux hautes croupes, l’une en face de Taroudant,
vue de la vallée du Sous, l’autre à l’ouest du col d’Azrar,
distinguée avant-hier.

                                30 mars.

D’Iliṛ à Aqqa Iṛen, nous avons à franchir un long désert
appelé Khela Adnan. Dangereux toujours et pour tous, il l’est en
particulier pour le Ḥadj ; on y passe en vue du qçar de Tisenna
s Amin, en ce moment en guerre avec Agadir Tisint. Si mon compagnon
tombait aux mains de ses ennemis, il serait perdu. Aussi notre hôte
fait-il appel à ses parents et amis, et c’est avec 20 fusils que
nous gagnons Aqqa Iṛen. Cette escorte est gratuite : l’ạnaïa,
qui se vend souvent cher aux étrangers, se donne de la manière la
plus généreuse aux amis : dans mon voyage de Tisint à Mogador,
et de Mogador à Tisint, grâce aux connaissances de Ou Ạddi et
du Ḥadj, je n’ai pas eu à payer ceux qui m’ont escorté :
accompagner son ami jusqu’au gîte suivant ou jusqu’en lieu sûr
fait partie des devoirs de l’hospitalité. C’est chose toute
simple qui se fait sans qu’on ait besoin de la demander.

Départ à 7 heures du matin. D’Iliṛ à Aqqa Iṛen, le chemin,
suivant d’abord le cours de l’Ouad S. Moḥammed ou Iạqob, puis
celui de l’Ouad Aqqa Iṛen, traverse un pays uniforme : vallées
ou plaines à sol uni, tantôt sablonneux, tantôt pierreux ; les
unes et les autres sont enfermées entre des parois de roche noire et
luisante, hautes, escarpées, nues. Dans les fonds, la végétation
ne manque pas : genêts blancs et kemcha dans le bassin de l’Ouad
S. Moḥammed ou Iạqob ; kemcha, aggaïa et melbina dans celui de
l’Ouad Aqqa Iṛen. A Ạïoun Chikh Moḥammed Aqqa Iṛen (maison
avec une source et quelques jardins), les gommiers apparaissent ; de
là à Aqqa Iṛen, on les rencontre, clairsemés d’abord, puis de
plus en plus nombreux. Les rivières sont toutes à sec ; toutes ont
des lits de galets de 40 à 50 mètres de large. Telle est la triste
région qu’on appelle le désert d’Adnan. A 3 heures et demie,
j’arrive à Aqqa Iṛen.

Aqqa Iṛen est une oasis aussi grande que celle de Qaçba el
Djouạ. Elle renferme un seul village, Tabia Aqqa Iṛen ; on voit
dans les palmiers les ruines d’une seconde localité, Agadir Aqqa
Iṛen, aujourd’hui abandonnée. Tabia compte 500 à 600 fusils ;
la population est composée de Chellaḥa et surtout de Ḥaraṭîn ;
elle est vassale des Ida ou Blal. Dans cette oasis, le sable est
mélangé de roches blanches apparaissant à fleur de sol ; le terrain
est blanc ainsi que le pisé des maisons.

Je reçois ici des nouvelles du Sahara. On a moissonné vers le
1er mars. La récolte, au mạder comme dans les champs des oasis,
a été superbe ; de mémoire d’homme, on n’en a vu plus belle ;
l’abondance règne partout : la mesure d’orge, qui valait 1 fr. 50
à mon départ, se vend 20 centimes aujourd’hui. Pour comble de
bonheur, le mạder a été inondé, il y a quelques jours, par les
eaux du haut Dra : on pourra avoir double moisson cette année.

                                31 mars.

Si l’abondance règne à Tisint, c’est le contraire dans le
moyen cours du Dra et chez les Oulad Iaḥia : une famine terrible,
dont la mauvaise récolte de dattes faite dans le Dra l’automne
dernier est cause en partie, sévit dans ces régions[92]. 700 tentes
des Aït Ạlouan (Berâber), chassées par la disette, sont venues
s’établir entre Tisint et Mrimima. La présence de ces étrangers
rend la Feïja moins sûre encore qu’à l’ordinaire ; ils y font
des courses continuelles : c’est chaque jour un nouveau pillage. Nous
reprenons notre ancienne méthode, celle des marches de nuit. A
2 heures du matin, nous quittons Aqqa Iṛen et, traversant cette
Feïja aujourd’hui connue, nous nous dirigeons vers Tisint. Nous
entrons à 7 heures du matin à Agadir.

Je retrouvai là le rabbin Mardochée qui m’avait fidèlement
attendu.


[Note 89 : Il y avait autant de neige sur ces parties du Grand Atlas
à la fin de mars que deux mois auparavant, lorsque je les vis pour
la première fois.]

[Note 90 : _Bulletin de la Société de Géographie_, mars-avril 1871.]

[Note 91 : _Azaṛar_ veut dire « terrain labourable ».]

[Note 92 : En traversant le Mezgîṭa, j’apprendrai que dans tout
le pays de Dra le qanṭar (environ 45 kilogrammes) de dattes se paie
50 mitkals, alors que d’habitude il en vaut 8.]




                                 VIII.

                          DE TISINT AU DADES.


                      1o. — DE TISINT A TAZENAKHT.


Après de nouveaux mais vains efforts pour gagner le Dra en
passant par Zgiḍ, je me décidai à y aller par une autre voie,
celle de Tazenakht. La route de Zgiḍ, difficile en tous temps,
était impraticable par suite de la famine qui sévissait dans la
contrée ; je ne trouvai personne qui voulût se charger de m’y
escorter. Obligé de passer par Tazenakht, où j’avais déjà fait
un long séjour, je tins à prendre, pour y retourner, un chemin
différent de celui que j’avais suivi cinq mois auparavant. Des
trois routes qui existent entre Tisint et Tazenakht, j’avais pris
à l’aller la plus orientale, celle du Tizi Agni ; je choisis cette
fois la plus à l’ouest, celle du Tizi n Haroun.

                             6 avril 1884.

Départ d’Agadir à minuit. Le Ḥadj, un de ses frères et un
de ses cousins m’escortent. Mardochée est avec moi ; je ne me
séparerai plus de lui d’ici à Lalla Maṛnia. Je traverse la
Feïja en passant auprès des ruines d’Imazzen, qçar abandonné. Il
ne me reste rien à dire sur cette plaine : toujours mêmes sables,
mêmes gommiers. J’en sors en remontant l’Ouad Aginan depuis le
point où il y débouche. Il a 100 mètres de large ; lit de galets,
à sec. Le fond de la vallée est un sol pierreux, semé de gommiers ;
de 400 mètres de large d’abord, il se rétrécit par degrés ; en
même temps les flancs, talus de roche noire peu élevés au début,
deviennent hauts et escarpés. De l’Ouad Aginan, je passe à un
de ses affluents, l’Ouad Ikis, appelé aussi Ignan n Ikis, que je
remonte à son tour. Vallée identique, mais plus étroite. Au bout
de quelque temps, le fond se remplit de cultures et de dattiers :
un filet d’eau apparaît ; c’est Tamessoult : bientôt j’arrive
aux maisons. Je fais halte. Il est 7 heures du matin.

Tamessoult est un gros village, construit en pierre à mi-côte du
flanc gauche de l’Ouad Ikis, à une assez grande hauteur au-dessus de
son lit. Au milieu se dresse la zaouïa de S. Ạbd er Raḥman, vaste
bâtiment dominé par un donjon : c’est là que je suis descendu. Le
marabout qui y réside est un homme puissant : il a pour serviteurs
religieux les districts et les tribus de la montagne à 30 ou 40
kilomètres à la ronde ; son influence s’étend jusque sur les
Zenâga. Ici je me sépare de ceux qui m’ont amené d’Agadir :
S. Ạbd er Raḥman me donne une escorte de trois hommes qui me
conduira chez les Zenâga ; elle m’y remettra entre les mains
d’un des grands personnages de la tribu, Ạbd Allah d Aït
Ṭaleb. Celui-ci, pour qui on me donne une lettre, m’accompagnera
à son tour jusqu’à Tazenakht. Je fais mes adieux au Ḥadj Bou
Rḥim ; ce n’est pas sans émotion que je quitte cet homme, qui a
été si bon pour moi, avec qui je viens de vivre durant trois mois,
et que je ne reverrai peut-être jamais.

Départ de Tamessoult à 10 heures. Je remonte d’abord la rive
gauche de l’Ouad Ikis à flanc de coteau. Chemin rocheux,
difficile. Le cours d’eau est à mes pieds : le lit, rempli
de palmiers, a 40 mètres de large ; il occupe tout le fond de la
vallée, et coule entre deux parois de roche verticales de 10 mètres
d’élévation. Au-dessus apparaissent quelques cultures en escaliers,
semées de quantité de cellules en pierre destinées aux abeilles ;
puis s’élèvent des flancs de roche jaune, hauts, escarpés et
nus. Au bout de 40 minutes, l’ouad sort de cette gorge et traverse
une petite plaine déserte ; sol pierreux ; genêts blancs et seboula
el far : cette dernière plante atteint 40 à 50 centimètres de
hauteur. De là, la rivière rentre dans la montagne où elle coule
dans un ravin désert : le fond en a 50 à 60 mètres de large dont
15 occupés par le lit ; celui-ci est à sec et couvert de galets ;
le reste est pierreux avec de rares genêts blancs ; flancs très
élevés, très raides, de roche jaune. Je chemine le long du cours
d’eau jusqu’à 1 heure ; à ce moment, on le voit se garnir de
palmiers : un qçar apparaît sur sa rive droite ; c’est Ikis,
dernier point habité de son cours. Là, le chemin quitte les bords
de l’ouad pour gravir le flanc gauche : celui-ci est formé par
un haut massif très escarpé connu sous le nom de Djebel Anisi ;
il me faut deux heures pour parvenir à son sommet : c’est un des
passages les plus pénibles que j’aie rencontrés dans mon voyage. On
ne peut marcher qu’à pied ; le chemin, long escalier, s’élève
en serpentant entre des précipices immenses et des parois à pic ;
le massif est tout roche : murailles de couleur tantôt jaune,
tantôt rosée. Bien que le sol paraisse n’être que pierre,
une foule de petites plantes, herbes et fleurs, croissent au bord
du chemin, entre les fissures du roc. A 3 heures, je parviens à
une crête ; devant moi s’étend un plateau étroit et pierreux
avec de rares touffes d’ḥalfa ; ce plateau, que je parcours,
ne tarde pas à se changer en une côte inclinée vers le nord ; je
descends, et je me retrouve sur les bords de l’Ouad Ikis. Il n’a
que 20 mètres de large ; son lit, galets desséchés, occupe toute la
largeur d’un ravin ; celui-ci a des flancs d’élévation moyenne,
pierreux, raides, tapissés d’ḥalfa. Il coule ainsi durant quelque
temps, puis les hauteurs s’abaissent, la vallée s’élargit,
et tout à coup on se trouve sur un plateau. Plus de montagnes,
plus de rochers : une surface plane, à peine ondulée, est couverte
d’épaisses touffes d’ḥalfa. Le terrain est mi-sable, mi-pierre ;
la rivière serpente entre des flancs en pente très douce d’une
trentaine de mètres d’élévation ; çà et là, seuls accidents,
des buttes rocheuses isolées, hautes de 50 ou 60 mètres, dressent
leur tête noire au-dessus des ondulations vertes du sol. De temps à
autre, on rencontre un campement de bergers Zenâga : ils viennent
s’installer ici durant une partie de l’année, construisant des
huttes de pierres sèches et faisant paître leurs troupeaux aux
alentours. A 7 heures du soir, je m’arrête à une de ces stations
pour y passer la nuit. Pendant la dernière portion de la route,
l’Ouad Ikis avait 20 mètres de large ; le lit, mi-sable, mi-galets,
en était parsemé de flaques d’eau. Durant cette journée, aucun
voyageur ne s’est rencontré sur mon chemin.

                                7 avril.

[Illustration : Vue prise du Tizi n Haroun, dans la direction du
nord. (Les montagnes ombrées sont couvertes de neige.)

Croquis de l’auteur.]

[Illustration : Portion de la plaine des Zenâga.

(Vue prise de Takdicht, dans la direction de l’est.)

Croquis de l’auteur.]

Départ à 7 heures du matin. Je chemine quelque temps sur le plateau
où j’étais hier soir ; puis, laissant et la plaine et l’ḥalfa,
je m’engage dans un ravin étroit, à flancs escarpés de roche noire
et luisante : montée courte, mais raide ; à 8 heures, j’atteins
un col, Tizi n Haroun : là passe la ligne de faîte du Petit Atlas ;
je la franchis pour la quatrième fois. Un chemin très difficile, au
milieu d’énormes rochers, me conduit dans un profond ravin ; je le
descends quelques instants, d’immenses murailles noires suspendues
au-dessus de ma tête : bientôt j’en aperçois la bouche, où
s’élève le riant village de Takdicht : plus loin, on distingue,
s’étendant à perte de vue, la plaine des Zenâga. A 9 heures
et demie, j’arrive à Takdicht ; c’est la résidence d’Ạbd
Allah d Aït Ṭaleb ; sa maison, tiṛremt aux tourelles de pisé
découpé et couvert de moulures, rappelle les gracieuses demeures
des environs du Dra. J’y suis bien reçu par Ạbd Allah : il ne
me cache pas que j’ai eu un rare bonheur d’arriver jusqu’à
lui avec une si faible escorte et des gens inconnus : si lui ou
ses fils m’avaient rencontré en route, ils m’eussent, dit-il,
indubitablement pillé. Maintenant que je suis entré dans sa maison
et que je lui ai remis une lettre de S. Ạbd er Raḥman, il ne voit
en moi qu’un hôte recommandé par son ami : je suis le bienvenu,
et demain il me conduira en personne à destination.

                                8 avril.

[Illustration : Azdif. (Vue prise du chemin de Takdicht à Tazenakht.)

Croquis de l’auteur.]

A 8 heures du matin, Ạbd Allah monte à cheval ; nous partons. Me
voici traversant pour la seconde fois cette belle plaine des Zenâga ;
rien à en dire de nouveau ; telle je l’ai vue dans sa portion
orientale, telle je la retrouve ici : même sol uni comme une glace,
excellente terre dont une partie est cultivée, dont la totalité
pourrait l’être. Le talus qui borde la plaine à l’ouest est
pareil à celui qui la limite à l’est : muraille de roche noire et
luisante, perpendiculaire dans le haut, en pente adoucie et couverte
de pierres vers le pied. Je passe auprès de plusieurs villages et
qçars ; le plus remarquable est Azdif, où la résidence du chikh est
une forteresse entourée de plusieurs enceintes, hérissée d’une
foule de tours ; elle est en pisé, comme toutes les constructions
des Zenâga, et ornée avec élégance. Je rencontre aussi plusieurs
zaouïas. Mon zeṭaṭ me conduit jusqu’au delà des limites
des Zenâga ; là s’arrête son pouvoir : sorti de sa tribu, sa
protection cesse d’être efficace. Cependant il ne m’abandonne
pas ; il fait honneur jusqu’au bout à la lettre de son ami : il
m’amène à El Ạïn, va trouver S. Ḥamed ou Ạbd er Raḥman,
marabout à qui appartient le qçar, lui demande une escorte pour moi,
et ne quitte El Ạïn qu’après m’avoir vu partir pour Tazenakht
accompagné par l’esclave de confiance de S. Ḥamed.

D’El Ạïn à Tazenakht, une seule chose à signaler : les régions
pierreuses qui s’étendent au nord de l’Ouad Timjijt, et que
j’ai trouvées nues il y a cinq mois, sont aujourd’hui couvertes de
seboula el far. C’est pendant ce trajet que je fais la rencontre de
l’Azdifi, racontée plus haut. A 4 heures, j’arrive à Tazenakht.

Sauf l’Azdifi, je n’ai vu sur la route aucun voyageur. Les
principaux cours d’eau traversés sont : l’Ouad Tiouiin (lit,
moitié sable, moitié gravier, de 20 mètres de large ; à sec ;
berges de 0m,50 de hauteur) ; l’Ouad Timjijt (20 mètres de large ;
lit de sable ; à sec).


                     2o. — DE TAZENAKHT AU MEZGITA.


Pas d’obstacle qui ne se dresse pour m’empêcher de gagner le
Dra. En arrivant à Tazenakht, j’apprends que la route du Mezgîṭa
est coupée. La guerre vient d’éclater, sur son parcours, entre
le qçar de Tasla et les Aït Ḥammou, fraction des Oulad Iaḥia
limitrophe du Mezgîṭa. Ces derniers firent une ṛazia de 200
têtes de bétail sur les gens de Tasla, qui aussitôt appelèrent à
leur secours leur allié le Zanifi ; Chikh Ạbd el Ouaḥad tomba
ces jours-ci sur les Aït Ḥammou, leur tua 10 hommes et prit 150
animaux. Voici Tazenakht en guerre avec la tribu qu’on traverse
pour aller au Dra : aucun habitant ne peut me servir de zeṭaṭ
sur ce chemin. C’est jouer de malheur, car d’ordinaire cette voie
ne présente point de difficulté : sous la protection des chikhs de
Tazenakht, on la prend avec sécurité ; des caravanes la sillonnent
sans cesse. Avec les événements présents, je ne sais quand je
pourrai partir.

Après quatre jours d’attente, je trouve un zeṭaṭ ; c’est un
homme des Aït Ḥammou qui vient d’arriver ; il se charge de me
conduire au Mezgîṭa : lui-même est ici en pays ennemi ; il n’a
pu entrer qu’avec une ạnaïa et ne saurait passer par Tasla : nous
ferons un détour ; nous prendrons par le désert jusqu’au territoire
de sa tribu, et traverserons de nuit la région la plus dangereuse.

                               13 avril.

Départ à 1 heure de l’après-midi. Je gagne, par le chemin connu,
la vallée de l’Ouad Aït Tigdi Ouchchen ; je la remonte jusqu’à
peu de distance de Tislit. Là, je la laisse et me jette dans le massif
rocheux qui en forme le flanc droit. Pendant une heure, je chemine en
terrain montueux, succession de ravins à sec et de côtes pierreuses,
sans autre végétation qu’un peu de seboula el far. A 4 heures
et demie, le pays change : un vaste plateau étend ses ondulations
légères ; un tapis de seboula el far garnit les fonds ; les parties
hautes sont des blocs de roche noire et luisante émergeant çà
et là de la terre verte. Je marche sur ce plateau pendant la fin
de la journée : il demeure le même, sol plat, pierreux, garni de
verdure. A minuit, nous nous arrêtons. La zone dangereuse pour mon
zeṭaṭ est passée ; nous pouvons sans inquiétude nous reposer
jusqu’au matin. Le point où nous faisons halte est au pied d’une
haute arête rocheuse, le Djebel Tifernin. J’ai rencontré beaucoup
de monde dans la vallée de l’Ouad Aït Tigdi Ouchchen et dans la
montagne : à dater de l’heure où j’ai quitté cette dernière,
je n’ai aperçu personne ; dans les commencements, on distinguait
un troupeau de loin en loin ; puis on n’a plus rien vu. L’Ouad
Tazenakht avait aujourd’hui 6 mètres d’eau courante au point
où je l’ai franchi. Sur le plateau, trois rivières de quelque
importance. La première a un lit de sable avec de nombreuses flaques
d’eau ; elle coule au fond d’une tranchée de 300 mètres de
large, en contre-bas du sol environnant, séparée de lui par deux
parois de roche verticales, hautes de 10 mètres. La seconde a son
cours au niveau du plateau ; le lit en est sablonneux, large de 15
mètres, avec 4 mètres d’eau. La troisième a un lit de 20 mètres,
resserré entre deux berges de pierre de 12 mètres ; elle a 4 mètres
d’eau courante.

                               14 avril.

[Illustration]

Départ à 5 heures du matin. Je gravis le Djebel Tifernin, arête de
roche nue isolée au milieu du plateau : c’est la ligne de faîte du
Petit Atlas. J’en atteins le sommet à 5 heures et demie, et je le
passe à un col situé peu au-dessous du niveau général des crêtes,
Tizi Tifernin. Aucune largeur au col ; je descends l’autre versant :
la descente est difficile, comme l’avait été la montée ; le chemin
serpente entre de grands rochers gris. Au bout de quelque temps, les
pentes s’adoucissent et se couvrent d’ḥalfa et de seboula el
far ; elles me conduisent à une vallée bordée d’une petite chaîne
rocheuse où apparaît un col. Je traverse la première et je gagne
le col. Celui-ci, Tizi n Omrad, se trouve au fond d’une brèche
perçant jusqu’au pied la montagne ; il est presque au niveau du
thalweg qu’on vient de franchir. Après l’avoir passé, je descends
par un ravin étroit et rocheux vers le qçar de Tesaouant, qui se
voit dans le bas au milieu d’une large vallée. Chemin difficile,
serpentant à mi-côte ; les flancs du ravin sont de roche jaune,
très escarpés ; verdure et fleurs dans le fond. Le versant sud de
la chaîne est beaucoup plus long que le versant nord : il me faut
une heure pour en atteindre le pied. En y parvenant, je me trouve
dans la vallée de l’Ouad Tamtsift. Une côte en pente douce,
à sol pierreux couvert de seboula el far, m’amène au bord de la
rivière, où est bâtie Tesaouant. J’entre à 8 heures un quart
du matin dans le qçar. Mon zeṭaṭ me conduit à sa maison.

[Illustration : Tesaouant. (Vue prise du nord-est.)

Croquis de l’auteur.]

Tesaouant est un petit qçar appartenant aux Aït Ḥammou, fraction
importante des Oulad Iaḥia ; il est bâti suivant le modèle
des constructions du Dra, en pisé, avec une foule de moulures et
d’ornements couvrant ses murs, de tours et de tourelles dominant
ses terrasses. Des plantations de dattiers, produisant des bou
feggouç, comme celles de Tasla, l’entourent de deux côtés ;
elles sont situées sur les rives de l’Ouad Tamtsift, qui coule à
quelques pas de l’enceinte. La rivière est presque au niveau du
pied des maisons ; le lit, de galets, large de 60 mètres, bordé
de berges de 50 centimètres de haut, est à sec. Des puits et des
canaux alimentent le qçar. En ce moment, ce dernier est désert :
les habitants sont dispersés aux environs, vivant sous des huttes
de roseaux et faisant paître leurs troupeaux.

                               15 avril.

Départ à 9 heures du matin. Jusqu’à mon arrivée au Mezgîṭa,
je suivrai le cours de l’Ouad Tamtsift. La coupe de la vallée varie
durant le trajet : le fond est plus ou moins large ; la rivière
coule tantôt au pied du flanc droit, tantôt au pied du gauche ;
mais les caractères essentiels se conservent : le flanc gauche est
beaucoup plus élevé que le droit ; il est de roche jaune ; la pente
générale en semble de rapidité moyenne ; on y voit de loin, çà et
là, des bouquets de palmiers poussant au fond des ravins. Le flanc
droit est formé de roche noire et luisante ; il n’est pas très
raide ; de forme, de composition et de couleur, il rappelle Djebel
Mḥeïjiba ; comme lui, il est, dit-on, riche en minerais. Entre
ces deux talus s’étend une vallée faite de deux côtes en pente
douce, s’allongeant des pieds des flancs aux bords de la rivière ;
quelquefois elles ne parviennent pas jusque-là, et un espace plat les
sépare ; cette partie centrale, lorsqu’elle existe, est un ruban
de verdure, herbages, broussailles, tamarix et jujubiers sauvages,
au milieu desquels serpente l’ouad ; les côtes, au contraire, sont
pierreuses ; le sol s’y couvre de melbina, de seboula el far et de
gerṭ ; en approchant du Mezgîṭa, on voit quelques gommiers. Je
passe par deux lieux habités ; ils diffèrent d’importance : l’un,
le village d’Ida ou Genad, se compose de quelques huttes en pierres
sèches disposées sans ordre auprès d’une petite oasis ; l’autre,
Ourika, est un qçar situé sur la rive gauche de la rivière, dont
le lit, mais le lit seul, se remplit en ce point de palmiers. Il y a
une autre Ourika à peu de distance au nord de celle-ci ; je n’ai
pu la voir, cachée qu’elle était par un pli de terrain : ces
deux localités portent le nom collectif d’Iouriken ; elles sont
comptées du Mezgîṭa. A Ourika, l’Ouad Tamtsift, qui possédait
déjà un peu d’eau à Ida ou Genad, a, outre plusieurs canaux,
4 mètres d’eau courante dans son lit. D’Ourika on aperçoit
le Mezgîṭa : ce n’est encore qu’une ligne noire de dattiers,
s’allongeant au pied d’une haute chaîne de montagnes, et barrant
devant moi la vallée où je marche. D’ici là, le chemin est désert
et la végétation diminue ; plus ni tamarix ni jujubiers sauvages,
plus même de seboula el far ; des touffes de melbina seulement,
et de rares gommiers ; le sol cesse d’être pierreux et devient
sablonneux et blanc.

A 1 heure, j’arrive à l’Ouad Dra. La vallée apparaît comme
une bande verte serpentant entre deux chaînes de montagnes :
à mes yeux s’étendent des palmiers innombrables, mêlés
de mille arbres fruitiers ; entre les branches, on aperçoit,
de distance en distance, un ruban d’argent, les eaux du fleuve ;
une foule de qçars, masses brunes ou roses hérissées de tourelles,
s’échelonnent à la lisière des plantations et sur les premières
pentes des flancs. Ceux-ci sont : à gauche, les parois tourmentées
et escarpées, pleines de crevasses et de cavernes, du Kisan, chaîne
nue de roche rose, de 200 à 300 mètres de hauteur ; à droite,
un talus de pierre noire et luisante, aux crêtes uniformes, aux
surfaces lisses, aux côtes raides ; il s’appelle Koudia Oulad
Iaḥia ; il a 150 à 200 mètres d’élévation. Entre ces deux
murailles s’étend le fond de la vallée, surface de 1200 à 1800
mètres de large, couverte de sable fin, et unie comme une glace ;
au milieu coule l’Ouad Dra, sur un lit de sable sans berges,
presque au niveau du sol voisin, qu’il inonde dans ses crues ;
le lit a une largeur moyenne de 150 mètres, dont 60 à 100 toujours
remplis d’eau. Sur ses rives, le fond de la vallée est un jardin
enchanteur : figuiers, _taqqaïout_[93], grenadiers s’y pressent ;
ils confondent leur feuillage et répandent sur le sol une ombre
épaisse ; au-dessus se balancent les hauts panaches des dattiers. Sous
ce dôme, c’est un seul tapis de verdure : pas une place nue ;
la terre n’est que cultures, que semis ; elle est divisée avec un
ordre minutieux en une infinité de parcelles, chacune close de murs
de pisé ; une foule de canaux la sillonnent, apportant l’eau et
la fraîcheur. Partout éclate la fertilité de ce sol bienfaisant,
partout se reconnaît la présence d’une race laborieuse, partout
apparaissent les indices d’une population riche : à côté des
céréales, des légumes poussant sous les palmiers et les arbres
à fruits, se voient des tonnelles garnies de vigne, des pavillons
en pisé, lieux de repos où l’on passe, dans l’ombre et la
fraîcheur, les heures chaudes du jour. Telle est, depuis le pied
des parois de roche qui la bordent, toute la vallée du Dra, jardin
merveilleux de 150 kilomètres de long. Une foule innombrable de qçars
s’échelonnent sur les premières pentes des deux flancs : peu sont
dans la vallée, autant par économie d’un sol précieux que par
crainte des inondations. Ils ont tous ce caractère d’élégance qui
est particulier aux constructions du Dra ; point de murs qui ne soient
couverts de moulures, de dessins, et percés de créneaux blanchis ;
de hautes tiṛremts, des tours s’élèvent de toutes parts ; les
maisons les plus pauvres même sont garnies de clochetons, d’arcades,
de balustrades à jour. Un des principaux de ces qçars, la capitale
du Mezgîṭa, Tamnougalt, est mon but d’aujourd’hui. J’y arrive
à 2 heures et demie, en cheminant à l’ombre des grands arbres.

[Illustration : Ouad Dra, dans le Mezgîta. (Vue prise d’Ouriz,
dans la direction du nord.)

Croquis de l’auteur.]

Avant d’y entrer, j’ai traversé l’Ouad Dra ; on ne peut le
franchir partout : il faut prendre les gués. Celui où je l’ai
passé présentait une nappe d’eau de 120 mètres de large, avec
60 à 70 centimètres de profondeur. Le fond était de sable, les
eaux jaunes, fraîches et bonnes. Courant rapide.

Tamnougalt est un beau qçar, résidence d’Ạbd er Raḥman ben
El Ḥasen, chikh héréditaire du Mezgîṭa, et capitale de ce
district. Elle est, comme tout le Dra, peuplée exclusivement de
Ḥaraṭîn. J’y séjournerai quelques jours avant de prendre ma
course vers le Dâdes.

Le Mezgîṭa se compose de la bordure de cultures et de qçars
qui garnit les deux rives de l’Ouad Dra dans la région où je
me trouve ; il ne s’étend pas au delà de la vallée propre du
fleuve. C’est une bande longue et étroite, qui n’a jamais plus
de 2 kilomètres de large. Il en est de même des autres districts du
Dra, sans exception : l’Aït Seddrât, l’Aït Zeri, le Tinzoulin,
le Ternata, le Fezouata, le Qtaoua, El Mḥamid sont identiques ;
tels d’entre eux ne se composent même que de la demi-vallée du
fleuve. Ce sont, comme le Mezgîṭa, des tronçons plus ou moins
grands de cette longue ligne verte qui serpente dans le Sahara,
et qu’on appelle le pays de Dra. Celui-ci est donc une ligne : le
nom ne s’en applique qu’à la vallée propre de l’Ouad Dra,
c’est-à-dire aux 500 mètres de dattiers qui, du Mezgîṭa à
El Mḥamid, bordent chaque rive. Nulle part la bande ne s’étend
davantage. Au-dessous du Tinzoulin, les hautes montagnes qui la
resserrent jusque-là s’écartent par degrés, et le Dra finit
par couler en plaine ; mais le ruban de palmiers et de cultures ne
s’élargit pas : il reste toujours ce qu’il est ici. Il y a loin
de cette ligne aux vastes territoires marqués sur nos anciennes
cartes. J’observerai le même fait pour les autres oasis que je
verrai : le Todṛa, le Ferkla, le Ṛeris, les divers districts du
Ziz, ne sont pas différents. Ce sont des lignes.

[Illustration : Heliog. P. Albert Dujardin

Challamel aine Editeur

VALLÉE DE L’OUAD DRA. — VUE DE TAMNOUGALT.]


                       3o. — DU MEZGITA AU DADES.


                               20 avril.

Il y a quatre chemins principaux pour aller du haut Dra à l’Ouad
Dâdes ; ce sont :

1o _Ṭriq Idili_. — Il part de Tiniṛil, qçar d’Afella n Dra,
traverse l’Ouad Aqqa el Medfạ (se jetant dans l’Ouad Dâdes sur
le territoire des Imeṛrân), puis l’Ouad Tanziṭ, et aboutit
au pays des Imeṛrân : deux jours de chemin, sans cesse dans le
désert. On passe la nuit au bord de l’Ouad Aqqa.

2o _Ṭriq Anfoug_ (appelé aussi _Ṭriq Tagzart_). — Il part
d’entre Afra et Ta n Amelloul, franchit successivement les ouads
Aqqa el Medfạ, Tanziṭ et Aqqa n Ourellaï, et aboutit à volonté
dans le Dâdes ou chez les Imeṛrân : deux jours de chemin, dans
le désert. On passe la nuit au Djebel Anfoug.

3o _Ṭriq Iṛil n Oïṭṭôb_. — C’est celui que je prendrai.

4o _Ṭriq Tilqit_. — Il part d’Aït Ạbd Allah (Aït Seddrât),
traverse le Khela Tilqit et débouche dans le Dâdes à Aït Aqqo
ou Ạli (Zaouïa Sidi Dris) : deux jours de marche, sans sortir du
désert. On franchit l’Ouad Tagmout à mi-route et on passe la nuit
sur ses bords.

Ces chemins traversent tous quatre un vaste désert montagneux,
la haute chaîne du Saṛro. Cette chaîne n’est autre que le
Petit Atlas, auquel on donne ce nom à l’est de l’Ouad Dra. Si
le Saṛro n’a pas d’habitants fixes, il a une population nomade
assez nombreuse : Imeṛrân et Aït Seddrât y plantent leurs tentes
et y font paître leurs troupeaux.

D’ici au Dâdes, ce sont les Aït Seddrât qui servent de
zeṭaṭs ; j’ai profité du grand nombre d’hommes de cette tribu
qui viennent ici au marché du jeudi pour m’entendre avec l’un
d’eux : mon zeṭaṭ me prendra aujourd’hui, j’irai passer la
nuit dans son qçar, et demain matin nous partirons pour le Dâdes.

Départ de Tamnougalt à midi. Je descends la vallée du Dra,
en suivant la ligne des qçars, à la lisière des plantations. Le
chemin, passant sur les premières pentes des flancs, est pierreux,
parfois rocheux. Rien à ajouter à ce que j’ai dit de la vallée :
toujours même largeur et même aspect. A 3 heures et demie, je
parviens à la résidence de mon zeṭaṭ, Tiṛremt Ạli Aït El
Ḥasen. C’est le terme de mon trajet pour aujourd’hui.

En route, j’ai traversé l’Ouad Dra (lit de sable de 150 mètres ;
les eaux ont 60 mètres de large avec 90 centimètres de profondeur ;
courant rapide).

                               21 avril.

[Illustration]

Départ à 5 heures du matin. J’ai pour escorte mon zeṭaṭ et
deux autres fusils. On franchit d’abord le Dra (70 mètres de large
et 0m,80 de profondeur), puis on traverse sa vallée et on entre
dans une plaine déserte : la haute chaîne du Kisan s’interrompt
tout à coup, et une plaine s’étend à sa place au delà des
plantations qui bordent le fleuve. Le Kisan reprend plus bas, longeant
de nouveau l’ouad comme il le fait dans le Mezgîṭa ; il ne finit
définitivement qu’à hauteur d’Ousṛeït, dans le Ternata. Chemin
faisant, on voit très bien la chaîne, qui apparaît pendant quelque
temps de profil : c’est une lame rocheuse isolée, s’élevant entre
le Dra et une autre vallée, déserte et assez large, parallèle à la
première ; elle a de l’analogie avec le Bani, mais est plus haute,
plus large et de couleur comme de structure différentes. La base en
est un talus, doux d’abord, de plus en plus raide ensuite ; les
parties moyennes et supérieures sont une succession de murailles
presque verticales s’étageant par gradins. Vers le sommet se
trouvent des cavernes, œuvre des Chrétiens au dire des habitants ;
on voit des restes de murs à leurs bouches. Cette portion du Kisan
est une arête droite, commençant à hauteur d’Agdz, finissant
ici. D’où je suis, on voit l’Ouad Dra couler longtemps encore
dans la direction qu’il a depuis Tamnougalt. Tant qu’il la garde,
le Kisan ne reparaît pas à sa gauche où succèdent à la plaine des
collines sans élévation. Puis on distingue un coude très prononcé
que fait le fleuve, dans le Tinzoulin, me dit-on. A partir de là,
le Kisan renaît : on le voit de loin, dans une direction nouvelle,
presque perpendiculaire à celle qu’il suivait ici, ayant même
hauteur et même forme, et s’élevant immédiatement sur la rive
gauche de l’ouad.

La plaine où je chemine a un sol pierreux ; des gommiers, de
nombreuses touffes de melbina y poussent. Elle est bornée au nord
par les premières pentes du Saṛro ; je me dirige vers elles :
à 7 heures, je suis à leur pied ; de ce moment à celui où
j’atteindrai l’Ouad Dâdes, je ne cesserai de marcher dans
ce massif ; il se compose d’un haut plateau, de 2000 mètres
d’altitude moyenne, auquel on parvient par une longue succession de
côtes, tantôt pierreuses, tantôt rocheuses, reliées entre elles
par des talus escarpés. Le plateau supérieur présente une vaste
surface unie et verdoyante ; le sol, pierreux, sans une ondulation,
y est couvert d’herbe fine. Là surtout campent les Aït Seddrât
et les Imeṛrân ; j’y rencontrerai plusieurs groupes de tentes
et des troupeaux de chameaux et de moutons. Les rampes qui y mènent
forment une région très accidentée : des ravins profonds, aux flancs
rocheux et escarpés, les coupent ; des vallées les sillonnent ;
des arêtes, des pics les hérissent de leurs masses noires. Cette
région, tourmentée et difficile, est d’ordinaire déserte. L’eau
abonde dans le Saṛro. Je traverse, au fond de plusieurs ravins,
des ruisseaux de 4 ou 5 mètres de large dont les eaux, claires et
courantes, ne tarissent jamais ; point de rivières. La verdure ne
fait pas défaut : non seulement le plateau supérieur en est couvert,
les côtes douces, le fond et les premières pentes des vallées,
sont en partie tapissés d’ḥalfa, de melbina, de seboula el far
et d’autres herbages ; il existe des jujubiers sauvages ; au bord
de l’eau apparaît le laurier-rose : il n’est pas jusqu’aux
endroits les plus rocheux, flancs de ravins, surface de talus, où
l’on ne trouve, poussant entre les fentes de la pierre, de petites
herbes et des fleurs.

Vers 1 heure, j’atteins le plateau qui couronne le Saṛro ; à 3
heures, je fais halte auprès de quelques tentes d’Aït Seddrât. De
la vallée du Dra à ce point, je n’ai pas rencontré un seul être
vivant. La route, facile à la fin, a été pénible au commencement :
il a fallu mettre pied à terre pour remonter l’Ouad Tangarfa, dont
le lit, encombré de blocs de roc, forme un chemin difficile pour
les animaux. A deux autres endroits, la marche a été retardée :
à Chạba Ouin s Tlit et au profond ravin qui se trouve entre elle
et le gîte.

                               22 avril.

Départ à 7 heures du matin. A 8 heures, je suis à une crête qui
forme la limite du plateau supérieur du Saṛro et la ligne culminante
de cette chaîne. En la passant, je franchis pour la dernière fois
le faîte du Petit Atlas. De là apparaissent à mes yeux, au delà
d’une longue série de croupes brunes, la vallée de l’Ouad Dâdes
et, derrière elle, bordant l’horizon, la ligne bleue du Grand Atlas
avec ses cimes couvertes de neige. Une descente très raide au milieu
des rochers me ramène à la région des côtes, où je chemine,
passant de vallée en vallée, jusqu’à 4 heures et demie. A
ce moment je me trouve au pied du Saṛro et au bord de l’Ouad
Dâdes : la chaîne expire à 300 mètres de la rivière. A son
pied commencent les cultures qui remplissent le fond de la vallée ;
elles forment une bande dont la largeur moyenne est de 1 kilomètre ;
au milieu coule en serpentant l’Ouad Dâdes. Large de 30 mètres,
il remplit le tiers d’un lit sablonneux et en partie couvert de
roseaux ; c’est un torrent, au courant très rapide, aux eaux
jaunes et glacées. Les champs qui le bordent ne rappellent en rien
les merveilles du Dra ; ils présentent les cultures des pays hauts et
froids. Plus un dattier ; très peu d’arbres ; point d’oliviers :
à peine quelques rares figuiers, noyers et trembles aux alentours
des qçars. Le reste n’est que champs d’orge et de blé, tapis
monotone d’un vert cru, sans ombre ni gaieté. Cette végétation
paraît triste à qui vient du sud. Les flancs sombres du Saṛro la
bornent à gauche ; à droite règne le long de la vallée une vaste
plaine blanche, peu élevée au-dessus de son niveau, et séparée
d’elle par un talus doux. Cette plaine a au moins 8 kilomètres
de large et est limitée au nord par les premières pentes du Grand
Atlas, derrière lesquelles apparaissent les masses neigeuses qui
couronnent la chaîne. Les cultures sont bordées de chaque côté
par un cordon de qçars. Les qçars de l’Ouad Dâdes ont un aspect
particulier et ne ressemblent ni à ceux que j’ai vus ni à ceux
que je verrai. Pour le détail des constructions, ils sont pareils
à ceux du Dra et de l’Ouad Iounil : même élégance, même pisé
couvert d’ornements ; mais, au lieu de former un massif compact
de maisons d’où émergent les tourelles des tiṛremts, ils
sont composés chacun de plusieurs petits groupes d’habitations,
séparés les uns des autres et échelonnés le long des cultures ;
ils en comprennent jusqu’à 8 ou 10, les uns ouverts, la plupart
fortifiés, tous ayant au moins une tiṛremt. Ces groupes se trouvant
à 100, 200, 300 mètres les uns des autres, on voit quelle longueur
occupe un qçar. Il résulte de là que les localités, d’autre
part très nombreuses, sont fort rapprochées ; la distance n’est,
la plupart du temps, pas plus grande entre les groupes limitrophes
de centres différents qu’entre deux groupes du même : il est
très difficile de discerner où commence et où finit chacun, dans
ce cordon non interrompu de maisons et de tiṛremts qui garnit les
deux rives de l’ouad. Les demeures sont, comme dans le Dra et comme
presque partout, sur la lisière et non au milieu des cultures :
ici aussi les inondations sont à craindre ; il n’est pas rare de
voir les eaux de la rivière couvrir tout le fond de la vallée et
venir battre les murailles des qçars. Ceux-ci ne sont pas les seules
constructions de l’Ouad Dâdes. Je vois apparaître en grand nombre
des bâtiments curieux dont j’avais remarqué quelques types chez les
Aït Seddrât du Dra : ce sont les _ageddim_[94] ; l’usage en paraît
spécial à l’Ouad Dâdes, au Todṛa, au Ferkla et à certains
districts du Dra : du moins je ne les ai vus qu’en ces endroits ;
dans les deux premières régions ils sont nombreux, on en rencontre à
chaque pas ; dans les deux autres ils sont moins fréquents. Ici, sur
les limites des qçars, au bord de l’ouad, au milieu des cultures,
les ageddims se dressent en foule ; ce sont des tours isolées, de 10
à 12 mètres de hauteur, en briques séchées au soleil, de forme
carrée, percées de créneaux et garnies de machicoulis : elles
sont surtout nombreuses sur les lignes formant frontière entre les
localités ; elles s’y dressent d’ordinaire par deux, se faisant
face, une de chaque côté. Dès qu’éclate une guerre entre qçars,
ce qui arrive presque tous les jours (le lendemain de mon passage, une
s’est allumée et a coûté la vie à plusieurs personnes), chaque
parti emplit ses tours d’hommes armés, avec mission de protéger
cultures et canaux et de tirer sur tout individu du camp opposé qui
passe à portée ; la fusillade commence aussitôt de tour à tour,
fusillade vive par moments, surtout quand une troupe paraît dans la
vallée pour essayer de ravager les champs de ses adversaires. Des
questions de conduites d’eau donnent naissance à la plupart de ces
guerres. Elles durent parfois longtemps, mais ne sont acharnées que
les premiers jours : dans cette période il est rare qu’il n’y
ait du sang versé ; ensuite elles traînent en longueur et les
hostilités se bornent à envoyer quelques coups de fusil dans le
qçar ennemi, chaque fois qu’apparaît du monde sur une terrasse,
dans les jardins, quand quelqu’un approche de la frontière.

Je m’arrête au point où je suis sorti du Saṛro, dans le qçar
de Timichcha, au pied duquel débouche le chemin. Il fait partie du
district d’Aït Iaḥia, appartenant aux Aït Seddrât. Ce district,
comme tous ceux de l’Ouad Dra et de l’Ouad Dâdes, se compose
exclusivement de l’étroite bande de cultures et de qçars qui
borde les rives du cours d’eau.

Nulle part, excepté sur le plateau supérieur du Saṛro et aux
approches de l’Ouad Dâdes, je n’ai rencontré de monde pendant
cette journée. Il s’est présenté trois passages difficiles
sur la route : la descente, après la ligne de faîte du Saṛro,
le ravin de l’Ouad Aqqa n Ourellaï et celui qui le suit.

                               23 avril.

Départ à 7 heures du matin. Je remonte l’Ouad Dâdes. Sauf un court
défilé désert qu’il traverse entre le district d’Aït Iaḥia
et celui du Dâdes, il demeure sur mon parcours tel que je l’ai
vu hier : mêmes cultures semées d’ageddims, mêmes cordons non
interrompus de qçars et de maisons. Si ce n’est pendant son passage
dans ce kheneg, on ne saurait trouver sur l’une ou l’autre de ses
rives 200 mètres sans constructions. Rien de nouveau à signaler :
les flancs comme le fond de la vallée restent les mêmes jusqu’à
mon arrivée à Tiilit, où je m’arrête.

[Illustration : Vallée de l’Ouad Dâdes.

(Les parties ombrées des montagnes sont couvertes de neige.)

(Vue prise du chemin de Timichcha à Tiilit, dans la direction du
nord-est.)

Croquis de l’auteur.]

Chemin facile. Beaucoup de monde. J’ai traversé l’Ouad Dâdes ;
il n’est pas franchissable en tous points, mais seulement en certains
endroits où il présente des gués ; à celui où je l’ai passé,
il avait 20 mètres de large sur 80 à 90 centimètres de profondeur ;
courant très rapide. Des qçars que j’ai rencontrés, deux ont
attiré mon attention : celui d’Aït Bou Ạmran (entre Azdag
et Taourirt), où se voit une belle qoubba, et celui d’Imzouṛ,
remarquable par l’étendue des cinq ou six groupes qui le forment
et par l’importance de sa population.

Au Mezgîṭa, dans le district d’Aït Seddrât, dans celui
d’Aït Iaḥia, les vêtements des Musulmans sont les suivants :
khenîfs, bernous de poil de chèvre bruns ou gris, ces derniers
rayés de fines bandes blanches et noires, ḥaïks blancs et bruns ;
tête nue ou ceinte, mais non couverte, de petits turbans blancs ou
noirs ; les femmes riches sont vêtues de khent, les pauvres de laine
blanche ou brune. Dans le Dâdes, les costumes des femmes restent
les mêmes ; ceux des hommes sont, soit le khenîf, soit un long
bernous de laine teinte, noir ou bleu foncé. Depuis Tazenakht, les
armes demeurent uniformes : long fusil à crosse étroite et poignard
recourbé. L’équipement offre une variation : à partir du district
d’Aït Seddrât (Dra), la corne à poudre disparaît et se remplace
par une petite gibecière de maroquin rouge couverte de broderies de
soie ; elle se suspend au côté gauche par une bretelle de cuir :
cet objet gracieux est d’un usage universel dans la région que
je traverse, depuis les Aït Seddrât du Dra jusqu’à Qçâbi
ech Cheurfa.

Il y avait aujourd’hui marché à Imzouṛ, près de Tiilit. J’en
ai profité pour faire chercher, parmi les Aït Seddrât qui s’y
trouvaient, un zeṭaṭ sûr, qui me menât au Todṛa. On en a
choisi un ; l’arrangement a été conclu avec lui ; il a été fait
en forme, devant le ṭaleb présent au marché : celui-ci a dressé un
acte en partie double constatant que le Seddrâti un tel s’engageait,
moyennant une somme de 15 francs, payable à l’arrivée, à me
conduire au Todṛa ; il serait responsable de tout dommage qui me
serait fait durant le trajet et, au cas où je ne parviendrais pas à
destination, devrait à la communauté juive de Tiilit une indemnité
de 5000 francs. Ces formalités sont employées dans diverses régions
du Sahara, surtout chez les Berâber et les Aït Seddrât ; dans
ces deux tribus, il est rare qu’un Israélite se mette en route
sans s’être, par un acte de ce genre, mis en sûreté contre son
zeṭaṭ. Cela ne se fait pas entre Musulmans. Cette différence
vient de ce que partout un homme serait déshonoré s’il avait
violé l’engagement pris avec un autre Mahométan, et profité
de sa confiance pour l’assassiner ; au contraire, dans certaines
tribus, comme celle où je suis, qu’un Musulman promette à un
Juif de l’escorter et de le protéger et que, chemin faisant, il
le pille et le tue, ce sera regardé comme une peccadille ou comme
un bon tour. Aussi prend-on des précautions spéciales.

                               24 avril.

Départ à 9 heures du matin. Je me mets en route avec mon zeṭaṭ
pour gagner le qçar qu’il habite. J’y passerai la nuit, et demain
matin on partira pour le Todṛa. Je remonte l’Ouad Dâdes, dont
les bords demeurent ce que je les ai vus : mêmes cultures, mêmes
cordons continus de qçars. La largeur de la vallée, qui jusqu’ici
n’avait pas varié d’une manière sensible, diminue peu à peu :
elle avait 1000 mètres à Tiilit ; elle en a 600 à Khemîs S. Bou
Iaḥia, 300 à Aït Iidir. A mesure qu’on avance, les arbres,
noyers et figuiers, augmentent. Les flancs subissent à Tiilit une
brusque transformation. Jusque-là c’étaient le Saṛro à gauche,
une plaine à droite ; aujourd’hui ce seront, durant toute la marche,
à droite des côtes assez hautes, à gauche une plaine dépassant
à peine le niveau de la vallée, la plaine d’Anbed.

A 1 heure, j’arrive à Aït Iidir, qçar du haut Dâdes, résidence
de mon zeṭaṭ. Je traverse là l’Ouad Dâdes ; il coule en deux
bras, l’un de 12 mètres, l’autre de 20 mètres, d’une profondeur
égale d’environ 60 centimètres ; courant très rapide.


[Note 93 : Le _taqqaïout_ se trouve en abondance dans plusieurs
oasis, et surtout dans celles des bassins du Dra et du Ziz. C’est
un arbre atteignant d’assez fortes dimensions et ayant, par son
feuillage et sa fleur, beaucoup d’analogie avec le tamarix ; le
fruit en sert à la teinture des belles peaux qu’on prépare si bien
dans le Sahara Marocain. J’ai toujours entendu appeler l’arbre,
comme le fruit, taqqaïout. D’après des renseignements que m’a
communiqués M. Pilard, ce serait un abus : selon lui, le vrai nom
de l’arbre est _ạbda_, et en quelques points _telaïa_ ; le fruit
seul s’appellerait _taqqaïout_, ou mieux _teggaout_.]

[Note 94 : Au pluriel, on dit _igedman_.]




                                  IX.

                     DU DADES A QÇABI ECH CHEURFA.


                    1o. — DU DADES AU QÇAR ES SOUQ.


                               25 avril.

[Illustration]

[Illustration]

Départ à 5 heures du matin. Mon Seddrâti, accompagné d’un
second fusil, m’escorte. J’abandonne l’Ouad Dâdes. Au-dessus
d’Aït Iidir, on en voit la vallée rester la même durant 4 ou 5
kilomètres, puis elle se resserre : la plaine qui s’étendait à sa
gauche finit, et est remplacée par un haut talus ; la rivière, sans
cesser d’être garnie de verdure, entre dans un défilé étroit
où on la perd de vue. Elle s’enfonce dans le Grand Atlas. Je
passe sur le plateau bas et uni qui la borde à l’est. J’aborde
un mouvement de terrain des plus remarquables : le plateau où je
m’engage est l’extrémité occidentale d’une immense plaine
qui, commençant à l’est de l’Ouad Ziz et même de l’Ouad
Gir, s’étend vers l’ouest jusqu’à l’Ouad Dâdes. Cette
grande dépression sépare le Grand et le Petit Atlas, et s’enfonce
entre les deux chaînes comme un golfe profond. Entré ici en cette
plaine, j’y demeurerai jusqu’au Ziz. Dans toute cette région,
elle se décompose en deux sections qu’on peut appeler supérieure
et inférieure : la première, où je suis en ce moment, que je
traverserai d’ici à Imiṭeṛ et du Ṛeris au Qçar es Souq, est
la partie primitive de la plaine ; elle s’étend le long du Grand
Atlas et a pour limites : au nord, cette chaîne ; à l’ouest,
l’Ouad Dâdes ; au sud, le Petit Atlas du Dâdes à Imiṭeṛ,
et au delà la section inférieure. Celle-ci, où j’entrerai à
Imiṭeṛ pour y rester jusqu’au Ṛeris, se trouve au pied du
Petit Atlas et est bornée : au sud, par cette chaîne ; à l’ouest
et au nord, par la section supérieure. La seconde portion est en
contre-bas de la première et séparée d’elle sur toute sa longueur
par un talus uniforme. Celui-ci est comme un degré placé entre les
deux étages de la plaine ; il est partout le même : la hauteur en
est d’environ 100 mètres ; il est composé de roche rose et a la
forme qu’indique la figure, à pic au sommet et en pente douce au
pied. La section inférieure a sans doute été creusée par les eaux
du Grand Atlas qui, se précipitant perpendiculairement de ses cimes
dans la plaine, se sont heurtées aux masses rocheuses du Saṛro, si
tourmentées sur ce versant, et se sont pratiqué cette excavation à
leur pied. C’est le long des premières pentes du Petit Atlas que
l’étage inférieur est le plus bas : là se déroulent les lits
des cours d’eau ; là coulent et l’Ouad Imiṭeṛ et l’Ouad
Todṛa. La ligne de thalweg entre le Grand et le Petit Atlas se
trouve donc dans la seconde partie. L’étage supérieur comme
l’étage inférieur présentent un sol uni, dur, souvent pierreux ;
aucun mouvement n’interrompt l’uniformité plate du premier,
si ce n’est des massifs rocheux au nord du Todṛa et une butte
près de Qçar es Souq, témoins isolés au milieu de la plaine. Dans
l’étage inférieur, comme s’il avait été moins complètement
balayé que l’autre, les témoins sont plus nombreux et s’élèvent
en masse plus compacte : ce sont d’abord le barrage qui se voit à
l’est de Timaṭṛeouin, puis le massif situé entre le Todṛa, le
Ṛeris et le Ferkla, enfin les collines isolées que je laisserai à
droite en allant du Todṛa au Ferkla ; ces divers groupes paraissent
d’altitude moindre que le talus qui sépare les deux étages.

Ma route d’aujourd’hui se divise en deux parties : l’une
dans la section supérieure de la plaine, d’Aït Iidir aux abords
d’Imiṭeṛ, l’autre dans la section inférieure, d’Imiṭeṛ
au Todṛa. Ces deux parties offrent une égale facilité ; dans
chacune on marche en terrain plat. Dans la première, je parcours une
plaine de plus de 15 kilomètres de large, sans une ondulation ; on
l’appelle Ouṭa Anbed ; elle est bornée : au sud, par le Saṛro,
longue ligne noire à reflets brillants ; au nord, par un talus brun
de hauteur médiocre, commençant à la gorge où s’enfonce l’Ouad
Dâdes en amont d’Aït Iidir ; à l’ouest, par la vallée de cette
rivière ; vers l’est, rien ne limite l’horizon : tant qu’on
marche dans la plaine, on ne voit qu’elle devant soi. On en sort
sans s’en apercevoir, en s’engageant dans le lit d’une rivière
dont les berges rocheuses, basses d’abord, vont en s’élevant et
finissent par devenir les flancs d’un ravin. C’est un court passage
d’où on débouche, à Imiṭeṛ, dans une nouvelle plaine, la
seconde section, l’étage inférieur. Le sol de l’Ouṭa Anbed
est uni comme une glace ; c’est un terrain sablonneux et dur,
semé de petites pierres ; il est aux deux tiers nu ; un tiers est
couvert de menus herbages. De rares ruisseaux le sillonnent, leurs
lits desséchés et bordés de grands genêts blancs. Imiṭeṛ est
un groupe de quatre qçars appartenant aux Berâber. Il se trouve à
la bouche d’une vallée étroite, dont les flancs sont des talus
de roche rose de 100 mètres de haut, raides, sans végétation,
semblables à ceux qui bordent le ravin que je viens de descendre. La
rivière qui en sort, l’Ouad Imiṭeṛ, débouche ici dans la
plaine inférieure, où elle s’unit au cours d’eau que j’ai
suivi. Les qçars d’Imiṭeṛ sont construits avec élégance,
comme ceux du Dra. Quelques cultures d’orge et de blé les entourent,
avec des figuiers et des trembles.

A Imiṭeṛ commencent la seconde portion de ma route et le second
étage de la plaine ; celui-ci est une longue surface plate gardant
d’ici, son origine, jusqu’au Todṛa, où il est coupé par la
bande de palmiers de l’oasis, une largeur moyenne de 3 kilomètres ;
après le Todṛa, il s’élargit par degrés et atteint 18
kilomètres entre le Ferkla et le Ṛeris ; au delà de ces points,
je le verrai s’étendre à perte de vue vers l’est, avec une
largeur qui paraîtra augmenter encore : sur toute son étendue il
reste le même, borné au nord par le talus uniforme de roche rose qui
le sépare de l’étage supérieur, au sud par une ligne de hauteurs
noires et rocheuses, premières pentes du Saṛro. D’Imiṭeṛ
au Todṛa, le sol est uni ; il consiste en un sable rose semé de
pierres, rares au début, plus nombreuses à mesure qu’on avance vers
l’est. On ne voit presque pas de végétation : à peine un peu de
thym et de mousse[95]. Un seul accident de terrain coupe la monotonie
de la plaine : une ligne de collines de 50 à 60 mètres de hauteur la
barre vers Timaṭṛeouin, formant une digue sur toute sa largeur ;
ces collines sont en pente douce ; le chemin qui les franchit n’offre
aucune difficulté. Le col où on les passe, Foum el Qous n Tazoult,
est un point important : il forme limite entre les Aït Melṛad et
les autres fractions des Aït Iafelman ; le sol en est intéressant :
composé moitié de roche rose, moitié de roche noire, il réunit les
éléments du Grand et du Petit Atlas. Après l’avoir traversé,
je me retrouve sur la plaine : dans le lointain apparaissent les
palmiers du Todṛa, comme une ligne noire. Je les atteins à 4 heures
du soir. A 4 heures et demie, je fais halte dans le qçar de Taourirt.

L’oasis du Todṛa se compose uniquement des rives de l’Ouad
Todṛa ; c’est un long ruban, dont la largeur varie de 800 à
2000 mètres, couvert de plantations au milieu desquelles serpente la
rivière. Elle est ombragée sur toute son étendue d’une multitude
de palmiers auxquels se mêlent, surtout dans la partie nord et aux
environs immédiats des qçars, des grenadiers, des figuiers et des
oliviers, mi-cachés sous les rameaux grimpants de la vigne et des
rosiers. Tel je vois le Todṛa, telles seront les oasis du Ferkla,
du Ṛeris, du Qçar es Souq, minces serpents noirs s’allongeant
dans la plaine.

Durant la route d’aujourd’hui, je n’ai cessé de voir dans le
lointain, vers le nord, au delà des hauteurs peu élevées bordant
l’Ouṭa Anbed et du talus limitant l’étage inférieur, de
hautes montagnes brunes avec des taches de neige sur leur faîte :
ce n’étaient pas les crêtes supérieures du Grand Atlas, mais
d’importants échelons de la chaîne. Comme rivières, j’ai
rencontré l’Ouad Imiṭeṛ (100 mètres de large ; lit moitié
sable, moitié gravier ; à sec ; berges de sable de 2 mètres de haut)
et l’Ouad Todṛa (20 mètres de large, dont 15 remplis d’eau
courante ; fond de gravier ; point de berges ; l’Ouad Todṛa a une
eau limpide et agréable au goût ; son lit n’en manque jamais ;
un grand nombre de canaux en dérivent, donnant en tout temps un
arrosage abondant aux plantations qui le bordent. Pendant la partie
de son cours où il traverse l’étage inférieur de la plaine,
il coule au milieu d’une tranchée d’environ 1000 mètres de
large, séparée du terrain voisin par des talus escarpés de 8
ou 10 mètres. Le fond de la tranchée, de sable, est couvert de
cultures et de palmiers : c’est le cœur de l’oasis ; la plupart
du temps, dattiers et champs débordent un peu des deux côtés de
l’encaissement ; jamais ils n’en dépassent beaucoup les bords ;
par endroits, ils s’y arrêtent. Je verrai plus loin l’Ouad Ziz
couler à Qçar es Souq dans une excavation semblable. Dans la partie
où il traverse l’étage supérieur, l’Ouad Todṛa s’y creuse
une vallée à pentes douces ayant au fond 1200 à 1500 mètres
de large). Entre Imiṭeṛ et le Todṛa, j’ai vu deux lieux
habités, deux petits qçars, l’un auprès duquel je suis passé,
l’autre aperçu de loin. Le premier, Timaṭṛeouin Ignaouen,
appartient aux Berâber (les Ignaouen sont une subdivision des Aït
Atta) ; il est bordé de jardins et de cultures semblables à ceux
d’Imiṭeṛ ; comme là, il n’y a pas un palmier ; un canal
descendant des premières pentes du Grand Atlas y apporte une eau
courante et limpide. Le second est Qcîba Aït Moulei Ḥamed. Il
fait partie d’un groupe de trois qçars situés sur les bords de
l’Ouad Imiṭeṛ, non loin de son confluent avec l’Ouad Todṛa ;
tous trois sont entourés de dattiers. A l’exception des travailleurs
dispersés dans les plantations d’Imiṭeṛ et de Timaṭṛeouin,
je n’ai rencontré personne sur la route.

                            26 et 27 avril.

Séjour à Taourirt. L’oasis du Todṛa, une de sa nature, se
divise au point de vue politique en deux portions : la première,
le Todṛa proprement dit, se compose de la partie haute ; elle est
habitée par des Chellaḥa indépendants ; la seconde, qui est située
au-dessous d’elle et n’en est séparée par rien d’apparent,
appartient aux Berâber ; ils y sont mêlés ; plusieurs fractions se
la partagent. Dans tout le Todṛa, chaque localité est indépendante
de ses voisines. L’oasis est fort peuplée ; elle comprend 50
à 60 qçars, échelonnés les uns contre les autres le long des
plantations. La plupart sont construits en des points élevés :
ceux de l’étage inférieur de la plaine, au bord de la tranchée
que s’y est creusée l’Ouad Todṛa, les autres au pied des flancs
de sa vallée, comme Tiidrin et Tiṛremt, ou sur des buttes isolées
près de ses rives, comme Taourirt et Aït Ourjedal. Cette disposition,
que j’ai trouvée dans le Dra et le Dâdes, se prend ici pour les
mêmes motifs qu’en ces régions ; il s’en ajoute un de plus : la
nécessité d’avoir une position aisée à défendre. Les guerres,
fréquentes ailleurs, sont continuelles au Todṛa ; aussi point
de précaution qu’on ne prenne : chaque localité est resserrée
dans un étroit mur d’enceinte : de toutes parts se dressent des
ageddims. Durant le temps que j’ai passé à Taourirt, ce qçar
était en guerre avec son voisin, Aït Ourjedal ; chaque jour on se
tirait des coups de fusil ; les fenêtres, les lucarnes des maisons
étaient bouchées ; on n’osait monter sur les terrasses de crainte
de servir de point de mire : les deux localités sont si proches que,
malgré le peu de portée des armes, on s’atteignait de l’une à
l’autre. On ne se contente pas toujours de tirailler à distance ;
il n’est pas rare de voir les habitants d’un qçar en assiéger
un autre, le prendre d’assaut et le piller.

[Illustration : Ouad Todra et qçar de Tiidrin. (Vue prise de
Taourirt.)

Croquis de l’auteur.]

La langue du Todṛa est le tamaziṛt ; beaucoup d’hommes savent
l’arabe. Les Musulmans sont habillés de ḥaïks et de bernous de
laine blanche, rarement de kheidous ; ils ont d’ordinaire la tête
nue ; quelquefois ils la ceignent, sans la couvrir, d’un petit
turban blanc. L’armement reste jusqu’au Ziz ce qu’il était au
Dâdes. Le vêtement des femmes demeure le même ; à partir d’ici,
il sera toujours de laine ou de cotonnade blanche : plus de khent. Pas
de Ḥaraṭîn.

[Illustration : Coiffure d’une Juive du Todra.

Croquis de l’auteur.]

                               28 avril.

Du Todṛa au bassin de la Mlouïa, je serai en plein pays des
Berâber. D’ici à l’Ouad Ziz, la région à traverser est une
vaste plaine déserte semée d’oasis. Elle est sans cesse parcourue
par plusieurs fractions des Berâber, surtout par les Aït Melṛad
et les Aït Atta. Comme la mésintelligence règne en ce moment entre
Aït Melṛad et Aït Atta d’une part, et de l’autre entre les
deux grandes branches des Aït Atta, les Aït Zemroui et les Aït
Ḥachchou, il me faudra trois zeṭaṭs d’ici à Qçar es Souq :
un des Aït Melṛad et deux des Aït Atta. Je me suis, pendant mon
séjour à Taourirt, assuré de ceux qui me conduiront au Ferkla. Ils
doivent me prendre aujourd’hui ; on passera la nuit au qçar de
l’un d’eux, dans le bas Todṛa : demain matin on partira pour
le Ferkla, en se joignant à la caravane qui y va tous les mardis.

Départ de Taourirt à 4 heures du soir. Arrivée à Tadafals, mon
gîte, à 7 heures. Je n’ai fait que longer la lisière de l’oasis,
cheminant tout le temps dans l’étage inférieur de la plaine ;
il ne cesse pas d’être uni ; le sol y est sablonneux en restant
dur. A hauteur des dernières localités du Todṛa, commence sur la
rive gauche de la rivière et assez loin d’elle un massif isolé
de collines basses que je côtoierai pendant la marche de demain. A
Aït Mḥammed finit l’excavation dans laquelle coulait l’Ouad
Todṛa. A partir de là, le lit est au niveau de la plaine. Chemin
faisant, j’ai traversé l’Ouad Imiṭeṛ (60 mètres de large ;
lit de sable ; à sec) ; au point où je l’ai passé, une digue en
maçonnerie barrait le cours de la rivière ; c’est l’ouvrage de
ce genre le mieux construit que j’aie vu au Maroc.

                               29 avril.

Départ à 6 heures du matin. Bientôt qçars et palmiers disparaissent
sur les rives de l’Ouad Todṛa. Le lit s’en dessèche, et je suis
dans le désert. Je chemine dans la plaine où je me trouvais hier,
marchant entre l’Ouad Todṛa et le massif qui s’élève à sa
gauche ; le sol est de sable blanc, pur auprès de la rivière,
semé de petits cailloux noirs aux abords des collines ; au pied
de celles-ci, la terre en est couverte comme d’une écaille. Peu
de végétation : dans les régions pierreuses, quelques touffes
de thym ; dans le sable, qui occupe la portion la plus grande, un
peu de melbina et de jujubiers sauvages. Je vois au sud, bornant
la plaine, les premières pentes du Petit Atlas portant encore le
nom de Saṛro, ligne sombre de hauteurs tourmentées, aux flancs de
roche noire et luisante, avec de minces filets de neige apparaissant
çà et là sur les crêtes. Vers le nord, une partie de l’étage
inférieur et le talus rose qui le borde sont masqués pendant une
portion du trajet par les collines dont je suis le pied : celles-ci
forment un massif gris, aux flancs rocheux et nus, aux côtes douces,
élevé de 30 à 40 mètres ; il s’élève isolé dans la plaine,
occupant la partie centrale du triangle dont le Todṛa, le Ferkla
et le Ṛeris sont les sommets. Au delà de sa ligne mince, apparaît
dans le lointain une longue chaîne de hautes montagnes brunes : les
premiers échelons du Grand Atlas. Tel est ici l’étage inférieur
de la plaine, où je marche jusqu’au Ferkla. A 1 heure, j’atteins
les premiers palmiers de l’oasis ; à 1 heure 20 m., je m’arrête
au qçar d’Asrir. Depuis 9 heures du matin, on se croyait sans
cesse au point d’arriver, trompé qu’on était par de continuels
effets de mirage. C’était la première fois que j’apercevais ce
phénomène au Maroc : il se représenta le lendemain durant presque
tout le trajet du Ferkla au Ṛeris. Depuis je ne le vis plus.

Je marchais aujourd’hui avec une nombreuse caravane, au milieu de
laquelle me protégeaient trois zeṭaṭs ; elle se composait de 100
à 150 personnes, moitié Aït Atta, moitié Aït Melṛad. Il y avait
dans le nombre 60 à 70 fusils, sans un cavalier. Tout ce monde venait
du Souq et Tenîn du Todṛa et se rendait au Ferkla. Les bêtes de
somme, ânes et mulets, étaient 120 ou 150 ; les mulets sont très
communs dans le pays. Je n’ai point aperçu d’autres voyageurs que
nous sur la route. L’Ouad Todṛa, que j’ai traversé ce matin au
sortir de l’oasis, y avait 60 mètres de large ; il était à sec ;
le lit en était formé de gros galets et sans berges. Il reste tel
jusqu’au Ferkla, toujours desséché et au niveau du sol : point de
trace de végétation ni dans son lit ni sur ses rives ; rien qui de
loin en dessine le cours à la surface blanche de la plaine. Le Ferkla
est en tout semblable au Todṛa : c’est une bande de palmiers large
de 1000 à 2000 mètres ; au milieu se déroule l’Ouad Todṛa, dont
le lit s’emplit de nouveau d’une eau abondante et limpide. Il coule
à fleur de terre ; l’oasis entière est au niveau de la plaine. Le
Ferkla est moins grand que le Todṛa : sa longueur est moindre ; ses
localités et ses habitants sont en nombre plus faible. Il appartient
en partie aux Aït Melṛad, en partie à des Chellaḥa isolés :
leurs qçars sont mélangés ; chacun de ceux-ci est indépendant,
aussi bien ceux des Chellaḥa que ceux des Berâber. Par une exception
unique, les Chellaḥa du Todṛa, du Ferkla et une partie de ceux
du Ṛeris gardent une liberté absolue auprès de leurs puissants
voisins : ils n’ont pas sur eux la moindre debiḥa. A quoi faut-il
l’attribuer ? Sans doute à leur cohésion lorsqu’il s’agit de
défendre la liberté commune, et à leur caractère belliqueux. A ce
propos, il faut remarquer qu’il ne se trouve pas un seul Ḥarṭâni
parmi eux. J’ai cessé de voir des Ḥaraṭîn dès que j’ai
quitté l’Ouad Dâdes : dorénavant je n’en rencontrerai plus. Au
Ferkla comme au Todṛa, je trouve les élégantes constructions du
Dra. Les productions du sol sont les mêmes ici qu’au Todṛa, avec
cette différence qu’en arbres il n’y a guère que des dattiers ;
les autres essences sont rares : on voit quelques troncs de figuiers,
de grenadiers, de pêchers, d’oliviers, et de la vigne, mais en
petite quantité ; au contraire, les palmiers sont nombreux et beaux :
ils sont plantés serrés et forment une forêt touffue. A leur ombre,
entre leurs pieds, se pressent des cultures arrosées de canaux.

                               30 avril.

Aujourd’hui je vais au Ṛeris, autre oasis analogue à
celle-ci. Départ à 8 heures du matin. J’ai mon escorte obligatoire
de trois Berâber ; je marche avec une caravane d’une vingtaine
de personnes dont la moitié est armée. Le massif de collines que
j’ai eu à main gauche durant la marche d’hier expire entre
le Ferkla et le Ṛeris : on en distingue les dernières côtes à
l’ouest du chemin. Vers le nord s’aperçoit, à grande distance,
une haute chaîne brune, aux nombreuses découpures, entre lesquelles
brillent des croupes plus éloignées couvertes de neige : le Grand
Atlas. L’étage inférieur de la plaine apparaît ici dans toute
son étendue : il s’étale entre le Petit Atlas et le talus
de roche rose au pied duquel est le Ṛeris ; plus un mouvement
n’en plisse l’immensité plate qu’on voit s’allonger
vers l’est à l’infini, toujours la même, aussi loin que la
vue peut porter. C’est une surface nue et blanche se déroulant
jusqu’à l’horizon. Là coulent les ouads Todṛa et Ṛeris ;
là est leur confluent : dans l’éblouissante blancheur de la
plaine, leurs lits desséchés et sans verdure ne se distinguent
pas. Seules, paraissent quelques lointaines oasis, points noirs se
reflétant dans les étangs et les longs lacs bleus que fait briller
le mirage. Du Ferkla au Ṛeris, le sol est de sable dur semé çà
et là de cailloux noirs : comme seule végétation, la mousse des
ḥamadas, excepté en quelques points où le sable forme des dunes
de 50 centimètres de haut, et où poussent des touffes de drin.

A 1 heure et demie, j’arrive au Ṛeris. Cette oasis est, en forme
et en productions, semblable au Todṛa et au Ferkla, au Todṛa
surtout, auquel elle est en quelque sorte symétrique. Comme lui,
elle est située au point où le cours d’eau qui la féconde sort du
talus rocheux et débouche de l’étage supérieur dans le second ;
comme lui, elle se trouve partie en deçà du talus, resserrée au
fond d’une vallée, partie au delà, en plaine. C’est une bande de
palmiers ombrageant des cultures au milieu desquelles coule l’ouad
et s’élèvent de nombreux qçars. Les constructions sont faites à
la façon de celles du Dra. Peut-être ont-elles moins de moulures
sur les murs ; en revanche la plupart des localités possèdent des
enceintes élevées et, auprès des portes, des tours d’une grande
hauteur, telles que je n’en ai vu nulle part ailleurs. Comme au
Ferkla, les palmiers forment une forêt épaisse et ont entre eux
peu d’arbres d’essence différente. L’Ouad Ṛeris est de la
force de l’Ouad Todṛa : il a 30 mètres de large, dont 12 remplis
d’eau claire et courante de 60 centimètres de profondeur. Le lit est
moitié sable, moitié gravier ; il a des berges de sable de 2 mètres
de haut. Pendant le trajet d’aujourd’hui, je n’ai rencontré
personne. J’ai passé à proximité de deux lieux habités : Zaouïa
Sidi El Houari, groupe de quelques maisons entouré de grands jardins
d’oliviers et de grenadiers, sans un palmier ; El Mkhater, petit
qçar avec dattiers.

En ce moment, le Ṛeris est fort agité. On s’attend à ce que
les Aït Atta et les Aït Melṛad en viennent aux mains bientôt
dans ces parages : chaque qçar se tient sur ses gardes ; chacun a
des veilleurs sur ses tours, pour guetter et donner l’alarme en cas
de surprise. Nous avons dit qu’Aït Atta et Aït Melṛad étaient
en mauvaise intelligence. Au printemps dernier (1883), ils se sont
livré une grande bataille non loin d’ici, auprès de Tilouin,
petite oasis isolée à l’est du Ferkla. Les Aït Atta étaient au
nombre de 8000 fantassins et 600 chevaux ; les Aït Melṛad comptaient
12000 hommes de pied et 700 cavaliers. Les Aït Atta furent vaincus ;
1600 périrent : la perte des Aït Melṛad fut de 400 hommes[96]. Le
combat n’avait duré qu’une matinée. Cette sanglante rencontre
fut suivie d’une trêve d’une année : il fut convenu qu’on
se mesurerait de nouveau au printemps suivant. On s’attend chaque
jour à voir commencer les hostilités. Le principal théâtre de la
lutte sera sans doute le Ṛeris. Les Aït Atta enlevèrent, il y a
une trentaine d’années, aux Aït Melṛad une partie des qçars
qu’ils possédaient dans cette oasis, entre autres Gelmima, l’un
des principaux de la contrée. Les Aït Melṛad vont, pense-t-on,
essayer de reprendre ce dernier.

Ce n’est pas sans raison qu’on considère la reprise de la guerre
comme imminente. J’apprendrai demain, en arrivant à Qçar es Souq,
qu’aujourd’hui même les Aït Atta ont pillé une caravane d’Aït
Melṛad : c’est le début des hostilités.

                                1er mai.

Départ de Gelmima à 4 heures du matin. Je vais au Qçar es Souq,
petit district sur l’Ouad Ziz. Point de caravane : je pars avec mes
trois Berâber. On commence par longer le pied du talus de roche rose
qui sépare les deux étages de la plaine. A sa base, le sable devient
rose et se sème de pierres ; presque point de végétation : quelques
touffes de melbina et de mousse du ḥamada. Vers 7 heures et demie,
je cesse de suivre le talus et je le gravis. Arrivé à sa crête,
je me trouve au bord d’un plateau ; il s’étend à perte de vue à
l’est et à l’ouest ; il est borné au sud par le talus que j’ai
monté ; au nord, par un premier échelon du Grand Atlas qui se dresse
comme une muraille à 20 kilomètres de moi : c’est la première
section de la plaine, l’étage supérieur. A mes pieds s’étend
la partie inférieure, que je viens de quitter : immense étendue
blanche où paraissent, comme deux points, les oasis de Tilouin et
de Mekhtara Aït Abbou ; elle se prolonge toujours la même, bordée
par la ligne sombre du Saṛro, aussi loin que porte la vue. A la
surface de la section où je suis, s’aperçoit vers le nord-ouest
un tronçon de ligne verte, portion des palmiers de Taderoucht ; ils
apparaissent par une légère dépression de la plaine. D’un autre
côté, au nord-est, se voit un mamelon rougeâtre dressant sa tête
isolée au milieu du désert. Il se trouve dans la direction du Qçar
es Souq : je marche droit sur lui. Le sol de cet étage supérieur
est mi-pierreux, mi-rocheux sur les bords ; il devient sablonneux
à mesure qu’on se rapproche du milieu : dans cette partie il y a
parfois de petites dunes de 1 à 2 mètres de haut. La végétation
se compose, dans le sable, d’un peu de thym, de mousse du ḥamada,
de rares jujubiers sauvages. Les parties pierreuses sont plus nues :
à peine y voit-on quelques touffes de mousse. Le terrain est uni ;
on n’y distingue pas d’autre accident que la butte isolée qui me
sert de signal ; elle est peu élevée : je passerai à son pied à
2 heures ; elle me semblera avoir 60 ou 80 mètres de haut. C’est
un mamelon de roche rouge, escarpé. Les eaux de cette partie de la
plaine vont d’une part à l’Ouad Ziz, de l’autre à l’Ouad
Ṛeris. Cela donne naissance à la dépression par laquelle j’ai
aperçu une parcelle du Taderoucht.

A 3 heures et demie, l’Ouad Ziz apparaît. Il est à quelque
distance. C’est une ligne noire sortant du flanc de l’Atlas et
s’allongeant à perte de vue dans la plaine. Aucun mouvement ne
borne l’horizon, ni à l’est, ni à l’ouest, ni au sud : on
ne voit en ces trois directions qu’une surface plate et blanche
s’étendant à l’infini ; au milieu serpente la longue file des
palmiers de l’Ouad Ziz, sans que la ligne s’en interrompe depuis
le point où ils débouchent de la montagne jusqu’à celui où on
les perd des yeux aux limites de l’horizon. Les districts qui se
succèdent sur les bords du Ziz sont, comme ceux du Dra, un ruban
étroit se déroulant au milieu du désert : comme eux, bien que
portant des noms divers, Qçar es Souq, Metṛara, Reteb, Tizimi,
Tafilelt, ils forment une seule oasis, bande de dattiers bordant sans
interruption le fleuve, depuis le qçar le plus haut du Qçar es Souq
jusqu’à la localité la plus basse du Tafilelt.

A 4 heures et demie, je parviens au Qçar es Souq. Je m’arrête au
mellaḥ. Je n’ai rencontré personne durant ma route. J’ai passé
près d’un endroit habité, le petit qçar de Tarza, appartenant
aux Aït Izdeg. Deux cours d’eau se réunissent au-dessus de lui et
se dirigent vers le sud en creusant dans la plaine une vallée de 500
mètres de large : le qçar se trouve au fond de celle-ci, entouré de
champs, d’oliviers et de figuiers ; point de palmiers. Le principal
des deux cours d’eau, l’Ouad Tarza, a 50 mètres de large ;
le lit, moitié sable, moitié gravier, en est à sec.

Le Qçar es Souq est un district situé sur les bords du Ziz :
c’est l’un des plus petits de son cours et le premier après sa
sortie du Grand Atlas ; il commence au point où le fleuve débouche
de la montagne. La vallée du Ziz y offre une bande de palmiers
large de 500 à 1500 mètres, au milieu de laquelle coule le fleuve
et s’élèvent des qçars. Les constructions sont en pisé ; les
tiṛremts, nombreuses, sont moins ornées que dans le Dra. D’ici
à Foum Ṛiour, où l’Ouad Ziz sort de l’Atlas, le cours d’eau
et la majeure partie des dattiers sont encaissés dans une tranchée
profonde de plusieurs mètres, pareille à celle où coule quelque
temps l’Ouad Todṛa ; le fond en est de sable, les parois de roche :
en dehors sont le reste des palmiers et la plupart des qçars. L’Ouad
Ziz a ici 40 mètres de large, 80 centimètres de profondeur, une
eau verte au courant impétueux ; il a de nombreux rapides et ne se
traverse qu’à des gués déterminés ; lit tantôt de gravier,
tantôt de sable, sans berges.

Le costume et les armes sont les mêmes, à peu de chose près, que
dans les oasis précédentes. Le gracieux sac à poudre de filali
brodé de soie se porte toujours. La seule modification est dans la
coiffure : on garde le dessus de la tête nu ; l’étroite bande
de coton blanc dont on se ceignait le front au Dâdes, au Todṛa et
au Ṛeris se remplace par quelques tours de fil de poil de chameau
ou de cordelette de soie ; celle-ci est d’ordinaire rose et de 7
à 8 millimètres de diamètre. Il est de mode d’avoir un anneau
d’argent à l’oreille gauche. Peu de kheidous : on ne s’habille
que de blanc ; les bernous, de laine ou de coton, sont fréquemment
ornés de broderies de soie aux couleurs vives. Costume et armement
resteront les mêmes d’ici à Qçâbi ech Cheurfa.


               2o. — DU QÇAR ES SOUQ A QÇABI ECH CHEURFA.


                                 2 mai.

Le Qçar es Souq, le Tiallalin, tous les pays que je traverserai
d’ici au col de Telṛemt, faîte du Grand Atlas, appartiennent
à un même rameau des Berâber, les Aït Izdeg. Je prends trois
fusils de cette fraction pour m’escorter jusqu’au Tiallalin,
mon gîte de ce soir. Ce district, situé sur le Ziz, se trouve
de l’autre côté de l’épaisse chaîne rocheuse au pied de
laquelle est le Qçar es Souq. Deux chemins y mènent : l’un longe
le cours du fleuve, au fond d’une gorge profonde, l’autre laisse
l’ouad de côté et gravit les crêtes de la montagne. Ce dernier
est plein de difficultés : on le prend en cas de nécessité absolue,
lorsque l’Ouad Ziz, que la première route traverse plusieurs fois,
se trouve infranchissable. Bien que je sois à l’époque de la crue
du fleuve, et que des pluies récentes en aient gonflé les eaux et
rendu le passage difficile, je prendrai la première voie. Au sortir
du Qçar es Souq, j’entre dans la montagne. Celle-ci est une large
chaîne de roche nue ; elle semble former une succession de murailles
à pic et de talus, séparés par des côtes plus ou moins raides,
tantôt rocheuses, tantôt pierreuses. Le massif est presque en entier
de couleur rouge vif : aux abords du Tiallalin, les flancs changent de
ton et deviennent d’un gris bleuâtre. L’Ouad Ziz traverse cette
chaîne par une longue gorge aux parois escarpées, qui se changent
parfois en murailles verticales ; le fond a par endroits 300 ou 400
mètres de large, souvent 50 ou 60. Il est sablonneux, couvert de
cultures et jalonné de qçars sur presque toute sa longueur ; la
partie supérieure seule, celle qui touche à la plaine du Tiallalin,
est rocheuse, nue et déserte. L’autre forme un district séparé, El
Kheneg. Des dattiers ne cessent d’ombrager les cultures depuis Qçar
es Souq jusqu’au qçar de Tamerrâkecht. Là ils disparaissent : je
n’en verrai plus d’ici à la fin de mon voyage. Dans ce défilé,
le chemin est difficile, à cause de la quantité de fois qu’il
faut traverser l’Ouad Ziz : quoique j’aie fait un détour dans la
montagne pour diminuer le nombre de ces passages, je l’ai franchi
à six reprises ; la plupart des gués avaient environ 25 mètres de
large et 80 centimètres de profondeur ; la rapidité très grande
du courant rendait longue chacune des traversées. Parti de Qçar es
Souq à 7 heures du matin, je n’arrive qu’à 3 heures et demie
à l’extrémité nord du défilé. Là je me trouve en face d’une
plaine où je m’engage : la plaine du Tiallalin. Elle est bornée :
au sud, par la chaîne de laquelle je sors ; au nord par une autre
chaîne nue et rocheuse, parallèle à celle-ci ; à l’ouest, par un
demi-cercle de hautes montagnes, un peu plus élevées que celles que
je viens de traverser, et dont le pied, à sa plus grande distance,
peut être à 12 ou 15 kilomètres. Vers l’est, la plaine s’étend
jusqu’aux limites de l’horizon. Cette étendue est nue et plate ;
le sol en est pierreux, avec quelques parties rocheuses et d’autres
sablonneuses. L’Ouad Ziz la traverse dans sa largeur ; les deux
rives du fleuve sont bordées d’un ruban continu de cultures et de
villages qui se prolongent par delà la plaine, derrière la chaîne
qui la limite au nord. C’est le Tiallalin.

[Illustration : Portion méridionale du Tiallalin. (Vue prise de
Kerrando.)

Croquis de l’auteur.]

Le Tiallalin a, comme végétation, l’aspect du bas Dâdes : mêmes
cultures tristes, même apparence morne, même absence d’arbres. Les
champs, répartis sur les deux bords de l’Ouad Ziz, forment une
bande non interrompue d’une extrémité à l’autre du district ;
la bande est de largeur inégale, tantôt elle a 2000 mètres,
tantôt à peine 1000. Si par la pauvreté de la végétation le
Tiallalin rappelle le Dâdes, il ne lui ressemble en rien en ce
qui concerne les qçars. Depuis que j’ai quitté le bassin du
Dra, l’architecture va en déclinant : jusqu’au Qçar es Souq
inclus, elle avait gardé de l’élégance ; il n’y en a plus au
Tiallalin : les bâtiments y sont de pisé sans ornement ; il existe
des tiṛremts ; mais leurs quatre murs flanqués de tours sont d’une
simplicité absolue : ni découpures, ni moulures. Les ageddims ont
disparu avec les derniers palmiers du Ṛeris. Les constructions,
d’ici à Oudjda, rappelleront celles du Tâdla, des Aït Ạtab,
des Entifa. Au Tiallalin, elles sont non seulement moins élégantes
qu’au Dâdes, mais aussi moins nombreuses ; elles forment une série
de villages peu espacés, et non cette suite continue d’habitations
qui donne au Dâdes un aspect si particulier.

Je suis entré dans le Tiallalin à 4 heures ; je m’y arrête
à 5 heures à Qcîba el Ihoud, petit village situé presque à
l’extrémité de la plaine.

                              3 et 4 mai.

Séjour au Tiallalin. Une pluie continuelle, bénie par les habitants,
peu agréable à un voyageur, m’y retient deux jours.

                                 5 mai.

[Illustration : Vallée de l’Ouad Ziz et qçar d’Aït Khozman. (Vue
prise de Kerrando.)

Croquis de l’auteur.]

Départ à 8 heures du matin. Bientôt je suis hors de la
plaine. L’Ouad Ziz y entre par un kheneg d’environ 100 mètres de
large, entre le Djebel Bou Qandil, haute montagne brune aux côtes
raides, à l’est, et le Djebel Gers, longue chaîne de roche
jaune, à l’ouest. Cette dernière est en pente faible pendant
1 à 2 kilomètres, puis s’élève à son tour ; elle forme le
flanc droit d’une vallée où coule l’Ouad Ziz avant de passer
dans la plaine. Le flanc gauche en est un talus à crête uniforme,
en rampe douce au pied, se terminant au sommet par une muraille à
pic ; il n’est que roche et pierres sans végétation. Le fond,
que je remonte, a un sol terreux ; la largeur moyenne en est de 1500
mètres. Il est occupé par les cultures et les villages du Tiallalin
et du Gers ; les deux districts s’y succèdent sans intervalle :
ils s’étendent sur toute la longueur de la vallée, mais n’en
embrassent pas toute la largeur, n’occupant jamais qu’une des
rives du fleuve, l’autre restant inculte et déserte. Je traverse
une dernière fois l’Ouad Ziz : au gué, il forme deux bras,
de 50 mètres de large chacun ; la profondeur du premier est de 80
centimètres, celle du second de 50 centimètres ; les eaux coulent
sur un lit de gravier, sans berges ; le courant est très rapide. Dans
le lointain, apparaît la cime blanche du Djebel el Ạïachi. Elle ne
cessera de briller à mes yeux d’ici à Qçâbi ech Cheurfa, et de
là jusqu’à Misour. Vers 11 heures, je me trouve à l’extrémité
de la vallée : le flanc gauche s’abaisse tout à coup, et fait
place à une plaine bornée, au nord, par une chaîne rocheuse et
rouge qui s’élève à plusieurs kilomètres d’ici ; au sud,
par le prolongement du Djebel Gers ; vers l’ouest et le nord-ouest,
elle s’étend à une grande distance et est limitée par de hautes
montagnes très éloignées : de là vient l’Ouad Ziz : on distingue
au loin à la surface blanche de la plaine les taches noires des
jardins qui en marquent le cours. Pour moi, je l’abandonne et
marche droit au nord, vers la chaîne qui se dresse de ce côté ;
jusque-là, sol pierreux, plat, sans végétation. A 1 heure moins
un quart, j’arrive au pied du massif ; je le gravis : une montée
d’une heure, par un ravin nu et rocheux, me conduit à un col. Là
commence un plateau accidenté, au sol terreux, couvert de _geddim_
(sorte d’ḥalfa) et de thym. Je le traverse ; au bout de quelque
temps, j’atteins une crête : c’est l’extrémité nord du
plateau. Devant moi s’étend une côte peu rapide, garnie de geddim,
et au delà une longue plaine orientée comme celle du Tiallalin, de
l’ouest-sud-ouest à l’est-nord-est. Elle est limitée : au sud,
par le massif que je finis de franchir ; au nord, par le Djebel el
Ạbbarat, haute chaîne de roche rouge, et, en avant de lui, par un
massif de collines grises de 40 à 50 mètres de hauteur, qui s’y
adosse, tout en en étant distinct ; à l’ouest, par un demi-cercle
de montagnes assez élevées. Vers l’est, elle s’étend à perte
de vue. L’Ouad Nezala la traverse dans sa largeur ; trois hameaux
isolés apparaissent avec leur maigre verdure au milieu de sa surface
déserte. Bientôt je suis dans la plaine ; le sol, sablonneux, est
couvert d’herbages où le genêt domine. Je gagne l’Ouad Nezala,
que je suivrai jusqu’au col de Telṛemt, faîte du Grand Atlas. Au
bout de la plaine, j’entre dans le massif de collines qui précède
le Djebel el Ạbbarat. L’Ouad Nezala s’y creuse une vallée
de 100 mètres de large ; les flancs, terre avec quelques pierres,
sont couverts de geddim. A 4 heures, je suis au point où finit ce
massif et où sortent de terre les parois escarpées du Djebel el
Ạbbarat. A droite, à gauche, sont des cols entre les coteaux et
la montagne. En avant, s’ouvre dans le flanc de cette dernière
une brèche étroite, Kheneg el Ạbbarat, phénomène des plus
curieux. La chaîne où elle est percée est une digue de plus de 200
mètres d’élévation, à crête rocheuse et à base pierreuse ;
les crêtes vont en s’abaissant près du kheneg : elles diminuent
d’une manière rapide et régulière, en décrivant un demi-cercle ;
la crête supérieure elle-même semble le décrire, de façon qu’au
fond du kheneg la muraille du faîte a l’air de s’être abaissée
au niveau de la rivière : ainsi ce kheneg ne paraît point percé
comme les autres par l’action des eaux ; il semble formé par un pli
de la bande rocheuse qui compose la chaîne. Il a 100 mètres de long
et à peine 30 mètres de large ; le fond comme les parois en sont de
roche : je le traverse dans le lit de l’Ouad Nezala. Au sortir du
défilé, la vallée demeure étroite ; ses flancs s’abaissent :
ceux-ci sont les pentes septentrionales du Djebel el Ạbbarat ;
elles étaient nues sur l’autre versant ; ici, tout en gardant
la même nature rocheuse, elles se sèment de quelques arbres. Ce
sont les premières côtes boisées que je voie depuis la vallée du
Sous. Bientôt le flanc droit expire et fait place à un plateau nu,
élevé de 10 mètres au-dessus du niveau de la rivière ; le flanc
gauche continue à la border ; il n’a plus que 40 à 50 mètres
de haut : c’est un talus de roche grise, en pente douce. Plusieurs
petits qçars d’aspect misérable, sans jardins ni cultures, sont
échelonnés le long de la vallée. Je m’arrête à l’un d’eux,
Nezala, qui est, comme ce nom l’indique, un gîte habituel des
voyageurs sur cette route.

[Illustration]

Je marche depuis ce matin avec une caravane de muletiers du Metṛara ;
je me suis rencontré avec eux au Tiallalin ; ils feront route avec
moi jusqu’à Qçâbi ech Cheurfa. Leur métier est de transporter
des marchandises entre le Tafilelt et Fâs. J’ai loué, de concert
avec eux, une escorte d’Aït Izdeg : ceux-ci sont maîtres de
tout le pays, du Qçar es Souq au col de Telṛemt. Ils prennent,
pour servir de zeṭaṭs du Tiallalin au col, 5 francs par mule, par
Juif et par chameau, et la moitié pour les ânes ; les Musulmans ne
paient pas pour leur personne : moyennant cette redevance, les Aït
Izdeg escortent les caravanes et en garantissent la sûreté. Nos
zeṭaṭs se composent de 3 cavaliers et 6 ou 7 fantassins.

Beaucoup de monde aujourd’hui sur le chemin. J’ai croisé sept
ou huit convois de 50 à 80 bêtes de somme chacun ; les animaux
étaient des mulets, des ânes et des chameaux, les deux dernières
espèces dominant. La route que je suis, voie habituelle entre Fâs
et le Tafilelt, est toujours aussi fréquentée. Depuis l’Ouad Ziz,
j’ai rencontré deux cours d’eau de quelque importance : l’Ouad
Tira n Imin (au point où je l’ai passé pour la première fois, il
avait 10 mètres d’eau limpide de 15 centimètres de profondeur ;
courant rapide), et l’Ouad Nezala (à hauteur d’Aït Ḥammou
ou Sạïd, le lit en avait 80 mètres de large, dont 15 remplis
d’eau claire et courante de 60 centimètres de profondeur. A
Nezala, le lit n’a plus que 15 mètres de large, et l’eau 6 ;
celle-ci a 15 centimètres de profondeur). Le kheneg el Ạbbarat,
que j’ai traversé à 4 heures, est célèbre et redouté pour
les brigandages qu’y exercent les Aït Ḥediddou. Maintes fois ils
ont guetté des caravanes, embusqués au col que j’y ai vu à main
gauche, et les ont pillées.

Nezala est un petit qçar délabré, élevé naguère par un sultan
qui voulut en faire un poste d’observation et un gîte pour les
voyageurs. Il ne sert plus qu’à ce dernier usage. C’est une
enceinte carrée, flanquée de mauvaises tours, le tout très bas,
en pisé gris ; à l’intérieur se trouvent quelques maisons,
résidences de cinq ou six familles habitant ici, et un grand nombre
de cours, d’écuries, de hangars, la plupart à demi ruinés,
où s’installent les voyageurs.

[Illustration : Tizi n Telremt et Djebel el Aïachi.

(Les parties ombrées sont couvertes de neige.) (Vue prise de Qaçba
el Makhzen.)

Croquis de l’auteur.]

Sur la route que j’ai parcourue aujourd’hui, il n’y a pas de
passage difficile. Une seule côte un peu raide, vers 2 heures ;
le reste du temps j’ai marché en plaine. Demain, durant toute la
journée, le chemin sera plus uni encore. L’aisance extrême avec
laquelle on franchit ici le Grand Atlas contraste avec les difficultés
que j’ai rencontrées en le passant pour la première fois, au
Tizi n Telouet. Aucun trait de ressemblance, hors l’altitude,
n’existe entre l’Atlas des Glaoua et celui-ci. Là, une chaîne
aux crêtes nues et rocheuses est formée de longs escarpements
presque infranchissables ; les deux versants, celui du nord surtout,
profondément ravinés par l’action des eaux, ont perdu leur
forme primitive et se présentent sous l’aspect de contreforts
perpendiculaires à l’arête centrale ; rocheux, tourmentés,
ils cachent dans leurs flancs d’étroites vallées resserrées
entre des murailles de roche, seuls refuges de la végétation et
de la vie en cette contrée inaccessible, désolée, déserte. Ces
vallées, comme les contreforts qui les séparent, ont leur direction
normale à la ligne culminante de la chaîne. Ici, au contraire,
le sommet est en partie boisé : on y arrive par un chemin d’une
facilité extrême : le massif se compose, non d’innombrables
montagnes couvrant tout le pays, avec l’apparence de rameaux
perpendiculaires à un tronc, mais d’une série de chaînes[97]
parallèles à l’arête principale et séparées entre elles par
des plaines qui occupent la plus grande partie de la contrée. Les
cours d’eau, auprès desquels les villages sont tantôt nombreux,
tantôt clairsemés, s’écoulent au niveau des plaines, traversant
les diverses lignes de montagnes par autant de khenegs qui s’y
ouvrent comme des portes sur leur passage. Quelques-unes de ces plaines
sont si longues que deux rivières les traversent dans leur largeur,
à une grande distance l’une de l’autre : telle la plaine du
Tiallalin, dont le prolongement est arrosé par l’Ouad Gir. Outre
cette différence de nature, les deux parties du Grand Atlas que nous
avons franchies en présentent une autre : le Tizi n Glaoui était des
deux côtés entouré de hautes cimes presque en tout temps couvertes
de neige : il formait une dépression au milieu de montagnes très
élevées. Le Tizi n Telṛemt se trouve au point où la chaîne
commence à décroître : à l’ouest du col, s’élèvent les
hautes crêtes toujours blanches du Djebel El Ạïachi, l’un des
massifs les plus élevés de l’Atlas ; à l’est, il n’y a plus
trace de neige, et la chaîne s’abaisse rapidement. Je l’aurai
longtemps sous les yeux dans le bassin de la Mlouïa. Au delà du
Djebel El Ạïachi, elle apparaît comme un long talus brun, à
crête uniforme, allant sans cesse en décroissant. Elle s’allonge
vers l’est, diminuant toujours de hauteur, jusqu’au point où on
la perd de vue aux limites de l’horizon.

                                 6 mai.

Départ à 5 heures du matin. Jusqu’au col de Telṛemt, je resterai
en terrain plat : sol dur, terre semée de gravier et de petites
pierres ; une végétation maigre le recouvre à moitié : geddim,
thym, menus herbages. D’ici au col, je traverse trois plaines unies,
sans la moindre ondulation ; la première s’étend au loin vers
l’ouest et le nord-ouest, bornée dans cette direction par le pied
même du Djebel El Ạïachi, dont on voit les pentes, poudrées de
neige à la base, se transformant peu à peu en une large masse d’un
blanc mat, émerger de sa surface ; elle est limitée à l’est par
un talus gris de 40 à 50 mètres de hauteur, aux côtes pierreuses,
peu rapides, clairsemées de geddim. La seconde plaine se prolonge à
une grande distance vers l’est, où des montagnes d’élévation
moyenne la bordent ; elle est séparée de la précédente et limitée
à l’ouest par des massifs de collines aux pentes douces en partie
tapissées de geddim. Au nord, la borne en est une haute chaîne de
montagnes, dont le nom est célèbre, le Djebel El Ạbbari. C’est
une arête élevée, dressant ses crêtes à plus de 200 mètres
au-dessus du niveau de la plaine : les flancs, de couleur rouge,
en sont rocheux et escarpés, couverts de geddim dans le bas,
d’arbres vers le sommet. Bien que le col soit plus loin, le faîte
de cette chaîne est la ligne culminante du Grand Atlas. Par un fait
curieux, l’Ouad Nezala, au lieu de prendre sa source sur le versant
méridional, la prend au delà, sur le versant nord. Il traverse le
Djebel El Ạbbari par un kheneg de 30 mètres de large. J’entre
par ce kheneg dans la troisième plaine ; elle est petite et sans
ressemblance avec les précédentes, en étendue ; adossée au sud
au Djebel El Ạbbari, elle est bordée à l’est par un talus en
contre-bas donnant sur un autre bassin, au nord par un bourrelet
pierreux, aux pentes boisées[98], haut de 30 mètres. Au bout de
cette petite plaine se trouve le col de Telṛemt, où je passe du
bassin du Ziz dans celui de la Mlouïa. Je le franchis à 9 heures
du matin ; il est à 2182 mètres d’altitude. Quant à la ligne de
faîte générale de l’Atlas, je l’ai passée en traversant le
Djebel El Ạbbari. Du col de Telṛemt, je gagne un ravin profond
dont la partie inférieure, large de 20 mètres, est bordée de talus
raides garnis de geddim dans le bas, d’arbres dans le haut. Je
le descends ; il n’est pas long : au bout de peu de temps les
flancs s’abaissent, s’adoucissent ; bientôt ils disparaissent :
je suis en plaine. La plaine où j’entre porte le nom de Çaḥab
el Geddim. Elle est unie, mais en pente prononcée vers le nord ;
le sol, moitié terre, moitié pierres, est couvert de hautes touffes
de geddim. Au delà de Çaḥab el Geddim, lui faisant suite, j’ai
devant moi, en contre-bas, une seconde plaine où la Mlouïa creuse
son lit ; cette plaine est très large ; on l’appelle Çaḥab el
Ermes. Un long talus brun de moyenne élévation, premières pentes
du Moyen Atlas, la borne au nord. Au delà se voient un grand nombre
d’autres crêtes, succession de chaînes grises s’étageant les
unes derrière les autres, puis, les dominant toutes, une bande bleue
dont le haut est couvert de neige : c’est le faîte du Moyen Atlas,
ligne uniforme où surgissent deux sommets en larges masses blanches :
l’un, le Djebel Tsouqt, est au milieu de la chaîne, l’autre,
le Djebel Oulad Ạli, à son extrémité orientale. Celui-ci termine
le massif de la façon la plus brusque et la plus étrange ; après
s’être élevé très haut, il tombe presque à pic au bord de la
vallée de la Mlouïa : son versant est a l’aspect d’un talus à
2/1 de plus de 1500 mètres d’élévation. Cette falaise énorme,
où s’arrête court une si haute et si longue chaîne, est de
l’effet le plus extraordinaire. Je reverrai de près le Djebel
Oulad Ạli dans la vallée moyenne de la Mlouïa.

[Illustration]

De Çaḥab el Geddim, une rampe douce, de 25 mètres de hauteur,
me conduit dans Çaḥab el Ermes. Comme la première, cette plaine
s’étend à perte de vue vers l’est et vers l’ouest ; le sol
est sablonneux ; de rares places sont nues, en d’autres pousse du
thym : la plus grande partie est tapissée de la plante basse qu’on
appelle _ermes_. On aperçoit de loin en loin de petites tiṛremts
d’aspect misérable, isolées dans le désert. Je chemine dans
cette plaine jusqu’à 3 heures et demie ; à ce moment s’ouvre
à mes pieds une tranchée : elle a 1500 mètres de large ; le fond
en est couvert de verdure et de feuillage ; à demi cachés sous la
multitude des arbres fruitiers, plusieurs qçars y montrent leurs
terrasses brunes ; au milieu coule un fleuve : c’est Qçâbi ech
Cheurfa et la Mlouïa. Un talus de sable nu me conduit au fond de
l’encaissement ; le sol y est de sable : j’y marche au milieu des
champs et des vergers. Au bout d’un quart d’heure, je parviens
à Qaçba el Makhzen, terme de ma route.

[Illustration : Mlouïa et Qaçba el Makhzen (Qçâbi ech Cheurfa.)

(Les parties ombrées des montagnes sont couvertes de neige.) (Vue
prise du sud-ouest).

Croquis de l’auteur.]

Qçâbi ech Cheurfa se compose de localités toutes situées dans la
tranchée où coule la Mlouïa ; elles sont unies par des cultures et
des jardins ombragés d’une foule d’arbres, oliviers, figuiers,
grenadiers : ces feuillages donnent au district un air de gaieté
et de fête qui contraste avec l’aspect morne du Tiallalin et
du Gers. Qçâbi ech Cheurfa est ainsi un ruban de cultures et de
qçars, enfermé entre deux hautes berges, et au milieu duquel coule
la Mlouïa.

J’ai rencontré moins de monde qu’hier sur la route : les caravanes
croisées ont été au nombre de trois, formant ensemble 150 bêtes de
somme. Ainsi qu’il était convenu, mes zeṭaṭs m’ont abandonné
au col de Telṛemt. Là commence le blad el makhzen : au nord du col,
les Aït Izdeg, qui sont en mauvais termes avec le sultan, trouveraient
du danger à s’avancer en petit nombre, et les voyageurs, étant en
pays soumis, n’ont plus besoin d’escorte. Du col à El Qçâbi,
on est sur le territoire des Aït ou Afella, petite tribu qui,
formant par son origine une fraction des Aït Izdeg, est séparée
d’eux politiquement et obéit au sultan. On y marche sans ạnaïa,
et elle est responsable des pillages commis sur son territoire : pour
la dédommager des bénéfices que sa soumission lui fait perdre,
le gouvernement l’a autorisée à prélever un droit sur ce qui
passe sur ses terres ; ce droit est de 1 franc par bête de somme et
par Juif. Ma caravane a dû l’acquitter à deux reprises ; souvent,
où on ne devrait payer qu’une fois, on le fait trois ou quatre ;
voici comment : à peu de distance du col de Telṛemt, quelques hommes
nous accostèrent ; ils demandèrent le montant de la redevance, nous
le donnâmes ; assez loin de là, dans la plaine, nous trouvâmes une
forte troupe installée en travers de la route ; elle déclara que nous
ne passerions qu’après lui avoir remis cette même somme ; le chef
de la caravane de se récrier : nous l’avions déjà donnée. « Ceux
que vous avez rencontrés étaient des escrocs ; ils n’avaient droit
de rien réclamer : nous seuls sommes délégués pour percevoir
le péage. Vous n’irez que quand nous l’aurons reçu ». Comme
la délégation se composait de quarante hommes armés, il fallut en
passer par où elle voulut. Des faits de ce genre se reproduisent tous
les jours : les régions du blad el makhzen où sont installés ces
péages (qui portent le nom de _nezala_) sont souvent plus onéreuses
à traverser que le blad es sîba ; par bonheur, elles sont rares : ce
sont d’ordinaire des contrées dont la population, à peine soumise,
pillerait ouvertement, sans qu’on puisse l’en empêcher, si on ne
lui donnait cette compensation. Je n’ai connaissance de nezalas de ce
genre qu’en deux tribus, les Aït ou Afella et les Aït Ioussi : dans
cette dernière, elles sont nombreuses : on en compte 16, dit-on, de
Qçâbi ech Cheurfa à Sfrou. C’est une ruine pour les commerçants.

                                 7 mai.

Séjour à Qaçba el Makhzen. Ce lieu est une enceinte rectangulaire
garnie de tours, de construction récente, servant de résidence au
qaïd, à la garnison et aux Juifs. Autrefois les cherifs, possesseurs
du sol du district, y étaient seuls maîtres et ne reconnaissaient
aucune autorité ; aujourd’hui le pays est blad el makhzen et un
qaïd y commande : de tout temps le district a été tributaire des
Aït Izdeg. Il l’est encore, et ce n’est pas un spectacle peu
curieux de voir une province du sultan vassale d’une fraction
indépendante. C’est Moulei El Ḥasen qui, il y a sept ans,
soumit Qçâbi ech Cheurfa. Il y envoya un qaïd et des soldats ;
ils y achetèrent un terrain et construisirent l’enceinte où je
suis : nul ne s’y opposa, et la suprématie du sultan s’établit
sans résistance. La première année, elle s’étendit sur les Aït
ou Afella, les Oulad Khaoua et les Aït Izdeg ; dès la seconde, ces
derniers cessèrent de la reconnaître et refusèrent l’impôt. Les
choses en restèrent là depuis lors ; l’autorité du qaïd est
limitée au district de Qçâbi ech Cheurfa, aux Aït ou Afella et aux
Oulad Khaoua. C’est une autorité précaire : dans le district même,
elle est peu respectée : souvent les cherifs reçoivent à coups
de fusil les ordres ou les demandes d’impôts. Le qaïd actuel est
un homme de Fâs, un Bokkari. Il a avec lui une centaine de soldats
réguliers, ạskris, et deux canons de montagne.


[Note 95 : Mousse blanchâtre poussant par grosses touffes ; elle
verdit en temps de pluie et sert alors de nourriture aux chameaux. On
la rencontre, paraît-il, dans tous les ḥamadas du Sahara Marocain.]

[Note 96 : Je ne puis croire à ce chiffre de 2000 morts en un combat :
cependant il m’a été affirmé comme exact en quatre points
différents, au Todṛa, au Ferkla, au Ṛeris, à Qçar es Souq.]

[Note 97 : Nous en avons traversé cinq avant d’arriver à la
chaîne principale.]

[Note 98 : Les arbres dont il est question ici sont des arbres de
petite taille, de 2 à 3 mètres au plus d’élévation ; ils sont
clairsemés et en aucun point ne forment de bois compact.]




                                   X.

                  DE QÇABI ECH CHEURFA A LALLA MARNIA.


           1o. — DE QÇABI ECH CHEURFA A OUTAT OULAD EL HADJ.


                                 8 mai.

Départ de Qâçba el Makhzen à 6 heures du matin. La Mlouïa,
au pied de la qaçba, a 20 mètres de large, des berges rocheuses
et escarpées de 3 ou 4 mètres, une eau jaune et profonde. Point
de gué en ce lieu : je traverse le fleuve un peu plus bas. Il a
25 mètres de large, 1m,20 de profondeur, un courant assez rapide ;
le lit est moitié sable, moitié galets. Après l’avoir franchi,
je quitte la tranchée dans laquelle il coule et qui continue à
être remplie de cultures ; elle est bordée à gauche par un talus
mi-sable, mi-roche ; je le gravis : en atteignant la crête, je me
trouve dans une longue plaine bornée au sud par la Mlouïa, au nord
par les premières pentes du Moyen Atlas. Elle a 3 à 6 kilomètres
de large, suivant les endroits : un coude brusque du fleuve la limite
près d’ici, à l’ouest ; à l’est, elle s’étend jusqu’aux
deux tiers de la distance entre El Qçâbi et Misour : là, elle se
heurte à un massif de hautes collines rocheuses au pied duquel elle
finit. C’est une plaine ondulée, coupée de nombreuses ravines ;
le sol y est moitié sable, moitié gravier, la plupart du temps sans
végétation. Elle est de couleur rouge, comme les massifs nus qui
la bordent au nord. Je m’engage dans cette plaine, où je marche
jusqu’à 8 heures : je redescends alors et traverse la Mlouïa : elle
coule dans son excavation encore remplie de cultures et de qçars ;
c’est toujours le district de Qçâbi ech Cheurfa. Le fleuve a la
même profondeur, les mêmes eaux chargées de terre qu’au gué
précédent ; la largeur en est de 30 mètres. Sitôt parvenu sur
sa rive droite, je monte le talus qui borde l’encaissement de ce
côté et je me retrouve en plaine.

Près du point où je viens de passer la Mlouïa, s’élève sur ses
bords le village d’Aït Blal. Je suis parti de Qçâbi ech Cheurfa
avec trois zeṭaṭs, deux Chellaḥa d’Aït Blal et un Arabe des
Oulad Khaoua. Les deux Chellaḥa se séparent ici de moi, disant
qu’ils vont chercher dans leurs maisons du pain pour la route et
me rejoindront plus loin : dans la suite, j’aurai beau m’arrêter
plusieurs fois, je ne les verrai pas ; ils m’ont trompé : j’avais
eu le tort, sur les instances des Juifs d’El Qçâbi, de les payer
d’avance ; n’ayant plus rien à gagner, ils m’ont abandonné. Je
continuerai dans le désert sans autre escorte que mon Arabe : c’est
un joli jeune homme d’une quinzaine d’années ; il m’accompagnera
fidèlement, mais, en cas de mauvaise rencontre, c’eût été une
faible protection : son fusil n’était pas en état de servir. Je
n’aperçus personne jusqu’à l’arrivée dans son village.

La plaine où je m’engage est immense : c’est un désert blanc,
s’étendant au nord jusqu’à la Mlouïa, au sud jusqu’au Grand
Atlas, à l’est jusqu’au Rekkam, à l’ouest aussi loin que
la vue peut porter. La surface en est ondulée ; le sol en est dur,
tantôt sablonneux, tantôt pierreux ; il est couvert presque en entier
de geddim. Le Grand Atlas est une longue chaîne brune à crête
uniforme, qui fuit vers l’orient et s’abaisse de plus en plus ;
à l’est du Djebel El Ạïachi, plus de trace de neige sur ses
cimes. Le Rekkam est très éloigné ; le faîte en paraît à peine :
c’est d’ici une ligne jaune clair qui borde l’horizon. Je le
verrai demain plus distinctement : il se compose d’une série de
hauteurs sablonneuses, très basses, bordant à l’est la vallée
de la Mlouïa, entre le Grand Atlas et les monts Debdou.

Vers 2 heures, l’horizon, jusqu’alors fermé vers le nord par les
massifs s’élevant en face d’El Qçâbi, s’ouvre tout à coup :
les montagnes cessent d’arrêter la vue et toute la vallée de la
Mlouïa apparaît : c’est une immense plaine blanche, unie et nue,
bordée à droite par la ligne claire, à peine visible, du Rekkam,
à gauche par le Moyen Atlas, haute chaîne noire couronnée de neige,
se dressant à pic, comme une muraille, au-dessus de sa surface. La
vallée s’allonge à perte de vue vers le nord, où elle forme
l’horizon. La largeur en est extrême ; près d’ici, elle a plus
de 30 kilomètres. A sa surface apparaît une ligne verte : Misour,
où j’arriverai ce soir ; on dirait le Todṛa ou le Ṛeris :
dans cette vaste plaine de la Mlouïa, plaine plus nue et plus
déserte qu’aucune portion du Sahara Marocain, les rares groupes
d’habitations qui s’élèvent hors de la tranchée du fleuve ont
de tout point l’aspect des oasis du sud : même isolement au fond du
désert ; même richesse de végétation ; même fraîcheur délicieuse
au milieu de la plaine aride : il ne manque que les dattiers.

[Illustration : Vallée de la Mlouïa, Misour, Moyen Atlas et Rekkam.

(Les parties ombrées des montagnes sont couvertes de neige.) (Vue
prise du chemin d’El Bridja à Misour.)

Croquis de l’auteur.]

A 4 heures, je me retrouve au bord de la Mlouïa : elle est dans
l’encaissement où elle coulait plus haut : de Qçâbi ech Cheurfa
jusqu’au delà d’Ouṭat Oulad el Ḥadj il en sera de même. Ici,
le fond de l’excavation, toujours sablonneux, est garni de cultures :
elles appartiennent aux Oulad Khaoua et dépendent du hameau d’El
Bridja, résidence de mon zeṭaṭ. Je traverse le fleuve, que bordent
de grands tamarix, et je gagne le village. J’y laisse mon jeune
compagnon : son père monte à cheval et m’accompagne pendant le
reste du trajet. D’El Bridja à Misour, on chemine dans la vallée de
la Mlouïa que j’apercevais tout à l’heure : c’est une plaine
unie comme une glace, sans une ride. Le sol est dur, il est formé
moitié de sable, moitié de gravier. La plupart du temps, point de
végétation ; parfois un maigre buisson de jujubier sauvage. Devant
moi, la plaine de la Mlouïa s’étend à l’infini : à droite,
s’allonge dans le lointain la ligne claire du Rekkam ; à gauche,
se dressent au-dessus de ma tête les hauts massifs sombres que domine
le Djebel Oulad Ạli. A 6 heures et demie, j’entre dans les jardins
de Misour. Marchant par des sentiers tortueux entourés de haies ou de
murs de pisé, au milieu d’une multitude d’oliviers, de figuiers,
de pommiers, d’arbres de toute sorte ombrageant des cultures,
je parviens à 7 heures au qçar de Bou Kenzt, où mon zeṭaṭ me
confie à un marabout de ses amis. J’y passerai la nuit.

Je n’ai rencontré personne sur la route, excepté aux lieux habités
où j’ai passé, Qçâbi ech Cheurfa et El Bridja. La dernière
fois que je l’ai traversée, la Mlouïa avait 35 mètres de large,
1m,20 de profondeur, un courant assez rapide ; toujours même eau,
jaune, mais de goût agréable. Hors le fleuve, je n’ai franchi
que deux cours d’eau de quelque importance : l’Ouad Ouizert (8
mètres de large ; 30 à 40 centimètres de profondeur ; eau claire et
verte ; courant rapide), et une rivière qui se jette dans la Mlouïa
immédiatement au-dessous d’El Bridja (lit de sable, à sec, de 100
mètres de large ; deux canaux pleins d’eau coulent sur ses rives).

Misour est un îlot de verdure situé au confluent de l’Ouad
Souf ech Cherg et de la Mlouïa ; la plus grande partie de cette
sorte d’oasis se trouve sur la rive droite de l’Ouad Souf ech
Cherg. Les arbres fruitiers forment un massif compact ombrageant des
cultures et entourant une dizaine de qçars ; c’est une forêt
d’oliviers produisant une huile excellente, de pommiers dont on
exporte les fruits jusqu’à Fâs, de grenadiers, de figuiers : ces
beaux arbres donnent à ce lieu l’aspect le plus riant. Les jardins
sont arrosés de nombreux canaux, saignées faites à l’Ouad Souf
ech Cherg, dont les eaux, au-dessous des cultures, ont encore une
largeur de 20 mètres et 50 centimètres de profondeur ; elles sont
limpides et courantes et descendent sur un lit de gravier sans berges
de 60 mètres de large. Les constructions de Misour sont en pisé ;
elles sont simples : ni tiṛremts, ni tours, ni ornements.

Le costume demeure le même, sauf la coiffure : le cordon de soie
disparaît, et je vois commencer l’usage algérien de la corde de
poil de chameau maintenant le ḥaïk sur la tête au-dessus du turban
blanc. L’armement subit, dès Qçâbi ech Cheurfa, des modifications
importantes : à partir de là, plus de sac à poudre de filali, ni
de poignard recourbé. Le premier se remplace par la poire de bois
dont on se sert à Fâs et à Tâza, le second par un poignard droit
assez long, qu’on voit aussi du côté de Fâs. On porte donc :
un fusil, d’ordinaire court (nombreux fusils à deux coups, à
capsule, d’origine française ; nombreux mousquetons européens,
à pierre), un poignard droit, une poire à poudre, souvent un sabre
et un pistolet : on voit beaucoup de ceux-ci à capsule.

En entrant à Misour, j’ai quitté le blad el makhzen. Les Oulad
Khaoua, sur les terres desquels j’ai marché la majeure partie
de la journée, sont soumis au sultan : c’est une soumission
peu effective, bornée à la remise d’un léger impôt entre les
mains du qaïd d’El Qçâbi ; du reste, la tribu se gouverne à sa
guise. On ne peut circuler sur son territoire qu’avec un zeṭâṭ,
bien qu’il soit compté blad el makhzen. Il finit à Misour : ce
district est indépendant : au delà, j’entrerai sur les terres de
la grande tribu des Oulad el Ḥadj qui l’est aussi. Je ne sortirai
du blad es sîba qu’aux abords de Debdou. La population de Misour
est composée, partie de marabouts, partie d’Arabes. Chaque qçar
y est libre, sans lien avec ses voisins. Misour ne reconnaît point
l’autorité du sultan : quelques marabouts du district vont chaque
année en pèlerinage à Fâs lui rendre hommage, ils lui apportent
des présents, en reçoivent en échange de plus considérables et
reviennent : c’est une démarche privée.

Un changement important s’est opéré depuis que j’ai quitté
Qçâbi ech Cheurfa : il concerne le langage. Dans le bassin du Ziz,
chez les Aït ou Afella, la langue universelle était le tamaziṛt. A
El Qçâbi, les uns parlent le tamaziṛt, les autres l’arabe ;
les deux idiomes sont en usage. Depuis mon entrée chez les Oulad
Khaoua, on ne parle que l’arabe. Cette langue est seule employée
à Misour et sur le territoire des Oulad el Ḥadj. Les Oulad Khaoua
sont une fraction de cette dernière tribu, mais ils en sont séparés
politiquement, comme les Aït ou Afella des Aït Izdeg.

                                 9 mai.

Je me suis entendu hier soir avec le marabout mon hôte pour qu’il
me serve de zeṭaṭ jusqu’à Ouṭat Oulad el Ḥadj. Je pars
avec lui à 6 heures du matin. Au départ, une petite caravane avec
laquelle nous ferons route se joint à nous. Elle se compose de six
hommes armés et de quatre femmes : ces dernières sont des cherifas
montées à âne ou à mulet.

Le chemin d’aujourd’hui se fera dans la plaine où je suis
entré hier. Elle demeure très large, bien qu’elle se resserre
à mesure qu’on avance vers le nord ; elle ne cesse pas d’être
déserte ; aucun lieu habité ne s’y distingue : il en existe
plusieurs au fond de la tranchée où coule la Mlouïa ; rares,
et espacés à grands intervalles, ils n’apparaissent pas à la
surface de la plaine et restent cachés entre les talus qui bordent
le fleuve. De Misour à El Ouṭat, aucune trace de culture ni de
vie ne s’aperçoit dans cette vaste vallée, région la plus nue
et la plus déserte qu’on puisse voir. Le sol est sablonneux et
dur et prend parfois l’apparence de vase desséchée ; en certains
endroits il est parsemé de gravier. La végétation se réduit à
quelques touffes de thym et à de rares buissons de jujubier sauvage ;
en un seul point, au quart du chemin entre Touggour et El Ouṭat,
je rencontre de la verdure, genêts blancs, jujubiers sauvages, et
çà et là des betoums ; cela dure peu : au bout de 2 kilomètres,
la plaine devient aussi nue qu’avant. Jusqu’à l’arrivée,
les flancs de la vallée restent ce qu’ils étaient hier, haute
muraille sombre couronnée de neige à gauche, mince ligne jaune
presque imperceptible à droite. A mi-côte de l’une et de l’autre,
apparaissent de loin en loin des taches vertes, groupes de qçars et
de jardins échelonnés sur leurs pentes. Ouṭat Oulad el Ḥadj a
le même aspect que Misour : comme lui, c’est une ligne verte qui
barre une partie de la plaine. Tels paraissent de loin le Todṛa, le
Ṛeris, toutes les oasis que j’ai vues. De même qu’à Misour, il
ne manque que les dattiers pour que la ressemblance soit complète. Je
m’arrête à 5 heures du soir au mellaḥ d’El Ouṭat.

[Illustration]

Je n’ai rencontré personne sur ma route. Je n’ai pas traversé
de cours d’eau important depuis l’Ouad Souf ech Cherg. L’eau
manque dans la plaine. J’ai passé près de plusieurs sources
et vu un grand nombre de ruisseaux dont les lits, de roche blanche
ou de galets, la plupart à fleur du sol, contiennent des flaques
d’eau. Je suis descendu un instant dans la tranchée de la Mlouïa ;
le sol y était moitié sable, moitié gravier ; elle était déserte
et remplie de grands tamarix à l’ombre desquels poussait du gazon :
à un moment il s’est fait une clairière dans cette forêt ; le fond
s’y est garni de cultures au milieu desquelles se dressaient des
tentes, de pauvres maisons et des huttes, groupées autour d’une
qoubba : c’était le village de Touggour. Aujourd’hui j’ai
pu distinguer la forme du Rekkam, quoiqu’il fût encore loin. Ce
n’est point une chaîne, mais une rampe douce s’élevant par
degrés imperceptibles et conduisant à un plateau qui la couronne :
on dirait une série de côtes à peine accentuées, se succédant
par étages, séparées par des plateaux s’échelonnant les uns
derrière les autres. La crête est fort peu élevée au-dessus du
pied, bien qu’elle en paraisse éloignée. L’ensemble est jaune
clair, sans arbres, et paraît sablonneux.

                             10 et 11 mai.

Séjour à Ouṭat Oulad el Ḥadj. Ce nom désigne un vaste îlot de
verdure isolé au milieu de la plaine, au confluent de la Mlouïa et
de l’Ouad Chegg el Arḍ ; il est en entier sur les bords de cette
dernière rivière et en majeure partie sur sa rive droite. Tout ce
qui a été dit de l’aspect de Misour lui est applicable : même
multitude d’arbres fruitiers, même prospérité, même air riant ;
mais El Ouṭat est plus grand : au milieu de ces superbes vergers
ne sont pas disséminés moins de 31 qçars ; ils appartiennent aux
Oulad el Ḥadj ; il existe dans le nombre plusieurs zaouïas.

Les Oulad el Ḥadj sont une grande tribu indépendante ; ils se
disent d’origine arabe : ayant à la fois des qçars et des tentes,
ils sont moitié sédentaires, moitié nomades. Ils habitent les
deux rives de la Mlouïa et la plaine au milieu de laquelle coule ce
fleuve depuis Qçâbi ech Cheurfa jusqu’au qçar d’Oulad Ḥamid,
et s’étendent sur le massif du Rekkam et sur une partie des monts
Debdou ; les qçars chellaḥa du flanc gauche de la Mlouïa leur sont
alliés ou liés par des debiḥas. Une de leurs fractions, celle des
Oulad Khaoua, est séparée du reste de la tribu ; depuis longtemps
elle en est détachée et compte politiquement avec les Aït Izdeg ;
il y a quelques années, elle s’est rangée sous l’autorité du
qaïd d’El Qçâbi.

Jusqu’en 1882, les Oulad El Ḥadj en totalité reconnaissaient de
nom le sultan. Ils avaient un qaïd, élu parmi eux, et reconnu par
lui. Ce qaïd étant allé, il y a 5 ans, à Fâs, y fut accusé par
un de ses cousins auprès de Moulei El Ḥasen et mis en prison avec
un autre personnage distingué de la tribu. Le dénonciateur revint
et prit le titre de qaïd ; il fut agréé par le sultan. Il était
de la fraction des Oulad Ạbd el Kerim ; en 1882, il fut tué par
des Ṭoual. Depuis lors, la tribu est sans chef et ne reconnaît
plus M. El Ḥasen ; chaque fraction se gouverne à sa guise. Sauf
trois, celles des Beni Ṛiis, des Ahel Rechida et des Oulad Admer,
qui sont soumises au qaïd de Tâza, toutes sont non seulement
indépendantes, mais en hostilité ouverte avec le gouvernement :
aussi, à l’exception des Beni Ṛiis et des gens de Rechida et
d’Admer, aucun individu des Oulad el Ḥadj ne peut circuler en
blad el makhzen.


                 2o. — D’OUTAT OULAD EL HADJ A DEBDOU.


                                12 mai.

Je me suis arrangé hier avec les zeṭaṭs qui me conduiront d’ici
à Debdou : ce sont trois Oulad el Ḥadj, de la subdivision des
Hamouziin. Ils seront payés au retour, par Iosef el Ạsri, Juif
d’El Ouṭat ; j’ai remis la somme convenue entre ses mains,
en présence des trois zeṭaṭs : il la leur donnera en échange
d’une lettre de son fils, jeune homme qui fait ses études à Debdou,
attestant que je suis arrivé sain et sauf dans cette localité.

Mon escorte vient me prendre aujourd’hui à 4 heures du matin ;
au moment du départ, trois Juifs pauvres se joignent à nous. Notre
petite caravane traverse l’Ouad Chegg el Arḍ au pied du mellaḥ,
puis s’engage au milieu de plantations d’oliviers ; bientôt des
champs, partie cultivés, partie en friche, leur succèdent. A 4 heures
25 minutes, je traverse le dernier des canaux qui les arrosent, et me
voici de nouveau dans le désert. C’est toujours la plaine unie et
nue, au sol de sable dur semé de gravier, sans autre végétation
que, de loin en loin, un peu de thym ou de jujubier sauvage :
telle elle était à El Bridja, à Misour, telle elle est ici ; il
n’y a qu’une différence : elle est moins large. Chemin faisant,
j’aperçois à ma gauche un grand îlot de verdure : El Ạrzan ;
les arbres que je distingue entourent un groupe de qçars appartenant
aux Oulad el Ḥadj. Je traverse pendant quelques minutes des champs
qui en dépendent. A 6 heures du matin, j’arrive sur les bords de
la Mlouïa ; elle coule au niveau de la plaine : plus de trace de la
tranchée où je l’ai vue jusqu’à présent ; elle est séparée
du sol de sa vallée par deux berges sablonneuses en pente douce,
à 1/5, de 3 mètres de hauteur. Le lit a 120 mètres de large ;
l’eau y occupe en général 35 à 40 mètres ; le reste est tantôt
nu, tantôt couvert d’herbages et de tamarix. Il se trouve ici un
gué où je franchis le fleuve : il a 50 mètres de large, 1m,20 de
profondeur, un courant rapide ; les eaux ont la même couleur jaune que
je leur ai vue dès Qçâbi ech Cheurfa. Je viens de les traverser pour
la dernière fois : je quitte la Mlouïa pour ne plus la revoir. La
marche se continue dans la vallée ; elle est toujours unie, déserte,
sablonneuse ; sur son sol devenu doux, on ne sent plus de gravier ;
elle demeure en grande partie nue : à peine y pousse-t-il quelques
touffes d’herbe. J’aperçois des vols de gangas, les premiers
que je voie au Maroc. A 8 heures, je passe non loin de Tiissaf,
frais rideau vert cachant plusieurs qçars sous ses ombrages. A
quelque distance de là, le sol change de nature : d’uni, il devient
ondulé ; les pierres se mêlent au sable : c’est le commencement
du Rekkam. J’y marche jusqu’au soir : il ne cessera d’être
ce qu’il est maintenant : une série d’ondulations légères,
côtes et terrasses s’étageant, succédant insensiblement à la
plaine. Ces échelons successifs forment une rampe large et basse dont
le sommet est un plateau s’étendant au loin. Sol tantôt sable,
tantôt roche d’un jaune clair ; des touffes d’ḥalfa y poussent
çà et là : c’est la seule végétation qui s’y montre.

Je cheminais ainsi, lorsque se produisit un fait qui faillit mettre
fin à mon voyage. De mes trois zeṭaṭs, l’un, nommé Bel Kasem,
était un honnête homme ; les deux autres s’étant figuré, à la
blancheur de mes habits, à la bonne mine de mon mulet, et, paraît-il,
d’après les dires de Juifs d’El Ouṭat, que j’étais chargé
d’or, ne s’étaient offerts à m’escorter que dans le but de me
piller. Rien ne parut d’abord. A midi et demi, comme je marchais
en tête de la caravane, prenant mes notes, je me sentis tout à
coup tiré en arrière et jeté à bas de ma monture : puis on me
rabattit mon capuchon sur la figure, et mes deux zeṭaṭs se mirent
à me fouiller : l’un me tenait, pendant que l’autre me visitait
méthodiquement. A cette vue, Bel Kasem d’accourir : il brandit son
fusil, menace, veut empêcher le pillage ; mais il est impuissant
à arrêter ses compagnons : tout ce qu’il peut est de prendre
ma personne sous sa protection : il me rend la liberté et assiste,
les larmes aux yeux, au déballage de mes effets. On m’avait pris
ce que j’avais sur moi ; on se mit à chercher dans mon bagage :
il était léger : on n’y trouva pas grand’chose ; mes deux
zeṭaṭs s’emparèrent de ce que j’avais d’argent (une fort
petite somme) et des objets qui leur parurent bons à quelque usage ;
on me laissa comme sans valeur les seules choses auxquelles je tinsse :
mes notes et mes instruments. Puis on me fit remonter sur mon mulet et
on continua la route, Bel Kasem mélancolique d’avoir vu violer sous
ses yeux son ạnaïa, mes deux voleurs mécontents de n’avoir fait
que demi-besogne, étonnés de n’avoir pas trouvé plus d’argent
et se reprochant de m’avoir laissé les seules choses qu’ils ne
m’avaient pas prises, la vie et mon mulet. Durant le reste de cette
journée et durant toute celle du lendemain, ils discutèrent ce sujet,
pressant Bel Kasem de m’abandonner, de les laisser me dépêcher
d’un coup de fusil, lui faisant des offres, lui promettant sa
part. Bel Kasem fut inébranlable et déclara qu’ils n’auraient
ma vie qu’avec la sienne ; il leur fit des raisonnements : comment
feraient-ils au retour s’ils n’apportaient à El Ạsri la
lettre de son fils prouvant mon arrivée à Debdou ? Ma mort connue,
ce Juif, envers qui ils s’étaient engagés à me conduire, se
vengerait : son seigneur était un des hommes les plus puissants
d’une fraction des Oulad el Ḥadj beaucoup plus nombreuse que la
leur : elle s’armerait contre eux et les ruinerait. Cette dernière
considération, jointe à l’attitude ferme de Bel Kasem et à
l’adresse qu’il eut de faire traîner la discussion en longueur,
me sauva. En approchant de Beni Ṛiis, on décida qu’il ne me
serait pas fait de mal, et qu’on me forcerait, en vue de Debdou,
à envoyer un billet au jeune Israélite, annonçant mon arrivée,
demandant la lettre pour son père, et déclarant que mon escorte
avait été parfaite. Ce fut au dernier moment et en désespoir de
cause que ce plan fut accepté : jusque-là la discussion ne cessa
pas ; je n’en perdais pas un mot. Étrange situation d’entendre
durant un jour et demi agiter sa vie ou sa mort par si peu d’hommes,
et de ne rien pouvoir pour sa défense. Il n’y avait point à
agir. J’étais sans armes : un revolver était dans mon bagage ;
il m’avait été pris : l’eussé-je eu, il ne m’eût point
servi : que faire seul dans le désert, au milieu de tribus où tout
étranger est un ennemi ? Il n’y avait qu’un parti à prendre :
la patience ; elle m’a réussi. Au moment de la bagarre, le rabbin
Mardochée s’était bien conduit : il était venu à mon secours ;
mais que pouvait-il ? On lui fit sentir la pointe d’un sabre et on
l’écarta. Quant à mon domestique et aux Juifs qui s’étaient
joints à moi, ils se sauvèrent le plus loin qu’ils purent, et on
ne les revit que lorsque nous eûmes recommencé à marcher.

[Illustration]

Après cet incident, nous reprîmes notre route, continuant à cheminer
dans le Rekkam jusqu’au soir. A 5 heures, nous arrivons à une
crête ; à nos pieds s’ouvre un petit ravin à flancs rocheux et
escarpés : un chemin raide nous conduit au fond ; celui-ci n’a pas
plus de 30 mètres de large ; nous le suivons pendant un instant ;
à 5 heures un quart, nous nous arrêtons. Nous sommes presque à
la bouche du ravin : à quelques pas d’ici, ses flancs tombent
brusquement et le ruisseau entre en plaine. Nous nous abritons dans
un creux de rocher et nous y passons la nuit.

[Illustration : Djebel Oulad Ali et Djebel Reggou.

(Les parties ombrées des montagnes sont couvertes de neige.)

(Vue prise du chemin de Outat Oulad el Hadj à Debdou, à 24
kil. d’Outat Oulad el Hadj.)

Croquis de l’auteur.]

De toute la journée, je n’ai rencontré personne sur la route. Hors
la Mlouïa et l’Ouad Chegg el Arḍ, je n’ai traversé qu’un
cours d’eau de quelque importance ; il coulait dans le Rekkam :
au point où je l’ai passé, une qoubba et un cimetière se
trouvaient sur sa rive, et une dizaine de palmiers dans son lit ;
ce dernier avait 20 mètres de large, moitié sable, moitié roche ;
un filet d’eau courante de 2 mètres y serpentait à l’ombre de
lauriers-roses. Ras Rekkam est une butte isolée, de 30 à 40 mètres
de hauteur ; elle est, comme tout le massif, moitié sable, moitié
roche jaune : seul accident de terrain du Rekkam, elle se voit de loin
malgré son peu d’élévation : je l’apercevais des Oulad Khaoua,
avant d’arriver à El Bridja. Pendant la fin de la journée, j’ai
devant les yeux un massif de montagnes sombres ; je m’y engagerai
demain : derrière lui, est Debdou. Tout le jour, j’ai continué à
apercevoir la vallée de la Mlouïa ; elle reste jusqu’au dernier
moment ce qu’elle était plus haut, avec cette différence qu’elle
se rétrécit de plus en plus ; le flanc gauche en est toujours formé
par le Moyen Atlas qui, tout en restant élevé, décroît à partir
du mont Reggou. Celui-ci est le dernier dont la cime soit couverte
de neige. On n’en voit plus à l’est de ce sommet.

                                13 mai.

Départ à 4 heures du matin. D’ici partent deux chemins pour
Debdou : l’un en plaine, par la vallée de la Mlouïa ; l’autre
en montagne, par les monts Debdou, qui en forment le flanc droit. Je
prends le dernier, le premier étant périlleux pour mes zeṭaṭs,
dont la fraction est en guerre avec Rechida, près d’où il faudrait
passer. Je continue à marcher dans le Rekkam, me dirigeant vers le
massif qui se dresse devant moi ; j’arrive à son pied à 8 heures du
matin. Je gravis une longue rampe, accidentée, coupée de vallées et
semée de collines, sans pentes raides ; le sol est pierreux, souvent
rocheux, en grande partie tapissé d’ḥalfa, avec quelques arbres,
rares d’abord, de plus en plus nombreux à mesure que l’on monte. A
midi, je parviens au sommet : le terrain cesse d’être mouvementé :
on débouche sur un vaste plateau. Une épaisse forêt le couvre :
elle est composée de grands arbres, ạrar, taqqa, kerrich de 6 à 8
mètres de hauteur. Ce plateau boisé, qui couronne la chaîne, porte
le nom de Gạda Debdou ; dans le pays, on l’appelle la Gạda. Le
sol, tantôt pierres, tantôt terre, y est uni. Beaucoup d’eau :
sources et mares. Sous les arbres, la terre est un tapis de gazon et
de mousse. Il y a des clairières ; elles sont rares : les unes sont
couvertes de gazon ; j’en traverse d’autres en partie cultivées
appartenant aux habitants de Rechida : ce qçar est à peu de distance
à l’ouest, sur le revers occidental du plateau.

Je marche jusqu’à 3 heures dans cette forêt, l’une des plus
belles que j’aie vues au Maroc. A 3 heures, j’arrive à une
crête : à mes pieds se creuse un profond ravin dont les pentes
inférieures sont garnies de cultures, les parties hautes sont
rocheuses et boisées. Dans le bas coule un torrent, l’Ouad Beni
Ṛiis, dont la source est ici. Je quitte le plateau et descends par un
chemin raide et difficile vers le fond du ravin. Je l’atteins à 4
heures et demie, à Oulad Ben el Ḥoul, village des Beni Ṛiis. Je
fais halte à 5 heures moins un quart, chez un ami de Bel Kasem,
en la maison de qui celui-ci se hâte de me mettre en sûreté.

Toute la marche d’aujourd’hui s’est faite dans le désert :
pas un être vivant sur le chemin. Le seul cours d’eau que j’aie
vu est l’Ouad Beni Ṛiis ; je l’ai traversé cinq minutes avant
de m’arrêter ; il avait 3 mètres de large, 0m,25 de profondeur,
un courant impétueux : c’est un torrent bondissant sur un lit de
roches et de grosses pierres.

Oulad Ben el Ḥoul est un grand village appartenant aux Beni Ṛiis,
fraction des Oulad el Ḥadj. Il est construit en long des deux côtés
de l’Ouad Beni Ṛiis. Le ravin où il se trouve n’a aucune
largeur au fond ; ses flancs sont couverts de maisons vers le bas,
puis de cultures coupées de cactus ; plus haut, c’est boisé : de
grands troupeaux de chèvres paissent dans cette dernière région ;
très escarpés près du sommet, les flancs sont raides dès leur
pied. Les habitations des Beni Ṛiis sont semblables à celles des
Ṛiata : elles sont en pisé, très basses et mal construites. Les
Beni Ṛiis sont une des trois fractions des Oulad el Ḥadj
reconnaissant l’autorité du sultan.

                                14 mai.

Les Hamouziin ne peuvent aller au delà d’Oulad Ben el Ḥoul. Leur
groupe est en démêlés avec les tribus des environs de Debdou. Bel
Kasem me confie pour la fin du trajet à mon hôte et à trois autres
de ses amis ; ses deux compagnons leur recommandent longuement de ne me
laisser entrer à Debdou qu’une fois la lettre convenue entre leurs
mains. Départ à 6 heures du matin. Je descends l’Ouad Beni Ṛiis ;
sa vallée reste ce qu’elle était hier, couverte de champs dans
le bas, hérissée de roches et boisée dans le haut. Au bout d’un
quart d’heure, j’arrive au confluent de l’Ouad Beni Ṛiis avec
l’Ouad Oulad Ọtman, petit cours d’eau de même force que lui. Je
remonte cette nouvelle vallée : elle est identique à celle d’où je
sors, mais plus large au début. J’en suis le fond quelque temps ;
bientôt elle se rétrécit : elle devient enfin un ravin étroit,
rocheux, sans trace de cultures, boisé depuis le lit du torrent
jusqu’au sommet des flancs. Je la quitte alors ; je gravis son flanc
droit : la montée, au milieu de grands blocs de roche, est très
difficile. A 8 heures et demie, je parviens au sommet ; je continue
à marcher sous bois : les forêts que je vois ce matin sont en tout
semblables à celles que j’ai traversées hier ; ce plateau fait
partie de la Gạda. A 9 heures moins un quart, Debdou apparaît :
une petite ville, dominée par son minaret, étale à mes pieds ses
maisons roses au fond d’une verte vallée ; alentour s’étendent
des prairies et des jardins ; au-dessus s’élèvent de hautes parois
de roc, aux crêtes boisées que couronne la Gạda. Je descends vers
ce lieu riant. Un chemin pierreux, raide et pénible, y conduit. A
10 heures, je suis à Debdou. Mes zeṭaṭs, qui, n’ayant pas
été mis dans le secret de l’aventure, n’ont rien compris aux
recommandations des Hamouziin, me laissent entrer aussitôt.

J’ai rencontré beaucoup de monde sur la route. L’Ouad Oulad
Ọtman, seul cours d’eau que j’aie traversé, avait 3 mètres
de large, 20 centimètres de profondeur, une eau claire et courante.

Debdou est située dans une position délicieuse, au pied du flanc
droit de la vallée, qui s’élève en muraille perpendiculaire
à 80 mètres au-dessus du fond ; il forme une haute paroi de
roche jaune, aux tons dorés, que de longues lianes rayent de leur
feuillage sombre. Au sommet se trouve un plateau, avec une vieille
forteresse dressant avec majesté au bord du précipice ses tours
croulantes et son haut minaret. Au delà du plateau, une succession
de murailles à pic et de talus escarpés s’élève jusqu’au
faîte du flanc. Là, à 500 mètres au-dessus de Debdou, se dessine
une longue crête couronnée d’arbres, la Gạda. Des ruisseaux,
se précipitant du sommet de la montagne, bondissent en hautes
cascades le long de ces parois abruptes et en revêtent la surface
de leurs mailles d’argent. Rien ne peut exprimer la fraîcheur
de ce tableau. Debdou est entourée de jardins superbes : vignes,
oliviers, figuiers, grenadiers, pêchers y forment auprès de la ville
de profonds bosquets et au delà s’étendent en ligne sombre sur les
bords de l’ouad. Le reste de la vallée est couvert de prairies, de
champs d’orge et de blé se prolongeant sur les premières pentes des
flancs. La bourgade se compose d’environ 400 maisons construites en
pisé ; elles ont la disposition ordinaire : petite cour intérieure,
rez-de-chaussée et premier étage ; comme à Tlemsen, bon nombre de
cours et de rez-de-chaussée sont au-dessous du niveau du sol. Les rues
sont étroites, mais non à l’excès comme dans les qçars. Point
de mur d’enceinte. La localité est alimentée par un grand nombre
de sources dont les eaux sont délicieuses et restent fraîches durant
l’été ; l’une d’elles jaillit dans la partie basse de Debdou,
à la limite des jardins. Le voisinage en est abondamment pourvu :
Qaçba Debdou, la vieille forteresse qui domine la ville, en possède
plusieurs dans son enceinte. Debdou est soumise au sultan ainsi que
les villages de sa vallée ; la population de ces divers points est
comprise sous le nom d’Ahel Debdou. Point de qaïd, point de chikh,
point de dépositaire de l’autorité ; le pays se gouverne à sa
guise, et tous les ans le qaïd de Tâza, de qui relève le district,
ou un de ses lieutenants, y fait une tournée, règle les différends
et perçoit l’impôt. La population de Debdou présente un fait
curieux, les Israélites en forment les trois quarts ; sur environ
2000 habitants, ils sont au nombre de 1500. C’est la seule localité
du Maroc où le nombre des Juifs dépasse celui des Musulmans.

[Illustration : Debdou et vallée de l’Ouad Debdou. (Les parties
ombrées des montagnes sont boisées.)

(Vue prise du flanc droit de la vallée, entre Debdou et Qaçba
Debdou.)

Croquis de l’auteur.]

Debdou est le premier point que je rencontre faisant un commerce
régulier avec l’Algérie : un va-et-vient continuel existe entre
cette petite ville et Tlemsen. Les négociants israélites y cherchent
les marchandises qui ailleurs viennent des capitales marocaines ou
de la côte ; ils les emmagasinent chez eux, et les écoulent peu à
peu sur place et dans les marchés du voisinage. Debdou a quelques
relations avec Fâs et Melilla, mais ses seuls rapports importants
sont avec l’Algérie ; il en sera de même des centres par lesquels
je passerai désormais, Qaçba el Ạïoun et Oudjda.

Debdou et le massif de montagnes qui porte son nom nourrissent de
grands troupeaux de chèvres, des vaches et d’excellents mulets
dont la race est renommée.


                    3o. — DE DEBDOU A LALLA MARNIA.


Arrivé à Debdou dépouillé de tout argent, sans un centime,
j’eusse été fort embarrassé si je n’avais été près de la
frontière. Je n’étais qu’à trois ou quatre journées de Lalla
Maṛnia. Je vendis mes mulets : cela me fournit de quoi gagner la
frontière française sur des animaux de louage.

                                18 mai.

Je me mets en route avec une nombreuse caravane de Juifs se rendant au
tenîn du Za. On arrivera demain à Dar Ech Chaoui, lieu du marché ;
aujourd’hui, on va à Qaçba Moulei Ismạïl, sur l’Ouad
Za. Environ trente Israélites, montés la plupart sur des mulets,
forment la caravane ; elle est protégée par six zeṭaṭs à pied,
Kerarma auxquels on paie un prix convenu au départ, tant par Juif,
tant par mulet, tant par âne.

Départ à 9 heures du matin. Je descends la vallée de l’Ouad
Debdou ; le sol en est terreux, semé de quelques pierres ; elle
reste tout le temps ce qu’elle était au départ, si ce n’est
que les cultures y diminuent : elles n’occupent bientôt qu’une
partie du fond, dont le reste se couvre de hautes broussailles où
surgissent çà et là quelques grands arbres. A 10 heures et demie,
je suis à l’extrémité de la vallée et j’entre dans la plaine de
Tafrâta : c’est une immense étendue déserte, unie comme une glace,
à sol de sable ; souvent pendant plusieurs années cette surface
reste nue, stérile, sans végétation ; à cette heure, grâce aux
pluies de l’hiver, elle est clairsemée d’herbe tendre : cela
lui donne un aspect verdoyant qu’elle a rarement ; en deux points
se trouvent des ḍaïas, ou mạders, où le sol est vaseux, coupé
de flaques d’eau et couvert de hautes herbes. La plaine s’étend
à l’ouest jusqu’à la Mlouïa : de ce côté, on aperçoit dans
le lointain les montagnes bleues des Ṛiata et du Rif et la ligne
basse du Gelez dominée par la cime du Djebel Beni Bou Iaḥi ;
à l’est, elle est bordée par un demi-cercle de montagnes grises
moins hautes que le Djebel Debdou, auquel elles se rattachent ; au
sud, par le Djebel Debdou s’étendant jusqu’à Rechida ; au nord,
par les deux sommets bruns du Mergeshoum et la ligne blanche du Gelob,
vers lequel je marche. Je franchis ce dernier à 3 heures et demie ;
c’est un bourrelet calcaire de peu de hauteur qui se traverse en
quelques minutes. De là je passe dans une plaine ondulée à sol
terreux semé de pierres, presque nue ; les mêmes herbes que dans
le désert de Tafrâta y poussent, mais rares, ne déguisant nulle
part l’aspect jaune de son sol. Elle paraît bornée au sud par le
Mergeshoum et le Gelob, au nord et à l’est par l’Ouad Za. J’y
marche le reste de la journée. A 5 heures 50, je me trouve à la
crête d’un talus : au-dessous, la vallée de l’Ouad Za s’étend
à mes pieds, remplie de cultures, de jardins et de douars. Le talus
est peu élevé et en pente douce ; il est composé moitié de sable,
moitié de roche (galets roulés) : je le descends et j’entre dans
la vallée ; au milieu d’elle se dressent, sur une butte isolée,
les ruines imposantes d’une vieille forteresse : c’est Qaçba
Moulei Ismạïl, détachant ses hautes murailles roses sur le fond
vert du sol. Je marche vers elle, cheminant au milieu des champs et
des arbres fruitiers, franchissant à chaque pas des canaux d’eau
limpide. A 6 heures, j’y parviens : c’est le terme de ma route
d’aujourd’hui.

Je n’ai rencontré personne sur mon parcours depuis l’entrée
dans le Tafrâta. Les deux seuls cours d’eau de quelque importance
que j’aie traversés sont : l’Ouad Debdou (3 mètres de large,
20 centimètres de profondeur, eau claire et courante coulant sur un
lit de gravier ; pas de berges) et Ạïn Ḥammou (2 mètres d’eau
coulant sur un lit large de 4 mètres, encaissé entre des berges de
sable de 15 mètres de haut).

Qaçba Moulei Ismạïl porte aussi le nom de Taourirt : on la désigne
d’habitude dans le pays sous cette dernière appellation. Elle
s’élève sur un mamelon isolé, dans un coude de l’Ouad Za,
dont la vallée s’élargissant forme une petite plaine : la vallée,
bordée à gauche par la rampe que j’ai descendue, l’est à droite
par un talus escarpé, partie sable, partie roche jaune, de 60 à 80
mètres de haut. Le fond présente l’aspect le plus frais et le plus
riant ; il est tapissé de cultures et d’une multitude de bouquets
d’arbres, oliviers, grenadiers, figuiers, taches sombres sur cette
nappe verte. Au milieu se dressent une foule de tentes dispersées
par petits groupes, disparaissant sous la verdure. Les rives de
l’Ouad Za, dans cette région, présentent partout même aspect :
elles sont d’une richesse extrême ; cette prospérité est due à
l’abondance des eaux de la rivière ; jamais elles ne tarissent :
c’est une supériorité du pays de Za (on appelle _blad Za_ les
bords du cours d’eau) sur Debdou et ses environs, où les belles
sources que j’ai vues se dessèchent en partie pendant les étés
très chauds.

Qaçba Moulei Ismạïl, ou Taourirt, est une enceinte de murailles de
pisé, en partie écroulée, dont il reste des portions importantes ;
les murs, bien construits, sont élevés et épais, garnis de
banquettes, flanqués de hautes tours rapprochées ; ils sont du
type de ceux de Meknâs et de Qaçba Tâdla. De larges brèches
s’ouvrent dans l’enceinte, qui n’est plus défendable. Au milieu
s’élève, sur le sommet de la butte, que les murailles ceignent
à mi-côte, un bâtiment carré de construction récente servant
aux Kerarma à emmagasiner leurs grains : la tribu a ici la plupart
de ses réserves. Cette sorte de maison, neuve, mal bâtie, basse,
contraste avec l’air de grandeur des vieilles murailles de la Qaçba.

Départ à 6 heures un quart du matin. Je remonte la vallée du Za ;
elle reste ce qu’elle était à Taourirt, couverte de cultures
et de jardins et très peuplée. A 7 heures, une maison se dresse
au haut de la rampe qui en forme le flanc gauche : c’est Dar Ech
Chaoui, résidence de Chikh Ben Ech Chaoui, chikh héréditaire et
aujourd’hui qaïd des Kerarma, tribu à laquelle appartient cette
portion du Za. Je monte vers la maison ; au pied de ses murs, sur
le plateau dont elle occupe le bord, se trouve le marché auquel se
rend ma caravane, Tenîn el Kerarma. J’y fais halte. On distingue
d’ici la vallée de l’Ouad Za à une certaine distance vers le
sud ; jusqu’à un tournant où on la perd de vue, elle garde même
aspect, toujours verte, toujours habitée.

[Illustration : Vallée de l’Ouad Za et Djebel Mergeshoum. (Vue
prise de Dar Ech Chaoui.)

Croquis de l’auteur.]

Le marché où je suis, très animé d’habitude, l’est peu
aujourd’hui : les habitants de la rive gauche de la Mlouïa n’ont
pu s’y rendre, le fleuve étant infranchissable depuis plusieurs
jours. Il est toujours gros en cette saison ; c’est l’époque de
sa crue : qu’il pleuve ou non, les eaux en sont fortes et difficiles
ou impossibles à passer de la mi-avril à la mi-juin.

Je quitte le marché à 1 heure. J’ai pris deux zeṭaṭs Chedjạ,
qui me conduiront à Qaçba el Ạïoun, où j’arriverai demain. Je
redescends dans la vallée du Za et je la traverse ainsi que la
rivière ; puis je gravis le talus qui en forme le flanc droit. Parvenu
au sommet, je me trouve dans une plaine sablonneuse ondulée. Je suis
dans le désert d’Angad ; j’y resterai jusqu’à mon arrivée
à Lalla Maṛnia. C’est une plaine immense ayant pour limites :
à l’ouest, l’Ouad Za et la Mlouïa ; à l’est, les hauteurs
qui bordent la Tafna ; au nord, le Djebel Beni Iznâten[99] ;
au sud, les djebels Beni Bou Zeggou et Zekkara faisant suite au
Mergeshoum. Parfaitement plate au centre, elle est ondulée sur ses
lisières nord et sud, d’une manière d’autant plus accentuée
qu’on se rapproche davantage des montagnes qui la bordent. Le sol
en est sablonneux ; il est dur lorsqu’il est sec, et forme une vase
glissante, où la marche est difficile, aussitôt qu’il pleut. Nu
d’ordinaire, le désert d’Angad se couvre d’une herbe abondante
après les hivers humides ; cette année, la surface en est toute
verte : c’est un bonheur pour les tribus nomades, dont les troupeaux
trouvent à foison la nourriture que d’habitude il faut chercher
dans le Ḍahra. Cette bonne fortune arrive rarement : la plaine,
si riante en ce moment, vient d’être durant cinq années nue et
stérile, triste étendue de sable jaune sans un brin de verdure. Le
désert d’Angad est occupé par trois tribus nomades, les Mhaïa,
les Chedjạ et les Angad. En outre, plusieurs tribus montagnardes
qui habitent ses limites empiètent sur lui en des endroits de sa
lisière : ainsi le cours de l’Ouad Mesegmar est garni de cultures
et de douars appartenant aux Beni Bou Zeggou. Cette plaine, jusqu’à
la frontière française, est, ainsi que les montagnes qui la bordent,
soumise au sultan ; il en est de même du pays que je traverse depuis
Debdou. La réduction de ces contrées est complète et réelle,
mais ne date que de 1876 ; elle est le résultat de l’expédition
que fit alors Moulei el Ḥasen et dans laquelle il vint jusqu’à
Oudjda. Auparavant, presque toute la contrée était insoumise. Je
chemine dans le désert d’Angad jusqu’à 5 heures un quart ; à ce
moment j’arrive au bord de l’Ouad Mesegmar ; je le traverse et je
m’arrête sur sa rive droite, dans une tente où je passerai la nuit.

Sur ma route, il y avait un assez grand nombre de passants ; ils
revenaient comme moi du marché. J’ai vu peu de lieux habités,
quelques rares douars des Beni Bou Zeggou ; ils étaient petits,
de 6 à 8 tentes chacun, et isolés les uns des autres. L’Ouad Za,
au point où je l’ai passé, avait un lit de sable de 80 mètres de
large : l’eau y occupait 20 mètres ; elle avait 80 centimètres
de profondeur et un courant rapide. De cette rivière à l’Ouad
Mesegmar, j’ai traversé des ruisseaux sans importance, ayant
un peu d’eau par suite des pluies récentes ; plusieurs étaient
difficiles à franchir à cause de leurs berges escarpées, hautes
souvent de 7 à 8 mètres, qui en faisaient de vraies coupures dans
la plaine. L’Ouad Mesegmar a 6 mètres de large, dont 3 remplis
d’eau courante ; il coule entre deux berges de sable à 1/1 de
20 mètres de hauteur. Le point où je l’ai atteint est le plus
haut de la bande de cultures qui le borde ; il n’y a pas de tentes
au-dessus de celle où je suis. Ici et tout le long du cours d’eau,
en le descendant, les deux rives sont garnies de champs, de jardins,
de grands arbres et de nombreuses tentes, les unes isolées, les autres
groupées par deux ou trois. C’est un ruban vert, moucheté de noir,
se déroulant dans le désert.

Les tentes du Za étaient en flidj, celles de l’Ouad Mesegmar sont
en nattes grossières : toutes sont vastes. Point de maison dans le
Za, sauf celle de Chikh Ben Ech Chaoui. Il y en a une sur l’Ouad
Mesegmar ; elle est à quelques pas d’ici : c’est la résidence du
qaïd des Beni Bou Zeggou. Ce dernier, Qaïd Ḥamada, était le chikh
de la tribu avant d’en être qaïd de par le sultan ; c’était
le plus grand pillard de la contrée avant 1876 ; à présent, au
contraire, il est d’une sévérité extrême contre les voleurs et
fait régner l’ordre le plus rigoureux sur son territoire.

                                20 mai.

Départ à 5 heures un quart du matin. Je continue à cheminer dans
le désert d’Angad. J’arrive à 11 heures du matin à Qaçba el
Ạïoun. La marche était difficile à cause de l’état du sol,
détrempé par des pluies récentes. Je n’ai rencontré personne
durant le trajet. Les cours d’eau que j’ai franchis sont au
nombre de deux : l’Ouad Metlili (lit de 5 mètres ; 1m,50 d’eau ;
berges de sable de 12 mètres de hauteur ; ce cours d’eau prend,
me dit-on, sa source au Djebel Beni Iạla) ; l’Ouad el Qceb (25
mètres de large ; lit de galets, à sec ; berges de sable, à pic,
hautes de 15 mètres. Cette rivière prend sa source chez les Beni
Iạla et se jette dans la Mlouïa chez les Beni Oukil ; elle reçoit,
m’assure-t-on, l’Ouad Mesegmar sur sa rive gauche).

Qaçba Ạïoun Sidi Mellouk, appelée d’ordinaire Qaçba el
Ạïoun, s’élève isolée au milieu du désert d’Angad. Aux
environs, apparaissent quelques cultures et un certain nombre de petits
douars des Chedjạ. La Qaçba est une enceinte rectangulaire de
murs de pisé ayant 4 à 5 mètres de haut et 30 à 40 centimètres
d’épaisseur ; ni banquettes, ni fossés. A l’intérieur
sont des maisons, la plupart en mauvais état, n’ayant qu’un
rez-de-chaussée ; elles sont bâties par pâtés, séparés
tantôt par de larges passages, tantôt par des places : point de
rues proprement dites, et moins encore de ces ruelles étroites
qu’on voit dans les qçars. Un grand nombre d’habitations
sont blanchies. Au milieu de la Qaçba, sont creusés plusieurs
puits qui l’alimentent. La vue intérieure de Qaçba el Ạïoun
rappelle de loin celle de certains quartiers de Géryville : mêmes
voies larges, mêmes demeures basses, même population de petits
marchands. En dehors de l’enceinte, vers l’angle nord-est, se
trouve un bouquet d’arbres et, au milieu, la qoubba de S. Mellouk ;
auprès jaillissent plusieurs sources, donnant une eau abondante
et bonne ; on les appelle Ạïoun S. Mellouk, d’où le nom de la
Qaçba. Celle-ci est ancienne, mais tombait en ruine et était déserte
lors de l’expédition de Moulei El Ḥasen en 1876. Il la restaura
et y installa la garnison qui s’y trouve : elle se compose d’une
centaine de réguliers (ạskris), commandés par un aṛa. Qaçba
el Ạïoun est en outre la résidence du qaïd des Chedjạ, Chikh
Ḥamida ech Chergi, chef suprême dans la place ; il a auprès de
lui son lieutenant et quelques hommes du makhzen. Les autres habitants
sont des marchands musulmans et juifs, ceux-ci originaires de Debdou
ou de Tlemsen, qui vendent des denrées d’Europe et d’Algérie
aux soldats et aux tribus des environs.

Le sultan croit avoir ici 600 réguliers commandés par un aṛa,
Ḥadj Moḥammed : de fait, il y possède 100 ou 150 malheureux qui
n’ont de soldats que le nom. Il envoie 5000 fr. par mois pour la
solde de la troupe : les hommes ne touchent rien, sont nus et meurent
de faim ; l’aṛa et ses lieutenants gardent tout.

Le commerce de Qaçba el Ạïoun a de l’importance. Les boutiques
installées dans son enceinte sont bien approvisionnées. Chaque
semaine, se tient au pied de ses murs un marché, le Tlâta Sidi
Mellouk. Ce jour-là, les tribus des environs, celles de la montagne
comme celles de la plaine, viennent en foule, apportant des laines,
des tellis, des flidjs, des tapis, des peaux, et les échangeant
contre des objets de provenance algérienne, cotonnades, etc. Les
années de bonne récolte, les petits marchands de la Qaçba font
d’excellentes affaires : ils vendent en grande quantité du café,
de l’eau-de-vie, du vin, du thé, du sucre, du kif, des cotonnades,
des faïences, des verres, des bougies, des belṛas, de la mercerie,
du papier, aux soldats et aux tribus voisines, dont quelques-unes, les
Beni Iznâten surtout, sont très riches. Quand la terre est stérile,
que la moisson manque, qu’il y a disette, le trafic est nul :
c’est ce qui a eu lieu ces derniers temps. Cette année, beaucoup de
pluie est tombée au printemps ; on espère une excellente récolte ;
depuis cinq ans on manquait d’eau, il y avait sécheresse et famine.

                                21 mai.

Séjour à Qaçba el Ạïoun. Une pluie torrentielle qui tombe depuis
hier soir m’empêche de partir.

On est fort enflammé ici des exploits du _Cherif_ (c’est le nom
qu’on donne dans le Maroc au Mahdi), que la grâce de Dieu a rendu
invulnérable et invincible, qui a chassé les Chrétiens d’Égypte
et qui marche sur Tunis : on a reçu à Fâs plusieurs lettres de
lui : le sultan les a fait lire dans les mosquées. Moulei El Ḥasen
est en ce moment à Meknâs ; il a ordonné des levées de troupes
considérables : onze corps sont prêts à l’heure qu’il est, deux
sur le Sebou, neuf dans le Sous ; ils présentent un effectif total
de 40,000 hommes et sont formés de contingents tirés des tribus les
plus guerrières du royaume de Merrâkech et du Sous. C’est contre
les Français que se font ces préparatifs. Au mois de ramḍân, le
sultan se mettra à la tête des troupes, et en avant vers Oudjda ! —
Ce sont les réguliers et les mkhaznis de la Qaçba qui racontent ces
fables : ils y croient, et cette perspective de guerre leur fait faire
la grimace. Des bruits aussi ridicules et plus encore circulent dans
toute l’étendue du Maroc. Partout les esprits y sont occupés des
événements du Soudan égyptien, qui grossissent dans des proportions
fantastiques en traversant l’Afrique. A Tisint, à Tatta, dans le
Sous, le Cherif, après avoir conquis l’Égypte, avait pris Tripoli,
Tunis, Alger, et avait mis à mort tout ce qui était chrétien. Dans
la vallée du Ziz, il n’était pas à Alger, mais Tunis était
tombé en son pouvoir et les Français vaincus fuyaient devant lui. A
Debdou, il était à Tripoli. A Qaçba el Ạïoun et à Oudjda, il
n’a conquis que l’Égypte, avec le Caire et Alexandrie. Partout,
aussi bien dans le sud qu’ici, chez les Ida ou Blal et dans le
Sous comme chez les Berâber, on est curieux de ces nouvelles :
aussitôt que j’arrivais en un lieu, la première question qu’on
m’adressait, à titre d’étranger, était : « Quelles nouvelles
du Cherif ? » Mais, si l’on s’occupe de lui, on paraît s’en
occuper avec calme et attendre patiemment qu’il vienne, sans se
soucier de prendre les armes pour lui tendre la main. En résumé, il
excite une vive curiosité, mais peu d’enthousiasme, surtout dans les
tribus indépendantes. Les tribus soumises, en général plus dévotes,
plus instruites, plus fanatiques que les autres, moins occupées par
des luttes de chaque jour avec les voisins, prêtent une attention
plus vive et seraient plus faciles à soulever. Tel était l’état
des esprits lors de mon voyage. Nulle part on ne désirait la guerre
sainte ; mais l’ignorance, qu’entretient la politique craintive
des puissances européennes, est si grande que tout peut arriver :
malgré le calme actuel, il suffirait que soit le sultan, soit quelque
grand chef religieux, comme Chikh Moḥammed El Ạrabi el Derkaoui,
levât l’étendard de la guerre sainte pour réunir en quelques
jours une armée de 50000 hommes. Cette masse, animée plutôt par
l’espoir du pillage que par le zèle religieux, s’évanouirait
à la première défaite, et se doublerait au moindre succès.

                                22 mai.

Départ à 6 heures et demie du matin. Je reprends ma route dans le
désert d’Angad, cheminant au milieu de la plaine, avec mes deux
chaînes monotones à droite et à gauche. Ce sont deux longues lignes
de montagnes sombres, à peu près de même hauteur, nues l’une
et l’autre comme tous les massifs que j’ai vus depuis le Djebel
Debdou. Au flanc du Djebel Beni Iznâten apparaissent de nombreuses
taches noires, villages et jardins. Le sol ne change pas : il demeure
sablonneux et couvert d’herbages ; après Qaçba el Ạïoun, il
est pendant trois ou quatre kilomètres semé de quelques arbres. Je
rencontre des douars, plusieurs troupeaux de chameaux, de moutons
et de chèvres, et, en un ou deux points, des cultures. Profitant du
bienfait de la pluie, qui vient de fertiliser les sables de l’Angad,
les Chedjạ se sont hâtés d’ensemencer quelques parcelles
de terre. Durant toute la journée le pays reste très plat ; ce
n’est qu’en approchant d’Oudjda que deux accidents de terrain
changent l’aspect du désert. Vers le nord, une côte en pente
douce, parallèle au Djebel Beni Iznâten, se projette en avant de
lui dans la plaine et se termine au cours de l’Isli. Vers l’est,
on voit la fameuse Koudia el Khoḍra, théâtre du champ de bataille
de l’Isli ; de loin, elle apparaît comme un long talus verdoyant,
bas, à crête uniforme, barrant toute la plaine d’Angad depuis le
Djebel Zekkara, dont il se détache et auquel il est perpendiculaire,
jusqu’à la côte qu’on vient de signaler : entre celle-ci et El
Koudia el Khoḍra, se trouve une trouée où passe l’Ouad Isli. A 2
heures 40, je parviens à cette rivière. Elle a 12 mètres de large
et 70 centimètres de profondeur ; le courant est rapide ; le lit,
de gros galets, est en entier couvert par les eaux ; deux berges de
sable à 1/1, de 8 mètres de haut, l’encaissent. L’ouad coule
au pied même de El Koudia el Khoḍra : sa berge droite se confond
avec le versant occidental de ces hauteurs. Je commence à monter au
sortir de la rivière : côte douce, mélange de terre et de pierres ;
à 2 heures 50, je suis au sommet. Un plateau s’y étend, ridé
d’ondulations légères ; il est couvert d’herbe ; le sol en est
terreux, avec des pierres et des endroits rocheux. Je le traverse. A 3
heures et demie, j’en atteins le bord oriental. Depuis quelque temps,
j’aperçois Oudjda, étalant au-dessous de moi ses maisons blanches
au milieu de grandes plantations d’oliviers. Une rampe, pareille
à celle qui le limite à l’ouest, courte et douce, borne ici le
plateau. Je la descends et ne tarde pas à entrer dans les jardins
d’Oudjda : vastes et bien cultivés, ombragés d’une multitude
d’arbres, ils sont la seule chose digne d’attention en ce lieu. Je
m’arrête, à 4 heures un quart, dans un des fondoqs de la ville.

Oudjda est située au pied de El Koudia el Khoḍra, en terrain plat,
dans la plaine d’Angad, qui se prolonge au delà jusqu’à Lalla
Maṛnia. C’est une fort petite ville : elle semble moins peuplée
qu’El Qçar. La richesse et la prospérité y règnent ; la présence
d’un qaïd, de mkhaznis, le passage des caravanes, le commerce avec
l’Algérie, y entretiennent l’animation et y apportent la fortune.

Un mkhazni à cheval m’a escorté de Qaçba el Ạïoun à Oudjda ;
un autre m’accompagnera d’Oudjda à la frontière française. Il a
suffi de les demander aux qaïds ; une escorte de ce genre s’accorde
toujours, à condition de payer : le prix est modique. Le gouvernement
concourt à fournir les zeṭaṭs dans les régions du blad el makhzen
trop peu sûres, comme celle-ci, pour y voyager seul. Chemin faisant,
j’ai rencontré une caravane ; elle se composait de marchands
juifs venant de Tlemsen et allant à Debdou. Hors l’Ouad Isli,
je n’ai traversé qu’un cours d’eau de quelque importance :
l’Ouad Bou Rdim (6 mètres de large ; 1 mètre de profondeur ;
courant insensible ; berges de 1m,50 d’élévation, à 1/1. Les
eaux proviennent des pluies dernières ; la rivière, à sec toute
l’année, se gonfle à la moindre averse et se dessèche aussi vite :
hier elle était infranchissable).

                                23 mai.

Départ d’Oudjda à 7 heures du matin. A 10 heures, je passe la
frontière et j’entre en terre française. Peu après j’arrivai
à Lalla Maṛnia, terme de mon voyage.


                       FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE.


[Note 99 : Les Beni Iznâten (Beni Zenâta) sont la grande tribu
qui est désignée d’habitude sur nos cartes sous le nom de Beni
Snassen.]




                            SECONDE PARTIE.

                           =RENSEIGNEMENTS.=


                                   I.

                    BASSIN DE L’OUAD OUMM ER REBIA.


L’Ouad Oumm er Rebiạ prend sa source sur le territoire des Beni
Mgild, à une haute montagne d’où sort aussi la Mlouïa. De là il
traverse les tribus des Zaïan, des Ichqern, des Qeṭạïa, des Aït
Roubạ, des Beni Ạmir, des Beni Mousa, ces quatre dernières faisant
partie du Tâdla. En sortant des terres des Beni Mousa, il reçoit
l’Ouad el Ạbid, qui est la limite et de cette tribu et du pays
de Tâdla. A partir de là, il ne cesse de couler entre des tribus
différentes, formant frontière entre elles : d’abord entre les
Beni Miskin au nord et les Sraṛna au sud ; puis entre les Chaouïa
(nord) et les Rḥamna (sud) ; ensuite entre les Chaouïa (nord) et les
Doukkala (sud) ; enfin entre les Chtouga (nord) et les Doukkala (sud).

Les tribus mentionnées en aval du Tâdla sont nomades, parlent
l’arabe et se disent de race arabe. Elles sont soumises au
sultan. Trois d’entre elles sont regardées comme les plus
puissantes du blad el makhzen : celles des Rḥamna, des Chaouïa et
des Doukkala : les premiers peuvent, dit-on, mettre 11000 hommes à
cheval, les seconds 7000, les derniers 6000.

=AFFLUENTS.= — L’Ouad Oumm er Rebiạ reçoit un grand
nombre d’affluents, parmi lesquels on remarque, en descendant
son cours : l’Ouad Derna, l’Ouad Daï, l’Ouad el Ạbid,
l’Ouad Teççaout. Ces quatre cours d’eau se jettent sur sa rive
gauche. L’un d’eux, l’Ouad el Ạbid, égale en importance
l’Oumm er Rebiạ elle-même.

1o _OUAD DERNA_. — Cette rivière prend sa source dans le Djebel Aït
Seri, arrose le grand village de Tagzirt et, à 2 heures de marche
au-dessous de ce point, entre dans le territoire des Aït Iạïch :
elle se jette dans l’Oumm er Rebiạ à Zidania, vieille qaçba
qui ressemble à celle de Fichtâla et qui a été construite aussi
par Moulei Ismạïl. Zidania est située à 5 heures de marche
au-dessous de Qaçba Tâdla, chez les Oulad Ạbd Allah, fraction
des Beni Ạmir. Point de ville du nom de Derna.

2o _OUAD DAI_. — Cette rivière roule à peu près le même volume
d’eau que l’Ouad Derna : elle prend sa source dans la même chaîne
de montagnes : c’est chez les Oulad Bou Bekr, fraction des Beni
Mellal, qu’elle entre en plaine. Elle se jette sur la rive gauche
de l’Oumm er Rebiạ dans le territoire des Beni Mousa. Point de
ville du nom de Daï.

3o _OUAD EL ABID_. — Les sources de cette grande rivière sont, comme
celles de l’Oumm er Rebiạ, dans une contrée sauvage, boisée,
infestée de lions et de panthères, région peu fréquentée et que
ne traverse aucun chemin. En remontant l’Ouad el Ạbid au-dessus
d’Ouaouizert, on trouve les Aït Messaṭ sur sa rive gauche et les
Aït Atta d Amalou sur sa rive droite : la rivière forme frontière
entre les deux tribus. Puis elle entre dans celle des Aït Seri. A
partir de là, plus de bourgades ; il n’y a que de petits villages,
des huttes et des tentes groupées autour de tiṛremts.

Au-dessous d’Ouaouizert, c’est encore la grande tribu des
Aït Messaṭ qui occupe la rive gauche de l’ouad : les Entifa,
puis les Sraṛna lui font suite. Sur la rive droite, on traverse
successivement, en descendant la rivière, les Aït Atta d Amalou,
les Aït Bou Zîd, les Aït Ạtab et enfin les Beni Mousa.

L’Ouad el Ạbid a deux points de passage importants dans la portion
inférieure de son cours :

A 3 heures de marche en amont de son confluent avec l’Oumm er
Rebiạ, se trouve le gué de Bou Ạqba, célèbre par la bataille
qui s’y livra. En cet endroit, l’Ouad el Ạbid forme limite
entre les Entifa et les Beni Mousa.

5 heures plus haut, c’est-à-dire à 8 heures du confluent, se
trouve un pont construit par Moulei Ismạïl et encore en bon état :
il n’a point de nom particulier : on l’appelle _El Qanṭra_.

=AFFLUENT.= — L’Ouad el Ạbid reçoit sur sa rive gauche une
rivière importante dont nous avons aperçu le confluent entre
Ouaouizert et Aït ou Akeddir ; c’est l’Ouad Aït Messaṭ.

OUAD AIT MESSAT. — Cette rivière prend sa source dans le Grand Atlas
un peu au-dessus de Zaouïa Aḥansal. Elle arrose sur son cours un
grand nombre de qçars : ils appartiennent aux Aït Isḥaq, l’une
des 5 fractions des Aït Messaṭ. Voici les principaux d’entre eux,
dans l’ordre où on les trouve en descendant l’ouad :

  Zaouïa Aḥansal (zaouïa très importante, dont le chef actuel se nomme
  Sidi Ḥamed ou Ḥamed Aḥansal).

  Aït Tamzout                                               rive droite.

  Zaouïa Aït Sidi Ạli ou Ḥaseïn                             rive droite.

  Tillougit                                                 rive droite.

  Aït Ạïssa                                                 rive droite.

  Izerouan (3 qçars)                                        rive droite.

    Distances : de l’Oussikis à Zaouïa Aḥansal          1 jour.

                De Zaouïa Aḥansal à Ouaouizert          2 jours.

4o _OUAD TEÇÇAOUT_. — Cette rivière se jette sur la rive
gauche de l’Oumm er Rebiạ, à 7 heures de marche au-dessous du
confluent de ce fleuve avec l’Ouad el Ạbid. La Teççaout est
formée de la réunion de deux cours d’eau : le premier, Teççaout
Fouqia ou Ouad Akhḍeur, passe entre Demnât et Bezzou ; le second,
Teççaout Taḥtia ou Teççaout Merrâkech, passe entre Demnât et El
Qlạa. Ces deux rivières prennent leur source dans un même massif de
montagnes et se dirigent vers le nord, l’une par l’est, l’autre
par l’ouest : elles se réunissent en plaine entre El Qlạa et
Bezzou, et de là vont se jeter dans l’Oumm er Rebiạ. Le chemin
qui va en ligne directe de Demnât au Dâdes, chemin très suivi,
remonte la Teççaout Fouqia jusqu’à sa source : de là il passe
sur le territoire des Haskoura, dans le bassin du Dra. La Teççaout
orientale a tout son cours supérieur occupé par la grande tribu
tamaziṛt indépendante des Aït b Ououlli. Elle traverse ensuite
le territoire des Aït Abbes, puis celui des Entifa, enfin celui des
Sraṛna, sur lequel les deux Teççaout se réunissent et se jettent
dans l’Oumm er Rebiạ.

=AFFLUENTS.= — La Teççaout Fouqia reçoit plusieurs affluents
dont le principal est l’Ouad el Ạrous, se jetant sur sa rive
droite au point frontière entre les Aït b Ououlli et les Aït Abbes.

OUAD EL AROUS. — A 2 kilomètres au-dessus de son confluent avec
l’Ouad Teççaout, il reçoit lui-même sur sa rive droite, au
village d’Agerd n Ouzrou, un cours d’eau important, l’Ouad
b Ougemmez.

=Ouad b Ougemmez.= — Cette rivière porte aussi le nom d’Ouad
Aït Ouaham. Elle prend sa source dans le Grand Atlas, auprès du
Tizi Izouṛar : le cours en appartient tout entier à la tribu des
Aït b Ougemmez : un grand nombre de qçars s’échelonnent le long
de ses rives : le plus rapproché de sa source est Zaouïa Aït Ouaham
(appelé aussi Zaouïa Alonzi) ; le plus bas est Agerd n Ouzrou, où il
se jette dans l’Ouad el Ạrous. Entre eux, il en existe d’autres,
dont les principaux sont, en descendant : Aït Ạli, Aït Ouriad.

Entre Aït Ouriad et Agerd n Ouzrou, l’Ouad b Ougemmez reçoit sur
sa rive gauche un affluent, l’Ouad Ibakellioun.

_Ouad Ibakellioun_. — Le cours en appartient aussi en entier
aux Aït b Ougemmez : il est bordé de nombreux qçars : le plus
considérable d’entre eux est Ibakellioun, situé non loin de la
source de l’ouad.

Cette rivière reçoit elle-même un affluent, l’Ouad Tizi Aït Imi,
se jetant sur sa rive gauche dans la partie basse de son cours.

_Ouad Tizi Aït Imi_. — Il prend sa source au col d’Aït Imi,
dans le Grand Atlas. Le cours en appartient à la tribu des Aït b
Ougemmez. Il arrose plusieurs qçars.

Les localités situées sur les cours des ouads b Ougemmez, Ibakellioun
et Tizi Aït Imi forment la totalité de la tribu des Aït b Ougemmez,
tribu indépendante, de race et de langue tamaziṛt.

Pas de marché chez les Aït b Ougemmez.

Un mellaḥ, sur l’Ouad b Ougemmez.

  Distances :  de l’Oussikis à Aït        forte    1/2    journée.
               Ouaham

               D’Aït Ouaham à Ḥad Aït               1     jour.
               Ạtab

                   »          Agerd
               n Ouzrou                            17     kilomètres.

                   »          Demnât                2     petites
                                                          journées.


                    =Renseignements sur les tribus.=


_TRIBUS DU TADLA_. — Voici la décomposition des tribus du Tâdla :

                                           {    Oulad Brahim.
                                           {
              {    Oulad Bḥar el Kebar.    {    Gouffa.
              {                            {
              {                            {    Beni Khelf.
              {
  Ourdiṛra    {                            {    Mfasis.          }
              {                            {                     } 1
              {                            {    Oulad Ạzzouz.    }
              {    Oulad Bḥar es Sṛar.     {
              {                            {    Oulad Smir.
                                           {
                                           {    Beni Ḥasen.

                 {    Oulad Bou Ṛadi.
                 {
  Beni Khîran    {    Beni Mançour.
                 {
                 {    Genadiz.

                                {    Torch.
                                {
           {    Mạdna.          {    Beraksa.
           {                    {
           {                    {    Ạsasga.
  Smâla    {
           {                    {    Houasen.
           {                    {
           {    Oulad Ạïssa.    {    Oulad Fennan.
                                {
                                {    Chraạ.

                                        {    Oulad Gaouch.
                                        {
                                        {    Aït Çaleḥ.       }
                                        {                     } 1
                  {                     {    Nouaser.         }
                  {    Oulad Iousef.    {
                  {                     {    Berachona.       }
                  {                     {                     } 1
                  {                     {    Oulad Nahr.      }
                  {                     {
                  {                     {    Beni Zrandil.
                  {
                  {                     {    Ạbabsa.
                  {                     {
                  {                     {    Oulad Brahim.
  Beni Zemmour    {                     {
                  {    Beni Bataou.     {    Zania.
                  {                     {
                  {                     {    Soual.
                  {                     {
                  {                     {    Rouased.
                  {
                  {                     {    Aït Bihi.
                  {                     {
                  {                     {    Aït Mousa.
                  {    Aït Iaḥi.        {
                  {                     {    Ahouraïn.
                                        {
                                        {    Geraïat.

            {    Semget.
            {
            {    Ạït Ạla.        }
  Qeṭạïa    {                    } 1
            {    Aït Brahim.     }
            {
            {    Aït Kerkaït.

                                                  {   Oulad Smạïn.
                                                  {
                             {    Oulad Sạïd.     {   Oulad Iạqoub.
                             {                    {
                             {                    {   Oulad Bou Iạoud.
                             {
                             {                    {   Bezzaza.
                             {                    {
  Beni Mạdan ; Aït Roubạ.    {    Oulad Iousef.   {   Oulad Iạïch.
                             {                    {
                             {                    {   Oulad Mạmmer.
                             {
                             {    Zouaïr.
                             {
                             {    Beni Mellal.

               {    Oulad Assoun       }
               {                       }
               {    Oulad Nedjạ        } 1
               {                       }
               {    Oulad Ạbd Allah    }
               {
               {    Beradia            }
               {                       }
               {    Ahel Sous          } 1
               {                       }
               {    Oulad Ạli          }
               {
  Beni Amir    {    Oulad Ḥasen        }
               {                       }
               {    Krifat             }
               {                       } 1
               {    Oulad Zian         }
               {                       }
               {    Oulad Bou Ḥerrou   }
               {
               {    Beni Chegdal       }
               {                       }
               {    Oulad Rejiạ        } 1
               {                       }
               {    Mouali el Ouad     }

                                            {    Oulad Zahra.
                                            {
                                            {    El Amgar.
                                            {
                                            {    Oulad Zmam.
                                            {
                                            {    Ạsara.
                  {    Oulad Ạrif.          {
                  {                         {    Oulad Smida.
                  {                         {
                  {                         {    Beni Ạoun.
                  {                         {
                  {                         {    Oulad Meraḥ.
  Beni Mousa      {                         {
                  {                         {    Krazza.
                  {
                  {    Beni Oujjin.
                  {
                  {    Oulad Brahim.
                  {
                  {    Ahel Zerberrachi.

  Beni Miskin.

_AIT SERI_. — Voici la décomposition des Aït Seri, tribu tamaziṛt
indépendante :

                                        {    Aït Ouirra
                                        {
                                        {    Aït Mḥammed
                                        {
                                        {    Aït Seri
                                        {
                                        {    Imhaouchen.
                                        {
                                        {    Aït Daoud.
                                        {
                   Aït Ouirra.          {    Aït Mesạoud.
                                        {
              {                         {    Aït El Ḥasen.
              {                         {
              {                         {    Aït Ạlou ou Brahim.
              {                         {
              {                         {    Aït ou Ạzzou.
              {                         {
              {                         {    Aït Ousaden.
              {                         {
              {                         {    Aït Iqqo.
              {
              {                         {    Aït Ạbd es Selam.
              {                         {
              {                         {    Aït Iạqoub.
              {                         {
              {    Aït Mḥammed.         {    Aït Smạïn.
              {                         {
              {                         {    Aït Ḥammi.
              {                         {
              {                         {    Aït Bou Bekr.
              {
              {                         {    Aït Ichcho.
              {                         {
              {                         {    Mrabṭen.
              {                         {
              {                         {    Aït Daoud.
  Aït Seri    {                         {
              {    Aït Ạbd el Ouali.    {    Aït Ousakki.
              {                         {
              {                         {    Mḥarir.
              {                         {
              {                         {    Aït Ạlou ou El Ḥasen.
              {                         {
              {                         {    Aït Ioudi.
              {
              {    Friata               }
              {                         }
              {    Aït Ḥebibi           }
              {                         }    1
              {    Aït Maḥa             }
              {                         }
              {    Aït Ạbd en Nour.     }
              {
              {                         {    Aït Ạli ou Seliman.
              {                         {
              {                         {    Aït Ḥammou ou Sạïd.
              {                         {
              {                         {    Aït Isḥaq.
              {                         {
              {                         {    Iḥebaren.
              {    Aït Sạïd             {
              {                         {    Aït Ḥammou ou Mançour.
                                        {
                                        {    Aït Daoud ou Bou Ḥïa.
                                        {
                                        {    Aït Daoud ou Iousef.
                                        {
                                        {    Aït Ougrar.

Les Aït Seri sont de langue comme de race tamaziṛt. Partie nomades,
partie sédentaires, ils ont des tentes et des villages ; ces derniers
dominent. Leur territoire nourrit peu de chevaux ; pouvant armer un
très grand nombre de fantassins, ils n’ont presque pas de cavaliers.

Deux fractions des Aït Seri, les Aït Ouirra et les Aït Mḥammed,
sont célèbres pour leur hostilité aux Juifs : leur territoire est
absolument interdit à cette race. Un Israélite veut-il le traverser
quand même, il lui faut se travestir et prendre garde de ne point
se trahir : s’il était reconnu, il n’échapperait pas à la
mort. Tout Juif trouvé est tué, et l’horreur qu’il inspire va
si loin qu’on ne dépouille pas son cadavre et que ses marchandises
sont jetées au vent.

_ICHQERN_. — Les Ichqern sont une tribu de race et de langue
tamaziṛt bornée au nord par les Zaïan, à l’ouest par le
Tâdla (Beni Zemmour et Qeṭạïa), au sud par les Aït Seri
(Aït Ouirra). Il y a 4 heures de chemin entre Qaçba Tâdla et leur
frontière. Ils peuvent mettre environ 8000 hommes à cheval. Ils sont
indépendants, bien qu’un qaïd in partibus vive chez eux. Ils ont,
en ce qui concerne les Juifs, le même usage que les Aït Ouirra et
les Aït Mḥammed, usage qui n’existe nulle part ailleurs au Maroc.

Sur la frontière nord des Ichqern, se trouve le point assez connu de
Khanifra. Khanifra est une qaçba un peu plus grande que Fichtâla,
située à 9 heures de marche à l’est-nord-est de Bou el Djạd ;
sur la limite même des Ichqern et des Zaïan, elle fut longtemps
un sujet de disputes pour ces deux tribus. Fondée par les premiers,
elle appartient aujourd’hui aux seconds. Là habite ce malheureux
qaïd des Zaïan dont nous avons parlé plus haut.

_CHAOUIA_. — Les Chaouïa sont nomades et parlent l’arabe :
ils forment une nombreuse tribu soumise au sultan. Voici leur
décomposition :

                              {    Oulad Zireg.
                              {
             {                {    Oulad Chaïb.
             { Oulad Mḥammed  {
             { (3 qaïds).     {
             {                {    El Khloṭ.
             {                {
             {                {    Oulad Ạmama.               }
             {                                                }   1
             {                {    Oulad Bou Bekr.            }
             {                {
             {                {    Oulad El Ạsri.
             { Khesasra       {
             { (1 qaïd).      {
             {                {    Brasiin.
             {                {
             {                {    Oulad Mnisf.
             {
             { El Aoulad (1 qaïd).
             {
             { Oulad Bou Ạrif.}
             {                }    (1 qaïd)
             { Beni Imman.    }
             {
             {                {    Ḥamdaoua.
             {                {
             {                {    Beni Sqeten.
             {                {
             {                {    El Elf.
             {                {
             {                {    Beni Brahim.
  Chaouïa    { Mzab (1 qaïd)  {
             {                {    Mnia.
             {                {
             {                {    Djemouạ.
             {                {
             {                {    Oulad Fers.
             {                {
             {                {    Oulad Senjej.
             {
             { Oulad Sidi Ben Daoud (1 qaïd).
             {
             { Oulad Bou Ziri (1 qaïd).
             {
             { Oulad Sạïd (1 qaïd).
             {
             { Msamsa (1 qaïd).
             {
             { Oulad Ḥaris.   }
             {                }    1 (Réunies, ces deux fractions
             {                }    forment un groupe plus nombreux
             {                }    encore que les Mzab. — 1 qaïd.)
             { Medaṛra.       }
             {
             { Oulad Zian (1 qaïd).
             {
             { Mediouna (1 qaïd).
             {
             { Siaïda (2 qaïds).
             {
             { Zenata (1 qaïd).

La fraction des Mzab contient un grand nombre de zaouïas ; telles
sont : Oulad Sidi Ạïssa, Qeradma, Oulad Sidi el Ḥadj, Oulad Sidi
Bel Qasem, El Kaouka.

_ZAIR_. — Les Zạïr forment une puissante tribu indépendante, de
race et de langue tamaziṛt. Leur territoire se trouve à l’ouest
de celui des Zaïan et au nord-ouest du Tâdla. Quoique ce pays soit
montagneux, ils possèdent un grand nombre de chevaux.

_AIT MESSAT_. — C’est une puissante tribu chleuḥa[100],
indépendante, qui a pour limites, au sud la crête supérieure du
Grand Atlas, au nord l’Ouad el Ạbid, à l’est les Aït Seri et
les Berâber, à l’ouest les ouads b Ougemmez et Teççaout. Les
Aït Messaṭ habitent, les uns dans des qçars, les autres sous
la tente : ceux-ci sont les plus nombreux. La tribu peut, en tout,
armer 4000 fantassins et 300 à 500 cavaliers. Elle se décompose en
cinq fractions.

  Aït Isḥaq.

  Aït Moḥammed.

  Aït Ougoudid.     }
                    }
  Aït Ạbd Allah.    }    Atferkal.
                    }
  Ibaraṛen          }

Les Aït Isḥaq forment environ 2000 fusils. Ils s’étendent entre
la zaouïa d’Aḥansal et l’Ouad el Ạbid : tout le cours de
l’Ouad Aït Messaṭ leur appartient : à eux encore les deux groupes
de qçars d’Aït Maziṛ et d’Aït Issoumour. Aït Maziṛ est
une collection de qçars répartis dans la montagne entre l’Ouad
el Ạbid et l’Ouad Aït Messaṭ, au delà de la rive gauche
de ce dernier. Aït Issoumour est une réunion de 3 qçars situés
près de l’Ouad el Ạbid au-dessus d’Aït Maziṛ : on compte
17 kilomètres d’Aït Issoumour à Ouaouizert. Les Aït Isḥaq
sont la seule des cinq fractions des Aït Messaṭ qui possède des
qçars. Les quatre autres n’ont que des tentes et des tiṛremts.

Les Aït Moḥammed sont limitrophes des Aït Isḥaq : ils
s’étendent entre eux, les Aït b Ougemmez, l’Ouad el Ạbid et la
crête du Grand Atlas : à l’est des Aït b Ougemmez, ils occupent
le vaste plateau d’Iferṛes. Pas de rivière sur leur territoire ;
mais les sources sont nombreuses. Pays montagneux et boisé. Point
de qçars : les Aït Moḥammed emmagasinent leurs biens dans des
tiṛremts pendant qu’ils vivent sous la tente. Ils sont environ
500 fusils.

Les Aït Ougoudid habitent à l’ouest des Aït Moḥammed, entre
eux et les Aït Ạbd Allah. Ils n’ont que des tentes et des
tiṛremts. Il en sera de même des fractions suivantes : leur pays,
comme celui des Aït Ạbd Allah et celui des Ibaraṛen, est en tout
semblable à celui des Aït Moḥammed. Les Aït Ougoudid comptent
500 fusils.

Les Aït Ạbd Allah habitent à l’ouest des Aït Ougoudid, entre
eux et les Ibaraṛen. Ils sont en face des Aït Ạtab. Ils peuvent
lever 500 fusils.

Les Ibaraṛen se trouvent à l’ouest des Aït Ạbd Allah, auprès
des Entifa : ils forment environ 500 fusils.

Ces trois dernières fractions portent le nom collectif d’Atferkal.

Ainsi qu’on le voit, une seule rivière arrose le territoire des
Aït Messaṭ, celle qui porte le nom de la tribu.

Il existe chez les Aït Messaṭ une zaouïa dont le chef est
tout-puissant sur eux : la zaouïa d’Aḥansal. Le pouvoir de son
chikh est absolu sur les Aït Messaṭ, et son influence s’étend
beaucoup plus loin. Jusqu’à Merrâkech d’une part, jusqu’au
Dâdes et au Todṛa de l’autre, il est connu et vénéré. Un
esclave de Sidi Ḥamed ou Ḥamed Aḥansal, chef actuel de la
zaouïa, suffit pour conduire en sûreté une caravane du Todṛa à
Merrâkech. A lui a recours quiconque veut voyager dans ces régions.

Les Aït Messaṭ ne parlent que le tamaziṛt : très peu parmi eux
savent l’arabe.

Deux marchés sur leur territoire : Khemîs Aït Khelift (Aït Ạbd
Allah), Arbạa Tabaroucht (Aït Isḥaq). Point de Juifs.

_AIT B OUOULLI_. — C’est une nombreuse tribu chleuḥa,
indépendante, cantonnée sur le haut cours de la Teççaout Fouqia
et sur tout celui de l’Ouad el Ạrous. Elle n’habite que des
qçars. Les Aït b Ououlli parlent le tamaziṛt.

Point de marché sur leur territoire.

Un mellaḥ.

_AIT ABBES_. — Petite tribu chleuḥa cantonnée sur les rives
de l’Ouad Teççaout au-dessous des Aït b Ououlli. Nominalement,
elle dépend du qaïd des Entifa : de fait, elle est peu soumise. Les
Aït Abbes n’habitent que des qçars. Ils parlent le tamaziṛt.

Point de marché.

Un mellaḥ.

Distance : des Aït Abbes aux Aït Bou Ḥarazen comme d’Imiṭeṛ
à Taourirt (Todṛa).

_AIT BOU HARAZEN_. — Petite tribu chleuḥa située à quelque
distance à l’est de Djemaạa Entifa. Elle fait partie du blad
el makhzen et obéit au qaïd des Entifa. Point de rivière sur son
territoire : celui-ci n’est arrosé que par des sources. Les Aït Bou
Ḥarazen n’habitent que des qçars : leur langue est le tamaziṛt,
mais beaucoup d’entre eux savent l’arabe.

Un marché, l’Arbạa Bou Ḥarazen.

Deux mellaḥs.

Distance : d’Arbạa Bou Ḥarazen à Djemaạa Entifa comme de
Timaṭṛeouin à Taourirt (Todṛa).

_INKTO_. — Petite tribu chleuḥa au sud des Entifa. Elle appartient
au blad el makhzen et obéit au qaïd de Demnât. Elle n’habite
que des qçars. La langue en est le tamaziṛt. Le territoire, situé
à l’est de l’Ouad Teççaout Fouqia, n’en est arrosé que par
des sources : on n’y voit aucun cours d’eau.

Un marché, l’Arbạa Ouaoula.

Pas de Juifs.

  Distances : d’Inkto à Demnât comme d’Aït Iidir (Dâdes) à Taourirt
              (Todṛa).

                  »     Djemaạa Entifa comme d’Aït Iidir     »     »

_AIT AIAD_. — Tribu chleuḥa indépendante occupant les premières
pentes du Moyen Atlas au nord-est des Aït Ạtab. La fraction
des Aït Ạtab qui la limite de ce dernier côté s’appelle les
Ikadousen. Les Aït Ạïad peuvent mettre en ligne environ 1000
hommes, dont 100 cavaliers. Ils sont habituellement alliés aux
Aït Ạtab.

Un marché, le Tlâta Aït Ạïad.

Un mellaḥ.


                             =Itinéraires.=


_DE FAS A BOU EL DJAD_. — Fâs, Sfrou, Aït Ioussi, Beni Mgild,
Ạïn el Louḥ, Akebab, Ichqern, Bou el Djạd.

_DE FAS A BOU EL DJAD_. — Fâs, Sfrou, Aït Ioussi, Beni Mgild,
Zaïan, Bou el Djạd.

_DU TADLA A QÇABI ECH CHEURFA_. — Du Tâdla, un chemin remonte le
cours de l’Ouad Oumm er Rebiạ jusqu’à sa source : de là on peut
gagner Qçâbi ech Cheurfa. Cette route n’est point fréquentée :
les animaux féroces, lions et panthères, qui peuplent les grandes
forêts traversées par le haut cours de l’Oumm er Rebiạ, en sont
cause en partie.

_DE BOU EL DJAD A MOULEI BOU IAZZA_. — De Bou el Djạd à Moulei
Bou Iạzza, on compte 10 heures de marche : chemin faisant : on
rencontre deux lieux habités, Sidi Bou Ạbbed, situé à 4 heures de
Bou el Djạd, et Sidi Oumbarek, qui se trouve à 7 heures de cette
même ville. Entre Sidi Bou Ạbbed et Sidi Oumbarek, on traverse
l’Ouad Grou, entre S. Oumbarek et Moulei Bou Iạzza, on franchit
la frontière du Tâdla, et on passe des Beni Zemmour chez les Zaïan.

Sidi Bou Ạbbed est un village de 200 maisons : au milieu
s’élèvent la qoubba de Sidi Bou Ạbbed et une zaouïa où vivent
ses descendants.

Sidi Moḥammed Oumbarek était un cherif vénéré ; mort depuis
très longtemps, il a laissé une postérité nombreuse qui habite
autour de sa qoubba, dans un village de 400 maisons : ce village a
pris son nom ; il est situé au milieu de grandes forêts.

Moulei Bou Iạzza est une bourgade de 1200 à 1400 habitants. Elle
porte le nom d’un cherif célèbre, mort là depuis des siècles. Il
n’a laissé ni postérité ni disciples, le souvenir de ses vertus et
son tombeau sont tout ce qui reste de lui ; son mausolée, reconstruit
jadis par Moulei Ismạïl, est fort beau : il est du même modèle
que ceux de Bou el Djạd. Cette qoubba est l’objet d’une grande
vénération.

_DE DEMNAT A BEZZOU_. — Une journée de marche. Chemin faisant, on
traverse l’Ouad Teççaout Fouqia. Bezzou est une bourgade de 1500
habitants avec un mellaḥ. Elle ressemble de tous points à Djemaạa
Entifa. Elle est située en plaine entre l’Ouad Teççaout et
l’Ouad el Ạbid. Elle est sous la juridiction du qaïd des Entifa.

_DE DEMNAT A EL QLAA_. — Un jour et demi de marche, soit : de
Demnât à Zaouïa Sidi Reḥal, une journée ; de Zaouïa Sidi
Reḥal à El Qlạa, une demi-journée. Entre ces deux derniers
points on chemine constamment en plaine et on ne traverse aucun cours
d’eau. El Qlạa est sur le territoire des Sraṛna. C’est une
ville de 3000 habitants, de l’importance de Demnât. Elle possède
un grand mellaḥ. Située à l’ouest de la Teççaout Taḥtia,
à l’est de l’Ouad Rḍât, elle n’a d’autre eau que celle
qui lui est amenée de la Teççaout par des _feggara_[101].

_DE DEMNAT AU TIZI N GLAOUI_. — Il y a deux chemins : l’un,
plus long mais beaucoup meilleur, passant par Zaouïa Sidi Reḥal,
Tagmout, etc. ; l’autre, plus court mais très difficile, entrant
à Demnât dans la montagne et allant tout droit vers le col : le
dernier est très peu fréquenté.

_DE ZARAKTEN AU TELOUET_. — Il y a deux chemins : l’un est celui
que nous avons pris ; voici l’autre : Zarakten, Ạqoub es Soulṭân
(en tamaziṛt, Asaou n Ougellid), point de croisée du sentier venant
de Tagmout, Tikhfar (l’Ouad Rḍât étant à main droite), Talatin
n Ouadil, Timi Ourṛt, Amsensa, traversée de l’Ouad Amsensa,
affluent de l’Ouad n Iri, Tanzmout (sur l’Ouad Amsensa), Ideṛ
(sur l’Ouad n Iri). A partir de là, on reprend le chemin connu.

_D’OUAOUIZERT A L’OUSSIKIS_. — D’Ouaouizert à l’Ouad el
Ạbid, 1 heure. Jusque-là on est sur le territoire des Aït Atta
d Amalou.

De l’Ouad el Ạbid à Talmest, un jour. Talmest est sur les terres
des Berâber. Entre l’Ouad el Ạbid et les Berâber se trouve le
territoire des Aït Messaṭ. C’est là qu’on a marché durant
la plus grande partie de la journée : le chemin y traverse le groupe
de qçars d’Aït Issoumour.

De Talmest à Tarḥamt, un jour. Tarḥamt est un endroit désert
où les caravanes ont l’habitude de faire halte pour passer la nuit.

De Tarḥamt à l’Oussikis, un jour. De Talmest à l’Oussikis
on n’a cessé de marcher sur le territoire des Berâber. L’Ouad
Dâdes, auquel on arrive dans l’Oussikis, est la première rivière
qu’on rencontre depuis l’Ouad el Ạbid : entre ces deux cours
d’eau ce ne sont que montagnes : point de neige sur le chemin en
été ; à dater du mois de novembre, il y en a fréquemment.

_DU TODRA AUX AIT ATAB ET A DEMNAT_. — Du Todṛa à l’Oussikis,
une journée de marche. On passe au départ sur la rive droite de
l’Ouad Todṛa ; puis on entre dans la montagne, où l’on reste
jusqu’à l’Oussikis sans rencontrer de toute la route ni qçar
ni cours d’eau. Dans ce long désert on ne trouve que des tentes
des Aït b ou Iknifen ; encore n’y sont-elles qu’en été :
en hiver elles se transportent sur le Saṛro.

De l’Oussikis trois chemins conduisent à la plaine d’Izouṛar,
plateau désert :

  Ṭriq Aqqa (à l’est).

  Ṭriq Izilal (au centre).

  Ṭriq Tafrout (à l’ouest).

Dans la plaine d’Izouṛar campent en été des Aït ou Allal et des
Aït Bou Daoud. De cette plaine on passe à la vallée de l’Ouad b
Ougemmez : un seul chemin y conduit : on franchit au Tizi Izouṛar
une crête qui marque l’extrémité du plateau, et de là on descend
directement dans la vallée de l’Ouad b Ougemmez : on l’atteint à
Zaouïa Aït Ouaham. De l’Oussikis à Aït Ouaham, un piéton isolé
met une forte demi-journée. Pour les caravanes il faut une journée.

D’Aït Ouaham partent deux routes, l’une vers les Aït Ạtab,
l’autre vers Demnât.

La première monte sur le flanc droit de l’Ouad b Ougemmez,
en face même de la zaouïa, puis franchit un col, le Tizi n
Tiṛrist. C’est un passage difficile. De là on entre dans la
vaste plaine d’Iferṛes. Elle est occupée par les tentes des
Aït Moḥammed (fraction des Aït Messaṭ). On descend ensuite dans
la vallée de l’Ouad el Ạbid. Un piéton isolé ne met qu’une
journée pour aller d’Aït Ouaham à Ḥad Aït Ạtab.

Si l’on prend la seconde voie, celle de Demnât, on descend l’Ouad
b Ougemmez jusqu’à Agerd n Ouzrou, puis l’Ouad el Ạrous
jusqu’à son confluent avec la Teççaout Fouqia. On remonte ensuite
la Teççaout pendant 4 heures environ ; puis on passe sur sa rive
gauche, on franchit le Djebel Tamatout (montée très difficile), et
de là on se rend à Demnât. Il y a deux petites journées d’Aït
Ouaham à Demnât. On passe la nuit dans le haut de la tribu des Aït
b Ououlli, sur les rives de la Teççaout.

_DE L’OUSSIKIS A OUAOUIZERT_. — On gagne le plateau d’Izouṛar
par le chemin le plus oriental, Ṭriq Aqqa. On traverse le plateau,
puis on franchit successivement le Tizi n Teṛrisin et le Tizi n
Terboula. De là on débouche, à Zaouïa Aḥansal, dans la vallée
de l’Ouad Aït Messaṭ. On descend cette rivière jusqu’à son
confluent avec l’Ouad el Ạbid, et on gagne Ouaouizert. On compte
un jour de l’Oussikis à Zaouïa Aḥansal, et deux jours de la
zaouïa à Ouaouizert. Ce chemin a pour les caravanes l’avantage
de passer par Zaouïa Aḥansal, résidence d’un puissant chef
religieux de qui elles prennent l’ạnaïa. Ce marabout est la
ressource habituelle de ceux qui voyagent chez les Aït Messaṭ.


[Note 100 : Lorsque nous nous rapprocherons du sud, nous emploierons
souvent le mot de Chleuh pour désigner la race à laquelle
appartiennent les populations, afin de marquer qu’elles sont
composées d’Imaziren blancs « Chellaha », et non d’Imaziren
noirs « Haratîn ».]

[Note 101 : On donne le nom de _feggara_ à des canaux souterrains
offrant des jours de distance en distance : ces jours sont
d’ordinaire très rapprochés : il est rare qu’ils aient 10
mètres d’espace de l’un à l’autre.]




                                  II.

                         BASSIN DE L’OUAD DRA.


Le cours du Dra se divise en trois portions : cours supérieur,
depuis les sources des ouads Idermi et Dâdes jusqu’au point où
ces cours d’eau se réunissent ; cours moyen, depuis ce confluent
jusqu’à Mḥamid el Ṛozlân ; cours inférieur de Mḥamid el
Ṛozlân à l’Océan.

Dans le cours supérieur, point de rivière portant le nom de Dra :
deux torrents, dont la réunion formera le fleuve, roulent au pied
de l’Atlas leurs eaux froides et impétueuses ; les rives en sont
presque constamment bordées de villages et de cultures : région
montagneuse ; végétation des pays froids : les crêtes du Grand Atlas
se dessinent tout près des vallées en longue masse blanche ; dans
les fonds, point de palmiers : des oliviers, des figuiers, des noyers.

Dans son cours moyen, l’Ouad Dra, formé de la réunion des deux
rivières précédentes, prend une nouvelle direction : il coule
perpendiculairement à l’Atlas et s’enfonce dans le sud : c’est
un large fleuve, au cours majestueux, faisant miroiter ses belles
ondes, claires et paisibles, à l’ombre de palmiers innombrables :
il coule sans interruption entre les dattiers et les villages, oasis
longue de 40 lieues, pays le plus beau et le plus riche du Maroc. Il
a presque toujours une eau abondante ; que, par extraordinaire, elle
manque dans son lit, les nombreux canaux qui le bordent en restent
pleins. La vallée est bordée de montagnes qui vont s’abaissant
et s’écartant à mesure qu’elles s’avancent vers le sud.

Dans le cours inférieur, plus un dattier, plus une maison :
au sortir d’El Mḥamid, l’Ouad Dra entre dans le désert ;
il y reste jusqu’à la mer. Il coule en plaine ; plus d’eau ;
son lit à sec s’élargit démesurément ; ses bords sont aussi
désolés qu’ils étaient riants tout à l’heure. Sa direction a
changé : il a fait un coude brusque à angle droit, et il se dirige
vers l’Océan parallèlement aux crêtes de l’Atlas.

Nous allons nous occuper successivement de chacune de ces trois
portions du cours de l’Ouad Dra.


                     1o. — BASSIN SUPÉRIEUR DU DRA.


Le bassin supérieur du Dra se compose de ceux des deux rivières
dont la jonction forme ce fleuve : l’Ouad Dâdes et l’Ouad Idermi.

Nous allons étudier séparément chacun de ces deux cours d’eau.


                             =Ouad Dâdes.=


L’Ouad Dâdes prend sa source dans le Grand Atlas : il traverse, en
descendant, les districts ci-dessous qui se succèdent immédiatement
les uns aux autres : Imdras, Aït Atta, Aït Seddrât, Dâdes, Aït
Iaḥia, Isḥiḥen, Imeṛrân, Aït Bou Delal. Au-dessous d’Aït
Bou Delal, il s’unit à l’Ouad Idermi au kheneg de Tarea. La
jonction des deux rivières forme l’Ouad Dra. L’Ouad Dâdes,
par l’importance de son volume d’eau, est la principale source
du fleuve.

Le district d’_Imdras_ est formé de quelques qçars tous situés
sur l’Ouad Dâdes : l’Imdras est habité par une fraction des
Aït Melṛad (Berâber). Il ne se compose que d’une djemaạa,
c’est-à-dire qu’il ne forme politiquement qu’un seul groupe.

Le district d’_Aït Atta_ est aussi composé de qçars s’élevant
tous sur les rives mêmes de l’Ouad Dâdes : il est habité par des
Aït Atta (Berâber) ; il se divise en deux groupes ou djemaạas,
le Semṛir et l’Oussikis, le premier en amont, le second en aval.

Le district d’_Ait Seddrât_ se compose également de qçars
situés sur les rives mêmes de l’Ouad Dâdes ; les habitants en
sont des Aït Seddrât ; ils ont leur chikh el ạam particulier ;
ce district ne forme qu’une djemaạa. Le principal de ses qçars
est celui d’Aït Saoun : on appelle quelquefois de son nom tout
le district, pour le distinguer du grand nombre d’autres régions
peuplées d’Aït Seddrât.

Le district du _Dâdes_ ne se compose, comme les précédents, que
de qçars situés au bord même de l’Ouad Dâdes. Le Dâdes est
habité partie de Draoua (Ḥaraṭîn), partie de Berâber, partie
d’Aït Seddrât. Ces derniers sont les plus nombreux : Draoua,
Berâber et Aït Seddrât sont mélangés et dans les djemaạas et
dans les qçars ; tout le pouvoir est entre les mains des Aït Seddrât
et des Berâber. Le Dâdes est divisé en six groupes ou djemaạas ;
chacun d’eux a son chikh el ạam particulier : il n’y a de chikh
supérieur, réunissant plusieurs djemaạas sous son autorité, que
dans des cas exceptionnels, lorsque des djemaạas s’unissent pour
une guerre. Voici les noms de ces six subdivisions du Dâdes, dans
l’ordre où on les trouve en descendant le cours de l’ouad : Aït
Temouted, Aït Ouniṛ, Aït Ḥammou, Aït ou Allal, Iourtegin, Arbạ
Mia. Les chikh el ạam qui administrent chacune de ces djemaạas
n’ont pour fonction que d’en gérer les affaires générales :
ils ne se mêlent point du gouvernement particulier des qçars :
chacun de ceux-ci s’administre comme il l’entend, réglant ses
affaires à sa guise et se battant avec les localités voisines à
tout instant. Les guerres, journalières entre qçars, sont rares
entre djemaạas, et ne deviennent presque jamais générales. Cette
façon de se gouverner, ces querelles intestines sont des coutumes
invariables des Aït Seddrât : elles existent et dans toute leur
tribu et dans les régions où, comme ici, ils dominent.

Le district d’_Ait Iahia_ appartient aux Aït Seddrât : dans chaque
qçar se trouvent, mélangés avec eux, un petit nombre de Draoua
(Ḥaraṭîn) ; mais ils n’ont aucune part aux affaires. L’Aït
Iaḥia ne forme qu’une djemaạa : il a son chikh el ạam
particulier. Comme les districts précédents, celui-ci se compose
de qçars situés sur les bords de l’Ouad Dâdes. L’Aït Iaḥia
peut mettre sur pied environ 1500 fusils.

Le district d’_Ishihen_. Les Isḥiḥen sont encore des Aït
Seddrât. Comme les Aït Iaḥia, comme leurs frères du Dâdes et
d’Aït Saoun, ils ne sont pas une fraction homogène de la tribu des
Aït Seddrât, mais un mélange d’Aït Zouli et d’Aït Meḥelli,
de tous les groupes. L’Isḥiḥen a un chikh el ạam particulier :
il ne forme qu’une seule djemaạa. Même remarque que pour le Dâdes
et les autres pays d’Aït Seddrât : ce chikh el ạam, apparence
de gouvernement régulier, n’empêche pas les guerres continuelles
de qçar à qçar. Les Isḥiḥen forment environ 200 fusils.

Le district d’_Imerrân_ appartient à la grande tribu, moitié
sédentaire, moitié nomade, qui porte ce nom. Elle possède ce
district sur l’Ouad Dâdes, occupe une vaste région au nord de
cette rivière et étend ses tentes sur la partie occidentale du
Djebel Saṛro. La portion de l’Ouad Dâdes possédée par les
Imeṛrân se divise en quatre djemaạas : ce sont, en descendant la
rivière, celles de Taṛzout Imeṛrân, d’Imasin, de Tamesraout,
et d’Assaka. Elles ont chacune leur chikh el ạam et se gouvernent
séparément. Les qçars sont tous sur les rives mêmes de l’ouad.

Le district d’_Aït Bou Delal_ se compose d’une douzaine de qçars
situés sur les bords de l’Ouad Dâdes : le principal d’entre
eux est Zaouïa Sidi Felaḥ ; on se sert quelquefois de son nom pour
désigner tout le groupe dont il fait partie.

Les districts que nous venons d’énumérer sont, ainsi que le bassin
entier de l’Ouad Dâdes, indépendants du sultan.

                       =I. — District du Dâdes.=

Voici les principaux qçars dont il se compose : tous sont sur les
bords mêmes de l’Ouad Dâdes.

                             RIVE DROITE :

  Aït Mesạoud                          }                      30 fusils.
                                       }
  Iṛerm Melloul                        }                      40
                                       }
  Qçar Zida                            }    Aït Temouted.     60
                                       }
  Iṛerm n Imzil                        }                     200
                                       }
  Tiṛremt Aït Ạli ou Iaḥia             }                      10

  Tarmoucht                                 Aït Ouniṛ.        30

  Aït Bou Iousef (3 qçars)             }                      60
                                       }
  El Ḥara                              }                     100
                                       }    Aït Ḥammou.
  Tilmiouin (2 qçars)                  }                      40
                                       }
  Aït Mezber                           }                     100

  Aït Kasi ou Ạli (3 tiṛremts)         }                     150
                                       }
  Khemîs Sidi Bou Iaḥia (marché)       }
                                       }    Aït ou Allal.
  Qoubba Sidi Bou Iaḥia (qoubba        }
  isolée)                              }
                                       }
  Aït b Oulman                         }                      60

  Amdnar                               }                      40
                                       }
  Ifri                                 }    Iourtegin.        50
                                       }
  Tiilit                               }                      60

  Aït Bou Ḥeddou                       }
                                       }
  Imzouṛ                               }
                                       }
  Iṛerm n Igran                        }
                                       }
  Taourirt Izknasen                    }
                                       }
  Taourirt Izknasen                    }
                                       }
  Cheurfa Aït Bou Ạmran                }
                                       }
  Aït Haroun                           }    Arbạ Mia.
                                       }
  Zaouïa Aït Bou Bekr                  }
                                       }
  Azdag                                }
                                       }
  Cheurfa Aït Bou Ạmran                }
                                       }
  Zaouïa el Oustia Aït Bou Ạmran       }
                                       }
  Cheurfa Aït Taltmanart               }
                                       }
  Cheurfa Aït Bou Ạmran                }

                             RIVE GAUCHE :

  Aït Selîman                          }                      50 fusils
                                       }
  Akboub                               }    Aït Temouted.     30
                                       }
  Aït Iidir                            }                      20

  Aït Slillo                           }                     100
                                       }
  Tiṛremt Aït Merset                   }    Aït Ouniṛ.        10
                                       }
  Aït b Oumal                          }                     150

  Tiṛremt Ḥamed                        }                      20
                                       }
  Aït Ḥamed                            }                      20
                                       }
  Aït Ioud                             }    Aït Ḥammou.       20
                                       }
  Tiṛremt Aït Mezber                   }                      20
                                       }
  Aït Bou Bekr                         }                      20

  Aït Bou Allal                        }                      60
                                       }    Aït ou Allai.
  Aït ou Ez Zin                        }                      50

  Tagenza (Zaouïa Aït Sidi El Boṛdad)  }                      30
                                       }
  Iattasen                             }                      50
                                       }
  Aserṛin                              }    Iourtegin.        20
                                       }
  Tiṛremt Kasi                         }                      20
                                       }
  Aït El Ḥaseïn                        }                      50

  Imzouṛ                               }                     100
                                       }
  Zaouïa Fouqania Sidi Dris            }
                                       }
  El Mạïach                            }
                                       }
  Zaouïa Sidi Dris                     }
                                       }
  Aït Aqqo ou Ạli                      }
                                       }
  Aït Haroun                           }
                                       }    Arbạ Mia.
  Aït Bou Bekr                         }
                                       }
  Azdag                                }
                                       }
  Zaouïa Aït Sidi Mouloud Fouqania     }
                                       }
  Zaouïa Aït Sidi Mouloud Taḥtania     }
                                       }
  Aït Ioul                             }
                                       }
  Aït Bou Bekr                         }

Les marchés du Dâdes sont : le Khemîs Sidi Bou Iaḥia, l’Arbạa
Imzouṛ, l’Arbạa Aït b Oumal.

Il y a au Dâdes deux mellaḥs.

                     =II. — District d’Aït Iahia.=

Il se compose des qçars suivants, tous situés dans la vallée de
l’Ouad Dâdes, les uns sur ses rives mêmes, les autres sur celles
de l’Ouad Imgoun, auprès de son confluent. C’est à Tagnit Ba
Ḥammou d Aït Ṭaleb que cette rivière se jette dans l’Ouad
Dâdes. Les qçars de la rive droite situés au-dessous de Tagnit sont
donc sur l’Ouad Dâdes même ; ceux qui sont au-dessus se trouvent
sur l’Ouad Imgoun. Mais ces localités sont si rapprochées les unes
des autres, si groupées que, bien que sur deux rivières différentes,
elles sont toutes dans la vallée de l’Ouad Dâdes.

Voici les qçars dont l’ensemble forme le district d’Aït Iaḥia,
dans l’ordre où on les trouve en descendant la vallée :

                             RIVE DROITE :

  Tiṛremt Ifertioun.

  Aït Er Râmi.

  Ibaraḥen.

  Aït Abbou.

  Ilouaḥen.

  Ikazzour.

  Tagnit Aït Moḥo.

  Tagnit Ba Ḥammou d Aït Ṭaleb.

  Tiṛremt Aït El Ḥasen.

  Tiṛremt Ouazen.

  Aït Er Ridi.

  El Ḥara.

  Taourirt.

  Aït Tazarin.

  Tirigiout.

  Ikeddaren.

  Aït Igmad.

                             RIVE GAUCHE :

  Zaouïa Ouad Zfal.

  Aïlkemt.

  Aït ou Addar.

  Timichcha (8 qçars).

Pas de marché dans le district d’Aït Iaḥia.

Dans l’Aït Iaḥia, comme dans le Dâdes, les deux rives de l’ouad
sont bordées d’un ruban non interrompu de cultures : mais elles
sont un instant désertes entre les deux districts ; à cet endroit,
la rivière traverse une petite gorge inculte et inhabitée de 1200
à 1400 mètres de long : c’est la frontière.

                      =III. — District d’Ishihen.=

Tous les qçars qui composent l’Isḥiḥen sont sur les bords de
l’Ouad Dâdes. Celui-ci a, sur toute la longueur du district, ses
deux rives garnies d’une bande continue de cultures. Avant d’y
entrer, il a été quelque temps désert : entre l’Aït Iaḥia et
l’Isḥiḥen, il a traversé une gorge inculte et inhabitée qui
forme frontière entre eux ; la longueur de ce désert est égale
à la distance de Taourirt à Asfalou (Todṛa). Voici les qçars
dont se compose l’Isḥiḥen, dans l’ordre où on les trouve en
descendant la rivière :

                             RIVE DROITE :

  Tiṛremt Aït Sidi Ạli       }
                             }
    »     Aït ou Ben Ạli     }
                             }
    »     Isso ou Mḥammed    }
                             }
    »     Ben Zizi           }
                             }  portant le nom collectif de Tiṛrematin
                             }  Aït n Aglou.
    »     Ibaraḥen           }
                             }
    »     Ibaraḥen Taḥtia    }
                             }
    »     Isso ou Ḥamed      }
                             }
    »     Ḥammou d Aït Ioub. }

  Taria[102] Aït Ạmer.

  Taria Aït Ạli ou Moḥa.

  Taria Ben Sekri.

  Tiṛremt Taria ạla sagia Imeṛrân.

                             RIVE GAUCHE :

  Aït Bakhous.

  Tiṛremt Issoun Ben Touda.

  Tiṛremt Ạli Ḥeddou.

  Tiṛremt Ḥeddou Nzaha (Aït Isso).

  Tiṛremt Aït el Mạllem.

  Tiṛremt Aït Ḥeddou.

  Aït Iqqo.

  Tiṛremt Aït Ḥeddou ou Sạïd.

  Tiṛremt Ousfia.

  Distances :  d’Aït Bakhous à Tiṛremt Ousfia, 2 fois comme de Taourirt
               à Tinṛir (Todṛa).

               Aït n Aglou est en face d’Aït Bakhous.

               Tiṛremt Taria ạla sagia Imeṛrân est en face de Tiṛremt
               Ousfia.

Il n’y a dans l’Isḥiḥen ni zaouïa, ni marché, ni Juifs.

                      =IV. — District d’Imerran.=

La portion de la grande tribu des Imeṛrân qui habite, sur l’Ouad
Dâdes, ce district, auquel elle a donné son nom, comprend les qçars
qu’on va lire, tous sur le cours même de la rivière. Les bords
de celle-ci sont, dans tout le district, garnis d’une double bande
de cultures qui ne s’interrompt qu’à un seul endroit et sur un
très court espace, entre Tiṛremt Aït Brahim et Tiṛremt Aït
Temoudout. Entre l’Isḥiḥen et l’Imeṛrân, la vallée est
un instant déserte ; l’ouad y traverse une petite gorge inculte et
inhabitée : on l’appelle Khela Igrikan ; elle forme la limite entre
les deux districts. Ce désert a peu de longueur : autant qu’il y
a de distance de Tamnougalt à Takatert.

                             RIVE DROITE :

  Aït Ḥammou ou Fekou                  }                    25  fusils.
                                       }
  Tiṛremt El Ḥasen d Aït Isso          }                     8
                                       }
  Tiṛremt Aït Assa                     }                    12
                                       }
  Aït Ben Sạïd                         }                     7
                                       }
  Talat n Tanout (Cherifs. 3 qçîbas)   }                    12
                                       }
  Iạraben                              }                     8
                                       }    Taṛzout.
  Ạli Aït El Ḥasen ou Sạïd             }                     2
                                       }
  Tiṛremt Ou Tmakecht                  }                     3
                                       }
  Tiṛremt Sạïd d Aït Lalla             }                     8
                                       }
  Cheurfa Aït Moḥammed                 }                    15
                                       }
  Iṛrem Aqdim                          }                    20
                                       }
  Moulei Iousef d Aït Ba El Ḥasen      }                    20

  Ifran Ạli ou Reḥo                    }                     3
                                       }
  Tiṛremt Moulei Es Sṛîr               }                    30
                                       }
  Tiṛremt Aït Ạbd Allah                }                    15
                                       }    Imasin.
  Aït Bou Mesḥaoul                     }                    20
                                       }
  Cheurfa El Bour                      }                    40
                                       }
  Mesgoug                              }                    20

  Tigemmi Tazouggaṛt Aït El Ḥaseïn     }                    15
                                       }
  Tiṛremt Aït ou Ạggoun                }    Tamesraout      10
                                       }
  Tiṛremt Aït Brahim                   }                    20

  Tiṛremt Aït Temoudout                }                    40
                                       }
  Tiṛremt Bou Ouchchan                 }                    20
                                       }    Assaka.
  Tiṛremt Aït Kelb ou Ouchchen         }                    20
                                       }
  Tiṛremt Azarif                       }                    12

                             RIVE GAUCHE :

  Taleint Bou Ḥeddou                   }                    70  fusils.
                                       }
  Tiṛremt Iderdar                      }                     7
                                       }
  Tiṛremt Izeggaren                    }                     2
                                       }
  Tiṛremt Ḥammou d Aït Ạli             }                     1
                                       }
  Tiṛremt Imi n Ichil                  }                     7
                                       }
  Agerd Oumerri                        }                     3
                                       }
  Agerd Aït Zaïneb                     }    Taṛzout.         4
                                       }
  Amerdoul (10 tiṛremts)               }                    50
                                       }
  Aït Zaneṭ                            }                    12
                                       }
  Tiṛremt Ạaraben                      }                     8
                                       }
  Aït Gendou (4 tiṛremts)              }                    50
                                       }
  Bou Iqba (8 tiṛremts)                }                    45
                                       }
  Amerdoul Aït Imi (8 tiṛremts)        }                    50

  Tiṛremt Aït Ḥaddou ou Ạmr            }                    10
                                       }
  Tiṛremt Aït Moḥammed                 }                    20
                                       }
  Tiṛremt Idir Aït Temoudout           }    Assaka.         12
                                       }
  Tiṛremt Aït Iddi Ikniouin            }                    10
                                       }
  Tiṛremt Bou Tezouerin                }                     8

  Distances :  d’Aït Ḥammou ou Fekou à Ifran comme deux fois de Taourirt
               à Tinṛir (Todṛa).

               D’Ifran à Mesgoug comme de Tamnougalt à Asellim.

               De Mesgoug à Tiṛremt Aït Brahim comme de Taourirt à
               Tinṛir.

               De Tiṛremt Aït Brahim à Tiṛremt Aït Temoudout comme deux
               fois de Taourirt à Tinṛir.

               De Tiṛremt Aït Temoudout à Tiṛremt Azarif comme de
               Tamnougalt à Asellim.

Entre Tiṛremt Aït Brahim et Tiṛremt Aït Temoudout, l’Ouad
Dâdes traverse une petite gorge déserte : c’est le seul point de
l’Imeṛrân où les rives en soient inhabitées.

Un marché, le Ḥad Imasin, au bord de la rivière, entre Mesgoug
et Tiṛremt Aït Ạbd Allah.

Point de Juifs.

                   =V. — Affluents de l’Ouad Dâdes.=

L’Ouad Dâdes a peu d’affluents sur sa rive gauche : ceux qu’il
y reçoit sont peu importants et ont des cours déserts. Sur sa rive
droite, au contraire, il en reçoit un assez grand nombre, et parmi eux
de considérables. Beaucoup traversent des lieux habités : la région
comprise entre l’Ouad Dâdes et le Grand Atlas est très peuplée.

Voici les quelques affluents dont nous avons pu savoir les noms :
c’est une liste fort incomplète.

RIVE GAUCHE :

_Ouad Tagmout_. — (Ayant son confluent dans le Dâdes ; cours
désert.)

_Ouad Aqqa el Medfa_. — (Ayant son confluent dans l’Imeṛrân ;
cours désert.)

RIVE DROITE :

_Achil Sidi Bou Iahia_. — (Ayant son confluent à Qoubba Sidi Bou
Iaḥia, dans le Dâdes.)

_Ouad Imgoun_. — (Ayant son confluent à Tagnit Ba Ḥammou d Aït
Ṭaleb. Il arrose les territoires de plusieurs tribus ; il fera
l’objet d’un article spécial.)

_Ouad Iserki_. — (Ayant son confluent dans l’Aït Bou Delal). Il
prend sa source dans le Grand Atlas et arrose successivement les
qçars suivants appartenant à la tribu des Imeṛrân :

  Dar Aït Iaḥia.

  Oumm er Remman.

  Dar Aït Moulei.

  Tidrest.

De plus, entre Dar Aït Moulei et Tidrest, se trouvent, à une heure
de distance de l’ouad, sur le flanc gauche de sa vallée, les quatre
qçars suivants :

  Tiflit.

  Timtedit.

  Iṛerm n Tizi.

  Iṛerm Amellal.

Ils appartiennent aussi aux Imeṛrân.

  Distances :  de l’Ouad Iserki à Tikirt, une petite journée de marche.

               De l’Ouad Iserki à Tizgi, une petite journée de marche.

Cette énumération est très incomplète : il y manque, entre autres,
les rivières arrosant d’autres portions des Imeṛrân et celles
de la grande tribu des Haskoura.

_OUAD IMGOUN._ — Il prend naissance au Djebel Tarkeddit, dans le
Grand Atlas : en descendant, il arrose trois tribus dont il porte
successivement les noms pendant qu’il est sur leurs territoires : on
l’appelle d’abord Ouad Tourza Aït Sekri, puis Ouad Aït Ḥamed,
enfin Ouad Imgoun. Le premier district qu’il traverse est celui
de Tourza Aït Sekri ; il se compose d’une certaine quantité de
qçars qui appartiennent tous aux Imeṛrân : ce sont, en descendant :

  Aït ou Aḥman (groupe de 7 qçars).          150 fusils.

  Aït Daoud (groupe de 7 qçars).             200

  Aït Mousa ou Daoud (groupe de 8 qçars).    200

  Aït Toumert (groupe de 8 qçars).           150

De là il passe dans la tribu des Aït Ḥamed : il y arrose un assez
grand nombre de localités ; elles forment toute la tribu : celle-ci
compte environ 700 fusils. Elle est isolée et indépendante.

Des Aït Ḥamed, il entre dans le territoire des Imgoun : il y arrose
successivement les qçars suivants :

  Agouti                                      rive droite.

  El Ḥout                                     rive droite.

  Bou Teṛrar                                  rive droite.

  Aït Qlạa                                    rive gauche.

  Tazrout.

  Azrou.

  Aït Ḥammou ou Iaḥia.

  Cheurfa Iifar.

  Iberroussen.

  Tiṛremt Izouralen d Aït Ḥammou ou Iaḥia.

  Tabarkhast.

  Tazrout.

  Ouarsdik.

  Tabaouchit.

  Aït Irmaḍ d Imgoun.

  El Mirna.

  Zaouïa Agerd.

  Talmout.

  Er Reken.

  El Qlạa.

  Ḥara Imroudas.

  Aït Meṛrar.

Ces qçars, avec trois autres situés sur l’Ouad Aït Meraou,
et dont nous parlerons plus bas, composent toute la tribu
d’Imgoun. Au-dessous d’Aït Meṛrar, l’Ouad Imgoun n’arrose
que les quelques localités du district d’Aït Iaḥia énumérées
plus haut, puis il se jette dans l’Ouad Dâdes.

  Distances :  de l’Aït Iaḥia à Aït Meṛrar comme de Tiilit à Khemîs Sidi
               Bou Iaḥia.

               D’Aït Meṛrar à Aït Qlạa comme de Tiilit à Aït Iidir.

               D’Aït Meṛrar à Bou Teṛrar comme de Tiilit à Aït Iidir.

               De Bou Teṛrar à Agouti comme de Tiilit à Aït Iidir.

               De Bou Teṛrar aux premiers qçars de Tourza Aït Zekri
               comme de l’Aït Iaḥia à Aït Iidir.

Il n’y a point de désert entre l’Imgoun et l’Aït Iaḥia :
les rives de l’Ouad Imgoun sont, entre ces territoires comme dans
chacun d’eux, bordées d’une ligne continue de cultures.

Il existe deux mellaḥs sur l’Ouad Imgoun, l’un et l’autre
dans la tribu d’Imgoun.

Un marché, le Tlâta Imgoun.

=AFFLUENTS.= — L’Ouad Imgoun reçoit sur sa rive gauche l’Ouad
Aït Meraou, qui s’y jette à Aït Qlạa.

OUAD AIT MERAOU. — Il prend sa source dans le Grand Atlas, puis
arrose le territoire des Aït Meraou : cette tribu se compose d’un
certain nombre de qçars échelonnés sur les bords de l’ouad ;
elle compte 700 ou 800 fusils. Au-dessous des Aït Meraou, la rivière
entre dans la tribu des Imgoun, où elle passe par les trois qçars
suivants, avant de se jeter dans l’Ouad Imgoun :

  Igourramen.

  Taria Aït Meraou (très grand qçar ; 200 fusils et 50 chevaux).

  Timstiggit.

      =VI. — Renseignements sur quelques tribus au nord de l’Ouad
                                Dâdes.=

Les pentes du Grand Atlas, au nord de l’Ouad Dâdes, sont habitées
par une population nombreuse. Elles appartiennent à plusieurs
tribus dont les principales sont : à l’est, divers groupes des
Aït Melṛad (subdivision des Aït Iafelman, qui sont eux-mêmes une
fraction des Berâber) ; à l’ouest, les Imeṛrân et les Haskoura.

_IMERRAN_. — C’est une grande tribu pouvant mettre sur pied 3000
à 3500 fusils et 150 chevaux : elle est chleuḥa et ne parle que le
tamaziṛt ; elle est indépendante. Les Imeṛrân ont des tentes et
surtout des qçars. Les tentes sont dans le Saṛro et sur les pentes
méridionales du Grand Atlas. Les qçars forment un grand nombre de
districts dont voici les principaux :

_Imerrân_ (sur l’Ouad Dâdes ; les qçars en ont été énumérés
plus haut).

_Tourza Aït Sekri_ (sur l’Ouad Imgoun ; les qçars en ont été
énumérés plus haut).

_Ahel Ouad Iserki_ (sur l’Ouad Iserki ; les qçars en ont été
énumérés plus haut).

_Igernan_ (situé à 2 jours de l’Imasin, à 2 j. du Telouet,
à 3 j. de Demnât).

_Ikandoul_ (ou _Kandoula_) (à 1 jour de l’Igernan, à 3 j. du
Telouet, à 1 j. de l’Imasin : le chemin de l’Imasin traverse le
Tizi n Taddart).

_Aït Iahia ou Ali_ (à 2 jours de l’Imasin, à 1 j. de Demnât,
tout près du Telouet).

_Aït Hammou ou Ali_ (touche à l’Aït Iaḥia ou Ạli).

_Zaouïa Aït Zerrouq_ (à 2 jours de l’Imasin, à 2 j. de Demnât,
à 2 j. 1/2 du Telouet).

_Ait Outfaou_ (à 1 jour 1/2 de l’Imasin, à 2 j. du Telouet,
à 1/2 journée de Tourza Aït Sekri).

_Tirrematin Igelmouz_ (4 qçars. — A 1 petite journée de l’Imasin,
à 1/2 j. de Tourza Aït Sekri, à 1/2 j. de l’Aït Outfaou, à 2
j. du Telouet).

_Targanada_ (à 1/2 jour de l’Imasin, à 1 j. 1/2 du Telouet,
à 1 j. de Tourza Aït Sekri, à 1 j. de l’Ouarzazât).

_Igli Aït Zarar_ (à 1 jour de l’Imasin, à 1 j. de Tourza Aït
Sekri, à 1 j. de l’Ouarzazât).

_Timicha_ (à 1 jour de l’Imasin, à 1 j. de Tourza Aït Sekri,
à 1 j. de l’Ouarzazât ; du district de Timicha à celui d’Igli
Aït Zarar, même distance que d’Ourika à Ouriz ; une rivière passe
entre eux : l’Igli est sur la rive droite, le Timicha sur la gauche).

_Tindout_ (sur la même rivière que le Timicha, mais plus bas :
du Tindout au Timicha comme de Tesaouant à Ourika).

Les diverses fractions des Imeṛrân se gouvernent d’une manière
identique : elles s’unissent par groupes plus ou moins nombreux,
et chacun d’eux élit un chikh el ạam.

Il existe chez les Imeṛrân quatre mellaḥs : dans le Targanada,
l’Igli Aït Zarar, le Timicha et le Tindout.

_HASKOURA_. — Les Haskoura sont une nombreuse tribu comprenant plus
de 200 qçars.

                         =VII. — Itinéraires.=

1o _DE L’IMASIN A TOURZA AIT SEKRI_. — Pour aller de l’Imasin
aux qçars de Tourza Aït Sekri, sur le haut Ouad Imgoun, on quitte
l’Ouad Dâdes dès le départ et on gagne d’abord l’Ouad el
Melḥ : ce dernier est une rivière qui prend sa source dans le
désert de Timasinin, puis qui descend vers l’Imasin ; avant d’y
parvenir et d’atteindre l’Ouad Dâdes, elle déverse ses eaux
dans une dépression nommée Issin Imaṛiren : il se forme là un
vaste marais qui n’a pas d’écoulement et ne communique point avec
l’Ouad Dâdes. Lorsque ce marais se dessèche, on ramasse beaucoup
de sel dans son lit. On remonte ensuite l’Ouad el Melḥ jusqu’au
Khela Timasinin ; on traverse ce désert : à son extrémité se
trouvent la vallée de l’Ouad Imgoun et les qçars de Tourza Aït
Sekri. — Il y a une journée et demie de chemin entre l’Imasin
et Tourza Aït Sekri ; la nuit se passe dans le désert, dans la
plaine d’Azbed.

2o _COLS DANS LE GRAND ATLAS_. — Le Grand Atlas, quoique très
élevé et presque toujours couvert de neige entre l’Ouad Dâdes
et le bassin de l’Oumm er Rebiạ, est percé de plusieurs cols
praticables toute l’année ; quand les neiges couvrent l’un
d’eux d’une couche trop épaisse, on attend huit, dix, quinze
jours au village le plus rapproché, ou bien on essaie de passer par
un autre : en aucune saison les relations ne sont interrompues entre
les deux versants de la chaîne. Les quatre principaux cols sont,
en allant de l’est à l’ouest :

Tizi ou Rijimt (chemin de l’Ouad Imgoun), Tizi Aït Imi (chemin de
l’Ouad b Ougemmez), Tizi Tarkeddit, Tizi Amzoug.


                             =Ouad Idermi.=


                          =I. — Ouad Idermi.=

L’Ouad Idermi, dont la réunion avec l’Ouad Dâdes forme l’Ouad
Dra, résulte du confluent de deux rivières : l’Ouad Iounil et
l’Ouad Imini : ce confluent se trouve entre Tazentout et Tikirt. A
peu de distance au-dessus de ces points, les deux cours d’eau
avaient reçu, chacun sur leur rive droite, un tributaire d’une
importance égale à la leur, savoir : l’Asif Marṛen, se jetant
dans l’Ouad Iounil entre Tazleft et Tamdakht ; l’Ouad Iriri,
se jetant dans l’Ouad Imini entre Tizgzaouin et Imzouṛen.

Nous allons étudier séparément chacune de ces quatre rivières,
puis nous passerons à l’Ouad Idermi.

1o _OUAD IOUNIL_. — On l’appelle aussi quelquefois Ouad Bou
Felfoul. Les eaux en sont douces. Il prend sa source au Djebel
Anṛemer ; il passe d’abord par les villages de :

Tirza, Zaouïa Bou Felfoul.

Puis il entre dans le district d’Ounila, appelé aussi Iounilen,
et y arrose successivement les villages de :

Iṛris, Aït Sidi Ạïssa, Anmiṭer, Irounan, Timsal, Angelz,
Tiourassin, Tiferoui[103].

De là il entre dans le district d’Assaka, où il arrose :

Timellilt, Tagendouzt, Tajegjit, Aït Ḥeddou, Aït Oumaziṛ,
Bedaan, Tametkal, Zaouïa Igourramen, Aït Alla, Ida ou Tazert,
Ạnd Aït Mesạoud[104].

Ensuite il passe dans le district de Tizgi, où il arrose :

Takerrat, Zaouïa Igourramen, Berda, Toṛora, Tizgi[105].

De là il passe dans celui d’Aït Zaïneb, où il arrose :

Tamakoucht, Achahod, Aït Fers, Tigert, Taïfst, Ouaounsemt, Tazleft,
Tamdakht, Asfalou, Aït b Oulman, Aït Ạïssa, Itelouan, Agilan,
Taselmant, Tabouraḥt, Tazentout[106].

Sur tout son cours, depuis Zaouïa Bou Felfoul jusqu’à Tazentout,
ses deux rives sont cultivées. Il a généralement de l’eau toute
l’année.

La réunion des deux villages de Tazleft et de Tamdakht, entre
lesquels l’Asif Marṛen se jette dans l’Ouad Iounil, porte le
nom de Teççaïout.

Les villages de cette région ont en moyenne de 200 à 500 habitants ;
Tizgi peut en avoir 500 ou 600 ; Tiourassin, la première Zaouïa
Igourramen, Aït Ạïssa et Tikirt, de 600 à 800.

La portion de désert s’étendant entre Itelouan (Ouad Iounil)
et le Tammast (Ouad Idermi) porte le nom de Khela Afella Ifri.

2o _ASIF MARREN_. — On l’appelle aussi Ouad el Melḥ et
Ouad Tamdakht. Ses eaux sont douces dans son cours supérieur,
jusqu’à Imirṛen : là elles traversent de grands gisements de
sel et deviennent salées. Il prend sa source dans le Grand Atlas, à
l’ouest du Djebel Anṛemer : de là il traverse d’abord la plaine
du Telouet, y recevant sur sa rive droite plusieurs petits affluents,
au bord desquels se trouvent la plupart des villages du district.

Dans le Telouet, l’Asif Marṛen arrose successivement :

Adaḥa, rive droite ; Imi n Zgi, rive droite ; Imirṛen, rive droite.

Entre ces deux derniers points, il y a un court désert. Après
Imirṛen, la rivière sort du Telouet. Elle traverse le désert
d’Assaka Ourami.

Puis ses bords se couvrent de cultures, et elle arrose :

Timountout Fouqia (avec une source d’eau douce, Ạïn Amezouar),
rive droite ; Timountout Taḥtia, rive droite.

Ces deux villages forment un district séparé : au-dessous, elle
rentre dans un désert, celui d’Aounkou. Elle arrose ensuite un
village isolé :

Tadellast, rive gauche.

Nouveau désert, puis autre village isolé :

Ankhessa (qoubba et zaouïa vénérées).

Nouveau désert jusqu’à Teççaïout : là elle entre dans le
district d’Aït Zaïneb, et, avec Tazleft sur sa rive gauche,
Tamdakht sur la droite, elle se jette dans l’Ouad Iounil.

L’Asif Marṛen a habituellement de l’eau dans son cours
inférieur, d’Imirṛen à Teççaïout ; au-dessus d’Imirṛen,
il n’en a que rarement, au moment des grandes pluies ou à celui de
la fonte des neiges : l’eau des ruisseaux qui devraient l’alimenter
dans cette région est retenue pour l’irrigation du Telouet.

Le district du Telouet se compose des villages ci-dessous, dont trois
sont situés sur le cours de l’Asif Marṛen, les autres sur des
affluents de sa rive droite :

Tasga, Tarilast, Aït Ḥammou ou Ạli, Aït Baddou, Tabougoumt,
Toumjoujt, Iṛil el Abian, Tamerranist, Areg, Haïndaken, Imaounin
(appelé aussi Dar el Glaoui et Dar el Qaïd), Aachoun, Adaḥa,
Imi n Zgi, Imirṛen.

Dans cette énumération, on a commencé par les villages du bassin
supérieur, en descendant progressivement à ceux des affluents
inférieurs. Entre Tarilast et Aït Ḥammou ou Ạli, se trouve la
qoubba isolée de Sidi Mançour ou Ḥamed. A Imirṛen sont de vastes
gisements salins : on y extrait le sel par grandes dalles semblables
à celles du Tâdla.

=AFFLUENT.= — L’Asif Marṛen ne reçoit qu’un affluent,
encore est-il de peu d’importance : c’est l’Ouad Tichka ;
il descend du col de ce nom et se jette sur la rive droite de la
rivière à Imirṛen.

3o _OUAD IMINI_. — On l’appelle aussi Ouad Tidili. Les eaux en
sont douces. Il prend sa source au Djbel Tidili. Puis il entre dans
le district de Tidili, où il arrose successivement une quinzaine de
villages[107] dont les principaux sont :

Timjdout, Sour, Dir, Igadaïn, Ilṛman, Timzrit, Timkist, Asell.

Il passe de là dans le district de Tizgi n Ouzalim, où il arrose
environ dix villages[108].

Il s’engage ensuite dans le district d’Imini, où il arrose
successivement :

Iflilt, Iṛil, Tagnit, Afella Isli, Taourirt, Taskoukt, Amerzeggan,
El Medina[109].

Il entre enfin dans le district d’Aït Zaïneb, où il arrose :

Tadoula, Tizgzaouin, Imzouṛen, Aït Bou Mḥind, El Mellaḥ,
Zaouïa Sidi Ḥamed, Tikirt.

Sur tout son cours, depuis Timjdout jusqu’à Tikirt, l’Ouad Imini
est cultivé.

L’Ouad Imini et l’Ouad Iriri coulent de même manière que l’Ouad
Iounil : les villages sont exclusivement sur leurs bords, et le fond
seul de leurs vallées est cultivé. Ces vallées sont semblables à
celle de l’Ouad Iounil, fort étroites et fort encaissées jusque
auprès de leur confluent, et s’élargissant à son approche. Entre
elles, comme entre l’Ouad Iounil et l’Asif Marṛen, et comme entre
l’Asif Marṛen et l’Ouad Imini, le désert est absolu. Le désert
qui s’étend de l’Ouad Imini à l’Asif Marṛen s’appelle
Khela Tamṛart.

Le principal village du Tidili est Timjdout ; le principal de l’Aït
Zaïneb est Tikirt : il n’y en a point de marquant dans l’Imini.

=AFFLUENT.= — Hors l’Ouad Iriri, l’Ouad Imini ne reçoit qu’un
affluent : l’Ouad Tamanat, petit cours d’eau sans importance
descendant du col du même nom et se jetant sur sa rive gauche dans
le Tidili.

4o _OUAD IRIRI_. — Les eaux en sont douces. Il prend sa source
dans le Siroua. De là il entre dans la tribu des Ikhzama, tribu
portant aussi quelquefois le nom d’Aït ou Zgiḍ, où il arrose
successivement les trois villages suivants :

Tesakoust, Tourtit, Aït Nbdaz[110], rive droite.

Puis il entre dans un désert, où il coule pendant un certain temps.

De là il passe dans la tribu des Aït Ạbd Allah, où il arrose :

Azreg, Tagouïamt, Tasṛekht[111].

Puis il traverse le désert de Bou Izri.

En sortant de là, il entre dans la tribu des Aït Touaïa, où
il arrose :

Tazeggert, Taoura, Seroub, Aït Bou Khtir, Ansekki, Zaouïa
Iggourramen[112].

De là il se jette dans l’Ouad Imini, un peu au-dessus
d’Imzouṛen.

  Distances :  de Tikirt à Tazeggert (pas de désert)      3 heures.

               De Tazeggert à Tasṛekht (désert)           1/2 jour.

               De Tasṛekht à Azreg (pas de désert)        1/2 heure.

               D’Azreg à Aït Nbdaz (désert)               4 heures.

               D’Aït Nbdaz à Tesakoust (pas de désert)    3/4 d’heure.

=AFFLUENTS.= — L’Ouad Iriri reçoit deux affluents, l’un et
l’autre sur sa rive gauche. Le premier est l’Ouad Amasin, s’y
jetant entre Tesakoust et Tourtit ; le second, l’Ouad Bou Igouldan,
s’y jetant un peu au-dessous de Tourtit.

OUAD AMASIN. — Il prend sa source au Tizi n Ougdour. Il coule dans
le désert jusqu’au village d’Amasin, l’un des principaux des
Ikhzama. Il reste sur le territoire de cette tribu jusqu’à son
confluent, sans arroser d’autre lieu habité.

  Distances :    d’Amasin à Tesakoust         3 heures.

                 D’Amasin à Tizi n Ougdour    1 heure 1/2.

OUAD BOU IGOULDAN. — Il prend sa source dans le désert de Bou
Igouldan. De là il passe dans la tribu des Aït Marlif, où il arrose
8 ou 10 villages dont les principaux sont :

Aṛbar, Agdour, Almid, Tlemsen, Tagdourt n Touda, Aït Tagdourt.

Puis il passe, pour n’en plus sortir, sur le territoire des Ikhzama,
où il arrose le village d’Ourti, le seul de cette tribu qui soit
sur son cours.

Les Aït Marlif reconnaissent nominalement la suprématie de Moḥammed
ou Ạbd Allah, l’un des chikhs des Aït Tameldou. Leur tribu ne se
compose que des villages qu’elle possède sur l’Ouad Bou Igouldan.

  Distance :  de Tourtit à Aït Tagdourt (sans passer par Ourti,   1
              qui est dans un coude de la rivière)                heure
                                                                  1/2.

=OUAD IDERMI.= — Aussitôt après le confluent des deux rivières
qui le forment, il s’enfonce dans une gorge étroite et déserte,
appelée Khela Assaka, ayant pour flanc droit une haute croupe rocheuse
très escarpée, Iṛrem n Ououl. Ce défilé forme la limite entre
le district d’Aït Zaïneb et celui d’Ouarzazât. Après l’avoir
franchi, l’Ouad Idermi entre dans ce dernier. Pendant tout le temps
qu’il y demeure, il coule à l’ombre des palmiers et au milieu
de riches villages. Le Ouarzazât se décompose en 3 subdivisions :
il les traverse l’une après l’autre.

Il arrose d’abord celle de Tammast, où il baigne successivement
les villages et les qçars de :

  Tiffoultout            rive gauche.

  Aran                   rive droite.

  Aït Iousef ou Talil    rive gauche.

  Tamasint               rive gauche.

  Taṛramt                rive droite.

  Fedragoum              rive gauche.

De là il passe dans celle de l’Ouarzazât proprement dit, où
il arrose :

  Zaouïa Sidi Ọtman (grand village de 300 familles)    rive droite.

  Tamerzast                                            rive gauche.

  Tabount                                              rive droite.

  Tigemmi Djedid                                       rive droite.

  Tadja                                                rive droite.

  Taourirt                                             rive gauche.

  Tazrout                                              rive droite.

  Tenmasla                                             rive droite.

  Qoubba Sidi Daoud (qoubba isolée, sans village)      rive gauche.

  Aït Kedif                                            rive gauche.

  Talet                                                rive droite.

  Aourz                                                rive gauche.

Puis il passe dans celle de Ṛalil, où il arrose :

  Tademricht (grand village avec zaouïa)    rive gauche.

  Ḥebib                                     rive droite.

  Ṛalil                                     rive droite.

Là finit l’Ouarzazât. L’Ouad Idermi rentre dans le désert
et y reste jusqu’au point où, s’unissant à l’Ouad Dâdes,
il forme l’Ouad Dra. Ce désert s’appelle Khela Timikirt.

Les trois subdivisions et les villages que nous venons d’énumérer
forment la totalité de l’Ouarzazât. Ce district est soumis
au sultan, et surtout au qaïd des Glaoua, qui, fonctionnaire du
makhzen au Telouet, est ici chef héréditaire. Il exerce son pouvoir
avec douceur, à la façon des chikhs de Tikirt et de Tazenakht ;
aussi s’aperçoit-on à peine dans le Ouarzazât qu’on est en
blad el makhzen. Au-dessous de lui, trois chikhs, dont les ressorts
ne répondent pas tout à fait aux trois subdivisions du pays, se
partagent l’autorité. Ce sont : Chikh El Ḥoseïn ould Amṛar
Mḥind, résidant à Tiffoultout ; un fils du qaïd des Glaoua,
Chikh Ḥammadi, à Taourirt ; Chikh Ḥamma Ạli, à Tenmasla.

Il n’y a qu’un marché dans l’Ouarzazât : le Khemîs Sidi
Ọtman. Les marchés sont fort rares dans ces régions : dans le
bassin entier de l’Ouad Idermi, on n’en compte que trois, le
tenîn de Telouet, le khemîs de Ouarzazât et le khemîs de Tazenakht.

Il y a 7 mellaḥs dans l’Ouarzazât. Les Juifs sont nombreux dans
ces contrées : il existe 44 mellaḥs dans le bassin de l’Ouad
Idermi ; ils se répartissent de la manière suivante : Assaka
(Ouad Iounil), 3 mellaḥs ; Tizgi (Ouad Iounil), 1 ; Aït Zaïneb,
6 ; Telouet, 4 ; Tidili, 7 ; Imini, 4 ; Ikhzama, 2 ; Aït Touaïa,
1 ; Aït Marlif, 2 ; Ouarzazât, 7 ; Aït Ạmer, 2 ; Zenâga, 3 ;
Iṛels, 1 ; Tammasin, 1.

  Distances :    de Tikirt à Tiffoultout               2 heures.

                 De Tiffoultout à Taourirt             1 heure.

                 De Taourirt à Ṛalil                   1 heure.

                 De Ṛalil à Afella n Dra (Ouad Dra)    1 jour.

=AFFLUENT.= — L’Ouad Idermi ne reçoit qu’un affluent important,
l’Ouad Aït Tigdi Ouchchen, se jetant sur sa rive droite au lieu
appelé Bin el Ouidan, dans le désert de Timikirt. Cette rivière
est presque aussi considérable que l’Ouad Idermi lui-même.

                    =II. — Ouad Aït Tigdi Ouchchen.=

L’Ouad Aït Tigdi Ouchchen, qui se jette sur la rive droite
de l’Ouad Idermi entre le Ouarzazât et le Dra, est formé de
la réunion de deux rivières, l’Ouad Tazenakht et l’Ouad
Azgemerzi. Leur confluent se trouve dans la tribu des Aït Tigdi
Ouchchen, au village d’Assaka.

1o _OUAD TAZENAKHT_. — Il est formé lui-même de la jonction,
à Imdṛeṛ Taḥtani, de trois cours d’eau, l’Ouad Siroua,
l’Ouad Ta n Amelloul et l’Ouad Tasṛirt : nous allons décrire
ces trois rivières, puis nous passerons à l’Ouad Tazenakht.

OUAD SIROUA. — Il prend sa source dans le mont Siroua. Il coule
d’abord dans le désert, puis entre dans la tribu des Aït
Ouaṛrda ; il y arrose successivement les villages suivants :

Temsasar, Taloust, Imirleïn, Areg, Temouddat.

Puis il passe dans le district d’Amara, dépendance de celui de
Tazenakht, dans lequel on le confond quelquefois ; il y arrose :

Imdṛeṛ Fouqani, Imdṛeṛ Taḥtani.

A ce dernier point, il s’unit aux deux autres rivières pour former
l’Ouad Tazenakht.

  Distance :    d’Imdṛeṛ Taḥtani à Temsasar    1/2 jour.

OUAD TA N AMELLOUL. — Il prend sa source dans le désert de Ta n
Amelloul. De là il entre dans la tribu des Aït Ouaṛrda, où il
arrose successivement les villages de :

Afella ou Asif, Tazrout, Tafrent, Tamjerjt, Nekeb Fouqani, Nekeb
Taḥtani.

Puis il passe dans le district d’Amara et coule, sans rencontrer
de lieu habité, jusqu’à Imdṛeṛ Taḥtani, où il se réunit
aux ouads Siroua et Tasṛirt.

  Distances :   d’Imdṛeṛ Taḥtani à Afella ou Asif    4 heures.

                D’Imdṛeṛ Taḥtani à Tamjerjt          1 heure 1/2.

OUAD TASRIRT. — Il prend sa source dans le Khela Tasṛirt. Après
avoir coulé longtemps dans le désert, il entre dans le district
d’Amara, où il arrose l’un après l’autre les villages de :

Tamzerra (avec la qoubba de S. El Ḥasen Ạli), Ansera.

En face d’Imdṛeṛ Taḥtani, il se réunit aux deux autres
rivières.

  Distances :    d’Imdṛeṛ Taḥtani à Tamzerra     3 heures.

                 De Tamzerra au Khela Tasṛirt    1/2 jour.

=OUAD TAZENAKHT.= — On lui donne aussi le nom d’Ouad Aït
Ouzanif. Au-dessous d’Imdṛeṛ Taḥtani, il continue d’abord
à couler dans le district d’Amara ; il y arrose successivement
les villages de :

Imṛeld, Tareddout.

Puis il passe dans le district de Tazenakht, où il baigne :

Taourirt, Adreg, Tagadirt Aït Daoud, Tagadirt Aït Atto, Tazenakht,
Tazrout.

De là il passe dans la tribu des Aït Tigdi Ouchchen, où il s’unit,
à Assaka, à l’Ouad Azgemerzi.

  Distances :    de Tazenakht à Imdṛeṛ Taḥtani    4 heures.

                 De Tazenakht à Assaka            1/2 heure.

Les villages du Tazenakht et de l’Amara que nous avons énumérés
sur ces différents cours d’eau composent la totalité de ces
districts.

La tribu des Aït Ouaṛrda ne comprend qu’un village en plus
de ceux que nous avons mentionnés : ce village est Amasin, situé
entre les ouads Siroua et Ta n Amelloul, à 3 heures de Temsasar et
à 1 heure et demie de Tamjerjt. Les Aït Ouaṛrda sont une tribu
tamaziṛt (chleuḥa) indépendante. Aucun lien ne les unit à leurs
voisins. Les plus importants de leurs villages sont Tamjerjt, Afella
ou Asif, Tazrout.

Les points où prennent leur source les trois rivières dont est formé
l’Ouad Tazenakht demandent quelques explications. Le Djebel Siroua
appartient, le versant est aux Aït Ouaṛrda, le versant sud aux Aït
Oubial, le versant ouest aux Aït Tedrart. Le Khela Ta n Amelloul
s’étend entre les Aït Ouaṛrda et les Aït Oubial, le Khela
Tasṛirt entre les Zenâga et les Seketâna. Ces deux déserts, qui
se font suite, s’étendent depuis le Siroua jusqu’au Petit Atlas ;
c’est dans leurs solitudes, série de plateaux rocheux, qu’est
la ligne de partage des eaux entre les deux bassins du Sous et du Dra.

2o _OUAD AZGEMERZI_. — On lui donne aussi le nom d’Ouad
Ifenouan. Il prend sa source dans le voisinage du col d’Agni, sur
le territoire des Zenâga. Il arrose successivement dans cette tribu
les villages suivants :

Isil, Tazoult, El Kharbt, Terga, Tamarouft, Ifenouan.

De là il passe sur le territoire des Aït Ạmer, où il arrose :

Temdaouzgez, Taloust.

Enfin il s’unit à l’Ouad Tazenakht un peu au-dessous d’Assaka.

  Distances :    de Taloust à Temdaouzgez    3 heures.

                 D’Assaka à Taloust          1/2 heure.

=AFFLUENTS.= — L’Ouad Azgemerzi reçoit deux affluents importants,
l’un et l’autre sur sa rive gauche : l’Ouad Tiouiin, s’y
jetant à Temdaouzgez, et l’Ouad Timjijt, s’y jetant à quelques
pas au-dessus de Taloust.

OUAD TIOUIIN. — Il prend sa source dans le désert de Tasṛirt. Il
y demeure jusqu’au moment où, à Kerkda, il débouche dans la plaine
des Zenâga ; il y arrose les villages suivants, tous de cette tribu :

Kerkda, Agelmim, Aït Mesri, Atres, Tiouiin.

De Tiouiin, les bords en sont inhabités jusqu’à Temdaouzgez,
où il entre dans le territoire des Aït Ạmer et se jette dans
l’Ouad Azgemerzi.

  Distances :    de Kerkda à Aït Mesri       1 heure 1/2.

                 D’Aït Mesri à Atres         3 heures.

                 D’Atres à Tiouiin           1 heure 1/2.

                 De Tiouiin à Temdaouzgez    8 heures.

OUAD TIMJIJT. — Il prend sa source dans le désert de Tasṛirt. En
sortant de là, il entre dans la plaine des Zenâga, où il arrose
d’abord les villages suivants, qui font partie de leur territoire :

Igjgan, Tilsekht, Itkhisen, El Ạïn Aït Ḥamed, Zaouïa Sidi
El Ḥoseïn.

Puis il passe sur les terres des Aït Ạmer, où il arrose
successivement :

Zaouïa Sidi Ạbd Allah ou Mḥind, El Ạïn Igourramen, Aït Ạli
ou Ious, Agdal, Aït ou Ansera, Aït Allioun, Tizi, Asersa, Talmodat.

Enfin il se jette dans l’Ouad Azgemerzi.

Les quatre villages d’Aït Ạli ou Ious, Agdal, Aït ou Ansera,
Aït Allioun, sont compris sous la dénomination collective de Timjijt.

  Distances :    de Taloust à Aït Allioun      2 heures.

                 D’Aït Ạli ou Ious à Igjgan    4 heures.

=REMARQUES SUR LES TRIBUS.= — Les deux principales tribus du bassin
de l’Ouad Azgemerzi sont les Aït Ạmer et les Zenâga.

AIT AMER. — Leur territoire comprend uniquement des villages
que nous avons énumérés plus haut. Parmi eux se remarque une
zaouïa fort influente dans la contrée, celle de Sidi Ạbd Allah
ou Mḥind. Le chef actuel en est Sidi Ḥamed ou Ạbd er Raḥman,
descendant du saint. Il possède, outre le village de la zaouïa,
celui d’El Ạïn Igourramen.

ZENAGA. — Cette tribu se compose des villages mentionnés sur les
ouads Azgemerzi, Tiouiin, Timjijt, et d’un certain nombre d’autres
situés entre ces cours d’eau. Ceux-ci sont la plupart sur de petits
affluents des trois rivières principales, ou sur des canaux qui en
dérivent. Tous se trouvent dans la grande plaine des Zenâga. Les
principaux d’entre eux sont :

Azdif, Taleouin (entre Azdif et Aït Mesri), Ougins (à 3 heures
d’Azdif), Toudma (à 4 heures d’Ougins), Aït Ersal (à 3 heures
de Toudma, sur un ruisseau tributaire de l’Ouad Azgemerzi), Bettal
(à 1 heure et demie d’Aït Ersal), Aït Khouzoud (à quelque
distance de Tazoult), Angalf (à l’ouest de Tazoult).

De ces villages, le plus important est Azdif.

3o =OUAD AIT TIGDI OUCHCHEN.= — Dès le point où il se trouve
formé, par la réunion des ouads Tazenakht et Azgemerzi, il entre
dans la tribu des Aït Tigdi Ouchchen : il y arrose successivement
les villages de :

Assaka, Tafounent, Tislit Aït Tigdi Ouchchen, El Bordj[113].

Puis il sort de cette tribu : un peu plus loin il arrose Tagentout.

Au delà, on ne trouve plus qu’un seul point habité sur son cours :
c’est Fint, village isolé, reconnaissant la suzeraineté du qaïd
de l’Ouarzazât. A Fint, les palmiers reparaissent.

=AFFLUENTS.= — L’Ouad Aït Tigdi Ouchchen a deux affluents
principaux ; il les reçoit l’un et l’autre sur sa rive gauche ;
ce sont : l’Ouad Aït Semgan, s’y jetant à Tislit ; l’Ouad
Iṛels, s’y jetant à Fint.

OUAD AIT SEMGAN. — Il prend sa source au Siroua ; il s’engage
d’abord dans le district des Aït Semgan, où il arrose
successivement les villages de Aït Iṛmor, Idrar, Aït Tigga.

De là il passe dans celui de Tammasin, où il baigne : Tinzalin,
Ḥelouqt, Tislit Tammasin.

Au-dessous de Tislit, il entre dans le désert d’Iseldeï, où il
reste jusqu’à son confluent avec l’Ouad Aït Tigdi Ouchchen.

  Distances : les 3 villages des Aït Semgan sont groupés au
              pied même du Siroua.

              Des Aït Semgan à Tinzalin                        4 heures.

              De Tinzalin à Ḥelouqt                            1 heure.

              De Ḥelouq à Tislit Tammasin                      3 heures.

              De Tislit Tammasin à Tislit Aït Tigdi Ouchchen   6 heures.

AFFLUENTS. — L’Ouad Aït Semgan a deux affluents : l’Ouad
Bachkoum, se jetant sur sa rive droite à Ḥelouqt, et l’Ouad
Asdṛem, se jetant sur sa rive gauche à Tislit Tammasin.

=Ouad Bachkoum.= — Il prend sa source dans le Khela Bachkoum et
se jette dans l’Ouad Aït Semgan sans avoir arrosé un seul lieu
habité. Il reste tout le long de son cours dans le désert.

  Distance : de Ḥelouqt au Khela Bachkoum 4 heures

=Ouad Asdrem.= — Il prend sa source dans le désert d’Asdṛem ; il
arrose successivement les villages suivants, du district de Tammasin :
Tamaziṛt, Tamellakout, Ez Zaouïa, Aït Mekraz, Enzel.

De là il se jette à Tislit dans l’Ouad Aït Semgan.

  Distances :    du Khela Asdṛem à Tamaziṛt       1 heure.

                 De Tamaziṛt à Tislit Tammasin    3 heures.

OUAD IRELS. — Il prend sa source sur le territoire des Ikhzama,
dans les montagnes qui forment le flanc droit de l’Ouad Iriri. De
là il entre dans le désert de Tazga Asdṛem, situé au nord de
celui d’Asdṛem. Après l’avoir traversé, il passe dans le
district de Tammasin, où il arrose le village de Indiout.

De là il rentre dans le désert, où il reste jusqu’au groupe isolé
d’Iṛels ; il en arrose les deux qçars : Iṛels et Tamaïoust.

Puis il coule de nouveau dans le désert ; il y demeure jusqu’à
Fint, où il se jette dans l’Ouad Aït Tigdi Ouchchen.

A Iṛels commencent les dattiers : il n’y en a point dans le
district de Tammasin. Celui-ci se compose exclusivement des villages
mentionnés sur une partie des cours des ouads Aït Semgan, Asdṛem
et Iṛels ; il reconnaît l’autorité du Zanifi.

  Distances :  de la frontière des Ikhzama à Indiout    3 heures 1/2.

               D’Indiout à Iṛels                        1/2 jour.

               D’Iṛels à Fint                           1 heure 1/2.

                         =III. — Itinéraires.=

1o _DE L’OUAD IOUNIL A L’ASIF MARREN_. — Un chemin conduit de
Zaouïa Bou Felfoul à Tabougoumt (Telouet).

  Distance : 2 heures de marche dans le désert.

2o _DU TELOUET A TIKIRT_. — On peut faire ce trajet en descendant
le cours de l’Asif Marṛen : ce chemin est un peu plus court que
celui de l’Ouad Iounil ; mais les déserts qu’il traverse le
rendent plus dangereux : aussi est-il beaucoup moins fréquenté.

3o _DE TAZENAKHT AUX AIT MARLIF_. — Le chemin est le suivant :

  De Tazenakht au Tammasin                      8 heures.

  Du Tammasin à Tesakoust (Ouad Iriri)          5 heures.

  De Tesakoust à Tourtit                        1/2 heure.

  De Tourtit à Tagdourt n Touda (Aït Marlif)    1 heure 1/2.

4o _DE TIKIRT A TAZENAKHT_. — Au départ de Tikirt, on s’engage
dans le désert de Tilziṛ. On y reste jusqu’à :

  Tilziṛ (qçar isolé) 1 heure.

De là on rentre dans le désert, où on demeure jusqu’à :

  Tisili (qçar isolé) 2 heures.

On y reste de nouveau jusqu’à :

  Tislit Tammasin 3 heures.

De là on passe dans le désert de Bachkoum, puis dans celui de Tala
qui lui fait suite : une source d’eau vive sert de borne entre eux.

On aboutit à : Adreg (sur l’Ouad Tazenakht).

  Distance : de Tislit Tammasin à Tazenakht 1 jour.

5o _DE TIKIRT AU MEZGITA_. — Il y a trois chemins principaux :

A. — En quittant Tikirt, on descend le cours de l’Ouad Idermi
jusqu’à l’extrémité sud du Ouarzazât. A Ṛalil, on s’en
écarte un peu et on le longe dès lors à quelque distance, dans le
désert de Taria. On y marche durant toute une journée : au bout de
ce temps, on arrive à l’Ouad Dra, aux villages d’Afella n Dra.

C’est le nom d’une subdivision du Mezgîṭa.

B. — En quittant Tikirt, on descend le cours de l’Ouad Idermi
jusqu’à Tenmasla (Ouarzazât). Là on le quitte et, sans rencontrer
aucun lieu habité, on traverse successivement trois déserts, ceux
d’Iṛir el Ḥadj, d’Ạïn n Zeggert et d’Izezgir. Puis
on arrive à Aït Saoun (village isolé, allié au Mezgîṭa. Les
dattiers n’y apparaissent pas encore).

De la on traverse l’un après l’autre deux déserts, ceux d’Irf n
Isli et d’Ouaourmest : au bout de celui-ci, on trouve le Mezgîṭa,
où on débouche à Agdz.

  Distances :    de Tenmasla à Aït Saoun    1 jour.

                 D’Aït Saoun à Agdz         2 heures.

C. — De Tikirt à Tagenzalt. Là on s’engage dans le Khela
Tifernin, où l’on marche durant une journée entière. Au bout de
ce temps on arrive à Aït Semgan (qçar unique de 400 familles ; il
est isolé ; il n’a aucun rapport avec la tribu qui habite l’Ouad
Aït Semgan. Beaucoup de dattiers).

De là on passe successivement par : Tesaouant (des Aït Ḥammou),
Zaouïa Ouzdiin, Iouriken (groupe de deux villages appelés chacun
Ourika, situés l’un sur l’Ouad Tamtsift, l’autre à quelque
distance de cette rivière, dans les collines formant le flanc gauche
de sa vallée).

Enfin on parvient à l’Ouad Dra à Agdz (Mezgîṭa).

  Distance : d’Aït Semgan à Iouriken 1/2 jour.

6o _DE TAZENAKHT AU MEZGITA_. — Au sortir de Tazenakht, on entre dans
le Khela Isidan ; désert pierreux ; pas de rivières : il fait partie
du territoire du Zanifi. On y marche durant un jour. Puis on parvient
au qçar de Tarokht (sur l’Ouad Tamtsift ; zaouïa ; dattiers).

On suit le cours de l’Ouad Tamtsift : on arrive à :

  Tasla Aït Brahim (dattiers) 1 heure.

Jusque-là on est resté sur le territoire du Zanifi : on le quitte
ici ainsi que l’Ouad Tamtsift. On atteint :

  Aït Semgan (qçar isolé ; dattiers) 1 heure.

Puis on revient à l’Ouad Tamtsift, qu’on retrouve au qçar de
Tesaouant (appartenant aux Aït Ḥammou, fraction des Oulad Iaḥia).

De là on suit l’Ouad Tamtsift jusqu’à son confluent avec le Dra,
entre Agdz et Ouriz (Mezgîṭa). On passe, chemin faisant, par deux
points habités, Ida ou Genad et Ourika. En dehors de la route, à
2 ou 3 heures au sud d’Ida ou Genad, se trouve, dans la montagne,
le grand qçar d’El Feggara : il appartient aux Oulad Iaḥia.

7o _DE TAZENAKHT A TISINT_. — Il y a trois chemins entre ces deux
points :

Le premier, à l’est, franchissant le Petit Atlas au Tizi Agni ;

Le second, à l’ouest, le franchissant au Tizi n Haroun ;

Le troisième, entre les deux précédents, le franchissant au Tizi
n Baroukh.


                      2o. — BASSIN MOYEN DU DRA.


La réunion des ouads Dâdes et Idermi au Kheneg Tarea forme le fleuve
connu sous le nom d’Ouad Dra. Le cours en est d’abord resserré
entre les flancs du Petit Atlas qu’il traverse ; puis la vallée
s’élargit ; au-dessous de Tamegrout, il perce une dernière chaîne
de montagnes, le Bani ; ensuite il entre en plaine. Jusqu’au Bani,
la direction du Dra est du nord-ouest au sud-est. Au delà elle paraît
être de l’E.-N.-E à l’O.-S.-O. Du Kheneg Tarea au Bani, les
bords du fleuve sont, sans interruption, couverts de palmiers et de
qçars. Ils sont divisés en plusieurs districts, chacun uniquement
composé des rives de l’ouad ; ce sont : le Mezgîṭa, l’Aït
Seddrât, l’Aït Zeri, le Tinzoulin, le Ternata, le Fezouata. Au
delà du Bani les bords du Dra se garnissent encore à deux reprises
de dattiers et d’habitations : il s’y forme ainsi deux derniers
districts, le Qtaoua et El Mḥamid, semblables aux précédents,
mais séparés d’eux et isolés l’un de l’autre par de courts
déserts. Au delà d’El Mḥamid, l’Ouad Dra est désert jusqu’à
son embouchure dans l’Océan. C’est dans cette vaste portion
inhabitée de son cours qu’il traverse le Debạïa et forme les
mạders dont nous parlerons plus bas. L’ensemble des parties
peuplées de ses rives, composé des huit districts énumérés
ci-dessus, porte le nom de _Blad Dra_ ou _Dra_. C’est de cette
région que nous allons nous occuper.

Dans le Mezgîṭa, l’Ouad Dra coule en une vallée étroite, de
1500 mètres de largeur moyenne, encaissée entre deux flancs élevés
et rocheux. Dans l’Aït Seddrât, l’Aït Zeri et le Tinzoulin,
la vallée est la même qu’au Mezgîṭa : elle demeure ainsi
jusqu’à El Douirat (Ternata). A partir de là, elle s’élargit :
le flanc droit reste contre le fleuve ; mais le flanc gauche s’en
écarte beaucoup. De Beni Zouli à Mançouria, il y a entre les
deux flancs la distance de Tamnougalt à Tesaouant. Les qçars et
les cultures sont toujours uniquement au bord de l’ouad : dans la
vallée ainsi élargie, le désert seul règne entre le fleuve et
le flanc gauche. Dans tout le Dra il en est de même : l’ouad au
milieu ; dans son lit, cultures et palmiers, ainsi que sur ses rives ;
en dehors des plantations, à leur lisière, les qçars ; au delà,
le désert. Au-dessous de Mançouria, la vallée s’étend encore : le
flanc droit s’éloigne à son tour. A Tamegrout, les deux flancs sont
fort loin, à une demi-journée de marche chacun. Après Tamegrout,
le fleuve entre dans un désert appelé El Kheneg : il y a ses rives
incultes et inhabitées, pour la première fois depuis sa naissance :
point de qçars, point de cultures, point de palmiers, même dans son
lit. Ce désert a une longueur double de la distance de Tamnougalt
à Ourika. Il est borné au sud par le Bani, que le Dra traverse par
un passage étroit, Foum Taqqat. Au-dessous du Bani, le fleuve entre
en plaine et y reste jusqu’au Debạïa : plus de montagne en vue,
ni à l’est, ni à l’ouest, ni au sud.

Nous avons décrit le Mezgîṭa au cours de notre voyage : tout le
Dra a le même aspect enchanteur : partout même fraîcheur, même
abondance d’eau, même végétation luxuriante. Cependant il n’y
existe pas de lieu où l’eau ne tarisse jamais dans le fleuve :
certains étés, des parties de son lit se dessèchent ; mais les
années où cela arrive sont rares, et, même alors, les canaux qui
servent à l’alimentation et à l’arrosage ne cessent pas de couler
à pleins bords. Dans le Dra, les inondations sont plus fréquentes
que les sécheresses : il n’est pas rare de voir, en hiver, le
fleuve envahir toute la vallée et venir battre les murailles des
qçars. L’eau de l’Ouad Dra, quoiqu’un peu jaune, est agréable
à boire. Parmi les arbres innombrables qui ombragent le cours du
fleuve, partout les dattiers dominent : ils sont, du Kheneg Tarea à
Tamegrout, des espèces suivantes : bou feggouç, bou sekri, djihel,
bou souaïr, timikelt (qualité inférieure) ; au sud de Tamegrout,
il n’y a plus que des djihels avec quelques bou feggouç. Dans tout
le Dra, on trouve aussi bon nombre de takkaïouts, sortes de grands
tamarix dont on se sert pour donner la couleur rouge aux peaux : ils
forment une des fortunes du pays : les peaux du Dra sont, avec celles
du Tafilelt, les plus renommées du Maroc. Nous avons vu qu’à
Tamnougalt il y avait une grande quantité d’arbres fruitiers,
figuiers, grenadiers, pêchers, vigne, etc. ; ils sont très nombreux
entre Tamnougalt et Akhellouf. En dehors de ce tronçon, il n’y a
guère que des dattiers. Dans tout le pays de Dra, les abeilles sont
nombreuses et le miel abonde.

La population du Dra est mêlée. Celle du Mezgîṭa est formée de
Draoua ; celle de l’Aït Seddrât, de Draoua et d’Aït Seddrât ;
celle de l’Aït Zeri, d’Oulad Iaḥia ; celle du Tinzoulin, de
Draoua ; celle du Ternata, de Draoua, de Roḥa, d’Oulad Iaḥia,
les Roḥa dominant, les Oulad Iaḥia étant en minorité ; celle du
Fezouata, du Qtaoua, d’El Mḥamid, de Draoua, sous la domination des
Aït Atta. Les Aït Seddrât, les Oulad Iaḥia, les Roḥa, sont des
tribus séparées dont nous avons déjà eu occasion de parler ou dont
nous parlerons plus tard. Les Aït Atta sont une fraction de la tribu
des Berâber. Quant aux Draoua, ce sont ceux qu’ailleurs on appelle
Ḥaraṭîn. Ici, Draoui et Ḥarṭâni sont synonymes. Les Draoua
forment la partie de beaucoup la plus grande de la population du Dra ;
ils passent pour les représentants de la race primitive du pays. Ils
ne parlent que le tamaziṛt, peu d’entre eux savent l’arabe ;
on les dit bonnes gens, mais lâches et mous de caractère. Dans le
Mezgîṭa seul, ils ont gardé leur indépendance ; partout ailleurs
ils sont tributaires.


                            =I. — Mezgîta.=


Le Mezgîta est un district qui comprend les rives de l’Ouad Dra,
depuis le point où elles commencent à être habitées, au sud du
Kheneg Tarea, jusqu’au district de l’Aït Seddrât. Il se compose,
en descendant la vallée, des qçars suivants :

                             RIVE DROITE :

  Tizgi                                       }               50 fusils.
                                              }
  Incheï.                                     } Ras Dra.      80
                                              }
  Taṛrout.                                    }               40

  Rebaṭ.                                                     200

  Zaouïa Griourin (Zaouïa Sidi Bou Bekr,                     100
  appelée aussi Zaouïa Aït Ben Nacer,
  dépendant de celle de Tamegrout).

  Tarmast.                                                    50

  Asellim Agdz.                                              200

  Agdz.                                                      200

  Ḥara Agdz.                                                  50

  Ouriz.                                                      75

  Takatert.                                                  100

  Aremd.                                                      40

  Tassourt.                                                   30

  Aït el Khrodj.                                              15

  El Kebbaba.                                                 15

  Roudat.                                                     20

  El Bordj.                                                  100

  Tigit.                                                     100

  Zekak.                                                      10

  Igmoden.                                                    30

  Argioun.                                                    50

  Timidert.                                                  300

  Iriṛer.                                                    150

                             RIVE GAUCHE :

  Tanamrout.                                  }               40 fusils
                                              }
  Sefala.                                     }              200
                                              }
  Arbalou.                                    }               20
                                              }  Ras Dra.
  Tiniṛil.                                    }               60
                                              }
  El Ḥara.                                    }               40
                                              }
  Intliten                                    }               30

  Taleouin.                                                   40

  Tafergalt.                                                  60

  Tamnougalt (résidence de Chikh el Mezgîṭi).                100

  Asellim.                                                    40

  Zouaoui (Zaouïa es Sagia ; Mrabṭin Aït                      20
  Sidi Mouloud).

  Asellim Taḥtani.                                            20

  Zaouïa es Souq.                                             20

  Qaçba Aït Ạli.                                              40

  Talmzit.                                                    40

  Ibousas.                                                    30

  Taourirt Ibousas.                                           10

  Talat Aït Iaḥia.                                            30

  Zaouïa Mrabṭin Sidi Ech Chergi.                             15

  Aït el Qaïd El Ạmer.                                        20

  Takatert Aït Ikhelf.                                        30

  Zaouïa Sidi Moḥammed ou Ạbd Allah.                          15

  Distances :  du Kheneg Tarea à Tizgi comme d’Ourika à Tesaouant.

               De Tizgi à Taṛrout comme d’Ourika à Tesaouant.

               De Taṛrout à Tamnougalt comme d’Ourika à Tesaouant.

               De Tamnougalt à Iṛir Azeggar comme de Tamnougalt à Agdz.

               Iṛir Azeggar fait face à Iriṛer.

               Intliten est à peu près en face de Rebaṭ, un peu plus
               haut que lui.

De Tizgi à Iriṛer, pas de désert, tout est palmiers.

Les trois premiers qçars de la rive droite et les six premiers de la
rive gauche portent le nom collectif de Ras Dra, ou Ras Mezgîṭa,
ou Afella n Asif, ou Afella n Dra.

Le Mezgîṭa est un district indépendant. Sa population,
exclusivement composée de Draoua (Ḥaraṭîn), est gouvernée
par un chikh héréditaire. Ce chikh, ou plutôt ce qaïd, car tel
est le titre qu’il prend, est actuellement Qaïd Ạbd er Raḥman
ben El Ḥasen ; il réside à Tamnougalt ; il est blanc ainsi que
ses enfants : ceux-ci sont fils d’une sœur du Zanifi, chikh de
Tazenakht. Sa famille a le pouvoir suprême dans le Mezgîṭa depuis
plusieurs siècles ; elle est originaire du Tazarin. Il ne reconnaît
le sultan que comme autorité spirituelle et, de fait, n’admet point
sa suprématie. Il lui envoie chaque année un cadeau consistant en
deux qanṭars de henné et un ou deux chevaux de bât. Il est fort
riche, a de grandes propriétés et lève un impôt annuel de 55000
francs ; 50000 francs sont payés par ses sujets musulmans, 5000 par
les Juifs. Un ordre sévère règne sur son territoire : tout voleur
est puni de mort : c’est la seule peine qu’il connaisse. Aussi,
quoique ses États n’aient aucun rapport avec le sultan, dit-on
qu’ils sont « blad el makhzen », allusion à la sûreté et à
l’ordre qui y règnent. Le Mezgîṭa, le district d’Aït Zeri et
le Tinzoulin sont les seuls lieux du Maroc qui, bien qu’indépendants
du sultan, soient dits « blad el makhzen », façon d’exprimer la
régularité de leur gouvernement.

En dehors du Mezgîṭa proprement dit, dont nous venons de parler,
on compte comme en faisant partie les deux petits qçars d’Ourika
(Iouriken), dans la vallée de l’Ouad Tamtsift.

Il y a à peine 7 ou 8 chevaux dans le Mezgîṭa : le qaïd en
possède 4.

Le Mezgîṭa a deux marchés : le Ḥad Agdz et le Khemîs Tamnougalt.

Il contient 5 mellaḥs.


                          =II. — Aït Seddrât.=


Le district de l’Aït Seddrât fait suite à celui du Mezgîṭa :
il se compose des rives de l’Ouad Dra, de la limite du Mezgîṭa
à celles de l’Aït Zeri et du Tinzoulin. On passe du Mezgîṭa
dans l’Aït Seddrât sans s’en apercevoir, en marchant toujours à
l’ombre des palmiers. Voici les qçars dont se compose ce district,
dans l’ordre où on les rencontre en descendant le fleuve :

             RIVE DROITE :

  Aït Ougzi.                20  fusils.

  Zaouïa Tamkasselt.        40

  Aït Iaïsi.                20

  Tamkasselt el Hara.       40

  Tansikht.                200

  Abernous.                 40

  Tanzmout.                 40

  El Ḥad.                   30

  Aït Ạïssa.                20

  Qaçba Aït Ạrbi.           40

  Irsig.                    60

             RIVE GAUCHE :

  Iṛir n Azeggar.           30  fusils.

  Aït Ḥammou ou Sạïd.       80

  El Ḥara.                  50

  Aït Melekt.               60

  Imjdoudar.                20

  Aït Isḥaq.                80

  Aït Khelfoun.             60

  Aït Ạbd Allah.            50

  Tizi n Isekfan.           30

  Zaouïa Sidi Dris.         10

  Azagour.                  50

  Aït Sakt.                 20

  Taaqilt.                 100

  Distances :  d’Iriṛer à Aït Ougzi connue de Tamnougalt à Ouriz.

               Aït Ḥammou ou Sạïd fait face à Aït Ougzi.

               D’Aït Ḥammou ou Sạïd à Taaqilt comme de Tesaouant à
               Tamnougalt.

               Irsig fait face à Taaqilt.

Les Aït Seddrât sont une nombreuse tribu tamaziṛt, partie
sédentaire, partie nomade, possédant des qçars et des tentes. Les
qçars sont sur l’Ouad Dra et l’Ouad Dâdes, les tentes entre
ces deux cours d’eau, dans le massif du Saṛro. Ils se divisent
en deux groupes, les Aït Zouli et les Aït Meḥelli. Chacun d’eux
compte environ 2000 fusils. Voici la décomposition des Aït Seddrât :

                 {                   {    Aït Ạli ou Ḥaseïn.
                 {                   {
                 {                   {    Aït Iidir.
                 {                   {
                 {    Aït Zouli.     {    Aït Sakt.
                 {                   {
                 {                   {    Imzdouder.
                 {                   {
  Aït Seddrât    {                   {    Aït Bou Taḥammart.
                 {
                 {                   {    Aït Isḥaq.
                 {                   {
                 {                   {    Aït Oudinar.
                 {    Aït Meḥelli    {
                 {                   {    Aït Ouffi.
                 {                   {
                 {                   {    Aït Ạrbi.

Les différentes fractions des Aït Seddrât ne vivent pas groupées :
elles sont disséminées et mélangées entre elles, aussi bien dans
les qçars du Dra que dans ceux de l’Ouad Dâdes. Voici comment
la tribu se gouverne : ceux qui sont dans le Dra élisent un chikh
pour une année ; un an, il est pris parmi les Aït Zouli, un an
parmi les Aït Meḥelli. Ceux de l’Ouad Dâdes font de même. Les
nomades se réunissent pour cette élection, qui à ceux du Dra, qui
à ceux de l’Ouad Dâdes. Ces chikhs nommés pour une année, que
nous avons vus apparaître la première fois sur l’Ouad Dâdes, sont
appelés _chikh el ạam_. L’usage des chikh el ạam est spécial,
dans le Maroc, aux trois tribus des Aït Seddrât, des Imeṛrân et
des Berâber. Ces derniers, dans toute l’étendue de leur immense
territoire et dans leurs innombrables subdivisions, ont cette méthode
uniforme de gouvernement, qui est un de leurs caractères particuliers.

Les Aït Seddrât sont blancs, mais bronzés. Ils sont très braves :
leur réputation de courage s’étend au loin. Ils ne parlent que
le tamaziṛt.

Les Aït Seddrât n’ont aucune relation avec le sultan. Ils sont,
comme toutes les tribus de l’Ouad Dra et comme le pays de Dra,
entièrement indépendants.

Le district de l’Aït Seddrât est habité par des Draoua et par des
Aït Seddrât : le gouvernement est entre les mains de ces derniers. Il
y a environ 30 chevaux dans le district.

Un marché, le Tlâta Tanzmout.

Un mellaḥ.


                    =III. — Aït Zeri et Tinzoulin.=


Au-dessous du district d’Aït Seddrât, lui faisant suite, se
trouvent : sur la rive droite, le district de l’Aït Zeri, puis celui
du Tinzoulin, réunis sous l’autorité d’un seul chef, Chikh El
Ạrabi ben Ọtman ; sur la rive gauche, d’abord deux qçars, l’un
indépendant, l’autre sous le pouvoir de Chikh ben Ọtman ; puis le
commencement du grand district du Ternata. Cette portion du Ternata
qui fait face à l’Aït Zeri et au Tinzoulin a un nom spécial,
Ras Ternata. Nous en parlerons plus tard en même temps que du Ternata.

En quittant l’Aït Seddrât, on trouve donc sur l’Ouad Dra :

                             RIVE GAUCHE :

  Ifriouin (zaouïa indépendante habitée par des             30  fusils.
  marabouts).

  Timesla (soumise à Chikh El Ạrabi ben Ọtman).            150

Puis on entre dans Ras Ternata.

                             RIVE DROITE :

               {    Qçîba Chikh El Ạrabi ben Ọtman (porte      50 fusils
               {    aussi le nom d’Aït Ọtman).
               {
               {    Tinegza.                                   20
               {
               {    Ouriz Oulad Megeddem.                      60
  Aït Zeri     {
               {    Oulad Mousa.                               50
               {
               {    Igdaoun.                                  150
               {
               {    Aqebt.                                     30

               {    Oulad Mesạd.                              100
               {
               {    Zaouïa Amadaṛ.                             30
               {
               {    El Ḥara.                                   10
               {
               {    Qaçba el Makhzen.                         100
               {
               {    Aït Reḥou.                                 30
               {
               {    El Ḥaddan.                                 40
  Tinzoulin    {
               {    Rebaṭ.                                    200
               {
               {    Amerdoul.                                  30
               {
               {    Aït el Ḥadj El Ḥasen.                     100
               {
               {    Idderb.                                    30
               {
               {    Timskalt.                                  50
               {
               {    Zaouïa el Feggouç.                         20

  Distances :  d’Irsig à Qcîba Chikh El Ạrabi comme de Tamnougalt à
               Ourika.

               D’Ifriouin à Taaqilt comme d’Ouriz à Tamnougalt.

               De Qcîba Chikh el Ạrabi à Aqebt comme de Tesaouant à
               Ourika.

               D’Aqebt à Zaouïa el Feggouç comme de Tesaouant à
               Tamnougalt.

Pas de marché dans l’Aït Zeri. Deux marchés dans le Tinzoulin :
le tenîn et le khemîs de Rebaṭ.

Un mellaḥ dans l’Aït Zeri, et deux dans le Tinzoulin.

Les Aït Zeri sont une fraction des Oulad Iaḥia, grande tribu
nomade dont nous parlerons plus loin. Chikh El Ạrabi ben Ọtman
appartient à cette tribu, à la tête de laquelle est depuis
longtemps sa famille : les États de Chikh El Ạrabi sont formés
de tous les Oulad Iaḥia, aussi bien les nomades, ceux du Zgiḍ,
etc., que ceux qui habitent le Ternata et que les Aït Zeri, puis
du Tinzoulin et de Timesla. Timesla et le Tinzoulin sont peuplés
de Draoua, l’Aït Zeri d’Oulad Iaḥia. Chikh ben Ọtman a un
pouvoir despotique sur ses sujets des bords de l’Ouad Dra, et une
autorité très limitée sur les autres.

Il y a une trentaine de chevaux parmi les Oulad Iaḥia des bords de
l’Ouad Dra ; il n’y en a que deux ou trois dans le Tinzoulin.


                            =IV. — Ternata.=


Au-dessous du Tinzoulin, se trouve le district du Ternata : nous avons
vu que sur la rive gauche il commence plus haut, après Timesla : le
Ternata se compose donc de deux portions, l’une où il s’étend sur
les deux rives du Dra, c’est le Ternata proprement dit ; l’autre
où il n’en occupe que la rive gauche, c’est Ras Ternata. Les
divers qçars du Ternata sont, en descendant le fleuve à partir
de Timesla :

                             RIVE GAUCHE :

  Aït Ạbd Allah ou Mimoun                  }                 200 fusils.
                                           }
  Akhellouf                                }                 300
                                           }
  Bou Nạnạ                                 }                 150
                                           } Ras Ternata.
  Zergan                                   }                  75
                                           }
  Tiggint                                  }                  75
                                           }
  El Douirat                               }                  50

  Imi Ougni.                                                  50

  Aṛlal Fouqani.                                              30

  Qaçba Foum Tazenakht (appelée aussi Tafroust).              60

  Beni Zouli.                                                300

  Takhelil.                                                  200

  Tanagamt.                                                   40

  Ḥara el Khoubz.                                             40

  El Ḥara.                                                    40

  Tinegdid.                                                   40

  Iṛerdaïn.                                                  100

  Asouḥad.                                                    40

  Aderbaz.                                                    40

  Astour.                                                    300

  Bou Zergan.                                                200

  Tidsi.                                                      60

  Bir Chạt.                                                   80

  Qçar Djedid.                                                50

  Zaouïa Sidi Ben Nacer.                                      15

  El Mançouria.                                              150

  Bou Khelal.                                                200

  Tamzout.                                                    30

  Tamaziṛt.                                                   80

  Oulad el Ḥadj (2 petits qçars : Qçîba                      100
  Oulad el Ạgid et Qçîba Oulad el Bacha).

  Zaouïa el Qlạa (appelée aussi Zaouïa                        40
  el Ftaḥ).

                             RIVE DROITE :

  Afra Oulad es Soulṭân.                                     150 fusils.

  El Kạba (Oulad Ioub) (2 qçars).                            400

  Zaouïa Oulad Ioub.                                          20

  Taṛzout.                                                    80

  El Meqaṭra (2 qçars).                                      150

  Melal.                                                     200

  Oulad Ousạ.                                                300

  Qçîba Oulad Ousạ.                                           30

  Rebạt el Ḥadjer.                                            80

  Zaouïa Ạmer ou Ạbd er Raḥman.                              100

  Tisergat.                                                  200

  Tiṛzert.                                                    80

  El Kherraza.                                                60

  Tigit Oulad Chạouf.                                        200

  Tigit Aït b Oulman.                                         70

  Arla ou Asif.                                               50

  Qçîba Sidi Oumbarek.                                        40

  Qçîba el Mqadra.                                            50

  Qçîba Berda.                                                60

  El Ạroumiat.                                               300

  Asrir Ilemsan (ce qçar est compté du                        80
  Fezouata).

  Iqoubban (zaouïa).                                          30

  Mehdia.                                                    100

  Tanziṭa (2 qçars, le plus haut habité                      200
  par des cherifs).

  Zaouïa Tanziṭa (porte aussi le nom de                       30
  Zaouïa el Baraka).

  Distances : d’Ifriouin à Beni Zouli 1 fois et demie comme de
              Tamnougalt à Tesaouant.

              De Beni Zouli à Astour comme de Tamnougalt à Ourika.

              D’Astour à Mançouria comme de Tamnougalt à Ourika.

              De Mançouria à Zaouïa el Qlạa comme de Tamnougalt à Ouriz.

              De Zaouïa el Feggouç à Afra Oulad es Soulṭân comme de
              Tamnougalt à Agdz.

              D’Afra Oulad es Soulṭân à El Ạroumiat comme de Tamnougalt
              à Tesaouant.

              D’El Ạroumiat à Zaouïa Tanziṭa comme de Tamnougalt à Agdz.

              Afra Oulad es Soulṭân est immédiatement au-dessous de
              Zaouïa el Feggouç.

              Bou Nạnạ est en face de Zaouïa el Feggouç.

              Beni Zouli est en face de Melal et d’Oulad Ousạ.

              Tisergat est en face d’Astour.

              Mançouria est en face d’El Ạroumiat.

              Mehdia est en face de Zaouïa el Qlạa.

              Zaouïa el Baraka est en face d’Amzrou (Fezouata).

Le Ternata n’est pas un État compact comme le Mezgîṭa, l’Aït
Seddrât, l’Aït Zeri et le Tinzoulin. C’est une réunion de qçars
appartenant à deux tribus différentes, sans qu’aucune autorité
supérieure, assemblée ou chikh, les unisse jamais. Les habitants du
Ternata sont : des Draoua, disséminés dans toutes les localités,
mais n’en possédant aucune, les Roḥa et des Oulad Iaḥia. Ces
deux dernières tribus se partagent tous les qçars ; voici comment :

Les _Roha_ possèdent : 1o la portion du Ternata située sur la rive
gauche de l’Ouad Dra (Ras Ternata compris) ; 2o sur la rive droite :
Afra, El Meqaṭra, et ce qui est au-dessous de Tigit Aït b Oulman,
ainsi que ce dernier qçar, moins Asrir Ilemsan.

Les _Oulad Iahia_ possèdent le reste de la rive droite.

Enfin, un des qçars du Ternata, Asrir Ilemsan, appartient aux Berâber
et est compté du Fezouata.

Les Roḥa forment une tribu à part. Ils se disent d’origine arabe
et ne parlent qu’arabe. Ils n’habitent que des qçars ; les seuls
qu’ils aient sont ceux du Ternata. Là se trouve massée toute leur
tribu. Chez eux, point de chikh, point de chef ni héréditaire ni
temporaire : chaque localité se gouverne à sa fantaisie et a une
existence politique isolée de celle de ses voisins. Les Roḥa sont
aussi indépendants que les Berâber eux-mêmes, et ne sont vassaux
de personne. Ils ont environ 50 chevaux.

Les marchés du Ternata sont : l’Arbạa Akhellouf, le Khemîs Beni
Zouli, le Ḥad Astour, le Tenîn El Ạroumiat, le Djemạa Tisergat.

Il y a au Ternata 6 mellaḥs.


                            =V. — Fezouata.=


Au district du Ternata succède, immédiatement au-dessous de lui,
celui du Fezouata, appelé aussi Tagmadart. Le Fezouata comprend les
deux rives de l’Ouad Dra ; il est limité dans sa partie inférieure
par le désert d’El Kheneg.

Voici les qçars dont il se compose, dans l’ordre où on les trouve
en descendant le fleuve :

                             RIVE GAUCHE :

  Amzrou (debiḥa sur les Imsouffa).                         300  fusils.

  Qcîba Aït Aqqo (debiḥa sur les Imsouffa).                  20

  Chareṭ (debiḥa sur les Imsouffa).                         150

  Aït Kheddou (debiḥa sur les Imsouffa).                     40

  Asrir Ignaouen (debiḥa sur les Aït Ạïssa ou Brahim).       70

  Qcîba Ilemsan (debiḥa sur les Ilemsan).                    50

  Beni Ọtman (debiḥa sur les Imsouffa).                      30

  Arla Oudrar (debiḥa sur les Imsouffa).                    500

  Agrour (debiḥa sur les Imsouffa).                          50

  Timtig (2 qçars habités par des cherifs (debiḥa sur        80
  les Imsouffa).

  Beni Khallouf (debiḥa sur les Ignaouen).                  150

  Oulad Bou Ious (debiḥa sur les Aït Isfoul).               100

  Tamegrout Aït Ben Nacer (Zaouïa Sidi Ben Nacer ; le      1000
  chef de la famille et de la zaouïa est aujourd’hui
  Sidi Moḥammed ou Bou Bekr).

  Sefalat (pas de debiḥa sur les Berâber. Les Sefalat       800
  sont des Roḥa indépendants).

  Qçâbi Izligen (debiḥa sur les Izligen).                   100

                             RIVE DROITE :

  Oulad Brahim (debiḥa sur les Aït Isfoul).                 300  fusils.

  El Megarba (debiḥa sur les Izakenniouen).                  80

  Agni (debiḥa sur les Ignaouen).                            60

  Tazrout (debiḥa sur les Aït b ou Iknifen).                100

  Tinfou (debiḥa sur les Izligen).                          100

  Zaouïa Sidi Bou Nou.                                      100

  Distances :  d’Amzrou à Tamegrout comme de Tamnougalt à Tesaouant.

               De Timtig à Tamegrout comme de Tamnougalt à Iouriken.

               De Tamegrout à Qçâbi Izligen comme de Tamnougalt à
               Tesaouant.

               Oulad Brahim est à hauteur de Tamegrout.

On voit qu’entre Amzrou et Tamegrout il n’y a point de qçar
sur la rive droite. Cependant les deux bords et une partie du lit du
fleuve ne cessent sur cette étendue d’être couverts de palmiers.

Au Fezouata appartient encore le qçar d’Asrir Ilemsan, situé sur
le territoire du Ternata.

Fezouata ou Tagmadart est, comme Ternata, le nom d’une région et non
celui d’une tribu. Ici non plus, ni assemblée ni chikh ne gouverne
tout le district. Chaque localité vit isolée et s’administre à
sa guise. Les qçars appartiennent à leurs habitants, qui sont des
Draoua : chacun est indépendant des autres, et a, séparément,
sa debiḥa sur une fraction des Berâber. De même que les Draoua
du nord sont soumis qui aux Aït Seddrât, qui aux Oulad Iaḥia,
qui aux Roḥa, ceux du Fezouata et des districts situés au sud
du Fezouata, c’est-à-dire du Qtaoua et d’El Mḥamid, sont
soumis aux Berâber. Cette sujétion diffère, par ses conditions,
de celle du nord. Là, les Draoua, enveloppés dans une population
étrangère souvent plus nombreuse qu’eux, partout mélangés avec
elle, n’ont aucune part à l’administration et ne sont comptés
pour rien. A partir d’ici, ils sont les seuls habitants fixes ; mais,
comme les qçars de Tatta, et bien plus qu’eux, ils sont obligés,
pour être à l’abri de la puissante tribu nomade qui les entoure,
d’avoir chacun leur debiḥa sur une de ses fractions. En raison
de la faiblesse des Draoua et de la puissance de leurs voisins, les
Aït Atta (l’un des deux grands groupes des Berâber), les charges
du vasselage sont lourdes pour les trois districts du bas Dra. Nous
avons indiqué plus haut sur quelle fraction des Aït Atta chaque
qçar du Fezouata a sa debiḥa.

La population du Fezouata se compose donc d’abord des habitants
fixes, les Draoua, qui se gouvernent eux-mêmes, chaque qçar
séparément, comme les gens de Tisint et de Tatta ; puis de Berâber
de passage : ceux-ci ont dans les qçars des maisons où ils déposent
leurs provisions, mais où ils n’habitent pas, vivant d’ordinaire
sous la tente.

Point de chevaux chez les Draoua du Fezouata, ni chez ceux du Qtaoua
et d’El Mḥamid.

Deux marchés dans le Fezouata : l’Arbạa Amzrou et le Sebt
Tamegrout.

Un mellaḥ.

Entre Zaouïa el Qlạa et Amzrou, sont les ruines d’une ville
autrefois la plus peuplée et la plus puissante du Dra, Zegoura.

Tamegrout est le siège d’une des plus grandes zaouïas du
Maroc. C’est l’une des cinq dont l’influence politique aussi
bien que religieuse s’étend au loin et peut acquérir par les
circonstances une importance énorme : ces cinq zaouïas sont : celle
d’Ouazzân (Moulei Ạbd es Selam), celle de Bou el Djạd (Sidi Ben
Daoud), celle du Metṛara (Chikh Moḥammed el Ạrabi el Derkaoui),
celle de Tamegrout (Sidi Moḥammed ou Bou Bekr), celle du Tazeroualt
(Sidi El Ḥoseïn). En ce moment, l’influence des quatre premières
est surtout religieuse, celle de la cinquième surtout politique. Le
pouvoir de Sidi Ben Nacer est immense dans toute la vallée de
l’Ouad Dra, dans celle du Sous, dans celles des ouads Dâdes et
Idermi ; il s’étend jusqu’à Tatta et Agadir Iṛir à l’ouest,
jusqu’à moitié chemin du Tafilelt à l’est. Cette zone, qui
comprend une grande partie de la tribu des Berâber, presque tout
le groupe des Aït Atta, est entièrement à sa dévotion. On vient
en pèlerinage à Tamegrout de bien plus loin encore, de Mogador,
du Sahel, du Tafilelt : le nom de Sidi Moḥammed ou Bou Bekr est
connu et vénéré dans tout le Maroc. Le sultan marque en toute
occasion le plus grand respect pour ce saint.


                            =VI. — Qtaoua.=


En sortant du Fezouata, l’Ouad Dra entre dans un désert appelé
_El Kheneg_ : plus de cultures, plus de palmiers, ni dans son
lit ni sur ses bords : le désert est absolu ; mais il n’est
pas long. La longueur en est égale à deux fois la distance de
Tamnougalt à Ourika. C’est à l’extrémité de ce désert que
le fleuve traverse le Bani : il perce la chaîne au kheneg appelé
Foum Taqqat. Cette trouée par laquelle l’Ouad Dra débouche dans
le Sahara proprement dit, au sud de la digue si étrange du Bani,
a une grande célébrité chez les Berâber. Ils la regardent comme
le lieu de leur origine première, comme leur berceau commun, et y
font chaque année des pèlerinages et des sacrifices. Après avoir
passé Foum Taqqat, on arrive bientôt au district du Qtaoua.

Le Qtaoua, qu’on appelle aussi _El Azrar_, est borné au nord par le
petit désert d’El Kheneg et au sud par celui de Bou Selman. Il se
compose des qçars suivants, situés sur les bords de l’Ouad Dra :
voici leur énumération, en descendant le fleuve :

                             RIVE DROITE :

  Beni Semgin (debiḥa sur les Ignaouen).                  100  fusils

  Qçâbi Oulad Bou Ḥerira (debiḥa sur les Ignaouen).        40

  Regba (debiḥa sur les Ignaouen).                         60

  Insrad (debiḥa sur les Ignaouen).                      1000

  Beni Ḥaïoun (debiḥa sur les Ignaouen).                  600

  Qaçba er Remla (debiḥa sur les Ilemsan).                 50

  Ikhchouan (debiḥa sur les Ilemsan).                     200

  Beni Henaït (debiḥa sur les Aït b ou Iknifen).          200

  Zaouïa Sidi Çaleḥ.

  Beni Sbiḥ (debiḥa sur les Aït b ou Iknifen).            400

  Aït Rebạ (debiḥa sur les Ignaouen).                      80

  Zaouïa Sidi Ạbd el Ạli.

  Zaouïa el Berrania.

  Distances :  de Qçâbi Izligen à Beni Semgin comme de Tamnougalt à
               Tesaouant.

               De Beni Semgin à Insrad comme de Tamnougalt à Ouriz.

               D’Insrad à Beni Ḥaïoun comme de Tamnougalt à Takatert.

               De Beni Ḥaïoun à Beni Sbiḥ comme de Tamnougalt à Ouriz.

               De Beni Sbiḥ à Zaouïa el Berrania comme de Tamnougalt à
               Ouriz.

La population du Qtaoua est la même et se trouve dans les
mêmes conditions que celle du Fezouata. Elle se compose de Draoua
(Ḥaraṭîn) se gouvernant à leur fantaisie dans leurs murs, mais
tributaires des Berâber : un certain nombre de ces derniers habitent
parmi eux, à titre d’étrangers ; ils ont des maisons dans les
qçars, y vivent une partie de l’année, et l’autre errent sous
la tente. En dehors des Draoua et des Berâber, il y a une troisième
classe de personnes : celle des cherifs et des marabouts : ils sont,
comme presque partout, indépendants.

Il existe trois très grands qçars dans le Qtaoua : Insrad, Beni
Ḥaïoun et Beni Sbiḥ.

Insrad est remarquable par l’instruction et la piété de sa
population : presque tous les hommes sont ṭalebs ou ḥadjs. Le qçar
est administré par un chikh : le chikh actuel s’appelle Er Rijel ;
c’est un Draoui des plus noirs. Insrad n’a qu’une seule porte ;
quiconque pénètre dans la ville y dépose ses armes en entrant.

Beni Ḥaïoun est gouverné par son chikh, El Bechra ould
Mellouk. C’est l’homme le plus puissant du Qtaoua. Il a sous son
autorité plusieurs autres qçars : Beni Henaït, Ikhchouan, Qaçba
er Remla, Zaouïa Sidi Çaleḥ. Beni Ḥaïoun, sa résidence, forme
ainsi la capitale d’une petite confédération : c’est pourquoi
on donne parfois à ce qçar le nom d’El Qtaoua. Chikh El Bechra
est, comme ses voisins, vassal des Berâber. Il est célèbre par
ses richesses et son luxe ; il possède un immense jardin où sont
enfermés des mouflons, des gazelles, des autruches et d’autres
animaux du désert. Outre ses marchés hebdomadaires, Beni Ḥaïoun
a un marché permanent au milieu du qçar.

Beni Sbiḥ est un grand qçar, rival de Beni Ḥaïoun et souvent en
guerre avec lui ; il a pour chikh un Draoui, Chikh El Ạziz. Beni
Sbiḥ possède six mosquées et un marché permanent. L’enceinte
du qçar n’a que deux portes.

Les marchés du Qtaoua sont, outre les marchés permanents
mentionnés : le ḥad et le khemîs de Beni Ḥaïoun, le ḥad et
le khemîs de Beni Sbiḥ.

Deux mellaḥs, l’un à Beni Ḥaïoun, l’autre à Beni Sbiḥ.


                          =VII. — El Mhamid.=


El Mḥamid, ou, comme on l’appelle pour le distinguer d’autres
lieux du même nom, Mḥamid el Ṛozlân, est le dernier district
du pays de Dra. Entre le Qtaoua et lui se trouve un court désert,
Khela Bou Selman. Le fleuve le traverse, les rives stériles. Il
en sort pour entrer dans El Mḥamid, où ses bords se couvrent de
nouveau de palmiers et de qçars ; voici les noms de ces derniers,
dans l’ordre où on les rencontre en descendant le fleuve :

                             RIVE GAUCHE :

  Oulad Dris (debiḥa sur les Aït Bou Daoud).               400  fusils.

  Bou Nou (debiḥa sur les Aït Ạlouan).                      80

  Tleḥa (debiḥa sur les Aït Bou Daoud).                    100

  El Mḥarza (debiḥa sur les Ignaouen).                      50

  Qcîba Aït Ạïssa ou Brahim (Aït Ạïssa ou Brahim).         100

  Oulad Ḥamed (debiḥa sur les Ignaouen).                   300

  El Beṭḥa (debiḥa sur les Aït Bou Daoud).                  80

  Cendouga (debiḥa sur les Ignaouen).                       40

  Oulad Mhiia (debiḥa sur les Aït Ạlouan).                 200

  Qcîba Chiadma (pas de debiḥa. Les Chiadma sont           200
  Arabes et indépendants).

  Qcîba Sidi Zaoui (debiḥa sur les Aït Ạlouan).            100

  Distances :  de Zaouïa el Berrania à El Beṭḥa comme de Tamnougalt à
               Tesaouant.

               D’El Beṭḥa à Oulad Ḥamed                      600 mètres.

               D’Oulad Ḥamed à Cendouga comme de Tamnougalt à Takatert.

               De Cendouga à Qcîba Chiadma                   800 mètres.

               D’Oulad Ḥamed à Oulad Dris comme de Tamnougalt à Ouriz.

               D’Oulad Dris à El Beṭḥa comme de Tamnougalt à Ouriz.

               D’Oulad Mhiia à Cendouga                      800 mètres.

La population d’El Mḥamid est semblable à celle du Qtaoua et du
Fezouata et se trouve dans les mêmes conditions : Draoua tributaires
des Berâber, possédant les qçars, et se gouvernant dans chacun
d’eux isolément et à leur guise ; Berâber de passage ; cherifs
indépendants.

Point d’autre marché que le marché permanent d’Oulad Ḥamed.

Un mellaḥ.

Au sortir d’El Mḥamid, l’Ouad Dra s’enfonce dans le désert :
il y reste jusqu’à l’Océan.


                   =VIII. — Affluents de l’Ouad Dra.=


Voici les noms de quelques-uns des affluents de l’Ouad Dra, entre
le Kheneg Tarea et El Mḥamid. Affluents de la rive droite :

_Ouad Imider._ — Il a son confluent au-dessus de Rebaṭ
(Mezgîṭa). Il ne traverse que le désert.

_Ouad Tamtsift._ — Il a son confluent au-dessus d’Ouriz. Il arrose
successivement la qoubba de Tarourt, Tasla Aït Brahim, Aït Semgan
(appelé aussi Amenrirka), Tesaouant, Ourika. A Ourika, se jette sur
sa rive gauche un ruisseau prenant sa source à Aïnach, zaouïa avec
dattiers et cultures située à quelque distance dans la montagne.

_Ouad Agni Ouremd._ — Il a son confluent au-dessus d’Aremd ;
il ne traverse que le désert.

_Ouad Bou Lougeïn._ — Il a son confluent à Argioun. Cette localité
est à égale distance de Tamnougalt et d’Ourika.

_Ouad Alemt._ — Il a son confluent au-dessus de Tamkasselt ; il
ne traverse que le désert : c’est un cours d’eau d’une assez
grande longueur.

_Ouad Tansikht._ — Il a son confluent au-dessus d’Aït Oussiḥi ;
c’est un cours d’eau assez long, mais ne traversant que le désert.

_Ouad Alemta._ — Il a son confluent au-dessus de Rebaṭ Aït
Mimoun ; il ne traverse que le désert, bien qu’assez long. Alemta
est le nom d’une montagne d’où descendent plusieurs rivières.

_Ouad Tasminert._ — Il a son confluent entre Aqebt et Oulad
Mesạd. Il vient du Khela Tasminert et demeure pendant tout son
cours dans le désert.

_Ouad. . . . ._ — Il a son confluent au-dessus de Zaouïa Amadaṛ ;
il ne traverse que le désert.

_Ouad Mhit._ — Il a son confluent au-dessus de Timskalt. Il ne
traverse que le désert.

_Ouad. . . . . ._ — Il a son confluent sous Zaouïa el Feggouç. Il
ne traverse que le désert.

_Ouad Nfid._ — Il a son confluent sous Qaçba el Kạba. Il ne
traverse que le désert.

_Ouad El Betha el Beïda._ — Il a son confluent au-dessus de
Taṛzout. Il ne traverse que le désert.

_Ouad Grenzar._ — Il a son confluent au-dessus d’El Meqaṭra. Il
ne traverse que le désert.

_Ouad Abd Allah._ — Il a son confluent au-dessus de Rebaṭ el
Ḥadjer. Il ne traverse que le désert.

_Ouad Mergou._ — Il a son confluent au-dessus d’El Ạroumiat. Il
ne traverse que le désert.

_Ouad el Feïja._ — Il a son confluent au-dessous de Zaouïa el
Baraka : c’est un cours d’eau long, mais désert.

_Ouad el Miet._ — Il a son confluent au-dessous d’Oulad Brahim. Il
ne traverse que le désert.

_Ouad Zerri._ — Il a son confluent au-dessus d’Anagam. Il ne
traverse que le désert.

Affluents de la rive gauche :

_Ouad Idili._ — Il a son confluent au-dessous de Tiniṛil. Il
prend sa source dans le Saṛro : le cours en est désert.

_Ouad Tara Melloul_. — Il a son confluent au-dessous de Taleouin. Le
cours en est désert.

_Ouad Abdi._ — Il a son confluent au-dessus de Talat : il ne
traverse que le désert. Il prend sa source dans le Djebel Kisan et
n’est qu’un ravin très court : au contraire, les cours d’eau
précédents sont longs.

_Ouad Aït Aïssa ou Daoud._ — Il a son confluent au-dessous d’Aït
Khelfoun ; il ne traverse que le désert.

_Ouad Tangarfa._ — Il a son confluent au-dessous d’Aït Khelfoun :
il ne traverse que le désert, et se jette au-dessous du cours
d’eau précédent.

_Ouad Ousreït._ — Il a son confluent au-dessous d’Abernous ;
il ne traverse que le désert.

_Ouad Tamellalt._ — Il a son confluent au-dessous de Zaouïa Sidi
Dris ; il ne traverse que le désert.

_Ouad. . . . . ._ — Il a son confluent entre Taaqilt et Ifriouin ;
il ne traverse que le désert.

_Ouad. . . . . ._ — Il a son confluent entre Ifriouin et Timesla ;
il ne traverse que le désert.

_Chaba Moulei Iaqob._ Il — a son confluent au-dessus d’Aït Ạbd
Allah ou Mimoun ; il ne traverse que désert.

_Chaba Moulei Bou Fers._ — Il a son confluent au-dessus
d’Akhellouf ; il ne traverse que le désert.

_Chaba. . . . . . . ._ — Il a son confluent au-dessus d’El
Douirat. Il ne traverse que le désert. Ce cours d’eau, ainsi que
les quatre précédents, prend sa source dans le Khela Bou Zeroual.

_Chaba. . . . . . . ._ — Il a son confluent sous Tafroust ; il ne
traverse que le désert. On appelle Tazenakht l’endroit où il se
jette dans le fleuve.

_Ouad el Miet._ — Il a son confluent sous Bou Zergan : c’est une
rivière longue ; elle ne traverse que le désert.

_Ouad el Farer._ — Il a son confluent entre Zegoura et Zaouïa el
Ftaḥ. Il prend sa source à Foum Tenia Tafilelt. Il ne traverse
que le désert.

La plupart des rivières que nous venons d’énumérer sont presque
toujours à sec.


                     3o. — BASSIN INFÉRIEUR DU DRA.


L’Ouad Dra, des derniers palmiers d’El Mḥamid à l’Océan,
coule dans le désert. Sur sa rive droite, c’est une plaine
ondulée s’étendant jusqu’au Bani, plaine rayée par endroit
de collines basses, et partout telle que nous l’avons vue au sud
de Tintazart. Sur la rive gauche, on trouve, après avoir gravi
un talus, une plaine semblable à celle de droite : sol ondulé,
avec de petits cours d’eau, et de la végétation au printemps. On
appelle ces deux plaines les _Feïja_. La dernière a, en moyenne,
une journée de marche en profondeur ; un nouveau talus, visible de
Tatta, la borne au sud. Si l’on monte sur ce talus, on trouve le
ḥamada, vaste plateau où rien ne borne plus l’horizon : sol plat,
dur et pierreux, sans eau ni végétation. Le ḥamada s’étend au
loin vers le sud : c’est le commencement du grand désert.

Si les bords du fleuve ne sont pas habités, les trois déserts qui
l’entourent servent de terrains de parcours à diverses tribus
nomades ; ce sont :

Les _Tajakant_, tribu religieuse, dont tous les membres sont
marabouts. Elle est établie dans le ḥamada, au sud des Ida ou Blal
et des Aït ou Mrîbeṭ ; elle a des tentes, et un qçar, Tindouf.

Les _Arib_, tribu nomade possédant un qçar, Zạïr, et des tentes :
leurs campements s’étendent parfois fort loin, dans le ḥamada
à l’est des Tajakant, dans la Feïja méridionale en face des
Berâber, et dans le désert compris entre le sud du Tafilelt et le
sud du Dra : d’ordinaire ils sont massés au sud du Debạïa. Cette
tribu, jadis considérable, est déchue aujourd’hui de son antique
puissance. Les Ạrib se disent Arabes : ils sont blancs de peau et
ne parlent que l’arabe.

Les _Berâber_, ou du moins certaines parcelles d’entre eux, surtout
des portions des Aït Ạlouan (les Aït Ạlouan font partie des
Aït Atta) ; ils campent dans la Feïja septentrionale, en face de la
région occupée par les Ạrib ; ils ont pour limites : au nord le
Bani, à l’est et au sud l’Ouad Dra, à l’ouest les Ida ou Blal.

Les _Ida ou Blal_ ; ils occupent les deux Feïja, celle de la rive
gauche comme celle de la rive droite, entre les Ạrib et les Berâber
à l’est et les Aït ou Mrîbeṭ à l’ouest.

Les _Aït ou Mrîbet_ ; ils occupent aussi les deux Feïja, entre
les Ida ou Blal d’une part, et de l’autre des tribus du Sahel
sur lesquelles je n’ai pu recueillir de renseignements.

Au milieu de ces tribus nomades, on ne trouve que cinq qçars,
isolés dans le désert ; ce sont :

_Tindouf_, sur le ḥamada, au sud de l’Ouad Dra. Ce qçar, de
fondation récente, appartient aux Tajakant. Il est important comme
centre religieux et plus encore comme point de départ et d’arrivée
de caravanes annuelles du Soudan.

_Zaïr_, sur la rive gauche du Dra, à quelque distance de son lit. Ce
qçar a été construit, il y a peu d’années, par les Ạrib. La
population, appartenant toute à cette tribu, en est d’environ 500
fusils. Il est arrosé par des sources et possède quelques plantations
de dattiers. Sa distance au lit du Dra est celle de Tamnougalt à
Ouriz ; sa distance au qçar le plus méridional d’El Mḥamid est
celle de Tesaouant à Ouriz.

_Qçar Khsa_, situé sur la rive droite du Dra, à 3 ou 4 heures
de son lit. Il appartient aux Khsa, fraction des Oulad Iaḥia ;
la population en est d’environ 400 fusils ; il est arrosé par un
canal qui lui apporte l’eau du Dra ; point de dattiers. Sa distance
à Zạïr est deux fois celle de Tamnougalt à Ourika ; sa distance
à l’Ouad Dra est à peu près la même.

_El Mhazel_, sur la rive droite du Dra, à une certaine distance
de son lit. C’est un grand qçar de 400 feux habité par les Aït
Sidi Ạbd en Nebi, marabouts descendant du saint de ce nom, dont la
qoubba est dans le qçar : la zaouïa est importante. El Mḥazel est
arrosée par des sources ; point de dattiers. Elle est au sud-ouest
de Qçar Khsa, à une distance qui est une fois et un tiers celle de
Tesaouant à Tamnougalt.

_Mrimima_, où nous avons séjourné.

A côté de ces tribus nomades et de ces quelques qçars, se trouvent
deux petits groupes de marabouts vivant côte à côte sous la tente,
en des lieux invariables, au nord du Debạïa : avec eux finit la
liste des populations qui occupent les déserts du Dra inférieur. Ces
deux groupes sont :

_Oulad Sidi Amer_, marabouts campant à quelque distance au nord du
Debạïa, dans les collines de Soussia.

_Mrabtin Hamirin_, marabouts campant non loin des précédents,
dans les mêmes collines de Soussia.

Ainsi que nous l’avons dit en parlant des mạders, l’Ouad Dra est
presque toujours à sec dans son cours inférieur : certaines années
seulement, ses eaux dépassent El Mḥamid et s’écoulent jusqu’à
la mer ; encore cette crue ne dure-t-elle que quelques jours. En dehors
de ces rares périodes, il n’a point d’eau, sauf le peu que lui
apportent en temps de pluie ses principaux affluents. Son lit est, dans
cette portion, presque partout sablonneux : ce fond, lorsqu’il est
arrosé, devient très fertile : il produit une végétation abondante
et, si on l’ensemence, de superbes récoltes. Ces parties cultivables
du Dra sont, d’abord, le Debạïa ; puis, plus bas, différents
tronçons portant le nom de mạder. Le Debạïa et les mạders
sont seuls labourables dans le Dra inférieur : le reste est stérile.

Le _DEBAIA_. — Le Debạïa est une plaine de sable, longue de
2 jours de marche et large de 1 jour 1/2. L’Ouad Dra passe au
milieu, la traversant dans sa longueur. Une partie de cette plaine
se cultive chaque année : les tribus voisines s’en sont partagé
les terres ; tous les automnes, elles viennent y passer deux ou
trois semaines, arrosent au moyen de canaux dérivés du Dra, et
labourent ce qu’elles peuvent. Si l’année est pluvieuse et la
crue forte, les eaux du fleuve couvrent tout le Debạïa durant
plusieurs jours : sinon, les canaux seuls s’emplissent : enfin,
s’il a fait très sec, l’eau manque entièrement et la semence
est perdue. Les tribus qui cultivent dans le Debạïa sont : les
Ạrib, les Aït Ạlouan (Aït Atta), les Khsa (Oulad Iaḥia),
les Oulad Chaouf (Oulad Iaḥia), les Nesasda (Oulad Iaḥia), les
Aït Ạbd en Nebi, les Oulad Sidi Ạmer, les Mrabṭîn Ḥamirin.

Le Debạïa a son extrémité orientale à hauteur de Zạïr.

Les _MADER_. — Il y a une grande différence entre le Debạïa
et les mạders : le premier est une plaine traversée par le Dra,
les seconds sont le lit même du fleuve ; l’un est arrosé par
les eaux propres du Dra, les autres ne le sont habituellement que
par celles de ses affluents ; le Dra forme celui-là, les rivières
qui s’y jettent produisent ceux-ci. Le Debạïa est situé de
telle façon qu’il reçoit tout l’excédant des eaux du Dra. Les
mạders sont chacun au confluent d’un tributaire du fleuve et se
fertilisent du surplus de leurs eaux. Point de cours d’eau important
se jetant dans le Dra qui n’y forme un mạder ; point de mạder
qui ait une origine différente. Plus la rivière est forte, plus la
portion arrosée est considérable, plus le mạder est grand. Ces
différents mạders sont séparés entre eux et du Debạïa par des
portions stériles ; parfois, dans les grands mạders, les cultures
sont entrecoupées de courts tronçons impropres au labourage.

Nous n’avons plus à décrire les mạders, auxquels nous avons fait
une visite racontée plus haut : les eaux du haut Dra, arrêtées au
Debạïa, y viennent rarement : on ne compte point sur elles pour la
récolte, la terre s’arrosant assez par l’eau qu’y déversent
les rivières qui les forment. On y cultive de l’orge, un peu de
blé et du maïs. Ce dernier devient d’une taille prodigieuse :
les tiges en sont, dit-on, plus hautes qu’un cavalier monté ;
les épis en ont près d’une coudée de long. Les années 1878,
1879, 1880, on a cultivé les mạders ; on ne l’a point fait en
1881 ni en 1882 : on n’ensemence que quand des nuages apparaissent
en automne, donnant l’espoir d’un hiver pluvieux, non qu’on
ait besoin de pluie dans les mạders mêmes, mais il faut qu’il
en tombe dans la montagne pour remplir les rivières qui les arrosent.

Il y a six mạders : le Mạder Ida ou Blal, le Mạder Tatta,
le Mạder Aqqa, le Mạder Tizgi, le Mạder Icht, le Mạder Imi
Ougadir ; ces mạders sont séparés entre eux par des portions
stériles plus ou moins longues. Le premier est arrosé par les
ouads Zgiḍ et Kheneg eṭ Ṭeurfa, les cinq derniers par les
rivières qui leur ont donné à chacun leur nom. Les Ida ou Blal et
les habitants de Tisint labourent le Mạder Ida ou Blal ; les Ida ou
Blal, les gens de Tatta et les Aït ou Mrîbeṭ, le Mạder Tatta ;
les Aït ou Mrîbeṭ et les gens d’Aqqa, le Mạder Aqqa ; les Aït
ou Mrîbeṭ et les gens des oasis voisines, les trois derniers. Dans
le Mạder Ida ou Blal, le terrain est imprégné de sel ; l’eau,
quand il y en a, est salée ; si l’on creuse des puits, c’est
de l’eau salée qu’on trouve. Le meilleur des six mạders,
comme terrain, est le Mạder Aqqa ; le plus vaste de beaucoup est
le Mạder Ida ou Blal. Ce dernier se divise en plusieurs portions
ayant des noms distincts et séparées entre elles par de courts
espaces stériles : voici ces portions dans l’ordre où elles se
présentent lorsqu’on descend le fleuve :

  Zbar[114]
                   } entre eux est un espace stérile long comme la
                   } distance de Tisint à Aqqa Iṛen.
  Zouaïa
                   } entre eux est un espace stérile long comme la
                   } distance de Tisint à Aqqa Igiren.
  Bou Ḥalg
                   } entre eux est un espace stérile long comme la
                   } distance de Tisint à Trit.
  Tingaï
                   } entre eux est un espace stérile long comme la
                   } distance de Tisint à Trit.
  Steïla
                   } entre eux est un espace stérile long comme la
                   } distance de Qaçba el Djouạ à Trit.
  Djemạ
                   } entre eux est un espace stérile long comme la
                   } distance de Qaçba el Djouạ à Tisint.
  Bel Lebḥan
                   } entre eux est un espace stérile long comme la
                   } distance de Qaçba el Djouạ à Trit.
  Bou Ṛioul
                   } entre eux est un espace stérile long comme la
                   } distance de Tisint à Aqqa Aït Sidi.
  Chelkha Djedeïd
                   }                       id.
  Rist Djedeïd
                   }                       id.
  Bou Arbạïn
                   }                       id.
  Ḥedeb Bou Naïla
                   }                       id.
  Khrouf
                   }                       id.
  Bou Ạbd Allah
                   }                       id.
  Ta Bou Ạbd Allah
                   }                       id.
  Ṭiba Maṛnia
                   }                       id.
  Qçar Chạïr
                   }                       id.
  Lebdia

  Distances : de Zbar à Tingaï comme de Tintazart à Qaçba el Djouạ.

              de Tingaï à Rist Djedeïd comme de Tintazart à Aqqa Igiren.

              de Rist Djedeïd à Lebdia comme de Tintazart à Qoubba Sidi
              El Ḥoseïn.

              de Tisint à Tingaï comme de Tisint à Kheouïa.

              de Tisint à Zbar comme de Tisint à Kheouïa.

Quant au Mạder Tatta, il est d’une pièce et n’est coupé
d’aucune place stérile : la longueur en est égale à la distance
de Qaçba el Djouạ à Tisint. Il est séparé de Lebdia, dernier
point du Mạder Ida ou Blal, par un désert : il faut, pour parcourir
ce dernier, le même temps que pour aller de Tisint à Aqqa Igiren.

=AFFLUENTS.= — D’El Mḥamid au Sahel, l’Ouad Dra reçoit
successivement un grand nombre d’affluents dont les principaux sont
les suivants :

Affluents de la rive droite :

_Ouad Hamsaïlikh._

_Ouad Zgid_, s’y jetant à Tingaï (Mạder Ida ou Blal).

_Ouad Bou Tamat_, s’y jetant à Tingaï (Mạder Ida ou Blal).

_Ouad Henina_, s’y jetant à Rist Djedeïd (Mạder Ida ou Blal).

_Ouad el Qcib_, s’y jetant à Rist Djedeïd (Mạder Ida ou Blal).

_Ouad Kheneg et Teurfa_, s’y jetant à Bou Arbạïn (Mạder Ida
ou Blal).

_Ouad Bent en Nas_, s’y jetant à Khrouf (Mạder Ida ou Blal).

_Ouad Tatta_, s’y jetant à Areg Souir (Mạder Tatta).

_Ouad Meskaou_, s’y jetant à Souekh (Mạder Tatta).

_Ouad Aqqa_, s’y jetant à Qoubba Sidi Ạmara (Mạder Aqqa).

_Ouad Tizgi el Haratîn_, s’y jetant à Mạder Tizgi.

_Ouad Icht_, s’y jetant à Mạder Icht.

_Ouad Imi Ougadir_, s’y jetant à Mạder Imi Ougadir.

Affluent de la rive gauche :

_Ouad Tangarfa_, s’y jetant à Bel Lebḥan (Mạder Ida ou Blal) :
cette rivière prend sa source dans le ḥamada : sur ses bords,
déserts aujourd’hui, on voit les ruines d’un qçar depuis
longtemps abandonné ; une légende prétend que les habitants en
ont été chassés par les moustiques. Pas d’eau dans l’ouad,
mais des puits d’eau douce en son lit.

Nous allons étudier séparément les divers cours d’eau tributaires
de droite du Dra.


                        =I. — Ouad Hamsaïlikh.=


Ce n’est qu’un ruisseau, prenant sa source entre le Djebel
Hamsaïlikh et le Djebel Mḥeïjiba et se jetant dans l’Ouad Dra
un peu plus haut que l’Ouad Zgiḍ. Il ne coule que dans le désert.


                           =II. — Ouad Zgid.=


L’Ouad Zgiḍ est formé de deux rivières, l’Ouad Aṛlal et
l’Ouad El Qabia : il ne prend son nom qu’à partir du confluent
de ces deux cours d’eau, confluent situé un peu en amont du qçar
de Smira. Il se jette dans l’Ouad Dra au Mạder Ida ou Blal, à
Tingaï. Nous étudierons séparément l’Ouad Aṛlal, l’Ouad El
Qabia et l’Ouad Zgiḍ.

1o _OUAD ARLAL_. — Il porte aussi, dans son cours supérieur, le
nom d’Ouad El Gloạ. Il prend sa source dans le Petit Atlas et
coule d’abord dans une vallée étroite, resserrée dans les flancs
de cette chaîne. Il y arrose successivement les qçars suivants,
qui appartiennent aux Oulad Iaḥia et forment la région appelée
El Kheneg : ce sont, en descendant :

  Bou er Rebiạ       40  fusils.

  El Merjạ           50  —

  Oulad Ḥammou

  Oulad Ạḍim

  El Geddara

  El Gloạ           200  fusils.

(C’est jusqu’ici que l’Ouad Aṛlal porte souvent le nom d’Ouad
El Gloạ ; au-dessous, on ne l’appelle qu’Ouad Aṛlal.)

  Asemlil Qedîm

  Asemlil Djedid

  Assaka              30  fusils.

  Agenf               30  —

  Tagemt              30  —

  Aṛlal               60  —

A Aṛlal, l’Ouad Aṛlal sort du Petit Atlas et entre dans la
Feïja : cette Feïja est le prolongement de celle que nous avons
traversée avant d’arriver à Tanziḍa, vaste étendue plate et
sablonneuse, déserte, bornée au nord par les premières pentes du
Petit Atlas, au sud par le Bani. La rivière y coule dans le désert
jusqu’auprès de Smira, où elle s’unit à l’Ouad el Qabia.

Sur tous les cours d’eau du bassin de l’Ouad Zgiḍ, sans
exception, on trouve des dattiers à chaque point habité : pas
un village, pas un qçar, si petit qu’il soit, qui n’ait ses
plantations de palmiers. Ces rivières sont aussi les mêmes en ce
qui concerne leurs eaux : elles en ont aux lieux habités et rarement
ailleurs.

  Distances :   de Smira à Aṛlal comme de Mrimima à Agadir Tisint.

                de Smira à El Gloạ comme de Tazenakht à Iṛels.

2o _OUAD EL QABIA_. — Il porte aussi les noms d’Ouad Ouinjgal et
d’Ouad Alougoum. Il prend sa source dans le désert de Tarouni. Ce
désert a une longueur d’une journée de marche : il commence à
Tazenakht et finit à Ouinjgal ; le sol en est rocheux et pierreux,
sans aucune végétation. La vallée de l’ouad est d’abord
encaissée entre les pentes du Petit Atlas et étroite : on trouve
successivement sur son cours, en le descendant, les qçars suivants :

Ouinjgal, Ouagginekht, Taouinekht (2 qçars), Zaouïa Sidi Blal,
Tagergint, Amazzer, Aït Ạïssa, Aït Mrabeṭ, Talat, Tastift, Foum
el Ouad, Talilt, Aït Ṭaleb, Tiṛremt (Aït Ṭaleb et Tiṛremt
ont ensemble 200 fusils).

Les premiers qçars, jusqu’à Foum el Ouad inclus, forment le
territoire des Aït ou Ḥamidi ; les trois derniers forment celui
d’Alougoum ; tous ensemble sont ce qu’on appelle le pays de
Qabia. La population d’El Qabia, après avoir été longtemps
alliée aux Oulad Iaḥia, s’est mise de sa propre volonté
sous l’autorité du Zanifi ; cette région est donc regardée
aujourd’hui comme faisant partie des États de ce dernier.

A Tiṛremt, l’Ouad El Qabia sort du Petit Atlas et entre dans
la Feïja : il y demeure, dans le désert, jusqu’au point où il
s’unit à l’Ouad Aṛlal.

D’Ouinjgal à Tiṛremt, les bords de l’ouad sont garnis de
cultures, d’habitations et de dattiers formant une bande continue
qui s’interrompt en un seul endroit, entre Taouinekht et Zaouïa Sidi
Blal. Entre ces points, les deux rives sont stériles et inhabitées :
c’est un désert d’une heure de longueur.

Pas de marché dans le Qabia.

  Distances :  de Tazenakht à Ouinjgal                         1 jour.

               d’Ouinjgal à Tastift                            1/2 jour.

               de Tastift à Tiṛremt                            1 heure
                                                               1/2.

               d’El Mḥamid à El Qabia comme de Tisint à
               Mrimima

               d’Oulad Djerrar à El Qabia (par Smira)          1 jour.

               d’El Mḥamid à l’Alougoum (en coupant au court   1/2 jour.
               par la Feïja)

3o =OUAD ZGID.= — Il coule d’abord dans la Feïja. A hauteur du
confluent dont il résulte se trouvent trois petits qçars entourés
chacun de nombreux palmiers, massés en un seul groupe, à 4 ou 5
kilomètres de distance de son lit, sur sa rive gauche : ce sont,
en descendant :

  Oulad Meraḥ       70  fusils.

  El Kheouïa

  Nkheïla          150  fusils.

Ces trois qçars appartiennent aux Oulad Iaḥia (fraction des Oulad
Ḥellal).

A quelques pas au-dessous du confluent où il prend naissance, l’Ouad
Zgiḍ entre dans l’oasis de Zgiḍ : il y arrose successivement
les qçars suivants :

  Smira                                           rive       70  fusils.
                                                  gauche

  Oulad Ḥammou                                    rive
                                                  gauche

  Oulad Ḥamida                                    rive
                                                  gauche

  Oulad Djemạ                                     rive
                                                  gauche

  El Mḥaroug                                      rive       20  fusils.
                                                  gauche

  Oulad Bou                                       rive
  Qdir                                            gauche

  El Ṛouanem                                      rive
                                                  gauche

  Amzou                                           rive       50  fusils.
                                                  gauche

  El Mḥamid                                       rive      150    —
                                                  droite

  Agroud                                          rive
                                                  gauche

  Tamzaourout                                     rive       30  fusils.
                                                  droite

  Amzaourou                                       rive       30    —
                                                  droite

  Aqqa                                            rive
                                                  droite

  Bou Delal                                       rive       30  fusils.
                                                  gauche

  Mḥinch                                          rive      400    —
                                                  droite

  Bou Gir                                         rive       40    —
                                                  gauche

  Oulad Belqas                                    rive
                                                  droite

  Oulad Djerrar                                   rive
                                                  gauche

  Tabia en       }
  Nkheïla        }
                 }    compris sous le nom de      rive      150  fusils.
                 }    Tabia n Boro                gauche
  Tabia Djedida  }

Ces qçars sont échelonnés dans la Feïja au bord même de l’ouad ;
de Smira à Tabia en Nkheïla, les rives de celui-ci sont, sans
interruption, bordées de dattiers. L’oasis de Zgiḍ ne comprend
pas d’autres qçars que ceux qui viennent d’être mentionnés :
elle appartient à deux fractions des Oulad Iaḥia, les Oulad Ḥellal
possédant tout ce qui est sur la rive gauche, l’Ahel El Mḥamid
possédant tout ce qui est sur la rive droite. L’oasis de Zgiḍ se
trouve, comme celles de Tisint, de Tatta, d’Aqqa, au pied du Bani,
auprès d’un kheneg par où s’écoule la rivière qui l’arrose ;
mais, au lieu d’être au sud du Bani comme Tisint et Aqqa, elle
est au nord comme Tanziḍa, comme une partie de Tatta. Pas un seul
qçar du Zgiḍ n’est au sud de la chaîne.

Un marché dans le Zgiḍ, le tenîn de Smira.

Immédiatement au-dessous de Tabia en Nkheïla, la Feïja finit,
et l’Ouad Zgiḍ traverse le Bani au kheneg dit Foum Zgiḍ. De
là, il entre dans une vaste plaine déserte où il coule jusqu’au
village isolé de Mrimima. De ce point à son confluent avec le Dra,
à Tingaï, son cours se continue dans la même plaine, aussi unie
et aussi déserte qu’auparavant ; à l’approche de l’Ouad Dra,
elle prend le nom de Ṭerf eḍ Ḍel et devient sablonneuse :
dans cette partie, les eaux de l’Ouad Zgiḍ la fertilisent et
elle produit de belles moissons. Cette plaine de Ṭerf eḍ Ḍel
est analogue à celle de Medelles, que nous avons visitée, et est,
comme elle, séparée du lit du Dra par un mince bourrelet rocheux.

  Distances :  de Mrimima à Oulad Djerrar.                1 jour.

               de Tisint à Tabia n Boro (par la Feïja)    3/4 de jour.

               de Tabia n Boro à Mḥinch                   3/4 d’heure.

               de Mḥinch à El Mḥamid                      1/2 heure.

               d’El Mḥamid à Tabia en Nkheïla             3 heures.

Il y a deux mellaḥs dans le bassin de l’Ouad Zgiḍ ; l’un dans
le Zgiḍ, l’autre dans l’Alougoum.

=AFFLUENTS.= — L’Ouad Zgiḍ a trois affluents principaux, tous
sur sa rive droite ; ce sont : l’Ouad Tlit, s’y jetant à El
Mḥamid ; l’Ouad el Feïja, s’y jetant aussi à El Mḥamid,
quelques pas plus bas ; l’Ouad Tisint, s’y jetant à environ 2
kilomètres au-dessous de Mrimima.

OUAD TLIT. — L’Ouad Tlit prend sa source dans le Khela Ikis,
désert montagneux, rocheux, sans végétation : sa vallée, enfermée
entre les pentes du Petit Atlas, est d’abord fort étroite : il y
arrose successivement les qçars suivants :

Amdzgin, Tafrouqt (Zaouïa Sidi Merri), Argemmi, Tagadirt, Taourirt n
Ouzenag, Seroub (marabouts), Qioud, Taourirt n Tilles, Agred, Imi n
Tlit, Aoufelgach.

Ces qçars, avec ceux que nous mentionnerons plus loin sur
l’Ouad Temgissin, forment tout le territoire du Tlit. Il est sous
l’autorité du Zenâgi, à l’exception d’Argemmi, de Tagadirt
et d’Aoufelgach qui se sont rangés sous celle du Zanifi.

A Aoufelgach, l’Ouad Tlit sort de la montagne et entre dans la
Feïja : il y coule dans le désert jusqu’à son confluent avec
l’Ouad Zgiḍ, à El Mḥamid.

Point de marché dans le Tlit. Une zaouïa importante, celle de
Sidi Merri, à Tafrouqt : là se trouve le tombeau de ce saint ;
il est très vénéré : c’est tout ce qui reste de Sidi Merri ;
il n’existe plus de descendant de lui dans la zaouïa.

  Distances : de Temdaouzgez au désert d’Ikis (à travers le    3 heures.
              désert d’Ifenouan)

              longueur du désert d’Ikis                        3 heures.

              de Temdaouzgez au Tlit                           1/2 jour.

              d’Amdzgin à Imi n Tlit                           3 heures.

              d’Imi n Tlit à Aoufelgach                        1 heure.

              d’Aoufelgach à El Mḥamid                         1/2 jour.

AFFLUENTS. — L’Ouad Tlit a un affluent, l’Ouad Temgissin,
se jetant sur sa rive droite à Imi n Tlit.

=Ouad Temgissin.= — Il coule entre les pentes du Petit Atlas. Dans
son cours inférieur, il arrose successivement les trois qçars que
voici ; ils font partie du Tlit :

Temgissin, Aït Maouas, Imaraten.

Le premier reconnaît l’autorité du Zanifi ; le dernier, celui de
l’Azdifi ; quant à Aït Maouas, c’est un qçar de marabouts :
il est indépendant.

  Distance : d’Imi n Tlit à Temgissin 3 heures.

OUAD EL FEIJA. — Il prend sa source dans la Feïja, entre Tanziḍa
et Zgiḍ. Un seul point habité sur son cours, le qçar d’Erḥal.

OUAD TISINT. — Cette rivière, aussi importante que l’Ouad Zgiḍ
lui-même, fera l’objet d’un article spécial.

=REMARQUE SUR LA TRIBU DES OULAD IAHIA.= — La vaste région
comprise entre le Bani au sud, le Dra à l’est, les abords du
Ouarzazât au nord, les Aït Tigdi Ouchchen, les Aït Ạmer, les
Zenâga, les Ida ou Blal à l’ouest, forme le territoire des
Oulad Iaḥia : on voit que presque tout le bassin de l’Ouad
Zgiḍ y est renfermé. Les Oulad Iaḥia sont une nombreuse et
puissante tribu de nomades, habitant la plupart sous la tente,
mais ayant aussi un certain nombre de qçars : ces qçars sont,
les uns dans le bassin de l’Ouad Zgiḍ, les autres plus au nord,
sur de petits affluents du Dra, enfin un certain nombre sur le Dra
(Aït Zeri, Ternata). Ils se disent de race arabe. Leur langue est
l’arabe, mais beaucoup d’entre eux savent le tamaziṛt. Ils sont
très blancs de peau ; leur type ressemble à celui des Ida ou Blal ;
leurs femmes sont d’une beauté remarquable. Dans leurs vêtements,
ils se rapprochent plutôt des Chellaḥa que des Ida ou Blal : moins
de khent, moins de bernous blancs que ces derniers : des khenîfs,
des bernous gris et bruns, des haïks rayés de diverses couleurs. Les
femmes ont le costume qu’on porte à Tisint et chez les Ida ou Blal.

Les Oulad Iaḥia réunis forment environ 3000 à 3500 fusils. Ils
sont sous le commandement d’un chikh unique, Chikh El Ạrabi ben
Ọtman, dont la famille exerce depuis un temps immémorial le pouvoir
suprême sur toute la tribu. Chikh Ben Ọtman réside sur les bords
du Dra dans le qçar appelé indifféremment Qcîba Chikh El Ạrabi,
ou Aït Ọtman (Aït Zeri). Chikh El Ạrabi est indépendant et
n’a aucune relation avec le sultan. Son pouvoir est très efficace
sur des rives du Dra : il va s’affaiblissant à mesure qu’on
s’éloigne d’elles. Le chikh est en ce moment en paix avec
ses voisins ; c’est une exception : il est presque toujours en
guerre avec eux, surtout avec le Zanifi et le Mezgîṭi. Chikh El
Ạrabi a sous son autorité non seulement tous les Oulad Iaḥia,
mais encore le district du Tinzoulin et le grand qçar de Timesla,
peuplés l’un et l’autre de Draoua.

Trois centres religieux ont une grande influence sur les Oulad
Iaḥia : ce sont les zaouïas de Mrimima (Zaouïa Sidi Ạbd Allah
Oumbarek), de Tamegrout (Zaouïa Sidi Ben Nacer) et de Bou Mousi
(Sidi Ạli ou Ạbd er Raḥman). Les marabouts de Bou Mousi sont
ceux qu’ils vénèrent d’une façon spéciale, ceux auxquels ils
remettent chaque année leur principale redevance religieuse.

Les Oulad Iaḥia se décomposent en :

Oulad Bechiḥ (habitant l’Ouad Dra : les Aït Zeri en sont une
fraction) ;

El Kạba (qçars dans le Tinzoulin et désert) ;

Oulad Kerzab (qçar de Melal dans le Ternata et désert) ;

Nesasda (Rebaṭ el Ḥadjer, Qaçba Ạli ou Mousa, Cheradna dans
le Ternata et désert) ;

Oulad Chaouf (Tignit dans le Ternata et désert) ;

Khsa (Tansiṭa Fouqania, Qçar Khsa et désert) ;

Oulad Ạïssa (qçars de l’Ouad El Gloạ et autres, et désert) ;

Kerazba Tleuḥ (Iliṛ, El Kheouïa, Ansig et désert) ;

Nesoula (désert entre Tisint et Zgiḍ) ;

Oulad Ḥellal (Zgiḍ et désert) ;

Ahel El Mḥamid (Zgiḍ et désert) ;

Aït Ḥammou (qçars d’Ouzdiin, de Tesaouant, d’El Feggara
et désert).

=ITINÉRAIRES.= — 1o DE MRIMIMA AU TINZOULIN. — De Mrimima
à Zgiḍ ; de Zgiḍ à Aït Ṭaleb (Alougoum), en passant par
Smira ; puis Aṛlal, Agenf, Assaka, Asemlil, El Gloạ, El Merjạ,
Bou er Rebiạ. De là on gagne Ijdouin[115] (zaouïa ; 60 feux),
Aïnach (zaouïa ; 30 feux), El Feggara (qçar des Aït Ḥammou ;
400 fusils) ; enfin on arrive au Tinzoulin. On met en général 4
jours 1/2 pour faire ce chemin.

2o DE MRIMIMA A AIT OTMAN. — De Mrimima à Oulad Djerrar, 1 jour ;
d’Oulad Djerrar à El Qabia (en passant par Smira), 1 jour ; d’El
Qabia à Asemlil, 1 jour ; d’Asemlil à El Feggara, 1 jour ; d’El
Feggara à Aït Ọtman, 1 grande demi-journée. On met donc, par ce
chemin, qui est à peu près le même que le précédent, 4 jours 1/2 :
c’est calculé à raison d’une marche de vitesse moyenne.

3o DE TAZENAKHT AU TLIT. — De Tazenakht, on gagne Temdaouzgez sur
l’Ouad Azgemerzi. On passe sur la rive droite de cette rivière
et on s’engage dans le désert d’Ifenouan, portion de la plaine
des Zenâga, sol terreux où on laboure les années pluvieuses ; du
Khela Ifenouan, on entre dans le Khela Ikis, en gravissant le talus
rocheux qui limite la plaine des Zenâga. Le Khela Ikis est un désert
pierreux, montagneux ; terrain difficile, point de végétation. On y
marche jusqu’à Amdzgin, qçar le plus haut du Tlit. — On compte
une 1/2 journée de marche de Temdaouzgez à Amdzgin, la moitié de
la route s’effectuant dans le désert d’Ifenouan, l’autre dans
celui d’Ikis.

4o DISTANCES DE MRIMIMA AU DRA. — En marchant bien, on va de Mrimima
à Mḥamid el Ṛozlân en 2 jours 1/2, et de Mrimima à Qcîba Chikh
Ben Ọtman (par le Zgiḍ) en 3 jours 1/2. De Mḥamid el Ṛozlân
à Qcîba Chikh Ben Ọtman, on compte deux fortes journées.


                         =III. — Ouad Tisint.=


L’Ouad Tisint est un cours d’eau résultant de la jonction de
trois rivières qui s’unissent au pied du Bani, à la porte du
kheneg de Tisint. Ces trois rivières sont : 1o l’Ouad Tanziḍa,
2o l’Ouad Aginan, qui se joint au premier auprès d’un groupe de
palmiers appelé Tamjerjt, à 700 mètres en amont d’Aqqa Aït Sidi,
3o l’Ouad Qaçba el Djouạ s’unissant aux deux précédents peu
au-dessous de leur confluent, à Aqqa Aït Sidi.

Nous allons étudier séparément ces trois cours d’eau ; puis nous
passerons à l’Ouad Tisint.

1o _OUAD TANZIDA_. — Cette rivière prend sa source dans la Feïja
et n’a d’autre localité sur son cours que le qçar de Tanziḍa.

L’Ouad Tanziḍa, ainsi que tous les cours d’eau du bassin de
l’Ouad Tisint, n’a d’eau qu’aux approches des lieux habités.

=AFFLUENTS.= — Il reçoit quatre affluents : l’un sur sa rive
droite : c’est l’Ouad Agni, s’y jetant à Tanziḍa ; les trois
autres sur sa rive gauche : ce sont les ouads Asengar, Agmour, Adres.

OUAD AGNI. — Il prend sa source au Tizi Agni et baigne le village
d’Agni ; celui-ci est le seul point habité de son cours.

OUAD ASENGAR. — OUAD AGMOUR. — OUAD ADRES. — Ces trois rivières
se jettent dans l’Ouad Tanziḍa dans l’ordre où nous les nommons,
la première en amont, la dernière en aval, la seconde entre les
deux autres. Les cours en ont très peu de longueur. Elles descendent
toutes trois du Bani, et ont chacune sur leurs rives un qçar du même
nom qu’elles, avec des plantations de palmiers : ces trois qçars
sont des zaouïas ; ils sont indépendants et en dehors de toute tribu.

  Distances :  de Tanziḍa à Adres comme de Tisint à Qaçba el Djouạ.

               d’Adres à Agmour comme de Tisint à Qaçba el Djouạ.

               d’Agmour à Asengar comme de Tisint à Qaçba el Djouạ.

2o _OUAD AGINAN_. — Il prend sa source dans le désert de
Tasṛirt. Puis il entre dans la tribu d’Ounzin : il y arrose
successivement les qçars suivants :

Tamdrart (célèbre pour ses poteries ; on l’appelle aussi, à
cause de cela, Qçar el Qdour).

Igerda, Taltgmout el Ḥaraṭîn, Lemdint.

Jusqu’ici il n’y avait pas de palmiers : au-dessous de Lemdint,
il y en a en tous les lieux habités de la rivière :

Aseṛrar, Iṛil.

L’ouad sort après Iṛil de la tribu d’Ounzin et passe dans le
district d’Aginan, où il arrose :

Doutourirt, Iferd Aginan (appelée aussi Fiirir), Azegza.

Ces trois qçars forment tout l’Aginan. Au-dessous d’eux, la
rivière entre dans la tribu des Aït Bou Iaḥia ; elle en arrose
deux des qçars, Kiriout, Timzourit.

Puis elle coule dans le désert et y reste jusqu’au point où elle
s’unit à l’Ouad Tanziḍa.

Le territoire des Aït Bou Iaḥia se compose des deux qçars
mentionnés et de quelques autres que nous énumérerons plus loin :
celui du district d’Aginan ne comprend que les trois qui viennent
d’être cités : celui de l’Ounzin en contient un grand nombre
d’autres qui seront l’objet d’une mention spéciale : ces
trois territoires ont pour population des Imaziṛen sédentaires,
mélange de Ḥaraṭîn et de Chellaḥa, les derniers dominant :
la langue y est le tamaziṛt. Les Aït Bou Iaḥia, l’Aginan et
l’Ounzin sont tous vassaux des Ida ou Blal.

  Distances :  de Tisint aux Aït Bou Iaḥia comme de Tisint à Aqqa
               Izenqad.

               des Aït Bou Iaḥia à l’Aginan comme de Tisint à Aqqa Aït
               Sidi.

               de l’Aginan à Aseṛrar comme de Tisint à Trit.

               d’Aseṛrar à Lemdint comme de Trit à Qaçba el Djouạ.

               de Lemdint à Igerda comme de Tisint à Aqqa Aït Sidi.

               d’Igerda à Tamdrart comme de Tisint à Trit.

=AFFLUENT.= — L’Ouad Aginan reçoit un affluent, l’Ouad Ignan
n Ikis, se jetant sur sa rive gauche à quelque distance au-dessous
de Timzourit.

OUAD IGNAN N IKIS. — Il prend sa source au Tizi n Haroun, dans le
désert, sur le territoire des Zenâga. Il arrose en descendant trois
qçars qui forment le reste du territoire des Aït Bou Iaḥia ;
ce sont :

Ikis, Atrs n Ouafil, Tamessoult (Zaouïa Sidi Ạbd er Raḥman).

Il y a des palmiers en chacun de ces trois endroits, seuls lieux
habités de la rivière.

  Distance : d’Atrs n Ouafil à l’Aginan 1/2 journée.

3o _OUAD QAÇBA EL DJOUA_. — Il prend sa source dans le défilé
qui se trouve entre le massif des Koudia Bou Tizen et le Bani ;
il arrose trois qçars :

Qaçba el Djouạ, Trit, Aqqa Aït Sidi.

=AFFLUENTS.= — L’Ouad Qaçba el Djouạ reçoit trois affluents,
tous sur sa rive gauche ; ce sont : l’Ouad Anbed Tesatift, s’y
jetant à quelque distance au-dessus de Qaçba el Djouạ ; l’Ouad
Ṭriq Targant, s’y jetant à Qaçba el Djouạ ; l’Ouad Aqqa
Iṛen, s’y jetant à Trit.

OUAD ANBED TESATIFT. — Il prend sa source au col appelé Kheneg
Tesatift et coule sans cesse dans le désert.

OUAD TRIQ TARGANT. — Il prend sa source à un col situé entre son
bassin et celui de l’Ouad Targant ; le cours en est désert.

OUAD AQQA IREN. — Il prend sa source dans le Khela Tasṛirt. Il
arrose ensuite un groupe de deux qçars faisant partie de la tribu
d’Ounzin : ce groupe de deux qçars s’appelle Aït Mançour.

Après Aït Mançour, il sort du territoire des Ounzin et entre dans
le désert, où il demeure jusqu’à Aqqa Iṛen.

D’Aqqa Iṛen, le cours, traversant la Feïja, est de nouveau
désert jusqu’à Trit.

A Trit, Aqqa Iṛen, Aït Mançour, il y a des dattiers.

Toutes les tribus ou fractions cantonnées sur cette rivière sont
vassales des Ida ou Blal.

  Distances :  de Trit à Aqqa Iṛen comme de Tisint à Qaçba el Djouạ.

               d’Aqqa Iṛen à Aït Mançour comme de Tisint à Kheneg
               Tesatift.

4o =OUAD TISINT.= — Nous connaissons déjà le cours de l’Ouad
Tisint qui, commençant à Aqqa Aït Sidi, traverse aussitôt après
le kheneg appelé Foum Tisint, puis arrose l’oasis de Tisint ; des
5 qçars de celle-ci, un seul, Agadir, est sur ses rives mêmes. En
sortant des palmiers de Tisint, la rivière entre dans le désert et y
reste jusqu’au moment où elle se jette dans l’Ouad Zgiḍ. Auprès
de son confluent, dans le voisinage de Mrimima, l’aspect en est
le suivant : 150 mètres de largeur ; lit de galets et de sable ; au
milieu est une bande verte, large de 50 mètres, tamarix et gazon :
là serpente d’habitude un peu d’eau : au mois de janvier 1884,
la nappe avait 10 mètres de large et 20 centimètres de profondeur ;
de plus, en divers endroits, se trouvaient des ṛedirs : berges en
pente douce de 3 à 4 mètres de haut.

Il n’y a point d’Israélites dans le bassin de l’Ouad Tisint.

=REMARQUE SUR LA TRIBU D’OUNZIN.= — La tribu d’Ounzin, qu’on
appelle aussi quelquefois Iounzioun, compte environ 1,200 feux :
ils sont répartis en un grand nombre de villages situés sur les
deux versants du Petit Atlas. Ces villages sont :

Sur le versant sud, ceux que nous avons énumérés sur les cours des
ouads Aginan et Aqqa Iṛen, et un, Tisfrioui, sur l’Ouad Targant.

Sur le versant nord (bassin du Sous) :

Tamda Aïtbir, El Ạïn Ounzin (appelé aussi Imi el Ạïn),
Iṛanim, El Ḥouaïdj Imersi (2 qçars), Imoula (grand qçar),
Anisi (ou Inisi), Agouidir, Anamer, Ioulioul, Ould Faṭma Ḥammou,
Tamellakout, Tamjerjt, Agerd n Oulili, Aït Ḥamed, Taïfst.

Nous avons énuméré ces qçars en commençant par les plus
septentrionaux et en finissant par les méridionaux. Aucune rivière
ne les arrose ; ils ne sont alimentés que par des sources.

Pas de marché dans l’Ounzin : les habitants vont à l’Arbạa
Ammeïn et au Ḥad Imtaoun.

Point de Juifs.

Cette tribu se trouve sur la route menant des Zagmouzen à Tisint. Elle
est limitée au nord par les Seketâna, au sud par l’Aginan et les
Aït Bou Iaḥia.

=ITINÉRAIRES.= — 1o DES ZAGMOUZEN A L’AGINAN. — On va
d’abord au ḥad des Seketâna : de là, on gagne le territoire des
Imadiden. Des Imadiden on entre dans le désert de Talaṛt Imadid,
long d’une heure de marche ; puis on passe dans la tribu d’Ounzin
à Tamda : de Tamda, on va à El Ạïn. Entre El Ạïn et l’Ouad
Aginan s’étend le désert de Tasṛirt, long d’une journée :
on le traverse. En en sortant, on aboutit à Taltgmout, qçar des
Ounzin sur l’Ouad Aginan : on descend ce cours d’eau jusqu’à
l’Aginan.

2o DE L’AGINAN A TAMDA AITBIR (OUNZIN). — On remonte l’Ouad
Aginan jusqu’à Tamdrart. Puis on le laisse et on gravit le flanc
droit de sa vallée : après une forte montée, on parvient à un
plateau, Areg Igni n Imerraden. C’est un désert. On le parcourt
et on passe dans un autre appelé Tougdin, puis dans un troisième du
nom de Taznout. Ces trois déserts font partie du Khela Tasṛirt. A
l’extrémité du dernier se trouve le qçar d’El Ạïn Ounzin :
de là, on gagne Tamda. Point de rivière depuis l’Ouad Aginan. El
Ạïn est dans le bassin du Sous.

3o DE TISINT A TINFAT. — De Tisint, on va rejoindre l’Ouad
Aginan et on le remonte jusqu’à Tamdrart. De là, on gagne le qçar
d’Argoummi, puis celui d’Iṛri, puis un groupe de plusieurs qçars
appelé Tinfat ; Argoummi, Iṛri et Tinfat font partie de la fraction
d’Imskal de la tribu des Seketâna. Ils sont dans le bassin du Sous.

  Distances :  de Tamdrart à Argoummi comme de Tisint à Kheneg Tesatift.

               d’Argoummi à Iṛri comme de Tisint à Qaçba el Djouạ.

               d’Iṛri à Tinfat comme de Tisint à Trit.

4o DE TISINT A TAZOULI. — On va à Aqqa Iṛen : de là, on remonte
l’Ouad Aqqa Iṛen jusqu’à Aït Mançour. On quitte la rivière
et on gagne successivement les qçars suivants : Taïfst, Inisi, Imi
el Ạïn, Tamda, Madida (groupe de plusieurs qçars), Ifri Madida,
Imtaoun (groupe de 4 qçars) et Tazouli (groupe de 7 qçars) : tous
sont dans le bassin de l’Ouad Sous ; tous, sauf ceux de Tazouli,
ne sont arrosés que par des sources : depuis Aït Mançour, on ne
rencontre aucun cours d’eau sur le chemin jusqu’à Tazouli :
là on trouve une rivière, l’Ouad Tazouli, venant du pays des
Zenâga et se jetant dans l’Ouad Aït Semmeg.

Taïfst, Inisi, Imi el Ạïn, Tamda font partie de la tribu
d’Ounzin. Madida et Ifri Madida font partie de la fraction des
Imadiden, de la tribu des Seketâna. Toutes ces localités, jusqu’à
Tazouli, sont tributaires des Ida ou Blal.

  Distances :  d’Aït Mançour à Taïfst comme de Tisint à Qaçba el Djouạ.

               de Taïfst à Inisi comme de Tisint à Trit.

               d’Inisi à Imi el Ạïn comme de Tisint à Aqqa Iṛen.

               d’Imi el Ạïn à Tamda comme de Tisint à Aqqa Aït Sidi.

               de Tamda à Madida comme de Trit à Aqqa Aït Sidi.

               de Madida à Ifri Madida comme de Tisint à Aqqa Aït Sidi.

               d’Ifri Madida à Imtaoun comme de Tisint à Trit.

               d’Imtaoun à Tazouli comme de Tisint à Qaçba el Djouạ.


    =IV. — Ouads Bou Tamat, Henina, el Qcib, Kheneg et Teurfa, Bent
                              en Nas.=


1o _OUAD BOU TAMAT_. — Il prend naissance à l’ouest de Tisint,
sur le versant sud du Bani : près de sa source, il passe à Qoubba
Sidi Ạli ou Ạzza, mausolée entouré de palmiers : un cherif,
gardien du sanctuaire, habite seul ce lieu. De là, l’Ouad Bou
Ṭamat va se jeter dans le Dra à Tingaï.

  Distance : de Sidi Ạli ou Ạzza à Agadir Tisint comme d’Agadir
  Tisint à Trit.

2o _OUAD HENINA_. — La source en est à l’ouest de celle de
l’Ouad Bou Ṭamat, sur les pentes méridionales du Bani. Le cours en
est parallèle à celui de l’Ouad Bou Ṭamat, mais ne traverse que
le désert. L’Ouad Ḥenina se jette dans le Dra à Rist Djedeïd.

Aux environs de leurs sources, les ouads Ḥenina et Bou Ṭamat sont
éloignés comme Tisint l’est de Trit.

3o _OUAD EL QCIB_. — Il prend naissance sur le versant sud du
Bani, à l’ouest de l’Ouad Ḥenina. Entre les sources de ces
deux rivières se trouve la distance d’Agadir Tisint à Aqqa Aït
Sidi. L’Ouad el Qcib a son cours désert et se jette dans le Dra
à Rist Djedeïd.

4o _OUAD KHENEG ET TEURFA_. — Il est formé de trois cours d’eau
se réunissant à la porte du Kheneg eṭ Ṭeurfa ; ce sont :
l’Ouad Aqqa Izen, l’Ouad Tesatift et l’Ouad Aqqa Igiren. Nous
étudierons séparément ces trois rivières, puis nous passerons à
l’Ouad Kheneg eṭ Ṭeurfa :

OUAD AQQA IZEN. — Cours d’eau sans importance ne traversant que
le désert. Il prend sa source au Kheneg Aqqa Izen.

OUAD TESATIFT. — Cours d’eau sans importance, sans cesse dans le
désert. Il sort du Kheneg Tesatift.

OUAD AQQA IGIREN. — Cette rivière ne porte en général ce nom
qu’entre Aqqa Igiren et le Kheneg eṭ Ṭeurfa ; au-dessus, dans
tout son cours supérieur, on l’appelle Ouad Targant. Elle prend
sa source aux crêtes du Petit Atlas et arrose en descendant les
qçars de Tisfrioui, Tisenna s Amin, Targant, Aqqa Igiren (groupe de
deux qçars).

Toutes ces localités sont entourées de dattiers. La première
compte comme faisant partie de l’Ounzin ; Tisenna s Amin, Targant,
Aqqa Igiren sont isolées. Dans trois de ces lieux, la population est
la même, mélange de Ḥaraṭîn et de Chellaḥa vassaux des Ida
ou Blal. A Targant seule il n’en est pas ainsi : ce point, habité
par des marabouts, est indépendant : Targant n’est d’ailleurs
qu’un petit qçar, fort misérable.

L’Ouad Aqqa Igiren, comme tous ceux qui prennent leur source sur
le versant sud du Petit Atlas, est partout à sec, si ce n’est aux
points habités.

  Distance : d’Aqqa Igiren à Targant 4 heures.

AFFLUENTS. — L’Ouad Aqqa Igiren ou Ouad Targant reçoit entre
Tisenna s Amin et Targant, sur sa rive droite, un affluent important,
l’Ouad Sidi Moḥammed ou Iạqob.

=Ouad Sidi Mohammed ou Iaqob.= — On l’appelle aussi Ouad Iliṛ :
prenant sa source à la crête du Petit Atlas, non loin du col
d’Azrar, il traverse d’abord, en descendant, les déserts où
campent les Aït Jellal ; puis il arrose les qçars suivants :

Sidi Moḥammed ou Iạqob (zaouïa), Fedoukkes, Reken, Iliṛ.

Les deux derniers sont entourés de dattiers ; les premiers n’en
ont point. Ces divers qçars sont isolés les uns des autres. Sidi
Moḥammed ou Iạqob se trouve sur la rive gauche de l’ouad :
c’est une zaouïa qu’habitent les descendants de Sidi Moḥammed
ou Iạqob ; le tombeau de ce saint se trouve là. Les marabouts
sont au nombre d’environ 80 ; on vient les visiter de fort loin. Ce
point est un lieu de pèlerinage fréquenté par les gens de Tisint,
de Tatta et d’Aqqa, et par les Zenâga.

  Distances :  de Toug er Riḥ à Iliṛ comme de Toug er Riḥ à Foum Asgig.

               d’Iliṛ à Reken comme de Tisint à Trit.

               de Reken à Fedoukkes comme 2 fois de Tisint à Aqqa Aït
               Sidi.

               de Fedoukkes à S. Moḥammed ou Iạqob comme de Tisint à
               Aqqa Iṛen.

=OUAD KHENEG ET TEURFA.= — Il passe, après sa sortie du Kheneg
eṭ Ṭeurfa à El Meḥagen (bas coteaux) ; puis à Ạïn Delal
(bouquets de palmiers, sans habitations) ; à Ạïn Chebar (source) ;
ensuite il entre dans la plaine semée de gommiers d’El Kheroua,
à l’extrémité de laquelle il traverse le Kheneg el Gerzim :
il descend de là à Gerzima (plaine de sable avec du sebt), puis
arrose la plaine de Medelles et enfin se jette dans le Dra, dans la
portion du Mạder Ida ou Blal appelée Bou Arbạïn.

AFFLUENTS. — L’Ouad Kheneg eṭ Ṭeurfa a trois principaux
affluents, deux sur sa rive droite et un sur sa rive gauche. Les
premiers sont l’Ouad Toufasour, s’y jetant au Kheneg el Gerzim,
et l’Ouad Asgig, s’y jetant au point même où il finit, à Bou
Arbạïn. Celui de gauche est l’Ouad Djedari, s’y jetant au sud
du Gelob, au pied de ce mont.

=Ouad Toufasour.= — Il prend sa source dans l’areg, au sud du Bani,
à Aoumasin (bouquets de palmiers sans habitations), puis passe à
Toufasour (quelques palmiers sans maisons) ; de là, il entre dans
la plaine d’El Kheroua, où il se jette, au Kheneg el Gerzim,
dans l’Ouad Kheneg eṭ Ṭeurfa. Le cours en est désert.

=Affluent.= — L’Ouad Toufasour reçoit un affluent, l’Ouad
Mezarreb, se jetant sur sa rive gauche dans la plaine d’El Kheroua.

_Ouad Mezarreb_. — Il prend sa source aux collines d’El Mezarreb,
au sud du Bani ; le cours en est désert.

=Ouad Asgig.= — Il prend sa source dans les collines qui sont au
sud de Tatta ; le cours en est désert.

=Ouad el Djedari.= — Il prend sa source dans le flanc sud du Bani,
entre l’Ouad el Qcib et le Kheneg eṭ Ṭeurfa. Le cours en est
désert. Il se jette dans l’Ouad Kheneg eṭ Ṭeurfa au pied
du Gelob, montagne nue, déserte et isolée qu’on voit de Rist
Djedeïd : le massif du Gelob se trouve entre les deux rivières qui
coulent, l’une contre son flanc est, l’autre contre son flanc
ouest, et se réunissent à son extrémité sud. Le Gelob contient
des mines d’antimoine.

5o _OUAD BENT EN NAS_. — L’Ouad Bent en Nạs, qu’on appelle
aussi dans son haut cours Ouad Kheneg Zrorha, prend sa source un
peu au nord du Kheneg Zrorha, traverse ce kheneg, s’engage dans la
plaine de Bouddeïr, en sort par le Kheneg Bent en Nạs et enfin se
jette dans le Dra au Khrouf. Le cours en est désert.

=AFFLUENTS.= — Il reçoit deux affluents, l’Ouad Ạïn es Seka,
se jetant sur sa rive droite, et l’Ouad el Bouir, se jetant sur sa
rive gauche.

OUAD AIN ES SEKA. — Il prend sa source dans la plaine de Bouddeïr,
passe à Ạïn es Seka (source et bouquets de palmiers, sans
habitations), puis à Arf el Mamoun (lieu désert), et enfin se jette
dans l’Ouad Bent en Nạs.

OUAD EL BOUIR. — Il prend sa source à des puits situés à l’est
de l’Ouad Bent en Nạs. Le cours en est désert.

=REMARQUE SUR LA TRIBU DES AIT JELLAL.= — Les Aït Jellal,
qu’on appelle aussi quelquefois Oulad Jellal, sont une tribu nomade
installée au nord des Ida ou Blal, avec qui ils sont presque toujours
en guerre, quoiqu’ils leur paient une debiḥa. Ils sont, avec
les Oulad Iaḥia, la seule tribu nomade campant sur le versant sud
du Petit Atlas. Encore les Oulad Iaḥia ne sont-ils nomades qu’à
demi et ont-ils bon nombre de qçars ; les Aït Jellal, au contraire,
n’en possèdent pas un seul et ne vivent que sous la tente. Ils
peuvent lever 800 à 900 fusils ; leurs campements habituels sont
sur les bords de l’Ouad Sidi Moḥammed ou Iạqob, au-dessus de
la zaouïa. Leurs limites sont : au nord la crête supérieure du
Petit Atlas, à l’ouest les Isaffen, à l’est l’Ounzin, au
sud les Ida ou Blal ; jamais ils ne descendent au-dessous d’Afra
sur l’Ouad Tatta, d’Iliṛ sur l’Ouad Sidi Moḥammed ou
Iạqob ; ils ne sortent pas de la montagne, où ils vivent du
produit de leurs moutons et de leurs chameaux. Les Aït Jellal ne
parlent qu’arabe. Comme les Ounzin, comme toutes les tribus de ces
régions, ils sont indépendants. Les debiḥas comme les leurs ne
sont en aucune façon des marques de dépendance.

=ITINÉRAIRE D’AQQA IGIREN A EL HOUAIDJ IMERSI.= — On part d’Aqqa
Igiren ; on remonte l’Ouad Targant en passant par Targant, Tisenna
s Amin et Tisfrioui, puis on le quitte et, continuant à marcher
sur le territoire d’Ounzin où l’on est entré à Tisfrioui,
on y traverse successivement les qçars d’Ould Faṭma Ḥammou,
d’Agouidir, d’Imoula (très grand qçar) ; de là, on parvient
à El Ḥouaïdj Imersi (2 qçars). Ces derniers qçars appartiennent
à la tribu d’Ounzin ; ils ne sont arrosés que par des sources et
n’ont point de dattiers ; ils sont dans le bassin du Sous.


                           =V. — Ouad Tatta.=


L’Ouad Tatta prend naissance à la crête du Petit Atlas, dans la
tribu des Ida ou Kensous : cette tribu occupe la portion du plateau
supérieur de la chaîne située au nord de cette rivière, les sources
de celle-ci et son cours supérieur. L’Ouad Tatta arrose d’abord un
certain nombre de villages des Ida ou Kensous, puis il passe dans la
tribu de Tagmout ; il y baigne les qçars dont elle se compose. Là
commencent les dattiers. Le Tagmout succède immédiatement aux
Ida ou Kensous : point de désert entre eux. Au-dessous du Tagmout,
au contraire, il y a un désert assez long. L’ouad le traverse et
ensuite entre dans l’oasis de Tatta ; il y arrose successivement
les qçars suivants :

Afra (qui se prononce aussi Ofra ; elle est formée de deux qçars :
l’un, appelé Agadir Afra, ou Agadir el Hena, est sur le bord
de la rivière ; l’autre est situé à quelque distance, sur les
premières pentes du flanc droit : il porte le nom d’Afra Fouqania,
ou d’Aït Ḥoseïn. C’est dans ce dernier que se trouve la qoubba
de Sidi Moḥammed d Aït Ḥoseïn).

  Aït Iasin (formée de deux qçars)

  Taṛla                                                     rive droite.

  Tiiti                                                     rive gauche.

  Qaçba el Makhzen (ruines d’une qaçba depuis longtemps,    rive droite.
  déserte)

  Tigiselt                                                  rive gauche.

  Agerzaggen                                                rive gauche.

  Tiiggan (à quelque distance de l’ouad, sur sa rive gauche)

Au-dessous de Tiiggan, l’ouad entre dans une vaste plaine, Areg
Bou Ạjaj : à partir de là, il coule dans le désert et y reste
jusqu’à son confluent avec le Dra, dans le Mạder Tatta, à
l’Areg Souir.

En tous les points habités du Tagmout et de Tatta, il y a des
palmiers. Entre les divers qçars du Tagmout, point de portion
déserte ; il y a un désert assez long entre le Tagmout et Afra ;
il y en a d’autres plus courts entre Afra et Aït Iasin, entre Aït
Iasin et Taṛla, entre Tiiti et Qaçba el Makhzen, entre Qaçba el
Makhzen et Tigiselt, entre Tigiselt et Agerzaggen, entre Agerzaggen
et Tiiggan. Ce n’est qu’entre Taṛla et Tiiti qu’il n’y en
a point : encore les plantations ne s’y prolongent-elles que sur la
rive gauche de la rivière. C’est à hauteur de Tiiti que l’Ouad
Tatta franchit le Bani, au Kheneg Adis : il passe contre le flanc
ouest du kheneg, le long de la montagne dont il baigne le pied ;
à ce point, il est étroitement enfermé entre la paroi du Bani
d’une part, les murs de Tiiti de l’autre.

De sa source à Aït Iasin, l’Ouad Tatta coule dans une vallée
étroite et profonde, encaissée entre les pentes du Petit Atlas ;
d’Aït Iasin à Tiiti, il descend par une série de plaines, _areg_,
s’étageant entre des lignes de collines rocheuses de 60 à 100
mètres de hauteur, toutes parallèles au Bani. Taṛla est située
au pied méridional de la dernière de ces chaînes avant le Bani. La
région montagneuse que traverse la rivière entre le Tagmout et Afra
s’appelle Bou Oudi.

  Distances :  de Qaçba el Makhzen à Taṛla comme de Qaçba el Djouạ à
               Trit.

               de Taṛla à Aït Iasin comme d’Agadir Tisint à Trit.

               d’Aït Iasin à Afra comme d’Adis à Toug er Riḥ.

               de Toug er Riḥ au Tagmout comme de Toug er Riḥ à Kheneg
               Tesatift.

=AFFLUENTS.= — L’Ouad Tatta reçoit quatre affluents principaux :
trois sur sa rive droite, un sur sa rive gauche. Ce sont : sur sa rive
droite : l’Ouad Sidi Nacer, s’y jetant dans le désert entre le
Tagmout et Tatta, à un point appelé Iṛir Igidi ; l’Ouad Asmerdan,
s’y jetant entre Taṛla et Aït Iasin ; l’Ouad Azerftin, s’y
jetant dans le désert non loin de Tiiggan : sur sa rive gauche :
l’Ouad Adis, s’y jetant dans le désert, en un point appelé Beka
Chikh en Nahr.

OUAD SIDI NACER. — Je n’ai pu avoir aucun renseignement sur lui.

OUAD ASMERDAN. — Il prend sa source dans un massif de montagnes
appelé Asmerdan. Il arrose en descendant deux qçars, faisant partie
de Tatta ; ce sont :

Aïgou, Agellouz, l’un et l’autre entourés de dattiers.

  Distances :  de Taṛla à Agellouz comme d’Aqqa Izenqad à Aqqa Izen.

               d’Agellouz à Aïgou comme de Tintazart à Toug er Riḥ.

OUAD AZERFTIN. — Il prend sa source sur les premières pentes du
Petit Atlas, traverse le Bani au Kheneg Azerftin, puis se jette dans
l’Ouad Tatta. Le cours en est désert.

OUAD ADIS. — Il prend sa source dans le Petit Atlas, où il traverse
un kheneg du nom d’Imi n ou Aqqa. Le cours en est désert jusqu’au
point où il entre dans l’oasis de Tatta, à Aqqa Izenqad :
jusque-là il est appelé Ouad Imi n ou Aqqa ; c’est à partir
d’Aqqa Izenqad qu’il porte le nom d’Ouad Adis. Il arrose en
descendant :

Aqqa Izenqad ;

Adis (2 qçars, Tamessoult sur la rive gauche de la rivière, Aït
ou Aḥman du même côté, mais à quelque distance du bord) ;

Zaouïa Aït Ben Nacer ;

Qoubba Sidi Ạli ben Djebira ;

Djerf el Ḥammam (bouquets de palmiers ; point d’habitations) ;

Tazoult ;

Eufriin (bouquets de palmiers et sources ; point d’habitations).

Depuis Tazoult, il coule dans le désert, jusqu’au point où il se
jette dans l’Ouad Tatta.

Il franchit le Bani au Kheneg Adis, dans la partie est de ce passage,
au pied de Tamessoult dont il baigne les murs.

AFFLUENTS. — L’Ouad Adis reçoit quatre affluents principaux,
deux sur sa rive droite et deux sur sa rive gauche. Ceux de droite
sont : l’Ouad Izourzen, s’y jetant à Aqqa Izenqad ; l’Ouad Toug
er Riḥ, s’y jetant entre la qoubba de Sidi Ạli ben Djebira et
Djerf el Ḥammam. Ceux de gauche sont : l’Asif Oudad, s’y jetant
un peu au-dessus d’Aqqa Izenqad ; l’Ouad Djebaïr, s’y jetant
à Eufriin.

=Ouad Izourzen.= — Il prend sa source dans la région moyenne du
Petit Atlas ; le cours en est désert.

=Affluent.= — L’Ouad Izourzen reçoit sur sa rive droite, tout
près d’Aqqa Izenqad, l’Ouad Bou Chaked.

_Ouad Bou Chaked_. — Il prend sa source au puits de Bou Chaked ;
le cours en est désert.

=Ouad Toug er Rih.= — Cette rivière importante porte un grand
nombre d’autres noms : on l’appelle aussi Ouad Bou Herhour, Ouad
Tiṛremt, Ouad Ijja. Elle prend sa source dans le massif montagneux
d’Azegga ; elle entre ensuite dans l’oasis de Tatta où elle
arrose successivement les qçars que voici :

  Tifrest

  Serṛina     }
              }
  Aït Ijja    }    compris sous le nom d’Aït Zouli ;
              }
  Tazoulit    }

Tiṛremt (composée de 3 ou 4 qçars) ;

Agjgal (appelée aussi Raḥba) (à hauteur et non loin d’Afra sur
l’Ouad Tatta) ;

Imtfian (à hauteur et près d’Aït Iasin sur l’Ouad Tatta) ;

Tigzmert (sur la rive droite de l’ouad, à quelque distance de
son lit) ;

Taldnount (se compose de 2 qçars, Aglagal et Tammast : Taldnount
en comprenait autrefois 7, mais les 5 autres ont été détruits,
il y a trente ans, par les Ida ou Blal ; les ruines qu’on voit au
point nommé Ras Iṛir en faisaient partie. — Aglagal et Tammast
sont sur la rive gauche de l’ouad ;

El Qçâbi (appelé aussi El Qcîbat et El Qaçbat ; c’est un seul
qçar formé de deux quartiers, Tiṛremt et Aït Jellal, compris
dans une même enceinte) ;

Tiiti ;

Toug er Riḥ (appelé aussi Isbabaten).

Auprès de ce dernier qçar, la rivière se jette dans l’Ouad Adis.

Elle traverse le Bani au kheneg d’Adis, passant au milieu du
défilé, entre l’Ouad Tatta et l’Ouad Adis.

Tous les points habités de l’Ouad Toug er Riḥ ont des palmiers.

  Distances :   d’El Qçâbi à Tigzmert comme de Toug er Riḥ à Adis.

                de Tigzmert à Imtfian comme de Toug er Riḥ à Adis.

                d’Imtfian à Agjgal comme de Toug er Riḥ à El Qçâbi.

                d’Agjgal à Tiṛremt comme d’El Qçâbi à Adis.

                de Tiṛremt à Tazoulit comme de Toug er Riḥ à Adis.

=Asif Oudad.= — Il prend sa source sur les pentes inférieures du
Petit Atlas, aux collines d’Anamelloul, et se jette dans l’Ouad Imi
n ou Aqqa, peu au-dessous d’Aqqa Izenqad : le cours en est désert ;
on y trouve, dans la montagne, le puits Ḥasi El Ḥasen Moḥammed,
creusé en son lit.

=Affluent.= — L’Asif Oudad reçoit au pied du Bani un affluent,
l’Ouad Kheouïa, qui se jette sur sa rive gauche.

_Ouad Kheouïa_. — Il prend sa source dans les pentes inférieures
du Petit Atlas, aux collines de Kheouïa. Le cours en est désert.

=Ouad Djebaïr.= — Il prend sa source à Anṛerif, puis passe
à Djebaïr, ensuite à Sidi El Medaoui (bouquets de palmiers sans
habitations), puis à Eufriin, où il se jette sur la rive gauche de
l’Ouad Adis.

=REMARQUE SUR LES TRIBUS.= — Ainsi qu’on le voit, les eaux du
bassin de l’Ouad Tatta n’arrosent que trois territoires, ceux
des Ida ou Kensous, du Tagmout et de Tatta. Les Ida ou Kensous et
le Tagmout sont des tribus. Tatta est un district dont les qçars
ne sont unis entre eux par aucun lien. Nous connaissons Tatta :
nous nous occuperons ici des Ida ou Kensous et du Tagmout.

IDA OU KENSOUS. — Ils s’étendent sur une partie du haut plateau
qui couronne les deux versants du Petit Atlas, et occupent les sources
de l’Ouad Tatta et le cours supérieur de cette rivière. Leur
territoire a pour limites, à l’ouest les Ida ou Zkri, au sud le
Tagmout et les Aït Jellal, à l’est la tribu d’Azrar. Leurs
terres prolongent celles des Ida ou Zkri et sont dans une situation
analogue : ces deux territoires se touchent, et on passe d’une
tribu à l’autre sans sortir des villages et des cultures. La
famille des chikhs héréditaires des Ida ou Kensous s’étant
éteinte il y a quelque temps, ceux-ci se sont placés d’eux-mêmes
sous l’autorité de Ḥadj Moḥammed Amerri, chikh héréditaire
des Ida ou Zkri : c’est lui qui les gouverne à présent. Ils ne
reconnaissent pas le sultan. Leur pays renferme un très grand nombre
de qçars. Ils forment plus de 2,500 fusils. C’est une tribu riche et
industrieuse : elle est renommée pour ses belles maisons et pour ses
ouvriers en cuivre et autres métaux ; elle fabrique les plus beaux
poignards, les plus beaux fusils, les plus belles cornes à poudre du
sud du Maroc. Les Ida ou Kensous ont trois ou quatre agadirs. Pas de
marché. Ils vont à ceux de Tatta, des Isaffen, des Ida ou Zkri. Pas
de Juifs. Point de dattiers ni d’oliviers chez eux, mais un très
grand nombre d’amandiers. L’Ouad Tatta est la seule rivière qui
arrose leur territoire. La plupart de leurs qçars ne sont alimentés
que par des citernes.

Les Ida ou Kensous sont Chellaḥa et ne parlent que le tamaziṛt. Ils
sont sédentaires.

En ce moment, les Ida ou Kensous sont en guerre avec Qaçba el Djouạ.

TAGMOUT. — Cette tribu ne comprend qu’une douzaine de qçars,
tous situés sur les rives mêmes de l’Ouad Tatta, immédiatement
au-dessous de ceux des Ida ou Kensous. Les Aït Tagmout forment
environ 700 fusils. Ils n’ont pas de chikh ; ils se gouvernent
démocratiquement par une djemaạa. Point d’agadir. Pas de marché
ni de Juifs. Les Aït Tagmout sont Chellaḥa et sédentaires et
ne parlent que le tamaziṛt. Ils ont des palmiers et aussi des
amandiers : ce dernier arbre disparaît au-dessous de leur territoire.

Dans les montagnes des environs de Tagmout, il y a du minerai
d’argent.


                         =VI. — Ouad Meskaou.=


L’Ouad Meskaou prend sa source sur les premières pentes du Petit
Atlas entre Tatta et Aqqa, traverse le Bani au kheneg appelé Foum
Meskoua, et se jette dans le Dra au Mạder Tatta, dans la partie
nommée Souekh. Le cours en est désert.


                          =VII. — Ouad Aqqa.=


L’Ouad Aqqa, qui, dans son haut cours, est appelé souvent Ouad
Isaffen, prend naissance à la crête supérieure du Petit Atlas, dans
la tribu des Ida ou Zkri : cette dernière occupe le haut plateau qui
couronne la chaîne au nord de la rivière, les sources de celle-ci
et tout son cours supérieur, qu’elle garnit de ses qçars. En
sortant des Ida ou Zkri, l’Ouad Aqqa entre chez les Isaffen :
ces deux tribus se font suite sans qu’aucun désert les sépare ;
point de désert non plus entre les divers villages ou qçars de
chacune d’elles : depuis les sources jusqu’au point le plus bas
des Isaffen, les bords de l’ouad ne sont, sans interruption, que
qçars et que cultures : oliviers, figuiers, amandiers surtout, chez
les Ida ou Zkri ; oliviers, figuiers et palmiers chez les Isaffen et
au-dessous d’eux. En quittant les Isaffen, l’Ouad Aqqa traverse
un court espace désert, puis arrose le grand village de Tizgi
Ida ou Baloul. De là, il entre dans le vaste désert d’Imaouen,
où il reste jusqu’au Bani : il traverse cette chaîne à Foum
Aqqa ; ensuite il entre dans l’oasis d’Aqqa ; il en arrose les
plantations, et passe au pied de plusieurs de ses qçars : Ez Zaouïa,
Erḥal, Aït Bou Feḍaïl, Aït Djellal, Aït Anter sont sur ses
bords. Au sortir d’Aqqa, l’ouad rentre dans le désert, où il
demeure jusqu’à son confluent avec le Dra, auprès de la qoubba
de Sidi Ạmara, dans le Mạder Aqqa. Sur tout son cours, il n’a
d’eau d’une manière habituelle qu’aux points où il est habité.

=AFFLUENTS.= — L’Ouad Aqqa reçoit quatre affluents principaux,
deux sur sa rive droite et deux sur sa rive gauche ; les deux de
droite sont : l’Ouad Iberqaqen, s’y jetant chez les Isaffen, en
un point qui forme la limite entre deux fractions de cette tribu, les
Aït Tasousekht au sud et les Aït Ouagrou au nord ; l’Ouad Tizert,
s’y jetant dans le petit désert qui sépare les Isaffen de Tizgi
Ida ou Baloul. Les deux affluents de gauche sont : l’Ouad Imiṭeq,
s’y jetant dans le désert d’Imaouen ; l’Ouad Kebbaba, s’y
jetant dans le désert au sud d’Aqqa.

OUAD IBERQAQEN. — Il descend des crêtes supérieures du
Petit Atlas. Le cours en appartient en entier à la tribu des
Iberqaqen. Cette rivière a, sur toute sa longueur, ses bords peuplés
et cultivés : le fond de la vallée, très étroit et très encaissé,
est partout couvert de qçars et de jardins, oliviers et figuiers
dans la portion supérieure, palmiers dans la partie basse.

OUAD TIZERT. — Comme la rivière précédente, il reste tout le long
de son cours enfermé entre les pentes du Petit Atlas, qui encaissent
profondément sa vallée. Il arrose une dizaine de qçars alignés
les uns auprès des autres sur ses bords et formant un seul groupe
appelé Tizert.

OUAD IMITEQ. — Il prend sa source aux pentes moyennes du Petit Atlas,
arrose le qçar d’Imiṭeq (qçar isolé entouré de palmiers,
habité par des Chellaḥa et des Ḥaraṭîn), puis se jette dans
l’Ouad Aqqa dans le désert d’Imaouen.

OUAD KEBBABA. — Il coule à l’est de l’Ouad Aqqa, longe la
lisière orientale de l’oasis d’Aqqa, où il arrose les deux qçars
d’Agadir Ouzrou et d’El Kebbaba, puis se jette dans l’Ouad Aqqa
dans le désert.

AFFLUENT. — L’Ouad Kebbaba reçoit un affluent, l’Ouad Defalia,
se jetant sur sa rive gauche au-dessous d’Aqqa, dans le désert.

=Ouad Defalia.= — Il prend sa source sur le flanc sud du Bani et
arrose le petit qçar d’Oumm el Ạleg (se composant de 30 maisons
divisées en deux quartiers ; il appartient aux Aït ou Mrîbeṭ). Le
reste du cours est désert et à sec.

=REMARQUES SUR LES TRIBUS.= — Le bassin de l’Ouad Aqqa appartient
en entier, à l’exception des qçars d’Imiṭeq et de Tizgi
Ida ou Baloul, qui sont isolés, à 5 tribus : les Ida ou Zkri,
les Isaffen, les Iberqaqen, les Aït Tizert, les Aït ou Mrîbeṭ ;
sur le territoire de ces derniers se trouve l’oasis d’Aqqa. Nous
avons déjà parlé et d’Aqqa et des Aït ou Mrîbeṭ. Nous allons
dire quelques mots des quatre autres tribus.

IDA OU ZKRI. — Cette tribu habite le haut plateau qui couronne le
Petit Atlas au nord de l’Ouad Aqqa, les sources de cette rivière,
sa vallée supérieure jusqu’aux Isaffen, et les plateaux qui,
en cette partie de son cours, s’étendent des deux côtés de sa
vallée. Elle est tout entière gouvernée par un seul chikh, Ḥadj
Moḥammed Amerri ; ce chikh est très puissant : plusieurs tribus
voisines se sont, par des debiḥas, constituées ses vassales. Les
Ida ou Zkri ne reconnaissent point le sultan. Ils ont un marché,
le Djemạa Izalaṛen, qu’on appelle aussi Djemạa Amerri parce
qu’il se tient près de la demeure du chikh. Leur pays renferme un
grand nombre de qçars ; ils ont trois ou quatre agadirs ; ils peuvent
lever 2000 fusils. Leur sol est très fertile : les bords de l’Ouad
Aqqa sont couverts d’oliviers ; le plateau qui forme la plus grande
partie de leur territoire, et qui s’étend sur le haut des deux
versants du Petit Atlas, n’est que champs et qu’amandiers. Les
Ida ou Zkri sont Chellaḥa et sédentaires. Comme famille, ils sont
frères des Ilalen, tout en étant une tribu séparée. Ils ont
pour limites : à l’est les Ida ou Kensous, au sud les Isaffen,
à l’ouest les Iberqaqen et les Ilalen.

  Distances :  de Taroudant à la maison de Chikh Amerri          1 jour.

               de Tizgi Ida ou Baloul à la maison de Chikh       1 jour.
               Amerri

ISAFFEN. — Cette tribu, appelée aussi Aït Isaffen, n’habite que
la vallée même de l’Ouad Aqqa ; elle est limitée, au nord par
les Ida ou Zkri, au sud par un petit désert qui la sépare de Tizgi
Ida ou Baloul. Point de désert entre les Isaffen et les Ida ou Zkri ;
on passe d’une tribu dans l’autre sans sortir des jardins et des
cultures. Les Isaffen se subdivisent en trois fractions ; ce sont,
en descendant l’Ouad Aqqa :

Les Ida ou Tints (sur les bords de l’Ouad Aqqa, au-dessous des Ida
ou Zkri et au-dessus des Aït Ouagrou. Ils sont gouvernés par un
chikh héréditaire, Chikh Bel Ạïd Eṭ Ṭaleb).

Les Aït Ouagrou (sur les bords de l’Ouad Aqqa, au-dessous des Ida
ou Tints. Ils sont gouvernés par un chikh héréditaire, Ould el
Ḥadj Iaḥia).

Les Aït Tasousekht (sur les bords de l’Ouad Aqqa, au-dessus des
Aït Ouagrou. Ils sont gouvernés par un chikh héréditaire, Ou
Ben Ḥamed. Cette fraction est celle que nous avons traversée en
allant à Mogador. Le point où nous avons quitté l’Ouad Aqqa,
le confluent de l’Ouad Iberqaqen, en est la limite nord).

Comme on le voit, les Isaffen sont gouvernés par trois chikhs
héréditaires. C’est une tribu sédentaire et chleuḥa : point de
Ḥaraṭîn, on n’y parle que le tamaziṛt ; cependant quelques
hommes savent l’arabe.

Un marché, le Khemîs Isaffen ; il se tient au pied de Qaçba Chikh
Ould el Ḥadj Iaḥia.

Les Isaffen ont la plus mauvaise réputation auprès des étrangers :
voleurs, pillards, ils rançonnaient impitoyablement, il y a peu
de temps encore, les voyageurs et les caravanes qui traversaient
leur territoire : le chef de la zaouïa d’Aït Haroun Isaffen se
distinguait entre tous, et on ne pouvait passer devant la maison de
Dieu sans être dévalisé ; aussi, depuis 1877[116], les convois
de Mogador à Aqqa et à Tizounin ne prenaient plus leur route
habituelle par le territoire des Isaffen (celle que j’ai prise
moi-même en allant à Mogador) : ils passaient par l’ouad et la
tribu de Tizert et débouchaient de là sur Tizgi, quoique ce chemin
soit très difficile pour les bêtes de somme. Depuis une année
environ, les caravanes reprennent leur ancienne voie. Le chef de la
zaouïa d’Aït Haroun a été longtemps absent et est revenu plus
calme : les autres Isaffen ont décidé de même qu’à l’avenir
les voyageurs passeraient en paix ; ce changement s’est produit
après un châtiment que Dieu leur a infligé : ils ont été maudits
par un marabout à cause de leurs brigandages, leur rivière s’est
desséchée et il y a eu une famine épouvantable ; les eaux ne sont
revenues que lorsqu’ils se furent amendés.

IBERQAQEN. — Cette tribu habite d’une part le haut plateau qui
couronne le versant sud du Petit Atlas, de l’autre la vallée
de l’Ouad Iberqaqen. Elle ne forme qu’un seul groupe : une
seule djemaạa la gouverne. Point de chikh. Elle a trois agadirs,
portant l’un le nom de Tidgar, les deux autres ceux d’Agadir
Iberqaqen (Fouqani et Taḥtani). Les Iberqaqen sont Chellaḥa et
sédentaires. Leur langue est le tamaziṛt. Peu parmi eux comprennent
l’arabe. Point de marché sur leur territoire : ils vont au Khemîs
Isaffen et au Djemạa Amerri. Les Iberqaqen sont une tribu nombreuse
et puissante, moins cependant que leurs voisins les Isaffen avec
lesquels ils sont souvent en guerre.

TIZERT. — Cette tribu comprend environ douze qçars, échelonnés
sur l’Ouad Tizert et unis entre eux par des jardins. De plus, Tizgi
Ida ou Baloul, sur l’Ouad Aqqa, est quelquefois comptée comme
faisant partie de Tizert. Point de chikh : une djemaạa gouverne la
tribu. Les Aït Tizert sont Chellaḥa et sédentaires. Leur langue
est le tamaziṛt. Pas de marché : on va au Khemîs Isaffen.

Point de Juifs. Il n’y a qu’un mellaḥ dans le bassin de l’Ouad
Aqqa, celui qui se trouve dans l’oasis d’Aqqa.


                    =VIII. — Ouad Tizgi el Haratîn.=


Il est appelé aussi Ouad Tizgi Iṛiren. Il prend sa source dans
le Petit Atlas et traverse le Bani à un kheneg où se trouvent
deux qçars : l’un, Aït Oumendil, est au milieu même du kheneg,
l’autre, Tizgi el Ḥaraṭîn, est immédiatement au-dessous :
l’un et l’autre s’élèvent sur les bords mêmes de la rivière ;
leurs jardins se touchent et entre eux les rives de l’ouad ne cessent
d’être ombragées de dattiers. Après avoir traversé cette oasis,
l’ouad rentre dans le désert où il reste jusqu’à son confluent
avec le Dra, au Mạder Tizgi.

Tizgi el Ḥaraṭîn est un grand qçar de 150 feux, formé de deux
quartiers compris en une même enceinte. Il s’y tient un marché
permanent, comme à Agadir Tisint. La population y est un mélange de
Chellaḥa et de Ḥaraṭîn, ceux-ci dominant ; elle est tributaire
des Aït ou Mrîbeṭ (fraction d’Idgich). Tizgi el Ḥaraṭîn,
qu’on appelle aussi Tizgi Iṛiren, est située, comme Tisint,
à la bouche d’un kheneg du Bani.

Aït Oumendil qui se trouve, comme Tiiti, au milieu même du kheneg,
est un qçar de 100 feux, peuplé de Chellaḥa et de Ḥaraṭîn,
sous la suzeraineté des Aït ou Mrîbeṭ (fraction d’Idgich).

  Distances :  de Tizounin à Tizgi el Ḥaraṭîn comme d’Agadir Tisint à
               Mrimima.

               d’Aït Oumendil à Tizgi el Ḥaraṭîn comme d’Agadir Tisint à
               Aït ou Iran.

=AFFLUENTS.= — L’Ouad Tizgi el Ḥaraṭîn reçoit un affluent,
l’Ouad Tizounin, se jetant sur sa rive gauche dans le désert,
entre Tizgi et l’Ouad Dra.

OUAD TIZOUNIN. — C’est un cours d’eau sans importance. Il prend
sa source sur le flanc sud du Bani, puis arrose successivement les
deux qçars de Tizounin et d’Igdi.

Ils sont séparés l’un de l’autre par un désert de plusieurs
kilomètres. Au-dessous d’Igdi, la rivière coule dans le désert
jusqu’à son confluent avec l’Ouad Tizgi el Ḥaraṭîn.

Tizounin est un grand qçar, isolé dans la plaine, appartenant aux
Aït ou Mrîbeṭ. C’est là que résident les chikhs de cette tribu,
ou du moins ceux de la fraction des Aït ou Iran, qui a aujourd’hui
environ quinze chikhs. Les Aït ou Mrîbeṭ forment la grande
majorité de la population de Tizounin ; les autres habitants sont
quelques Ḥaraṭîn pauvres. Les belles maisons, les jardins sont
aux chikhs. Outre l’ouad, qui est peu important, il y a plusieurs
sources ; les vergers produisent de bonnes dattes, mais sont peu
étendus. Pas de mellaḥ ; quelques Juifs isolés viennent trafiquer
comme à Agadir Tisint et comme à Tizgi el Ḥaraṭîn. Marché
permanent comme dans ces deux localités. Tizounin contient 400 à
500 maisons ; celles des chikhs sont les seules qui soient toujours
habitées : les autres appartiennent à des nomades de leur fraction
qui y emmagasinent leurs grains, y viennent de temps en temps,
mais passent la plus grande partie de l’année sous la tente. Le
premier des chikhs de Tizounin est Chikh Ḥamed. C’est le seul
qui ait de l’autorité : les autres chikhs sont ses cousins, qui,
par la noblesse de leur naissance, ont droit au titre de chikh,
sans pour cela partager le pouvoir avec leur aîné. En effet, parmi
les familles où le titre de chikh est héréditaire, il y en a, et
c’est le plus grand nombre, où le chef seul porte ce titre ; mais
il y en a d’autres, comme celle-ci, où, soit plusieurs frères,
soit même toute une génération de cousins, le prennent également.

Igdi est un petit qçar entouré de quelques dattiers : il appartient
à la fraction d’Idgich des Aït ou Mrîbeṭ.

  Distance : de Tizounin à Igdi comme d’Agadir Tisint à Bou Mousi.


                           =IX. — Ouad Icht.=


C’est un cours d’eau peu important prenant sa source dans une
plaine située au nord du Bani, entre cette chaîne et le Petit Atlas :
il traverse le Bani au Kheneg Icht et, immédiatement au-dessous,
à sa bouche même, arrose l’oasis qui lui donne son nom. De là,
il rentre dans le désert, et y reste jusqu’à son confluent avec
le Dra au Mạder Icht.

L’oasis d’Icht ne renferme qu’un qçar, situé sur la rive
gauche de l’ouad, et entouré de vastes plantations de palmiers
s’étendant des deux côtés de la rivière jusqu’au pied du
Bani. Ce qçar, d’environ 200 maisons, est peuplé de Chellaḥa
mêlés de quelques Ḥaraṭîn ; il est gouverné par un chikh, El
Ḥoseïn ; il reconnaît la suzeraineté des Aït ou Mrîbeṭ. Icht
est riche, prospère, puissante. Marché permanent comme à Agadir
Tisint, Tizounin et Tizgi Iṛiren. L’Ouad Icht est presque toujours
à sec, même dans l’oasis ; mais il y a un grand nombre de sources,
aussi bien dans les jardins qu’à l’intérieur du qçar. Les
dattiers sont nombreux, mais d’espèces médiocres : ce sont des
bou souaïr.

  Distance : de Tizgi el Ḥaraṭîn à Icht comme de Qaçba el
  Djouạ à Tatta.


                        =X. — Ouad Imi Ougadir.=


L’Ouad Imi Ougadir porte aussi le nom d’Ouad Tamanaṛt : il
prend sa source dans la tribu des Aït Imejjat et reçoit les eaux
de celle d’Ifran et d’une partie de celle d’Id Brahim. Après
avoir traversé une portion du territoire des Aït Imejjat, il
arrose l’oasis de Tamanaṛt : les quatre qçars qui la composent
se trouvent sur ses rives : ce sont, en descendant :

  Agerd.

  Qaçba Aït Ḥerbil      rive droite.

  Iṛir                  rive gauche.

  Igouïaz               rive gauche.

Entre ces quatre qçars les bords de l’ouad sont, sans interruption,
bordés de dattiers. Au-dessous de Tamanaṛt, la rivière entre dans
le désert et y reste jusqu’au Bani : elle traverse cette chaîne
au Kheneg Imi Ougadir. La longueur de ce passage est égale ou un
peu moindre à celle du kheneg de Tisint : palmiers au milieu : à
la bouche sud se trouve un grand qçar entouré de dattiers : c’est :

Imi Ougadir.

En sortant d’Imi Ougadir, l’ouad rentre dans le désert et y
demeure jusqu’à l’Ouad Dra, où il se jette au Mạder Imi
Ougadir.

Ce mạder, comme ceux d’Icht et de Tizgi, produit des moissons
superbes : tous trois sont cultivés surtout par les Aït ou
Mrîbeṭ. Les habitants des oasis voisines et ceux du Petit Atlas
y labourent aussi : on y voit venir jusqu’à des Isaffen et des
Iberqaqen.

Imi Ougadir est un grand qçar de 400 maisons, où neuf ou dix groupes
des Aït ou Mrîbeṭ possèdent des demeures et emmagasinent grains
et dattes. Quelques habitants chellaḥa s’y trouvent, mais ils sont
en petit nombre : ce lieu est avant tout un grand agadir des Aït
ou Mrîbeṭ. Marché permanent au milieu du qçar, comme à Agadir
Tisint. Juifs commerçants comme dans cette dernière localité,
mais pas de mellaḥ.

  Distances :  de Tamanaṛt à Icht comme d’Agadir Tisint à Mrimima.

               d’Agerd à Qaçba Aït Ḥerbil comme d’Agadir Tisint à Bou
               Mousi.

               de Qaçba Aït Ḥerbil à Iṛir comme d’Agadir Tisint à Ez
               Zaouïa.

               d’Iṛir à Igouïaz comme d’Agadir Tisint à Foum Tisint.

               de Tamanaṛt à Imi Ougadir comme d’Agadir Tisint à
               Mrimima.

               d’Imi Ougadir à Icht comme d’Agadir Tisint à Trit.

=REMARQUES SUR LES TRIBUS.= — La partie méridionale du cours de
l’Ouad Imi Ougadir, de même que tout ce qui est situé au sud du
Bani dans les bassins des ouads Icht, Tizgi el Ḥaraṭîn, Aqqa
et Meskaou, fait partie du territoire des Aït ou Mrîbeṭ. Le haut
bassin de l’Ouad Imi Ougadir appartient à trois tribus, les Aït
Imejjat, les Ifran, les Id Brahim. Le cours moyen en est occupé par
le district isolé de Tamanaṛt.

AIT IMEJJAT. — Ils peuvent former 3000 fusils. C’est une puissante
tribu sédentaire, possédant de nombreux qçars. Les Aït Imejjat
sont Chellaḥa : leur langue est le tamaziṛt. Ils ont vaincu, il y a
quelques années, Sidi El Ḥoseïn ben Ḥachem, le célèbre marabout
du Tazeroualt. Auparavant ils étaient ses sujets : aujourd’hui
il n’a plus d’autorité sur eux. Indépendants du sultan depuis
un temps immémorial, les Aït Imejjat se sont soumis à Moulei El
Ḥasen en 1882, en même temps que la plupart des tribus du Sahel,
lors de son expédition dans le bas Sous et le Sahel Marocain. Le
sultan leur a donné deux qaïds. L’un d’eux est Chikh Moḥammed,
d’Agerd (Tamanaṛt).

IFRAN. — On les appelle aussi Ofran. C’est une tribu chleuḥa et
sédentaire située au sud-ouest des Aït Imejjat : ils sont soumis
au sultan depuis la même époque et dans les mêmes conditions que
ces derniers. Moulei El Ḥasen les a réunis, avec le Tazeroualt et
les Ida ou Semlal, sous le qaïdat de Ḥadj Ṭahar, fils de Sidi El
Ḥoseïn ben Ḥachem. Les Ifran sont une tribu de moyenne importance.

ID BRAHIM. — Grande tribu, soumise au sultan de la même manière que
les précédentes ; son territoire, au sud de celui des Ifran et de
celui des Aït Imejjat, s’étend au loin vers l’ouest. Moulei El
Ḥasen l’a mise avec Tamanaṛt sous le commandement d’un qaïd
unique, Ḥadj Ḥamed El Manaṛi, chikh héréditaire de Qaçba
Aït Ḥerbil à Tamanaṛt. Les Id Brahim sont comptés, ainsi que
les Ifran et les Aït Imejjat, comme appartenant au Sahel : en effet,
la plus grande partie des territoires de ces trois tribus se trouve
dans le bassin de l’Océan, et non dans celui du Dra. Les Id Brahim
sont Chellaḥa et sédentaires : leur langue est le tamaziṛt. Ils
se décomposent en :

Ida ou Leggan, Aït Ḥerbil, Aït Ouadaï, Aït Illoul, Aït Mousa
ou Daoud, Aït Bou Ạchra, Aït Zkri, Aït Bouhou.

TAMANART. — C’est une oasis composée de quatre qçars, Agerd,
Qaçba Aït Ḥerbil, Iṛir, Igouïaz. Ces quatre localités
sont enveloppées dans une longue bande de dattiers : les fruits
que produisent ces derniers sont abondants, mais de qualité
médiocre : ce sont des bou souaïr. Avant leur récente soumission
au sultan, la guerre régnait presque toujours entre les qçars de
Tamanaṛt. Agerd était en hostilité à peu près perpétuelle
avec ses trois sœurs : les tribus voisines se mêlaient à ces
querelles ; les Aït Imejjat et d’autres tribus du nord venaient
au secours d’Agerd, les Aït ou Mrîbeṭ prêtaient leur appui
aux trois autres localités. Aujourd’hui Tamanaṛt vit en paix :
l’oasis a fait sa soumission en 1882, en même temps que les Aït
Imejjat et les Id Brahim : le chikh de Qaçba Aït Ḥerbil a été
nommé qaïd de l’oasis et des Id Brahim par Moulei El Ḥasen. Là
s’arrête l’autorité de ce dernier[117] : toutes les tribus qui
sont au sud et à l’est des Aït Imejjat, de Tamanaṛt et des Id
Brahim, telles que les Aït ou Mrîbeṭ, etc., ne la reconnaissent
plus. Agerd se compose de 200 maisons et a un marché, dont on ne
peut me désigner le jour, seul marché de Tamanaṛt ; Qaçba Aït
Ḥerbil a 200 maisons, Iṛir n’en a que 50, et Igouïaz que
15. Entre Agerd et Qaçba Aït Ḥerbil, sur une colline, se trouve
une tour toujours gardée par une quinzaine de fusils de Qaçba Aït
Ḥerbil, surveillant le pays et dominant Agerd. La population est
chleuḥa avec quelques Ḥaraṭîn. Un mellaḥ à Agerd, le seul
du bassin de l’Ouad Imi Ougadir. Il n’y a d’Israélites ni chez
les Aït Imejjat, ni chez les Ifran, ni chez les Id Brahim.


                  =Itinéraire de Tisint à Ouad Noun.=


=1er jour.= — _De Tisint à Aqqa Igiren_.

=2e jour.= — _D’Aqqa Igiren à Tiiggan_.

=3e jour.= — _De Tiiggan à Tizounin_.

On passe par Oumm el Ạleg, et de là on va à Tizounin : beaucoup
de gazelles dans la plaine, autour de Tizounin : c’est le seul lieu
où l’on trouve du gibier. Dans la même région, on rencontre aussi
un grand nombre de moufflons, mais en montagne, dans le Bani. Entre
Oumm el Ạleg et Tizounin, désert à sol dur et plat avec quelques
gommiers.

  Distance : d’Oumm el Ạleg à Tizounin comme d’El Feggouçat
  à Mrimima.

=4e jour.= — _De Tizounin à Tizgi el Haratîn_.

On traverse un désert pierreux ; sol plat, sans autre végétation
que des jujubiers sauvages et quelques gommiers. Le chemin ne passe
par aucun lieu habité, mais on distingue à main gauche le qçar
d’Igdi, pendant la première partie de la route.

  Distance : de Tizounin à Tizgi el Ḥaraṭîn comme d’Agadir
  Tisint à Mrimima.

=5e jour.= — _De Tizgi el Haratîn à Icht_.

Entre Tizgi et Icht, on continue à longer le pied méridional du
Bani, en l’ayant toujours à main droite (au nord). Pas de kheneg
dans la chaîne entre ces deux points. Pendant la première moitié
du chemin, on marche au milieu d’un _areg_, plaine sablonneuse avec
des gommiers : à mi-route, on rencontre, descendant des crêtes du
Bani, le lit desséché d’un ruisseau, au milieu duquel se trouvent
des puits (point de palmiers ni de végétation auprès d’eux). A
partir de là, le terrain reste toujours plat, mais les gommiers
se mêlent de quelques rares troncs d’argans. De Tizgi à Icht,
le pays est désert.

En arrivant à Icht, on voit d’abord, à la lisière de l’oasis,
une qoubba ; c’est auprès d’elle qu’on entre sous les palmiers :
on chemine quelque temps à leur ombre, en remontant l’Ouad Icht :
les dattiers en bordent les deux rives, mais il n’y en a point dans
son lit : on parvient ainsi au qçar d’Icht.

  Distance : de Tizgi el Ḥaraṭîn à Icht comme de Qaçba el
  Djouạ à Tatta.

=6e jour.= — _D’Icht à Tamanart_.

Icht est situé, comme Tisint, à la bouche sud d’un kheneg du
Bani. Pour aller à Tamanaṛt, on traverse le kheneg et on passe au
nord de la chaîne : de là à Ouad Noun, le Bani restera toujours
au sud du chemin. En allant d’Icht à Tamanaṛt, on l’a, durant
toute la route, en arrière et à gauche. Chemin plat et désert,
tantôt sablonneux, tantôt pierreux ; beaucoup de gommiers.

Le premier qçar auquel on arrive est Igouïaz, puis on gagne celui
d’Iṛir.

  Distance : d’Icht à Tamanaṛt comme d’Agadir Tisint à
  Mrimima.

=7e jour.= — _De Tamanart à Tarjijt_.

Entre ces deux points, le chemin traverse une plaine unie et déserte,
un areg. Sol pierreux, avec quelques gommiers. On se tient sans cesse
au nord du Bani, qu’on distingue pendant tout le trajet à une
certaine distance dans le sud. On ne traverse ni ne voit aucun lieu
habité jusqu’à Tarjijt. A partir du point où l’on est sorti
de Tamanaṛt, on marche sur le territoire des Id Brahim. Tarjijt est
un groupe de plusieurs qçars faisant partie d’une des fractions de
cette tribu ; une petite rivière y passe : les eaux s’en écoulent,
comme toutes celles de cette contrée, vers l’ouest ou le sud-ouest
pour aller aboutir à Tiṛmert qu’elles arrosent. Tarjijt a un grand
nombre de palmiers, bou souaïr et rares bou feggouç. De Tarjijt on
voit le Bani ; il en est à la même distance que le mont Taïmzouṛ
de Mrimima.

  Distance : de Tamanaṛt à Tarjijt comme d’Idroumen (dunes de
  sable) à Tatta.

=8e jour.= — _De Tarjijt à Tirmert_.

Entre ces deux points, le chemin traverse un pays accidenté, mais
sans passage difficile. On franchit quelques ruisseaux ; on voit à
droite et à gauche des qçars ; je n’ai pu en savoir les noms. Au
sortir de Tarjijt on quitte la tribu des Id Brahim et on entre dans
celle des..... C’est une tribu nombreuse, se disant d’origine
arabe, habitant en partie la tente, en partie des qçars. Celui de
Tiṛmert est sur son territoire : il est la résidence de son qaïd,
Ould Ḥamed ou Saloum.

  Distance : de Tarjijt à Tiṛmert comme de Tatta à Tizgi Ida
  ou Baloul.

=9e jour.= — _De Tirmert à Aougelmim_.

Aougelmim est le principal des qçars qui composent le district
d’Ouad Noun et la résidence de son chikh, El Ḥabib ould
Beïrouk. De Tiṛmert à ce point, ce n’est qu’une plaine unie
et déserte, sans un cours d’eau, sans un gommier.

  Distance : de Tiṛmert à Aougelmim comme d’Agadir Tisint
  à Mrimima.


                         =Seketâna et Gezoula.=


Toutes les populations habitant entre l’Ouad Sous, l’Ouad Dra et
le Sahel sont divisées en deux grandes familles, les _Seketâna_
et les _Gezoula_. Personne dans toute cette région, les marabouts
exceptés, qui n’entre dans une de ces deux familles : les quelques
tribus se disant d’origine arabe en font partie au même titre que
les Imaziṛen reconnus, les Ḥaraṭîn au même titre que les
Chellaḥa. Les marabouts, les cherifs et les Juifs restent seuls
en dehors de cette division ; encore l’exception n’est-elle pas
absolue pour les marabouts ni pour les cherifs : quelques zaouïas
sont Seketâna ou Gezoula. Les tribus sont entièrement de l’une
ou de l’autre famille : il ne saurait en être différemment. Mais
les districts, les oasis, comme Tisint, Tatta, etc., où les divers
qçars n’ont aucun lien entre eux, sont presque toujours mélangés :
telle localité est Gezoula, telle autre voisine Seketâna ; on voit
même des qçars mi-Seketâna, mi-Gezoula.

La région où les populations sont ainsi divisées en Seketâna et
Gezoula est, en résumé, celle qui est arrosée par les affluents de
gauche de l’Ouad Sous d’une part, par les affluents de droite du
Dra d’autre part, c’est-à-dire le massif presque entier du Petit
Atlas. Au nord de cette contrée, sur la rive droite du Sous, on ne
m’a plus paru connaître la classification en Gezoula et Seketâna ;
au sud, il n’y a que le désert ; à l’ouest se trouvent les
tribus du Sahel, parmi lesquelles cette division n’existe pas ;
à l’est, sur la rive gauche du Dra, sont les Berâber : ceux-ci ne
sont ni Gezoula ni Seketâna, ils ne sont que Berâber : leur tribu,
avec ses nombreuses fractions, est, en population comme en étendue de
territoire, égale, sinon supérieure aux Gezoula ou aux Seketâna :
c’est un troisième peuple, mais qui a gardé jusqu’à ce jour
son homogénéité, son fractionnement naturel, son organisation
régulière et son groupement compact, choses que les deux autres
ont perdues depuis un temps déjà lointain dont ils n’ont pas
souvenance.

La classification en Seketâna et Gezoula n’est pas seulement un
souvenir généalogique : c’est, encore à présent, une division
réelle : un qçar, une tribu Seketâna a-t-elle une guerre contre un
qçar ou une tribu Gezoula, c’est toujours parmi les fractions de
sa race qu’elle cherchera des alliés. Les Seketâna se prêtent
secours entre eux, même à une grande distance, et les Gezoula
de même. Ainsi, il y a quelques jours, les habitants de Qaçba el
Djouạ ont été jusque dans le bassin du Sous porter aide à une
fraction des Aït Semmeg qui avait réclamé leur assistance. De même,
pendant mon séjour à Tintazart, il était parti 60 Chellaḥa et
Ḥaraṭîn de Tatta pour secourir leurs frères dans le voisinage
de l’Ouad Isaffen. Cela n’empêche pas cependant les querelles et
guerres entre membres d’une des deux familles : bien plus, il arrive
parfois, bien que rarement, qu’un qçar ou une fraction, appartenant
d’origine à l’une des deux races, change de camp à la suite de
querelles intestines et se range du côté de l’autre : on la compte
dès lors comme faisant partie de cette dernière. C’est ainsi que
les Indaouzal, tout en n’étant d’origine qu’une seule tribu,
sont comptés aujourd’hui mi-Seketâna, mi-Gezoula.

Dans le bassin du Sous, on remplace souvent les appellations de
Seketâna et de Gezoula par celles d’Aït Semmeg et d’Oulad
Iaḥia : les Aït Semmeg sont Seketâna, et les Oulad Iaḥia
Gezoula ; cela revient donc au même.

Deux tribus ont, comme nom propre, l’une celui de Seketâna,
l’autre celui de Gezoula. Toutes deux habitent le bassin de l’Ouad
Sous ; la première est sur la rive gauche, au sud des Zagmouzen,
dans le Petit Atlas ; la seconde est sur un des affluents de droite
du fleuve, dans le Grand Atlas. Nous manquons de détails sur cette
dernière. Quant à la première, c’est une tribu importante,
comptée comme Seketâna et entourée de tous côtés de Seketâna :
les Zenâga, les Ounzin, les Aït Semmeg, qui l’avoisinent à
l’est, au sud et à l’ouest, sont tous Seketâna. On pourrait
peut-être considérer cette tribu, qui a gardé en propre le nom
générique de toute la famille, comme en étant en quelque sorte
le noyau.

Voici comment sont répartis les Seketâna et les Gezoula :

  Oulad Iaḥia (du bassin du Sous)                         Gezoula.

  Indaouzal                                               mi-Gezoula,
                                                          mi-Seketâna.

  Aït Semmeg                                              Seketâna.

  Seketâna                                                    »

  Aït Ạmer                                                    »

  Zenâga                                                      »

  Tagmout (Ouad Tatta)                                        »

  Ida ou Kensous                                          Gezoula.

  Aït Jellal                                                  »

  Iliṛ (Ouad Sidi Moḥammed ou Iạqob)                          »

  Reken                                                   Gezoula.

  Fedoukkes                                                   »

  Tazouli                                                 Seketâna.

  Imtaoun                                                     »

  Ounzin                                                      »

  Aginan                                                      »

  Aït Bou Iaḥia                                               »

  Aqqa Iṛen                                               Gezoula.

  Qçour Beïḍin                                            Seketâna et
                                                          Gezoula
                                                          mélangés.

  Qaçba el Djouạ                                          Seketâna.

  Trit                                                    Gezoula.

  Tanziḍa                                                 Seketâna.

                       {    Agadir                        Seketâna.
                       {
                       {    Aït ou Iran                   Gezoula.
                       {
                       {    Bou Mousi                     n’est d’aucune
                       {                                  famille.
  Tisint               {
                       {    Taznout                       Seketâna.
                       {
                       {                   { Aït Sidi     Seketâna.
                       {                   { Mḥind
                       {    Ez Zaouïa      {
                       {                   { Aït Sidi     Gezoula.
                       {                   { Ạli

  Aqqa Igiren                                             Seketâna.

                       {    Tintazart                     Seketâna.
                       {
                       {    Anṛerif                           »
                       {
                       {    Adis                              »
                       {
                       {    Tiiti                             »
                       {
                       {    Aqqa Izenqad                      »
                       {
                       {    Tiṛremt                           »
                       {
                       {    Isbabaten (Toug er Riḥ)       Gezoula.
  Tatta                {
                       {    Tigiselt                          »
                       {
                       {    Taldnount                         »
                       {
                       {    Imtfian                           »
                       {
                       {    Aït Iasin                         »
                       {
                       {    Agjgal                            »
                       {
                       {    Aït Sidi El Ḥoseïn                »
                       {
                       {    Aït Zouli                     mi-Seketâna,
                       {                                  mi-Gezoula.

  Aqqa                                                    Seketâna et
                                                          Gezoula
                                                          mélangés.

  Oulad Iaḥia (du bassin du Dra)                          Gezoula.

  Ida ou Blal                                             Seketâna.

  Aït ou Mrîbeṭ                                           Gezoula.


[Note 102 : _Taria_ veut dire château ; ce mot a le même sens que
celui de tirremt.]

[Note 103 : Ces villages forment la totalité du district d’Ounila.]

[Note 104 : Ces villages forment la totalité du district d’Assaka.]

[Note 105 : Ces villages forment la totalité du district de Tizgi.]

[Note 106 : Le district d’Aït Zaïneb se compose : 1o des villages
que nous venons d’énumérer, 2o de ceux que nous mentionnerons
plus loin sur le cours de l’Ouad Imini.]

[Note 107 : Composant la totalité du district.]

[Note 108 : Composant la totalité de ce district.]

[Note 109 : Ces villages forment la totalité de l’Imini.]

[Note 110 : Le territoire des Ikhzama s’étend sur une partie du
cours de trois rivières, savoir : l’Ouad Iriri, l’Ouad Amasin,
l’Ouad Bou Igouldan.]

[Note 111 : Ces villages forment la totalité de la tribu.]

[Note 112 : Ces villages forment la totalité de la tribu.]

[Note 113 : Ces villages forment la totalité de la tribu.]

[Note 114 : A Zbar se trouve, dit-on, au bord même du Dra, une
hauteur rocheuse dont les flancs sont couverts d’inscriptions que
nul n’a pu déchiffrer : point de dessins, point de figures, rien
que des caractères d’écriture.]

[Note 115 : Sans doute la même que la zaouïa d’Ouzdiin.]

[Note 116 : 1877-1878 ou 1295, appelé dans le langage usuel l’an
95 ; cette année est tristement célèbre dans le sud du Maroc,
à cause de la famine terrible qui la signala.]

[Note 117 : On m’a assuré que, depuis mon voyage, la plupart des
tribus soumises par le sultan en cette expédition, tant celles du
Sahel que celles du bas Sous et du Ras el Ouad, s’étaient soulevées
et avaient repris leur indépendance. Ces faits se seraient passés
en automne 1884.]




                                  III.

                         BASSIN DE L’OUAD SOUS.


L’Ouad Sous porte en son cours supérieur le nom d’Ouad Tifnout :
il ne prend celui de Sous qu’à partir de son confluent avec l’Ouad
Zagmouzen. Cette rivière, presque aussi considérable que lui, se
jette sur sa rive gauche au village de Tinmekkoul (Iouzioun). Nous
étudierons séparément l’Ouad Tifnout, l’Ouad Zagmouzen et
l’Ouad Sous.


                          1o. — OUAD TIFNOUT.


L’Ouad Tifnout, avant sa jonction avec l’Ouad Zagmouzen,
reçoit sur sa rive gauche, entre Tabia et Taïssa, un autre affluent
important, l’Ouad Aït Tameldou. Nous nous occuperons successivement
de ces deux rivières.

=1o OUAD TIFNOUT.= — On l’appelle souvent dans son cours inférieur
Ouad Iouzioun. Il sort du flanc du Grand Atlas à un point nommé
Tinzer (narine). Ce lieu est ainsi appelé parce qu’il s’y
trouve deux ouvertures juxtaposées comme des narines : l’une est
bouchée, à l’intérieur, par un poisson monstrueux ; de l’autre
jaillit l’Ouad Tifnout. Cette source merveilleuse est célèbre
à plus d’un titre : elle a, dit-on, des propriétés médicales
extraordinaires. Au-dessous de Tinzer, l’Ouad Tifnout entre dans la
tribu des Aït Tameldou ; il y arrose d’abord un groupe de quatre
villages appelé

Tizgi n Taqqaïn ;

puis, restant toujours dans la même tribu, il passe successivement
par un grand nombre de villages dont voici les principaux :

  Imelil.

  Taagnit.

  Ouaounzourt.

  Mezgemmat.

  Asareg.

  Tasoult.

  Amzarko.

  Imi n Amoumen.

  Tizourin.

  Aït Iṛmor.

  Aït Skri.      }
                 }    Ces quatre villages sont compris sous le nom
  Askaoun.       }    d’Aït Ouṛeld.
                 }
  Moumalou.      }

  Dar Ougadir.

  Ḥeloud.

  Dou Ougadir.

  Agerd n Ougadir.

  Ạnd Aït Dra.

  Igidi.

  Aṛled Fouqani.

  Timiṭeṛ.

  Aṛled Taḥtani.

  Mzi.

  Tilkit.

  Tarneouin.

  Tabia.

Ici l’Ouad Tifnout sort du territoire des Aït Tameldou et entre
sur celui des Iouzioun. Il y arrose successivement les villages de :

  Taïssa.

  Takherri.

  Tamararsent.

  Toug el Khir.

  Agaouz.

  Tinksif.

  Agdz Igourramen.

  Taouarsout.

  Ichakoukf.

  Idergan.

  Asoul.

  Taṛrat.

  Ibergnat.

  Asaoun.

  Tabia.

  Agdz Aït ou Asṛar.

  Aoufour.

  Toug el Khir Taḥtani.

  Anmid.

  Tinmekkoul.

A ce village, l’Ouad Tifnout s’unit à l’Ouad Zagmouzen :
là commence l’Ouad Sous.

L’Ouad Tifnout a de l’eau durant l’année entière sur toute
l’étendue de son cours. Les bords en sont d’une richesse
extrême : de la source de la rivière au confluent où elle finit,
ils ne sont qu’un long jardin. Les eaux ne cessent de couler au
milieu des cultures et à l’ombre des arbres fruitiers. Noyers,
grenadiers, oliviers se pressent sur les rives ; la vigne court le long
de leurs branches ; blés, orges, maïs font un tapis à leurs pieds.

  Distances :   de Tinzer à Tabia                     1 jour.

                de Tinzer à Tizgi n Taqqaïn           3 heures.

                de Tizgi n Taqqaïn à Imelil           1 heure.

                de Imelil à Ouaounzourt               3/4 d’heure.

                de Ouaounzourt à Imi n Amoumen        1 h. 1/2.

                de Imi n Amoumen à Agerd n Ougadir    1 h. 1/2.

                de Agerd n Ougadir à Dou Ougadir      1/2 heure.

                de Dou Ougadir à Timiṭeṛ              1 heure.

                de Timiṭeṛ à Dar Ougadir              1 h. 1/2.

                de Imelil à Tabia                     fort 1/2 jour.

                de Tabia à Taïssa                     1 heure.

=AFFLUENTS.= — L’Ouad Tifnout reçoit un grand nombre
d’affluents ; ce sont :

                             RIVE DROITE :

  Ouad Amoumen, s’y jetant à Imi n Amoumen.

  Ouad Idikel, s’y jetant à Dar Ougadir.

  Ouad Izgrouzen, s’y jetant à Dou Ougadir.

  Ouad Ikis, s’y jetant à Agerd n Ougadir.

                             RIVE GAUCHE :

  Ouad Inmarakht, s’y jetant à Ouaounzourt.

  Ouad Saksad, s’y jetant à Dar Ougadir.

  Ouad Msount, s’y jetant à Timiṭeṛ.

  Ouad Tizgi n Mousi, s’y jetant à Mzi.

OUAD AMOUMEN. — Il prend sa source dans le Grand Atlas, traverse
le territoire des Aït ou Amoumen (composé de 9 villages, tous sur
son cours), et se jette dans l’Ouad Tifnout. Les Aït ou Amoumen
sont une fraction des Aït Tameldou.

L’Ouad Amoumen a de l’eau sur tout son cours et en toute saison.

  Distances :   de l’Adrar n Deren aux Aït ou Amoumen    1/2 jour.

                des Aït ou Amoumen à Imi n Amoumen       1 heure.

OUAD IDIKEL. — Il prend sa source au Djebel Idikel. De là il
traverse, en descendant, d’abord le district d’Idikel (composé
de 14 villages, tous sur son cours) ; puis, au-dessous, celui de
Talat n Ig (4 villages). L’un et l’autre sont des fractions des
Aït Tameldou.

L’Ouad Idikel n’a d’eau que pendant la saison des pluies.

  Distances : de l’Idikel au Talat n Ig                        5 heures.

              du Talat n Ig à Dar Ougadir                      1 h. 1/2.

              du Talat n Ig à Aṛled Fouqani (route dans le     3 heures.
              désert)

OUAD IZGROUZEN. — Il prend sa source au Tizi n Tamejjout. Il passe
d’abord par le village de Tamejjout, puis il traverse le territoire
des Izgrouzen, composé de 21 villages, tous sur son cours. De là il
se jette dans l’Ouad Tifnout. Tamejjout, ainsi que les Izgrouzen,
fait partie de la tribu des Aït Tameldou.

L’Ouad Izgrouzen n’a d’eau que pendant la saison des pluies.

Le Tizi n Tamejjout est traversé par un chemin allant des Izgrouzen
à Agoundis : d’Agoundis on peut gagner Dar El Genṭafi, et de
là Merrâkech.

  Distances :   du Tizi n Tamejjout à Tamejjout    1 heure.

                de Tamejjout aux Izgrouzen         1 heure.

                des Izgrouzen à Dou Ougadir        1 h. 1/2.

                des Izgrouzen à Agoundis           fort 1/2 jour.

                d’Agoundis à Dar El Genṭafi        fort 1/2 jour.

OUAD IKIS. — Il prend sa source dans le Grand Atlas et traverse
ensuite le territoire d’Ikis (composé de 14 villages, tous sur
son cours) ; de là il se jette dans l’Ouad Tifnout. L’Ikis est
une fraction des Aït Tameldou.

Cette rivière n’a d’eau que dans la saison des pluies.

  Distances :    de l’Adrar n Deren à l’Ikis    1/2 jour.

                 de l’Ikis à Agerd n Ougadir    1/2 jour.

OUAD INMARAKHT. — Il traverse d’abord la fraction d’Inmarakht
(composée de 7 villages tous sur son cours) ; de là il passe dans
celle des Aït Leti (composée de 15 villages, tous sur son cours),
puis dans celle d’Asif n Sous (3 villages) ; de là il se jette dans
l’Ouad Tifnout. Les divers groupes que traverse l’Ouad Inmarakht
font tous partie des Aït Tameldou.

Cette rivière a de l’eau en abondance sur tout son cours, pendant
l’année entière.

  Distances :    d’Inmarakht aux Aït Leti       1 heure 1/2.

                 des Aït Leti à Asif n Sous     1 heure.

                 d’Asif n Sous à Ouaounzourt    1 heure.

OUAD SAKSAD. — Il prend sa source au Djebel Saksad ; de là il
arrose successivement les deux villages d’Ifergan et d’Ạnd
Imzilen. L’un et l’autre font partie des Aït Iṛmor, fraction
des Aït Tameldou.

Il y a toujours de l’eau dans l’Ouad Saksad, et sur tout son cours.

  Distances :    du Djebel Saksad à Ifergan    1 heure.

                 d’Ifergan à Dar Ougadir       1 heure.

OUAD MSOUNT. — Il prend sa source dans le Khela Tamzernit (forêt
de teceft). Au sortir de ce désert, il entre sur le territoire des
Aït Msount, fraction des Aït Tameldou ; il y arrose successivement
les villages de Isḥerin, Izoukennan, Aït Ḥedin, Aït ou Allal,
Tidirmit, Imi n Msount.

De là il gagne Timiṭeṛ, où il se jette dans l’Ouad Tifnout.

Il n’a d’eau que dans la saison des pluies.

  Distances :    du Khela Tamzernit à Isḥerin    1 heure.

                 d’Isḥerin à Timiṭeṛ             1 heure.

AFFLUENT. — L’Ouad Msount en reçoit un, l’Ouad Aït Mesri,
se jetant sur sa rive gauche à Isḥerin.

=Ouad Aït Mesri.= — Il traverse le territoire des Aït Mesri
(7 villages, tous sur son cours), fraction des Aït Tameldou.

Il n’a d’eau que durant la saison des pluies.

  Distance : des Aït Mesri à Isḥerin 1/2 jour.

OUAD TIZGI N MOUSI. — On l’appelle aussi Ouad Izgern. La source
en est dans le désert, peu au-dessus de Tizgi n Mousi. Il passe
d’abord par le village de Tizgi n Mousi, puis par l’Amzaourou
(6 villages, tous sur son cours) ; de là il traverse le territoire
des Izgern (9 villages) ; il rentre ensuite dans le désert, où il
reste jusqu’à son confluent avec l’Ouad Tifnout. Les villages
et fractions situés sur son cours font partie des Aït Tameldou.

Il n’a d’eau que durant la saison des pluies.

  Distances :  de Mial (Ouad Aït Tameldou) à Tizgi n Mousi     3 heures.
               (désert)

               de Tizgi n Mousi à l’Amzaourou                  1 heure.

               de l’Amzaourou aux Izgern                       3 heures.

               des Izgern à Mzi (Ouad Tifnout)                 1/2 jour.

=REMARQUES SUR LES TRIBUS.= — Le territoire des Iouzioun se compose
exclusivement des villages que nous avons énumérés sur le cours
de l’Ouad Tifnout. Les Iouzioun forment une tribu séparée ; ils
sont indépendants du sultan, mais reconnaissent la suprématie des
deux puissants chikhs des Aït Tameldou : chacun de ces chefs a la
moitié d’entre eux sous son autorité. Les Iouzioun sont de race
et de langue tamaziṛt. Ils sont Chellaḥa. C’est une tribu riche
et commerçante. Un marché, le Tlâta Tabia. Deux mellaḥs.

2o _OUAD AIT TAMELDOU_. — On lui donne aussi parfois le nom d’Ouad
Tittal. Il prend sa source dans le désert d’Igisel. De là il entre
dans la tribu des Aït Tameldou, où il reste pendant tout son cours ;
il y arrose successivement les villages suivants :

Tittal, Mial, Tazoult, Aban, Bou Tizi, Aït Melloul, Ikouchoden,
Id Marmouch, Inmezzen, Igourzan, Ida ou Amṛar, Talat n Ougnal,
Arbalou, Iṛil, Tammarouin, Aït Qedni.

Ce village est le dernier de l’Ouad Aït Tameldou, qui de là
se jette sur la rive gauche de l’Ouad Tifnout, un peu au-dessous
de Taïssa.

L’Ouad Aït Tameldou a toujours beaucoup d’eau dans son lit,
tout le long de son cours.

  Distances :    de Tizi n Ougdour à Tittal    5 heures.

                 de Tittal à Mial              1 heure.

                 de Mial à Tazoult             1 heure.

                 de Tazoult à Aït Melloul      1 heure.

                 d’Aït Melloul à Arbalou       2 h. 1/2.

                 d’Arbalou à Aït Qedni         1 h. 1/2.

                 d’Aït Qedni à Taïssa          1 h. 1/2.

=AFFLUENTS.= — L’Ouad Aït Tameldou reçoit plusieurs affluents ;
ce sont :

                             RIVE DROITE :

  Ouad Amzarou, s’y jetant à Tazoult.

  Ouad Igemran, s’y jetant à Aït Melloul.

  Ouad Mançour, s’y jetant à Arbalou.

                             RIVE GAUCHE :

  Ouad Achakski, s’y jetant à Mial.

  Ouad Aoullous.

OUAD AMZAROU. — Il prend sa source au désert d’Ifenouan. Tout
le cours en est sur le territoire des Aït Tameldou. Il arrose
successivement les villages de Tagrioualt, Ạraben, Assaka, Ida El
Ḥasen Ạli, Aït Ouahou, Anrouz, Tazoult.

A ce dernier point, il se jette dans l’Ouad Aït Tameldou.

L’Ouad Amzarou a de l’eau pendant toute l’année et sur tout
son cours.

  Distances :    du Khela Ifenouan à Tagrioualt    3 heures.

                 de Tagrioualt à Assaka            1/2 heure.

                 d’Assaka à Tazoult                1 heure.

AFFLUENT. — L’Ouad Amzarou reçoit un affluent, l’Ouad Tasoukt,
se jetant sur sa rive gauche à Assaka.

=Ouad Tasoukt.= — Il prend sa source dans le désert de Tiddes. Tout
le cours en est sur le territoire des Aït Tameldou ; il y arrose
d’abord un groupe de 3 villages appelé Aït Ouartasa puis
successivement, Akchtim, Aït Iferd, Assaka, où est son confluent
avec l’Ouad Amzarou.

Il a de l’eau en toute saison sur tout son cours.

  Distances :   du Khela Tiddes à Aït Ouartasa    faible 1/2 jour.

                d’Aït Ouartasa à Assaka           1 heure.

OUAD IGEMRAN. — Il prend sa source au Djebel Agendi, montagne
boisée, couverte de grandes forêts de teceft. Tout le cours en est
sur le territoire des Aït Tameldou : il y arrose successivement les
villages suivants :

Igemran (formée de 2 villages), Tizgi n Ouḥakki, Tamjerjt (très
grand village), Aït Melloul.

Il n’a d’eau que pendant la saison des pluies.

  Distances :    du Djebel Agendi à Igemran    1/2 heure.

                 d’Igemran à Tamjerjt          1/2 heure.

                 de Tamjerjt à Aït Melloul     1/2 heure.

AFFLUENT. — L’Ouad Igemran reçoit l’Ouad Aït Tougda, se jetant
sur sa rive droite un peu au-dessus d’Aït Melloul.

=Ouad Aït Tougda.= — Il prend sa source au Djebel Agendi. Tout
le cours en est sur le territoire des Aït Tameldou. Il arrose
successivement les villages suivants :

Aït Ouzaṛar, Aït Tougda.

Puis il se jette dans l’Ouad Igemran.

Il n’a d’eau que pendant la saison des pluies.

  Distances :    du Djebel Agendi à Aït Ouzaṛar    1 heure.

                 d’Aït Ouzaṛar à Aït Melloul       1/2 heure.

OUAD MANÇOUR. — Il prend sa source au désert de Timoures. Tout
le cours en est sur le territoire des Aït Tameldou. Il arrose
successivement les villages suivants :

Mançour, Tlzoui, Amazzer, Agerd n Zarar, Tagadirt, Taṛeroucht,
Iloukous, Ilemsen, Taourirt, Imoula, Timiṭeṛ, Ouaouzgert, Arbalou.

A ce dernier village est le confluent de l’Ouad Mançour et de
l’Ouad Aït Tameldou.

La rivière a de l’eau sur tout son cours et pendant toute
l’année.

  Distances :    du Khela Timoures à Mançour    1 heure.

                 de Mançour à Tlzoui            1/2 heure.

                 de Tlzoui à Arbalou            1 h. 1/2.

AFFLUENT. — L’Ouad Mançour reçoit l’Ouad Tizgi, qui se jette
sur sa rive droite à Tlzoui.

=Ouad Tizgi.= — Il prend sa source au désert d’Ifenouan. Tout
le cours en est sur le territoire des Aït Tameldou. Il arrose
successivement :

Tizgi, Talmoudat, Igourdan, Tichki, Ida Ạli ou Ḥammou, Imskal,
Timgdal, Tlzoui.

A ce dernier point est son confluent avec l’Ouad Mançour.

Il a toujours de l’eau dans son lit, sur tout son cours et en
toute saison.

  Distances :    du Khela Ifenouan à Tizgi    1 heure.

                 de Tizgi à Tlzoui            1 heure.

OUAD ACHAKSKI. — On l’appelle aussi Ouad Mial. Il prend sa source
au Djebel Achakski. Pas un seul lieu habité sur son cours.

Il n’a d’eau que pendant la saison des pluies.

OUAD AOULLOUS. — On l’appelle aussi Ouad Aït Tedrart. Il prend sa
source dans le Siroua : il arrose sur son cours les villages suivants,
appartenant tous aux Aït Tedrart :

Tadmamt, Aoullous, Tamalout, Azgaour, Adṛeṛ, Tamalout Aït Ạmer
ou Ạli, Asif Zimer, Agerd n Oudrer, Aglagal, Askaoun.

De là, plus de lieu habité sur son cours jusqu’à son confluent
avec l’Ouad Aït Tameldou.

Les Aït Tedrart sont une fraction de la tribu des Aït Selîman.

  Distances : de Tadmamt à Askaoun                             2 heures.

              d’Aoullous à Amasin (Ikhzama)                    1/2 jour.

              d’Agerd n Oudrer à Iṛil n Oro (en traversant     1/2 jour.
              le désert de Teddref)

              d’Agerd n Oudrer à Taïssa                        3 h. 1/2.

AFFLUENT. — L’Ouad Aoullous reçoit à Askaoun l’Ouad Id ou
Illoun, qui se jette sur sa rive gauche.

=Ouad Id ou Illoun.= — Il reste pendant tout son cours sur le
territoire des Id ou Illoun, où il arrose successivement les
villages de :

Tinzert, Iferṛan, Agni, Almessa, Aouzrout.

Les Id ou Illoun sont une fraction de la tribu des Aït Selîman.

  Distances :    de Tinzert à Aouzrout                1 heure.

                 d’Agni à Aglagal (Ouad Aoullous)     1 heure.

                 d’Agni à Outoura (Ouad Zagmouzen)    2 heures.

=REMARQUES SUR LES TRIBUS.= — Nous avons rencontré sur les
cours d’eau que nous venons d’étudier trois tribus : les
Iouzioun, dont il a déjà été parlé, les Aït Selîman et les
Aït Tameldou. Toutes trois sont indépendantes et de race comme
de langue tamaziṛt. Elles sont Chellaḥa : il n’existe point
de Ḥaraṭîn dans le bassin du Sous. Elles sont sédentaires :
le bassin du Sous ne renferme à peu près point de nomades.

AIT SELIMAN. — Tribu se subdivisant en deux fractions,
les Aït Tedrart et les Id ou Illoun. La première est la plus
nombreuse. Chacune se compose d’une certaine quantité de villages,
les uns sur les cours d’eau, où nous les avons mentionnés, les
autres dans la montagne, alimentés par des sources. Les Aït Selîman
sont gouvernés par un chikh, dont le pouvoir est héréditaire : le
chikh actuel s’appelle Ạbd Allah Aït Ạli ou Ious : la maison des
Aït Ạli ou Ious réside à Aoullous ; elle n’a aucune relation
ni avec le sultan ni avec le Telouet. Pas de marché chez les Aït
Selîman. Deux mellaḥs.

AIT TAMELDOU. — Ils sont indépendants et gouvernés par leurs chikhs
héréditaires : ceux-ci sont au nombre de deux : voici comment ils
se partagent le pouvoir.

A Tamjerjt réside la famille de chikhs des Id ou Mḥind ; le chef
en est en ce moment Moḥammed ou Ḥammou ; il a sous son autorité
une partie de l’Ouad Tifnout, une partie de l’Ouad Inmarakht,
l’Ouad Amoumen, la moitié de l’Ouad Idikel, la moitié de l’Ouad
Izgrouzen, l’Ouad Ikis, l’Ouad Msount, l’Ouad Tizgi n Mousi,
l’Ouad Amzarou, l’Ouad Igemran, l’Ouad Aït Tougda, l’Ouad
Mançour, la moitié de l’Ouad Tizgi. De plus, en dehors des Aït
Tameldou, sa suprématie est reconnue d’une part par la moitié
des Iouzioun, de l’autre par les Ikhzama (bassin de l’Ouad Iriri).

A Aït Iferd réside la seconde famille de chikhs ; c’est une branche
de la maison des Aït Ouzanif. Le chef actuel en est Moḥammed ou
Ạbd Allah ; il a sous son pouvoir le reste de l’Ouad Tifnout
(les Aït Iṛmor), les Aït Leti sur l’Ouad Inmarakht, la moitié
de l’Ouad Idikel (Talat n Ig), l’Ouad Saksad, la moitié de
l’Ouad Izgrouzen, l’Ouad Aït Tameldou, l’Ouad Achakski,
l’Ouad Tasoukt, la moitié de l’Ouad Tizgi. Il faut y joindre,
hors des Aït Tameldou, le reste des Iouzioun et les Aït Marlif
(bassin de l’Ouad Iriri).

Ces deux puissantes familles entretiennent avec le qaïd du Telouet
des relations analogues à celles qu’a avec lui le Zânifi :
c’est leur seul lien avec le makhzen.

Les principaux produits de la tribu sont les noix et les olives, qui
abondent sur tout son territoire. On récolte aussi des raisins et
des grenades sur les rives de l’Ouad Tifnout. La vallée de cette
rivière est la partie la plus riche du pays des Aït Tameldou. Peu
d’abeilles. De grands troupeaux de moutons et de bœufs ; beaucoup
d’ânes et de mulets ; des chevaux et des chameaux.

Les Aït Tameldou sortent peu de chez eux pour faire le commerce ;
mais on se rend en leur pays de Tazenakht, de l’Aït Zaïneb,
du Telouet, des bords de l’Ouad Sous, pour acheter des grains et
des fruits ; on en exporte ainsi du blé, de l’orge, des fèves,
des noix, de l’huile.

Le centre le plus important de la tribu est Ạraben (120 familles
musulmanes et 3 familles israélites).

Minerai de fer dans le désert d’Ifenouan.

Un seul marché chez les Aït Tameldou, le Ḥad Tamjerjt.

Les Israélites sont nombreux sur leur territoire : ils y ont seize
mellaḥs.


                         2o. — OUAD ZAGMOUZEN.


On l’appelle aussi quelquefois Ouad Aït Oubial et Ouad Aït
Ọtman. Il prend sa source au mont Siroua. De là, il coule pendant
quelque temps dans le désert, puis il entre dans la tribu des Aït
Oubial ; il y arrose successivement les villages suivants :

Aït ou Alman, Aït Sin, Assaka, Tagouïamt.

De là il passe immédiatement dans la tribu des Aït Ọtman, où
il arrose :

Aït Sin d Aït Ọtman, Tammenout, Outoura, Aït Sạd, Takchtamt,
Aït Ạïcht, Tagmout (murailles rocheuses avec cavernes inaccessibles
et restes de constructions).

Là finissent les Aït Ọtman : la rivière s’engage dans le long
désert de Tifergin, où elle reste durant plusieurs heures ; elle
entre ensuite sur le territoire des Zagmouzen, où elle baigne :

Arfaman, Tagjdit, Anammer, Ikerouan, Tifourt, Irzi, Timicht, Taserga,
Agadir Zagmouzen, Armed Zagmouzen, Iṛil n Oro (très grand village),
Tabia, Taltnezourt, Taourirt, Tirest, Iṛil Mechtiggil, Dou Ouzrou,
Taleouin, Tabia n Boro, Tagergoust, Bou Oulga, Timellilt.

De là, l’ouad, sans que les cultures s’interrompent sur ses rives,
passe dans la tribu des Aït Semmeg ; il y arrose de nombreux villages,
dont voici les principaux :

  Imjijouin.

  Targa n Mimoun                           rive droite.

  Ez Zaouïa (en face de Targa n Mimoun)    rive gauche.

  Tazdeṛt Fouqani.

  Tazdeṛt Taḥtani.

  Tagenza.

Puis il passe dans la tribu des Aït Iaḥia, où il baigne un grand
nombre de villages, dont les principaux sont :

  Imi n Ougni.

  Taourirt el Ḥad                          rive droite.

  Arfaman.

  Tazarin.

  Tastift.

  Amzaourou.

  Bitgan.

  Imiḍeṛ.

  Imirgel.

A Imirgel finissent les Aït Iaḥia. Quelques pas plus bas, la
rivière se réunit à l’Ouad Tifnout, au village de Tinmekkoul,
sur le territoire des Iouzioun.

Au-dessous d’Aït Ạïcht, l’Ouad Zagmouzen a toujours de l’eau,
quelle que soit la saison. Plus haut, il est quelquefois à sec.

  Distances :   d’Aït Oubial à Tagmout                  1/2 jour.

                de Tagmout à Iṛil n Oro                 1/2 jour.

                d’Iṛil n Oro à Imirgel                  1 jour.

                d’Imirgel à Tinmekkoul                  1/2 heure.

                d’Arfaman (Aït Iaḥia) à Tinksif         1/2 jour.

                de Tinksif à Tasdṛemt (Aït Ououlouz)    1 heure.

=AFFLUENTS.= — L’Ouad Zagmouzen reçoit deux affluents, l’un
et l’autre sur sa rive gauche ; ce sont : l’Ouad Amaliz, s’y
jetant à Timicht (Zagmouzen), et l’Ouad Aït Semmeg, s’y jetant
à Tagenza (Aït Semmeg).

OUAD AMALIZ. — Il prend sa source dans le désert Talaṛt Imadid. De
là il traverse le territoire des Imadiden, fraction des Seketâna,
puis il entre sur celui des Aït Ạbd el Ouirt, où il arrose
successivement les villages de Miggar el Ḥedid et d’Amaliz,
séparés l’un de l’autre par le désert d’Igidi n Oumaliz. Les
jardins d’Amaliz touchent à ceux de Timicht, où la rivière se
jette dans l’Ouad Zagmouzen.

Les Aït Ạbd el Ouirt sont une tribu à part, habituellement
alliée aux Imadiden ; elle ne se compose que des deux villages
que nous venons de citer et de deux autres, Tafrent et Tasṛent,
situés dans la montagne, à peu de distance des premiers.

L’Ouad Amaliz a de l’eau sur tout son cours et en toute saison.

  Distance : d’Amaliz au désert Talaṛt Imadid 3 heures.

AFFLUENT. — L’Ouad Amaliz reçoit un affluent, l’Ouad Sidi
Ḥaseïn, se jetant sur sa rive droite à Amaliz.

=Ouad Sidi Haseïn.= — Il prend sa source dans le Khela Tasṛirt,
passe au pied de la qoubba de Sidi Ḥaseïn, puis entre sur le
territoire des Seketâna, dans la fraction des Imskal. Il y arrose
d’abord Iṛri, puis Tinfat, et se jette dans l’Ouad Amaliz au
village d’Amaliz.

OUAD AIT SEMMEG. — C’est une rivière importante, qui presque
partout a de l’eau : elle prend sa source dans le Petit Atlas,
reçoit divers affluents et arrose sur son cours supérieur plusieurs
tribus (on ne peut me donner de renseignements sur cette portion) ;
puis elle entre sur le territoire des Aït Semmeg ; elle y arrose
successivement un grand nombre de villages, dont voici les principaux :

Asedmer, Timichcha, Agadir Djedid, Ammeïn (groupe de plusieurs
qçars), Doutourirt, Imzil, Taṛzout.

  Distance : d’Asedmer à Tagenza 4 heures.

=REMARQUES SUR LES TRIBUS.= — Les tribus que nous avons mentionnées
sur l’Ouad Zagmouzen et ses affluents sont toutes indépendantes
et toutes de race et de langue tamaziṛt. D’ailleurs le bassin de
l’Ouad Sous tout entier, sauf une ou deux exceptions insignifiantes,
n’est peuplé que de Chellaḥa, et la langue tamaziṛt y est
partout l’idiome en usage. Parmi les tribus du bassin de l’Ouad
Zagmouzen, les unes, telles que les Aït Oubial, les Aït Ọtman, les
Zagmouzen, les Aït Iaḥia, les Aït Ạbd el Ouirt, ne possèdent que
les villages que nous avons énumérés et d’autres intercalés entre
eux, et ne s’étendent pas en dehors des vallées des rivières ;
deux, au contraire, les Aït Semmeg et les Seketâna, sont de grandes
tribus dont nous n’avons mentionné qu’une faible portion.

Les Aït Oubial n’ont point de marché. Ils sont renommés pour
l’excellent safran qui se récolte sur leur territoire ; on en
trouve dans la plus grande partie du haut Sous, mais celui de leur
pays est réputé le meilleur.

Les Aït Ọtman ont un marché, le Tenîn Aït Sin.

Les Zagmouzen en ont un aussi, le Khemîs Iṛil n Oro. On trouve,
dit-on, du minerai d’argent sur leur territoire.

Les Aït Iaḥia possèdent un marché, le Tenîn Taourirt el
Ḥad. Ils sont gouvernés par un chikh héréditaire résidant
à Arfaman.

Pas de marché dans la petite tribu des Aït Ạbd el Ouirt.

Les Juifs sont nombreux dans ces régions : il y a douze mellaḥs
dans le bassin de l’Ouad Zagmouzen.

SEKETANA. — Toutes les populations du bassin du Sous et toutes celles
comprises entre Sous et Dra, à l’exception du Sahel, se divisent
en deux grandes familles : les Gezoula et les Seketâna. Nous avons
énuméré plus haut les tribus et les groupes divers dont se composent
l’une et l’autre. Dans le bassin du Sous, deux noyaux séparés
ont conservé l’un le nom de Gezoula, l’autre celui de Seketâna,
et se les sont attribués comme dénominations particulières : nous
parlerons plus loin des Gezoula, quand nous en serons à l’Ouad
Sous proprement dit ; ici, dans le bassin de l’Ouad Zagmouzen,
se trouve la tribu dite des Seketâna.

Les Seketâna sont cantonnés dans le Petit Atlas, sur la rive
gauche de l’Ouad Zagmouzen, à environ 6 ou 8 kilomètres de ce
cours d’eau, à peu près à hauteur de la tribu des Zagmouzen. La
plupart de leurs villages sont alimentés par des sources : les deux
rivières qui traversent leur territoire, l’Ouad Amaliz et l’Ouad
Sidi Ḥaseïn, n’arrosent qu’un petit nombre de localités. Les
Seketâna possèdent en outre, à proximité de l’Ouad Zagmouzen,
un gros village isolé, Ihoukern. Il s’élève à 2 kilomètres au
sud de la rivière, entre Tagmout et Aït Ạïcht. Quoique presque
enclavé dans les Aït Ọtman, c’est aux Seketâna qu’il
appartient.

Ceux-ci se divisent en trois fractions : Seketâna proprement dits,
Imadiden, Imskal. Les premiers habitent la portion ouest du territoire,
les seconds le centre, les derniers l’est.

_Seketâna proprement dits._ — Voici leurs principaux villages :
Tizgi, Tirikiou, Allegou, Tanfekht, Aouirst, Imgoun, Taglaout,
Taourirt, Aït Abbou, Iṛil n Ouaman, Aït Delḥa, Agdz, Tabadricht,
Aït Ḥeddou, Tilioua, Aït Roḥou.

_Imadiden._ — Voici leurs principaux villages : Aderdour, Iṛil
n Tefraout, Ṭaddart, Tazga, Aït Roḥou, Ifri Imadiden.

_Imskal._ — Voici leurs principaux villages : Argoummi, Iṛri,
Gounin, Ifran, Imṛid, Tazoult, Tizi n Tifourt, Imi n Ougni,
Tamskourt, Agoudal, Timasinin, Timersit. Les cinq derniers portent
le nom collectif de Tinfat. Le village isolé d’Ihoukern compte
avec les Imskal.

Ces trois fractions sont à peu de distance les unes des autres,
surtout les deux dernières : dans chacune, les villages sont fort
rapprochés et se touchent entre eux par leurs cultures.

Les principaux centres sont Imgoun, Aouirst, Tanfekht. Un marché,
le Ḥad Tirikiou.

Chacune des trois fractions des Seketâna est gouvernée séparément
par son chikh héréditaire.

Les principales productions du pays sont les olives, les noix, les
figues, et surtout le safran.

AIT SEMMEG. — C’est une puissante tribu, atteignant les bords de
l’Ouad Zagmouzen et s’étendant au loin sur les pentes du Petit
Atlas, qui forme le flanc gauche de la vallée de cette rivière. Elle
se divise en nombreuses fractions ; plusieurs cours d’eau en arrosent
le territoire. Elle est sous l’autorité d’un chikh héréditaire
résidant à Tagenza. Le chikh actuel s’appelle Ould Aḥmed ou
Aḥman. Un marché, l’Arbạa Doutourirt, qu’on appelle aussi
Arbạa Ammeïn.


                   3o. — OUAD SOUS JUSQU’A TAROUDANT.


La portion de la vallée de l’Ouad Sous comprise entre Tinmekkoul,
où il commence à prendre ce nom, et Taroudant s’appelle Ras el
Ouad. Cette dénomination est vague : tantôt elle ne s’applique
qu’à la plaine au milieu de laquelle coule le fleuve, tantôt on
y comprend les versants des montagnes qui la bordent.

L’Ouad Sous, l’Asif n Sous, comme on l’appelle le plus souvent,
est très habité sur tout son cours ; pas un seul point désert sur
ses rives : depuis Tinmekkoul jusqu’à la mer, elles sont couvertes
de cultures et de villages se succédant sans interruption. Le fleuve
coule au milieu d’une plaine très unie qui prend bientôt une
grande largeur ; cette largeur augmente sans cesse à mesure qu’on
s’avance vers la mer. C’est partout un sol d’une fertilité
admirable ; mais une partie seulement en est cultivée, le reste est
laissé en pâturages et en forêts. Plusieurs tribus habitent sur
le cours du Sous : les unes s’étendent sur ses deux rives, comme
les Rḥala ; les autres sur une seule, comme les Menâba ou les
Indaouzal ; les unes ne possèdent que les bords mêmes du fleuve :
tels les Rḥala et les Menâba ; d’autres s’enfonçent au loin
dans les terres : tels les Oulad Iaḥia, les Indaouzal.

Au-dessous de Tinmekkoul, l’Ouad Sous entre immédiatement dans la
tribu des Rḥala. Elle se compose de trois fractions : Ida ou Gemmed,
Aït Ououlouz, Ida ou Tift. Les Ida ou Gemmed sont sur la rive droite,
les deux autres groupes en face d’eux sur la rive gauche ; les Aït
Ououlouz sont en amont, les Ida ou Tift en aval.

Tous les villages des Rḥala se trouvent sur les bords mêmes du
fleuve ; voici les principaux d’entre eux :

Sur la rive droite : fraction des Ida ou Gemmed :

  Iṛanimin.

  Koulat.

  Sidi Ọmar.

  Tir.

  Tasḥmoumt                      en face d’Amerli.

  Ikhfri                         en face de Tloussa.

  Tagenza.

  Aderdour                       en face de Tloussa          120 fusils

  Zaouïa Sidi Ious               en face d’Aït Oumbarek.

  Tagadirt n Tafoukt             en face de Tasserlit.

  Zaouïa el Ferfar               en face de Tigider.

  El Ferfar                      en face de Timikert.

  Tigemmi n Talaṛt               en face de Taḥalla.

  Igedad.

  Tiourza (appelé aussi Aourz)   en face de Taḥalla.

  Aourir                         en face d’Imilan.

  Imilan                         en face de Bouour.

  Aoumselart                     en face de Tassoumat.

  Aougeddim                      entre Tassoumat et Assaka.

  Irk.

  Taṛlemt.

  Tagadirt Aït Ḥamed ou Ḥoummou  en face de Taḥalla.

  Agdour                         en face de Bouour.

  Aït Selîman.

  Tiflit                         en face de Louleïza.

  Tagendout.

  Aït Ouasạou.

  Tinnikt.

  Talat n Tiout.

Sur la rive gauche : d’abord la fraction des Aït Ououlouz :

  Tasdṛemt.

  Agerd.

  Tamgout.

  Agadir n Ousekti.

  Agadir n Iblaz.

  Zaouïa Moulei Ạli.

  El Qaçba.

  Adouz.

  Tamdrart.

  Aourir.

  Tagergoust.

Ces huit derniers villages sont compris sous le nom collectif
d’Aoulouz.

Viennent ensuite ceux des Ida ou Tift :

  Amerli                         300 fusils.

  Iferd n Khalifa.

  Igedad                         150 fusils.

  Amari.

  Tagoust.

  Agadir Aït Ḥaseïn.

  Tloussa.

  Zaouïa Sidi Mḥind ou Iạqob.

  Aït Oumbarek.

  Taserlit.

  Tigider.

  Timikert.

  Imejjat.

  Bouour.

  Tagadirt n Ououddiz.

A Bouour, en face des derniers villages des Ida ou Gemmed, commence,
sur la rive gauche, le territoire des Indaouzal. Au-dessous de
Tinzert, on entre, sur la rive droite, dans celui des Menâba. Le
fleuve forme la frontière entre les deux tribus. Voici les villages
qu’il arrose :

Rive droite : Menâba :

  Tinzert                                                    150 fusils.

  Ida ou Qaïs (groupe compact de 7 villages)                 120 fusils.

  Zaouïa Moulei Ạbd el Qader.

  Ạïn n Ougeïḍa.

  Igoudar.

  Aït Ioub                                                   150 fusils.

  Oulad Ḥasen                                                150 fusils.

  Tamast (sur la rive gauche de l’ouad ; seul village        300 fusils.
  des Menâba dans cette situation)

  Oulad Brahil                           en face de Tamast.

  Ạïn el Ạsid.

  Souaṭat                                                    120 fusils.

  Zrabia.

  El Bordj.

  Oulad Brahim.

  Agedal.

  Dir.

  Sama.

  Ida ou Gouilal                                             150 fusils.

  Igli                                                       200 fusils.

  Erzagna.

  Aït Ạïssa.

  Zaouïa Ben Abbou.

  Agadir er Remel.

Rive gauche : Indaouzal :

  Tassoumat.

  Assaka.

  Louleïza             120  fusils.

  Tafellount.

  Tirkt.

  Agadir el Bour.

  Aït Merras.

  Sidi Malek.

A Sidi Malek finit la portion occupée par les Indaouzal ; ils sont
suivis par les Oulad Iaḥia, à qui appartient toute la rive gauche
du fleuve depuis là jusqu’à Taroudant : le long de cet espace, ce
n’est qu’une série non interrompue de villages ; voici seulement
les noms des principaux :

  Tamast (appartenant aux Menâba, quoique sur la rive
  gauche).

  Taouraṛt.

  Tezzart.

  El Mḥara.

  Timdouin                                                   400 feux.

  Arazan                                                     120 feux.

  Taqṭrant.

  Agadir n Abbou.

  Oulad Bou Ṛis                                              120 feux.

  Freïja.

Au-dessous des Menâba, sur la rive droite, se trouvent d’abord
les Aït Iiggas, bordant l’ouad de leurs villages ; puis les
Oulad Iaḥia, qui, à partir de là, occupent les deux rives du
fleuve jusqu’à Taroudant. Ce n’est, dans ces deux tribus, que
succession constante de jardins, de hameaux et de bourgades tout
le long du cours d’eau : le principal centre, sur la rive droite,
est le village de Ben Sifer.

L’Ouad Sous a toujours de l’eau dans son lit.

Nous avons dit le nombre de fusils des localités les plus
importantes : les autres ont en général de 30 à 60 familles.

  Distances :  de Tinmekkoul à Aoulouz               3 heures.

               de Tinmekkoul à Tasdṛemt              1 h. 1/2.

               d’Aoulouz à Tir                       Le fleuve seul les
                                                     sépare.

               de Tir à Tinzert                      3 heures.

               de Tinzert à Igli                     3 heures.

               de Tir à Ida ou Qaïs                  4 heures.

               d’Aoulouz à Iferd n Khalifa           Leurs jardins se
                                                     touchent.

               d’Iferd n Khalifa à Tagadirt n        2 heures.
               Ououddiz

               d’Iṛil n Oro à Aderdour (en coupant   fort 1/2 jour.
               au court)

               d’Iṛil n Oro à Aoulouz (en coupant    fort 1/2 jour.
               au court)

               d’Iṛil n Oro à Igli                   1 jour 1/3.

               d’Iṛil n Oro à Tinmekkoul (en         forte journée.
               longeant l’ouad)

               d’Igli à Ida ou Gouilal               Ils se touchent.

               d’Igoudar à Ida ou Gouilal            2 heures.

               d’Igoudar à Igli                      2 heures.

               d’Igoudar à la frontière des Rḥala    1 heure.

               de Zaouïa Ben Abbou à Agadir er       Les jardins se
               Remel                                 touchent.

               d’Aït Ạïssa à Agadir er Remel         Les jardins se
                                                     touchent.

               de Tinnikt à Oulad Ḥasen              1 h. 1/2.

               de Tinnikt à Aourz                    3 h. 1/2.

               de Tasdṛemt à Tirkt (en coupant au    3 h. 1/2.
               court)

               de Tasdṛemt à Bouour (en suivant      3 heures.
               l’ouad)

               de Tirkt à Bouour (en suivant         2 heures.
               l’ouad)

               de Tirkt à Oulad Bou Ṛis              1 jour.

               d’Oulad Bou Ṛis à Freïja              1 h. 1/2.

               d’Oulad Ḥasen à Taroudant             1 jour.

De l’examen de ces distances il ressort deux choses : la première,
c’est que l’Ouad Sous fait un coude considérable auprès
d’Aoulouz ; la seconde, que l’Ouad Zagmouzen décrit un long
circuit avant de se jeter dans l’Ouad Tifnout.

On ne met en effet que 3 heures et demie pour aller de Tasdṛemt à
Tirkt : on laisse le fleuve à gauche, on coupe au court à travers
un désert, le Khela Aït Ouasạou, et on ne retrouve l’Ouad Sous
qu’à Tirkt. Si on voulait faire le même trajet en longeant le
fleuve, au milieu des villages et des cultures, il faudrait 5 heures
de temps.

De même, pour se rendre d’Iṛil n Oro à Aoulouz, il suffit
d’une forte demi-journée. On descend l’Ouad Zagmouzen jusqu’à
Taourirt el Ḥad : là on le quitte et on coupe au court à
travers les montagnes du flanc gauche. On monte d’abord par le
désert Timezgiḍa n Izrar ; puis on arrive à la qoubba de Sidi
Bou Reja, située au col même où se franchit le massif : ce col,
fort célèbre, s’appelle Tizi n Sous. De là on passe dans un
nouveau désert, la forêt de Dou Ouzrou Zouggaṛ, célèbre par
les brigandages qui s’y commettent : non loin de là se trouve le
village d’Agni n Fad, qui reste en dehors de la route. Après deux
heures de marche dans cette solitude, on débouche chez les Rḥala
à Aourir, village du groupe d’Aoulouz. Ce chemin est ce qu’on
appelle le chemin de Tizi n Sous. Quoique en montagne, il n’est pas
très pénible. Il se fait en une demi-journée. On mettrait deux
fois plus de temps en suivant le fond des vallées : en effet, on
compte une forte journée pour aller d’Iṛil n Oro à Tinmekkoul,
et il y a encore deux ou trois heures de ce point à Aoulouz.

Nous avons dit plus haut que, si les bords du Sous sont cultivés
partout, il n’en est pas de même de la large plaine formant le fond
de la vallée : elle n’est cultivée qu’en partie : le reste est
couvert de bois et de pâturages. Les principales forêts sont : sur
la rive droite, celle de Bou Taddout (Aït Iiggas et Oulad Iaḥia) ;
sur la rive gauche, celle de Briouga (Oulad Iaḥia, entre Timdouin et
Taroudant) ; au milieu de cette dernière se trouve le grand village
de Tiout, situé à mi-distance entre Igli et Taroudant.

=REMARQUES SUR LES TRIBUS.= — Les habitants du Sous, sauf un ou
deux petits groupes d’Arabes de quelques tentes seulement, comme
celui des Oulad Dris, groupes jetés on ne sait comment et noyés
au milieu du reste de la population, sont tous de race tamaziṛt
(chleuḥa) et de mœurs sédentaires. La langue usuelle y est
partout le tamaziṛt. Dans le haut Sous, au-dessus du Ras el Ouad,
et dans les chaînes du Grand et du Petit Atlas, cette langue est à
peu près la seule connue. Mais à mesure qu’on descend le cours du
fleuve et qu’on se rapproche du fond de sa vallée, le nombre des
individus sachant l’arabe augmente. A partir des Menâba, il est
peu d’hommes, au bord de l’ouad, qui ne connaissent cette langue.

L’état politique des tribus du Ras el Ouad a traversé depuis
quelque temps diverses vicissitudes : durant de longues années,
ces tribus ont été insoumises, sans aucune relation avec le
makhzen. Récemment, pendant l’été de 1882, Moulei El Ḥasen
fit une campagne dans le bas Sous et le nord du Sahel Marocain, et en
profita pour inviter les habitants du Ras el Ouad à l’obéissance :
c’était dans un moment de famine ; les populations, pauvres
et affaiblies, ne voulurent pas entrer en lutte ; d’ailleurs une
portion d’entre elles, fatiguée d’une longue anarchie, souhaitait
un gouvernement régulier : elles se soumirent. On donna le titre de
qaïd à leurs chikhs héréditaires : ceux-ci furent chargés de
collectionner l’impôt et de lever des soldats pour le compte du
sultan : au reste, point de garnisons, point d’hommes du makhzen,
pas un seul fonctionnaire étranger. Tel était l’état du pays
au moment de mon voyage. On était soumis au sultan, mais celui-ci
n’exigeait que fort peu ; trop cependant, au gré de ces tribus
jalouses de leur liberté : même ceux qui naguère avaient désiré
ce régime en étaient lassés : il est vrai qu’ils n’y avaient
point trouvé le bien qu’ils en attendaient. Aussi cet état de
choses n’a, paraît-il, pas duré longtemps. Dès la première
année d’abondance, la révolte a été générale : en automne
1884, toutes les tribus ont, dit-on, refusé argent et soldats ;
en quelques lieux où les qaïds avaient abusé de leur autorité
ou voulu maintenir l’ordre établi, elles les ont chassés, en
détruisant leurs demeures. Depuis lors toutes vivent de nouveau dans
une complète indépendance, sans aucun rapport avec Moulei El Ḥasen.

Celui-ci avait divisé le Ras el Ouad en six provinces,
_ạmel_. Chacune d’elles se composait d’une des tribus ou
fractions de tribus principales, que gouvernait son chikh avec
le titre de qaïd : ce magistrat avait de plus dans son ressort,
surtout en ce qui concernait leurs rapports avec le sultan, les
tribus voisines moins considérables, ou celles dont la dépendance
n’était pas complète. C’est ainsi que le qaïd des Menâba
avait dans son ạmel les Aït Iiggas et les Talkjount d’une part,
les Indaouzal de l’autre. Les six ạmels étaient :

1o Rḥala (Ida ou Gemmed).

2o Rḥala (Aït Ououlouz et Ida ou Tift).

3o Menâba.

4o Oulad Iaḥia.

5o Aït Semmeg (sur l’Ouad el Amdad ; versant sud du Grand Atlas).

6o Mentaga (dans le massif du Grand Atlas).

RHALA. — Tribu occupant les deux rives de l’Ouad Sous. Tous les
villages en sont sur les bords mêmes du fleuve. Elle se divise, comme
nous l’avons vu, en Ida ou Gemmed, Aït Ououlouz, Ida ou Tift. Deux
chikhs héréditaires, portant aujourd’hui le titre de qaïd, les
gouvernent : ce sont le qaïd Ḥaïda ould El Ḥasen ou Aḥman,
résidant à Tagenza : il a sous son autorité les Ida ou Gemmed ;
le qaïd Ọmar el Aoulouzi, demeurant à Agadir n Iblaz : il commande
aux Aït Ououlouz et aux Ida ou Tift. Deux marchés chez les Rḥala,
le Ḥad Aoulouz et l’Arbạa Aoulouz. Cinq mellaḥs.

MENABA. — Tribu occupant la rive droite de l’Ouad Sous ; elle
forme une bande étroite le long du fleuve et ne s’étend pas dans
l’intérieur de la vallée. Elle est gouvernée par Qaïd El Ạrbi,
résidant à Igli ; la maison de celui-ci, vaste demeure avec grandes
dépendances, s’appelle El Mkhatir. Trois marchés dans la tribu,
Ḥad Igli, Djemạa Tinzert et Tlâta Aït Ioub : ce dernier, connu
sous le nom de Tlâta Menâba, est le marché le plus important du
Ras el Ouad. Il y a 12 mellaḥs chez les Menâba.

INDAOUZAL. — C’est une grande et puissante tribu située sur la
rive gauche de l’Ouad Sous ; sur les bords immédiats du fleuve,
elle n’occupe qu’une faible longueur ; mais au delà elle
s’étend au loin, bornée à l’est par les Aït Iaḥia et les
Aït Semmeg, au nord par les Rḥala et les Menâba, à l’ouest par
les Oulad Iaḥia, au sud et au sud-ouest par diverses petites tribus
indépendantes : toute la plaine qui s’étend au sud des Menâba
et des Rḥala lui appartient, ainsi que les premières pentes du
Petit Atlas sur une assez grande profondeur ; le Tizi n Sous est
sur son territoire. Elle a deux chikhs héréditaires résidant,
l’un à Akchtim, l’autre dans un village appelé de son nom,
Ould Sidi Malek. De plus, les localités des Indaouzal limitrophes
des Aït Iaḥia se sont rangées sous l’autorité du chef de ces
derniers, le chikh d’Arfaman. Pour leurs rapports avec le sultan,
les Indaouzal dépendent du qaïd El Ạrbi, d’Igli. Cette tribu,
en paix en ce moment, a été longtemps désolée par des querelles
intestines : depuis une époque très ancienne, elle est divisée
en deux partis, presque toujours en guerre l’un contre l’autre ;
dans ces luttes, chaque parti eut constamment pour soutien son voisin,
l’un les Aït Semmeg, l’autre les Oulad Iaḥia. A la longue
ils prirent les noms de ces alliés, en sorte qu’aujourd’hui une
moitié des Indaouzal est dite Aït Semmeg, l’autre Oulad Iaḥia.

La tribu est chleuḥa et sédentaire ; elle possède un grand nombre
de villages : nous en avons cité quelques-uns sur l’Ouad Sous ;
ce sont presque les seuls qui soient arrosés par une rivière ;
la plupart des autres n’ont que des sources ou des citernes ;
voici les noms des principaux :

Tidnes, Agni n Fad, Kouilal, Tabia n Imaoun, Taourirt el Mrabṭin,
Aït Ious, Aït Djamạ, Akchtim, Amalou, Assaïn, Aït Bazmad,
Aït Bou Iạzza, Tamalalt, Amari, Es Sebt, Imi el Ạïn.

  Distances : d’Arfaman (Aït Iaḥia) à Tidnes                   1 h. 1/2.

              de Tidnes à Agni n Fad (forêt de Dou Ouzrou)     3 heures.

              d’Agni n Fad à Assaïn                            1 heure.

              d’Assaïn à Tassoumat                             3/4
                                                               d’heure.

              Aït Bazmad, Aït Bou Iạzza, Tamallalt,
              Amari, Es Sebt, Imi el Ạïn sont groupés autour
              d’Assaïn.

Deux marchés : l’un se tient le samedi, au village appelé pour ce
motif Es Sebt ; l’autre est l’Arbạa Aït Ạbd Allah ou Mḥind.

Deux mellaḥs.

OULAD IAHIA. — Très grande tribu, la plus considérable du bassin
du Sous. Elle s’étend sur la rive droite du fleuve de Taroudant aux
Aït Iiggas, sur sa rive gauche de Tamast à Taroudant. Sur toute cette
longueur, la vaste plaine située entre le Grand Atlas d’une part,
le Petit Atlas de l’autre, lui appartient. Elle occupe la vallée
dans toute sa largeur, au lieu de ne comprendre, comme les Rḥala
et les Menâba, que les bords de l’ouad. Elle est gouvernée par
un chikh héréditaire, portant aujourd’hui le titre de qaïd ; il
se nomme Ould El Djeïdli ; sa résidence est Timdouin : c’est un
homme riche et puissant. Il y a quelques années, avant la soumission
du Ras el Ouad, ayant eu l’imprudence d’aller à Taroudant, il
y fut saisi et incarcéré par ordre du sultan : moyen de lui faire
donner une partie de ses richesses. Il demeura près de 6 ans en
prison, et ne fut relâché que sur les instances de Sidi Moḥammed
ou Bou Bekr, chef de la zaouïa de Tamegrout, lors d’un voyage que
ce saint personnage fit à Taroudant.

Le principal marché de la tribu est le Tenîn Timdouin. Trois
mellaḥs.

MENTAGA. — Tribu soumise au sultan, que gouverne, avec le titre de
qaïd, son chikh héréditaire, Ạli ou Malek. Il réside à Sidi
Mousa. Les Mentaga habitent sur les pentes du Grand Atlas. Une seule
rivière, à laquelle ils donnent leur nom, arrose leur territoire :
elle prend sa source à la crête même de la chaîne ; on ne peut
me dire où elle se jette. Deux marchés, le Tlâta et l’Arbạa
Mentaga.

=AFFLUENTS.= — L’Ouad Sous en a un grand nombre : voici les
principaux : l’Ouad Tazioukt, s’y jetant à Tasdṛemt ; l’Ouad
el Amdad, s’y jetant à Ida ou Qaïs ; l’Ouad Bou Srioul, s’y
jetant à Oulad Ḥasen ; l’Ouad Talkjount, s’y jetant à Igli. Il
reçoit tous ces cours d’eau sur sa rive droite.

OUAD TAZIOUKT. — Il sort du désert d’Iger n Znar, qui s’étend
entre son cours et le district d’Ouneïn. Il arrose successivement
les villages suivants :

Tagoulemt, Tanfit, Agersaf, Takemmou, Bou Maziṛ, Iḥouzin,
Tlemkaïa.

Leur ensemble forme le district de Tazioukt ; il dépend du qaïd
d’Aoulouz.

L’Ouad Tazioukt a de l’eau sur tout son cours et en toute saison.

  Distance :    de Tasdṛemt à Tagoulemt            3 heures.

                Largeur du désert d’Iger n Znar    3 heures.

OUAD EL AMDAD. — Dans son haut cours, on l’appelle souvent
Ouad Ouneïn. Il prend sa source aux crêtes du Grand Atlas ; en
descendant, il entre d’abord dans le district d’Ouneïn : il y
arrose un grand nombre de villages, dont les principaux sont :

Adouz, Irazin, Anzi, Taleouin.

De là il passe dans la tribu des Aït Semmeg ; il y arrose
successivement beaucoup de villages : les principaux sont :

Sidi ou Ạziz, Aït Bou Bekr (groupe de plusieurs villages),
Aouftout, Touloua.

Durant tout ce temps, il reste en montagne. Ensuite il débouche
en plaine par le kheneg d’Imi n ou Asif : il entre là dans la
vallée du Sous ; il y traverse, dans sa partie orientale, la tribu
des Talkjount ; puis il sert de limite pendant quelque temps entre
les Rḥala et les Menâba, et enfin il se jette dans l’Ouad Sous,
entre Ida ou Qaïs et Ạïn n Ougeïḍa.

A Imi n ou Asif se trouve un grand village avec marché, Khemîs Sidi
Moḥammed ou Iạqob.

L’Ouad el Amdad a de l’eau sur tout son cours et en toute saison.

  Distance : d’Aderdour à Ouneïn 1 jour.

Le district d’Ouneïn est fort peuplé ; il se compose non seulement
des villages arrosés par l’Ouad el Amdad, mais encore de plusieurs
autres à proximité : il est gouverné par un chikh. Ce district a
fait sa soumission en même temps que tout le Ras el Ouad : auparavant
le Genṭafi s’était efforcé à plusieurs reprises de le réduire
sous son autorité : il n’avait jamais pu y réussir. Un mellaḥ
dans l’Ouneïn.

Les Aït Semmeg sont une nombreuse tribu habitant les bords de l’Ouad
el Amdad et la région voisine : ils n’ont rien de commun avec
les Aït Semmeg de l’Ouad Zagmouzen. Ceux que nous trouvons ici
forment un des 6 ạmels du Ras el Ouad. Ils sont gouvernés par le
qaïd Ọmar ben Bacha, résidant à Aouftout. Un mellaḥ sur leur
territoire. Deux marchés : le Khemîs Sidi ou Ạziz et le Tenîn
Aït Bou Bekr.

Ce nom d’Aït Bou Bekr rappelle une triste histoire. En août 1880,
un jeune Autrichien, M. Joseph Ladeïn, quittait Merrâkech avec
l’intention de gagner Taroudant par l’Atlas : c’est une route
ordinairement sûre : il ne prit pas de travestissement, n’emmena
point d’escorte, se pensant assez protégé en se joignant à une
caravane. Un domestique israélite le suivait. Il remonta l’Ouad
Nfis, traversa l’Ouneïn, entra chez les Aït Semmeg : jusque-là
tout allait bien. Mais le malheureux ne devait pas dépasser les
Aït Bou Bekr : cheminant sur leur territoire, il arriva au village
d’Hierk, chez les Aït Ben Mançour, non loin de la zaouïa de Sidi
Bou Nega. Il voulut s’y arrêter quelques instants et demanda à
boire : on lui tendit un vase d’eau : au moment où il le portait
à ses lèvres, on se jeta sur lui et on l’égorgea. Dans la suite,
les Aït Ben Mançour furent, dit-on, condamnés à une forte amende
pour ce crime. Quel en avait été le mobile ? Ce n’était point
le vol : le voyageur n’avait que des effets de peu de valeur ;
rien dans son équipage ne dénotait qu’il fût riche. Tous ceux
qui me racontèrent le fait me dirent qu’on l’avait tué parce
qu’il était chrétien.

OUAD BOU SRIOUL. — Il prend sa source aux crêtes du Grand Atlas,
non loin de celle de l’Ouad el Genṭafi, auprès du Djebel
Aṛbar. Il passe d’abord dans diverses fractions, puis entre sur
le territoire des Gezoula : c’est une nombreuse tribu, restée
insoumise au sultan ; de là, la rivière débouche en plaine et
traverse successivement les terres des Talkjount et celles des Menâba.

L’Ouad Bou Srioul a toujours de l’eau dans son lit.

  Distance : d’Oulad Ḥasen au Djebel Aṛbar 1 jour.

OUAD TALKJOUNT. — Il prend sa source au Djebel Titouga ; puis il
entre chez les Ida ou Zeddaṛ, grande tribu soumise au makhzen :
de là il débouche en plaine, et traverse d’abord le territoire
des Talkjount, puis celui des Menâba.

L’Ouad Talkjount a de l’eau pendant la plus grande partie de
l’année.

  Distance : d’Igli au Djebel Titouga 1 jour.


                           4o. — ITINÉRAIRES.


1o _DE L’OUAD TIFNOUT AU TELOUET_. — Un chemin mène de l’un à
l’autre : on remonte l’Ouad Tifnout jusqu’auprès de sa source ;
de là, une côte douce conduit à un col et au bassin opposé. Point
de pentes raides ; route facile.

2o _DE TAZENAKHT AUX AIT OUBIAL_. — La distance est d’un jour de
marche. De Tazenakht, on remonte d’abord l’ouad du même nom, puis
l’Ouad Ta n Amelloul jusqu’à sa source. On franchit le désert
de Ta n Amelloul ; celui-ci s’étend entre les Aït Ouaṛrda et
les Aït Oubial ; on se trouve à cette dernière tribu dès qu’on
l’a traversé.

  Distances :    de Tazenakht à Imdṛeṛ               3 heures.

                 d’Imdṛeṛ au Khela Ta n Amelloul     3 heures.

                 Traversée du Khela Ta n Amelloul    1 h. 1/2.

3o _DE TAZENAKHT AUX AIT TEDRART_. — On gagne les Aït Oubial,
puis les Aït Ọtman ; là on laisse l’Ouad Zagmouzen à Outoura,
et on monte vers le nord dans les montagnes qui en forment le flanc
droit : elles s’appellent à ce point Djebel Ḥeddi et forment
un désert dangereux. On y chemine jusqu’aux Id ou Illoun : il y
a 2 heures entre leur territoire et Outoura. On traverse l’Ouad
Id ou Illoun ; on entre dans un nouveau désert, celui de Teddref :
après l’avoir franchi, on se trouve à l’Ouad Aït Tedrart. Une
heure entre les Id ou Illoun et Aglagal.

4o _DE TAZENAKHT AUX AIT TAMELDOU_. — Il y a deux chemins
principaux ; les voici :

I. — Gagner d’abord le territoire des Id ou Illoun, puis celui des
Aït Tedrart ; de là passer aux Aït Tameldou, qui n’en sont qu’à
1 heure de distance. On marche tout le temps en pleine montagne.

II. — De Tazenakht, on gagne les Ikhzama à Tesakoust (Ouad
Iriri). De là on va à Amasin (Ikhzama) et on remonte l’ouad de
ce nom jusqu’à sa source, au Tizi n Ougdour. On franchit ce col :
c’est un passage facile ; il forme la limite entre les bassins du
Dra et du Sous. De là on s’engage dans le désert d’Igisel,
où l’on marche durant 5 heures, jusqu’au village de Tittal,
le premier des Aït Tameldou.

5o _DE TAMAROUFT A TINFAT (SEKETANA)_. — On compte 1 jour de marche
entre ces deux points. On gagne le Khela Tasṛirt en passant par
Aït Mesri : on marche une demi-journée dans ce désert : on en sort
à Iṛri, sur l’Ouad Sidi Ḥaseïn. Iṛri n’est qu’à une
demi-heure de marche de Tinfat.

  Distance : de Tamarouft au Khela Tasṛirt 4 heures.

6o _D’IRIL N ORO AUX SEKETANA_. — On suit les rives de l’Ouad
Zagmouzen jusqu’à Iṛil Mechtiggil (Zagmouzen). Là on le quitte
et, marchant vers le sud, on s’engage dans le Petit Atlas. Au bout
d’une heure de marche, on atteint le territoire des Seketâna : on
passe d’abord à Tizgi, puis aussitôt après on trouve Tirikiou. De
là, si on veut se rendre chez les Seketâna proprement dits, on prend
à l’ouest ; si on veut gagner soit les Imadiden, soit les Imskal,
on se dirige vers l’est. Ces deux fractions sont en face l’une
de l’autre, du même côté et presque à même distance de Tirikiou.

  Distances :    d’Iṛil n Oro à Iṛil Mechtiggil    3/4 d’heure.

                 d’Iṛil Mechtiggil à Tirikiou      1 h. 1/4.

7o _DES AIT IAHIA (OUAD ZAGMOUZEN) A TATTA_. — Il y a un chemin
partant du territoire des Aït Iaḥia, remontant l’Ouad Aït Semmeg
jusqu’à sa source, puis gagnant Tatta.

8o _D’IRIL N ORO A MERRAKECH_. — On compte 5 jours et demi
de marche :

_1er jour._ — D’Iril n Oro à Tinmekkoul, en descendant l’Ouad
Zagmouzen.

_2e jour._ — On gagne Tlemkaïa sur l’Ouad Tazioukt ; on remonte
cette rivière jusqu’à Tanfit. Là on la quitte, et on s’engage
dans le désert d’Iger n Znar qui s’étend au delà de sa rive
droite. On y marche durant trois heures ; puis on atteint à Taleouin
(district d’Ouneïn) l’Ouad el Amdad : on le remonte jusqu’à
Adouz.

_3e jour._ — On quitte l’Ouad el Amdad à Adouz : on s’engage
dans une vaste plaine ; au bout de 3 heures, on atteint un groupe
formé de 2 villages : le premier est Tamsellount, le second
Tamdroust : ils comptent dans le district d’Ouneïn. En sortant de
Tamdroust, on entre dans le désert montagneux d’Ouichdan : côtes
raides, chemin parfois difficile : au milieu de ce désert est le col
où l’on franchit la crête supérieure du Grand Atlas. On chemine
dans le Khela Ouichdan jusqu’à la fin de la journée : le soir,
on parvient au village d’Alla où l’on s’arrête : on y entre
sur le territoire des Genṭafa. Alla est sur l’Ouad El Genṭafi,
qui, à quelques pas plus bas, s’unit à l’Ouad Agoundis. La
jonction de ces deux cours d’eau forme l’Ouad Nfis.

_4e jour._ — D’Alla on gagne, à très peu de distance, Dar El
Genṭafi, où se trouve le confluent des deux rivières. Dar El
Genṭafi, appelée aussi Tagentaft, est un gros village, résidence
du qaïd des Genṭafa. A partir de là, on descend le cours de
l’Ouad Nfis : jusqu’au soir, on ne cesse d’en longer les
bords. C’est une vallée très encaissée, ressemblant à celle
de l’Ouad Iounil : les flancs en sont des murailles à pic presque
partout infranchissables : on ne peut passer qu’au fond ; là, pas
un point désert : tout est couvert de cultures et de villages ; voici
les principaux de ceux qu’on traverse successivement : Imeṛraoun,
Takherri, Iḥenneïn, Targa Aït Iraṭ, Iger n Kouris, Toug el Khir,
Tigourramin, Talat n As, Imidel, Imgdal, Tagadirt el Bour, Ouirgan,
Imaṛiren. On passe la nuit à Imaṛiren. Là s’arrêtent le
territoire des Genṭafa et l’autorité de leur puissant qaïd.

_5e jour._ — On quitte l’Ouad Nfis, on gravit le flanc gauche de
sa vallée, et on sort de celle-ci. Au bout de 3 heures de marche,
on atteint un village, Asdṛem Kik : on entre là sur un nouveau
territoire, soumis au qaïd El Gergouri ; on passe ensuite à Agdour
Kik, Ouizil, Tigzit : ces quatre villages font partie de la fraction
de Kik, portion de la tribu où nous sommes. Au delà, on en traverse
encore deux du ressort d’El Gergouri, Agergour et Fres. A Fres
s’arrête son autorité et commence la juridiction du bacha de
Merrâkech. Jusqu’au soir, on continue à cheminer en rencontrant
de fréquents villages : les principaux sont Tala Moumen, Toukhribin,
Agadir Aït Teççaout, Akreïch. C’est dans ce dernier qu’on passe
la nuit. De toute la journée, on n’a pas aperçu une seule rivière
sur la route. (D’Asdṛem Kik à Agergour, 2 heures. — Agergour
et Fres se touchent. — De Fres à Tala Moumen, 1 heure. — De Tala
Moumen à Agadir, 1 heure. — D’Agadir à Akreïch, 2 heures.)

_6e jour._ — D’Akreïch à Merrâkech il n’y a que 4 heures
de marche : durant tout ce temps on est en plaine et sous bois :
cet espace entier est occupé par une forêt de grands arbres, lieu
désert et dangereux, d’ordinaire infesté de brigands.

9o _DE L’OUAD TIFNOUT A MERRAKECH_. — On gagne Dou Ougadir : de
là on remonte l’Ouad Izgrouzen jusqu’à sa source. Celle-ci se
trouve à la crête du Grand Atlas, au Tizi n Tamejjout. On franchit
la chaîne à ce col et on débouche dans la vallée de l’Ouad
Agoundis. On en descend le cours en traversant un grand nombre de
villages, dont voici les principaux : Tizi n Idikel, Tizi n Glouli,
Igisel, Iṛal n Ṛbar, Iberziz, Azgrouz, Agoundis, Taourbart, Dar
el Mrabṭin, Ijjoukak, Dar El Genṭafi. De là on suit la vallée
de l’Ouad Nfis : le reste de l’itinéraire est le même qu’à
l’article précédent.

Le cours de l’Ouad Agoundis est sous l’autorité de Qaïd El
Genṭafi. Ce personnage, dans la famille de qui le pouvoir est
héréditaire depuis de longues générations, est célèbre dans
tout le Maroc par ses immenses richesses : plusieurs légendes ont
cours sur leur origine : les uns disent qu’il existe une mine
d’or sous son château, d’autres prétendent qu’il a trouvé
la pierre philosophale. Pendant longtemps le Genṭafi a été
insoumis. Il y a quelques années, Moulei El Ḥasen résolut de
faire une expédition contre lui. Le Genṭafi n’osa résister ;
il préféra désarmer le sultan par des présents : à son approche,
il alla au-devant de lui, se faisant précéder par des cadeaux dont
voici l’énumération : 100 nègres, 100 négresses, 100 chevaux,
100 vaches avec leurs veaux, 100 chamelles avec leurs petits. Devant
de tels dons, Moulei El Ḥasen se tint pour satisfait. Il reçut
la soumission du chikh et lui laissa son pouvoir, en lui donnant le
titre de qaïd. Seulement il emmena deux de ses filles, dont il fit
ses épouses : le Genṭafi a ainsi l’honneur d’être beau-père
du sultan. Mais, de son côté, celui-ci a des otages précieux qui
lui répondent de la fidélité du puissant qaïd. Lorsque ce dernier
vient à Merrâkech, il y est fort bien reçu, mais il ne lui est
permis ni de voir ni d’entretenir ses filles.

10o _DE TINTAZART (TATTA) A MERRAKECH_. — Tintazart, Afra, Imi
n ou Aqqa (kheneg désert), Ti n Iargouten (qçar des Aït Ḥamid,
Chellaḥa vassaux des Aït Jellal) ; Aït el Ḥazen (tribu formée de
plusieurs villages situés sur la rivière du même nom ; versant nord
du Petit Atlas) ; Arbạa Ammeïn (village avec marché le mercredi ;
il fait partie d’Ammeïn, groupe de plusieurs villages situés sur
l’Ouad Aït Semmeg) ; Tizi n Sous (c’est le col dont nous avons
parlé plus haut, celui où se trouve la qoubba de Sidi Bou Reja) ;
Aoulouz ; on gravit la montagne d’Aougeddimt, et on gagne le village
de Taleouin ; on traverse l’Ouneïn ; de l’Ouneïn on entre dans
le désert, où l’on franchit le mont Ouichdan, très haut massif
dont le sommet est presque toujours couronné de neige. De là on
passe à l’Ouad Nfis : on le descend assez longtemps, puis on gagne
successivement Tagadirt el Bour, Kik, Ouizil, Akreïch, Merrâkech.

  Distances :  de Tintazart à Imi n ou Aqqa comme de Tintazart à Foum
               Meskoua.

               d’Imi n ou Aqqa à Talella comme de Tintazart à Foum
               Meskoua.

               de Talella aux Aït Ḥamid comme de Tintazart à Tiiggan.

               des Aït Ḥamid aux Aït el Ḥazen comme de Tintazart à
               l’Ouad Tatta (sur la route d’Aqqa).

               des Aït el Ḥazen à Arbạa Ammeïn comme de Tintazart à Foum
               Meskoua.

               d’Arbạa Ammeïn à Tizi n Sous comme de Tintazart à Foum
               Meskoua.

               de Tizi n Sous à Aoulouz comme de Tintazart à Foum
               Meskoua.

               d’Aoulouz à Taleouin comme de Tintazart à Aqqa.

               de Taleouin à Djebel Ouichdan comme de Tizi n Tzgert à
               l’Ouad Tatta (sur la route d’Aqqa).

               de Tagadirt el Bour à Kik comme de Tintazart à Aqqa.

               de Kik à Ouizil comme de Tintazart à Adis.

               d’Ouizil à Akreïch comme de Tintazart à Adis.

               d’Akreïch à Merrâkech comme de Tintazart à Foum Meskoua.




                                  IV.

                                 SAHEL.


                           =Tribu des Haha.=


Le pays des Ḥaḥa est merveilleux de fertilité et encore assez
riche, bien qu’après avoir été pressuré par Ould Bihi (le dernier
d’une famille de qaïds héréditaires qui a longtemps été à
la tête de la tribu), désolé par Anflous (serviteur d’Ould Bihi
qui usurpa le pouvoir après que ce dernier eut été empoisonné par
le sultan, et qui fut, lui aussi, pris par trahison et mis à mort),
il soit aujourd’hui horriblement opprimé par le makhzen. A chaque
pas, on voit des ruines, des maisons détruites, des tours à demi
renversées : ce sont les traces qu’a laissées la courte domination
d’Anflous. A chaque pas, on entend les plaintes des habitants sur les
déprédations des représentants actuels du sultan : un homme a-t-il
quelque bien, on le dépouille aussitôt. Aussi beaucoup de Ḥaḥa
(on dit Ḥaḥa en arabe, et Iḥaḥan en tamaziṛt) cherchent-ils
à obtenir la protection de consuls chrétiens de Mogador. Malgré
tant de maux, le pays est assez prospère : demeures nombreuses ;
beaux troupeaux ; vastes cultures. Mais le terrain labourable qui
reste inculte occupe une immense étendue : on pourrait ensemencer
une surface presque double de celle qu’on cultive.

Les Ḥaḥa se divisent en 12 fractions, auxquelles M. El Ḥasen,
depuis leur soumission récente (après avoir été longtemps
indépendants, ils viennent d’être en révolte durant plusieurs
années), a préposé 4 qaïds. Ces qaïds ont sous leurs ordres
des chikhs et des ạamels. Les chikhs sont ici les gouverneurs des
fractions : il y en a un pour chacune des douze ; les ạamels sont
chargés de percevoir les impôts pour le sultan : ils sont en plus
grand nombre.

Les 12 fractions sont :

Ida ou Gerṭ, Ikenafen, Ida ou Isaṛen, Ida ou Gelloul, Ida ou
Tromma, Aït Ạmer, Ida ou Ạïssi, Ida ou Zenzen, Ida ou Khelf,
Ida ou Bou Zia, Ida ou Mada.....[118].

Les quatre premières sont les plus importantes.

Les Ḥaḥa sont serviteurs de plusieurs marabouts : ils paient
des redevances aux Geraga et à Sidi Ạbd Allah d Aït Iaḥia :
nous avons dit que celui-ci était originaire d’Ez Zaouïa, à
Tisint. Quant aux Geraga, c’est une célèbre famille de religieux,
originaire du Chiadma, où elle a encore sa principale zaouïa,
entre Mogador et Safi.

La tribu des Ḥaḥa est sédentaire ; elle parle le tamaziṛt,
mais l’arabe y est assez répandu[119].

Pas de Juifs chez les Ḥaḥa en dehors des deux villes qui sont
sur leur territoire sans appartenir à leur tribu, Mogador et Agadir
Iṛir.


                          =District de Tidsi.=


Le district de Tidsi se compose de 3 grands villages : Tidsi (300
fusils), El Qaçba (200 fusils), Oumsedikht (700 fusils) ; ils sont à
peu de distance les uns des autres. Le Tidsi est gouverné par un seul
chikh, en même temps marabout ; il s’appelle Sidi El Ḥanafi. Le
Tidsi reconnaît le sultan, mais n’est point administré par lui :
les mkhaznis n’y entrent point, et il n’y a ni qaïd ni ạamel
nommé par Moulei El Ḥasen ; mais le chikh héréditaire, tout en
ne tenant son autorité que de son sang et de la volonté de ses
concitoyens, reconnaît le sultan et va chaque année apporter un
tribut à Taroudant.

Pas de Juifs. Un marché, d’une grande importance, le Khemîs Tidsi,
se tenant dans le village de Tidsi. Ce village est quelquefois appelé
Ez Zaouïa parce que c’est là qu’est la zaouïa, résidence du
chikh. Terrain fertile : blé, orge, maïs, lentilles, olives. Pas
de rivière ; le pays est arrosé par des sources. Il est en plaine,
au pied du versant septentrional du Petit Atlas. Les gens du Tidsi
sont Chellaḥa et parlent le tamaziṛt.

  Distances :   du Tidsi à Taroudant comme d’Aqqa Igiren à Trit.

                du Tidsi à Afikourahen comme d’Aqqa Igiren à Tatta.


                          =Tribu des Ilalen.=


Les Ilalen sont une nombreuse tribu tamaziṛt se divisant en 18
fractions, savoir :

_Ida ou Ska_ (450 fusils ; nous avons traversé leur territoire).

_Aït Touf el Azz_ (300 fusils ; nous avons traversé leur territoire).

_Isendalen_ (1600 fusils ; nous les avons laissés au sud).

_Aït Toufaout_ (1500 fusils ; nous les avons laissés au sud : nous
avons passé près de leurs frontières en sortant des Aït Touf
el Ạzz).

_Tazalart_ (200 fusils ; leur territoire contient de grandes mines de
cuivre. Les ouvriers, s’habillant de vêtements de cuir, descendent
l’extraire à 200 ou 300 coudées au-dessous de la surface du sol).

_Aït Ạbd Allah_ (1600 fusils ; nous les avons laissés au sud :
ils sont voisins des Aït Tazalaṛt).

_In Timmelt_ (2000 fusils ; nous les avons laissés au sud ; cette
fraction habite les bords de l’Ouad In Timmelt, affluent de l’Ouad
Oulṛass).

_Amzaourou_ (100 fusils).

_Tasdmit_ (200 fusils ; cette fraction est située, par rapport
à Afikourahen, au delà de celle d’Amzaourou et dans la même
direction).

_Aït Ouassou_ (600 fusils ; ils habitent les bords de l’Ouad
Ikhoullan, immédiatement au-dessus des Ikhoullan).

_Aït Ali_ (1200 fusils ; ils habitent sur l’Ouad Ikhoullan,
immédiatement au-dessus des Aït Ouassou).

_Ikhoullan_ (300 fusils. Nous avons traversé leur territoire).

_Mezdaggen_ (320 fusils. Sur l’Ouad Ikhoullan, immédiatement
au-dessous des Ikhoullan).

_Ida ou Ska_ (450 fusils. Cette seconde fraction d’Ida ou Ska est
sur l’Ouad Ikhoullan, immédiatement au-dessous des Mezdaggen).

_Afra_ (360 fusils. Nous avons traversé ce territoire).

_Tazgelt_ (1100 fusils. Nous avons traversé cette fraction).

_Ida ou Genadif_ (1700 fusils. Ils occupent la vallée de l’Ouad
Aït Mezal, immédiatement au-dessus des Aït Mezal).

_Irer_ (300 fusils. Fraction habitant sur l’Ouad Aït Mezal,
immédiatement au-dessus des Ida ou Genadif).

Les Ilalen ne reconnaissent point le sultan ; ils sont
indépendants. Chacune de leurs 18 fractions a son administration
séparée : point de chikhs héréditaires, si ce n’est dans une
seule fraction, les Aït Ạbd Allah : ceux-ci ont un chikh, Ḥadj
Ḥammou ; mais là même il y a plutôt un titre qu’un pouvoir,
Ḥadj Ḥammou ne fait que les volontés de la djemaạa. Chaque
fraction est gouvernée par sa djemaạa, qu’on appelle ici anfaliz :
cette assemblée se compose de délégués de toutes les familles
de la fraction ; chacune en envoie un : l’ensemble de ces chefs de
famille forme l’anfaliz, qui règle toutes les affaires du groupe.

Chaque fraction a au moins un agadir ; quelques-unes en ont deux
ou trois. L’agadir, village où chaque famille a sa chambre ou sa
maison renfermant ses grains, ses provisions de toute sorte, ses objets
précieux, est le magasin général de la fraction et son réduit en
temps de guerre. C’est aussi là que s’assemble l’anfaliz.

Pas de grande zaouïa chez les Ilalen. Mais chacune des 18 fractions
en possède une petite où elle entretient un ṭaleb : il est chargé
de faire les écrits dont on a besoin et d’enseigner à lire à ceux
qui voudraient apprendre. Il est pourvu aux frais de cette zaouïa
de la façon suivante : à l’entrée des grains dans l’agadir,
on en prélève la dîme, c’est-à-dire exactement un dixième ;
un tiers de cette dîme est donné à la zaouïa, les deux autres
sont distribués aux pauvres.

Les cultures se composent de beaucoup d’orge, d’un peu de blé
et de lentilles : mais la richesse des Ilalen est surtout dans leurs
amandes et leur huile d’argan. Pas de Juifs sur leur territoire. Les
marchés de la tribu sont :

Tlâta Aït Toufaout.

Arbạa Aït Ạbd Allah.

Khemîs Aït Ạli.

Tenîn Aït Touf el Ạzz.

Djemạa Ida ou Genadif.

Les rivières qui l’arrosent sont au nombre de trois : l’Ouad
Ikhoullan (affluent du Sous), l’Ouad Aït Mezal et l’Ouad In
Timmelt.

Comme nous l’avons vu de nos yeux, les diverses fractions des Ilalen
sont souvent en guerre entre elles.

Les Ilalen sont Chellaḥa et sédentaires : ils ne parlent que le
tamaziṛt ; très peu d’entre eux savent l’arabe.


               =Itinéraire d’Afikourahen au Tazeroualt.=


D’Afikourahen on gagne la fraction des Aït Mezal ; on la traverse,
et on entre dans celle des Aït Ilougaïm : c’est la première
journée. De là on franchit l’Ouad Oulṛass, et on arrive dans
la tribu de Zarar Ida Oultit ; on y passe la nuit dans un village,
le plus souvent dans celui de Bou el Ḥanna : c’est le deuxième
jour. De là on part de grand matin et on parvient le lendemain, de
bonne heure, après 3 jours 1/2 de marche, à la qoubba de Sidi Ḥamed
ou Mousa, c’est-à-dire à la zaouïa de Sidi El Ḥoseïn. On est
au cœur du Tazeroualt.

AIT ILOUGAIM. — Ils forment une fraction des Chtouka : ce sont donc
des Chellaḥa sédentaires parlant le tamaziṛt. Comme tous les
Chtouka, ils sont soumis au makhzen et sous la juridiction du qaïd
Ould Ben Dleïmi. Ils comprennent une centaine de villages. Pas
d’agadir (il n’y en a nulle part en blad el makhzen :
chacun y enfouit ses grains dans des silos, qu’on appelle ici
_maṭmora_). Pas de chikh général ni de djemaạa collective :
chaque village a soit son chikh local, soit sa djemaạa. Un marché,
le Tenîn Ilougaïm, à Tamaliḥt ; il forme un centre commercial
important. Dans le village de Tamaliḥt, il y a 80 familles juives,
les seules de la tribu.

Pas de rivière chez les Aït Ilougaïm. Mais non loin de là coule
l’Ouad Oulṛass, où ils ont de nombreux ḥeïouan (on donne
ce nom aux terres qu’on possède sur le territoire de tribus
étrangères). Les Aït Ilougaïm sont riches ; ils ont beaucoup
de chevaux. A partir des Aït Mezal, et jusqu’au Tazeroualt, les
tribus qu’on rencontre en possèdent un grand nombre : il n’y
en a au contraire à peu près point dans la portion du Petit Atlas
située à l’est des Chtouka.

Quand on vient des Ilalen, on passe d’habitude la nuit dans le
groupe des Aït Ilougaïm portant le nom d’Aït ou Adrim. De chez
eux on gagne les

AIT OULRASS. — Ils habitent les bords de l’Ouad Oulṛass. Fraction
importante des Chtouka, ils sont soumis au sultan et sous l’autorité
d’Ould Ben Dleïmi. Point de chikh ni de djemaạa : ils sont
en cela dans les mêmes conditions que les Aït Ilougaïm. Ils ont
environ 100 villages.

Pas de marché, ni de Juifs.

La vallée de l’Ouad Oulṛass est très riche : quelques palmiers,
mais ne donnant que de mauvaises dattes, arbres fruitiers et céréales
en abondance. L’Ouad Oulṛass se jette dans la mer, après avoir,
au-dessous des Aït Oulṛass, traversé la tribu de Massa, qu’on
appelle aussi Mast.

Des Aït Oulṛass, on entre dans la tribu de

ZARAR IDA OULTIT. — Grande tribu qui habite au sud des Aït
Oulṛass, au delà du flanc gauche de la vallée de l’Ouad
Oulṛass. Elle est blad el makhzen depuis l’expédition du sultan
dans le Sous et le Sahel, et appartient à la juridiction d’Is
Oublaṛ, qaïd des Ida ou Garsmouk : pas de chikh héréditaire ;
un anfaliz règle les affaires de la tribu. Les Zarar Ida Oultit sont
une tribu chleuḥa et sédentaire, parlant le tamaziṛt. Beaucoup
de qçars ; le principal est Ouizzân, qui se prononce aussi Ouzzân
et Oujjân. Nombreux chevaux. Point de rivière : des sources et
des citernes.

Un marché, très fréquenté, le tlâta d’Ouizzân. Un mellaḥ
dans la même localité.

De cette tribu, on passe dans celle des

IDA OU BAAQIL. — Grande tribu, autrefois libre comme la précédente,
nominalement soumise au sultan depuis l’expédition de 1882. Elle
a été placée, avec plusieurs autres, sous le qaïdat de Ḥadj
Ṭahar, fils de Sidi El Ḥoseïn, le marabout du Tazeroualt. Tribu
riche et puissante. Jadis elle faisait souvent la guerre à Sidi
El Ḥoseïn, qui ne l’apaisait qu’à prix d’argent. Les Ida
ou Baạqil sont Chellaḥa et sédentaires. Leur langue est le
tamaziṛt. Beaucoup de qçars et beaucoup de chevaux.

Point de marché ni de Juifs sur leur territoire. Celui-ci n’est
arrosé par aucune rivière.

De là on passe dans le district de

TAZEROUALT. — Le Tazeroualt est un grand district traversé par
l’Ouad Tazeroualt.

L’Ouad Tazeroualt vient du territoire des Aït Imejjat : de là
il entre dans le Tazeroualt ; il y arrose d’abord Agadir Sidi El
Ḥoseïn, puis Zaouïa Sidi Ḥamed ou Mousa (connue aussi sous le nom
de Zaouïa Sidi El Ḥoseïn et sous celui de Tallent Sidi Ḥachem),
enfin Iliṛ. Du Tazeroualt il passe chez les Aït Bou Ạmran,
où il reste jusqu’à son embouchure dans l’Océan. C’est,
disent les indigènes, à l’embouchure de cette rivière que des
chrétiens sont venus en 1882 vendre des grains et diverses denrées :
c’est, ajoutent-ils, en partie pour empêcher qu’ils ne reviennent
sur la côte et que pareil fait ne se renouvelle que le sultan est
venu aussitôt après dans le pays, qu’il en a obtenu la soumission
nominale et qu’il y a investi des qaïds. Il a même laissé chez
les Aït Bou Ạmran un camp de 1200 à 2000 soldats qui depuis lors
y sont en permanence.

Le Tazeroualt est riche et fait un grand commerce. Là se tient,
deux fois par an, l’une en mars et l’autre à la fin d’octobre,
la fameuse foire de Sidi Ḥamed ou Mousa, célèbre dans le Sahel,
dans le Sahara et dans le Sous, où l’on vient en foule de Mogador
et même de Merrâkech. Outre ces foires, les pareilles de celle
de Mrimima et de Souq el Mouloud, le Tazeroualt a un marché chaque
semaine, le ḥad d’Iliṛ. Il existe à Iliṛ un grand mellaḥ,
le seul du district.

Le Tazeroualt est depuis un temps immémorial gouverné par des
marabouts qui descendent de Sidi Ḥamed ou Mousa. Le chef de la
zaouïa et chikh du pays est en ce moment Sidi El Ḥoseïn ou
Ḥachem. Il a trois résidences principales : 1o _Iliṛ_, grand
et riche qçar, le plus important du Tazeroualt et l’un des plus
peuplés de tout le sud : là est son habitation principale, avec la
plupart de ses femmes et de ses négresses ; c’est sa demeure la plus
somptueuse et la plus agréable, celle où il vit habituellement ; il y
a une garde de 200 cavaliers nègres, ses esclaves. 2o _Ez Zaouïa_ ;
ainsi que l’indique ce nom, c’est le sanctuaire religieux de
la famille : là sont les qoubbas de Sidi Ḥachem, père de Sidi El
Ḥoseïn, de Sidi Ḥamed ou Mousa, son ancêtre, de tous ses aïeux ;
là habitent les marabouts de sa race, ses cousins, ses neveux. On
appelle aussi Ez Zaouïa de divers autres noms, Tallent Sidi Ḥachem,
Zaouïa Sidi Ḥamed ou Mousa, Zaouïa Sidi El Ḥoseïn. 3o _Agadir
Sidi El Ḥoseïn_ ; c’est une forteresse bâtie sur le roc au
sommet d’un mont escarpé. Sidi El Ḥoseïn y a entassé toutes
ses richesses, et a accumulé les défenses de tout genre pour les
protéger : l’agadir, situé à la frontière est du territoire,
est dans une position telle qu’on ne peut y monter que par un long
chemin en escalier, creusé dans le roc et faisant mille lacets ;
les murs de la forteresse sont d’une épaisseur extrême ; les
tours en sont garnies de canons ; elle est sans cesse gardée par une
forte garnison d’esclaves dévoués : c’est là que le marabout
s’était enfermé en 1882, à l’approche du sultan.

Ainsi que nous l’avons dit, l’ancêtre des puissants chefs du
Tazeroualt est Sidi Ḥamed ou Mousa : sa qoubba s’élève auprès
d’Ez Zaouïa. Ce n’était qu’un mendiant à qui Dieu, en
récompense de ses mérites, accorda ses grâces, grâces qui de son
vivant même se manifestèrent par de nombreux miracles. L’époque
à laquelle vivait ce saint est très reculée ; il laissa des
descendants à qui il légua la bénédiction divine, qui se
perpétua en eux jusqu’à ce jour. Mais s’il fut le fondateur de
leur grandeur religieuse, il ne fut point celui de leur puissance
temporelle. Celle-ci n’échut à sa maison qu’après plusieurs
générations : ce fut l’un de ses successeurs, Sidi Ạli Bou Dmia,
qui l’établit, à une époque elle-même très lointaine. Sidi Ạli
Bou Dmia, à la fois marabout et guerrier, étendit au loin le pouvoir
de la zaouïa de Tazeroualt et acquit une grande célébrité : les
ruines imposantes de son palais subsistent encore à peu de distance
de la zaouïa actuelle. Depuis sa mort, bien des générations
se sont succédé : la puissance de sa dynastie, tout en restant
considérable, a subi des phases diverses. Sidi Ḥachem, père du
marabout actuel, avait donné un grand éclat à sa maison. Brave et
guerrier, il avait marché sur les traces de Sidi Ạli Bou Dmia, et,
payant sans cesse de sa personne, n’avait pas tardé à se faire
un grand renom de valeur dans les régions environnantes. Grâce
à cette réputation, à l’admiration et à la crainte qu’il
inspirait, il était parvenu à grouper autour de lui toutes les
tribus du voisinage. Pendant sa vie, elles lui restèrent soumises,
moitié de gré, moitié de force. Cet édifice s’écroula en
partie à sa mort. Sidi El Ḥoseïn, son fils et son successeur,
âgé de 70 ans aujourd’hui, fut orphelin de bonne heure ; un
certain nombre de tribus en profitèrent pour s’émanciper : il ne
montra dans la suite aucune des qualités belliqueuses de son père ;
aussi n’est-il plus réellement maître que du Tazeroualt. Mais il
est très riche ; ses trésors sont immenses ; l’autorité que ne
lui a pas donnée son caractère, son or la lui procure quand il le
veut ; il arme à prix d’argent les tribus des environs et peut
ainsi réunir à son gré autour de lui tous les fusils du Sahel :
c’est ce qu’on lui a vu faire il y a quelques années. Aussi Sidi
El Ḥoseïn est-il aujourd’hui encore le plus grand pouvoir qui
existe de l’océan Atlantique au pays de Dra. Il peut mettre en armes
tout le Sahel, Chtouka compris, et se faire envoyer des contingents de
diverses tribus du bassin inférieur du Dra. Son influence religieuse
est considérable. Son nom est connu dans tout le Maroc, dont Sidi
Ḥamed ou Mousa est un des saints les plus vénérés. Une grande
partie des zaouïas du Sahel, du Sous et du Sahara, entre Sous et Dra,
appartient à des rameaux de la famille dont il est le chef. Par sa
célébrité, son influence religieuse, ses richesses, sa puissance,
l’étendue de son autorité, la zaouïa de Sidi Ḥamed ou Mousa peut
être comptée comme une des cinq grandes zaouïas du Maroc, allant
de pair avec celles d’Ouazzân, de Bou el Djạd, de Tamegrout,
du Metṛara (Sidi Moḥammed El Ạrabi el Derkaoui).

  Distances :  d’Agadir Sidi El Ḥoseïn à Ez Zaouïa comme d’Agadir Tisint
               à Ạïoun S. Ạbd Allah ou Mḥind.

               d’Ez Zaouïa à Iliṛ comme d’Agadir Tisint à Trit.


          =Campagne de Moulei El Hasen dans le Sous en 1882.=


Un événement considérable s’est passé récemment dans le
bas Sous et dans le Sahel : le sultan y a fait une expédition et
a reçu la soumission d’un grand nombre de tribus qui étaient
indépendantes depuis un temps immémorial. Ce fait est l’objet de
tous les entretiens dans le Sahara, dans le Sous et dans les contrées
voisines : voici le résumé de ce que j’ai entendu dire, aussi bien
à Tatta et à Mrimima que dans le Sous, le Sahel et chez les Ḥaḥa.

Au commencement de l’été de 1882, Moulei El Ḥasen traversa
l’Ouad Sous, auprès de son embouchure, à la tête d’une armée
puissante : il avait assemblé tous les contingents de son empire,
ceux des tribus de Fâs comme ceux des tribus de Merrâkech : tout ce
qu’il avait pu lever, il l’avait emmené : cette armée pouvait
être, au début de l’expédition, de 40000 hommes ; une fois
en marche, ce chiffre tomba assez vite par suite des nombreuses
désertions. Avec ces forces imposantes, le sultan s’avança
jusqu’aux limites du Tazeroualt : il s’y arrêta à une localité
du nom de Tiznit. Il convoqua alors tous les chikhs ou notables des
tribus voisines et en premier lieu les deux principaux personnages
du pays, Sidi El Ḥoseïn, chef du Tazeroualt, et El Ḥabib ould
Beïrouk, chikh du district d’Ouad Noun. Sidi El Ḥoseïn avait
des motifs graves de se défier du sultan : d’une part, il avait
toujours témoigné à Moulei El Ḥasen une hostilité extrême ;
de l’autre, il passait pour le seigneur le plus riche du Maroc : il
était fort probable que s’il se rendait à l’invitation du sultan,
celui-ci, le tenant entre ses mains, le mettrait à mort, autant
par rancune que par cupidité. Aussi, malgré les mille instances de
Moulei El Ḥasen, malgré les protestations d’amitié qu’il lui
prodigua, se garda-t-il de se rendre à sa convocation ; mais il se
fit représenter auprès de lui, pendant que de sa personne il allait
s’enfermer, à l’abri de ses canons, dans son agadir. Quant aux
autres chefs mandés, ils vinrent trouver le sultan. Celui-ci leur
tint ce langage : « Vous voyez les Chrétiens installés au sud
d’Ouad Noun ; d’autres veulent s’établir à Ifni, d’autres
ailleurs. Cela vous plaît-il ? Non, je veux le croire. Qui peut
l’empêcher ? Est-ce vous ? Vous n’en avez pas la force. Et-ce
moi ? A mes observations, ils répondent que le pays n’est point
sous mon autorité. Il n’y a qu’un moyen de s’opposer à
leurs empiétements : reconnaissez mon pouvoir : je vous promets
que non seulement il ne vous sera pas lourd, mais même il vous sera
profitable. Que les Chrétiens, quand ils viendront sur ces rivages,
ne trouvent que des sujets de Moulei El Ḥasen : il suffit ; vous
n’aurez plus rien à craindre de leur côté ; et pour ce qui est
de moi, vous ne serez pas longtemps sans éprouver les bienfaits
de mon alliance. » Il sortit de là l’arrangement suivant : tous
les chikhs présents reconnurent l’autorité du sultan ; celui-ci
les nomma qaïds dans leurs tribus ou leurs districts et les renvoya
avec des présents : il était sous-entendu que le pouvoir du sultan
ne serait que nominal, mais qu’il allait l’affirmer et en donner
une preuve visible aux yeux des Chrétiens en construisant une ville
au cœur de la région qui venait de se ranger sous ses lois.

La contrée qui fit ainsi, en été 1882, sa soumission à Moulei
El Ḥasen, est celle qui est comprise entre l’Ouad Sous au nord,
l’Océan à l’ouest, l’Ouad Dra au sud, les Aït ou Mrîbeṭ
au sud-est. Cette dernière tribu est restée indépendante : à
elle s’arrête le blad el makhzen. Mais il ne faut pas oublier
que ce blad el makhzen ne l’est que _bel kedeb_, « d’une façon
mensongère », comme disent les indigènes, et de nom seulement :
c’est une domination qui coûte beaucoup plus au sultan, en
cadeaux pour entretenir l’alliance, qu’elle ne lui rapporte en
impôts. Cette domination, Moulei El Ḥasen voulut, avons nous dit, en
donner une preuve en élevant une ville dans la contrée : il choisit
l’emplacement de Tiznit, où il avait campé, et convint avec les
chikhs des environs, désormais qaïds, qu’ils y construiraient
pour lui une ville dont il leur donnerait les plans : il paierait
leur travail. En effet, peu de jours après le départ de l’armée,
arrivèrent plans et architectes : on commença aussitôt : on se mit
à construire une cité avec ses mosquées, sa qaçba, son mellaḥ,
ses fondoqs ; on fit une vaste enceinte carrée avec des murs de cinq
largeurs de main d’épaisseur et avec 36 tours sur chaque côté. La
ville n’est pas éloignée de la mer : le sultan veut en faire une
sorte d’entrepôt où viennent commercer les Européens.

Des Chrétiens sont récemment venus par mer sur cette côte,
cherchant un lieu favorable à l’établissement d’un port. Ils
ont visité Aglou, Ifni et d’autres points. Ifni, dans la tribu des
Aït Bou Ạmran, a paru leur plaire. On ne sait pas autre chose de
leurs entreprises.

C’est la première fois que les contrées qui viennent de
reconnaître le sultan font acte de soumission ; mais ce n’est pas
la première fois que Moulei El Ḥasen a affaire à elles. Il y a
plusieurs années, du vivant de Sidi Moḥammed, Moulei El Ḥasen, son
fils aîné, fit une campagne de ce côté. Il s’avança jusqu’à
l’Ouad Oulṛass ; mais là il se trouva face à face avec Sidi El
Ḥoseïn ould Ḥachem qui lui barrait le passage à la tête d’une
armée : le marabout lui envoya un message, lui donnant trois jours
pour battre en retraite : au delà de ce délai, il l’y forcerait les
armes à la main. Moulei El Ḥasen, ne se trouvant pas en force, se
retira ; en partant, il répondit à la lettre de Sidi El Ḥoseïn :
« Vous m’avez donné trois jours pour me retirer ; je vous donne
trois ans pour vous soumettre. » Peu après, Sidi Moḥammed mourut
et Moulei El Ḥasen monta sur le trône : depuis ce temps, on se
disait chaque année dans le Tazeroualt et dans l’Ouad Noun :
« C’est cette année qu’il va venir. » Enfin il est venu en
1882. Dès que Sidi El Ḥoseïn eut connaissance de son approche,
il fit transporter tout ce qu’il avait de plus précieux dans son
agadir, y accumula des provisions énormes et s’y enferma avec sa
famille et son armée d’esclaves. Puis il envoya au-devant du sultan
un messager, chargé de présents et d’une lettre fort humble :
il priait Moulei El Ḥasen de lui pardonner, de le ménager ;
il n’était qu’un simple religieux, uniquement consacré à
Dieu, n’ayant ni le pouvoir ni la volonté de s’opposer à ses
desseins. Moulei El Ḥasen lui répondit qu’il suffisait qu’il
ait eu peur, qu’il ait déménagé à son approche et qu’il se
soit humilié ; à présent qu’il était soumis, il ne voyait plus
en lui qu’un marabout, descendant d’un saint, et en conséquence
il lui envoyait des cadeaux, hommage à son caractère sacré. En
même temps il l’engageait à venir auprès de lui. Nous avons vu
comment Sidi El Ḥoseïn eut la sagesse de ne pas se rendre à cette
invitation, quelques instances que fît dans la suite le sultan. Mais
s’il refusa de se présenter lui-même, il envoya à Moulei El
Ḥasen un de ses fils qui fut fort bien reçu.

Telle fut, selon les indigènes, cette campagne dans laquelle le
sultan reçut la soumission de la partie du Sahel dont nous avons
donné les limites plus haut et en même temps de la vallée de
l’Ouad Sous, depuis l’embouchure de ce fleuve jusqu’au haut du
Ras el Ouad. L’expédition fut de courte durée : le 6 juin 1882,
Moulei El Ḥasen passait avec son armée à proximité de Mogador ;
le 2 juillet, il arrivait chez les Massa, tribu habitant le bas cours
de l’Ouad Oulṛass et comptant environ 1500 maisons (le plus grand
village des Massa est Agoubalou, près de l’embouchure de la rivière
dans l’Océan) ; le 26 juillet, le sultan écrivait dans les villes
de son empire que la campagne était terminée et avait eu plein
succès : on célébra à cette occasion des réjouissances publiques.

Voici, pour un certain nombre de tribus du Sahel, comment le sultan
a réparti les qaïds :

  Ksima                     1 qaïd.

  Chtouka                   1 qaïd (Ould Ben Dleïmi).

  Assaka                    1 qaïd.

  Ouizzân                   1 qaïd.

  Aït Jerrar                1 qaïd.

  Ida ou Semlal             1 qaïd.

  Tazeroualt           }
                       }
  Ifran                }    réunis sous le qaïdat de Ḥadj Ṭahar ben Sidi
                       }    El Ḥoseïn.
  Tiznit (ville        }
  nouvelle).           }

  Assa                      1 qaïd.

  Aït Bou Ạmran             1 qaïd.

  Aglou                     1 qaïd.

  Aït Imejjat               1 qaïd.

  El Akhsas                 1 qaïd.

  Aït Brahim                1 qaïd.

  Aït Ạbd Allah             1 qaïd.

  Isbouïa                   1 qaïd.

  Tamanaṛt                  1 qaïd.

             {    Ida ou Leggan    }
             {                     }
             {    Aït Ḥerbil       }
             {                     }
             {    Aït Ouadaï       }
             {                     }
             {    Aït Illoul       }
  Id Brahim  {                     }    réunis sous le qaïdat de Ḥadj
             {                     }    Ḥamed el Manaṛi.
             {    Aït Mousa ou     }
             {    Daoud.           }
             {                     }
             {    Aït Bou Ạchra    }
             {                     }
             {    Aït Zkri         }
             {                     }
             {    Aït Bouhou       }

             {    Aït Ḥamed        }
             {                     }
             {    Aït Mesạoud      }
             {                     }
  Aït Bella  {    Aït Azouafid     }    1 qaïd.
             {                     }
             {    Aït Iasin        }
             {                     }
             {    Aït Bou          }
             {    Hioualat         }

             {    Aït Mousa ou     }
             {    Ạli              }
             {                     }
             {    Aït Cheggout     }
             {                     }
             {    Aït El Ḥasen     }
             {                     }
             {    Aït El Ḥaseïn    }
             {                     }
             {    Aït Chergouout   }
  Aït        {                     }    1 qaïd.
  Djemel.    {                     }
             {    Aït Mejjat       }
             {                     }
             {    Aït Tedrarin     }
             {                     }
             {    Oulad Bou Ạïṭa   }
             {                     }
             {    Oulad Izenqad    }
             {                     }
             {    Oulad Taoubbalt  }

  Ouad Noun                             1 qaïd.

Ainsi qu’on le voit, l’expédition de Moulei El Ḥasen dans
le Sous et le Sahel avait sans doute un double objet : l’un
d’affirmer aux yeux des Chrétiens sa suprématie sur ces contrées ;
l’autre de s’emparer de la personne de Sidi El Ḥoseïn, contre
qui il nourrissait une vieille rancune et de qui les trésors
lui offraient une riche proie. Les instances sans nombre qu’il
fit auprès du marabout pour l’attirer dans son camp prouvent le
prix qu’il attachait à sa capture. De ces deux buts, c’était,
je crois, le second que le sultan avait le plus à cœur. Il ne put
l’atteindre. Le premier au contraire fut rempli sans difficulté. Si
l’on s’étonne qu’un si grand nombre de tribus aient aisément
consenti à se soumettre, que ni elles ni Sidi El Ḥoseïn n’aient
tenté aucune résistance, on trouvera la principale cause de cette
conduite dans la famine épouvantable qui régnait alors en ces
régions. Le pays était affaibli ; chacun était obligé d’aller
chercher des vivres au loin ; on n’avait plus de bestiaux, plus de
provisions, on avait dû vendre les chevaux, enfin on était dans de
très mauvaises conditions pour faire la guerre. Il parut sage de
se soumettre, quitte à se révolter quand, l’abondance revenue,
on serait en état de lutter. On m’a assuré que c’était déjà
fait. Lors de mon voyage (hiver et printemps 1884), le pays était
encore en l’état où l’avait laissé le sultan. Mais il paraît
que, 5 ou 6 mois après, la récolte ayant été excellente et la
richesse régnant partout, on s’est soulevé de tous les côtés
à la fois et que la plus grande partie des tribus du Sahel, du Ras
el Ouad et même du bas Sous, les Chtouka entre autres, ont secoué
le joug.


                     =Notes diverses sur le Sahel.=


1o _DAR BEN DLEIMI_ est un grand village situé au bord de la mer,
à un jour de marche au sud d’Agadir Iṛir. Il se trouve sur le
territoire des Chtouka et est la résidence du qaïd de cette tribu,
Ould Ben Dleïmi.

2o _OUAD NOUN_ n’est ni le nom d’une rivière ni celui d’une
ville, mais celui d’un petit district formé de la réunion de
plusieurs qçars ; ceux-ci s’élèvent au milieu d’une plaine nue
et stérile ; autour d’eux, ni palmiers, ni jardins, ni labourages :
ils se dressent isolés dans l’areg. L’Ouad Noun a un chikh
héréditaire, El Ḥabib ould Beïrouk ; c’est un personnage peu
aimé, mais puissant et craint aux environs. Le sultan a nommé son
frère, Daḥman, qaïd du district.

3o _REGIBAT, OULAD DELEIM_. — Ce sont deux tribus nomades ayant
leurs campements dans le Sahel, au sud du Maroc, entre l’Ouad Noun
et l’Adrar. Leurs ṛezous écument le Sahara entre Timbouktou et
Tindouf et apparaissent parfois sur le cours inférieur du Dra.

4o _CHQARNA_. — Tribu nomade errant dans le Sahel, au sud du
Maroc. Elle comptait, il y a 20 ans, 500 ou 600 combattants montés à
chameau ; c’est à peine si elle en possède 200 aujourd’hui. Les
Chqarna n’ont point de chevaux, le chameau est leur seule monture.


[Note 118 : On n’a pu me dire le nom de la douzième fraction.]

[Note 119 : Une légende qui a cours dans le pays veut que les Haha
soient Arabes d’origine et que ce soit par leur long séjour au
milieu d’Imaziren qu’ils aient pris les mœurs et la langue de
ces derniers.]




                                   V

                         BASSIN DE L’OUAD ZIZ.


                            1o. — OUAD ZIZ.


L’Ouad Ziz prend sa source aux crêtes supérieures du Grand Atlas,
dans la grande fraction des Aït Ḥediddou. Il coule pendant quelque
temps sur leur territoire ; cette partie de son cours prend le nom
de district des Aït Ḥediddou ; des qçars nombreux sont sur ses
bords ; sa vallée est dominée par de hautes montagnes. En sortant
des Aït Ḥediddou, il reste désert un certain temps ; puis il
entre dans le district du Ziz. Le Ziz se compose de 25 à 30 qçars,
tous sur les rives du fleuve ; il appartient aux Aït Izdeg. Après
avoir arrosé le Ziz, l’ouad traverse un court passage désert et
entre dans le Gers. C’est un nouveau district ; il le traverse,
en baigne tous les qçars, et de là passe immédiatement dans le
Tiallalin. En sortant du Tiallalin, le fleuve se trouve de nouveau,
mais pour la dernière fois, dans le désert ; après y avoir coulé
pendant quelque temps, il s’engage dans le district d’El Kheneg,
où commencent les palmiers : à partir de là, il ne cesse d’en
avoir son cours ombragé, et il se déroule jusqu’au Tafilelt
entre deux rubans continus de dattiers et de qçars ; ses rives,
devenues un des endroits les plus riches du Maroc, s’appellent alors
successivement districts de Qçar es Souq, du Metṛara, de Reṭeb,
de Tizimi et du Tafilelt.

Nous allons examiner une partie de ces districts.

Nous nous occuperons ensuite des affluents de l’Ouad Ziz.


                   =I. — District des Aït Hediddou.=


C’est le premier qu’on rencontre sur le haut cours de l’Ouad
Ziz. Il se compose d’un certain nombre de qçars appartenant
aux Aït Ḥediddou et échelonnés sur les deux rives du fleuve :
ces qçars, avec quelques autres situés sur l’Ouad Sidi Ḥamza,
sont les seuls que possèdent les Aït Ḥediddou, fraction très
nombreuse des Aït Iafelman, mais composée surtout de nomades. En
voici l’énumération, dans l’ordre où on les trouve en descendant
l’ouad :

                             RIVE DROITE :

  Aït Bou Ouzellif (2 qçars).       50  fusils.

  Sountat.                         100

  Toulgdit.                         20

  Aït Ouazerf.                     100

  Aqdim.                           100

  Imtras.                          300

  Aït Ạmer.                         30

  Taberracht.                       60

  Aït Ạli ou Iqqo.                  50

  Tarribant.                        20

  Aït Ạmer.                         50

  Igli.                            200

                             RIVE GAUCHE :

  Imelouan                          50  fusils.

  Aït Ạmer                         150

  Aït Ạli ou Iqqo                   30

Igli, Aït Ạmer, Tarribant forment un groupe distinct, séparé
du reste du district par un long kheneg. La réunion de ces trois
qçars se nomme Aït Sạïd ou Ḥeddou. Les autres portent le nom
collectif de Qçour Asif Melloul : l’Ouad Ziz, au nord du kheneg,
s’appelle Asif Melloul.

Plus de qçar sur l’Asif Melloul au-dessus de ceux que nous venons
de nommer. Ce sont les plus hauts de l’Ouad Ziz.

Les Aït Ḥediddou, maîtres de ce pays, en sont les seuls
habitants. Ils sont indépendants. Point de relations avec le makhzen.

Langue tamaziṛt.

Deux marchés : tenîn et khemîs à Aqdim.

Pas de Juifs.

  Distances :  de Mezizelt à Igli comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït Ọtman.

               d’Aït Bou Ouzellif à Igli comme de Mellaḥ Tiallalin à
               Qçar es Souq.

               de Tarribant à Aït Ạli ou Iqqo comme de Mellaḥ Tiallalin
               à Tamerrakecht.

               Aït Ạli ou Iqqo (de la rive gauche) est en face de
               Taberracht.

               Imelouan est en face de Toulgdit.

               Il y a un espace désert entre Tarribant et Aït Ạli ou
               Iqqo ; les autres qçars sont les uns près des autres,
               unis par leurs cultures.


                              =II. — Ziz.=


Le district du Ziz se compose d’un certain nombre de qçars
échelonnés sur les deux rives de l’Ouad Ziz ; en voici
l’énumération, dans l’ordre où on les rencontre en descendant
le fleuve :

                             RIVE DROITE :

  Mezizelt.                                                  20  fusils.

  Zaouïa Sidi Bou Qil (2 qçars)                             500

  Tabia                        }
                               }    Tabia                   300
  El Ḥara                      }

  Aït Sạïd.

  Aït Zebbour.                                               20

  Aït Ḥammou el Ḥadj.                                        15

  Tirezdet.                                                  80

  Aït Mousa ou Ạli.                                          70

  Irezd (cherifs ; 3 qçars).                                150

  Aït el Ḥadj Sạïd.                                          10

  Aït Kharroub.                                               4

  Ibzazen                      }
                               }
  Aït Bou el Khial             } Aït Iaḥia ou Khalifa.      150
                               }
  Izouṛar                      }

  Rich.                                                      20

                             RIVE GAUCHE :

  Tamagourt.                                                100  fusils.

  Gafaï.                                                    100

  Tasiset.                                                   18

  Tabarkaït.                                                 25

  Ou Allal.                                                  60

  Izebban.                                                   15

  Izebban.                                                   80

  Tagersift.                                                100

Le pays de Ziz appartient aux Aït Izdeg et n’est habité que par
eux. Les Aït Izdeg sont une fraction des Aït Iafelman. Ils sont
indépendants.

Langue tamaziṛt.

Deux marchés : tenîn et khemîs à Zaouïa Sidi Bou Qil.

Pas de Juifs.

  Distances :  de Tiṛilasin à Rich comme de Souq Tiallalin à Mellaḥ
               Tiallalin.

               de Rich à Mezizelt comme de Tamerrakecht à Mellaḥ
               Tiallalin.

               de Tamagourt à Igli (Aït Ḥediddou) comme d’Aït Ọtman à
               Mellaḥ Tiallalin.

               Désert entre Tamagourt et Igli.

               Pas de désert entre Rich et Mezizelt, sur les rives de
               l’ouad.

               Tamagourt est en face de Mezizelt.

               Tagersift est en face d’Aït Iaḥia ou Khalifa.


                             =III. — Gers.=


Le district du Gers se compose d’un certain nombre de qçars situés
sur les bords de l’Ouad Ziz et tous sur sa rive droite : en face
d’eux, la rive gauche est déserte. Voici les noms des qçars du
Gers, dans l’ordre où on les trouve en descendant l’Ouad Ziz :

                             RIVE DROITE :

  Tiṛilasin Qedîm     }                    15  fusils.
                      }    Tiṛilasin
  Aït Tikkert         }                    40

  Kherzouza.                               40

  Qcîra Aït Ạouda.                         25

  Amalou.                                  60

  El Ḥaïn.                                150

  Aït El Feqih.                            50

  Qcîra Alibou (Alibou est le chikh el
  ạam de toute la fraction des Aït
  Izdeg, cette année).                     20

  Cedouqa.                                 30

De plus, entre Amalou et El Ḥaïn, on voit les ruines de Douar,
grand qçar détruit.

Le district du Gers appartient aux Aït Izdeg. La population y est
un mélange d’Aït Izdeg et de Qebala[120].

Langue tamaziṛt.

Point de marché.

Pas de Juifs. Mellaḥ ruiné à Douar.

  Distances :  Cedouqa est en face d’Aït Khozman, sur la rive opposée de
               l’ouad.

               de Cedouqa à Aït Tikkert comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït
               Çaleḥ.


                           =IV. — Tiallalin.=


Le Tiallalin se compose d’un certain nombre de qçars échelonnés
sur les deux rives de l’Ouad Ziz. En voici l’énumération,
dans l’ordre où on les trouve en descendant le fleuve :

                             RIVE DROITE :

  Kerrando.                                             50  fusils.

  Qcîra el Ihoud (appelée aussi Mellaḥ Tiallalin).

  Iserdan.                                              30

  Bousam.                                               20

  Tadaout.                                              20

  Qcîra Aït Aḥa.                                        10

  Aït ou Alil.                                          50

  Aït Ḥaḥou.                                            15

  Aït Ạmer.                                              4

  Aït Çaleḥ.                                            30

                             RIVE GAUCHE :

  Aït Khozman.                                          40  fusils.

  Aït Ḥeqqou.                                           20

  Aït ou Isaden.                                        20

  Aït ou Innou.                                         20

  Aït Zaïa.                                             15

  Bou Idiren.                                           60

  Qcîr Cherif.                                          15

  Qcîr Sidi Ọmar.                                       50

  Izabouben.                                            10

  Aït Iaḥia ou Khalifa.                                 10

  Aït Brahim.                                           10

  Aït Attou.                                            30

  El Qçar el Kebir.                                     20

  Tamdafelt.                                            12

  Taouaḥit.                                             80

  Imazan.                                               60

  Tamazount.                                            15

  Izerraḥen.                                            15

  Isaffen.                                               6

  Aït Iaḥia.                                            50

  Timṛirt.                                              12

  Imri.                                                 30

Le Tiallalin appartient aux Aït Izdeg et n’est peuplé que
d’eux. Chez les Aït Izdeg, chaque district, pour les sédentaires,
chaque campement, pour les nomades, se gouverne à sa fantaisie, sans
chikh, ni à l’année, ni autre : quelquefois on en nomme, mais pour
quelques mois, pour la durée d’une guerre par exemple. Ces jours-ci,
on en a élu ; voici pourquoi : le sultan a prié les Aït Izdeg de
lui envoyer leurs chikhs : après délibération, ils y ont consenti,
en ont nommé et les lui ont envoyés. Mais ils ne dépendent point de
Moulei El Ḥasen ; ils ne lui paient rien et n’ont, disent-ils,
que de la poudre à lui donner. S’ils n’ont pas de chikhs
permanents dans leurs diverses subdivisions, ils en ont toujours un
pour l’ensemble des Aït Izdeg : c’est un chikh el ạam, qui
est nommé chaque année par l’assemblée des diverses djemaạas.

Langue tamaziṛt.

Trois marchés à Aït ou Alil, le ḥad, le tlâta, le khemîs.

Un mellaḥ.

  Distances : Qcîr Sidi Ọmar est juste en face de Qcîra el Ihoud.


                           =V. — El Kheneg.=


On appelle de ce nom le district formé par les qçars échelonnés
sur les deux rives de l’Ouad Ziz dans le long défilé qu’il
traverse entre Foum Jabel et Foum Ṛiour. Voici les noms de ces
qçars, dans l’ordre où on les rencontre en descendant le fleuve :

                             RIVE DROITE :

  Asbarou.                             20  fusils.

  Aït Ọtman.                          200

  Qcîra el Mehenni.                    30

  Oul Itgir.                           60

  Serṛin.                              40

  Cheba.                               20

                             RIVE GAUCHE :

  Tamerrakecht (3 petits qçars).       40  fusils

  Ifri (3 petits qçars).               40

  Aït Isfa ou Daoud.                   30

  Amzou.                              300

  Ingbi.                               30

  Tingbit.                             40

  Beni Iffous.                         50

  Aït Moulei Moḥammed.                100

  Timzourin (2 qçars).                 40

El Kheneg appartient aux Aït Izdeg et n’est peuplé que d’eux.

Langue tamaziṛt.

Pas de marché.

Pas de Juifs.


                         =VI. — Qçar es Souq.=


Le district du Qçar es Souq se compose d’un certain nombre
de qçars échelonnés sur les rives de l’Ouad Ziz ; en voici
l’énumération, dans l’ordre où on les trouve en descendant
le fleuve.

                             RIVE DROITE :

  Tazouqa.                                                  200  fusils.

  Tagnit.                                                    40

  Qçar es Souq (composée de 5 qçars : Mouskellal, Qcîba     300
  Aït Moḥa ou Ạli, El Ḥaraṭîn, Agaouz, Azrou ; ils
  forment un cercle au milieu duquel sont le marché et
  le mellaḥ).

  Tisgedlt.                                                 100

  Taṛzout (2 qçars).                                        100

  Azemmour.                                                 150

  Targa (2 qçars).                                          150

                             RIVE GAUCHE :

  Tiṛiourin.                                                150  fusils.

  Beni Ouaṛaïn (3 qçars).                                   100

  Er Raḥba.                                                  60

  Qçar Djedid Aït Ḥammou (3 qçars).                          60

Le Qçar es Souq est peuplé d’Aït Izdeg et de cherifs. Ceux-ci
sont indépendants des premiers. Point de djemaạa ni de chikh
pour l’ensemble du district. Chaque qçar a sa djemaạa et son
gouvernement à part ; ils ne s’unissent entre eux qu’en cas
de guerre.

Langue tamaziṛt.

Un marché, à Qçar es Souq.

Un mellaḥ.

  Distances :  de Mellaḥ Qçar es Souq à Targa comme de Mellaḥ Tiallalin
               à Aït Çaleḥ.

               Qçar Djedid Aït Ḥammou est en face de Taṛzout.

               Tiṛiourin est en face de Tazouqa.


                           =VII. — Metrara.=


Le district se compose d’un certain nombre de qçars échelonnés sur
les bords de l’Ouad Ziz. En voici l’énumération, dans l’ordre
où on les rencontre en descendant le cours du fleuve :

                             RIVE DROITE :

  Tisgedlt.                      40  fusils.

  Beni Meḥelli.                 100

  Asrir.                        200

  Mediouna.                      20

  El Ḥibous.                    400

  Qaçba Qedîma.                 400

                             RIVE GAUCHE :

  Oulad el Ḥadj.                300  fusils.

  Qçar Dekhlani.                150

  El Ṛrouch.                     40

  Qçar Djedid.                  100

  Zaouïa Moulei Ạbd Allah.       20

  Qçar Berrani.                 100

  Taourirt.                     100

  Sidi Bou Ạbd Allah.           300

  Ṭitaf.                        200

  Qaçba Djedida.                200

  Beni Mousi.                   300

  Geri Ourgaz.                    4

  Gaouz.                        100

  Tazenagt.                     400

Le Metṛara n’est habité que par des cherifs et des Qebala :
les premiers sont les plus nombreux et ont la prépondérance. Ils
sont seuls maîtres du pays. Ils sont libres, n’obéissent pas au
sultan et ne sont sous la dépendance d’aucune tribu : ni Berâber
ni autres n’ont droit de parler dans le Metṛara. Cherifs et
Qebala sont mélangés dans les divers qçars. Point de chikh ni de
djemaạa administrant l’ensemble du district. Chaque qçar a son
existence isolée, se gouverne au moyen de sa djemaạa et ne s’unit
à d’autres qu’en cas de guerre.

On ne parle que l’arabe.

Quatre marchés : tenîn et khemîs à Qaçba Qedîma ; tenîn et
khemîs à Sidi Bou Ạbd Allah.

Pas de Juifs.

Un homme est tout-puissant dans le Metṛara et a en sa main tout
le district, c’est Chikh Moḥammed El Ạrabi el Derkaoui. Ce
chef religieux, qui réside à Gaouz, est extrêmement influent :
chaque année, le sultan lui envoie sa part de dîme ; il y a deux
ans, il lui a expédié 40 qanṭars (le _qanṭar_ vaut ici 1250
francs). Sidi Moḥammed El Ạrabi avait, à la fin de 1881, appelé
les Berâber à la guerre sainte contre les Français ; mais peu après
il les contremanda. Son pouvoir est énorme sur tous les Berâber,
Aït Atta comme Aït Iafelman. D’un mot, il peut les armer. Par le
nombre et la valeur guerrière de ces tribus, tout à sa dévotion,
il est un des cinq chefs religieux les plus puissants du Maroc. Il
compte au même rang que Moulei Ạbd es Selam el Ouazzâni, Sidi
Ben Daoud, Sidi Moḥammed ou Bou Bekr et Sidi El Ḥoseïn.

  Distances : point de désert entre le Qçar es Souq et le Metṛara.

              d’Oulad el Ḥadj à Tazenagt comme de Mellaḥ Tiallalin à
              Tamerrakecht.

              de Qçar Djedid Aït Ḥammou à Oulad el Ḥadj comme de Mellaḥ
              Tiallalin à Aït Çaleḥ.

              de Tisgedlt à Targa comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït Çaleḥ.

              Beni Mousi est en face de Qaçba Qedîma.


                    =VIII. — Districts inférieurs.=


Les trois districts les plus bas de l’Ouad Ziz se composent chacun,
comme les précédents, d’une double ligne de qçars échelonnés
sur les deux rives du fleuve.

Le Reṭeb comprend 30 ou 40 qçars : population mélangée, cherifs,
marabouts, Qebala. Langue arabe. Un mellaḥ.

Le Tizimi se compose de 30 à 40 qçars. Deux mellaḥs.

Le Tafilelt, d’environ 360 qçars. Cinq mellaḥs.


                    =IX. — Affluents de l’Ouad Ziz.=


L’Ouad Ziz reçoit divers affluents ; voici quelques-uns d’entre
eux :

1o L’Ouad Aït Iaḥia, se jetant sur sa rive gauche à Igli
(Aït Ḥediddou).

2o L’Ouad Zaouïa Sidi Ḥamza, se jetant sur sa rive gauche à
Tagersift (district du Ziz).

3o L’Ouad Todṛa, se jetant sur sa rive droite au-dessous du
Reṭeb, dans un des districts de son cours inférieur.

1o OUAD AIT IAHIA. — Il prend sa source dans le Grand Atlas
et se jette sur la rive gauche de l’Ouad Ziz à Igli (Aït
Ḥediddou). Voici les qçars que l’on rencontre sur son cours,
en le descendant :

                             RIVE GAUCHE :

  Tazarin.            90  fusils.

  Izloufa.            20

  Tabouạrbit.         50

  Anfergal.          150

  El Bordj.           10

Ces qçars appartiennent aux Aït Iaḥia, fraction des Aït
Iafelman. Les Aït Iahia sont très nombreux, mais presque
tous nomades ; ils ne possèdent pas d’autres qçars que les
5 précédents. Ils sont indépendants et passent pour grands
pillards. Leurs quelques qçars n’ont point de chikh spécial.

Langue tamaziṛt.

Ni marché, ni Juifs.

  Distances :  d’El Bordj à Igli comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït ou
               Alil.

               d’El Bordj à Tazarin comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït
               Çaleḥ.

               Point de désert entre ces deux derniers points.

2o OUAD SIDI HAMZA. — Il prend sa source au Djebel El Ạïachi et
se jette sur la rive gauche de l’Ouad Ziz à Tagersift (Ziz). Voici
les qçars qu’il arrose, dans l’ordre où on les trouve en le
descendant :

                             RIVE DROITE :

  Tazrouft (marabouts).                    200  fusils

  Zaouïa Sidi Ḥamza (marabouts).           300

  Aït ou Allou (2 qçars) (Aït Izdeg).      100

  Aït Iạqob (Aït Ḥediddou).                600

  Tanṛerift (Ait Ḥediddou).                 50

  Toullist (4 qçars) (Aït Izdeg).          200

Langue tamaziṛt.

Pas de marché.

Deux Juifs à Zaouïa Sidi Ḥamza.

  Distances :  de Tagersift à Tanṛerift comme de Mellaḥ Tiallalin à Qçar
               es Souq.

               Défilé désert assez long entre ces deux points, appelé
               Kheneg Tarq.

               de Tanṛerift à Aït Iạqob comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït
               ou Alil.

               Désert entre ces deux points.

               d’Aït Iạqob à Aït ou Allou comme de Mellaḥ Tiallalin à
               Qçar es Souq.

               Désert entre ces deux points.

               d’Aït ou Allou à Zaouïa Sidi Ḥamza comme de Mellaḥ
               Tiallalin à Aït Ọtman.

               Désert entre ces deux points.

               de Zaouïa Sidi Ḥamza à Tazrouft comme de Mellaḥ Tiallalin
               à Aït ou Alil.

               Désert entre ces deux points.

               de Toullist à Tagersift comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït
               ou Alil.

L’Ouad Zaouïa Sidi Ḥamza reçoit un affluent, l’Ouad Nezala,
se jetant sur sa rive gauche à Toullist.

=Ouad Nezala.= — Il prend sa source au Djebel El Ạbbari ; voici
les qçars qui se trouvent sur son cours, dans l’ordre où on les
trouve en le descendant :

  Ibabaḥen                rive droite,       6  fusils.

  Ạbbari                  rive gauche,      40

  Qcîra ou Ba El Ḥasen    rive gauche,      20

  Bou Seroual             rive droite,      20

  Nezala                  rive droite,      20

  Tiffitra                rive droite,       8

  Semlal                  rive gauche,      10

  Tazalaṛt                rive gauche,      30

Tous ces qçars appartiennent aux Aït Izdeg.

Langue tamaziṛt.

Ni marché, ni Juifs.

  Distances :  de Toullist à Tazalaṛt comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït
               Çaleḥ.

               Désert entre ces deux points.

               de Tazalaṛt à Semlal comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït
               Çaleḥ.

               Désert entre ces deux points.

               de Semlal à Tiffitra comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït ou
               Alil.

               Désert entre ces deux points.

               de Tiffitra à Nezala comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït
               Ọtman.

               Désert Taqqat Nezala entre ces deux points.

               de Nezala à Ibabaḥen comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït ou
               Alil.

3o OUAD TODRA. — L’Ouad Todṛa, d’une grande importance, et
par lui-même, et par son affluent l’Ouad Ṛeris, fera l’objet
d’un article spécial.


                           2o. — OUAD TODRA.


                            =I. Ouad Todra.=


L’Ouad Todṛa prend sa source à peu de distance de l’oasis
du Todṛa, dans les hauts massifs qu’on en aperçoit vers le
nord-ouest. Le mont d’où il sort s’appelle Aqqa Tizgi ; c’est
une muraille rocheuse du pied de laquelle jaillissent des sources
abondantes qui forment l’Ouad Todṛa. De là il va arroser la
longue bande du Todṛa, où il a toujours de l’eau, été et
hiver. Au sortir de cette oasis, le lit s’en dessèche et les
bords en deviennent déserts jusqu’au Ferkla. Il arrose le Ferkla,
puis rentre dans le désert : du point où il sort du Ferkla à celui
où il se jette dans le Ziz, on ne trouve plus sur ses rives aucune
grande oasis, mais seulement de loin en loin quelque qçar isolé
entouré de dattiers, simple tache dans la plaine. Dans la portion
inférieure de son cours, il porte souvent le nom d’Ouad Ferkla.

Nous allons étudier successivement le Todṛa, le Ferkla et les
qçars au-dessous de Ferkla.

1o _TODRA_. — L’oasis du Todra se compose de deux parties :
d’abord le Todṛa proprement dit, formé des qçars appartenant à
la tribu chleuḥa des Todṛa, en second lieu une série de qçars
appartenant aux Berâber. Tous sont sur le cours même de l’Ouad
Todṛa, ceux-ci au-dessous des premiers. Une longue bande de palmiers,
courant sans interruption sur les bords de la rivière, enveloppe les
uns et les autres ; aucune frontière apparente n’existe entre ceux
des Todṛa et ceux des Berâber.

TODRA PROPREMENT DIT. — Voici les noms des qçars qui le composent,
dans l’ordre où on les rencontre en descendant l’Ouad Todṛa :

  Aït Baḥa                   }                 rive          20  fusils.
                             }                 gauche,
                             }
  Aït Ousal (Zaouïa Sidi     } Tizgi           rive         120
  Ạbd el Ạli)                }                 droite,
                             }
  Tabia                      }                 rive          30
                             }                 gauche,

  Aït Ạchcha                                   rive          25
                                               droite,

  Aït Sidi ou Brahim                           rive         100
                                               gauche,

  Aït Zakri                  }                 rive      }
                             }                 gauche,   }
                             }                           }
  Aït Segmounni              }                 rive      }
                             }                 gauche,   }
                             }                           }
  Aït Ismen                  }                 rive      }
                             }                 gauche,   }
                             } Aït Senan                 }  300
  Aït Çaïb ou Ọtman          }                 rive      }
                             }                 gauche,   }
                             }                           }
  Iḥedzamen                  }                 rive      }
                             }                 gauche,   }
                             }                           }
  Zaouïa Iḥedzamen           }                 rive      }
                             }                 gauche,   }

  Aït Ạriṭan                                   rive         100
                                               droite,

  Aït Ijjou                                    rive          15
                                               droite,

  Aït Barra                                    rive          40
                                               droite,

  Aït Ouzana                                   rive         100
                                               droite,

  Asfalou                                      rive          50
                                               gauche,

  Aït Zilal                                    rive          30
                                               gauche,

  Tagounsa                                     rive          35
                                               gauche,

  Aït Bou Oujjan                               rive         120
                                               gauche,

  Ismarin                                      rive          40
                                               droite,

  Tikoutar                                     rive         100
                                               gauche,

  Tiidrin                                      rive          80
                                               gauche,

  Taourirt                                     rive         150
                                               droite,

  Aït Ourjedal                                 rive          40
                                               droite,

  Afanour                                      rive         200
                                               gauche,

  Tiṛremt                                      rive          50
                                               droite,

  Tinṛir                                       rive         200
                                               droite,

  Imousas                                      rive          30
                                               gauche,

  Ilougan (Zaouïa Oulad                        rive          30
  Sidi Ḥamed Ben Ạbd eç                        gauche,
  Çadoq)

  Ḥelloul                                      rive          70
                                               gauche,

  Tamasint                                     rive          50
                                               gauche,

  Aït b Oulman                                 rive          25
                                               droite,

  Azrou                                        rive          25
                                               droite,

  Tagoummast                                   sur les      200
                                               deux
                                               rives,

  Ifri                                         rive          20
                                               gauche,

  Aït El Ḥasen ou Ạli                          rive          30
                                               droite,

  Aït El Qaṭi                                  rive          20
                                               droite,

  Iạdouan                                      rive          60
                                               droite,

  Aït Iaḥia                                    rive          10
                                               droite,

  Aït Moḥammed                                 rive         150
                                               gauche,

  Aït Iạla                                     rive          50
                                               droite,

  Ikhba                      }
                             }
  Aït Bou Iaḥia              } Amzaourou       rive         200
                             }                 gauche,
                             }
  Aït Ḥammi                  }

  Ḥara Imziouan              }
                             } El Ḥara         rive         600
                             }                 droite,
  Ḥara Mrabṭin (Zaouïa       }
  Sidi el Ḥadj Ạmer)         }

Les qçars que nous venons d’énumérer composent toute la tribu
des Todṛa. Les Todṛa sont Chellaḥa ; ils se subdivisent en deux
fractions, Aït Çaleḥ et Aït Genad : tel qçar appartient à telle
fraction ; dans certains, les deux fractions sont mélangées. Chaque
qçar a son gouvernement à part et vit isolé des autres, ne s’en
rapprochant qu’en cas de guerre ; leur organisation à tous est
identique : ils se nomment chacun un chikh el ạam tous les premiers
de l’an. En temps ordinaire, aucun lien entre les différents
qçars : on ne se concerte, on ne se réunit que s’il y a guerre. Les
Todṛa sont indépendants. Ils n’ont de debiḥa sur personne,
pas même sur leurs puissants voisins les Berâber. Leur nombre et
surtout leur caractère belliqueux ont sauvé leur indépendance.

Les Todṛa ont un qaḍi, Sidi Ḥamed d Aït Sidi Ạïssa,
habitant Tinṛir.

Langue tamaziṛt.

Deux marchés, tenîn et khemîs de Tinṛir.

Quatre mellaḥs.

  Distances :  de Tinṛir à El Ḥara comme de Tinṛir à Tizgi, ou quelques
               centaines de mètres de plus.

               de Taourirt à Asfalou 2 fois 1/2 comme de Taourirt à
               Tinṛir.

               d’Asfalou à Tizgi 4 fois comme de Taourirt à Tinṛir.

De Tizgi à El Ḥara, tout l’ouad n’est que cultures et dattiers
(bou feggouç et bou souaïr) ; pas de désert.

QÇARS DES BERABER FAISANT PARTIE DE L’OASIS. — Voici leur
énumération, dans l’ordre où on les rencontre en descendant
l’ouad ; ils font suite immédiatement aux précédents :

  Taria Ilemsan                                  rive         40  fusils
                                                 droite,

  Tiṛremt Aït b ou Iknifen                       rive         20
                                                 droite,

  Ignaouen                                       rive         50
                                                 droite,

  Tiṛremt Aït Iạzza                              rive         50
                                                 gauche,

  Aït el Miskin (zaouïa)                         rive         30
                                                 gauche,

  Tiṛrematin Aït Aïssa ou Brahim (2 qçars :      rive        100
  Tiṛremt Fouqania, Tiṛremt Taḥtania)            gauche,

  Tachbacht Aït Isfoul                           rive         50
                                                 gauche,

Ces qçars, bien que se touchant, sont indépendants les uns des
autres ; ils appartiennent, l’un à telle fraction des Berâber,
l’autre à telle autre, et suivent le sort de leurs propriétaires.

  Distances :  de El Ḥara à Taria Ilemsan comme de Taourirt à Asfalou.

               de Taria à Tiṛremt Aït b ou Iknifen comme de Taourirt à
               Asfalou.

               de Tiṛremt Aït b ou Iknifen à Ignaouen comme de Taourirt
               à Asfalou.

               de Tiṛremt Aït Iạzza à T. Aït Aïssa ou Brahim comme de
               Taourirt à Tinṛir.

               de T. Aït Aïssa ou Brahim à Tachbacht Aït Isfoul comme de
               Taourirt à Asfalou.

               Ignaouen et Tiṛremt Aït Iạzza se font face.

2o _FERKLA_. — L’oasis du Ferkla se compose d’un certain nombre
de qçars, échelonnés sur les deux rives de l’Ouad Todṛa,
au milieu d’une bande de palmiers qui les enveloppe tous. Voici
l’énumération de ces qçars, dans l’ordre où on les rencontre
en descendant l’ouad :

                             RIVE DROITE :

  El Khorbat (Aït Melṛad).             400  fusils.

  Chạt (2 qçars) (Aït Melṛad).         200

  Aït Ben Nacer (marabouts).            30

  Aït Ạsem (Aït Melṛad).               200

  Tirdouin (Ahel Ferkla).              120

  Gardmit (Aït Melṛad).                200

                             RIVE GAUCHE :

  Asrir (Ahel Ferkla).                 600  fusils.

  Cheurfa Taïrza (cherifs).             50

  Talalt (Ahel Ferkla).                 50

  Tiṛfert (Ḥaraṭîn).                   200

  Aït Sidi El Houari (marabouts).      400

  Oulad Mạmmer (Ahel Ferkla).          150

La population du Ferkla est composée partie d’Aït Melṛad, partie
d’Ahel Ferkla, partie de Ḥaraṭîn, partie de marabouts. Les uns
et les autres sont indépendants. Les Ahel Ferkla sont des Chellaḥa ;
les qçars que nous venons de mentionner comme leur appartenant,
forment toute leur tribu ; ils sont libres et n’ont de debiḥa
sur personne : les Aït Melṛad mêmes, leurs puissants voisins,
ne sont pas plus indépendants qu’eux. Les Ḥaraṭîn et les
marabouts ont su également conserver leur liberté.

Les divers qçars du Ferkla vivent isolés les uns des autres, chacun
avec son gouvernement particulier ; ce gouvernement est le même dans
tous : celui d’un chikh el ạam. Aucun lien commun n’unit les
qçars entre eux.

Les dattes du Ferkla sont des bou feggouç et des bou souaïr.

Langue tamaziṛt.

Deux marchés, ḥad et khemîs d’Asrir.

Un mellaḥ.

  Distances :  d’El Khorbat à Oulad Mạmmer comme de Tinṛir (Todṛa) à Aït
               Moḥammed.

               Gardmit est en face d’Oulad Mạmmer.

3o _QÇARS AU-DESSOUS DU FERKLA_. — Il existe un chemin direct du
Todṛa au Tafilelt, par le cours de l’Ouad Todṛa. Le voici :

On quitte le Ferkla et l’on s’engage dans le désert en descendant
la rive droite de l’Ouad Todṛa. On arrive d’abord à :

_Izelf Aït Melrad_, qçar de 50 fusils, entouré de dattiers ; il
est à quelque distance de l’Ouad Todṛa et n’est alimenté que
par des sources.

  Distance : du Ferkla à Izelf comme d’Imiṭeṛ à
  Timaṭṛeouin.

De là on gagne :

_Igli Aït Khelifa_, grand qçar de 300 fusils, entouré de dattiers,
habité par une population de marabouts (Oulad Sidi El Houari),
de Ḥaraṭîn et d’Aït Khelifa (Aït Atta). Il est aussi à
quelque distance de la rivière, sur sa rive droite ; il est arrosé
par des sources.

  Distance : d’Izelf à Igli comme 2 fois de Taourirt (Todṛa)
  à Asfalou.

Puis on passe à :

_Mellạb Aït Iạzza_, qçar de 100 fusils, entouré de
dattiers. Mellạb se trouve sur la rive gauche de l’Ouad
Todṛa. Chemin faisant, on a traversé la rivière à mi-route entre
Igli et Mellạb.

  Distance : d’Igli à Mellạb comme deux fois de Taourirt
  à Asfalou.

On continue à descendre la rive gauche du cours d’eau et on
arrive à :

_Oul Touroug_, qçar de 150 fusils, entouré de dattiers, appartenant
aux Aït Iạzza et aux Aït Khelifa. Il est situé sur le bord même
de l’ouad (rive gauche).

  Distance : de Mellạb à Oul Touroug comme de Taourirt (Todṛa)
  à Foum el Qous n Tazoult.

De là on continue à descendre l’Ouad Todṛa, qui, peu au-dessous
d’Oul Touroug, reçoit sur sa rive gauche l’Ouad Ṛeris. Puis
on parvient à :

_Tilouin_, grand qçar, entouré de dattiers, situé sur le bord
de la rivière (rive gauche). C’est auprès de Tilouin qu’eut
lieu, en 1883, une grande bataille entre les Aït Atta et les Aït
Melṛad. Le qçar appartient actuellement aux Aït Melṛad.

  Distance : d’Oul Touroug à Tilouin comme de Mellạb à Oul
  Touroug.

De Tilouin, en descendant toujours l’Ouad Todṛa, on arrive à :

_Fezna_, qçar de 300 fusils, entouré de dattiers, s’élevant au
bord du cours d’eau (rive gauche). Il appartient aux Aït Iafelman.

  Distance : de Tilouin à Fezna comme de Taourirt (Todṛa)
  à Imiṭeṛ.

Peu au-dessous de Fezna, l’Ouad Todṛa se jette, dit-on, dans
l’Ouad Ziz : ce confluent se trouverait non loin d’El Djerf sur
le Ziz.


                          =II. — Ouad Imiter.=


L’Ouad Todṛa reçoit deux affluents importants : l’Ouad
Imiṭeṛ, se jetant sur sa rive droite dans la portion inférieure
de l’oasis du Todṛa, au-dessous du qçar d’Aït Iaḥia, en
face de celui d’Aït Moḥammed ; l’Ouad Ṛeris, se jetant sur
sa rive gauche à quelque distance au-dessous d’Oul Touroug.

Nous allons les étudier l’un après l’autre.

L’Ouad Imiṭeṛ prend sa source dans les massifs qui s’élèvent
au nord de la plaine d’Anbed. Il arrose successivement sur son
cours :

  Imiṭeṛ (groupe de quatre qçars contigus : Aït Brahim,
  Iṛir, Taouaḥmant, Aït Moḥammed, appartenant tous aux
  Aït b ou Iknifen).                                         150 fusils.

  Timaṭṛeouin Ignaouen.                                       50

  Qcîba Aït Moulei Ḥamed                      rive      }
                                              gauche    }
                                                        }
  Qcîba Moulei Brahim                         rive      }     50
                                              droite    }
                                                        }
  Qcîba Imougar                               rive      }
                                              gauche    }

Les jardins de ces trois derniers qçars se touchent ; ceux-ci ne
forment qu’un seul groupe ; deux d’entre eux appartiennent à des
cherifs, le dernier à des Aït Atta (les Imougar sont une subdivision
des Aït Isfoul).

De là, l’Ouad Imiṭeṛ passe à

  Tilouin Aït Isfoul rive droite, 20 fusils.

Puis il va se jeter dans l’Ouad Todṛa, en face d’Aït Moḥammed.

Des trois qcîbas à Tilouin, comme de Tilouin à Aït Moḥammed,
il n’y a que le désert.

  Distances :  de Qcîba Imougar à Tilouin comme de Timaṭṛeouin à Foum
               el Qous.

               de Tilouin à Aït Moḥammed comme de Timaṭṛeouin à Foum el
               Qous.


                          =III. — Ouad Reris.=


L’Ouad Ṛeris prend sa source sur le versant méridional du Grand
Atlas. Le premier endroit habité qu’il arrose est le district
d’Amtrous. Après l’avoir traversé, il rentre dans le désert ;
puis on trouve successivement sur son cours, en le descendant : une
réunion de 5 qçars appartenant aux Aït Melṛad, un désert,
le district de Semgat, un désert, un groupe de 4 qçars des
Aït Melṛad, un désert, l’oasis de Taderoucht, un désert,
le Ṛeris. Au sortir du Ṛeris, il rentre dans le désert et y
demeure jusqu’à son confluent avec l’Ouad Todṛa, à peu de
distance d’Oul Touroug.

_AMTROUS_. — Le district d’Amtrous se compose d’un certain
nombre de qçars, situés sur l’Ouad Ṛeris ; en voici les noms,
dans l’ordre où on les trouve en descendant la rivière :

  Toumlilin            rive droite,       30  fusils

  Aït Daoud ou Ạzzi    rive gauche,       70

  Taadadats            rive gauche,       50

  Timoula              rive gauche,       50

  Igedman              rive droite,       40

  Aït Hani             rive gauche,       50

  Tizeggarin           rive gauche,       30

  Asing                rive gauche,      100

  Tiidrin              rive gauche,      100

Le district d’Amtrous est habité partie d’Aït Melṛad, partie
d’Aït Ḥediddou. Ces deux fractions se partagent les différents
qçars.

Ni marché, ni Juifs.

  Distance : d’Aroraï à Tiidrin comme de Taourirt à El Ḥara (Todṛa).

_AIT MELRAD_. — Au-dessous de ce district, se trouvent, séparés
de lui par un désert assez court, 5 qçars unis en un seul groupe,
appartenant aux Aït Melṛad ; ce sont, dans l’ordre où on les
trouve en descendant la rivière :

  Aroraï.                           100  fusils.

  Achoul Sidi Bou Iạqob.            100

  Aït Sidi Moḥammed ou Iousef.       20

  Aït er Riban.                      30

  Amougger.                         100

Ni marché, ni Juifs.

  Distance :    d’Imiṭeṛ à Amougger comme de Tinṛir à El Ḥara.

                Les cinq qçars se touchent.

_SEMGAT_. — Au-dessous de ces cinq qçars, sur le cours de l’Ouad
Ṛeris, se trouve, séparé d’eux par un court désert, le district
de Semgat. Il se compose des qçars suivants, échelonnés sur les
bords de la rivière ; les voici, dans l’ordre où on les rencontre
en la descendant :

  Imiṭeṛ (2 qçars : Aït Brahim, El Qçar el   rive           100  fusils.
  Kebir)                                     gauche,

  Aït Ouahi                                  rive            30
                                             gauche,

  Aït Selîman                                rive            50
                                             gauche,

  Aït Ioub                                   rive            80
                                             gauche,

  Aït Bou Izzem                              rive            30
                                             droite,

  Imelouan                                   rive            50
                                             gauche,

  Amellagou                                  rive            40
                                             gauche,

Le district de Semgat appartient aux Aït Melṛad et n’est peuplé
que d’eux.

Ni marché, ni Juifs.

  Distances :  de Taḥamdount au Semgat comme de Tizgi à El Ḥara (Todṛa).

               d’Amellagou à Imiṭeṛ comme de Taourirt à Tinṛir.

_AIT MELRAD_. — Au-dessous du Semgat, séparé de lui par un désert
assez court, se trouve, sur l’Ouad Ṛeris, un groupe de 4 qçars
appartenant aux Aït Melṛad. Ce sont, dans l’ordre où on les
voit en descendant la rivière :

  Taḥamdount               rive droite,             30  fusils.

  Qçar Kebir Aït Brahim    rive droite,             30

  Qçar Aït Brahim          rive gauche,             30

  Timzgit (2 qçars)        sur les deux rives,      50

Ces localités sont toutes entourées de dattiers ; ce sont les
premières de l’Ouad Ṛeris qui en possèdent ; plus haut,
cet arbre ne croît pas : au-dessus de Taḥamdount, les oliviers,
les grenadiers, les figuiers sont les seules essences qui poussent
sur les bords de la rivière : au-dessous de ce qçar, pas un lieu
habité où il n’y ait des palmiers.

Ni Juifs, ni marché.

  Distances :  de Timzgit au Taderoucht comme d’Asfalou à Aït Moḥammed.

               de Timzgit à Aït Brahim comme de Taourirt à Tinṛir.

               Qçar Kebir Aït Brahim fait face à Qçar Aït Brahim.

               De Qçar Kebir Aït Brahim à Taḥamdount, 400 mètres.

_TADEROUCHT_. — Au-dessous de ces 4 qçars, séparée d’eux
par un court désert, se trouve, sur l’Ouad Ṛeris, l’oasis
de Taderoucht ; elle se compose d’un certain nombre de qçars
échelonnés sur les deux rives du cours d’eau, au milieu d’une
bande continue de palmiers. Voici les noms de ces localités, dans
l’ordre où on les trouve en descendant la rivière :

  Moui (Qebala)                             rive droite,    200  fusils.

  Aourir (marabouts)                        rive gauche,     50

  Iṛerm n Cherif (Qebala)                   rive gauche,     20

  El Ḥara (marabouts et Qebala)             rive gauche,     60

  Qcîrat Sidi Ạbd Allah ou Ạli (marabouts)  rive gauche,     10

  Taziat (Berâber)                          rive gauche,     80

  Zenba (marabouts)                         rive gauche,     30

  El Bordj (marabouts)                      rive gauche,     50

Aucun lien n’existe en temps habituel entre les divers qçars du
Taderoucht. Chacun vit isolément, administré par son chikh el ạam.

Langue tamaziṛt.

Pas de marché.

Un mellaḥ.

  Distances :  du Ṛeris au Taderoucht comme de Tinṛir à El Ḥara (Todṛa).

               d’El Bordj à Moui comme de Taourirt à Tinṛir.

_RERIS_. — Au-dessous du Taderoucht, séparée de lui par un court
désert, se trouve, sur le cours de la même rivière, la grande
oasis du Ṛeris. C’est une longue ligne de qçars échelonnés sur
les bords de l’Ouad Ṛeris, au milieu d’un ruban d’épaisses
plantations de dattiers. Voici l’énumération de ces qçars,
dans l’ordre où on les trouve en descendant le cours d’eau ;
ils sont tous sur la rive droite :

  Maggaman (Berâber).                              30  fusils.

  Aït Iaḥia ou Ọtman (Berâber).                   400

  Gelmima (Berâber).                              250

  Kherraza (Berâber).                              50

  Aït Mouch (Chellaḥa indépendants).               50

  Takatirt (Berâber).                              40

  Bou Tnefit (Chellaḥa indépendants).             150

  Sidi Moḥammed ou El Ḥasen (marabouts).           30

  Gaouz Aït Sidi Ạmer (marabouts).                 25

  Aït Sidi Ạmer (marabouts).                       50

  Cheurfa Aqqa (cherifs).                          50

  Ifsaḥen (Chellaḥa indépendants).                100

  Aït Iạqob (Chellaḥa indépendants).               40

  Aït Sidi Ạli (marabouts).                        30

  Aït Sidi Ạmer (marabouts).                       30

  Amtoz (Chellaḥa indépendants).                   40

  Aït Mouḥ ou Iaḥia (Chellaḥa indépendants).       80

  Khelil (Chellaḥa indépendants).                  50

  Tourza (marabouts).

Tous ces qçars sont au bord même de l’ouad, arrosés par la
conduite dite sagia taḥtia, « canal inférieur ». Il y a encore 5
localités, situées à quelques centaines de mètres du cours d’eau,
sur la même rive, alimentées par un autre canal, sagia fouqania,
« canal supérieur ». Elles sont unies en un seul groupe et fort
rapprochées les unes des autres ; elles se trouvent vis-à-vis
d’Aït Iaḥia ou Ọtman et de Gelmima. En voici les noms :

  Ireṛrer (Chellaḥa indépendants).         50  fusils.

  Tiouanin (Chellaḥa indépendants).        40

  Zerrara (Chellaḥa indépendants).         40

  Aït Ketto (Chellaḥa indépendants).      100

  Aït Ḥarṭ (Chellaḥa indépendants).

Les habitants du Ṛeris sont indépendants ; chaque qçar appartient
à ceux qui l’habitent. Tous s’administrent isolément, comme
dans le Ferkla. L’organisation en est uniforme : ils ont chacun
leur chikh el ạam. Aucun lien ne les unit entre eux ; ils ne se
joignent qu’en cas de guerre.

Les dattiers du Ṛeris produisent des bou feggouç et des bou souaïr.

Langue tamaziṛt.

Deux marchés : tenîn et khemîs à Aït Iaḥia ou Ọtman.

Deux mellaḥs.

  Distance : de Maggaman à Tourza comme d’Asfalou à Iạdouan (Todṛa).


           =IV. — Localités entre les ouads Todra et Reris.=


Entre les ouads Todṛa et Ṛeris, se trouvent trois petites
localités ; ce sont, dans l’ordre où on les trouve en allant du
Todṛa à Oul Touroug :

_Taddart n Oumira_. — Petit qçar situé entre le Todṛa et le
Ṛeris, à quelque distance au sud du talus de roche rose qui borde le
nord de la plaine entre ces deux oasis. Population mélangée d’Aït
Atta et d’Aït Melṛad. 40 fusils. Point de cours d’eau ; les
jardins sont arrosés par des sources. On laisse ce qçar à main
gauche en allant du Ferkla au Ṛeris et on ne l’aperçoit pas
du chemin.

  Distances :  de Ṭaddart n Oumira au Ferkla comme d’El Khorbat à Oulad
               Mạmmer.

               de Ṭaddart n Oumira au Ferkla comme 2 fois de Taourirt
               (Todṛa) à Asfalou (Todṛa).

               de Ṭaddart n Oumira au Todṛa comme 2 fois de Taourirt
               (Todṛa) à Aït Iidir (Dâdes).

               de Ṭaddart n Oumira au Ṛeris comme 2 fois de Taourirt
               (Todṛa) à Timaṭṛeouin.

_El Mkhater_. — Petit qçar entouré de palmiers situé, entre le
Ferkla et le Ṛeris, près de Ṭaddart n Oumira.

_Zaouïa Sidi El Houari_. — Petite zaouïa située au milieu de la
plaine, entourée de jardins sans palmiers ; l’eau qui l’alimente
provient des sources de Ṭaddart n Oumira et est amenée par des
canaux. On passe auprès d’elle en allant du Ferkla au Ṛeris.


                         =V. — Qçars du Sarro.=


Toute la région s’étendant au nord du Todṛa, de cette oasis
à l’Oussikis, est inhabitée. C’est une contrée montagneuse
et déserte.

Au sud du Todṛa, au contraire, dans le Petit Atlas qui porte encore
le nom de Saṛro, il existe plusieurs localités.

Le Saṛro, qui s’étend du Mezgîṭa au Dâdes et qui se prolonge
jusque auprès du Ferkla, ne va pas plus loin vers l’est. Au delà
du Ferkla, ou, comme je le crois, le Petit Atlas expire, ou du moins
il cesse de porter le nom de Saṛro. Il existe plusieurs qçars dans
les flancs de cette chaîne : on les appelle les qçars du Saṛro ;
en voici les noms :

_Tagdielt Aït Bou Daoud_. — Ce sont trois tiṛremts qui ne
sont point habitées d’une manière continue, et où les Aït Bou
Daoud emmagasinent leurs biens tandis qu’eux-mêmes vivent sous
la tente. Tagdielt est arrosée par des sources ; elle se trouve
à la lisière sud de la vaste plaine d’Anbed, dans un repli de
la montagne.

  Distances :  de Tagdielt à Imiṭeṛ comme de Taourirt à Timaṭṛeouin.

               de Tagdielt à Tiilit comme de Taourirt à Timaṭṛeouin.

_Aït Merset_. — Une seule qaçba appartenant aux Aït Merset,
fraction des Aït Ouniṛ. Elle est arrosée par des sources. Elle
est située dans un fond, sur les premières pentes du Saṛro.

  Distances :  d’Aït Merset à Tagdielt comme d’Imiṭeṛ à Timaṭṛeouin.

               d’Aït Merset à Imiṭeṛ comme d’Imiṭeṛ à Foum el Qous.

               d’Aït Merset à Tiilit comme d’Imiṭeṛ à Taourirt.

_Qçîbat Ilemsan_. — Elles se composent de 4 tiṛremts. Des
sources les alimentent ; un cours d’eau se trouve auprès, mais il
n’a d’eau que lorsqu’il pleut.

  Distances :  de Qcîbat Ilemsan à Aït Merset comme de Taourirt à Foum
               el Qous.

               de Qcîbat Ilemsan à Imiṭeṛ comme de Taourirt à Foum el
               Qous.

               de Qcîbat Ilemsan à Taourirt comme 2 fois de Taourirt à
               Timaṭṛeouin.

               de Qcîbat Ilemsan à Tiilit comme 2 fois de Taourirt à
               Timaṭṛeouin.

_Ti n Iourkan_. — Elle est formée d’un grand qçar et
de 4 tiṛremts. Elle appartient à des Aït Atta de diverses
fractions, Ignaouen, Aït b ou Iknifen, Aït Iạzza. Des sources
l’alimentent. De là part un chemin qui se rend au Dra, par le
Tazarin : deux jours de marche de Ti n Iourkan au Tazarin, deux autres
de Tazarin au Qtaoua.

  Distances :  de Ti n Iourkan à Qcîbat Ilemsan comme de Taourirt à Foum
               el Qous.

               de Ti n Iourkan à Tiilit comme de Taourirt à Aït Iidir
               (Dâdes).

               de Ti n Iourkan à Taourirt comme de Taourirt à Imiṭeṛ.

_Irerman Azdar_. — Elle est formée de 4 tiṛremts et habitée,
comme Ti n Iourkan, par des Aït Atta de diverses fractions. Des
sources l’alimentent.

  Distances :  d’Iṛerman Azdaṛ à Ti n Iourkan comme 2 fois de Taourirt à
               Asfalou.

               d’Iṛerman Azdaṛ à Taourirt comme de Taourirt à Imiṭeṛ.

               d’Iṛerman Azdaṛ à Qcîbat Ilemsan comme de Taourirt à Foum
               el Qous.

Point de dattiers dans le Saṛro ; à tous les qçars que nous venons
de citer, il y a pour toute verdure quelques cultures de céréales
et de maigres jardins, comme à Imiṭeṛ.

Pas de marché, ni de Juifs.


                             3o. — BERABER.


Les Berâber, dont le nom est si célèbre, sont une grande tribu,
la plus puissante du Maroc. Elle couvre de ses tentes le vaste
quadrilatère compris entre l’Ouad Ziz, l’Ouad Dâdes et l’Ouad
Dra, possède une foule de qçars sur ces trois cours d’eau et,
dépassant ces limites, s’étend au nord sur des portions du versant
septentrional du Grand Atlas. Au sud, aucune tribu ne la borne :
ses campements s’avancent jusqu’au seuil du Grand Désert, ses
ṛezous, terreur du Sahara, le parcourent jusqu’au Soudan. Comme
les Ida ou Blal, les Berâber font métier d’escorter et de piller
les caravanes sur la route de Timbouktou. A l’est et à l’ouest,
ils débordent en quelques points au delà des fleuves qui leur
servent de frontières naturelles, et s’étendent au nord-est sur
le haut cours du Gir, au sud-ouest jusqu’aux Ida ou Blal.

Les Berâber sont Imaziṛen et ne parlent que le tamaziṛt. Un
certain nombre sont sédentaires ; la plupart, de beaucoup, sont
nomades. Ils se divisent en deux grandes branches, les Aït Atta et
les Aït Iafelman ; chacune d’elles se subdivise elle-même en de
nombreuses fractions. En temps ordinaire, ces fractions se gouvernent
isolément, tout petit groupe, tout qçar ayant son chikh el ạam,
magistrat élu, se renouvelant chaque année, possesseur d’une
autorité fort limitée. En cas d’affaire grave, on se concerte,
soit dans les différentes parties d’une fraction, soit plusieurs
fractions ensemble, soit tout un groupe, soit la totalité des
Berâber : alors on s’assemble partout, on nomme des députés qui
se réunissent en djemaạa générale, délibèrent et décident. En
1882, l’assemblée générale des Berâber s’est, dit-on, réunie ;
elle était composée de délégués de toutes les fractions et
formait un total de près de 1000 personnes. Ce fait a lieu rarement,
car presque toujours la discorde règne parmi les Berâber : lors de
mon passage, Aït Atta et Aït Iafelman étaient en hostilités, et les
Aït Atta étaient divisés entre eux. En cas de guerre générale, les
Berâber élisent un chikh unique dont l’autorité est illimitée ;
dans les guerres particulières, chaque parti agit de même.

Voici la décomposition des Berâber :

                                    { Aït b ou Iknifen
                                    { (Dra, Oussikis,
                                    { Tazarin, désert)       1500 fusils.
                                    {
                                    { Ilemsan (Ternata,
                                    { Dâdes, désert)          300
                                    {
                     { Aït Zemroui  { Ignaouen (Qtaoua,
                     {              { Dâdes, désert)          500
                     {              {
                     {              { Aït Ạïssa ou Brahim
                     {              { (auxquels
                     {              { appartiennent les
                     {              { Izknasen) (Fezouata,
                     {              { Dâdes, désert)          500
                     {              {
                     {              { Aït Ouniṛ (Dra,
                     {              { Dâdes, désert)          800
                     {
                     {              { Aït Isfoul
                     {              { (Fezouata, Dâdes,
                     {              { désert)                1000
                     {              {
                     {              { Aït Bou Daoud
                     {              { (Qtaoua, Dâdes,
                     {              { Tazarin, désert)        500
                     {              {
          { Aït Atta {              { Aït Khelifa (Igli,
          {          {              { Oul Touroug,
          {          {              { au-dessous du Ferkla)   150
          {          {              {
          {          {              { Ouchchan (aux
          {          {              { environs du Tafilelt)   200
          {          {              {
          {          {              { Aït El Fersi
          {          {              { (au-dessous du Todṛa)    30
          {          {              {
          {          { Aït Ḥachchou { Aït Ounbegi (ils
          {                         { portent aussi le nom
          {                         { d’Aït Khebbach (ou
          {                         { Khebbas) (Dra,
          {                         { Reṭeb, désert)         2000
          {                         {
          {                         { Aït Iạzza (qçar au
          {                         { sud du Todṛa, désert)  1500
          {                         {
          {                         { Aït ou Allal
          {                         { (desquels font
          {                         { partie les Aït
          {                         { Ạlouan, les Aït b
          {                         { Oulman, les Imsouffa)  2000
          {                         {
          {                         { Izligen (Qtaoua)         80
          {
          {                         { Aït Brahim } Les Aït Ḥediddou
          {                         {            } n’ont pas d’autres
  Berâber {          { Aït Ḥediddou { Aït Ạmer   } qçars que ceux qui
          {          {              {            } ont été mentionnés
          {          {              { Aït Iạzza  } plus haut ; très
          {          {              {            } grand nombre de
          {          {              {            } tentes ; 3000
          {          {              {            } fantassins et
          {          {              {            } 600 chevaux.
          {          {
          {          { Aït Iaḥia (ils ne possèdent comme qçars que ceux
          {          { qui ont été mentionnés plus haut, mais ont un
          {          { très grand nombre de tentes. Ils s’étendent
          {          { jusqu’aux Aït Seri et jusque près des Ichqern,
          {          { sur les pentes nord de l’Atlas. Leur territoire
          {          { est tout entier en montagne. 4000 fantassins et
          {          { 40 chevaux).
          {          {
          {          {              { Aït Mḥammed } Les Aït Melṛad
          {          {              {             } habitent le haut
          {          {              { Aït Ạmer    } cours de l’Ouad
          {          {              { ou Mançour  } Dâdes, tout l’Ouad
          {          {              {             } Ṛeris, les déserts
          {          { Aït Melṛad   { Aït Ioub    } montagneux avoisinant
          {          {              {             } cette rivière
          { Aït      {              { Aït Mesri   } et le Ferkla ;
          { Iafelman {              {             } leur limite sud
                     {              { Irbiben     } est presque partout
                     {              {             } le talus de roche
                     {              {             } rose qu’on voit
                     {              {             } d’Imiṭeṛ au Todṛa
                     {              {             } et de là au Ṛeris.
                     {              {             } Les Aït Melṛad sont
                     {              {             } très nombreux.
                     {
                     { Aït Ạli ou Brahim (campant vers Tounfid).
                     {
                     { Aït Izdeg (ils possèdent en qçars ceux qui ont
                     { été mentionnés et ceux qui le seront plus bas
                     { dans les bassins du Gir et de la Mlouïa ; de
                     { plus, ils ont un très grand nombre de tentes.
                     { 3000 fantassins et 500 chevaux).
                     {
                     { Aït Ạïssa bou Ḥamar (résidant sur l’Ouad Gir et
                     { dans ses environs ; qçars et tentes ; 2000
                     { fantassins et 200 chevaux).
                     {
                     { Aït Kratikhsen (habitant vers le Ferkla et vers
                     { Asif Melloul).
                     {
                     { Aït Ạïach (ils ont des qçars sur l’Ouad Aït Ạïach
                     { et des tentes auprès de cette rivière, de l’Ouad
                     { Ouṭat Aït Izdeg et de la Mlouïa. Ils sont
                     { limitrophes des Beni Mgild. 800 fantassins et
                     { 40 chevaux).


                           4o. — ITINÉRAIRES.


I. — _DU TADEROUCHT AU ZIZ_. — Il existe un chemin menant du
Taderoucht au district du Ziz. Du Taderoucht on gagne El Haroun
(qçar isolé, sans palmiers, appartenant aux Aït Melṛad ; 30
fusils). D’El Haroun on passe à El Bordj (qçar isolé, sans
palmiers, appartenant aux Aït Melṛad ; 20 fusils). D’El Bordj
on va à Zaouïa Sidi Bou Qil, dans le district du Ziz. Entre ces
divers points, la région qu’on traverse est montagneuse et déserte.

  Distances :  du Taderoucht à El Haroun comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït
               Ọtman.

               d’El Haroun à El Bordj comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït
               Ọtman.

               d’El Bordj à Zaouïa S. Bou Qil comme de Mellaḥ Tiallalin
               à Tamerrakecht.

II. — _DU TODRA AU DRA PAR LE TAZARIN_. — Il y a 5 jours de
route. Voici l’itinéraire qu’on suit :

_1er jour._ — Du Todṛa au Saṛro. On fait gîte dans un des
qçars du Saṛro, Ti n Iourkan ou Iṛerman Azdaṛ, par exemple. On
a marché jusque-là dans le désert.

_2e jour._ — Du qçar où l’on a passé la nuit à Foum Aserts. On
donne ce nom à un kheneg désert où campent en hiver des Aït
Atta. Une rivière le traverse ; elle a habituellement de l’eau
dans son lit ; aucun lieu habité n’est sur son cours. Ce second
jour encore, on marche sans cesse dans le désert.

_3e jour._ — De Foum Aserts au Tazarin. Chemin désert toute la
journée.

Le Tazarin est une longue oasis, plus grande et plus peuplée que le
Todṛa, mais lui ressemblant d’ailleurs de tout point : une double
chaîne de qçars s’échelonne sur les deux bords d’une rivière,
au milieu d’un ruban de palmiers. Une partie des localités du
Tazarin appartient à des Chellaḥa indépendants, l’autre à
des Aït Atta de diverses fractions, Aït Bou Daoud, Aït ou Allal,
Aït b ou Iknifen.

Les principaux qçars du Tazarin sont, en descendant l’ouad :
Ikhf n Oṛri, Aït Sạïd, Qcîba Aït Bou Daoud, Qcîba Ignaouen,
Aït Abbarioul, Tamda, Aït Sidi Msạd, Aït Gennoun, Ida Khennioun.

Langue tamaziṛt.

Marché permanent à Aït Abbarioul. C’est le seul.

Pas de Juifs. Mellaḥ détruit à Aït Abbarioul.

_4e jour._ — Du Tazarin à Foum Tizi n Dra. Il n’y a pas un lieu
habité sur le chemin du Tazarin au Dra ; tout le trajet se fait
dans le désert. On n’est plus ici dans la chaîne du Saṛro ;
on en est sorti au Tazarin. Foum Tizi n Dra est un point d’eau :
pas de rivière, mais une source : ce lieu est fréquenté en hiver
par des Aït Atta nomades ; le reste de l’année, il est désert.

_5e jour._ — De Foum Tizi n Dra au Qtaoua.

  Distances :  de Ti n Iourkan à Foum Aserts comme deux fois de Taourirt
               à Timaṭṛeouin.

               de Foum Aserts au Tazarin comme deux fois de Taourirt à
               Timaṭṛeouin.

               de Foum Tizi n Dra au Qtaoua comme de Taourirt à Aït
               Iidir.


                      5o. — SOURCES DE L’OUAD GIR.


=OUAD GIR.= — L’Ouad Gir prend naissance au Djebel Chouf Agmar,
près du Djebel El Ạbbari. Voici les premiers qçars qu’on
rencontre sur son cours, en le descendant à partir de sa source :

                     RIVE DROITE :

  Tiouzzagin (Aït Izdeg).                30  fusils.

  Tit n Ạli (Qebala).                   200

  Mogger (Qebala).                      200

                     RIVE GAUCHE :

  Talḥarit (Qebala).                     60  fusils

  El Ḥeri (Qebala).                     100

  Tagrirt (Qebala).                     300

  Tizgi n Gerrama (Aït Izdeg).          400

  Toulal (Aït Izdeg).                   600

  Mellaḥa (Aït Izdeg).                  400

  Batnou (Aït Ạïssa Bou Ḥamar).         150

  Iṛara (Qebala).                        50

  Keddoucha (Aït Ạïssa Bou Ḥamar).       60

  El Geraan (Aït Ạïssa Bou Ḥamar).      100

La réunion de ces qçars forme ce qu’on appelle le Gir. Ce district
n’a aucune unité politique : chaque qçar en appartient à ses
habitants, Qebala, Aït Izdeg ou Aït Ạïssa.

Langue tamaziṛt.

Pas de marché.

Deux mellaḥs.

  Distances :  de Tiouzzagin à Mogger comme de Mellaḥ Tiallalin à Aït ou
               Alil.

               de Talḥarit à El Geraan comme de Mellaḥ Tiallalin à Qçar
               es Souq.

               de Talḥarit à Mogger, quelques centaines de mètres.

De Mellaḥ Tiallalin on peut aller directement à Talḥarit. Entre
ces deux points s’étend une vaste plaine déserte que nous avions à
notre droite en traversant le district du Tiallalin ; elle s’étend
jusqu’à l’Ouad Gir et porte le nom d’Ouṭa n Sema.

  Distance : de Mellaḥ Tiallalin à Talḥarit comme de Mellaḥ
  Tiallalin à Aït Ọtman.

Il y a un chemin conduisant du district du Gir à Misour, en remontant
la vallée de l’Ouad Gir.

=AFFLUENT.= — Parmi ses affluents, l’Ouad Gir en reçoit un dont
la source n’est pas éloignée de la sienne : c’est l’Ouad Beni
Mesri. Nous allons dire quelques mots de son cours supérieur.

OUAD BENI MESRI. — Il prend sa source aux crêtes du Grand Atlas. Il
arrose plusieurs qçars dans la partie haute de son cours ; voici
les principaux, dans l’ordre où on les trouve en descendant :

  El Bour (Qebala)                    rive droite,      100  fusils.

  Aït Iaḥia ou Ạïssa (marabouts)      rive droite,      100

  Aït Ạïssa ou Ạli (Qebala)           rive gauche,       30

  Takhoualt (Qebala)                  rive droite,      120

  Aït Ḥeddou (Aït Ạïssa) (Berâber)    rive droite,       50

  Aït Moḥammed (Aït Ạïssa)            rive droite,      100

  Bou Chiba (Aït Ạïssa)               rive gauche,       30

  Tirza (Aït Ạïssa)                   rive droite,       60

  Beni Tzit (Qebala)                  rive gauche,      300

  Aït Iatin (Qebala)                  rive droite,       80

Ces divers qçars n’ont entre eux aucun lien politique : chacun
appartient à ses habitants, Qebala, marabouts ou Aït Ạïssa. Ceux
qui sont compris entre Aït Iaḥia ou Ạïssa et Tirza, ces deux
localités incluses, portent le nom collectif de Beni Mesri.

Langue tamaziṛt.

Marché permanent à Beni Tzit.

Un mellaḥ.

Pour se rendre de Qçâbi ech Cheurfa à El Bour, on gagne d’abord
Tanslemt ; puis on franchit l’Atlas et on descend à El Bour.

  Distances :   de Tanslemt à El Bour comme d’Aït Çaleḥ au Gers.

                de Aït Iatin à Ạïn Chạïr 2 jours.


[Note 120 : C’est en approchant de l’Ouad Ziz que j’ai entendu
ce nom pour la première fois. Il est employé sur tout le cours
du Ziz et dans le bassin supérieur de la Mlouïa. Il ne désigne
point une race, mais l’état d’une partie de la population. Une
portion des Imaziren sédentaires de cette contrée n’a pas
su conserver son indépendance et a été réduite par des tribus
nomades voisines à l’état de tributaire : ce sont ces tributaires
qu’on appelle _Qebala_. Ils sont presque tous Chellaha, de même
race, par conséquent, et de même couleur que la plupart de leurs
dominateurs. Par extension, on désigne quelquefois du nom de Qebala
des Chellaha sédentaires, même indépendants, lorsque ces Chellaha
vivent isolés, sans aucun lieu avec personne. Ainsi les Chellaha
du Reris et de quelques autres oasis sont souvent dits Qebala, bien
que libres.]




                                  VI.

                        BASSIN DE L’OUAD MLOUIA.


                       1o. — COURS DE LA MLOUIA.


La Mlouïa prend sa source dans le désert appelé Khela Mlouïa, sur
le territoire des Beni Mgild. Puis elle coule durant assez longtemps
en arrosant les terres de cette tribu.

Elle les quitte au point où elle reçoit l’Ouad Ouṭat Aït Izdeg ;
ce confluent est la limite entre les Beni Mgild d’une part, les Aït
Ioussi et les Aït ou Afella de l’autre : ceux-ci possèdent la
rive droite du fleuve, ceux-là ont la gauche. Dans cette partie de
son cours, la Mlouïa se déroule au milieu d’une large plaine ;
elle a déjà beaucoup d’eau, mais ses rives sont à peu près
désertes : des tribus entre lesquelles elle coule, la première
n’a aucun établissement sur ses bords, ni même dans sa vallée,
et ne vient que rarement planter ses tentes ou faire paître ses
troupeaux le long de ses eaux ; la seconde, peu nombreuse, possède
quelques qçars dans la vallée, mais n’en a qu’un sur les rives
mêmes du fleuve ; ce qçar, Aḥouli (50 fusils ; rive droite),
est situé à peu de distance au-dessous du confluent de l’Ouad
Ouṭat Aït Izdeg. Aḥouli est le seul point habité du cours de
la Mlouïa entre ce confluent et Qçâbi ech Cheurfa.

Au-dessous d’Aḥouli, après avoir coulé dans le désert, en
formant limite entre les Aït Ioussi et les Aït ou Afella, la Mlouïa
se borde subitement de cultures, de jardins et de qçars : c’est
le district de Qçâbi ech Cheurfa. A cet endroit le fleuve coule
au fond d’une tranchée, profonde d’environ 40 mètres et large
de 1500. C’est cette tranchée qui, remplie sans interruption de
plantations et de jardins sur une longueur de plus de 15 kilomètres
et semée de nombreux qçars, forme le district de Qçâbi ech
Cheurfa. Celui-ci ne s’étend pas ailleurs et se compose des seules
rives du fleuve, sans déborder dans sa vallée. Des deux côtés du
district, la vallée, de plus en plus plate et de plus en plus large,
est occupée par les mêmes tribus qu’un peu plus haut. Aït Ioussi
à gauche, Aït ou Afella à droite. Le district les sépare comme
les séparaient auparavant les eaux du fleuve.

Après être sortie de Qçâbi ech Cheurfa, et avant d’entrer
dans le désert, la Mlouïa arrose encore deux qçars : ils font
suite au district d’El Qçâbi, mais n’en dépendent pas ; ce
sont, d’abord Tamdafelt (rive gauche ; 120 fusils), puis plus bas
Izeṛran (rive droite ; 30 fusils). Le premier appartient aux Aït
ou Afella, le second aux Aït Izdeg. Les rives du fleuve, au fond de
l’encaissement où il coule, ne cessent pas un instant, entre Qçâbi
ech Cheurfa et Tamdafelt, comme entre Tamdafelt et Izeṛran, d’être
garnies de cultures. Quant à la vallée, elle appartient toujours,
d’un côté aux Aït Ioussi, de l’autre aux Aït ou Afella.

Au-dessous d’Izeṛran, la Mlouïa rentre dans le désert ;
elle continue à couler entre deux tribus : les Aït Ioussi sont
encore à gauche ; mais ce sont les Oulad Khaoua qui occupent à
présent la rive droite : ils succèdent ici aux Aït ou Afella. La
Mlouïa est toujours dans sa tranchée, de même largeur et de même
profondeur qu’à Qçâbi ech Cheurfa, mais déserte ; les riantes
cultures y sont remplacées par d’épais taillis de tamarix au
milieu desquels serpentent, avec mille détours, les eaux jaunes du
fleuve. D’Izeṛran à Misour, la Mlouïa coule ainsi, entre les
deux mêmes tribus. Sur ce long espace, sa vallée, immense plaine,
est habituellement déserte du côté des Aït Ioussi, semée de
quelques campements du côté des Oulad Khaoua. Son cours n’a
que deux points habités, deux qçars situés assez loin l’un de
l’autre, isolés chacun sur ses bords, où ils coupent un instant le
long ruban de tamarix ; tous deux appartiennent aux Oulad Khaoua ;
ils se nomment, l’un Megdoul, l’autre El Bridja. Le premier
est le plus haut, il est situé sur la rive droite et se compose
de 40 maisons ; El Bridja est à onze kilomètres plus bas, sur la
rive gauche ; elle a à peine 15 ou 20 feux. Le bois de tamarix qui
remplit l’encaissement du fleuve porte, entre Megdoul et El Bridja,
le nom de Ṛaba Oumm el Lefạ.

Ainsi coule la Mlouïa jusqu’à Misour. Ce lieu est un groupe de 10
à 12 qçars entourés d’admirables jardins, situé au confluent
de la Mlouïa et de l’Ouad Souf ech Cherg, tributaire de sa rive
gauche. Les qçars de Misour sont tous sur l’Ouad Souf ech Cherg,
à l’exception d’un seul, Igli, qui se trouve sur la Mlouïa. Il
s’élève sur sa rive gauche, un peu au-dessous du confluent ;
c’est une localité importante, pouvant lever 300 fusils. Elle est
située au bord même du fleuve, au fond de la tranchée où il a
coulé jusqu’ici et où il continuera à être jusqu’à Ouṭat
Oulad el Ḥadj.

A hauteur de Misour finissent les territoires des Aït Ioussi et des
Oulad Khaoua. En les quittant, la Mlouïa entre sur celui des Oulad
el Ḥadj ; cette puissante tribu occupe tout le fond de sa vallée,
sur les deux rives : la vallée est ici une plaine immense, nue et
déserte, triste région rappelant les Hauts Plateaux d’Algérie. Le
fleuve coule au milieu, caché au fond de son encaissement, que
remplissent toujours des tamarix touffus. Il demeure ainsi de Misour à
Ouṭat Oulad el Ḥadj. Sur cette portion de son cours, il baigne un
seul lieu habité, Touggour, petit village situé sur sa rive même,
du côté gauche : le hameau se compose d’environ 50 habitations,
occupées par des cherifs, descendants de Moulei Iạqob ben Selîman,
et d’une qoubba, mausolée de ce saint. Touggour est située à peu
près à mi-distance de Misour à Ouṭat Oulad el Ḥadj. Elle coupe
ainsi la longue ligne de tamarix qui, au-dessus et au-dessous d’elle,
garnit l’excavation du fleuve, en deux parties presque égales. Elles
ont chacune leur nom : de Misour à Touggour, c’est Ṛaba Sidi
Ạbd el Ouaḥad, ainsi appelée d’une qoubba qui s’y trouve ;
de Touggour à Ouṭat Oulad el Ḥadj, c’est Ṛaba el Ạrich.

Ouṭat Oulad el Ḥadj est un groupe d’environ 30 qçars unis
entre eux et enveloppés par de superbes jardins ; il est situé au
confluent de la Mlouïa et de l’Ouad Chegg el Arḍ, son tributaire
de gauche. Les jardins de cette sorte d’oasis touchent au fleuve,
mais aucune localité n’est sur son cours ; toutes sont sur l’Ouad
Chegg el Arḍ.

Au-dessous d’Ouṭat Oulad el Ḥadj, la Mlouïa demeure encore
longtemps sur le territoire des Oulad el Ḥadj. La vallée
tout entière leur appartient jusqu’au petit centre d’Oulad
Ḥamid. Dans cette nouvelle portion, la vallée et les rives
de la Mlouïa sont un peu différentes de ce qu’elles étaient
auparavant. La vallée est toujours une vaste plaine, mais elle est
moins large : elle avait plus de 30 kilomètres à hauteur de Misour,
elle n’en a que 20 à El Ouṭat et ne cesse de se rétrécir
jusqu’à Oulad Ḥamid. Elle reste déserte, avec çà et là
de rares campements de nomades. Quant au fleuve, à partir d’El
Ouṭat, il n’est plus encaissé et coule au niveau de la plaine ;
plus de tamarix sur ses bords. Encore désert pendant une grande partie
de son cours, il se garnit de qçars de distance en distance ; ces
qçars sont, en le descendant : Oulad Jerrar (rive droite ; 20 fusils),
Baṛdad (rive gauche ; 40 fusils), Oulad El Ḥasen (rive droite ; 40
fusils), Ez Zaouïa (rive droite ; 40 fusils), Oulad Sidi Ben Ạïada
(rive gauche ; 30 fusils), Zerzaïa (rive gauche ; 80 fusils), Oulad
Sidi Bou Iạqob (rive droite ; 30 fusils), Oulad Ḥamid (petite
qaçba entourée de tentes et de huttes réparties sur les deux rives
du fleuve ; 200 fusils). Il y a environ 17 kilomètres d’El Ouṭat
à Oulad Jerrar. Les autres localités s’échelonnent au-dessous,
ayant tantôt peu, tantôt beaucoup de distance entre elles. Les
qçars d’Oulad Sidi Ben Ạïada et d’Oulad Sidi Bou Iạqob
sont peuplés de marabouts, celui de Zerzaïa de Qebala, les autres
d’Oulad el Ḥadj. Tous appartiennent à cette tribu. Les espaces
qui les séparent sont déserts, excepté d’Oulad Sidi Bou Iạqob
à Oulad Ḥamid ; entre ces deux points, les bords du fleuve sont
sans interruption garnis de cultures.

En sortant du territoire des Oulad el Ḥadj, la Mlouïa passe à
Refoula. C’est une petite qaçba entourée d’un certain nombre
de tentes qui, comme celles d’Oulad Ḥamid, comme celles du Za,
de l’Ouad Mesegmar, sont là constamment, aussi fixes que des
maisons. Refoula appartient aux Ḥallaf, bien que le gros de cette
tribu soit plus bas, séparé d’elle par les Houara. D’Oulad
Ḥamid à Refoula, les bords du fleuve ne cessent d’être couverts
de cultures.

De Refoula, la Mlouïa entre sur le territoire des Houara. Cette tribu
en occupe les deux rives et parcourt la vaste plaine au milieu de
laquelle elle coule. La vallée, après s’être beaucoup rétrécie
aux environs d’Oulad Ḥamid, resserrée entre les monts des Ṛiata
et les monts Debdou, s’élargit ensuite subitement : les montagnes
font place à d’immenses plaines, le Tafrâta, l’Angad, le Jell, le
Ṛaret ; le fleuve coule à leur niveau ; on ne voit plus de limite à
sa vallée. C’est dans ces plaines, sur les deux rives de l’ouad,
que campent les Houara. Nomades, ils n’ont que deux établissements
fixes au bord du fleuve ; ce sont deux qaçbas, Gersif (ou Agersif) et
Oulad Ḥammou ou Mousa. La première, très ancienne, mais délabrée
aujourd’hui, commande un gué important ; elle appartient à la
fraction des Oulad Mesạoud ; la seconde est à une certaine distance
au-dessous de la première ; toutes deux sont sur la rive gauche. A
défaut d’habitations fixes sur la Mlouïa, les Houara y ont un
certain nombre de tentes et beaucoup de cultures. Ils ont divisé le
cours du fleuve entre leurs diverses fractions ; chacune en possède
un tronçon, où elle laboure au bord de l’eau et où elle campe
pendant une partie de l’année ; voici, en descendant l’ouad,
en quel ordre les fractions des Houara s’y succèdent : Ạtamna,
Oulad Sedira, Mezarcha, Zergan, Oulad Mesạoud, Oulad Ḥammou ou
Mousa. Tant que la Mlouïa est sur le territoire des Houara, et depuis
Refoula, les deux côtés ne cessent d’en être garnis de cultures.

Des Houara, la Mlouïa passe chez les Ḥallaf ; ce sont encore des
nomades ; ils occupent les deux rives du fleuve et les plaines qui
le bordent. Chez eux, pas une seule construction sur son cours ;
mais il ne cesse d’être garni de cultures tout le temps qu’il
demeure sur leur territoire. Celui-ci succédant immédiatement au
territoire des Houara, les plantations ne s’interrompent pas entre
les deux tribus : ainsi depuis Oulad Sidi Bou Iạqob, chez les Oulad
el Ḥadj, jusqu’au point le plus bas des Ḥallaf, les deux rives de
la Mlouïa sont constamment cultivées. Comme les Houara, les Ḥallaf
ont partagé le cours du fleuve entre leurs diverses fractions ; voici,
en le descendant, dans quel ordre elles s’y suivent : Oulad Reḥou,
Medafra, Oulad Sidi Moḥammed bel Ḥoseïn (cherifs), Oulad Mahdi,
El Arbạ, Oulad Selîman.

En sortant de chez les Ḥallaf, la Mlouïa entre chez les Beni
Oukil. C’est une tribu de marabouts, n’ayant que des tentes, mais
installés toujours aux mêmes lieux et ne quittant pas les bords du
fleuve dont ils possèdent les deux rives. Ils se divisent en trois
fractions : chacune d’elles campe groupée en un point déterminé
du cours de la Mlouïa. Ces trois points sont espacés à environ
13 kilomètres les uns des autres ; on n’a pu me dire le nom de
la fraction qui est le plus haut, la seconde s’appelle El Khorb,
la plus basse Oulad el Bacha. Entre ces trois groupes, comme entre
le premier et la frontière des Ḥallaf, le fleuve est désert ;
plus de cultures sur ses bords.

Au-dessous des Beni Oukil, la Mlouïa coule dans le désert jusqu’à
son embouchure dans la Méditerranée ; dans cet espace, ni lieu
habité ni plantations sur ses rives. Cette dernière portion de son
cours est étroitement resserrée entre deux chaînes de montagnes,
l’une à droite habitée par les Beni Iznâten, l’autre à gauche
occupée par les Kebdana.

  Distances :  de Qaçba el Makhzen (Qçâbi ech Cheurfa) au confluent de
               la Mlouïa et de l’Ouad Ouṭat Aït Izdeg comme de Kerrando
               à Nezala.

               de Qaçba el Makhzen (Qçâbi ech Cheurfa.) au qçar le plus
               haut du district comme d’Aït Çaleḥ à Mellaḥ Tiallalin.

               de Qaçba el Makhzen (Qçâbi ech Cheurfa) au qçar le plus
               bas du district comme 2 fois d’Aït Çaleḥ à Mellaḥ
               Tiallalin.

               de Qaçba el Makhzen (Qçâbi ech Cheurfa) à Aḥouli comme
               d’Aït Çaleḥ au Gers.

               de Qaçba el Makhzen (Qçâbi ech Cheurfa) à Megdoul comme
               d’Aït Ọtman à Mellaḥ Tiallalin.

               de Qçâbi ech Cheurfa à Izeṛran comme d’Aït ou Alil à
               Mellaḥ Tiallalin.

               de Megdoul à El Bridja comme d’El Bridja à Misour.

               du confluent de la Mlouïa et de l’Ouad Souf ech Cherg à
               Igli comme d’Aït ou Alil à Mellaḥ Tiallalin.

               d’Igli à Touggour comme du Gers à Nezala.

               de Touggour à Ouṭat Oulad el Ḥadj comme du Gers à Nezala.

               d’El Ạrzan à Oulad Jerrar comme d’Aït Ọtman à Qçar es
               Souq.

               d’Oulad Jerrar à Baṛdad comme d’Aït Çaleḥ à Mellaḥ
               Tiallalin.

               Oulad El Ḥasen est en face de Baṛdad.

               Ez Zaouïa touche Oulad El Ḥasen.

               de Reggou à Oulad Sidi Ben Ạïada comme de Qçar es Souq à
               Aït Ọtman.

               de Feggouç à Zerzaïa comme d’Aït Ọtman à Tamerrakecht.

               de Zerzaïa à Oulad Ḥamid comme d’El Bridja à Misour.

               d’Oulad Sidi Bou Iạqob à Oulad Ḥamid, la moitié de la
               distance d’Oudjda à Lalla Maṛnia.

               d’Oulad Sidi Bou Iạqob à Gersif comme du Za à Qaçba el
               Ạïoun.

               de Debdou à Gersif comme du Za à Qaçba el Ạïoun.

               d’Oulad Selîman au groupe le plus haut des Beni Oukil, la
               moitié de la distance d’Oudjda à Lalla Maṛnia.

               du groupe le plus haut des Beni Oukil à El Khorb, la
               moitié de la distance d’Oudjda à Lalla Maṛnia.

               d’El Khorb à Oulad el Bacha, la moitié de la distance
               d’Oudjda à Lalla Maṛnia.

Après avoir décrit dans son ensemble le cours de la Mlouïa, nous
allons étudier séparément les trois importants groupes de qçars
qui se trouvent l’un sur ses rives mêmes, les deux autres tout
près d’elles : Qçâbi ech Cheurfa, Misour, Ouṭat Oulad el Ḥadj.


                          =Qçâbi ech Cheurfa.=


Ce district se compose d’un certain nombre de qçars, tous situés
sur les rives de la Mlouïa ; en voici les noms, dans l’ordre où
on les rencontre en descendant le fleuve :

  Oulad Ṭeïr (Qebala)                   rive droite,      30  fusils.

  Taṛzout (cherifs et Ḥaraṭîn)          rive droite,     120

  Oulad Ạrzin (cherifs et Ḥaraṭîn)      rive droite,      25

  Qçar Djedid (cherifs et Ḥaraṭîn)      rive droite,      60

  El Qçâbi (cherifs et Ḥaraṭîn)         rive droite,     150

  Chegg el Ouad (cherifs et Ḥaraṭîn)    rive gauche,      30

  El Mektoufa (cherifs et Ḥaraṭîn)      rive gauche,      20

  Sạïda (Aït Tseṛrouchen)               rive droite,      50

  Aït Blal (Aït Izdeg)                  rive droite,      50

  Akhsab (Aït Izdeg)                    rive gauche,      30

Le district appartient aux cherifs qui l’habitent : eux seuls y
possèdent la terre et ont part à l’administration. Dans quelques
endroits, tels que Sạïda et Aït Blal, ils louent la terre à des
étrangers, mais sans l’aliéner. Jadis indépendants du sultan, ils
se sont soumis à lui sans résistance en 1877. Depuis ce temps, ils
ont un qaïd, résidant à El Qçâbi, dans une qaçba appelée Qaçba
el Makhzen. Mais celui-ci ne s’ingère point dans leurs affaires
locales ; il est peu respecté des cherifs, qui plus d’une fois
ont répondu à ses demandes par des coups de fusil. De tout temps le
district a eu une debiḥa sur les Aït Izdeg : il l’a aujourd’hui
encore et continue, bien que blad el makhzen, à leur payer tribut.

Les cherifs de Qçâbi ech Cheurfa sont originaires du Tafilelt ;
ils appartiennent à deux rameaux de la branche des Ạlaouïa,
ceux des Oulad Moulei Ḥachem et des Oulad Moulei Ạli.

L’arabe et le tamaziṛt sont également en usage dans le
district. La plupart des habitants parlent les deux langues.

Marché permanent dans la localité d’El Qçâbi ; c’est le seul
du district.

Un mellaḥ.


                               =Misour.=


Misour est un district indépendant, formé d’un certain nombre de
qçars qui s’élèvent auprès du confluent de l’Ouad Souf ech
Cherg et de la Mlouïa ; il est divisé en deux parties distinctes,
l’une située sur les rives de l’Ouad Souf ech Cherg, l’autre
sur celles de la Mlouïa. La première, Misour proprement dit,
est de beaucoup la plus considérable ; elle se compose de tous les
qçars du district à l’exception d’un. La seconde est formée de
la seule localité d’Igli. Nous avons déjà indiqué la position
d’Igli ; nous ne parlerons donc que de la portion de Misour placée
sur l’Ouad Souf ech Cherg. Celle-ci ne forme qu’un seul îlot
de verdure où sont disséminés les neuf qçars qui la composent ;
voici les noms de ces derniers, dans l’ordre où on les trouve en
descendant la rivière :

  Oulad Bou Ḥafra                                 rive        15 fusils.
                                                  droite,

  Oulad Bou Jejia                                 rive        60
                                                  droite,

  Oulad Selîman                                   rive        80
                                                  droite,

  El Gara (ce sont 3 tours construites sur une    rive
  éminence : on les emplit de tireurs en temps    droite,
  de guerre ; elles sont inhabitées pendant la
  paix)

  Oulad Seṛeïr (située sur une colline)           rive       100 fusils.
                                                  droite,

  Gebdour                                         rive        50
                                                  droite,

  El Ḥarsa                                        rive        30
                                                  droite,

  Bou Kenzt                                       rive       300
                                                  droite,

  Oulad Sidi Bou el Ạlam                          rive        50
                                                  droite,

Les cinq premiers qçars sont très rapprochés les uns des autres ;
ils portent le nom collectif d’Oulad Abbad. Les 4 derniers sont
plus espacés ; ils portent le nom d’Oulad Bou Ṭîb.

Misour est indépendant et du sultan et des tribus voisines. Chaque
qçar s’y administre isolément, sans aucun lien avec les autres.

La population de Misour se compose partie d’Arabes, partie de
marabouts. On n’y parle que l’arabe.

Pas de marché.

Un mellaḥ.

  Distances :  d’Oulad Bou Ḥafra à l’Ouad Souf ech Cherg comme d’Aït ou
               Alil à Kerrando.

               d’Oulad Bou Jejia à l’Ouad Souf ech Cherg comme d’Aït ou
               Alil à Kerrando.

               d’Oulad Selîman à l’Ouad Souf ech Cherg comme d’Aït ou
               Alil à Kerrando.

               d’El Gara à l’Ouad Souf ech Cherg, 200 mètres de plus que
               d’Aït ou Alil à Kerrando.

               d’Oulad Seṛeïr à l’Ouad Souf ech Cherg, 200 mètres de
               plus que d’Aït ou Alil à Kerrando.

               d’Oulad Bou Ḥafra à Oulad Bou Jejia, 500 mètres.

               d’Oulad Bou Jejia à Oulad Selîman, 200 mètres.

               d’Oulad Bou Jejia à El Gara, 200 mètres.

               d’Oulad Selîman à Oulad Seṛeïr, 200 mètres.

               d’El Gara à Oulad Seṛeïr, 200 mètres.

               d’Oulad Bou Ḥafra à Oulad Selîman, 700 mètres.

               de Gebdour à l’Ouad Souf ech Cherg comme d’Aït ou Alil à
               Kerrando.

               d’El Ḥarsa à l’Ouad Souf ech Cherg comme d’Aït ou Alil à
               Kerrando.

               de Bou Kenzt à l’Ouad Souf ech Cherg comme d’Aït ou Alil
               à Kerrando.

               Oulad Sidi Bou el Ạlam est sur la rive même de l’Ouad
               Souf ech Cherg.

               d’Oulad Selîman à Gebdour, 1000 mètres.

               de Gebdour à El Ḥarsa, 1500 mètres.

               d’El Ḥarsa à Bou Kenzt, 600 mètres.

               d’El Ḥarsa à Oulad Sidi Bou el Ạlam, 2000 mètres.

               d’Oulad Bou Ḥafra à l’Ouad Mlouïa comme de Tamerrakecht à
               Aït Çaleḥ.

               d’Oulad S. Bou el Ạlam à Igii comme d’Aït Çaleḥ au Gers.


                         =Outat Oulad El Hadj.=


Ouṭat Oulad el Ḥadj, ou El Ouṭat, comme on l’appelle le plus
souvent, est un groupe d’une trentaine de qçars situés sur les
rives de l’Ouad Chegg el Arḍ auprès de son confluent avec la
Mlouïa. Ces qçars sont enveloppés et unis par de superbes vergers
qui font du groupe un seul îlot de verdure. El Ouṭat appartient
aux Oulad el Ḥadj, sur le territoire desquels elle est située, et
n’est peuplée que d’eux, à l’exception de quelques localités
habitées par des marabouts. Voici les qçars qui la composent, dans
l’ordre où on les trouve en descendant l’Ouad Chegg el Arḍ :

  Oulad El Feḍil                             rive             6  fusils.
                                             droite,

  Oulad Ạbd el Malek                         rive            20
                                             gauche,

  Mellaḥ el Ihoud                            rive            30
                                             droite,

  Oulad El Bekri                             rive            20
                                             gauche,

  El Angab (2 qçars)                         rive            30
                                             droite,

  El Hamouziin                               rive            30
                                             droite,

  Zaouïa Sidi Ạbd el Ouaḥad                  rive            40
                                             gauche,

  El Ḥarar                                   rive            50
                                             droite,

  Oulad Mellouk (groupe de 12 qçars)         rive           300
                                             droite,

  Cheurfa Qouareṭ (Oulad Moulei Iạqob ; 3    rive            50
  qçars)                                     droite,

  Cheurfa Touggour (Oulad Moulei Iạqob ; 3   rive            50
  qçars)                                     droite,

  Zaouïa Sidi Ạbd el Ouaḥad                  rive            40
                                             gauche,

  Zaouïa Sidi Oumbarek (marabouts de         rive
  Kenadsa)                                   gauche,

  Kechchacha (2 qçars)                       rive            30
                                             droite,

  Beni Bou Ḥi                                rive           150
                                             gauche,

Ces localités sont toutes situées sur la rivière même ou très
près d’elle, à l’exception d’Oulad Mellouk ; les 12 qçars
qui composent ce groupe, presque contigus les uns aux autres,
s’élèvent à environ 2 kilomètres de la rivière et des autres
qçars ; ils leur sont unis par des jardins et sont compris dans
l’îlot général d’El Ouṭat. Oulad Mellouk est alimentée par
des canaux dérivés de l’Oulad Chegg el Arḍ.

El Ouṭat, étant aux Oulad el Ḥadj, suit leur sort, et chaque qçar
suit celui de la fraction à laquelle il appartient. En ce moment,
la tribu est insoumise au sultan. Les Oulad el Ḥadj sont de race et
de langue arabe ; mais beaucoup d’habitants d’El Ouṭat savent
aussi le tamaziṛt.

Point de marché à Ouṭat Oulad el Ḥadj.

Un mellaḥ.

On considère souvent comme faisant partie d’Ouṭat Oulad el Ḥadj
le groupe isolé d’El Ạrzan : il se compose d’environ 10 qçars
(300 fusils) entourés de jardins. C’est un îlot, séparé de celui
d’El Ouṭat et distant de lui de 5 kilomètres ; il appartient
aussi aux Oulad el Ḥadj et est de tout point analogue à celui dont
on le regarde comme un complément.

  Distances :  d’Oulad El Feḍil à Kechchacha comme de Mellaḥ Tiallalin
               au Gers.

               d’El Ạrzan à l’Ouad Chegg el Arḍ comme d’Aït Çaleḥ à Aït
               ou Alil.

               d’El Ạrzan à Kechchacha comme d’Aït Çaleḥ à Kerrando.

               Zaouïa Sidi Ạbd el Ouaḥad est en face d’El Hamouziin.

               Beni Bou Ḥi est en face de Kechchacha.


                       2o. — VALLÉE DE LA MLOUIA.


La vallée de la Mlouïa est en général très large ; voici les
aspects qu’elle prend successivement.

Nous ne savons point ce qu’elle est dans sa partie haute, chez les
Beni Mgild.

Du confluent de l’Ouad Ouṭat Aït Izdeg à El Bridja, elle a
une largeur uniforme d’environ 16 kilomètres. C’est une vaste
plaine, unie au milieu, en pente légère sur les deux bords, bornée
à gauche par le pied du Moyen Atlas, à droite par le Grand Atlas.

A El Bridja, la vallée s’élargit beaucoup ; à Misour, elle
atteint sa plus grande largeur, environ 32 kilomètres. De là à Oulad
Ḥamid, c’est une immense plaine, unie et nue, appelée du nom du
fleuve, _Mlouïa_ ; elle est bornée à gauche par le Moyen Atlas,
haute muraille sombre aux crêtes neigeuses ; à droite par le Rekkam,
mouvement de terrain à peine sensible apparaissant comme une ligne
jaune à l’horizon : le Rekkam est une succession de côtes très
douces et de plateaux très bas, formant dans leur ensemble une longue
rampe ondulée, de pente très faible, au sommet de laquelle commence,
sous le nom de Ḍahra, la vaste région des Hauts Plateaux. Le Rekkam
a son origine au Grand Atlas, se dirige à peu près du sud au nord,
et se prolonge jusqu’aux monts Debdou. De Misour à Oulad Ḥamid,
la vallée va en se rétrécissant d’une façon insensible,
mais continue. A Ouṭat Oulad el Ḥadj, elle n’a plus que 20
kilomètres ; à Oulad Ḥamid, elle est beaucoup plus étroite. Aux
environs de ce point, le fleuve traverse un kheneg. C’est la trouée
par laquelle il perce le Moyen Atlas ; là, le Rekkam a disparu :
des deux côtés du fleuve, s’élèvent les hautes murailles de
la chaîne où il se fraie un passage, après en avoir si longtemps
longé le pied. A droite du kheneg, le Moyen Atlas porte le nom de
Djebel Debdou. A sa gauche, il n’a pas de nom spécial ; c’est
la partie de la chaîne occupée, à quelque distance du fleuve,
par les Beni Ouaṛaïn.

A cet étranglement de la vallée succède une plaine : sur la rive
droite, c’est le vaste désert de Tafrâta, commençant près
d’Oulad Ḥamid et se prolongeant jusqu’au pays de Za ; sur la
rive gauche, c’est la vallée de l’Ouad Melillo : celui-ci coule
entre le Moyen Atlas et la chaîne des Ṛiata et se jette dans la
Mlouïa à Gersif.

Cette plaine est suivie d’une autre, qui est séparée de la
première par une ligne de coteaux très bas unissant le Djebel Ṛiata
à la chaîne des monts Mergeshoum, Beni Bou Zeggou et Zekkara, son
prolongement ; le fleuve perce ces hauteurs presque insensibles vers
les confins des Houara et des Ḥallaf, et entre dans la nouvelle
plaine qui porte à droite le nom d’Angad, à gauche ceux de
Jell d’abord, de Ṛaret ensuite : la plaine de Jell et celle de
Ṛaret sont séparées par une chaîne de collines peu élevées,
le Gelez. L’Angad, le Tafrâta, le Jell, le Ṛaret sont de vastes
surfaces unies et désertes s’étendant très loin à l’est et
à l’ouest, et bornées dans ces directions par des mouvements de
terrain peu élevés qu’on n’aperçoit pas de la Mlouïa ; rien,
pendant que le fleuve parcourt ces plaines, ne détermine les limites
de sa vallée.

L’Angad et le Ṛaret finissent au-dessous des dernières tentes des
Beni Oukil. Là le fleuve rentre en montagne. Sa vallée, jusqu’à
la mer, demeure resserrée entre les flancs d’une haute chaîne
au milieu de laquelle il s’est percé un passage ; cette chaîne,
prenant les noms des tribus qui l’habitent, s’appelle, à droite
de la Mlouïa, Djebel Beni Iznâten, à gauche Djebel Kebdana.

Après avoir dessiné à grands traits la vallée de la Mlouïa,
nous allons énumérer les qçars qui s’y trouvent, situés dans le
fond ou sur les flancs, sans être sur le cours du fleuve ni sur ceux
de ses affluents. Il y en a fort peu dans le fond, mais un certain
nombre sur les premières pentes des chaînes qui le bordent. Nous
les diviserons en cinq classes :

1o Qçars des Aït ou Afella.

2o Qçars au pied du Grand Atlas.

3o Qçars du Rekkam.

4o Qçars des premières pentes du flanc gauche de la vallée
(Moyen Atlas).

5o Qçars du Djebel Debdou (Moyen Atlas).


                     =1o Qçars des Aït ou Afella.=


Ils sont au nombre de trois, tous situés dans le fond de la vallée,
entre le Grand Atlas et la Mlouïa : ce sont :

  _Zebzat._                                             200  fusils.

  _Bou Aïach_ (arrosée par un ruisseau sortant du        30
  Djebel Aldoun dans le Grand Atlas).

  _Entrit_ (arrosée par des sources).                    15

Nous les avons vus tous trois en allant du col de Telṛemt à Qçâbi
ech Cheurfa ; les deux premiers étaient à l’ouest de notre route,
le dernier à l’est.

  Distances :  de Qaçba el Makhzen (El Qçâbi) à Entrit comme d’Aït Çaleḥ
               à Kerrando.

               d’Entrit à Bou Ạïach comme d’Aït Çaleḥ à Kerrando.

               de Qaçba el Makhzen à Zebzat comme d’Aït Ọtman à Mellaḥ
               Tiallalin.


                   =2o Qçars au pied du Grand Atlas.=


Voici leurs noms, dans l’ordre où on les rencontre en longeant le
pied du Grand Atlas, de l’ouest à l’est :

  _Zriouila_ (Aït Tseṛrouchen et Aït Izdeg).       20  fusils.

  _Bertat_ (Aït Izdeg).                           200

Ces localités sont arrosées par des sources ; elles appartiennent
aux tribus que nous venons de citer. Dans chacune, la population
se compose partie d’individus de la tribu qui possède le qçar,
partie de Qebala.

Ni marché, ni Juifs en aucun de ces points.

  Distances :  de Qaçba el Makhzen (El Qçâbi) à Zriouila comme d’Aït
               Çaleḥ au Gers.

               de Zriouila à Bertat comme d’Aït Çaleḥ à Mellaḥ Tiallalin.

               de Bertat à Ạïat (Ouad Ouizert) comme d’Aït Ọtman à
               Mellaḥ Tiallalin.

               d’Ạïat à Bou Sellam comme d’Aït Çaleḥ au Gers.

               de Bou Sellam à Tagenza comme du Gers à Nezala.

               de Tagenza à Azdad comme d’Aït Ọtman à Aït Çaleḥ.

               de Qaçba el Makhzen à Azdad, un jour 1/2 de marche.

               de Tagenza à Tanslemt comme d’Aït Ọtman à Qçar es Souq.

               de Tanslemt à Talsit comme de Qçar es Souq à Mellaḥ
               Tiallalin.

               de Talsit à Anoual comme de Nezala à Qçâbi ech Cheurfa.

Les cinq points d’Azdad, de Talsit, d’Anoual, de Tagenza et de
Tanslemt, dont il est parlé ici, sont des localités du Ḍahra ou du
pied du Grand Atlas. Azdad est un groupe de 5 qçars appartenant aux
Aït Tseṛrouchen : 200 fusils. Talsit est un groupe indépendant
de 3 qçars contigus, habités par des marabouts de Sidi Ben Ạbd
Allah ; il est situé sur une rivière de même nom que lui, dont
le reste du cours est à sec et désert : 300 fusils. Anoual est un
qçar de 60 fusils, peuplé d’Aït Tseṛrouchen et de marabouts ;
il compte dans le Ḍahra[121]. Tagenza est un qçar de 80 fusils,
peuplé moitié d’Aït Izdeg, moitié d’Aït Tseṛrouchen, et
dépendant des deux tribus ; il est situé sur un petit cours d’eau
de même nom que lui dont le reste du cours est désert. Tanslemt
est un qçar isolé de 100 fusils, habité par des Qebala ; ceux-ci,
comme les autres Qebala de la région, sont vassaux des puissantes
tribus voisines et indépendants du sultan ; Tanslemt est sur une
petite rivière dont le reste du cours est désert.


                         =3o Qçars du Rekkam.=


Ils sont au nombre de quatre, contigus les uns aux autres, et
enveloppés dans une même ceinture de jardins. Ce groupe se nomme :

  _Tiissaf._ 300 fusils.

La population de Tiissaf est composée de marabouts des Oulad Sidi
Ạïssa ; ces religieux sont regardés comme formant une des fractions
des Oulad el Ḥadj.

Une grande ḍaïa alimente ce lieu.

  Distances :  de Tiissaf au lit de la Mlouïa comme d’Aït Çaleḥ au Gers.

               Tiissaf est à peu près en face de Tirnest par rapport à
               la Mlouïa.

   =4o Qçars sur les premières pentes du flanc gauche de la vallée.=

Ils forment cinq groupes, situés sur les premières pentes du Moyen
Atlas, dans la région de cette chaîne comprise entre Misour et
Oulad Ḥamid. En voici les noms, dans l’ordre où on les trouve
en suivant les premières pentes du Moyen Atlas du sud au nord :

  Almis (un seul village ; Chellaḥa).                      250  fusils.

  Tirnest (10 qçars ; Oulad el Ḥadj).                      600

  Reggou (5 qçars ; Chellaḥa).                             400

  Qçar el Mạllemin (1 qçar ; Chellaḥa).                     12

  Feggouç (2 qçars ; marabouts des Oulad Sidi Iạqob).       80

Tous ces points sont arrosés par des sources et entourés de jardins
fertiles. Tirnest, Reggou, Feggouç ont chacun leurs qçars contigus
et groupés au milieu d’un seul îlot de verdure, comme Misour
et El Ouṭat. Almis et Reggou, bien que peuplés de Chellaḥa,
sont constamment alliés aux Oulad el Ḥadj. Qçar el Mạllemin
dépend des Oulad el Ḥadj. A Tirnest, ils forment la majorité des
habitants et sont les maîtres. Ni marché, ni Juifs dans aucune de
ces localités.

Almis est fort riche ; ce village possède à lui seul 100 chevaux.

  Distances :  d’Almis à Ouṭat Oulad el Ḥadj comme d’Ouṭat Oulad el Ḥadj
               à Misour.

               d’Almis à Misour comme de Megdoul à Misour.

               d’Almis à Tiouant comme de Megdoul à Misour.

               de Tirnest à Mellaḥ el Ihoud (Ouṭat Oulad el Ḥadj) comme
               de Megdoul à Misour.

               de Tirnest à El Ạrzan comme d’Aït Çaleḥ à Kerrando.

               de Tirnest à Oulad Ạli (Ouad Chegg el Arḍ) comme de Qçâbi
               ech Cheurfa à Megdoul.

               de Tirnest à Reggou comme de Megdoul à Misour.

               de Reggou à Oulad Jerrar comme d’El Bridja à Misour.

               de Reggou à l’Ouad Mlouïa comme de Qçar es Souq à Aït
               Ọtman.

               de Reggou à Oulad S. Ben Ạïada comme de Qçar es Souq à
               Aït Ọtman.

               de Reggou à Qçar el Mạllemin comme de Kerrando au Gers.

               de Qçar el Mạllemin à l’Ouad Mlouïa comme d’Aït Çaleḥ au
               Gers.

               de Qçar el Mạllemin à Feggouç comme d’Aït Çaleḥ à
               Kerrando.

               de Feggouç à Reggou comme de Megdoul à Misour.

               de Feggouç à l’Ouad Mlouïa comme d’Aït Çaleḥ à Kerrando.


                      =5o Qçars du Djebel Debdou.=


On appelle _Djebel Debdou_ la portion du Moyen Atlas qui s’étend
de Sidi Ạli ben Ạbd er Raḥman d Admer à Sidi Ạli ben Samaḥ
d Oulad Ạmer, c’est-à-dire de la Mlouïa à l’Ouad Za.

Ce massif renferme un assez grand nombre de qçars et de villages ;
on leur donne le nom général de Haouz Debdou. Ils peuvent se diviser
en trois groupes :

I. Villages de la vallée de l’Ouad Debdou.

II. Rechida et qçars voisins.

III. Villages des Beni Ṛiis.

Nous allons dire un mot des deux premiers groupes ; le troisième
est situé sur un affluent de la Mlouïa dont il sera parlé plus bas.

I. _VILLAGES DE LA VALLÉE DE L’OUAD DEBDOU_. — L’Ouad Debdou
n’est qu’un ruisseau qui se perd dans le désert de Tafrâta,
sans atteindre la Mlouïa. Les villages de sa vallée se composent
d’abord de ceux qui sont situés au fond ; ce sont, en descendant :

  _Debdou_ (300 familles israélites et     rive droite,   100 fusils.
  100 musulmanes)

  _Qaçba Debdou_                           rive droite,    50

  _Qoubbouin_                              rive droite,    15

  _El Mesalla_                             rive gauche,   100

  _Bou Aïach_                              rive gauche,    10

ensuite de ceux qui se trouvent à mi-côte des flancs ; ce sont,
en descendant la vallée :

  _Sellaout_    flanc droit,       50  fusils.

  _Flouch_      flanc gauche,      30

Ces 7 villages, avec les deux groupes de tentes des Beni Fachat
(contigu à Sellaout ; flanc droit ; 150 fusils) et des Beni Ouchgel
(en aval du précédent ; flanc droit ; 30 fusils), groupes qui,
situés auprès de sources, de jardins, de cultures, sont aussi
invariables dans leurs positions que des villages, forment ce qu’on
appelle le pays de Debdou, _El Debdou_.

Le Debdou est soumis au sultan et dépend du qaïd de Tâza (en ce
moment Ạbd Allah Ech Cherradi) ; mais celui-ci n’y a placé ni
lieutenant, ni mkhaznis, ni aucun représentant de l’autorité ;
il se borne à venir en tournée tous les ans ou tous les deux ans,
et à envoyer de temps en temps quelques mkhaznis lever l’impôt
sur les Musulmans. Chose curieuse, le qaïd de Tâza n’a sous ses
ordres directs que les Musulmans du Debdou ; les Israélites, fort
nombreux dans le district, dépendent non de lui, mais d’un des
bachas de Fâs, Ould Ba Moḥammed ; c’est à ce dernier qu’ils
remettent tous les ans le montant de leur tribut.

Les habitants du Debdou s’administrent donc eux-mêmes et, pour
les difficultés, s’en réfèrent à Tâza. On les désigne sous
le nom d’Ahel Debdou. Ce semble être une population mêlée,
Arabes et Chellaḥa, ces derniers dominant. La langue est pour les
uns l’arabe, pour les autres le tamaziṛt.

Marché permanent au village de Debdou et, de plus, souq el khemîs
dans la même localité.

Un mellaḥ.

II. _RECHIDA ET QÇARS VOISINS_. — Ce second groupe se compose
d’un certain nombre de qçars isolés les uns des autres, situés
ceux-ci sur les pentes, ceux-là au pied du revers occidental du
Djebel Debdou ; ils sont beaucoup plus près de la Mlouïa que les
précédents et sont situés sur le flanc même de sa vallée. Voici
leurs noms, dans l’ordre où on les rencontre en descendant
celle-ci :

  _Admer_ (marabouts de Sidi Ạli ben Ạbd er            100  fusils.
  Raḥman).

  _Beni Khelften._                                     150

  _Rechida_ (marabouts).                               200

  _Alouana._                                            30

Les habitants de Rechida et d’Admer sont marabouts. Ils font partie,
ainsi que les gens de Beni Khelften, des Oulad el Ḥadj, dont les Ahel
Rechida et les Oulad Admer sont deux fractions. Mais en ce moment ils
sont en guerre avec le reste de leur tribu. Celle-ci est insoumise ;
eux obéissent au sultan ; d’où querelle.

Rechida est un grand et beau qçar, situé à mi-côte du Djebel
Debdou, dans un lieu escarpé. Sources abondantes, grands jardins,
beaux oliviers.

Beni Khelften est au pied de Rechida, dans la position de Debdou par
rapport à Qaçba Debdou.

Admer est au sud de Beni Khelften ; des sources l’arrosent.

Ạlouana se trouve dans un repli de la montagne, au nord-ouest
de Debdou.

Admer, Beni Khelften, Rechida, Ạlouana, sont soumis au sultan et
dépendent du qaïd de Tâza.

  Distances :  d’Admer à Beni Khelften, le tiers de la distance de Lalla
               Maṛnia à Oudjda.

               d’Admer à Oulad Sidi Bou Iạqob, la moitié de la distance
               de Lalla Maṛnia à Oudjda.

               de Rechida à la Mlouïa, la distance de Lalla Maṛnia à
               Oudjda.

               de Rechida à Beni Ṛiis, la moitié de la distance de Lalla
               Maṛnia à Oudjda.

               de Debdou à Beni Ṛiis, la moitié de la distance de Lalla
               Maṛnia à Oudjda.

               Beni Khelften est au pied de Rechida.


                     3o. — AFFLUENTS DE LA MLOUIA.


La Mlouïa reçoit un grand nombre d’affluents. Voici les principaux
d’entre eux, dans l’ordre où on les rencontre en descendant
le fleuve :

  Ouad Ouṭat Aït Izdeg, se jetant sur sa rive droite aux confins
des Beni Mgild et des Aït ou Afella.

  Ouad Ouizert, se jetant sur sa rive droite entre Megdoul et
El Bridja.

  Ouad Souf ech Cherg, se jetant sur sa rive gauche à quelques
mètres au-dessus d’Igli.

  Ouad Tiddarin, se jetant sur sa rive droite à 1000 mètres
au-dessous d’Igli.

  Ouad Tiouant, se jetant sur sa rive gauche entre Touggour et
Ouṭat Oulad el Ḥadj.

  Ouad Medfạ Keddou, se jetant sur sa rive droite entre Touggour
et Ouṭat Oulad el Ḥadj.

  Ouad Chegg el Arḍ, se jetant sur sa rive gauche à Ouṭat
Oulad el Ḥadj.

  Ouad Beni Ṛiis, se jetant sur sa rive droite dans la fraction
des Ạtamna (Houara).

  Ouad Melillo, se jetant sur sa rive gauche à Gersif.

  Ouad Messoun, se jetant sur sa rive gauche dans la fraction des
Oulad Reḥou (Ḥallaf).

  Ouad Za, se jetant sur sa rive droite dans la plus haute des 3
fractions des Beni Oukil.

  Ouad el Qceb, se jetant sur sa rive droite chez les Beni Oukil,
au-dessous du Za.

_OUAD OUTAT AIT IZDEG_. — Cette rivière prend sa source dans le
Grand Atlas au Djebel El Ạïachi. Elle arrose sur son cours le
district d’Ouṭat Aït Izdeg ; le reste du temps, elle coule dans
le désert. Voici les qçars dont se compose Ouṭat Aït Izdeg,
dans l’ordre où on les trouve en descendant l’ouad :

                RIVE DROITE :

  Tatteouin.                     60  fusils.

  Afelilou (2 qçars).           150

  Tissouit.                      20

  Asellim (2 qçars).            150

  Aït ou Afella (3 qçars).      100

  Ikher Imzioun.                 60

                RIVE GAUCHE :

  Berrom.                       100  fusils.

  Tabnattout.                    50

  Semmoura.                      60

  Bou Zmella.                    60

  Aït Ọtman ou Mousa.           150

  Teççaouit.                    100

Ces divers qçars ne forment qu’un seul groupe et sont, sur chaque
rive, unis entre eux par des cultures. Ils appartiennent aux Aït
Izdeg. Ceux-ci en sont la seule population. La localité d’Aït ou
Afella dépend de la fraction de ce nom.

Le district étant la propriété des Aït Izdeg, il va de soi qu’il
est indépendant du sultan et qu’on y parle le tamaziṛt.

Marché permanent (le samedi excepté) à Bou Zmella. C’est le seul
d’Ouṭat Aït Izdeg.

Deux mellaḥs.

  Distances :  de Tatteouin à Ikher Imzioun comme de Mellaḥ Tiallalin à
               Aït ou Alil.

               Berrom est en face d’Asellim.

               Ikher Imzioun est en face d’Aït Ọtman ou Mousa.

               d’Ouṭat Aït Izdeg au confluent de l’Ouad Ouṭat Aït Izdeg
               et de la Mlouïa comme de Mellaḥ Tiallalin à Qçar es Souq.

=AFFLUENT.= — L’Ouad Ouṭat Aït Izdeg reçoit un affluent,
l’Ouad Aït Ạïach, se jetant sur sa rive gauche à une certaine
distance au-dessous du district d’Ouṭat Aït Izdeg.

OUAD AIT AIACH. — Il prend sa source au Djebel El Ạïachi et
arrose en descendant quatre qçars appartenant aux Aït Ạïach ;
le reste de son cours est désert. Voici les quatre qçars, dans
l’ordre où on les trouve en descendant la rivière :

  Aït Tiferraḥin    rive droite,       50  fusils.

  Aït Tourast       rive droite,       50

  Aït Ben Ạli       rive gauche,       50

  Ansegmir          rive gauche,      150

Les deux derniers qçars sont en face des deux premiers ; ils ne
forment tous quatre qu’un seul groupe ; les jardins sont unis sur
chaque rive du cours d’eau.

Les Aït Ạïach sont une fraction des Aït Iafelman. C’est dire
qu’ils sont indépendants et parlent le tamaziṛt. Ils composent
la seule population des 4 qçars de l’Ouad Aït Ạïach.

Ni marché, ni Juifs dans aucun d’eux.

  Distances :  du confluent de la Mlouïa et de l’Ouad Ouṭat Aït Izdeg à
               celui de l’Ouad Ouṭat Aït Izdeg et de l’Ouad Aït Ạïach
               comme de Qçar es Souq à Aït Ọtman.

               de Qaçba el Makhzen (El Qçâbi) à Ansegmir comme de Nezala
               à El Qçâbi.

_OUAD OUIZERT_. — Il prend sa source dans le Grand Atlas, au sommet
appelé Ikhf n Iṛir (Djebel Gir). Plusieurs qçars se trouvent
sur son cours ; les voici, dans l’ordre où on les rencontre en
le descendant :

  Ạïat (3 petits qçars : Qcîra Cheurfa ; Qcîra                60 fusils.
  Aït Attou ; Qcîra Sidi Ben Ḥachem).

  Bou Sellam (5 petits qçars : Qçar Ṭoual, rive              200
  gauche ; Qcîra Sidi Moḥammed bel Bachir, rive
  gauche ; Qcîra ech Cheurfa, rive gauche ;
  Qçar Oulad Moulei El Ḥasen, rive droite ;
  Qçar Ousebri, rive droite).

  Tisana                                          rive        10
                                                  gauche,

  Tikoutamin (2 qçars : Ḥaselfa ; Oulad Deḥou).               50

  Ouizert (3 qçars : Oulad Deḥou ; Oulad Ious ;   rive       150
  Oulad Abbou)                                    droite,

Ces localités sont échelonnées sur la rivière, assez loin les
unes des autres. Aucun lien ne les unit. Entre elles, au-dessus et
au-dessous, le cours de l’ouad est désert.

Ạïat est peuplée de cherifs et d’Aït Tseṛrouchen, Bou Sellam
de Qebala, Tisana de Qebala, Tikoutamin et Ouizert d’Oulad Khaoua.

  Distances :  d’Ạïat à Bou Sellam comme d’Aït Çaleḥ au Gers.

               de Bou Sellam à Tisana comme d’Aït Çaleḥ au Gers.

               de Tisana à Tikoutamin comme d’Aït Çaleḥ à Aït ou Alil.

               de Tikoutamin à Ouizert comme d’Aït Çaleḥ à Aït ou Alil.

               d’Ouizert à Megdoul comme d’Aït Çaleḥ à Aït ou Alil.

               d’Ouizert à Megdoul comme de Mellaḥ Tiallalin au Gers.

               d’Ouizert au confluent de l’Ouad Ouizert et de la Mlouïa
               comme d’Aït Çaleḥ à Kerrando.

               d’Ouizert à Igli comme d’Aït Ọtman au Gers.

               de Megdoul au confluent de l’Ouad Ouizert et de la Mlouïa
               comme d’Aït Ọtman au Gers.

_OUAD SOUF ECH CHERG_. — Il prend sa source dans le Moyen Atlas,
sur le territoire des Aït Ioussi. Il arrose deux qçars avant
d’arriver à Misour ; ce sont, en descendant la rivière :

  Qcîra Aït Ḥamed ou Selîman.      40  fusils.

  El Kseạt.                        40

De là il passe à Misour, qui a été décrit plus haut.

Qcîra Aït Ḥamed ou Selîman et El Kseạt sont habités par des
Aït Ioussi et appartiennent à cette tribu. Ces deux qçars sont
isolés l’un de l’autre ; entre eux, au-dessus et au-dessous,
le cours de la rivière est désert.

  Distances :  de Misour à El Kseạt comme d’Aït Ọtman à Kerrando.

               d’El Kseạt à Qcîra Aït Ḥamed ou Selîman comme du Gers à
               Aït Çaleḥ.

_OUAD TIDDARIN_. — Il prend sa source dans le Grand Atlas. Tout le
cours en est désert.

_OUAD TIOUANT_. — Il prend sa source dans le Moyen Atlas, au Djebel
Tiouant. Cette montagne, où l’on trouve du sel, est située, par
rapport à la Mlouïa, au-dessus de Touggour. A son pied, la rivière
arrose quelques villages qui composent le district de Tiouant. Ce
sont les seuls lieux habités de son cours, qui tout le reste du
temps est désert. Voici les noms de ces villages, dans l’ordre
où on les rencontre en descendant l’ouad :

  Bou Ḥennoun                                    rive         80 fusils.
                                                 droite,

  Aït Ḥammou                                     rive        150
                                                 gauche,

  Aït Ạïssa                                      rive         80
                                                 gauche,

  Aït Baroukh                                    rive        120
                                                 gauche,

  Aït ou Iaḥian (2 petits villages se faisant                150
  face, l’un sur la rive droite, l’autre sur
  la rive gauche)

Ces localités ne forment qu’un seul groupe ; leurs cultures se
touchent sur les deux rives du cours d’eau. A elles cinq, elles
composent tout le district de Tiouant.

Les gens du Tiouant sont toujours alliés aux Oulad el Ḥadj. Ils
sont Chellaḥa et sédentaires. Leur langue est le tamaziṛt. Point
de relations avec le sultan.

Ni marché, ni Juifs sur leur territoire.

L’Ouad Tiouant a toujours de l’eau dans son lit.

  Distances :  de la Mlouïa à Aït ou Iaḥian 1/2 jour de chemin.

               de la Mlouïa à Aït ou Iaḥian comme d’Aït Ọtman à Kerrando.

               d’Aït Ḥammou à Aït ou Iaḥian comme de Mellaḥ Ouṭat Oulad
               el Ḥadj à Kechchacha.

               Aït Ḥammou et Bou Ḥennoun se font face.

_OUAD MEDFA KEDDOU_. — Il prend naissance dans le Ḍahra. Tout le
cours en est désert. De sa source à son confluent avec la Mlouïa,
il y a environ 2 jours de marche.

_OUAD CHEGG EL ARD_. — La source en est dans le Moyen Atlas. Avant
d’arriver à Ouṭat Oulad el Ḥadj, il arrose plusieurs
villages. En voici les noms, dans l’ordre où on les trouve en
descendant la rivière :

  Oulad Bou Ṛilas (bien qu’isolé, ce village    rive
  compte avec les Beni Ḥassan).                 droite,

  Beni Ḥassan (4 villages ; 1 sur la rive                    600 fusils.
  gauche, 3 sur la rive droite)

  Oulad Ạli (4 villages)                        rive         200
                                                gauche,

  Beni Ḥaïoun (2 villages)                      rive         200
                                                droite,

  Oulad Sạïd                                    rive          30
                                                gauche,

De là il descend à Ouṭat Oulad el Ḥadj.

Ces diverses localités sont espacées, à distance les unes des
autres ; entre elles, le cours de la rivière est désert.

Des villages situés sur l’Ouad Chegg el Arḍ au-dessus d’Ouṭat
Oulad el Ḥadj, quatre, Beni Ḥassan, Oulad Ạli, Beni Ḥaïoun,
Oulad Sạïd, ont chacun leur organisation séparée et n’ont
aucun lien entre eux. Oulad Bou Ṛilas est peuplée de gens de
Beni Ḥassan et dépend de cette localité. Ces divers centres ont
pour habitants des Chellaḥa sédentaires n’appartenant à aucune
tribu. Ils sont la plupart du temps, mais non toujours, alliés aux
Oulad el Ḥadj. Leur position géographique les met, pour certaines
choses, dans la dépendance de cette tribu. Elle est la seule avec
laquelle ils puissent faire le commerce : d’elle leur viennent et
les huiles et les grains. Il y a bien, à travers la montagne, des
chemins vers Fâs et vers Tâza ; mais ils sont très difficiles et on
ne les prend pas. Cependant ces villages n’ont pas de debiḥa sur
les Oulad el Ḥadj : ils ne sont vassaux d’aucune tribu. Au temps
où les Oulad el Ḥadj étaient soumis au sultan, ils s’étaient
rangés sous l’autorité de leur qaïd. Depuis que les Oulad el
Ḥadj ont secoué le joug, eux aussi ont repris leur indépendance.

Ni marché, ni Juifs dans aucune de ces localités.

Langue tamaziṛt.

La rivière a en toute saison de l’eau jusqu’à Ouṭat Oulad el
Ḥadj ; au printemps et au moment des pluies, les eaux atteignent
la Mlouïa ; le reste de l’année, elles sont absorbées par les
irrigations d’El Ouṭat.

  Distances :  d’Ouṭat Oulad el Ḥadj à Oulad Sạïd comme d’Aït Blal à
               Megdoul.

               d’Oulad Sạïd à Beni Ḥaïoun comme de Mellaḥ El Ouṭat à
               Kechchacha.

               de Beni Ḥaïoun à Oulad Ạli comme de Megdoul à Misour.

               d’Oulad Ạli à Beni Ḥassan comme d’El Bridja à Misour.

               de Beni Ḥassan à Oulad Bou Ṛilas comme de El Bridja à
               Misour.

_OUAD BENI RIIS_. — Il prend sa source dans le Djebel Debdou. Sur
son cours se trouve le grand village de :

  Oulad Ben el Ḥoul, sur les 2 rives de l’ouad ; 400 fusils.

Cette localité appartient aux Beni Ṛiis, fraction des Oulad el
Ḥadj. Nous l’avons traversée en allant à Debdou. C’est le
seul lieu habité qui soit sur la rivière ; le reste de son cours
est désert.

=AFFLUENT.= — L’Ouad Beni Ṛiis reçoit un affluent, l’Ouad
Oulad Ọtman, se jetant sur sa rive droite à 1 kilomètre environ
au-dessous d’Oulad Ben el Ḥoul.

OUAD OULAD OTMAN. — Il prend sa source dans le Djebel Debdou. Sur
ses bords se trouvent trois petits villages très rapprochés entre
eux, portant le nom collectif de :

  Oulad Ọtman rive droite, 200 fusils.

Pas d’autre lieu habité sur cette rivière. Le reste de son cours
est désert. Oulad Ọtman, comme Oulad Ben el Ḥoul, appartient
aux Beni Ṛiis. Les habitants de ces deux endroits composent toute
la fraction. Les Beni Ṛiis sont soumis au sultan et dépendent du
qaïd de Tâza.

Nous avons traversé Oulad Ọtman en allant à Debdou.

_OUAD MELILLO_. — Il prend sa source dans le Djebel Beni Ouaṛaïn
et se jette dans la Mlouïa à Gersif.

_OUAD MESSOUN_. — Il prend sa source dans le Rif, du côté des
Gezennaïa ; puis il traverse le Fḥama, plateau ondulé s’étendant
entre les monts du Rif et ceux des Ṛiata ; ensuite il entre dans
la plaine de Jell, où il reste jusqu’à son confluent avec la
Mlouïa. Un seul établissement fixe sur ses bords : c’est Qaçba
Messoun, située dans le Fḥama et appartenant aux Houara. Tout
le reste de son cours est désert ou occupé passagèrement par des
nomades. Les eaux de l’Ouad Messoun sont salées.

  Distances :  de Qaçba Messoun à Tâza comme de Lalla Maṛnia à Oudjda.

               de Qaçba Messoun à Gersif comme de Taourirt (Ouad Za) à
               Qaçba el Ạïoun.

_OUAD ZA_. — Il prend sa source dans la partie du Ḍahra parcourue
par les Aït Bou Ouchchaouen, auprès d’un groupe de puits appelé
Tisreïn. Pendant plusieurs journées, son cours se poursuit dans le
Ḍahra, c’est-à-dire sur un immense plateau désert.

Il y reste jusqu’à Tegafeït. De sa source à ce point, il n’a
qu’un seul lieu habité sur ses bords,

  Qaçba Ras el Ạïn Beni Matar. 100 fusils.

Sauf ce petit qçar, isolé dans la plaine solitaire, l’Ouad Za est
désert jusqu’à Tegafeït. Là il change brusquement d’aspect. Le
Ḍahra cesse ; la rivière entre dans une étroite vallée, resserrée
entre le Djebel Beni Bou Zeggou à droite, le Djebel Oulad Ạmer
et le Djebel Mergeshoum à gauche. Les bords, arides jusque-là,
se couvrent de champs et de jardins, et resteront tels jusqu’au
confluent de la rivière avec la Mlouïa ; de Tegafeït à ce point,
l’Ouad Za n’est qu’un long verger : c’est cette riche partie de
son cours qu’on appelle _blad Za_. Elle se divise en deux portions :
la première, de Tegafeït à Qaçba Beni Qoulal ; l’Ouad Za reste en
montagne, resserré entre les deux massifs que nous avons nommés ;
la deuxième, de Beni Qoulal à la Mlouïa ; il coule en plaine,
ruban vert se déroulant le long des sables de l’Angad.

Tant qu’il est en montagne, l’Ouad Za, bien que garni de
superbes cultures, n’est pas très peuplé. Les tribus auxquelles
appartiennent champs et jardins, tribus qui ne vivent que sous la
tente, habitent le flanc de sa vallée et non le fond. Nous parlerons
plus tard de ces tribus. Dans cette partie, le Za n’a que quelques
tentes dispersées au milieu des cultures, et deux villages :

  Tegafeït.               100  fusils.

  Qaçba Beni Qoulal.       50

Mais aussitôt qu’il entre en plaine, il devient très habité. Les
Kerarma, qui possèdent cette dernière partie de son cours,
résident sur ses rives mêmes, leurs tentes disséminées au milieu
des cultures. Ils n’ont point de maisons ; il n’existe que deux
constructions dans cette portion du Za :

  Dar Chikh Ech Chaoui.

  Taourirt (appelée aussi Qaçba Moulei Ismạïl).

On voit donc que le cours de l’Ouad Za se divise en deux parties
distinctes : l’une, de sa source à Tegafeït, aride, inculte,
déserte ; l’autre, de Tegafeït à son confluent avec la Mlouïa,
cultivée, garnie de jardins, aussi riche que la précédente était
désolée, aussi verdoyante qu’elle était aride. Ces deux portions
sont si différentes l’une de l’autre que les indigènes donnent à
chacune un nom particulier. De Tisreïn à Ras el Ạïn Beni Matar,
ils appellent la rivière Ouad Charef ; de Ras el Ạïn Beni Matar
à la Mlouïa, ils la nomment Ouad Za. Ils n’étendent jamais la
signification de ces deux termes et n’emploient pas l’un pour
l’autre. Le point de Ras el Ạïn Beni Matar, qu’ils ont choisi
comme marquant le lieu de changement dans la manière d’être de
l’ouad, est remarquable à un double titre : c’est le premier
lieu habité qui se trouve sur le cours de la rivière depuis sa
source, et c’est à partir de là que l’Ouad Za a de l’eau
d’une façon permanente ; au-dessus de ce point, il n’a que des
ṛedirs qui se remplissent au moment des pluies ; au-dessous, il a
de l’eau partout, en toutes saisons. De ce dernier fait vient le
nom de Ras el Ạïn donné à la qaçba des Beni Matar.

  Distances :  de Tisreïn à Ras el Ạïn Beni Matar comme de Misour à
               Debdou.

               de Tisreïn à Debdou comme de Taourirt, (Kerarma) à Lalla
               Maṛnia.

               de Ras el Ạïn Beni Matar à Tegafeït comme de Dar Ech
               Chaoui à Qaçba el Ạïoun.

               de Tegafeït à Qaçba Beni Qoulal comme de Qaçba el Ạïoun à
               Oudjda.

               de Qaçba Beni Qoulal à Taourirt (Kerarma) comme la 1/2
               distance de Lalla Maṛnia à Oudjda.

               de Taourirt (Kerarma) au confluent de l’Ouad Za et de la
               Mlouïa comme de Lalla Maṛnia à Oudjda.

=POINTS HABITÉS DU COURS DU ZA.= — Voici quelques détails sur
ces localités, déjà énumérées, et au nombre de 5 seulement :

_Ras el Aïn Beni Matar_ est une qaçba appartenant par moitié
aux Beni Matar et aux Mhaïa. Elle est sur la rive de l’ouad, au
milieu du désert, en plein Ḍahra. Il s’y trouve une source très
abondante et ne tarissant jamais, dont les eaux forment l’Ouad Za.

_Tegafeït_ est un village appartenant à un marabout qui l’habite,
Ould Sidi Ḥamza.

_Qaçba Beni Qoulal._ Elle se compose d’une enceinte où
les Beni Qoulal serrent leurs grains et d’un certain nombre
d’habitations. Elle appartient aux Beni Qoulal.

_Dar Chikh Ech Chaoui._ C’est une maison unique, demeure de Chikh
Ben Ech Chaoui, qaïd des Kerarma.

_Taourirt._ C’est une qaçba construite par Moulei Ismạïl ;
elle est en partie ruinée et sert aux Kerarma à emmagasiner leurs
grains. Nous avons vu Taourirt, ainsi que Dar Chikh Ech Chaoui,
en allant de Debdou à Qaçba el Ạïoun.

=TRIBUS DU COURS DE L’OUAD ZA.= — De sa source à Ras el Ạïn
Beni Matar, l’Ouad Za, coulant dans le Ḍahra, traverse les terres
de parcours de toutes les tribus qui fréquentent ce désert, mais
n’arrose en particulier aucune d’elles. Nous ne parlerons pas ici
de ces tribus, dont il sera question plus bas en même temps que du
Ḍahra. Les tribus possédant des terres sur les rives de l’Ouad
Za sont les suivantes, dans l’ordre où on les trouve en descendant
la rivière : Oulad Ạmer, Beni Chebel, Oulad el Mîdi, Beni Qoulal,
Kerarma. Les quatre premières habitent dans le massif du Djebel Oulad
Ạmer et du Djebel Mergeshoum ; la portion de l’Ouad Za comprise
entre Tegafeït et Qaçba Beni Qoulal leur appartient. La dernière
possède les rives du Za de Qaçba Beni Qoulal à la Mlouïa, et les
habite. Toutes cinq, bien que sédentaires, vivent sous la tente. Pas
de Juifs dans aucune d’elles. Deux marchés : Souq el Arbạa Beni
Qoulal et Souq et Tenîn Kerarma. Ce dernier, qui se tient à Dar
Ech Chaoui, est fort important.

_Oulad Amer._ — Tribu séparée, soumise au sultan, du ressort du
qaïd Ḥamada des Beni Bou Zeggou. Elle habite le massif du Djebel
Oulad Ạmer, situé à gauche de l’Ouad Za. Langue tamaziṛt. 1000
fusils. 50 chevaux.

  Distance : de Debdou aux Oulad Ạmer comme d’Oudjda à Lalla Maṛnia.

_Beni Chebel._ — Tribu séparée, soumise au sultan, sous
l’autorité du qaïd Ḥamada des Beni Bou Zeggou. Elle habite
le Djebel Mergeshoum situé à gauche de l’Ouad Za. Langue
tamaziṛt. 70 fusils.

_Oulad el Midi._ — Tribu séparée, soumise au sultan, dépendant
du qaïd Ḥamada des Beni Bou Zeggou. Elle habite le Djebel
Mergeshoum. Langue tamaziṛt. 200 fusils.

_Beni Qoulal._ — Tribu séparée, soumise au sultan, du ressort du
qaïd Ḥamada des Beni Bou Zeggou. Elle habite le Djebel Mergeshoum
et les rives du Za, où elle possède Qaçba Beni Qoulal. Langue
tamaziṛt. 150 fusils.

_Kerarma._ — Tribu séparée. Elle est soumise au sultan, qui lui
a donné pour qaïd son propre chikh héréditaire, Ben Ech Chaoui,
résidant à Dar Chikh Ech Chaoui. Elle habite les bords de l’Ouad
Za entre le confluent de cette rivière avec la Mlouïa et Qaçba Beni
Qoulal. Dar Chikh Ech Chaoui et Taourirt lui appartiennent. Langue
arabe. 500 fusils.

=AFFLUENT.= — L’Ouad Za, au-dessus de Ras el Ạïn Beni Matar,
dans la portion de son cours où on l’appelle Ouad Charef, reçoit
l’Ouad el Ạououdj venant de l’est et se jetant sur sa rive
droite. Cet affluent est une rivière sans eau, comme l’Ouad Charef.

_OUAD EL QCEB_. — Il prend sa source dans le Djebel Beni Iạla,
perce la chaîne des Beni Bou Zeggou et des Zekkara, traverse le
désert d’Angad, où il passe auprès de Qaçba el Ạïoun, et
enfin se jette dans la Mlouïa. Cette rivière n’a d’eau que les
années pluvieuses et pendant quelques jours.

  Distances :  de Qaçba el Ạïoun au Djebel Beni Iznâten comme de Lalla
               Maṛnia à Oudjda ou un peu moins.

               de Qaçba el Ạïoun au Djebel Beni Iạla comme de Qaçba el
               Ạïoun à Oudjda.

               de Qaçba el Ạïoun au Djebel Beni Bou Zeggou, 5 heures de
               marche.

               de Qaçba el Ạïoun au Djebel Zekkara, 5 heures de marche.

Le Djebel Beni Iạla, où l’Ouad el Qceb prend sa source, est
au sud des djebels Beni Bou Zeggou et Zekkara, à hauteur du milieu
environ de la chaîne.

=AFFLUENT.= — L’Ouad el Qceb reçoit un affluent, l’Ouad
Mesegmar, prenant sa source dans le Djebel Beni Bou Zeggou et se
jetant sur sa rive gauche.


                4o. — TRIBUS DE LA VALLÉE DE LA MLOUIA.


Les tribus qui occupent ou parcourent la vallée de la Mlouïa sont,
en la descendant : les Beni Mgild, les Aït Ạïach, les Aït ou
Afella, les Oulad Khaoua, les Aït Ioussi, les Aït Tseṛrouchen,
les Oulad el Ḥadj, les Houara, les Ḥallaf et les Beni Oukil. Nous
allons dire un mot de chacune d’elles.

_BENI MGILD_. — Puissante tribu limitée au nord par les Beni
Mṭir, à l’est par les Aït Ioussi, à l’ouest par les Zaïan
et les Akebab, au sud par trois fractions des Aït Iafelman, les
Aït Iaḥia, les Aït Ạïach et les Aït Izdeg. Les Beni Mgild
sont indépendants ; ils sont de race et de langue tamaziṛt.

_AIT AIACH_. — Ils sont Berâber et forment une des fractions des
Aït Iafelman. Ils sont limités au nord par le Djebel El Ạïachi,
à l’est par Aït Izdeg et les Aït ou Afella, à l’ouest par les
Aït Iaḥia (autre fraction des Aït Iafelman) et les Beni Mgild, au
sud par les Beni Mgild. Les Aït Ạïach sont partie sédentaires,
partie nomades, ces derniers étant les plus nombreux. Ils ne
possèdent que 4 qçars et des tentes.

Les 4 qçars sont ceux qui se trouvent sur l’Ouad Aït Ạïach ;
la population en est de 300 fusils.

Les tentes sont dans la vallée de l’Ouad Aït Ạïach, sur l’Ouad
Ouṭat Aït Izdeg au-dessous du confluent des deux rivières, et
parfois sur la Mlouïa au-dessous du confluent de l’Ouad Ouṭat
Aït Izdeg.

Les Aït Ạïach forment 800 fusils et 40 chevaux.

Ils sont indépendants.

Langue tamaziṛt, comme tous les Berâber.

Ni marché, ni Juifs.

_AIT OU AFELLA_. — Les Aït ou Afella sont une subdivision des
Aït Izdeg. Ils sont bornés au nord par la crête supérieure du
Grand Atlas, au sud par la Mlouïa et le district de Qçâbi ech
Cheurfa, à l’est par les Oulad Khaoua et les Aït Tseṛrouchen,
à l’ouest par le district d’Ouṭat Aït Izdeg, les Aït Ạïach
et les Beni Mgild.

Les Aït ou Afella sont sédentaires et n’habitent que des qçars ;
leurs principaux qçars sont :

Dans la plaine entre le Grand Atlas et la Mlouïa : Zebzat, Bou
Ạïach, Entrit.

Sur la Mlouïa : Aḥouli et Tamdafelt.

Sur l’Ouad Ouṭat Aït Izdeg : Aït ou Afella.

Ces six qçars contiennent environ 460 fusils : les Aït ou Afella
en forment 600. Point de chevaux.

Bien que fraction des Aït Izdeg, les Aït ou Afella ne comptent pas
actuellement avec eux. Ils en sont séparés politiquement. Depuis
l’installation d’un qaïd à Qçâbi ech Cheurfa, les Aït ou
Afella sont soumis au sultan. Le reste des Aït Izdeg est resté
indépendant. De là, séparation et hostilités.

Ni marché, ni Juifs.

_OULAD KHAOUA_. — Ils sont une fraction des Oulad el Ḥadj ;
mais, comme les Aït ou Afella, et depuis plus longtemps qu’eux,
ils sont séparés de leur tribu d’origine. Ils sont bornés au
nord par la Mlouïa et les Oulad el Ḥadj, et à l’ouest par les
Aït ou Afella ; au sud et à l’est, ils s’étendent jusqu’au
pied du Grand Atlas et du Rekkam, où commencent les terres des Aït
Tseṛrouchen : cette tribu, qui occupe ces deux massifs, les limite
ainsi de deux côtés.

Les Oulad Khaoua sont partie sédentaires, partie nomades ; ceux-ci
sont les plus nombreux.

Leurs qçars sont au nombre de quatre : deux sur la Mlouïa, Megdoul
et El Bridja ; deux sur l’Ouad Ouizert, Tikoutamin et Ouizert. A
eux quatre, ils contiennent 250 à 260 fusils.

Leurs tentes sont dispersées dans la plaine, au sud de la Mlouïa
et près de l’Ouad Ouizert.

Ils forment 600 à 700 fusils. Ils ont environ 30 chevaux.

Appartenant aux Oulad el Ḥadj, les Oulad Khaoua sont de race et de
langue arabe. Politiquement, ils sont, avons-nous dit, séparés de
leur tribu. Cette séparation date de très loin. Il y a bien des
années, les Oulad Khaoua, ayant eu des querelles avec les autres
fractions des Oulad el Ḥadj, les abandonnèrent et s’allièrent aux
Aït Izdeg ; leur union avec les Aït Izdeg dure toujours depuis cette
époque ; aujourd’hui encore, bien que d’origine étrangère, ils
comptent comme faisant partie de cette tribu. Lors de l’installation
d’un qaïd à Qçâbi ech Cheurfa, ils ont fait leur soumission au
sultan ; depuis ce temps, ils sont blad el makhzen ; le qaïd d’El
Qçâbi les a, ainsi que les Aït ou Afella, dans son ressort. Le fait
de leur soumission, contrairement à ce qui est arrivé pour les Aït
ou Afella, ne les a point brouillés avec les Aït Izdeg. Ils leur
sont toujours étroitement unis.

Ni marché, ni Juifs.

_AIT IOUSSI_. — C’est une grande tribu chleuḥa occupant toute
la région qui s’étend entre Qçâbi ech Cheurfa et Sfrou. Elle
est bornée au nord par Sfrou, au sud par la Mlouïa, à l’ouest
par les Beni Mgild, à l’est par les Beni Ouaṛaïn, les Aït
Tseṛrouchen et les Oulad el Ḥadj.

Les Aït Ioussi se divisent en trois fractions à peu près d’égale
force :

Reṛraba (au sud de Sfrou).

Aït Ḥelli (au sud des Reṛraba).

Aït Mesạoud ou Ạli (au sud des Aït Ḥelli, entre la Mlouïa
et le Djebel Oumm Djeniba).

Ils sont soumis au sultan et ont trois qaïds, un pour chaque
fraction. Ils sont de race et de langue tamaziṛt. Partie
sédentaires, partie nomades, ils ont des villages et des tentes.

Ni marché, ni Juifs sur leur territoire.

Les Aït Ioussi sont une tribu de montagne : ils possèdent à la
vérité une grande plaine, la moitié de la vallée de la Mlouïa
sur une longue étendue ; mais ils n’y descendent presque jamais :
de loin en loin, on y voit apparaître quelques-uns de leurs douars ou
de leurs troupeaux ; mais ils ne font que passer et bientôt regagnent
les hauteurs. Tout le reste de leur territoire est montagneux ;
les diverses chaînes qui le traversent sont nommées indifféremment
Djebel Aït Ioussi. Les principales d’entre elles sont le Moyen Atlas
et celle que nous appelons chaîne Oulmess-Ṛiata. On y remarque
aussi le plateau montueux du Fezaz, qui sépare les Aït Ioussi des
Beni Mgild.

_Moyen Atlas._ — Cette haute chaîne, dont nous avons vu au mois
de mai presque toute la crête couverte de neige, commence au sud du
Tâdla et se prolonge par les monts Debdou jusqu’aux Hauts Plateaux
où elle expire. Dans sa portion comprise entre les Beni Mgild et
la Mlouïa, on y remarque trois sommets principaux : à l’ouest,
le Djebel Tsouqt, sur le territoire des Aït Ioussi ; à l’est, le
Djebel Oulad Ạli (portant aussi les noms de Djebel Beni Ḥassan,
de Djebel Tirnest et de Djebel Oulad el Ḥadj), occupé partie
par de petits groupes isolés de Chellaḥa, partie par les Oulad
el Ḥadj ; entre les deux, le Djebel Oumm Djeniba, dont le versant
ouest est habité par les Aït Ioussi, le versant est par les Aït
Tseṛrouchen. Entre le Djebel Tsouqt et le Djebel Oumm Djeniba, la
chaîne est toute sur le territoire des Aït Ioussi ; du Djebel Oumm
Djeniba au Djebel Oulad Ạli, le versant septentrional en appartient
aux Beni Ouaṛaïn, le versant méridional aux Aït Tseṛrouchen.

Le chemin de Qçâbi ech Cheurfa à Fâs, par Sfrou, passe entre le
Djebel Tsouqt et le Djebel Oumm Djeniba. Sur cette route se remarque
la ḍaïa d’Ifraḥ, grand étang situé dans la montagne.

_Chaîne Oulmess-Riata._ — Commençant à l’ouest d’Oulmess,
se continuant dans le Djebel Ṛiata et se prolongeant jusqu’en
Algérie par les monts Beni Bou Zeggou et Zekkara, cette chaîne
traverse le territoire des Aït Ioussi au nord de la précédente,
à laquelle elle est à peu près parallèle. Entre les Aït Ioussi et
la Mlouïa, elle appartient, le versant nord aux Ṛiata, le versant
sud aux Beni Ouaṛraïn.

_Fezaz._ — C’est un plateau élevé, montueux, allant du Moyen
Atlas à la chaîne Oulmess-Ṛiata ; sa direction est perpendiculaire
à celle de ces deux chaînes entre lesquelles il est comme un trait
d’union. Il forme limite entre les Aït Ioussi et les Beni Mgild.

_AIT TSERROUCHEN_. — Les Aït Tseṛrouchen sont une puissante tribu
tamaziṛt composée de deux grandes fractions, l’une sédentaire,
l’autre nomade. Les Aït Tseṛrouchen sont connus sous trois noms :
on les appelle indifféremment Aït Tseṛrouchen, Mermoucha, et Oulad
Moulei Ạli ben Ạmer ; ils se font donner ce dernier nom parce
qu’ils prétendent descendre du cherif Moulei Ạli ben Ạmer qui
serait leur souche commune[122].

Particularité rare, les deux fractions des Aït Tseṛrouchen vivent
complètement isolées l’une de l’autre, sans aucune relation
ensemble, leurs territoires séparés par d’autres tribus. L’une
d’elles habite le versant sud du Moyen Atlas, la seconde le
revers nord du Grand Atlas et le Ḍahra. Toute la vallée de la
Mlouïa, avec ses vastes plaines et les tribus qui les occupent,
les séparent. Ces deux fractions ne sont pas moins différentes
de mœurs qu’isolées de territoires : la première est composée
de montagnards sédentaires, la seconde de nomades. Nous allons les
étudier l’une après l’autre.

Les _Aït Tserrouchen du nord_ sont bornés : à l’ouest, par les
Aït Ioussi ; au sud, par la plaine déserte, appartenant aux Aït
Ioussi, qui forme la vallée de la Mlouïa de Qçâbi ech Cheurfa
à Misour ; à l’est, par les groupes isolés de Chellaḥa qui,
d’Almis à Feggouç, occupent les dernières pentes du Moyen
Atlas, le long de la vallée de la Mlouïa ; au nord, par les Beni
Ouaṛaïn : la ligne de faîte du Moyen Atlas forme frontière entre
cette dernière tribu et les Aït Tseṛrouchen du nord. Ceux-ci
sont donc entièrement cantonnés dans le massif montagneux que forme
le versant sud du Moyen Atlas et que limite à l’est et au sud la
vallée de la Mlouïa. Cette fraction est sédentaire et n’habite
que des villages. Elle peut lever environ 2000 fusils. Point de Juifs
sur ses terres.

Les _Aït Tserrouchen du sud_ occupent le revers septentrional du
Grand Atlas au nord des Oulad Khaoua, les deux versants de la chaîne
à l’est de cette tribu, et une partie du Ḍahra. La plupart
d’entre eux sont nomades ; cependant ils possèdent un certain
nombre de qçars. Ces qçars sont : Azdad (5 qçars) et El Kaf, sur
le revers nord du Grand Atlas, Taoura, non loin de Tanslemt, qui leur
appartiennent en entier ; Zriouila, Ạïat, Tagenza, situés dans la
même région, qu’ils habitent en commun avec d’autres tribus ;
de plus ils résident dans la localité de Sạïda, dans le district
de Qçâbi ech Cheurfa, et ont quelques individus dispersés dans
les qçars de Beni Mesri.

Voici la décomposition des Aït Tseṛrouchen du sud :

  Aït Sạïd (nomades, vivant habituellement entre Beni       200  fusils.
  Tzit et Talsit).

  Aït Bou Ouchchaouen (ou Aït Bou Oussaouen) (nomades,     1000
  vivant habituellement près d’Anoual, dans le Ḍahra).

  Aït Sạïd ou El Ḥasen (nomades, vivant dans le Ḍahra).     200

  Aït Ḥeddou ou Bel Ḥasen (nomades, vivant dans le          200
  Ḍahra).

  Aït Bou Mariem (mi-sédentaires, mi-nomades,               600
  possèdent Azdad et ont des tentes).

  Aït Ạli Bou Mariem (mi-sédentaires, mi-nomades,            80
  quelques-uns d’entre eux sont dispersés dans les
  qçars de Beni Mesri. Les autres vivent sous la
  tente).

  Aït Ben Ouedfel (mi-sédentaires, mi-nomades,              120
  possèdent le qçar de Taoura et des tentes).

  Aït Ḥaseïn (nomades, vivant aux environs de l’Ouad        800
  Gir).

  Aït Ḥammou Bel Ḥasen (nomades, vivant dans le Ḍahra).      60

Point de marché, ni de Juifs chez eux.

Tous les Aït Tseṛrouchen sont indépendants et sans relation
avec le sultan. On a cru quelquefois que les Aït Tseṛrouchen
étaient une fraction des Aït Iafelman ; c’est une erreur : les
Aït Tseṛrouchen ne sont point des Berâber. Ils forment une tribu
à part. Ils sont Chellaḥa. Leur langue est le tamaziṛt.

_OULAD EL HADJ_. — Puissante tribu arabe, moitié nomade, moitié
sédentaire ; elle occupe les deux rives de la Mlouïa et la vaste
plaine qui en forme la vallée depuis Misour jusqu’à Oulad
Ḥamid. Plusieurs des qçars situés sur les premières pentes du
Moyen Atlas lui appartiennent ; les autres sont ses alliés. Enfin
elle possède le Rekkam et une partie du Djebel Debdou. Les Oulad el
Ḥadj sont Arabes de race et de langue. Autrefois ils étaient, de
nom plutôt que de fait, soumis au sultan et avaient un qaïd nommé
par lui. Depuis 1882, ils ne reconnaissent plus ni sultan ni qaïd
et sont indépendants.

Voici leur décomposition :

  Ṭoual (nomades)                           100 fantassins. 30 cavaliers.

  Oulad Bou Qaïs (nomades, toujours unis    100 fantassins. 40 cavaliers.
  aux Ṭoual)

  Oulad Sidi Aïssa (marabouts sédentaires,  300 fantassins.
  habitant Tiissaf)

  Oulad Ḥamid (nomades et sédentaires ;     300 fantassins. 40 cavaliers.
  ces derniers habitent Oulad Ḥamid sur la
  Mlouïa)

  Ahel Tirnest (sédentaires, habitant le    600 fantassins.
  groupe de qçars de ce nom)

  Oulad Jerrar (nomades et sédentaires ;    800 fantassins. 60 cavaliers.
  ces derniers habitent divers qçars de la
  Mlouïa)

  Oulad Daoud (nomades, ils campent dans    200 fantassins. 30 cavaliers.
  le voisinage de Debdou)

  Beni Ṛiis (sédentaires, habitant des      600 fantassins.
  villages dans le Djebel Debdou)

  Ahel Rechida (marabouts sédentaires,      350 fantassins.
  habitant Rechida et Beni Khelften).

  Oulad Admer (marabouts sédentaires,       100 fantassins.
  habitant Admer)

  Oulad El Bekri (nomades et sédentaires    120 fantassins. 30 cavaliers.
  habitant à Ouṭat Oulad el Ḥadj)

  Oulad Ạbd el Kerim (sédentaires,           90 fantassins.
  habitant dans les qçars d’Oulad El
  Feḍil, Oulad Ạbd el Malek, El Angab, El
  Hamouziin, etc.)

  El Ạrzan (sédentaires, habitant le        250 fantassins. 50 cavaliers.
  groupe de qçars de ce nom)

  Oulad Mellouk (sédentaires, habitant les  300 fantassins.
  qçars de ce nom)

  Beni Bou Ḥi (sédentaires, habitant Ouṭat  150 fantassins.
  Oulad el Ḥadj)

  El Ḥarar (sédentaires, habitant le qçar    50 fantassins.
  de ce nom à Ouṭat Oulad el Ḥadj).

  El Kechchacha (sédentaires, résidant       30 fantassins.
  dans la localité de ce nom à El Ouṭat).

enfin, et pour mémoire seulement :

  Oulad Khaoua 650 fantassins. 30 cavaliers.

Cette dernière fraction des Oulad el Ḥadj s’est séparée de
ses frères et n’a plus de commun avec eux que l’origine ; elle
compte depuis longtemps avec les Aït Izdeg.

Trois autres fractions, les Beni Ṛiis, les Ahel Rechida et les
Oulad Admer, sont en ce moment en dehors du concert des Oulad el
Ḥadj. Pendant que ceux-ci sont insoumis, elles reconnaissent le
sultan et obéissent au qaïd de Tâza.

Il n’y a qu’un mellaḥ chez les Oulad el Ḥadj, celui d’El
Ouṭat.

Deux marchés, tous deux à Oulad Ḥamid, tlâta et djemạa.

_HOUARA_. — Tribu nomade se disant de race arabe. La langue en
est l’arabe. La principale installation et les cultures les plus
importantes en sont sur les deux rives de la Mlouïa, entre Refoula
et le gros des Ḥallaf. Elle cultive aussi dans le Fḥama. Ce sont
les seuls labourages qu’elle possède. Quant à ses troupeaux,
elle les fait paître dans l’Angad, dans le Fḥama, dans le Jell
et jusque dans le Ḍahra.

Les Houara ne vivent que sous la tente, mais ils ont trois qaçbas
qui leur servent de magasins ; ce sont : Gersif (ou Agersif), sur
la Mlouïa.

Qaçba Oulad Ḥammou ou Mousa, sur la Mlouïa.

Qaçba Messoun, sur l’Ouad Messoun.

Les Houara sont une forte tribu, ils peuvent lever 1500 fantassins
et 500 chevaux. Ils se décomposent en 6 fractions :

Ạtamna, Oulad Sedira, Mezarcha, Zergan, Oulad Mesạoud, Oulad
Ḥammou ou Mousa.

Les Houara sont soumis au sultan et ont quatre qaïds ; ceux-ci sont
en ce moment :

Ạli El Ḥamar, gouvernant les Ạtamna.

Mḥammed bel Ḥadj El Korradi, gouvernant les Oulad Sedira et
les Mezarcha.

Chikh Ṭîb El Ḥafi, gouvernant les Zergan et les Oulad Mesạoud.

Mḥammed ould Qaddour ben Djilali, gouvernant les Oulad Ḥammou
ou Mousa.

Deux marchés, le khemîs et le ḥad de Gersif. Point de mellaḥ ;
des Israélites de Debdou viennent, sans emmener leur famille, passer
une partie de l’année dans la tribu pour trafiquer.

_HALLAF_. — Tribu nomade, de race et de langue arabe. Elle se
divise en deux groupes : les Ahel Refoula et les Ḥallaf proprement
dits. Les premiers ont une qaçba sur la Mlouïa, Refoula, et habitent
à l’entour sous la tente. Ils forment environ 100 fusils.

Les seconds, qu’on désigne seuls lorsqu’on prononce le nom de
Ḥallaf, occupent les deux rives de la Mlouïa entre les Houara et
les Beni Oukil : là sont toutes leurs cultures et leurs tentes ;
leurs troupeaux paissent dans les plaines voisines. Ils ne possèdent
aucune construction. Cette tribu peut lever 400 fantassins et 100
chevaux. Elle se décompose en 6 fractions, savoir :

Oulad Reḥou, Medafra, Oulad Sidi Mḥammed bel Ḥoseïn (cherifs),
Oulad Mahdi, El Arbạ, Oulad Selîman.

Les Ahel Refoula et les Ḥallaf proprement dits forment toute la
tribu des Ḥallaf. Toutefois les Kerarma (tribu de l’Ouad Za) sont
considérés comme frères des Ḥallaf et comme Ḥallaf d’origine ;
en cas de guerre, ils leur sont toujours alliés.

Les Ḥallaf, ceux de Refoula comme les autres, sont soumis au
sultan. Ils n’ont point de qaïd particulier. Tous dépendent du
qaïd des Kerarma.

Point de marché. Quelques Juifs de Debdou viennent trafiquer dans
la tribu, mais il n’y a point de mellaḥ.

_BENI OUKIL_. — Tribu de marabouts. Ils sont de mœurs sédentaires,
bien que vivant sous la tente. Ils habitent trois points du cours
de la Mlouïa entre les Ḥallaf et l’embouchure du fleuve. Leurs
campements sont en des lieux invariables, au milieu de leurs cultures
et de leurs jardins. Aucune construction. Ils forment environ 200
familles ; point de chevaux ni de fusils chez eux ; ils ne possèdent
que des chapelets.

Ils se divisent en 3 fractions. On n’a pu me dire le nom de la
première ; les 2 autres s’appellent :

El Khorb, Oulad El Bacha.

Les Beni Oukil reconnaissent le sultan, mais, en qualité de marabouts,
n’ont point de qaïd et ne paient pas d’impôt.

Ni marché, ni Juifs chez eux.


                 5o. — PLAINES ENTRE LA MLOUIA ET FAS.


Une des choses remarquables de la géographie du Maroc oriental est
la large trouée qui forme une voie naturelle entre l’Algérie et
Fâs. De Lalla Maṛnia à cette capitale, le chemin est constamment
en sol uni. C’est une succession de plaines que la Mlouïa coupe en
deux parties. Nous allons donner quelques renseignements sur chacune
d’elles, en commençant par la contrée comprise entre la Mlouïa
et Fâs.

La région plate s’étendant entre la Mlouïa et Fâs se compose
d’abord de deux plaines désertes, celle de Jell et celle de Ṛaret,
situées l’une et l’autre sur la rive du fleuve, la première au
sud de la seconde ; puis d’un plateau bas et ondulé, le Fḥama,
servant de ligne de partage entre le bassin de la Mlouïa et celui
du Sebou ; enfin de la vallée de l’Ouad Innaouen, affluent du Sebou.

JELL. — C’est une plaine déserte que parcourent en hiver et au
printemps les troupeaux des Houara. Elle a pour limites : au nord,
le Gelez, ligne de collines très basses qui la sépare du Ṛaret ;
à l’est, la Mlouïa ; à l’ouest, le plateau du Fḥama ; au
sud, la chaîne des monts Ṛiata, fort abaissée en ce point et qui,
aux environs de la Mlouïa, disparaît complètement pour reprendre
plus loin avec un autre nom sur la rive droite du fleuve.

Le Jell est arrosé par l’Ouad Messoun, qui y entre au-dessous de
Qaçba Messoun et y demeure jusqu’à son confluent avec la Mlouïa.

RARET. — Plaine déserte ayant pour limites : au nord, le Djebel
Qelaïa et le Djebel Kebdana ; à l’est, la Mlouïa ; à l’ouest,
le Djebel Metalsa ; au sud, les collines du Gelez qui la séparent
du Jell. Dans le désert de Ṛaret campe la tribu nomade des Beni
Bou Iaḥia.

Le Djebel Metalsa est situé à l’ouest de Qaçba Iselouan.

Le Djebel Qelaïa se trouve au nord de Qaçba Iselouan et à l’ouest
du Djebel Kebdana.

Les Beni Bou Iaḥia, appelés aussi Beni Bou Iaḥi, sont une tribu
nomade ne quittant point le désert de Ṛaret. Ils comptent 800
fantassins et 60 chevaux. Ils sont soumis au sultan et gouvernés
par un qaïd nommé par lui, Moḥammed bel Ḥirch. Leur langue est
le tamaziṛt.

FHAMA. — Plateau ondulé, désert la plus grande partie de
l’année, cultivé en quelques points par les Houara et parcouru
par leurs troupeaux. Il a pour bornes : au nord, les montagnes du Rif
(massifs des Gezennaïa et des Metalsa) ; à l’est, la plaine du
Jell ; à l’ouest, le confluent de l’Ouad Bou el Djerf et de
l’Ouad el Arbạ, dont la réunion forme l’Innaouen ; au sud,
les monts des Ṛiata.

Le peu d’élévation de ce plateau en rend l’accès et le parcours
si faciles qu’il prolonge plutôt qu’il ne coupe les plaines
voisines. Ce n’est qu’un dos peu accentué séparant les bassins
de la Mlouïa et du Sebou.

Il est arrosé par deux cours d’eau, l’Ouad Bou el Djerf, l’une
des sources de l’Innaouen, et l’Ouad Messoun, tributaire de
la Mlouïa.

Qaçba Messoun, localité appartenant aux Houara, est située dans
le Fḥama.

OUAD INNAOUEN. — Cette rivière, dont nous avons parcouru et
décrit la vallée entre Tâza et Fâs, se jette dans le Sebou un peu
au-dessus de Ḥadjra ech Cherifa. Elle est formée de la jonction
de deux cours d’eau, l’Ouad Bou el Djerf et l’Ouad el Arbạ,
qui se réunissent à 2 heures de marche au-dessus du confluent de
l’Ouad Tâza et de l’Ouad Innaouen.

=Ouad Bou el Djerf.= — Il prend sa source dans la portion orientale
des monts Ṛiata, traverse ensuite le Fḥama et se joint enfin à
l’Ouad el Arbạ à peu de distance de Tâza.

=Ouad el Arba.= — La source s’en trouve dans les montagnes du Rif,
au massif du Djebel Brânes, ainsi nommé de la tribu des Brânes qui
l’habite. Il arrose les terres de cette tribu, puis entre dans celle
des Miknâsa. C’est après l’avoir traversée qu’il s’unit
à l’Ouad Bou el Djerf.

AFFLUENTS DE L’OUAD INNAOUEN. — En outre des affluents que nous
avons mentionnés dans notre itinéraire, l’Ouad Innaouen reçoit
les quatre suivants :

Ouad Bou Ḥelou, se jetant sur sa rive gauche à Ạdjib ech Cherif,
point situé chez les Hiaïna, à l’extrémité du Djebel Ṛiata.

Ouad Bou Zemlal, se jetant sur sa rive gauche au-dessous du
précédent, dans la tribu des Hiaïna.

Ouad Leben, se jetant sur sa rive droite au-dessous des deux premiers,
dans la tribu des Hiaïna.

Ouad El Ḥaḍar, se jetant sur sa rive droite à peu de distance
de son confluent avec le Sebou.

=Ouad Bou Helou.= — Rivière assez considérable descendant du
Djebel Beni Ouaṛaïn et arrosant le territoire des Ṛiata.

=Ouad Bou Zemlal.= — Cours d’eau peu important, prenant sa source
dans le Djebel Beni Ouaṛaïn.

=Ouad Leben.= — Assez grande rivière descendant des montagnes du
Rif, et ayant presque tout son cours sur le territoire des Hiaïna.

=Ouad El Hadar.= — Assez grande rivière qui prend sa source dans
le Djebel Brânes. Elle arrose la tribu des Brânes, puis, laissant
les Miknâsa au sud, entre dans le territoire des Tsoul qu’elle
traverse. De là elle passe chez les Hiaïna et, au point où elle
se jette dans l’Ouad Innaouen, forme frontière entre eux et les
Oulad Djemạ.

Ainsi qu’on le voit, cette longue bande plane s’étendant entre
la Mlouïa et Fâs, et formée du Jell, du Ṛaret, du Fḥama et
de la vallée de l’Ouad Innaouen, est bordée au nord et au sud
par deux chaînes de montagnes : monts du Rif au nord, monts des
Ṛiata au sud. L’une et l’autre sont habitées, et la population
y est même, dit-on, très dense. Les monts du Rif sont occupés par
plusieurs tribus, d’importance diverse, de mœurs sédentaires,
toutes Imaziṛen de langue et de race, quelques-unes soumises,
la plupart indépendantes. Les monts des Ṛiata sont habités, sur
leur versant nord par les Ṛiata, sur leur versant sud par les Beni
Ouaṛaïn. Nous allons dire un mot de cette dernière tribu.

_Beni Ouaraïn._ — Grande tribu chleuḥa limitée, au nord, par
les Ṛiata et les Hiaïna ; à l’ouest, par les Aït Ioussi ; à
l’est, par les petits groupes isolés de Chellaḥa qui garnissent
la vallée de la Mlouïa au pied de son flanc gauche ; au sud,
par les Aït Tseṛrouchen. Les Beni Ouaṛaïn ne parlent que le
tamaziṛt. De mœurs sédentaires, ils habitent tous des villages. Ils
vivent indépendants au fond de leurs montagnes, sans avoir eu,
depuis un temps immémorial, aucune relation avec les sultans.

Point de marché, ni de Juifs sur leur territoire : ils font peu de
commerce ; cependant ils ont d’excellentes laines, que les marchands
de Sfrou vont acheter chez eux.

On compte plus d’une journée de marche pour aller de Sfrou aux
Beni Ouaṛaïn.


             6o. — PLAINES ENTRE LA MLOUIA ET LALLA MARNIA.


Ces plaines sont au nombre de deux : celle de Tafrâta et celle
d’Angad. L’une et l’autre touchent à la Mlouïa ; la première
est au sud de la seconde. Voici quelques indications sur chacune
d’elles.

TAFRATA. — Vaste plaine déserte ayant pour limites : au nord,
l’Ouad Za ; à l’est, les monts Mergeshoum et Oulad Ạmer ;
à l’ouest, la Mlouïa ; au sud, les monts Debdou. Le désert de
Tafrâta n’appartient à aucune tribu ; mais Houara, Chedjạ,
Ḥallaf, et parfois même Oulad el Ḥadj, viennent y faire paître
leurs troupeaux lorsque la verdure, après les pluies, y apparaît
sur le sol nu d’ordinaire. Aucune rivière n’arrose le Tafrâta ;
on y trouve quelques ḍaïas, de très rares sources, des lits
de ruisseaux.

ANGAD. — Vaste plaine déserte ayant pour limites : au nord,
le Djebel Beni Iznâten ; à l’est, les hauteurs qui bordent la
Tafna ; à l’ouest, la Mlouïa et l’Ouad Za ; au sud, le Djebel
Beni Bou Zeggou et le Djebel Zekkara. Ce désert, le plus étendu de
ceux dont nous venons de parler, est sillonné d’un grand nombre
de cours d’eau ; souvent desséchés pendant plusieurs années,
de grandes pluies en font durant quelques heures des torrents
impétueux. Plaine aride et nue la plupart du temps, l’Angad se
couvre, dans les périodes pluvieuses, d’une végétation abondante,
pâturages précieux pour les nomades.

Il n’existe que deux lieux construits dans le désert d’Angad :
Oudjda et Qaçba el Ạïoun. Mais trois tribus nomades y ont leurs
campements, les Mhaïa, les Chedjạ et les Angad.

=Mhaïa.= — Tribu nomade, parlant l’arabe. Les tentes et les
troupeaux en sont partie dans le Ḍahra, partie dans l’Angad. Les
Mhaïa sont continuellement en mouvement, circulant dans l’Angad,
dans le Ḍahra, allant de l’un à l’autre ; la stérilité de
ces contrées les force à des changements incessants pour nourrir
leurs troupeaux.

Les Mhaïa peuvent lever environ 2000 fusils. Ils sont soumis au
sultan depuis la campagne que fit celui-ci en 1876. Un qaïd, qui
leur fut donné alors, les gouverne ; il s’appelle Bou Bekr, a une
maison à Oudjda, et vit habituellement sous la tente dans l’Angad.

Ni marché, ni Juifs.

=Chedja.= — Petite tribu nomade, de race et de langue arabe. Elle
ne compte pas plus de 400 fusils. Comme les Mhaïa, et pour les mêmes
motifs, elle est constamment en voyage, parcourant tantôt l’Angad,
tantôt le Tafrâta, tantôt le Ḍahra. Son quartier général
est l’Angad ; c’est là qu’elle est le plus souvent. Jadis
indépendante, elle s’est soumise au sultan lors de l’expédition
de 1876. Elle a depuis ce temps un qaïd, Si Ḥamida, qui réside
à Qaçba el Ạïoun.

Ni marché, ni Juifs.

=Angad.= — Petite tribu nomade, parlant l’arabe. Comme les
précédentes, elle est presque toujours errante, mais ses terrains de
parcours ne s’étendent guère au delà de l’Angad. Elle peut lever
environ 400 fusils. Autrefois libre et renommée pour ses brigandages,
ainsi d’ailleurs que les Chedjạ et les Mhaïa, elle est, depuis
l’expédition de 1876, soumise au sultan et gouvernée par un qaïd ;
son qaïd actuel s’appelle Ould Bou Ṭerfas et vit dans la tribu.

Les Angad se décomposent en quatre fractions :

Oulad Seṛir.

Mezaouir.

Oulad Ạli ben Ṭelḥa.

Houara Angad.

Ni marché, ni Juifs.

Le désert d’Angad est, avons-nous vu, bordé au nord et au sud par
deux longues chaînes de montagnes. Prenant les noms des tribus qui les
habitent, elles s’appellent, l’une Djebel Beni Iznâten, l’autre,
d’abord Djebel Beni Bou Zeggou, puis Djebel Zekkara. Nous allons
dire un mot des Beni Iznâten, des Beni Bou Zeggou et des Zekkara.

_Beni Iznâten._ — Riche et puissante tribu habitant la chaîne de
montagnes qui s’étend entre l’Angad et la Méditerranée, de la
frontière algérienne à la Mlouïa. Elle est citée dans la plupart
des ouvrages français sous le nom altéré de Beni Snassen. C’est
une tribu sédentaire, de race et de langue tamaziṛt. Elle a été
longtemps libre et était, il y a quelques années encore, gouvernée
en toute indépendance par son chikh héréditaire. Le dernier fut
Ḥadj Mimoun ben El Bachir, célèbre et encore populaire dans
toute la contrée par sa puissance, ses richesses, et par la justice
de son gouvernement. Dans une des premières années de son règne,
Moulei El Ḥasen, avec l’aide du moqaddem de la zaouïa de Moulei
Edris de Fâs, s’empara par trahison de sa personne et le jeta en
prison. Il espérait amener par là la soumission des Beni Iznâten ;
mais elle ne se fit pas : ils vécurent dans l’anarchie jusqu’au
moment où le sultan, en 1876, vint avec son armée à Oudjda. Ils
se décidèrent alors à le reconnaître. Il les subdivisa en quatre
commandements ; à la tête de chacun fut placé un qaïd à qui ils
obéissent depuis tant bien que mal.

_Beni Bou Zeggou._ — Tribu sédentaire bien que n’ayant que des
tentes. Celles-ci sont, comme chez les Kerarma, installées au milieu
de cultures, en des lieux invariables. Les Beni Bou Zeggou habitent
la chaîne de montagnes à laquelle ils ont donné leur nom, entre le
Ḍahra et l’Angad ; de plus, ils s’étendent à son pied sur la
lisière de l’Angad et occupent dans cette plaine le cours entier
de l’Ouad Mesegmar. C’est une tribu tamaziṛt, de langue comme
de race. Elle compte 1200 fantassins et 120 chevaux. Indépendante
jusqu’en 1876, elle s’est à cette époque soumise au sultan,
au moment de l’expédition d’Oudjda. Moulei El Ḥasen donna le
titre de qaïd à son chikh héréditaire, Ḥamada. Celui-ci la
gouverne depuis lors, réprimant le vol et le brigandage avec une
ardeur extrême, qu’égale seulement, dit-on, celle qu’il mettait,
avant sa soumission, à les pratiquer lui-même.

Point de Juifs chez les Beni Bou Zeggou.

_Zekkara._ — Petite tribu sédentaire. Elle vit dans des
villages. C’est une tribu de montagne tout entière cantonnée dans
le tronçon de chaîne qu’elle occupe et auquel elle a donné son
nom. Elle ne compte que 200 fantassins et n’a point de chevaux. Elle
est tamaziṛt de langue comme de race. Les Zekkara sont soumis au
sultan depuis la campagne de 1876. Ils sont gouvernés par un chikh
qui dépend du qaïd d’Oudjda.


                              7o. — DAHRA.


Ḍahra est le nom que porte la région des Hauts Plateaux dans sa
partie marocaine. Le Ḍahra est limité, au nord, par les monts
Debdou et Oulad Ạmer et par un long talus montagneux qui le sépare
de l’Angad, talus dont les djebels Beni Bou Zeggou et Zekkara sont
les degrés inférieurs ; à l’est, par la frontière algérienne ;
à l’ouest, par le Rekkam ; au sud, par les dernières pentes du
Grand Atlas et le bassin du Gir.

De tout point pareil aux Hauts Plateaux de la province d’Oran,
le Ḍahra est une vaste étendue déserte, au sol uni, dure sans
être pierreuse, aride, sans autre végétation que l’ḥalfa qui
la couvre en entier, sans autre eau que celle de rares puits creusés
à grands intervalles, souvent à plus d’une journée de marche
l’une de l’autre. Encore les puits sont-ils fréquemment à
sec ou comblés, et si l’on y trouve de l’eau, elle est presque
toujours saumâtre. Tels sont ces steppes désolés où cependant,
comme dans ceux d’Algérie, vivent des tribus nomades. Elles n’y
ont point de territoire fixe : toujours en mouvement, changeant
constamment de place pour donner de nouveaux pâturages à leurs
troupeaux, elles parcourent le Ḍahra en tous sens, tantôt groupées,
tantôt éparpillées, tantôt côte à côte, tantôt loin les unes
des autres. Cependant certaines tribus sont plus souvent au sud,
d’autres se tiennent généralement dans le nord. Les premières
sont celles qui ont leurs qçars et leurs dépôts de grains au pied
du Grand Atlas, les secondes celles dont les magasins sont près du
revers septentrional du plateau, ou dans l’Angad.

Les tribus du sud sont :

Aït Tseṛrouchen, Beni Gil, Oulad Sidi Ạli Bou Chnafa, Oulad Sidi
Mḥammed ben Ḥamed.

Celles du nord sont :

Beni Matar, Mhaïa, Chedjạ.

Les deux dernières n’y sont qu’une partie de l’année et
n’y ont qu’une portion de leurs tentes ; elles vont et viennent,
se partageant entre le Ḍahra et l’Angad.

Ces sept tribus, les unes imaziṛen, les autres arabes, sont toutes
nomades. Celles du sud sont indépendantes, celles du nord sont
soumises au sultan.

Les _Beni Matar_ forment une très petite tribu : ils ne comptent que
150 fusils. Ils sont nomades, mais possèdent, de moitié avec les
Mhaïa, un qçar où ils serrent leurs grains, Qaçba Ras el Ạïn
Beni Matar (Ouad Za). Ils sont soumis au sultan et dépendent du
qaïd des Mhaïa.

Les Beni Matar parlent l’arabe. Point de Juifs chez eux.

Le Ḍahra est sillonné par plusieurs rivières ; mais ces rivières
ne coulent jamais ; elles n’ont que des ṛedirs qui se remplissent
à la saison des pluies.

Il existe quelques qçars dans la région méridionale de ce désert,
auprès des dernières pentes du Grand Atlas et vers les sources
des affluents du Gir. Mais ils sont peu nombreux. Ce sont, soit
des zaouïas, soit des dépôts de grains appartenant à des tribus
nomades du Ḍahra. Les plus connus sont Talsit, Anoual, et surtout
Ạïn Chạïr.


                           8o. — ITINÉRAIRES.


1o _DE TAZA A DEBDOU_. — De Tâza à Qaçba Messoun, 3 heures et
demie de marche. De Qaçba Messoun à Gersif, une demi-journée. De
Gersif à Debdou, un jour.

2o _DE DEBDOU A SEBDOU_. — On monte sur le sommet du Djebel Debdou :
il est couronné par un vaste plateau pierreux, couvert de grands
arbres, arrosé de nombreuses sources ; ce plateau s’appelle Gạda
Debdou. On y marche un espace égal à la distance de Lalla Maṛnia
à Oudjda ; sol uni, dur, boisé. On se trouve alors à la limite du
plateau : on quitte la Gạda et on entre dans le Ḍahra. La forêt
cesse et fait place aux longs steppes couverts d’ḥalfa. Après 3
journées et demie de marche faites dans le Ḍahra et 3 nuits passées
dans ce désert, on arrive à Sebdou, le soir du quatrième jour.

3o _DE DEBDOU A MELILLA_. — De Debdou à Taourirt (Ouad Za), 1
jour. De Taourirt à Mouâzen Sidi Bel Khîr, 1 jour. De Mouâzen
Sidi Bel Khîr à Melilla, une forte demi-journée.

_1er jour._ — Cette partie du trajet a été faite par nous et
décrite plus haut.

_2e jour._ — On traverse la Mlouïa entre Taourirt et Mouâzen
Sidi Bel Khîr. Elle est à une distance de ce dernier point égale
à celle qui sépare Oudjda de Lalla Maṛnia. De Taourirt au fleuve,
on est dans le désert d’Angad, du fleuve à Mouâzen Sidi Bel Khîr
dans celui de Ṛaret. Mouâzen Sidi Bel Khîr est un lieu inhabité,
simple point d’eau dans la plaine.

_3e jour._ — Entre Mouâzen Sidi Bel Khîr et Melilla, à mi-distance
entre les deux points, se trouve sur le chemin une localité, Qaçba
Iselouan. Jusque-là on a continué à marcher dans le Ṛaret. Cette
qaçba en marque la fin. On est désormais au bord de la mer et dans
la tribu des Qelaïa. Qaçba Iselouan est à une demi-heure de la
mer. De ce point à Melilla, on longe le rivage en ayant constamment
la Méditerranée à main droite et le Djebel Qelaïa à main gauche.

Qaçba Iselouan est la résidence du qaïd des Qelaïa ; elle est
arrosée par un petit cours d’eau, le seul que l’on traverse de
la journée : il s’appelle Ouad Chlouk et se jette près de là
dans la mer. Les eaux en sont salées.

Les Qelaïa sont une tribu tamaziṛt sédentaire ; ils sont soumis
au sultan. Leur territoire est voisin de celui des Kebdana, tribu de
même race et de mœurs semblables ; les Kebdana sont soumis et ont
un qaïd, Ould Harfouf.

  Distance : de Mouâzen Sidi Bel Khîr à Melilla comme d’Oudjda
  à Lalla Maṛnia.

4o _D’OUDJDA A FAS_. — Des cavaliers bien montés mettent cinq
journées pour aller d’Oudjda à Fâs.

_1er jour._ — D’Oudjda à Qaçba el Ạïoun.

_2e jour._ — De Qaçba el Ạïoun à Gersif. (On traverse, sans
s’y arrêter, le pays de Za.)

_3e jour._ — De Gersif à Qaçba Miknâsa. (C’est une petite
qaçba fort mal construite. On passe, chemin faisant, sous les murs
de Qaçba Messoun.)

_4e jour._ — De Qaçba Miknâsa aux Hiaïna.

_5e jour._ — Des Hiaïna à Fâs.


                       FIN DE LA SECONDE PARTIE.


[Note 121 : « Anoual, ou Zaouïa Anoual se compose de 50 à 60
maisons habitées par des cheurfa des Oulad Moulei Ali ben Amer
(Idrissin) appartenant aux Aït Tserrouchen. Ils descendent, comme
les marabouts de Kenadsa, de Moulei Abd Allah el Rezouani (enterré
à Merrâkech). Mais ils sont berbérisés et parlent tamazirt plus
qu’arabe. Ils ont quelques maigres cultures dans les pierres,
arrosées par des fontaines et par l’ouad dit des Oulad Ali. Cette
rivière tombe dans l’Ouad Aït Aïssa à Kheneg Gro, à environ
8 kilomètres au sud de la zaouïa. » (Renseignement fourni par
M. Pilard.)]

[Note 122 : « Les Aït Tserrouchen sont entièrement à la dévotion
des marabouts de Kenadsa, qui ont chez eux plusieurs zaouïas et
dont les grandes familles de la tribu disent être parentes. »
(Renseignement fourni par M. Pilard.) On a vu par une note précédente
que les descendants de Moulei Ali ben Amer et les marabouts de Kenadsa
avaient une origine commune.]




                               APPENDICE.


                               APPENDICE.

                       =LES ISRAÉLITES AU MAROC.=


Les Israélites du Maroc se divisent en deux classes : ceux des
régions soumises au sultan, Juifs de blad el makhzen ; ceux des
contrées indépendantes, Juifs de blad es sîba.

Les premiers, protégés des puissances européennes, soutenus par le
sultan, qui voit en eux un élément nécessaire à la prospérité
commerciale de son empire et à sa propre richesse, tiennent par la
corruption les magistrats, auxquels ils parlent fort haut, tout en
leur baisant les mains, acquièrent de grandes fortunes, oppriment
les Musulmans pauvres, sont respectés des riches, et parviennent
à résoudre le problème difficile de contenter à la fois leur
avarice, leur orgueil et leur haine de ce qui n’est pas juif. Ils
vivent grassement, sont paresseux et efféminés, ont tous les vices
et toutes les faiblesses de la civilisation, sans en avoir aucune des
délicatesses. Sans qualités et sans vertus, plaçant le bonheur dans
la satisfaction des sens et ne reculant devant rien pour l’atteindre,
ils se trouvent heureux et se croient sages. Les Juifs de blad es
sîba ne sont pas moins méprisables, mais ils sont malheureux :
attachés à la glèbe, ayant chacun leur seigneur musulman, dont
ils sont la propriété, pressurés sans mesure, se voyant enlever au
jour le jour ce qu’ils gagnent avec peine, sans sécurité ni pour
leurs personnes ni pour leurs biens, ils sont les plus infortunés
des hommes. Paresseux, avares, gourmands, ivrognes, menteurs, voleurs,
haineux surtout, sans foi ni bonté, ils ont tous les vices des Juifs
de blad el makhzen, moins leur lâcheté. Les périls qui les menacent
à toute heure leur ont donné une énergie de caractère inconnue
à ceux-ci, et qui dégénère parfois en sauvagerie sanguinaire[123].


                 =I. — Israélites de blad el makhzen.=


Le Juif se reconnaît à sa calotte et à ses pantoufles noires : il
ne lui est pas permis de les porter d’une autre couleur. Dans la
campagne, il peut aller à âne et à mulet, mais s’il rencontre
un religieux ou une chapelle, il met pied à terre ou fait un
détour. Aux péages et aux portes, il est soumis à une taxe comme
les bêtes de somme. En ville, il se déchausse et marche à pied ;
les rues voisines de certains sanctuaires lui sont interdites. Il
demeure hors du contact des Musulmans, avec ses coreligionnaires,
dans un quartier spécial appelé mellaḥ : le mellaḥ est entouré
de murs ; une ou deux portes lui donnent entrée ; on les ferme à 8
heures du soir. Dans le mellaḥ, le Juif est chez lui : en y entrant,
il remet ses chaussures, et le voilà qui s’enfonce dans un dédale
de ruelles sombres et sales ; il trotte au milieu des immondices,
il trébuche contre des légumes pourris, il se heurte à un âne
malade qui lui barre le chemin ; toutes les mauvaises odeurs lui
montent au nez ; des sons discordants le frappent de toutes parts ;
des femmes se disputent d’une voix aigre dans les maisons voisines,
des enfants psalmodient d’un ton nasillard à la synagogue. Il arrive
au marché : de la viande, des légumes, beaucoup d’eau-de-vie,
quelques denrées communes, tels sont les objets qu’on y trouve ;
les belles choses sont dans la ville musulmane. Le Juif fait ses achats
et, reprenant sa route, il gagne sa maison ; s’il est pauvre, il se
glisse dans une chambrette où grouillent, assis par terre, des femmes
et des enfants : un réchaud, une marmite forment tout le mobilier ;
quelques légumes la semaine, des tripes, des œufs durs et un peu
d’eau-de-vie le samedi, nourrissent la famille. Mais notre Juif est
riche. Au moment où il pousse la porte noire, surmontée de mains
pour préserver du mauvais œil, qui ferme sa demeure, il pénètre
dans un monde nouveau. Voici le jour, la propreté, la fraîcheur, la
gaieté. Il entre dans une cour carrée entourée de deux étages de
galeries donnant accès aux chambres. Le ciel apparaît, d’un bleu
ardent. Les derniers rayons du soleil font briller comme des miroirs,
au faite de la maison, les faïences coloriées dont tout est revêtu,
murs, colonnes, sol de la cour, plancher des chambres. Une odeur de
bois de cèdre remplit et parfume la demeure. Des enfants rentrant
de l’école jouent et crient. Des femmes, bras nus et poitrine
découverte, vêtues d’une jupe de couleur éclatante et d’une
petite veste de velours brodée d’or, un mouchoir de soie sur la
tête, se délassent et causent, assises dans la cour. Au fond des
chambres, des vieillards, à figure pâle, à longue barbe blanche,
attendent, le livre à la main, l’heure de la prière du soir. Dans
les galeries, des servantes, accroupies près des réchauds, apprêtent
le repas. Il y a trois ou quatre pièces à chaque étage : elles sont
immenses, très élevées, à plafonds de bois de cèdre, à grands
murs blancs garnis dans le bas de faïences ou de tentures ; portes,
placards, plafonds, toutes les boiseries sont peintes d’or et de
couleurs éclatantes. Peu de meubles : deux vastes armoires tenant la
largeur entière de la chambre à ses deux extrémités ; au-dessus
de chacune, un lit de fer ; à terre des matelas, des tapis, des
coussins ; sur les murs, quatre ou cinq pendules dont aucune ne marche
et autant de grandes glaces couvertes de rideaux de mousseline pour
les protéger. Dans chacune de ces pièces vit une famille entière, le
père, ses épouses, ses enfants non mariés, ses hôtes. C’est une
animation, un bourdonnement continuel ; ce sont aussi, entre femmes,
des disputes de toute heure. « La femme querelleuse, » dit Salomon,
« est semblable à un toit d’où l’eau dégoutte sans cesse au
temps d’une grosse pluie ». Il faut avoir habité avec des Juifs
pour bien comprendre ce proverbe. Tout à coup le silence se fait,
les femmes parlent bas, les enfants se taisent. Le soleil vient de
se coucher. Chaque homme se lève et, se plaçant devant un mur,
récite, en se balançant, sa prière : tantôt il remue les lèvres
en silence, tantôt il psalmodie à mi-voix ; le voici qui fait une
inclination profonde, la prière est finie ; les causeries éclatent
de nouveau : à table, le dîner est prêt. Le Juif a un hôte ; il
s’assied avec lui sur un tapis ou sur des coussins, le reste de la
famille mange à part, dans un coin. On place une petite table devant
les deux hommes, on apporte le thé ; il y a du thé à l’ambre,
à la verveine, à la menthe ; on en boit trois tasses, puis se
succèdent un potage très épicé, des quartiers de mouton bouilli,
des boulettes de viande hachée au piment, des tripes et du foie au
piment, un poulet, des fruits confits dans le vinaigre, d’autres
frais ; c’est un repas distingué. Une carafe pleine d’un liquide
incolore est entre les deux Juifs ; ils s’en versent de grands
verres et, tout en mangeant, en boivent un litre à eux deux ; on
pourrait croire que c’est de l’eau : c’est de l’eau-de-vie. Au
milieu du dîner entrent trois musiciens ; deux sont des Juifs ; ils
portent, le premier, une flûte, l’autre, une sorte de guitare ;
le dernier est musulman, il chante. Les chansons sont si légères
qu’on n’en peut rien dire, pas même les titres. Les instruments
accompagnent. Les femmes et les enfants répètent les refrains et
battent des mains en cadence. Le bruit attire les voisins ; bientôt on
est vingt-cinq ou trente en cercle autour des artistes. Quel contraste
entre ce pauvre chanteur musulman et les Juifs qui l’entourent ! lui,
beau, la figure éveillée, spirituelle, grands yeux expressifs, dents
superbes, cheveux bien plantés et rasés, barbe courte, bien fait,
souple, mains et pieds charmants, et, quoique misérable, brillant
de propreté. Eux, laids, à l’air endormi, presque tous louchant,
boiteux ou borgnes, crevant de graisse ou maigres comme des squelettes,
chauves, la barbe longue et crasseuse, mains énormes et velues,
jambes grêles et arquées, pas de dents, et, même les riches,
d’une saleté révoltante.

Les Juifs sont très laids au Maroc. Les femmes, avec des traits
réguliers, ont si peu de physionomie, des yeux si éteints, le
visage si pâle, qu’il n’en est guère d’agréables, même
de quatorze à dix-huit ans. Les hommes, quelquefois bien dans
leur extrême jeunesse, sont affligés de bonne heure de mille
infirmités et sont vieillards avant d’avoir atteint l’âge
mûr. Les difformes, borgnes, boiteux ou autres, sont si nombreux,
dans les villes surtout, qu’ils y forment le quart peut-être de
la population. A quoi attribuer une laideur et une décrépitude
à ce point générales et excessives ? Est-ce à une malpropreté
extrême, à une hygiène défectueuse, à des mariages prématurés
et entre proches ? La nourriture est insuffisante chez les pauvres,
immodérée et composée uniquement de viandes chez les riches. Tout
le monde fait un usage démesuré d’alcool ; on en boit en mangeant
et entre les repas ; un litre par jour est la moyenne d’un grand
nombre[124]. Les femmes mêmes en prennent plus ou moins. Le samedi
surtout, on en absorbe une quantité prodigieuse : il faut en avaler
assez au déjeuner pour dormir ensuite d’un trait jusqu’à la
prière de 4 heures. Le Juif marche peu, ne se promène point ; il ne
sort du mellaḥ que pour aller à la ville vaquer à ses affaires
et ne voyage que pour un motif grave. S’il n’est obligé de
gagner sa vie par un travail assidu, il se couche à 11 heures, se
lève à 10, et fait souvent la sieste dans la journée. On se marie
entre aussi proches parents que l’on peut. Un Israélite qui a des
neveux dont l’âge convient à celui de ses filles ferait injure
à son frère et tort à lui-même en ne les demandant pas comme
gendres. Les unions sont d’une précocité presque incroyable,
surtout dans les villes de l’intérieur ; les jeunes filles, ou
plutôt les petites filles, s’y marient entre six et huit ans,
les garçons vers quatorze ans. A qui demande la cause d’un tel
usage, on répond qu’un homme de quatorze ans a besoin de se marier
et que, pour lui appareiller sa compagne, il faut la prendre très
jeune ; d’ailleurs, pour les filles c’est chose indifférente :
qu’est-ce qu’une femme ? « _Kerch, chouïa djeld itmetted._ »
Si la manière de vivre des Juifs est peu propre à leur conserver la
santé, malades ils se soignent d’une façon déplorable. J’ai vu
régner à Fâs une épidémie de rougeole qui, dans le seul mellaḥ,
enlevait quatre et cinq enfants par jour. On ne séparait pas les
enfants sains des malades ; tous étaient atteints les uns après les
autres. On les nourrissait de melons et de pastèques : puisqu’ils
avaient la fièvre, il fallait les rafraîchir. Heureusement, point
de remèdes. J’en vis pourtant administrer quelquefois. Un jour,
à Demnât, un pauvre Israélite avait ses cinq enfants malades, il
était inquiet, la fièvre était ardente ; à tout prix, il fallait
tenter de la calmer. Il possédait dans une vieille caisse divers
paquets contenant des remèdes variés de provenance européene ;
ils étaient de dix ou douze sortes ; il sortit ces médicaments,
prit un peu de chacun, mêla le tout, en fit cinq parts égales et
les distribua à ses enfants. Ils n’en sont pas morts !

Les Israélites, qui, aux yeux des Musulmans, ne sont pas des
hommes, à qui les chevaux, les armes sont interdits, ne peuvent
être qu’artisans ou commerçants. Les Juifs pauvres exercent
divers métiers ; ils sont surtout orfèvres et cordonniers ;
ils travaillent aussi le fer et le cuivre, sont marchands forains,
crieurs publics, changeurs, domestiques dans le mellaḥ. Les riches
sont commerçants, et surtout usuriers. En ce pays troublé, les
routes sont peu sûres, le commerce présente bien des risques ;
ceux qui s’y livrent n’y aventurent qu’une portion de leur
fortune. Les Israélites préfèrent en abandonner aux Musulmans les
chances, les travaux et les gains, et se contentent pour eux des
bénéfices sûrs et faciles que donne l’usure. Ici ni peine ni
incertitude. Capitaux et intérêts rentrent toujours. Un débiteur
est-il lent à payer ? On saisit ses biens. N’est-ce pas assez ? On
le met en prison. Meurt-il ? On y jette son frère. Il suffit pour
cela de posséder les bonnes grâces du qaïd ; elles s’acquièrent
aisément : donnez un léger cadeau de temps en temps, fournissez à
vil prix les tapis, les étoffes dont a besoin le magistrat, peu de
chose en somme, et faites toutes les réclamations, fondées ou non ;
vous êtes écouté sur l’heure. Il ne reste alors qu’à prendre
le titre de _rebbi_, à demeurer longtemps au lit et longtemps à
table, et à encaisser tranquillement l’argent des _goui_, en
rendant grâce au Dieu d’Israël.

Les Juifs de blad el makhzen dépendent des seuls gouverneurs du sultan
et leur paient un impôt. Ceux qui ont quelque fortune sont sous la
protection d’une puissance européenne ; les uns l’obtiennent
par un séjour vrai ou fictif en Algérie, la plupart l’achètent
des agents indigènes que les nations possèdent dans les villes de
l’intérieur. Ces agents, peu ou point soldés, se font souvent de
gros revenus par de mauvais moyens.

Les Israélites du Maroc parlent l’arabe. Dans les contrées
où le tamaziṛt est en usage, ils le savent aussi ; en certains
points le tamaziṛt leur est plus familier que l’arabe, mais
nulle part ce dernier idiome ne leur est inconnu. Tous les Juifs
lisent et écrivent les caractères hébreux ; ils ne connaissent
point la langue, épellent leurs prières sans les comprendre, et
écrivent de l’arabe avec les lettres hébraïques. Les rabbins
seuls ont appris la grammaire et le sens des mots et, en lisant,
entendent plus ou moins. Les rabbins sont nombreux ; sur cinq ou
six Juifs, il y en a un. Ils se distinguent par leur coiffure :
ils s’enveloppent la tête d’un long mouchoir bleu qui encadre
leur figure et dont la pointe retombe sur leurs épaules. Le titre
de rabbin équivaut à celui de bachelier ; sur dix rabbins, un à
peine peut officier ; le rabbin officiant, ou rabbin _sacrificateur_,
a pour principal service d’égorger suivant le rite les animaux
destinés à la nourriture des fidèles ; puis il dit les prières
à la synagogue, apprend à lire aux enfants, dresse les actes. On
lui donne une légère rétribution et des morceaux déterminés des
animaux qu’il tue. Les villes renferment plusieurs synagogues et
de nombreux officiants. Il n’est pas de village ayant six ou sept
familles israélites qui n’ait sa synagogue et son rabbin. Les
Juifs qui n’ont point de sacrificateur sont soumis à diverses
privations, telles que celle de ne pouvoir manger de viande. Ceux qui
vont isolément trafiquer parmi les Musulmans s’en passent parfois
durant six ou huit mois. Les Israélites du Maroc observent avec la
dernière rigueur les pratiques extérieures du culte. Mais, comme
nous l’avons dit, ils ne se conforment en rien aux devoirs de morale
que prescrit leur religion : non seulement ils ne les suivent pas,
mais ils les nient. Ils appellent sagesse la ruse, le mensonge, la
violation des serments ; justice la vengeance, la haine, la calomnie ;
prudence l’avarice et la lâcheté ; la paresse, la gourmandise,
l’ivrognerie sont d’heureuses facultés données par Dieu aux
mortels pour leur faire supporter les peines de la vie. Les Juifs
sont les enfants bien-aimés du Seigneur : qu’ils lui rendent les
hommages dus, qu’ils prient, qu’ils jeûnent, qu’ils observent
le sabbat et les fêtes, qu’ils mangent seulement la nourriture
licite, qu’ils se lavent et se baignent quand il faut, et ils seront
toujours chéris de Dieu ; ils peuvent, pour les autres choses, se
permettre ce qui leur plaît. Haï soit le reste des hommes ! Il est
maudit pour l’éternité. Le jour n’est pas loin où le Messie,
tant de fois annoncé, viendra et mettra le monde sous les pieds du
peuple d’Israël. Que dis-je ? Le voici peut-être. Rebbi Abnir,
grand rabbin de Fâs, a reçu des lettres d’Égypte : le prétendu
mahdi, annoncent-elles, n’est point musulman, mais juif ; c’est
le Messie ; il chasse les chrétiens comme l’aquilon dissipe la
pluie. « Qu’ainsi périssent, ô Seigneur, tous vos ennemis :
mais que ceux qui vous aiment brillent comme le soleil lorsque ses
rayons éclatent au matin. »


                  =II. — Israélites de blad es sîba.=


Tout Juif de blad es sîba appartient corps et biens à son seigneur,
son _sid_. Si sa famille est établie depuis longtemps dans le pays,
il lui est échu par héritage, comme une partie de son avoir, suivant
les règles du droit musulman ou les coutumes imaziṛen. Si lui-même
est venu se fixer au lieu qu’il occupe, il a dû, aussitôt arrivé,
se constituer le Juif de quelqu’un : son hommage rendu, il est lié
pour toujours, lui et sa postérité, à celui qu’il a choisi. Le
sid protège son Juif contre les étrangers comme chacun défend son
bien. Il use de lui comme il gère son patrimoine, suivant son propre
caractère. Le Musulman est-il sage, économe ? Il ménage son Juif,
il ne prend que le revenu de ce capital ; une redevance annuelle,
calculée d’après les gains de la saison, est tout ce qu’il
lui demande ; il se garde d’exiger trop, il ne veut pas appauvrir
son homme ; il lui facilite au contraire le chemin de la fortune :
plus le Juif sera riche, plus il rapportera. Il ne le moleste pas
dans sa famille, ne lui prend ni sa femme ni sa fille, afin qu’il
ne cherche pas à échapper à la servitude par la fuite. Ainsi le
bien du sid s’accroît de jour en jour, comme une ferme sagement
administrée. Mais que le seigneur soit emporté, prodigue, il mange
son Juif comme on gaspille un héritage : il lui demande des sommes
excessives ; le Juif dit ne pas les avoir ; le sid prend sa femme en
otage, la garde chez lui jusqu’à ce qu’il ait payé. Bientôt
c’est un nouvel ordre et une nouvelle violence ; le Juif mène la
vie la plus pauvre et la plus misérable, il ne peut gagner un liard
qui ne lui soit arraché, on lui enlève ses enfants. Finalement, on
le conduit lui-même sur le marché, on le met aux enchères et on
le vend, ainsi que cela se fait en certaines localités du Sahara,
mais non partout ; ou bien on pille et on détruit sa maison et
on le chasse nu avec les siens. On voit des villages dont tout un
quartier est désert. Le passant étonné apprend qu’il y avait là
un mellaḥ et qu’un jour les sids, d’un commun accord, ont tout
pris à leurs Juifs et les ont expulsés. Rien au monde ne protège
un Israélite contre son seigneur ; il est à sa merci. Veut-il
s’absenter, il lui faut son autorisation. Elle ne lui est pas
refusée, parce que les voyages du Juif sont nécessaires à son
commerce ; mais sous aucun prétexte il n’emmènera sa femme ni ses
enfants ; sa famille doit rester auprès du sid pour répondre de son
retour. Veut-il unir sa fille à un étranger qui la conduira dans son
pays, force est au fiancé de la racheter du seigneur au prix qu’il
plaira à ce dernier de fixer ; la rançon varie suivant la fortune
du jeune homme et la beauté de la jeune fille. J’ai vu à Tikirt
une jolie Juive qui venait de l’Ouarzazât ; pour l’emmener,
son mari avait payé 400 francs, grosse somme en un mellaḥ où
l’homme le plus riche possède en tout 1500 francs. Le Juif, tout
enchaîné qu’il est, peut s’affranchir et quitter le pays,
si son sid l’autorise à se racheter ; le plus souvent celui-ci
repousse sa requête ; si parfois il consent, c’est lorsque le Juif,
par suite d’opérations commerciales, a la majeure partie de sa
fortune hors de son atteinte. Il fixe alors le prix du rachat, soit en
bloc pour toute la famille, soit pour chaque membre en particulier :
la somme exigée est la plus grande partie de la fortune présumée
du Juif. Le marché conclu, la rançon payée, le Juif est libre ;
il déménage avec les siens sans être inquiété et va s’établir
où bon lui semble. S’il ne veut ou ne peut donner ce qu’on lui
demande, si toute proposition est rejetée de parti pris, et s’il a
la ferme volonté de s’en aller coûte que coûte, il ne lui reste
qu’un moyen, la fuite. Il la prépare d’avance, l’exécute dans
le plus grand secret. Une nuit sombre, il sort à pas de loup suivi
de sa famille ; tout dort : on ne l’a pas vu. Il arrive à la porte
du village. Des bêtes de somme, une escorte de Musulmans étrangers
l’attendent. On monte, on part, on fuit à toute vitesse. Courant la
nuit, se cachant le jour, évitant les lieux habités, choisissant les
chemins détournés et déserts, on gagne d’un pas rapide la limite
du blad el makhzen ; là enfin on respire : on n’est en sûreté
complète qu’arrivé dans une grande ville. Le Juif qui se sauve
est en danger mortel. Son seigneur, dès qu’il apprend son départ,
se jette à sa poursuite ; s’il le rejoint, il le tue comme un
voleur qui lui emporte son bien. Lorsque la fuite a réussi, le Juif
évitera, lui et ses descendants, pendant plusieurs générations,
d’approcher même de loin de son ancienne résidence ; il s’en
tiendra au moins à trois ou quatre journées, et là même il sera
inquiet. J’ai vu des Israélites de plus de cinquante ans, dont le
père s’était enfui de Mḥamid el Ṛozlân avant leur naissance,
regarder comme périlleux de passer à Tanziḍa et à Mrimima,
où ils pouvaient, disaient-ils, rencontrer des Berâber et être
pris par eux. En quelque endroit qu’un sid retrouve son Juif ou
un rejeton de celui-ci, il met la main sur lui. Il est des exemples
d’Israélites dont l’aïeul s’était sauvé et qui, à plus
de quatre-vingts ans de distance, ont été ramenés enchaînés au
pays de leurs ancêtres par le descendant de leur seigneur. Ce droit
permet parfois d’étranges choses. Un jour arrivèrent au Dâdes
deux rabbins quêteurs de Jérusalem. Comme ils passaient sur un
marché, un Musulman leur saute à la gorge : « Ce sont mes Juifs,
s’écrie-t-il. Je les reconnais. Il y a quarante ans, tout
jeunes encore, ils s’enfuirent avec leur père. Enfin Dieu me les
rend ! Qu’il soit loué ! » Les pauvres rabbins de se récrier :
depuis dix générations leurs familles habitaient Jérusalem. Jamais
eux-mêmes n’avaient quitté la ville sainte avant cette année,
et plût au ciel qu’ils n’en fussent jamais sortis ! « Que Dieu
maudisse votre voleur de père ! Je jure que je vous reconnais et
que vous êtes mes Juifs. » Et il les emmène chez lui. Il ne leur
rendit la liberté qu’au prix de 800 francs, que paya pour eux la
communauté de Tiilit.

Dans les tribus dont l’organisation est démocratique, chez les
Berâber par exemple, chaque Israélite a un seigneur différent. Dans
celles qui sont gouvernées par un chef absolu, comme le Mezgîṭa,
le Tazeroualt, les Juifs appartiennent tous au chikh et n’ont pas
d’autre sid que lui. Aux lieux où le chikh existe, mais avec une
autorité limitée, à Tazenakht, chez les Zenâga, le Juif lui doit
un tribut annuel, ne peut déménager sans se racheter de lui, mais
n’en appartient pas moins à un seigneur particulier qui a sur lui
les droits ordinaires.

La contrée où j’ai vu les Israélites les plus maltraités et les
plus misérables est la vallée de l’Ouad el Ạbid, d’Ouaouizert
à Tabia. J’y ai trouvé des Juives enfermées depuis trois mois
chez leur seigneur parce que le mari ne pouvait payer certaine
somme. Là les coutumes fixent à 30 francs l’amende du Musulman
qui a tué un Juif. Il les doit au sid du mort, et n’a d’autre
peine ni d’autre dommage. Dans cette région, les Israélites ne
font point de commerce : dès qu’ils possèdent quelque chose,
on le leur arrache ; ils ne peuvent être orfèvres : l’argent
manque ; tous sont cordonniers. Traités comme des brutes, le
malheur en a fait des êtres sauvages et féroces ; ils se battent,
se blessent, se tuent journellement ; à Aït ou Akeddir, j’ai
vu un matin entrer à la synagogue un homme qui venait d’égorger
son neveu dans une querelle et s’en vantait ; personne ne lui fit
de reproche, la chose était commune. Moi-même, j’ai, deux fois
en quinze jours, failli être assassiné dans cette contrée, par
des Juifs d’Ouaouizert entre ce village et Qaçba Beni Mellal,
par des Juifs d’Aït ou Akeddir dans leur mellaḥ même. La
première fois, j’étais parti avec un zeṭaṭ musulman et
une caravane d’Israélites d’Ouaouizert. Bientôt je vis mon
Musulman donner des signes d’inquiétude ; il me prit à part et me
rapporta que les Juifs tenaient entre eux des propos inquiétants et
semblaient comploter ; ils s’obstinaient, malgré lui, à vouloir
prendre un chemin désert qui ne pouvait nous conduire qu’à une
embuscade. Tout à coup se profila, au sommet d’une croupe, la
silhouette de plusieurs cavaliers. « Ce sont des Aït Seri ennemis
de ma tribu ! Les Juifs nous ont trahis. » Je tourne bride. Les
Israélites veulent me retenir. Mais ils n’osent employer la
force en présence de mon Musulman. Je reprends à toute vitesse,
avec lui, la direction de Qaçba Beni Mellal. A peine étais-je
dans la bourgade, que j’appris, par des parents de mon zeṭaṭ,
que les Juifs de la caravane avaient fait pacte la veille avec des
Aït Seri : ceux-ci devaient attaquer et tuer le zeṭaṭ, pendant
qu’eux-mêmes m’égorgeraient et me pilleraient. Je ne partis
que plus tard de Qaçba Beni Mellal, avec une escorte de Musulmans,
et sans Juifs du pays. La seconde fois, on s’ameuta contre moi à
Aït ou Akeddir, et la majorité du mellaḥ demanda à grands cris ma
tête. Une scène tumultueuse eut lieu à la synagogue, on jura que
je ne sortirais pas vivant du lieu. Le sang-froid et la fermeté de
mon hôte me sauvèrent. Il se montra prêt à me défendre les armes
à la main et empêcha les violences immédiates. Il y eut encore des
scènes orageuses dans la journée : on me croyait chargé d’or et
il semblait que ma mort dût enrichir le mellaḥ entier ; cette idée
affolait tous ces misérables. Mon hôte me fit évader le lendemain
avant le jour avec un Musulman de confiance. Ce ne fut qu’en ces
deux points, à Bou el Djạd et à Tatta, que les Israélites me
firent courir de graves dangers. A Bou el Djạd et à Tatta, ils me
devinèrent, me trahirent et excitèrent contre moi les Musulmans,
par flatterie pour ces derniers, sans me menacer eux-mêmes. Sur
l’Ouad el Ạbid, ils n’avaient pas soupçonné ma religion ;
j’étais un frère étranger et riche qu’ils voulaient faire
disparaître pour prendre son bien. Il n’y a aucune peine ni pour le
meurtre ni pour le vol. Une nuit que j’étais à Ouaouizert, couché
à la synagogue[125] avec dix ou douze autres personnes, un voleur
m’éveilla en fouillant dans mon bagage, je parvins à le saisir,
on apporta de la lumière ; je demandai ce qu’on allait faire du
prisonnier : « Le lâcher ; » puis on alluma les lampes et l’on
chanta des prières pour se tenir éveillé. Dans ces pays, les Juifs
d’un village ont-ils une querelle avec ceux d’un autre, on s’arme
des deux côtés, on prend rendez-vous et on se livre bataille.


                =III. — Répartition des Juifs au Maroc.=


Les Juifs sont répartis d’une manière inégale dans les diverses
parties du Maroc. Ils semblent être cantonnés surtout, d’une part
dans les ports et les grandes villes du blad el makhzen, de l’autre
dans le massif du Grand Atlas et sur les cours d’eau qui descendent
du versant méridional de cette chaîne.

Il y a très peu d’Israélites dans le Rif ; ils y étaient nombreux
autrefois ; de mauvais traitements les ont chassés dans ce siècle,
les uns vers Fâs, les autres vers Tlemsen et Debdou. Les deux
principaux mellaḥs du Rif sont à cette heure ceux de Tafersit et
de Chechaouen.

De Tanger à Agadir Iṛir, point de port sur l’Océan où les
Juifs ne forment une partie importante de la population.

Sur les divers cours d’eau qui se jettent dans l’Atlantique au
nord du Sebou, un seul mellaḥ, celui d’El Qçar.

_Bassin de l’Ouad Sebou._ — Il n’y existe d’Israélites qu’en
cinq points, à Fâs (800 familles), à Meknâs (400 familles), à
Sfrou (250 familles), à Tâza (50 familles), à Qaçba Miknâsa (15
familles). Dans les grandes tribus qui occupent le cours supérieur
du fleuve et de ses affluents, Beni Mṭir, Beni Mgild, Aït Ioussi,
Beni Ouaṛaïn, il n’y en a point.

_Bassin de l’Ouad Bou Regreg._ — Il ne renferme aucun mellaḥ. Pas
de Juifs, ni chez les Zaïan, ni chez les Zemmour Chellaḥa, ni chez
les Zạïr.

_Bassin de l’Ouad Oumm er Rebiạ._ — Très peu d’établissements
israélites sur la rive droite du fleuve : un grand nombre sur les
affluents de gauche qui prennent leur source dans le Grand Atlas. Les
principaux sont :

                                 {  Bou el Djạd                 50 fam.
                                 {
  Tâdla                          {  Qaçba Tâdla                 30
                                 {
                                 {  Qaçba Beni Mellal           75

                                 {  Takiout                     20
  Doukkala                       {
                                 {  El Arbạa                    20

  Aït Atta d Amalou. — Ouaouizert                               35

                                 {  Aït ou Akeddir              50
                                 {
  Aït Ạtab                       {  Ḥad Aït Ạtab                20
                                 {
                                 {  Ikadousen                   30

  Aït Ạïad                                                      20

                                 {  Djemaạa Entifa              50
                                 {
                                 {  Bezzou                      20
                                 {
  Entifa                         {  Tisoukennatin[126]          15
                                 {
                                 {  Desra[127]                  10
                                 {
                                 {  Tabia                       10

  Aït b Ououlli. — Aït Brahim                                   30

  B Ougemmez. — Aït Ouriad                                      15

  Aït Abbes                                                     30

                                 {  Aït Tagella                 20
  Bou Ḥarazen                    {
                                 {  Bou Ḥarazen                 20

                                 {  Demnât                     250
                                 {
                                 {  Idili                       30
  Demnât                         {
                                 {  Aït Mazzen                  20
                                 {
                                 {  El Ḥamedna[128]             20

  Sraṛna. — El Qlạa                                            120

                                 {  Zaouïa Sidi Reḥal           25
  Zemrân                         {
                                 {  Oulad Mançour               15

                                 {  Tagmout                     30
                                 {
  Glaoua                         {  Zarakten                    15
                                 {
                                 {  Enzel                       20

_Bassin de l’Ouad Tensift._ — Les Juifs y ont peu de centres sur
la rive droite, mais ils en possèdent sur les affluents de gauche
du fleuve. Voici quelques-uns d’entre eux :

  Merrâkech                                                    600 fam.

  Rḥamna. — Tamellalt                                           20

                                 {  Tasremout (Aït Taggant)     30
                                 {
                                 {  Tamazzens                   25
  Mesfioua                       {
                                 {  Igni s Neïn                 20
                                 {
                                 {  Debra                       30

                                 {  Tahennaout                  40
  Ṛiraïa                         {
                                 {  Tassellount                 30

                                 {  Dar El Genṭafi              30
  Genṭafa                        {
                                 {  Tagadirt el Bour            16

  Gergoura. — Fres                                              20

  Amsmiz.— Amsmiz                                              100

  Tisgin. — Tisgin                                              30

  Asif el Mal                                                   20

_Bassin de l’Ouad Sous._ — Les bords de ce fleuve sont une des
contrées du Maroc où les Israélites sont les plus nombreux. Sur ses
affluents de droite il s’en trouve aussi, mais moins. Il n’en
existe à peu près point sur les affluents de gauche. Voici la
plupart des mellaḥs de ce bassin :

                                 {  Ouaounzourt                 10
                                 {
                                 {  Mezgemmat                   10
                                 {
                                 {  Asareg                      30
                                 {
                                 {  Amzarko                     40
                                 {
                                 {  Igidi                       10
                                 {
                                 {  Arled                       10
                                 {
  Aït Tameldou                   {  Aït Ouartasa                 2
                                 {
                                 {  Tamjerjt                    20
                                 {
                                 {  Aït Tougda                   3
                                 {
                                 {  Igourdan                     4
                                 {
                                 {  Ạraben                       3
                                 {
                                 {  Inmarakht                   20
                                 {
                                 {  Aït Leti                    15

                                 {  Idergan                     20
  Iouzioun                       {
                                 {  Tabia                       10

                                 {  Aoullous                     5
  Aït Tedrart                    {
                                 {  Tamalout                     2

                                 {  Aït Sin                      3
  Aït Oubial                     {
                                 {  Tagouïamt                    4

  Aït Ọtman. — Tagmout                                           8

                                 {  Iṛil n Oro                  50
  Zagmouzen                      {
                                 {  Taourirt                    10

                                 {  Taourirt el Ḥad             10
  Aït Iaḥia                      {
                                 {  Arfaman                     12

                                 {  Argoummi                     2
                                 {
                                 {  Imi n Ougni                 10
  Seketâna                       {
                                 {  Timasinin                    2
                                 {
                                 {  Timersit                     2

                                 {  Aoulouz                     30
                                 {
                                 {  Amerli                      20
                                 {
  Rḥala                          {  Igedad                       4
                                 {
                                 {  Aderdour                    20
                                 {
                                 {  Aït Oumbarek                 2

                                 {  Aït Ioub                    15
                                 {
                                 {  Oulad Ḥasen                 15
                                 {
                                 {  Oulad Brahil                15
                                 {
                                 {  Souaṭat                      5
                                 {
                                 {  Oulad Brahim                 4
                                 {
                                 {  Agedal                      10
  Menâba                         {
                                 {  Ida ou Gouilal              10
                                 {
                                 {  Igli                        40
                                 {
                                 {  Ida ou Qaïs                 15
                                 {
                                 {  Tinzert                     20
                                 {
                                 {  Tamast                      10
                                 {
                                 {  Ạïn n Ougeïḍa                5

                                 {  Asseïn                       3
  Indaouzal                      {
                                 {  Louleiza                    15

                                 {  Timdouin                    20
                                 {
  Oulad Iaḥia                    {  Arazan                      20
                                 {
                                 {  Oulad Bou Ṛis               10

  Aït Semmeg (Ouad el Amdad). — Touloua                         10

  Ouneïn. — Adouz                                               20

  Taroudant                                                    300

_Sahel Marocain._ — Peu de Juifs. Ils sont groupés en quelques
points clairsemés dont voici les principaux :

                                 {  Dar Ben Dleïmi              30
  Chtouka                        {
                                 {  Tamaliḥt                    60

  Zarar Ida Oultit. — Ouizzân                                   50

  Tazeroualt. — Iliṛ                                            70

  Ouad Noun                                                     40

_Bassin de l’Ouad Dra._ — Les Israélites sont en grand nombre
dans la vallée du fleuve et dans celles de ses affluents supérieurs ;
il y en a peu dans le reste du bassin. Voici la plupart des mellaḥs :

                                 {  Iṛris                        8
                                 {
  Assaka (Ouad Iounil).          {  Timsal                      20
                                 {
                                 {  Angelz                      30

  Tizgi (Ouad Iounil). — Tizgi                                  25

                                 {  Tazleft                      2
                                 {
                                 {  Aït Ạïssa                    8
                                 {
                                 {  Tadoula                     12
  Aït Zaïneb                     {
                                 {  Imzouṛen                    10
                                 {
                                 {  El Mellaḥ                    2
                                 {
                                 {  Tikirt                      20

                                 {  Aït Ḥammou ou Ạli            6
                                 {
                                 {  Aït Baddou                   1
  Telouet                        {
                                 {  Tabougoumt                  20
                                 {
                                 {  Imaounin                    15

                                 {  Timjdout                    15
                                 {
                                 {  Sour                        10
                                 {
                                 {  Dir                          8
                                 {
  Tidili                         {  Igadaïn                      6
                                 {
                                 {  Ilṛman                       5
                                 {
                                 {  Timzrit                      2
                                 {
                                 {  Asell                        3

                                 {  Iṛil                         8
                                 {
                                 {  Tagnit                       2
  Imini                          {
                                 {  Afella Isli                  6
                                 {
                                 {  Taskoukt                     5

                                 {  Tourtit                      2
  Ikhzama                        {
                                 {  Amasin                       8

  Aït Touaïa. — Taoura                                           2

                                 {  Almid                       15
  Aït Marlif                     {
                                 {  Tagdourt n Touda             7

                                 {  Tamasint                    18
                                 {
                                 {  Zaouïa Sidi Ọtman            5
                                 {
                                 {  Tabount                      6
                                 {
  Ouarzazât                      {  Tigemmi Djedid               2
                                 {
                                 {  Taourirt                    15
                                 {
                                 {  Tenmasla                    20
                                 {
                                 {  Aït Kedif                   10

                                 {  Tazenakht                   55
  Aït Ạmer                       {
                                 {  Aït Ạli ou Ious              2

                                 {  Aït Mesri                   25
                                 {
  Zenâga                         {  Tamarouft                   19
                                 {
                                 {  Azdif                       18

  Tammasin. — Enzel                                              2

  Iṛels. — Iṛels                                                 2

                                 {  Tiilit                      60
  Dâdes                          {
                                 {  Aït ou Ez Zîn               20

                                 {  Tiṛremt Izouralen Aït
                                 {  Ḥammou ou Iaḥia             15
  Imgoun                         {
                                 {  Iberrousen                   8

                                 {  Targanada                   10
                                 {
                                 {  Igli Aït Zarar               8
  Imeṛrân                        {
                                 {  Timicha                      4
                                 {
                                 {  Tindout                     40

                                 {  Rebaṭ                        6
                                 {
                                 {  Asellim Agdz                 6
                                 {
  Mezgîṭa                        {  Agdz                        20
                                 {
                                 {  Tamnougalt                  40
                                 {
                                 {  Asellim                     10

  Aït Seddrât. — El Ḥara                                         3

  Aït Zeri. — Timesla                                            8

                                 {  Qaçba el Makhzen            30
  Tinzoulin                      {
                                 {  Rebaṭ                       20

                                 {  Akhellouf                   10
                                 {
                                 {  Beni Zouli                  20
                                 {
                                 {  Taṛrelil                    10
  Ternata                        {
                                 {  Astour                      15
                                 {
                                 {  El Mançouria                30
                                 {
                                 {  El Ạroumiat                 20

  Fezouâta. — Amzrou                                            20

                                 {  Beni Ḥaïoun                 40
  Qtaoua                         {
                                 {  Beni Sbiḥ                   50

  Mḥamid el Ṛozlân. — Oulad Ḥamed                               40

  Alougoum. — Tiṛremt                                            6

  Zgiḍ. — El Mḥamid                                              2

  Tatta. — Tintazart                                            14

  Aqqa. — Tagadirt                                              12

  Tamanaṛt. — Agerd                                             20

_Bassin de l’Ouad Ziz._ — Voici l’énumération des
principaux mellaḥs qui s’y trouvent :

  Tiallalin. — Qcîra el Ihoud                                   30

  Qçar es Souq. — Qçar es Souq                                  60

  Reṭeb (un mellaḥ)                                             30

  Tizimi (2 mellaḥs)                                            45

  Tafilelt (5 mellaḥs)                                         200

  Zaouïa Sidi Ḥamza (Ouad Zaouïa Sidi Ḥamza)                     2

                                 {  Asfalou                    100
                                 {
                                 {  Taourirt                    30
  Todṛa                          {
                                 {  Aït Ourjedal                10
                                 {
                                 {  Tinṛir                      30

  Ferkla. — Asrir                                               50

                                 {  Bou Tnefit                  12
  Ṛeris                          {
                                 {  Gelmima                     30

  Taderoucht.— El Ḥara                                          20

_Haut bassin de l’Ouad Gir._ — On y rencontre quelques Juifs :

  Tit n Ạli                                                     25

  Tizgi n Gerrama                                               30

  Beni Tzit                                                     20

_Bassin de l’Ouad Mlouïa._ — Très peu d’Israélites ; il
n’y en a qu’aux six endroits suivants :

                                 {  Bou Zmella                  30
  Ouṭat Aït Izdeg                {
                                 {  Aït Ọtman ou Mousa          80

  Qçâbi ech Cheurfa. — El Qçâbi                                 60

  Misour. — Oulad Bou Jejia                                     10

  Ouṭat Oulad el Ḥadj. — Mellaḥ el Ihoud                        30

  Debdou. — Debdou                                             300

Entre le bassin de la Mlouïa et la frontière algérienne, un seul
mellaḥ, celui d’Oudjda.

                               * * * * *


[Note 123 : J’écris des Juifs du Maroc moins de mal que je n’en
pense ; parler d’eux favorablement serait altérer la vérité. Mes
observations s’appliquent à la masse du peuple : dans le mal
général, il existe d’heureuses exceptions. A Fâs, à Sfrou,
à Meknâs, à Tâza, à Tazenakht, à Debdou, en d’autres lieux
encore, j’ai vu des Israélites donner l’exemple de la vertu. Le
grand rabbin de Fâs était, aux yeux des Musulmans mêmes, un des
hommes les plus justes de son temps. Mais ces modèles sont rares et
on les imite peu.]

[Note 124 : Les Juifs fabriquent eux-mêmes cette eau-de-vie, qu’ils
appellent _mahia_ ; ils la font, dans le nord, de cire ou de raisins
secs ; dans la montagne, de figues ; dans le Sahara, de dattes. Dans
les villes, la mahia s’achète par carafes au marché ; dans les
campagnes, chaque maison distille tous les jeudis ce qu’il lui faut
pour la semaine.]

[Note 125 : Dans tout le Maroc, les grandes villes exceptées, les
synagogues servent d’auberge : on y dort, on y mange, on s’y
enivre, on y tue des poulets, on y fait la cuisine ; on y trafique
et on y vend comme au marché.]

[Note 126 : Village situé au pied du Grand Atlas à 1 heure et demie
de Tabia. Dans mon itinéraire je l’ai laissé à main gauche.]

[Note 127 : Petit village entre Bezzou et Tabia.]

[Note 128 : Village situé au pied du Grand Atlas, entre Idili et
Demnât.]




                                 LISTE
                                  DES
                       OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES
                   FAITES AU MAROC AU COURS DU VOYAGE
                          (Juin 1883-Mai 1884)

                                   ET
                  TABLEAU DES LATITUDES ET LONGITUDES
      DES POINTS DÉTERMINÉS ASTRONOMIQUEMENT PAR CES OBSERVATIONS.

                               * * * * *


                      =I. — Liste des Observations.=


                  TÉTOUAN. — 24 juin 1883, 5 h. soir.

         Maison de Jacob Danan (mellaḥ). Angle hor. du soleil.

  Chronomètre : 4h 19m 20s   Hauteur : 53° 48′ 00″

                   21  02              53  07  10

                   22  31              52  30  00

                   24  01              51  55  40

                   25  35              51  18  20

  Erreur instrumentale : bord supérieur  + 0° 31′ 50″

                         bord inférieur  − 0  31  00


                    TÉTOUAN. — 24 juin, 10 h. soir.

             Maison de Jacob Danan. Hauteur de la Polaire.

  Chronomètre : 9h 29m   Hauteur : 69° 18′ 30″

                   42              69  25  10

                   55              69  32  00


                  TÉTOUAN. — 25 juin, 7 h. 1/4 matin.

            Maison de Jacob Danan. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 6h 45m 54s   Hauteur : 57° 20′ 40″

                   48  19              58  19  30

                   50  02              59  01  00

                   51  36              59  38  10

                   53  33              60  25  50


                    TÉTOUAN. — 26 juin, 7 h. matin.

            Maison de Jacob Danan. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 6h 38m 43s   Hauteur : 54° 25′ 40″

                   40  30              55  07  30

                   41  50              55  40  10

                   43  09              56  11  20

                   44  41              56  48  20


                   TÉTOUAN. — 26 juin, 5 h. 1/2 soir.

            Maison de Jacob Danan. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 4h 51m 51s   Hauteur : 40° 55′ 40″

                   53  41              40  12  30

                   55  07              39  38  40

                   56  35              39  04  10

                   58  10              38  27  20


                  TÉTOUAN. — 27 juin, 7 h. 1/2 matin.

Maison de Jacob Danan. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 6h 52m 36s   Hauteur : 59° 53′ 30″

                   54  42              60  47  30

                   56  16              61  25  50

                   58  09              62  09  00

                   59  35              62  44  00


                     TÉTOUAN. — 27 juin, 5 h. soir.

            Maison de Jacob Danan. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 4h 29m 11s   Hauteur : 49° 51′ 50″

                   30  53              49  11  20

                   32  18              48  36  40

                   33  40              48  04  30

                   35  18              47  26  00


                TÉTOUAN. — 1er juillet, 7 h. 1/2 matin.

            Maison de Jacob Danan. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 7h 01m 50s   Hauteur : 63° 21′ 40″

                   03  37              64  05  40

                   05  15              64  44  20

                   06  46              65  21  30

                   08  45              66  10  00

                   12  39              67  45  05

                   14  14              68  23  00

                   15  32              68  55  10

                   17  05              69  32  00

                   18  19              70  03  00


                 TÉTOUAN. — 1er juillet, 4 h. 1/2 soir.

            Maison de Jacob Danan. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 3h 46m 23s   Hauteur : 66° 54′ 40″

                   48  51              65  54  50

                   50  54              65  06  00

                   52  34              64  25  10

                   53  43              63  56  40

                   58  43              61  55  50

                4h 00  00              61  24  30

                   01  33              60  47  40

                   03  10              60  09  30

                   04  19              59  41  20


             TÉTOUAN. — 2 juillet, arrêt du   Chronomètre.


                     FAS. — 26 juillet, 7 h. matin.

         Maison de Samuel Ben Simhoun (mellaḥ). Angle h. du s.

  Chronomètre : 5h 14m 45s   Hauteur : 45° 04′ 20″

                   16  32              45  47  20

                   18  00              46  23  50

                   20  29              47  24  40

                   22  42              48  20  00

                   25  26              49  26  40


                   FAS. — 27 juillet, 4 h. 1/2 soir.

           Maison de S. Ben Simhoun. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 3h 02m 31s   Hauteur : 51° 21′ 50″

                   03  55              50  46  10

                   05  14              50  14  45

                   06  46              49  36  40

                   08  33              48  52  40

                   10  22              48  08  50

                   11  27              47  40  40

  Erreur instrumentale :  + 0° 31′ 45″

                          − 0° 31  00


                   FAS. — 28 juillet, 8 h. 1/4 matin.

           Maison de S. Ben Simhoun. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 6h 48m 41s   Hauteur : 83° 27′ 00″

                   51  39              84  42  00

                   54  20              85  47  20

                   56  31              86  43  20

                   58  39              87  34  30


                   FAS. — 28 juillet, 4 h. 1/2 soir.

           Maison de S. Ben Simhoun. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 2h 46m 54s   Hauteur : 57° 32′ 00″

                   49  35              56  25  50

                   52 04               55  24  30

                   56 22               53  36  45


               TAZA. — 1er août, arrêt du   Chronomètre.


                      TAZA. — 5 août, 3 h. matin.

          Maison de Bou Douma (mellaḥ). Hauteur de la Polaire.

  Chronomètre : 1h 34m Hauteur : 71° 02′ 30″

                   46            71  04  30

                2h 06            71  07  00


                    FAS. — 12 août, 7 h. 3/4 matin.

           Maison de S. Ben Simhoun. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 6h 10m 40s   Hauteur : 70° 20′ 40″

                   12  37              70  43  10

                   14  08              71  20  15

                   16  09              72  11  50

                   17  28              72  43  00

                   18  38              73  12  50


                    FAS. — 13 août, 8 h. 1/4 matin.

           Maison de S. Ben Simhoun. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 6h 04m 21s   Hauteur : 67° 12′ 40″

                   05  49              67  49  50

                   07  54              68  41  50

                   09  34              69  24  10

                   11  15              70  04  10

                   12  52              70  39  40

                   14  23              71  23  00

                   15  38              71  53  20

                   16  56              72  25  15

                   18  18              72  59  50

  Erreur instrumentale :  + 0° 32′ 00″

                          − 0° 31  30


                     FAS. — 13 août, 4 h. 1/4 soir.

           Maison de S. Ben Simhoun. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 2h 37m 15s   Hauteur : 50° 42′ 55″

                   39  21              49  49  40

                   41  26              48  59  00

                   42  39              48  28  30

                   44  00              47  54  30

                   45  41              47  12  30

                   46  54              46  43  05

                   49  55              45  28  00

                   51  27              44  50  40

                   52  58              44  12  05


                    FAS. — 19 août, 8 h. 1/4 matin.

           Maison de S. Ben Simhoun. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 6h 05m 45s   Hauteur : 66° 42′ 30″

                   07  48              67  35  30

                   09  21              68  13  40

                   11  07              68  57  40

                   12  52              69  41  20

                   16  09              71  01  50

                   21  11              73  04  10

                   22  41              73  42  40

                   23  55              74  10  50

                   24  59              74  39  00

                   26  45              75  21  00


                     FAS. — 19 août, 3 h. 1/2 soir.

           Maison de S. Ben Simhoun. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 2h 00m 38s   Hauteur : 62° 58′ 40″

                   02  48              62  02  10

                   04  14              61  29  20

                   05  45              60  49  40

                   07  31              60  10  00

                   08  40              59  39  10

                   10  03              59  03  30

                   11  12              58  33  30

                   12  41              57  56  50

                   14  06              57  23  00

                   15  46              56  41  50

  Erreur instrumentale :  + 0° 31′ 55″

                          − 0° 31  20


                      SFROU. — 20 août, 4 h. soir.

            Maison de David Aoulil. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 1h 56m 08s   Hauteur : 64° 03′ 10″

                   57  42              63  24  10

                   58  50              62  56  20

                2h 00  05              62  24  30

                   01  10              61  58  20

                   02  13              61  33  00

                   03  30              61  00  30

                   04  21              60  39  20

  Erreur instrumentale :  + 0° 32′ 00″

                          − 0° 31  30


                FAS. — 21 août, arrêt du   Chronomètre.


                    FAS. — 22 août, 7 h. 3/4 matin.

           Maison de S. Ben Simhoun. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 4h 10m 11s   Hauteur : 62° 01′ 10″

                   11  09              62  24  30

                   12  10              62  49  40

                   13  17              63  17  20

                   14  42              63  52  40

                   16  15              64  30  30

                   17  14              64  54  40

                   18  11              65  18  10

                   19  50              65  58  10

                   23  38              67  27  30

                   24  31              67  53  40

                   25  28              68  16  50

                   26  35              68  43  40

                   29  06              69  45  20

                   29  59              70  07  10

                   30  52              70  28  50

                   31  54              70  53  40

                   34  33              71  59  00

                   35  43              72  27  10

                   36  49              72  54  30

                   37  52              73  19  30

  Erreur instrumentale :  + 0° 32′ 00″

                          − 0° 31  30


                     FAS. — 22 août, 3 h. 1/2 soir.

           Maison de S. Ben Simhoun. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 11h 57m 25s   Hauteur : 68° 38′ 30″

                    58  40              68  08  00

                    59  40              67  43  00

                12h 00  28              67  23  40

                    01  33              66  56  20

                    05  32              65  18  40

                    06  37              64  52  00

                    07  41              64  26  00

                    08  38              64  02  10

                    10  12              63  23  40

                    11  37              62  48  40

                    12  53              62  17  20

                    13  52              61  53  00

                    15  43              61  07  15

                    16  35              60  45  50

                    18  09              60  07  10

                    19  14              59  40  30

                    20  40              59  05  10

                    21  33              58  43  00

                    22  18              58  24  20

                    23  15              58  00  50


            OULMESS. — 2 septembre, arrêt du   Chronomètre.


                BOU EL DJAD. — 7 septembre, 9 h. matin.

            Maison de Mousi Alloun. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 1h 35m 55s   Hauteur : 78° 13′ 05″

                   37  58              79  02  10

                   39  31              79  38  10

                   41  07              80  14  20

                   42  14              80  41  10

                   44  00              81  22  50


               BOU EL DJAD. — 7 septembre, 3 h. 1/2 soir.

            Maison de Mousi Alloun. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 8h 16m 04s   Hauteur : 67° 43′ 05″

                   17  32              67  07  00

                   18  38              66  40  50

                   19  57              66  08  35

                   21  16              65  36  20

  Erreur instrumentale :  + 0° 32′ 00″

                          − 0° 31  40


                BOU EL DJAD. — 9 septembre, 1 h. matin.

             Maison de Mousi Alloun. Hauteur de la Polaire.

  Chronomètre : 5h 11m Hauteur : 67° 58′ 20″

                   22               68  02  00

                   36               68  04  30

                   46               68  08  30

                6h 02               68  10  30

                   15               68  12  10

                   29               68  13  30


              BOU EL DJAD. — 12 septembre, 8 h. 1/4 matin.

            Maison de Mousi Alloun. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 1h 10m 40s   Hauteur : 66° 59′ 20″

                   11  58              67  30  00

                   13  11              67  59  00

                   14  22              68  27  35

                   15  30              68  53  40

                   16  57              69  29  00

  Erreur instrumentale :  + 0° 32′ 00″

                          − 0° 31  25


              BOU EL DJAD. — 12 septembre, 3 h. 1/2 soir.

            Maison de Mousi Alloun. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 8h 31m 04s   Hauteur : 58° 22′ 10″

                   32  01              57  58  45

                   33  14              57  29  20

                   35  09              56  43  00

                   36  45              56  06  30


          OUAOUIZERT. — 29 septembre, arrêt du   Chronomètre.


                  DEMNAT. — 5 octobre, 3 h. 3/4 soir.

               Grande synagogue. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 6h 28m 29s  Hauteur : 49° 55′ 30″

                   30  13              49  16  50

                   31  06              48  56  00

                   32  12              48  30  00

                   33  20              48  03  10

  Erreur instrumentale :  + 0° 32′ 20″

                          − 0° 31  40


                  DEMNAT. — 7 octobre, 3 h. 1/2 soir.

               Grande synagogue. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 6h 16m 00s   Hauteur : 53° 28′ 10″

                   17  11              53  01  15

                   18  38              52  28  40

                   19  36              52  06  20

                   20  45              51  39  30

                   22  05              51  08  45

                   23  24              50  39  00


            ZAOUIA SIDI REHAL. — 9 octobre, 9 h. 1/4 matin.

                  Synagogue. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 11h 53m 43s   Hauteur : 69° 41′ 00″

                    56  08              70  30  25

                    57  10              70  51  50

                    58  11              71  12  20

                    59  15              71  33  55

                12h 01  19              72  15  50

                    02  18              72  35  30


                    ZAOUIA SIDI REHAL. — 9 octobre.

            Synagogue. Hauteurs circumméridiennes du soleil.

  Chronomètre : 2h 25m 14s   Hauteur : 103° 21′ 30″

                   26  36                   24  40

                   27  30                   27  20

                   29  12                   30  20

                   30  40                   33  40

                   31  59                   35  30

                   32  52                   36  50

                   33  48                   37  50

                   36  25                   41  00

                   39  30                   42  35

                   46  17                   41  15

                   49  40                   36  00

                   51  25                   32  10

                   52  40                   29  30


               TAGMOUT (Glaoua). — 10 octobre, 3 h. soir.

                  Synagogue. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 5h 52m 50s   Hauteur : 61° 00′ 50″

                   54  05              60  32  30

                   54  55              60  14  15

                   56  18              59  43  50

                   57  34              59  15  50

                   59  05              58  41  40

                6h 00  18              58  14  40

                   01  17              57  52  40

  Erreur instrumentale :  + 0° 32′ 30″

                          − 0° 32  00


                         TAGMOUT. — 12 octobre.

            Synagogue. Hauteurs circumméridiennes du soleil.

  Chronomètre : 2h 26m 23s   Hauteur : 101° 37′ 40″

                   27  45                   40  35

                   29  24                   43  35

                   31  04                   45  50

                   32  57                   48  35

                   34  20                   49  55

                   37  38                   51  25

                   40  25                   51  10

                   41  38                   50  30

                   43  07                   49  15

                   44  27                   48  20

                   45  42                   47  00

                   46  51                   45  10

                   48  10                   43  30

                   49  48                   40  10

                   51  28                   36  05

                   52  58                   32  40

                   54  18                   29  10


                   TIKIRT (Aït Zaïneb). — 19 octobre.

            Maison de Mousi Ammer. Hautrs circummérid. du s.

  Chronomètre : 2h 15m 28s   Hauteur : 97° 06′ 55″

                   17  46                  14  15

                   19  34                  18  50

                   21  32                  23  50

                   23  18                  27  50

                   26  12                  32  35

                   29  10                  36  10

                   32  55                  39  00

                   37  35                  38  50

                   40  28                  36  30

                   42  48                  35  00

                   44  22                  32  20

                   45  48                  29  40

                   47  14                  27  20

                   49  36                  21  50

                   52  03                  15  20

                   53  52                  08  50

  Erreur instrumentale :  + 0° 32′ 35″

                          − 0° 32  10


                  TIKIRT. — 19 octobre, 2 h. 3/4 soir.

            Maison de Mousi Ammer. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 5h 35m 43s   Hauteur : 61° 27′ 55″

                   37  09              60  56  55

                   38  32              60  28  40

                   40  08              59  54  40

                   41  41              59  21  30


                 TIKIRT. — 24 octobre, 9 h. 1/4 matin.

            Maison de Mousi Ammer. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 11h 59m 00s   Hauteur : 66° 28′ 50″

                12h 00  07              66  49  20

                    01  19              67  12  25

                    02  48              67  39  40

                    03  43              67  56  00

                    04  43              68  14  10

                    05  48              68  35  00


                  TAZENAKHT. — 28 octobre, 9 h. matin.

           Maison d’Abraham Ben Oukhkha. Angle horaire du s.

  Chronomètre : 12h 04m 04s   Hauteur : 66° 36′ 10″

                    05  16              66  57  55

                    06  58              67  28  45

                    08  06              67  49  05

                    09  23              68  12  10

                    10  28              68  31  00

                    18  27              70  49  25

                    20  01              71  16  40

                    21  38              71  44  25

                    22  51              72  04  45

                    24  16              72  28  10

                    25  11              72  43  40

                    26  25              73 04 05


                  TAZENAKHT. — 28 octobre, 8 h. soir.

          Maison d’Abraham Ben Oukhkha. Hauteur de la Polaire.

  Chronomètre : 10h 49m Hauteur : 63° 07′ 30″

                11h 02                12  55

                    16                19  10

                    31                25  10

                    46                30  30

                    59                34  30

                12h 17                39  20

                    36                43  00


                TAZENAKHT. — 29 octobre, 9 h. 1/4 matin.

           Maison d’Abraham Ben Oukhkha. Angle horaire du s.

  Chronomètre : 11h 55m 16s   Hauteur : 63° 27′ 00″

                    56  43              63  53  50

                    57  40              64  11  35

                    58  44              64  31  40

                    59  33              64  47  20

                12h 00  32              65  05  05

                    01  42              65  26  40

                    02  35              65  42  15

                    03  18              65  55  45

                    04  05              66  09  40

                    05  48              66  40  25

                    07  33              67  12  35

                    08  22              67  27  20

                    09  35              67  48  30

                    11  05              68  15  05

                    12  20              68  36  55

                    13  21              68  55  15

  Erreur instrumentale :  + 0° 32′ 30″

                          − 0° 32  05


                        TAZENAKHT. — 29 octobre.

           Maison d’Abraham Ben Oukhkha. Hautrs circum. du s.

  Chronomètre : 2h 25m 07s   Hauteur : 91° 24′ 25″

                   27  42                  25  55

                   31  28                  28  10

                   33  10                  28  10

                   34  05                  28  10

                   35  32                  27  30

                   37  36                  26  10

                   39  18                  24  15

                   40  35                  23  00

                   41  23                  21  55


                  TAZENAKHT. — 30 octobre, 9 h. matin.

           Maison d’A. Ben Oukhkha. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 11h 59m 08s   Hauteur : 64° 11′ 40″

                12h 00  40              64  40  00

                    03  01              65  23  00

                    04  44              65  53  55

                    06  32              66  26  00

                    07  15              66  38  50

                    08  35              67  02  30

                    09  43              67  22  30

                    11  00              67  45  00

                    11  42              67  57  40

                    14  19              68  42  45

                    16  33              69  21  05

                    17  20              69  34  45


                  TAZENAKHT. — 31 octobre, 9 h. matin.

           Maison d’A. Ben Oukhkha. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 12h 01m 03s   Hauteur : 64° 20′ 10″

                    02  46              64  51  25

                    03  36              65  06  55

                    04  36              65  24  50

                    05  54              65  47  50

                    07  05              66  08  15

                    08  26              66  32  30

                    09  21              66  48  50

                    10  42              67  12  45

                    11  32              67  26  30

                    12  36              67  45  15

                    13  39              68  03  00

                    14  43              68  22  00

                    15  53              68  42  00

                    16  40              68  55  10

                    17  32              69  10  00

                    19  03              69  35  40


                 TAZENAKHT. — 1er novembre. 9 h. matin.

           Maison d’A. Ben Oukhkha. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 11h 57m 35s   Hauteur : 62° 50′ 10″

                    59  15              63  20  00

                    59  58              63  33  15

                12h 00  55              63  50  50

                    02  47              64  24  10

                    03  41              64  40  35

                    04  40              64  58  35

                    05  22              65  11  25

                    06  16              65  27  30

                    07  03              65  41  05

                    07  43              65  53  00

                    08  26              66  05  10

                    09  35              66  25  20

                    10  17              66  37  45

                    12  04              67  08  00

                    12  52              67  22  10


                TAZENAKHT. — 5 novembre, 9 h. 1/2 matin.

           Maison d’A. Ben Oukhkha. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 12h 00m 45s  Hauteur : 62° 00′ 20″

                    01  50             62  19  00

                    02  42             62  34  30

                    03  42             62  52  30

                    04  52             63  13  05

                    05  55             63  30  10

                    07  08             63  53  05

                    08  13             64  10  45

                    09  06             64  26  20

                    10  09             64  44  40

                    10  57             64  58  10

                    12  25             65  22  40

                    13  32             65  42  20

                    14  34             66  01  00

                    15  49             66  18  50

                    16  49             66  36  00

                    18  08             66  54  50

                    20  03             67  29  30

                    21  13             67  48  40

                    22  08             68  04  20

                    23  22             68  24  00

                    24  30             68  41  10

                    25  35             68  58  30

                    26  30             69  13  50

                    27  50             69  34  00


                TAZENAKHT. — 9 novembre, 9 h. 1/2 matin.

           Maison d’A. Ben Oukhkha. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 12h 12m 23s   Hauteur : 63° 31′ 20″

                    14  13              64  01  30

                    16  06              64  31  30

                    17  18              64  50  50

                    18  22              65  09  00

                    19  48              65  31  40

                    21  13              65  53  45

                    22  35              66  15  55

                    24  06              66  39  50

                    25  22              66  59  50

                    26  56              67  24  05

                    28  20              67  44  20

                    29  50              68  07  20

                    31  16              68  28  35

                    32  35              68  49  00

                    34  40              69  20  20

                    36  19              69  43  50

                    37  31              70  00  55


              AGADIR TISINT. — 15 novembre, 2 h. 1/2 soir.

          Maison dite Dar ez Zenâgi. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 4h 52m 20s   Hauteur : 62° 26′ 20″

                   53  17              62  10  20

                   54  30              61  50  10

                   55  35              61  32  00

                   56  36              61  14  35

                   57  30              60  59  25


             TINTAZART (Tatta). — 20 novembre, 10 h. matin.

         Maison de Nessim Abi Serour (mellaḥ). Angle hor. du s.

  Chronomètre : 12h 21m 03s   Hauteur : 61° 58′ 20″

                    22  57              62  27  35

                    24  23              62  49  45

                    25  31              63  07  15

                    26  49              63  27  05

                    27  55              63  43  35

                    29  30              64  07  30

                    31  18              64  33  20

                    32  17              64  48  15

                    33  15              65  02  45

                    34  31              65  21  10

  Erreur instrumentale :  + 0° 32′ 45″

                          − 0° 32  20


                       TINTAZART. — 20 novembre.

           Maison de N. Abi Serour. Hautrs circummérid. du s.

  Chronomètre : 2h 25m 55s   Hauteur : 80° 44′ 35″

                   28  20                  46  25

                   30  27                  47  50

                   31  43                  48  55

                   33  20                  49  20

                   34  35                  49  20

                   36  35                  48  05

                   38  10                  47  10

                   39  15                  45  50

                   40  38                  44  45

                   41  45                  43  05

                   43  17                  41  30


                  TINTAZART. — 20 novembre, 2 h. soir.

           Maison de N. Abi Serour. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 4h 40m 50s   Hauteur : 64° 23′ 10″

                   42  50              63  53  00

                   44  12              63  32  00

                   45  17              63  15  20

                   46  16              62  59  55

                   47  12              62  45  00

                   48  11              62  29  50

                   49  40              62  06  05

                   50  50              61  47  20

                   51  47              61  31  40

                   53  01              61  11  50


               MADER SOULTAN. — 26 novembre, 2 h. matin.

                         Hauteur de la Polaire.

  Chronomètre : 4h 57m   Hauteur : 59° 19′ 50″

                5h 13              59  10  20

                   24              59  03  20


                  TINTAZART. — 30 novembre. 3 h. soir.

           Maison de N. Abi Serour. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 5h 55m 17s   Hauteur : 39° 41′ 20″

                   56  23              39  20  05

                   57  11              39  04  00

                   58  06              38  45  30

                   59  16              38  22  40

                6  00  14              38  03  35

  Erreur instrumentale :  + 0° 32′ 40″

                          − 0° 32  05


              AGADIR TISINT. — 19 décembre, 9 h. 1/2 soir.

             Maison de Ḥadj Iselman. Hauteur de la Polaire.

  Chronomètre : 11h 44m     Hauteur : 62° 12′ 40″

                    57                62  09  00

                12h 16                62  03  00

                    36                61  54  50

                    49 30s            61  48  40

                 1h 02                61  42  30

                    17                61  35  00


             AGADIR TISINT. — 20 décembre, 10 h. 3/4 matin.

            Maison de Ḥadj Iselman. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 1h 17m 22s   Hauteur : 66° 11′ 30″

                   18  50              66  25  55

                   19  55              66  35  35

                   21  09              66  47  05

                   24  32              67  18  30

                   25  28              67  27  15

                   26  20              67  34  55

                   27  28              67  44  35

                   33  25              68  33  20

                   34  23              68  41  05

                   35  32              68  49  50

                   36  26              68  56  30

                   37  28              69  04  40

                   38  52              69  14  40

  Erreur instrumentale :  + 0° 32′ 50″

                          − 0° 32  20


              AGADIR TISINT. — 20 décembre, 1 h. 1/4 soir.

            Maison de Ḥadj Iselman. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 3h 39m 33s   Hauteur : 69° 46′ 35″

                   42  41              69  21  30

                   43  28              69  14  40

                   44  21              69  09  00

                   46  13              68  51  35

                4h 03  13              66  11  30

                   04  50              65  53  10

                   05  36              65  45  35

                   06  35              65  35  15

                   07  50              65  22  50

                   08  40              65  11  45

                   09  28              65  03  35


             AGADIR TISINT. — 25 décembre, 10 h. 1/2 matin.

            Maison de Ḥadj Iselman. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 1h 10m 48s   Hauteur : 64° 51′ 40″

                   12  32              65  09  40

                   14  35              65  30  45

                   15  34              65  40  30

                   16  46              65  52  50

                   17  35              66  01  00

                   18  42              66  11  30


                AGADIR TISINT. — 25 décembre, 2 h. soir.

            Maison de Ḥadj Iselman. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 4h 31m 10s   Hauteur : 61° 05′ 50″

                   33  15              60  39  00

                   34  13              60  25  35

                   35  20              60  11  00

                   35  56              60  02  45

                   36  46              59  51  30

                   37  55              59  37  10

                   38  55              59  22  10

                   39  44              59  11  00


         AFIKOURAHEN (Ilalen). — 18 janvier 1884, 10 h. matin.

          Maison de Moḥammed ou Ạddi. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 12h 45m 15s   Hauteur : 61° 05′ 45″

                    46  43              61  27  50

                    47  40              61  41  50

                    49  00              62  01  30

                    50  29              62  23  05

                    56  36              63  39  25

                    58  11              64  11  35

                    59  15              64  26  50

                 1h 00  42              64  56  35

  Erreur instrumentale :  + 0° 33′ 00″

                          − 0° 32  25


                       AFIKOURAHEN. — 18 janvier.

          Maison de M. ou Ạddi. Hautrs circummérid. du soleil.

  Chronomètre : 2h 32m 26s   Hauteur : 77° 41′ 30″

                   34  04              77  46  05

                   36  08              77  51  10

                   38  08              77  55  25

                   40  15              77  59  20

                   42  39              78  02  30

                   45  14              78  05  40

                   47  40              78  07  25

                   49  49              78  09  15

                   52  55              78  09  45

                   55  36              78  08  35

                   57  57              78  07  05

                   00  35              78  05  10

                   02  25              78  02  25

                   05  33              77  57  40

                   08  38              77  51  10

                   13  34              77  38  50

                   15  12              77  33  50

                   17  12              77  27  00


                 AFIKOURAHEN. — 18 janvier, 2 h. soir.

             Maison de M. ou Ạddi. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 4h 50m 48s   Hauteur : 64° 22′ 35″

                   52  03              64  04  15

                   53  03              63  50  40

                   54  22              63  31  35

                   55  31              63  15  10

                   56  32              63  00  25

                   57  42              62  43  30

                   58  45              62  27  30

                   59  58              62  09  20

                5h 01  27              61  47  20

                   02  17              61  34  40

                   03  26              61  17  20

                   04  47              60  56  15


                 MOGADOR. — 30 janvier, 9 h. 1/4 matin.

                 Hôtel Sadia. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 12h 41m 32s   Hauteur : 61° 39′ 20″

                    42  43              61  57  55

                    44  23              62  23  15

                    45  33              62  41  55

                    46  55              63  02  50

                    48  39              63  29  30

                    49  50              63  47  35

                    50  55              64  03  55

                    52  06              64  21  40

                    53  25              64  40  45


                 MOGADOR. — 7 février, 9 h. 3/4 matin.

                 Hôtel Sadia. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 12h 20m 45s   Hauteur : 59° 44′ 10″

                    22  30              60  14  50

                    26  43              61  29  30

                    28  54              62  07  50

                    31  28              62  51  25

                    32  48              63  14  40

                    33  52              63  32  15

                    34  48              63  47  45

                    36  24              64  14  45

                    37  39              64  35  40

                    39  36              65  07  45

                    41  21              65  36  30

                    42  28              65  54  45

                    45  30              66  42  40

                    47  25              67  13  50

                    48  28              67  30  30

                    49  48              67  51  20

                    51  02              68  10  45

  Erreur instrumentale :  + 0° 32′ 40″

                          − 0° 32  15


                  MOGADOR. — 7 février, 2 h. 1/4 soir.

                 Hôtel Sadia. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 4h 59m 08s   Hauteur : 69° 46′ 20″

                5h 02  30              68  53  50

                   05  04              68  14  05

                   06  46              67  47  10

                   09  36              67  01  35

                   11  33              66  29  00

                   14  05              65  47  40

                   16  18              65  10  35

                   19  30              64  16  20

                   23  21              63  11  00


                 MOGADOR. — 13 février, 9 h. 1/4 matin.

                 Hôtel Sadia. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 12h 09m 22s   Hauteur : 59° 31′ 45″

                    10  48              59  58  40

                    12  00              60  20  55

                    13  05              60  41  35

                    14  30              61  08  30

                    15  57              61  35  25

                    17  07              61  56  50

                    18  05              62  15  00

                    19  23              62  38  30

                    21  13              63  11  55

                    23  01              63  45  00

                    25  59              64  38  05

                    27  15              65  00  40

                    28  19              65  19  55

                    29  45              65  45  05

                    31  12              66  10  25

  Erreur instrumentale :  + 0° 32′ 40″

                          − 0° 32  30


                 MOGADOR. — 13 février, 2 h. 1/2 soir.

                 Hôtel Sadia. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 5h 17m 08s   Hauteur : 67° 49′ 05″

                   18  26              67  27  35

                   19  43              67  04  45

                   20  55              66  43  05

                   22  19              66  18  30

                   23  32              65  57  30

                   25  08              65  28  30

                   26  18              65  06  15

                   27  32              64  45  00

                   32  25              63  14  55

                   33  36              62  52  55

                   34  40              62  33  20

                   36  05              62  06  50

                   37  18              61  44  10


                   MOGADOR. — 25 février, 9 h. matin.

                 Hôtel Sadia. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 12h 05m 48s   Hauteur : 65° 46′ 55″

                    07  24              66  19  00

                    08  42              66  45  00

                    09  56              67  09  30

                    15  32              68  58  15

                    17  17              69  31  15

                    18  16              69  51  20

                    19  11              70  08  45


                   MOGADOR. — 25 février, 3 h. soir.

                 Hôtel Sadia. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 5h 58m 20s   Hauteur : 59° 54′ 20″

                   59  46              59  23  25

                6h 01  09              58  54  20

                   02  40              58  22  10

                   08  01              56  26  50

                   09  01              56  05  45

                   10  30              55  33  25

                   11  51              55  04  20


                     MOGADOR. — 9 mars, 9 h. matin.

                 Hôtel Sadia. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 12h 08m 00s   Hauteur : 75° 24′ 40″

                    09  45              76  00  35

                    11  28              76  35  40

                    13  30              77  17  25

                    15  19              77  54  55

                    17  04              78  29  50

                    18  20              78  55  25

                    20  40              79  42  45


                   MOGADOR. — 9 mars, 3 h. 1/2 soir.

                 Hôtel Sadia. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 5h 58m 58s   Hauteur : 64° 42′ 45″

                6  00  35              64  08  40

                   01  41              63  42  40

                   03  00              63  13  10

                   04  48              62  31  00

                   06  11              62  01  25

                   07  57              61  20  40

                   09  33              60  43  10


              MOGADOR. — 10 mars, arrêt du   Chronomètre.


                 AGADIR TISINT. — 2 avril, 8 h. matin.

           Maison de Ḥadj Bou Rḥim. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 3h 17m 21s   Hauteur : 63° 57′ 45″

                   18  42              64  32  00

                   19  40              64  56  10

                   20  35              65  19  20

                   21  40              65  47  05


                  AGADIR TISINT. — 2 avril, 5 h. soir.

           Maison de Ḥadj Bou Rḥim. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 11h 23m 40s   Hauteur : 47° 12′ 25″

                    24  41              46  45  40

                    25  41              46  19  50

                    26  27              46  01  05

                    27  41              45  28  45


                 AGADIR TISINT. — 5 avril, 9 h. matin.

           Maison de Ḥadj Bou Rḥim. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 4h 08m 31s   Hauteur : 87° 00′ 00″

                   09  51              87  32  30

                   10  48              87  55  00

                   11  50              88  19  45

                   12  50              88  44  20

                   14  00              89  12  00


                AGADIR TISINT. — 5 avril, 2 h. 1/2 soir.

           Maison de Ḥadj Bou Rḥim. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 9h 40m 22s   Hauteur : 90° 56′ 25″

                   41  32              90  29  30

                   42  35              90  04  05

                   43  40              89  37  35

                   45  35              88  50  35

                   46  45              88  22  40

                   47  45              87  57  55

                   48  52              87  31  30


                  TAZENAKHT. — 9 avril, 4 h. 3/4 soir.

           Maison d’Abraham Ben Oukhkha. Angle horaire du s.

  Chronomètre : 11h 45m 41s   Hauteur : 38° 35′ 45″

                    46  49              38  07  05

                    47  49              37  40  55

                    49  00              37  10  20

                    50  02              36  43  25

                    51  05              36  16  20


                 TAZENAKHT. — 10 avril, 7 h. 1/2 matin.

           Maison d’A. Ben Oukhkha. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 2h 45m 54s   Hauteur : 55° 21′ 05″

                   47  21              55  58  20

                   48  27              56  26  40

                   49  35              56  55  50

                   50  34              57  20  50

                   51  43              57  50  10


                 TAZENAKHT. — 10 avril, 4 h. 1/2 soir.

           Maison d’A. Ben Oukhkha. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 11h 17m 23s   Hauteur : 50° 54′ 25″

                    18  51              50  16  55

                    19  43              49  54  55

                    21  06              49  19  10

                    21  57              48  57  10

                    22  49              48  35  00


                 TAZENAKHT. — 12 avril, 7 h. 3/4 matin.

           Maison d’A. Ben Oukhkha. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 2h 55m 21s   Hauteur : 60° 30′ 40″

                   56  30              60  59  40

                   57  11              61  17  30

                   57  45              61  32  40

                   58  20              61  47  15

                   59  11              62  08  20


                 TAZENAKHT. — 12 avril, 4 h. 3/4 soir.

           Maison d’A. Ben Oukhkha. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 11h 25m 58s   Hauteur : 47° 34′ 00″

                    27  11              47  02  40

                    27  55              46  44  20

                    28  43              46  23  20

                    29  23              46  06  05

                    30  18              45  42  45


            TAMNOUGALT (Mezgîṭa). — 15 avril, 5 h. 1/4 soir.

                    Mellaḥ. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 11h 49m 23s   Hauteur : 36° 35′ 50″

                    50  23              36  10  40

                    50  58              35  55  35

                    51  58              35  29  30

                    52  36              35  13  40


                TAMNOUGALT. — 18 avril, 1 h. 1/4 matin.

                     Mellaḥ. Hauteur de la Polaire.

  Chronomètre : 8h 00m Hauteur : 59° 00′ 50″

                   08            59  04  10

                   17            59  07  35

                   23            59  09  40

                   29            59  11  40

                   35            59  13  45


                TAMNOUGALT. — 18 avril, 7 h. 1/2 matin.

                    Mellaḥ. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 2h 48m 13s   Hauteur : 62° 02′ 40″

                   49  09              62  26  55

                   50  02              62  49  50

                   50  45              63  08  15

                   51  45              63  33  25

                   52  30              63  53  20


                   TAMNOUGALT. — 18 avril, 5 h. soir.

                    Mellaḥ. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 11h 36m 44s   Hauteur : 42° 31′ 00″

                    37  48              42  03  20

                    38  34              41  43  30

                    39  26              41  21  30

                    40  04              41  04  30

                    40  48              40  46  10

                    41  30              40  28  15

  Erreur instrumentale :  + 0° 32′ 00″

                          − 0° 31  45


                  TAMNOUGALT. — 20 avril, 7 h. matin.

                    Mellaḥ. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 2h 11m 20s   Hauteur : 47° 14′ 40″

                   12  01              47  32  15

                   12  37              47  47  50

                   13  11              48  02  10

                   13  47              48  18  00

                   14  23              48  32  35


               TIILIT (Dâdes). — 23 avril, 4 h. 1/2 soir.

                    Mellaḥ. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 11h 13m 37s   Hauteur : 52° 39′ 15″

                    14  27              52  17  40

                    15  16              51  56  40

                    15  59              21  38  25

                    16  37              51  22  10

                    17  22              51  02  55


                TIILIT (Dâdes). — 24 avril, 7 h. matin.

                    Mellaḥ. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 2h 13m 55s   Hauteur : 50° 48′ 20″

                   14  40              51  07  45

                   15  15              51  22  45

                   15  49              51  37  15

                   16  19              51  49  50

                   16  53              52  04  30


             TAOURIRT (Todṛa). — 27 avril, 3 h. 1/2 matin.

                     Mellaḥ. Hauteur de la Polaire.

  Chronomètre : 10h 01m 00s   Hauteur : 61° 59′ 40″

                    08  30              62  05  45

                    17  30              62  11  20

                    26  00              62  16  50

                    33  00              62  22  00

                    43  30              62  29  00


               TAOURIRT (Todṛa). — 27 avril, 8 h. matin.

                    Mellaḥ. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 3h 05m 05s   Hauteur : 74° 49′ 20″

                   07  07              75  41  00

                   07  55              76  01  10

                   08  50              76  24  10

                   09  52              76  50  30

                   10  45              77  12  50

                   11  47              77  38  55

  Erreur instrumentale :  + 0° 32′ 15″

                          − 0° 31  35


              TAOURIRT (Todṛa). — 27 avril, 4 h. 1/2 soir.

                    Mellaḥ. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 11h 13m 31s   Hauteur : 52° 28′ 30″

                    14  32              52  03  05

                    15  23              51  41  00

                    16  05              51  23  20

                    16  45              51  07  40

                    17  29              50  47  45

                    18  09              50  30  50


                ASRIR (Ferkla). — 30 avril, 7 h. matin.

                    Mellaḥ. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 2h 14m 55s   Hauteur : 55° 30′ 50″

                   16  22              56  08  15

                   17  06              56  26  30

                   17  45              56  43  20

                   18  19              56  58  20

                   19  25              57  25  40


              GELMIMA (Ṛeris). — 30 avril, 5 h. 1/2 soir.

                    Mellaḥ. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 12h 08m 26s   Hauteur : 28°  49′ 35″

                    10  03              28  08  20

                    10  46              27  50  25

                    12  56              26  56  40

                    14  09              26  25  50

                    15  14              25  58  35


                GELMIMA (Ṛeris). — 30 avril, 10 h. soir.

                     Mellaḥ Hauteur de la Polaire.

  Chronomètre : 4h 43m 00s   Hauteur : 60° 49′ 40″

                   54  30                  49  30

                5h 09  00                  48  50

                   18  30                  48  40

                   30  00                  48  00


               MELLAH TIALLALIN. — 4 mai, 5 h. 1/4 soir.

                        Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 11h 49m 35s   Hauteur : 36° 40′ 00″

                    50  25              36  19  10

                    51  26              35  53  45

                    52  15              35  33  40

                    52  53              35  17  05


               MELLAH TIALLALIN. — 5 mai, 3 h. 1/2 matin.

                         Hauteur de la Polaire.

  Chronomètre : 10h 18m 00s   Hauteur : 64° 03′ 05″

                    26  30                  08  45

                    50  00                  24  05


         QAÇBA EL MAKHZEN (Qçâbi ech Cheurfa). — 6 mai, 5 h. s.

                Maison du qaïd. Angle horaire du soleil.

  Chronomètre : 11h 20m 42s   Hauteur : 49° 16′ 25″

                    21  45              48  49  50

                    22  19              48  35  50

                    22  51              48  22  25

                    23  24              48  09  10


               =II. — Tableau des latitudes et longitudes.=


  +--------------------------------+----------------+------------------+
  |        NOMS DES LIEUX.         | LATITUDE NORD. | LONGITUDE OUEST. |
  +--------------------------------+----------------+------------------+
  | Tétouan                        |  35° 34′ 12″   |                  |
  |                                |                |                  |
  | Tâza                           |  34  12  54    |                  |
  |                                |                |                  |
  | Sfrou                          |                |    7° 04′ 30″    |
  |                                |                |                  |
  | Demnât                         |                |    9  11  15     |
  |                                |                |                  |
  | Zaouïa Sidi Reḥal              |  31° 38′ 45″   |    9  33  45     |
  |                                |                |                  |
  | Tagmout (Glaoua)               |  31  25  07    |    9  25  00     |
  |                                |                |                  |
  | Tikirt (Aït Zaïneb)            |  30  57  00    |    9  09  45     |
  |                                |                |                  |
  | Tazenakht                      |  30  34  40    |    9  18  45     |
  |                                |                |                  |
  | Agadir Tisint                  |  29  54  08    |    9  28  30     |
  |                                |                |                  |
  | Tintazart (Tatta)              |  29  38  12    |    9  58  30     |
  |                                |                |                  |
  | Mạder Soulṭân                  |  29  22  16    |                  |
  |                                |                |                  |
  | Afikourahen (Ilalen)           |  30  04  50    |   11° 17′ 30″    |
  |                                |                |                  |
  | Tamnougalt (Mezgîṭa)           |  30  40  43    |    8  26  00     |
  |                                |                |                  |
  | Taourirt (Todṛa)               |  31  32  00    |    7  33  00     |
  |                                |                |                  |
  | Gelmima (Ṛeris)                |  31  41  05    |    6  58  00     |
  |                                |                |                  |
  | Mellaḥ Tiallalin               |  32  15  06    |    6  24  45     |
  |                                |                |                  |
  | Qaçba el Makhzen               |  32  50  14    |    6  27  30     |
  | (Qçâbi ech Cheurfa)            |                |                  |
  |                                |                |                  |
  | Ouṭat Oulad el Ḥadj            |  33  21  28    |                  |
  +--------------------------------+----------------+------------------+

Les latitudes et longitudes de ce tableau ont été calculées par
M. de Villedeuil, calculateur du ministère de la guerre, qui a bien
voulu me rendre ce service.

Les observations astronomiques faites au cours du voyage ont
été exécutées avec un sextant, un horizon à huile et un
chronomètre. Le sextant avait été construit par M. Lorieux ;
l’erreur instrumentale, insignifiante au départ, ne varia pas
sensiblement. Le chronomètre était de M. Bréguet ; la marche en
demeura régulière, les résultats qu’il fournit furent bons ; mais
sa délicatesse même le rendait fragile : des mouvements violents
de ma montre l’arrêtèrent plusieurs fois.

                               * * * * *




                               =TABLEAU=
                                  DES
                     =OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES=
                   FAITES AU MAROC AU COURS DU VOYAGE
                         (Juin 1883-Mai 1884).


  [HAUT. BARO. : HAUTEURS BAROMÉTRIQUES.
   ALT. : ALTITUDES.
   HA. THR. : HAUTEURS THERMOMÉTRIQUES.
   NU. : NUAGES.]

  +-------------+------+-------+-----+-----+----+------+---+-------------+
  |  NOMS DES   |      |       |HAUT.|     | HA.|      |   |             |
  |   LIEUX.    |DATES.|HEURES.|BARO.| ALT.|THR.| CIEL.|NU.|OBSERVATIONS.|
  +-------------+------+-------+-----+-----+----+------+---+-------------+
  |Port de      |19    |5h S   |763.1|   0m|    |      |   |             |
  |Gibraltar    |Juin  |       |     |     |    |      |   |             |
  |(pont du     |1883  |       |     |     |    |      |   |             |
  |paquebot).   |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Tanger.      |21    |9h M   |     |     |21°7|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Tanger à  |  »   |3h35m S|763.7|[129]|    |      |   |             |
  |Tétouan.     |      |       |     |    2|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h15   |763.1|    5|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h45   |758.2|   63|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |759.9|   42|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h35   |755  |   98|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |759  |   53|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h20   |756  |   88|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h35   |755  |   99|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h20   |756.2|   85|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h40   |760  |   44|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |22    |4h50 M |754.8|  114|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h05   |753  |  135|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h37   |743  |  260|    |      |   |Fondoq.      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h45   |744.3|  240|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h06m M|735  |  355|    |      |   |Col du       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Fondoq.      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h15   |739.7|  292|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h12   |755  |  114|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h55   |760  |   60|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h35   |761  |   50|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h03   |765  |   10|    |      |   |Pont de      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |l’Ouad Bou   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Çfiha.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h20  |765.3|   10|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Tétouan      |  »   |1h S   |759.4|   60|23°8|nébul.|  4|             |
  |(mellah ; 1er|      |       |     |     |    |      |   |             |
  |étage).      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |759.2|  »  |21°5|nébul.|  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |23    |nuit   |     |  »  |19° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h M   |759.4|  »  |20°7|nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |759.2|  »  |22° |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |758.5|  »  |21° |nébul.|  7|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |24    |nuit   |     |  »  |19° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h M   |757.8|  »  |20°7|nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |757  |  »  |23°3|pur.  |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h30m  |756.9|  »  |21°3|pur.  |0.5|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |25    |nuit   |     |  »  |16°2|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h M   |758.2|  »  |25° |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |757.6|  »  |29°5|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h30m  |757.4|  »  |22°5|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |26    |nuit   |     |  »  |14° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h M  |757.5|  »  |31° |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |757.2|  »  |32° |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |757.4|  »  |26° |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |27    |nuit   |     |  »  |13°5|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h M   |758.2|  »  |26°3|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |758.4|  »  |27°6|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |758.2|  »  |25° |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |28    |nuit   |     |  »  |14° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h M   |758.7|  »  |26° |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h30m S|757.9|  »  |26°5|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |757.9|  »  |23° |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |29    |nuit   |     |  »  |14° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h30m M|759.1|  »  |24°3|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |759  |  »  |27°2|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |759.1|  »  |23° |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |30    |nuit   |     |  »  |14° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h M   |760  |  »  |28° |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |759  |  »  |31° |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |758.3|  »  |25°6|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |1er   |nuit   |     |  »  |19°2|      |   |             |
  |             |Juill.|       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h M   |     |  »  |    |couvt.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |758.7|  »  |24°5|assez |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |757.6|  »  |25° |assez |0.5|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |756.5|  »  |21°2|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |2     |nuit   |     |  »  |19° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h M   |     |  »  |    |couvt.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h30m  |755.8|  »  |21°2|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Tétouan à |  »   |8h30m  |762  |    5|    |pur.  |  0|             |
  |Chechaouen.  |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h25   |750.2|  129|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h25  |734.2|  317|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h13  |745.6|  185|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h42  |738  |  273|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h39 S|742  |  226|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h     |725.8|  421|    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h50   |706.4|  657|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h03   |702  |  713|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h10   |707  |  651|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h55   |708.5|  634|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h S   |712  |  591|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h50m  |712  |  591|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h35   |721.8|  468|    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Chechaouen|3     |6h10 M |709.6|  620|    |pur.  |  0|             |
  |à Tétouan.   |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h30   |705  |  684|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h35   |738.7|  279|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h30   |738  |  288|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h53   |736.6|  304|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |723.3|  468|    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Tétouan à |4     |10h50 M|762.3|   10|    |pur.  |  0|Pont de      |
  |El Qçar.     |      |       |     |     |    |      |   |l’Ouad Bou   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Çfiha (déjà  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |passé).      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h34 S |734.2|  355|    |      |   |Col du Fondoq|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |(déjà passé).|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h     |740.6|  260|    |      |   |Fondoq (déjà |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |rencontré).  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |pur.  |  0|Même lieu.   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Température  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |de la source |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |du Fondoq :  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |17°.         |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |5     |3h45 M |740.3|  »  |16°1|couvt.| 10|Même lieu.   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h24   |754.8|   96|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h45   |747  |  190|18°5|assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h33   |753.2|  120|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h43   |759  |   60|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h10   |762  |   28|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h53   |762.3|   25|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h05  |754  |  120|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h08 S|762.8|   20|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h     |764.1|  »  |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h15   |762  |   28|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h57   |762.3|   25|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h02   |756.2|   90|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h45   |756.8|   80|    |assez |  7|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |6     |5h03 M |758  |   65|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h30   |756.1|   90|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h57   |760.4|   40|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |759  |   60|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h10  |762.3|   20|22°8|pur.  |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h15  |763.8|    6|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h50 S|760.9|   35|27° |pur.  |  4|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h45   |762.9|   10|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h55   |761.3|   30|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |El Qçar      |  »   |5h     |762.4|   20|    |pur.  |  0|             |
  |(centre de la|      |       |     |     |    |      |   |             |
  |ville ; rez- |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |de-chaussée).|      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |7     |11h30 M|761.6|  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h S   |760.9|  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h30  |763.7|  »  |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |8     |4h M   |762  |  »  |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |D’El Qçar à  |  »   |5h20   |763.2|    9|    |      |   |             |
  |Fâs.         |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h10   |761.3|   29|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h40   |756  |   90|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h10   |755  |  100|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h40   |755.6|   95|28°5|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h20  |753  |  125|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h07  |750.7|  150|    |      |   |Température  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |d’une source |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |: 23°.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h45 S|755  |  100|33°5|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h45   |756.8|   80|    |      |   |Chemmaha.    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h10   |754  |  108|    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h     |     |  »  |25°3|pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |9     |4h M   |754.8|  »  |18°7|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h45   |759.6|   40|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h40   |758  |   67|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h55   |760.1|   43|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h30   |756  |   90|27° |pur.  |9.5|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h25m M|752.3|  130|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h43   |762.1|   20|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h30   |758.2|   65|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h20  |756  |   90|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h35 S |761  |   30|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h05   |760.2|   35|35° |très  |  8|Douar près de|
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |l’Ouad       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Ouerra.      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h     |     |  »  |24°8|pur.  |  8|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |10    |5h M   |762  |  »  |    |assez | 10|Même lieu.   |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |Pluie fine.  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h40   |760.7|   45|    |      |   |La pluie     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |cesse.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h18   |754.8|  110|    |pur.  |  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h25   |753.3|  123|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h40   |757  |   81|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h10   |756  |   92|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h45   |753.8|  118|27°2|pur.  |  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h34  |757.8|   71|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h30 S|743  |  242|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h05   |752  |  129|31°2|pur.  |  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h42   |752.5|  133|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h27   |756  |   92|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h47   |758.1|   68|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h04   |757.7|   70|    |      |   |Douar sur    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |l’Ouad Sebou.|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h     |     |  »  |26°3|pur.  |  2|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |11    |4h30 M |759.1|  »  |19°5|      | 10|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h15   |755  |  108|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h10   |749.7|  170|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h42   |745.8|  217|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h30   |732.3|  379|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h57   |725.3|  461|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h38   |734.8|  349|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h45   |733  |  369|25° |assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h08  |720  |  526|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h37  |705.3|  712|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h15 S|718.7|  546|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h05   |735.9|  331|    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h30   |726.7|  440|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h40   |730  |  387|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Fâs (centre  |12    |1h30 S |727.1|  390|    |très  |  0|             |
  |du mellah ;  |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |1er étage).  |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |13    |1h S   |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |14    |8h M   |731.4|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h S   |731  |  »  |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |15    |8h15 M |731  |  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h S   |731.7|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |16    |nuit   |     |  »  |22°5|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |732  |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |731.2|  »  |35°5|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |732.9|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |17    |nuit   |     |  »  |22°9|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h M   |733.3|  »  |29°3|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |732  |  »  |35°3|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h     |731  |  »  |33°3|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |18    |nuit   |     |  »  |23°3|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |731.4|  »  |28°3|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |730.3|  »  |35°2|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |728.7|  »  |33° |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |19    |nuit   |     |  »  |21°7|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |729.2|  »  |26°5|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |727.3|  »  |30°2|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |726.3|  »  |34°1|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |725.6|  »  |30°8|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |727.8|  »  |25° |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |20    |nuit   |     |  »  |18°3|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |728.7|  »  |21° |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |728.7|  »  |26°2|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |728.2|  »  |29° |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |727.9|  »  |28°4|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |21    |nuit   |     |  »  |18°6|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |730.8|  »  |22°3|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |729.9|  »  |29°1|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |730.1|  »  |27°1|très  |0.5|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |732.2|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |22    |nuit   |     |  »  |18°9|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |733.1|  »  |20° |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |733.2|  »  |22°3|assez |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h S   |732  |  »  |25°9|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |731.2|  »  |25°8|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |23    |nuit   |     |  »  |18°1|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |732.9|  »  |19°1|nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |732.8|  »  |21°2|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |730.6|  »  |26°5|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h30m  |     |     |    |      |   |Température  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |d’Aïn et     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Touta        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |(source) :   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |18°5.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |729.2|  »  |26°2|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |24    |7h M   |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |très  |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |25    |10h M  |728  |  »  |26°3|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |727.3|  »  |33°5|pur.  |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |727.1|  »  |33°2|pur.  |  7|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |729.4|  »  |28°1|pur.  |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |26    |nuit   |     |  »  |22°8|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h30 M |728.8|  »  |27° |un peu|  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |729.6|  »  |32° |assez |  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |729  |  »  |36° |nébul.|  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |736  |  »  |32° |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |27    |nuit   |     |  »  |25°2|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h M  |730.8|  »  |32°5|nébul.|  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |730  |  »  |37° |nébul.|  4|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |729  |  »  |35° |un peu|1.5|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |731.4|  »  |32° |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |28    |nuit   |     |  »  |25° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h30 M |731.3|  »  |26°5|très  |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |731.8|  »  |29°7|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |731  |  »  |33°5|pur.  |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |730.3|  »  |31°4|pur.  |  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |731.9|  »  |26°3|pur.  |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |29    |6h30 M |731  |  »  |18°5|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Fâs à     |  »   |7h15   |736.8|  318|    |      |   |             |
  |Tâza.        |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h15   |748.2|  180|    |      |   |Pont de      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |l’Ouad Sebou.|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |719.5|  526|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h20  |731.4|  380|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h S  |738.7|  293|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h25  |737  |  313|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h50   |744.7|  217|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h55   |743  |  235|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h55   |741  |  257|    |très  |  0|Gîte.        |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |30    |5h M   |741  |  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h18   |742  |  245|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h50   |731  |  366|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |738  |  283|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h36  |733.2|  340|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h25m |712.3|  600|    |      |   |             |
  |             |      |S      |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h55  |726.4|  420|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h25   |726.6|  418|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h51   |709.8|  623|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h15   |713.8|  573|    |assez | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h25   |716  |  548|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h     |709.2|  631|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Tâza (mellah |  »   |6h     |710  |  620|    |assez | 10|             |
  |; 1er étage).|      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |31    |7h M   |     |  »  |    |pur.  |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |     |  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |assez |  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |  »  |    |assez | 10|Tonnerre et  |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |pluie légère |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |de 3 heures à|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |4 heures S.  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |     |  »  |    |assez | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |1     |7h M   |     |  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |Août. |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |     |  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h S   |     |  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |2     |7h M   |     |  »  |    |assez | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |     |  »  |    |assez |  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |assez |  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |  »  |    |assez | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |     |  »  |    |assez | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |3     |8h M   |     |  »  |    |pur.  |  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |     |  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |4     |6h M   |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |5     |7h M   |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |712.5|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |6     |4h30 M |713.4|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Tâza à    |  »   |11h25  |729  |  401|    |      |   |             |
  |Fâs.         |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |7     |4h12 M |728  |  413|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h30   |732  |  365|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h36   |712  |  608|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h01   |703.2|  720|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h39   |726  |  437|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h57   |721.2|  497|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h25 S |716.5|  559|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h51   |726.3|  436|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h15   |725  |  449|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h53   |736  |  317|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h05   |724.3|  461|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h39   |736  |  317|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h08   |726  |  436|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h17   |730  |  389|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h25   |726  |  437|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h     |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |8     |4h08 M |713  |  419|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Fâs (centre  |  »   |1h30 S |730.2|  390|    |pur.  |  0|             |
  |du mellah ;  |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |1er étage).  |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h30   |730.2|  »  |31°8|assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |9     |nuit   |     |  »  |21°3|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h M   |730  |  »  |29°2|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |728.3|  »  |34°3|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |727  |  »  |33°3|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |728.2|  »  |28°3|un peu|  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |10    |nuit   |     |  »  |22° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |727.7|  »  |25° |assez |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |726.5|  »  |29° |assez |  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |725.7|  »  |33°5|assez |  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |726.3|  »  |30°3|nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |11    |nuit   |     |  »  |23°4|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |727.9|  »  |28° |assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |726.7|  »  |32°8|un peu| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h     |725.7|  »  |37° |assez |  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |727.3|  »  |34° |assez |  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |12    |nuit   |     |  »  |26°2|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h30m M|730  |  »  |31°5|très  |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |729.7|  »  |36°8|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h S   |729.7|  »  |38°8|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |729  |  »  |37°8|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |729.6|  »  |33° |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |13    |nuit   |     |  »  |28° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |730.9|  »  |31°2|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |730.3|  »  |38° |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h S   |     |  »  |38° |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h     |     |  »  |39°2|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h40   |     |  »  |39°7|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h45   |728.9|  »  |38° |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h30  |730.7|  »  |29° |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |14    |nuit   |     |  »  |23°2|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |731.9|  »  |28° |légèrt|  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |731.1|  »  |34° |nébul.|  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |730.5|  »  |36° |nébul.|  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |730  |  »  |34°2|assez |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |731.9|  »  |28° |nébul.|  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |15    |nuit   |     |  »  |22°8|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h30 M |731.9|  »  |25°3|nébul.|  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |730.2|  »  |33°7|nébul.|  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |729.3|  »  |35° |nébul.|  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h     |731.1|  »  |29°7|assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |16    |nuit   |     |  »  |20°3|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |731.8|  »  |22°7|assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |731.2|  »  |30°4|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h30 S |729.9|  »  |32°3|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h30   |729.9|  »  |26°9|pur.  |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |730.2|  »  |23°3|pur.  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |17    |nuit   |     |  »  |18°2|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h M   |729.7|  »  |23°3|légèrt|  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |728.9|  »  |30°2|légèrt|  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h30 S |727.8|  »  |32°3|légèrt|  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |726.9|  »  |32°2|légèrt|  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |18    |nuit   |     |  »  |22° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |728.1|  »  |24°2|nébul.|  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h30  |727.3|  »  |31°7|nébul.|  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h30 S |726.7|  »  |33°1|nébul.|  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |726.2|  »  |32°2|nébul.|  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |728.1|  »  |25°6|légèrt|  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |19    |nuit   |     |  »  |22°3|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |728.4|  »  |23°8|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h S  |727.7|  »  |34° |légèrt|  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h     |726.9|  »  |35°2|légèrt|  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h30   |726.7|  »  |34°5|légèrt|  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h     |728.7|  »  |30° |légèrt|  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |20    |nuit   |     |  »  |23° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Fâs à     |  »   |4h53 M |732.9|  330|    |      |   |Pont de      |
  |Sfrou.       |      |       |     |     |    |      |   |l’Ouad el    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Adam.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h58m M|726.5|  402|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h05   |720.6|  476|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h20   |710.3|  599|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h22   |705  |  686|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h40   |698  |  761|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |692.9|  825|    |      |   |Porte de     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Sfrou.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Sfrou (mellah|  »   |12h30 S|691.9|  837|    |pur.  |  0|             |
  |; rez-de-    |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |chaussée).   |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |21    |nuit   |     |  »  |24°3|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Sfrou à   |  »   |4h30 M |691.6|  825|    |légèrt|  0|Porte de     |
  |Fâs.         |      |       |     |     |    |nébul.|   |Sfrou (passée|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |préced.).    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Fâs (centre  |  »   |9h30   |728.3|  390|    |      |   |             |
  |du mellah ;  |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |1er étage).  |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |727.8|  »  |35°4|légèrt|  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h S   |726.3|  »  |37° |nébul.|  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |726.8|  »  |35°7|nébul.|  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h30  |729.6|  »  |29° |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |22    |nuit   |     |  »  |24°1|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h M   |729.7|  »  |26°7|légèrt|  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |729.1|  »  |30°5|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |727.3|  »  |34° |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |727.8|  »  |32°9|pur.  |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h30   |727.3|  »  |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Fâs au    |  »   |5h45   |731.5|  330|    |      |   |Pont de      |
  |pont de      |      |       |     |     |    |      |   |l’Ouad el    |
  |l’Ouad el    |      |       |     |     |    |      |   |Adam (déjà   |
  |Adam.        |      |       |     |     |    |      |   |passé).      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Fâs (centre  |  »   |8h30   |729.7|  390|28°2|pur.  |  0|             |
  |du mellah ;  |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |1er étage).  |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |23    |nuit   |     |  »  |22°4|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h M   |729.1|  »  |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Fâs à     |  »   |5h     |729.3|  387|    |très  |  0|             |
  |Meknâs.      |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h S  |717  |  560|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Meknâs       |  »   |5h     |718.8|  535|    |très  |  0|             |
  |(mellah ;    |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |rez-de-      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |chaussée).   |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |24    |nuit   |     |  »  |17°7|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h30 M|718.7|  »  |27°7|légèrt|  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |717.3|  »  |31° |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |717.6|  »  |25°6|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |25    |nuit   |     |  »  |16°8|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h30 M |718.4|  »  |20°6|légèrt|  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |718.2|  »  |28° |légèrt|  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h30 S |718.1|  »  |30°6|légèrt|  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h     |719  |  »  |24°5|nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |26    |nuit   |     |  »  |21°3|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |720.1|  »  |25°2|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h S  |719.3|  »  |33°2|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |27    |6h M   |719.2|  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h30  |720.7|  »  |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Meknâs à  |  »   |11h10  |719.2|  535|    |pur.  |  0|             |
  |Bou el Djâd. |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h25 S |716.5|  560|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h20   |728.9|  413|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h     |735.2|  341|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h     |738.3|  305|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h30   |746  |  210|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h35   |746.3|  207|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h     |     |     |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |28    |5h50 M |723.2|  486|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h05   |724  |  480|    |nébul.| 10|Souq et Tlâta|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |ez Zemmour.  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Quelques     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |gouttes de   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pluie dans la|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |matinée.     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h S  |     |  »  |    |nébul.| 10|Même lieu.   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h     |721.6|  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h S   |719.7|  523|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |740.6|  269|    |nébul.| 10|Moulei Ez    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Zaqi.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |29    |5h M   |741.2|  »  |    |assez |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h S  |     |  »  |    |pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |30    |5h M   |740.3|  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h30m  |743.7|  234|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h45   |712  |  621|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h15  |690.7|  885|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |696  |  822|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h15   |690  |  898|    |      |   |Moulei Abd el|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Ouahad.      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |31    |4h50 M |690  |  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h35   |677.7| 1053|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h05   |672  | 1131|    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h40   |686  |  949|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h58   |669.5| 1157|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h20   |665  | 1250|    |      |   |Aït Omar.    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |     |  »  |    |pur.  |  1|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h S   |     |  »  |    |pur.  |  4|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |1     |7h M   |     |  »  |    |pur.  |  0|Id.          |
  |             |Sept. |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |pur.  |  1|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |pur.  |  3|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |2     |4h30 M |662  |  »  |13°5|      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h45   |660  | 1290|    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h30   |700  |  778|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h55   |704.4|  728|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h38   |678  | 1057|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h18  |674  | 1108|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h43  |678  | 1057|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h25  |670.3| 1160|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h15 S |678  | 1057|    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h20   |693  |  854|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h     |686.2|  955|    |      |   |Aït Mouloud. |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |3     |5h M   |686.3|  »  |    |pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |     |  »  |    |pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h S   |     |  »  |    |pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |4     |5h M   |689.3|  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h25   |685  |  990|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h     |698  |  825|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h10   |696.5|  851|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h     |691  |  914|    |      |   |Aït El Mati. |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |     |  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h S   |     |  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |5     |5h30 M |708  |  690|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h50   |710  |  665|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |700  |  789|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h25  |684  |  991|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |682  | 1025|    |pur.  |  1|Qçar Beni    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Zemmour.     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h S   |     |  »  |    |pur.  |  1|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |6     |nuit   |     |  »  |13° |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h25 M|678.8|  »  |    |assez |  1|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h07  |689  |  904|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Bou el Djâd  |  »   |4h S   |698  |  803|    |assez |  1|             |
  |(mellah ; 1er|      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |étage).      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |7     |nuit   |     |  »  |21° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h45 M |699.2|  »  |25°6|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h S   |698.2|  »  |31°4|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |8     |nuit   |     |  »  |20° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h M  |701.3|  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2 S    |701.1|  »  |32°3|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h S   |700.8|  803|32°7|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |9     |7h M   |703  |  »  |26° |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |701.7|  »  |31°5|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |700.7|  »  |31°8|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |10    |nuit   |     |  »  |21°1|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h30m M|703.8|  »  |28°1|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |702.5|  »  |31°8|pur.  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |702.8|  »  |32°4|pur.  |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |11    |nuit   |     |  »  |20°7|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |704.1|  »  |27°3|assez |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h30 S |702.9|  »  |33°9|pur.  |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h30   |703.8|  »  |32° |pur.  |  4|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |12    |nuit   |     |  »  |22° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |704.2|  »  |27°2|légèrt|  4|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |702.8|  »  |32°5|pur.  |  4|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h     |702.5|  »  |31°5|pur.  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |13    |nuit   |     |  »  |19° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |702.9|  »  |24° |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h S  |701.7|  »  |28°2|très  |  4|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |700.8|  »  |28°1|très  |  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |14    |nuit   |     |  »  |19° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h M   |701.2|  »  |24°7|très  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h S   |694  |  »  |29°3|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h30   |700.8|  »  |23°3|très  |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |15    |nuit   |     |  »  |19° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h45 M |702.2|  »  |26° |nébul.|  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h15 S |701  |  »  |28° |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h     |701  |  »  |27° |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |16    |6h M   |702.9|  »  |22°3|légèrt|  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |703.8|  »  |26°5|assez |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |17    |3h15 M |704.5|  »  |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Bou el    |  »   |5h20   |712.2|  675|    |      |   |             |
  |Djâd à Qaçba |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |B. Mellal.   |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h29   |718  |  601|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h33   |721.3|  565|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h59   |722.5|  553|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h02   |721.5|  554|    |      |   |Qaçba Tâdla. |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |721.4|  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |     |  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h S   |     |  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |18    |7h M   |720.9|  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |     |  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h S   |719  |  »  |    |très  |  3|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |719.1|  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |19    |5h30 M |719.9|  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h15   |722  |  528|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h07   |717  |  579|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h15   |716  |  591|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h35   |714.5|  616|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |709  |  677|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h26 S|711  |  653|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h12   |709.3|  677|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h53   |708  |  690|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h15   |702.5|  753|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h58   |703.5|  741|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h05   |701.9|  753|    |      |   |Aït Saïd.    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |20    |9h M   |683.5| 1004|    |      |   |Montagne     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |dominant Aït |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Saïd.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |702.9|  753|    |très  |  0|Aït Saïd.    |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h12  |707  |  702|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h S  |715  |  567|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Qaçba Beni   |  »   |12h45m |715.8|  566|    |très  |  0|             |
  |Mellal (rez- |      |S      |     |     |    |pur.  |   |             |
  |de-chaussée).|      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |21    |7h M   |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h S   |     |  »  |28°2|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |717.4|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |22    |7h M   |719.2|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h S  |717.3|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h     |717.3|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |718.7|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |23    |7h30 M |719.2|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h S  |717.6|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |24    |7h M   |718.9|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h S  |717.6|  »  |28°5|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |716.3|  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |718.3|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |25    |6h M   |717.8|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Qaçba B.  |  »   |6h58   |712  |  652|    |      |   |             |
  |Mellal à     |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Ouaouizert.  |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h17   |700.7|  788|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h30   |705  |  738|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h20   |704  |  750|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h50   |698  |  826|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h37   |666.2| 1236|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h47   |669  | 1196|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h43  |650  | 1448|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h06  |644.4| 1529|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h40  |663  | 1275|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h30 S|686  |  977|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h52  |689  |  950|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Ouaouizert   |  »   |12h56  |684.7| 1007|    |      |   |             |
  |(mellah ;    |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |rez-de-      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |chaussée).   |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |très  |  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |26    |7h M   |687.3|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h S   |684.4|  »  |    |pur.  |  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |27    |7h M   |687.4|  »  |    |nébul.|  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |683.9|  »  |    |nébul.|  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |683.7|  »  |    |légèrt|  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |28    |7h M   |685.1|  »  |    |nébul.|  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |683.5|  »  |    |nébul.|  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h S   |683.2|  »  |    |légèrt|  4|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |29    |7h M   |683.7|  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |681.8|  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |681.7|  »  |    |pur.  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |30    |5h53 M |681.9|  »  |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Ouaouizert|  »   |6h     |686.3|  950|    |assez |  1|             |
  |à Demnât.    |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h12   |684  |  970|    |      |   |Souq el Had  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Aït Bou Zîd. |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h55   |682.9|  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h50   |695.7|  805|    |      |   |Lit de l’Ouad|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |el Abid.     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h25   |689.5|  880|    |pur.  |  0|Dar Ibrahim. |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |1 Oct.|5h M   |690.7|  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h50   |698  |  790|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h     |688  |  917|    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h30   |701.6|  753|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h22  |702.2|  745|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h40  |700.7|  725|    |pur.  |  0|Aït ou       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Akeddir.     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h S   |     |  »  |    |pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |2     |nuit   |     |  »  |10° |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h M  |702.6|  »  |    |nébul.|  6|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h S   |702.1|  »  |    |nébul.| 10|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |3     |nuit   |     |  »  |8°5 |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h S   |706.2|  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h30m  |706.4|  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |707.8|  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |4     |nuit   |     |  »  |6°5 |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h52 M |707.5|  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h35   |699  |  892|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h25   |702.4|  857|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h12   |701.3|  868|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h10   |717.3|  680|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h45   |722  |  622|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h52   |718.5|  668|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h07  |717.2|  670|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h S  |705  |  805|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h12   |698.5|  884|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h45   |695.2|  912|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h55   |697.5|  876|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h     |696  |  900|    |      |   |Djemaaa      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Entifa.      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |5     |5h07 M |696  |  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h13   |674.3| 1160|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h47   |685  | 1020|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h30   |707  |  728|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h45  |701  |  795|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h S  |695  |  864|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h15  |686.3|  972|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h40  |690.4|  923|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Demnât       |  »   |1h30   |682.3| 1015|    |      |   |             |
  |(mellah ;    |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |rez-de-      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |chaussée).   |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h30   |682.7|  »  |21° |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |6     |nuit   |     |  »  |7°5 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |681  |  »  |    |très  |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |678.7|  »  |    |très  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |677.8|  »  |    |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |7     |nuit   |     |  »  |10° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h M   |676.3|  »  |11°7|très  | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h S  |675.3|  »  |16°5|très  | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h30   |674  |  »  |18°2|nébul.|  4|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h     |674.6|  »  |15° |pur.  |  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |8     |nuit   |     |  »  |10° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h M   |675  |  »  |    |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h     |675.6|  »  |    |nébul.|  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Demnât à  |  »   |8h50   |684.8|  896|    |      |   |             |
  |Tikirt.      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h55   |686.5|  873|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |688  |  860|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h35 S|691  |  823|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h03   |695.8|  762|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h23   |693.7|  775|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |698.4|  715|    |pur.  |  9|Zaouïa S.    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Rehal.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |9     |8h30 M |701.3|  »  |    |pur.  |  6|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h S  |701.5|  »  |    |légèrt|  7|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h40  |701.5|  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h58  |702  |  701|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h45   |692  |  822|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h     |689.4|  870|    |      |   |Enzel.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |690.3|  »  |    |pur.  |  5|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |10    |5h M   |688.7|  »  |    |pur.  |  8|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h15   |688.7|  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h18   |686.7|  894|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h30   |660.5| 1219|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h45   |652  | 1334|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h15m |666.5| 1143|    |      |   |             |
  |             |      |M      |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h15  |651.2| 1368|    |      |   |Tagmout.     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h30  |651.2|  »  |    |très  |  2|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h S   |651  |  »  |    |pur.  |  1|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |11    |7h M   |     |  »  |    |assez |  5|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |nébul.|  7|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |nébul.|  8|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |12    |3h M   |650.6|  »  |10° |nébul.|  6|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h45   |651  |  »  |10°5|nébul.|  6|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |649.3|  »  |    |légèrt|  1|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h30   |650.7|  »  |    |assez |  1|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |13    |7h M   |     |  »  |    |pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |651.3|  »  |12° |pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |14    |5h15 M |650.9|  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h32   |618  | 1818|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h05   |627.5| 1683|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h25  |627.3| 1684|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h08 S |598.2| 2081|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h23   |585  | 2281|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h13   |560.4| 2634|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h45   |670  | 2330|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h     |604  | 2011|    |pur.  |  1|Aït Baddou.  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |15    |6h35 M |604  |  »  |    |assez |  4|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h44   |609  | 1942|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h25   |600.2| 2067|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h10 S|627  | 1697|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h     |622  | 1764|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h55   |621.8| 1766|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h     |634.3| 1570|    |      |   |Tizgi.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h30   |634.5|  »  |    |nébul.|  9|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |16    |7h M   |636.8|  »  |    |nébul.|  8|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |637.5|  »  |    |nébul.| 10|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |637.3|  »  |19°2|nébul.|  9|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |638.1|  »  |    |assez |  6|Id. De 2h à  |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |4h S, forte  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pluie.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |17    |7h M   |641.3|  »  |10°4|assez |  0|Même lieu.   |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |640.8|  »  |19°8|assez |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h30 S |639.8|  »  |20° |assez |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |18    |2h M   |640.6|  »  |12° |assez |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h     |640.7|  »  |12°2|pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h30  |641.6|  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h S  |648  | 1463|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h05   |654.8| 1362|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h05   |660  | 1303|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h35   |661.4| 1272|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Tikirt       |  »   |4h45   |660  | 1313|    |pur.  |  2|             |
  |(mellah ; 1er|      |       |     |     |    |      |   |             |
  |étage).      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |19    |9h M   |661.7|  »  |    |assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h S   |658.3|  »  |23°7|assez |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |  »  |    |      | 10|De 5h a 5h   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |3/4, pluie   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |légère et    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |quelques     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |coups de     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |tonnerre     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |661.3|  »  |    |nébul.| 10|De 8h à 10h, |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |quelques     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |gouttes de   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pluie.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |20    |nuit   |     |  »  |9°8 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |659  |  »  |11° |assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h30  |658.2|  »  |22°7|assez |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h S   |656.3|  »  |19°2|assez |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |18°3|assez |  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h30  |658.4|  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |21    |nuit   |     |  »  |8°2 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h30 M |657.2|  »  |12°4|légèrt|  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h S  |655.9|  »  |24°5|légèrt|  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h S   |654.2|  »  |24°2|assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |655.6|  »  |15° |assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |22    |nuit   |     |  »  |7°5 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h45m M|655.4|  »  |8°7 |assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h30  |655.4|  »  |21°1|nébul.|  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h30 S |657.2|  »  |    |nébul.| 10|De 3 à 4h S, |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pluie légère.|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |23    |nuit   |     |  »  |8°5 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h45 M |659  |  »  |12° |assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |657.3|  »  |26°7|assez |  7|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |658.7|  »  |21°5|légèrt|  2|De 1h à 3h,  |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |quelques     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |gouttes de   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pluie.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h30   |     |  »  |15°9|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |24    |nuit   |     |  »  |8°2 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h M   |662.1|  »  |13° |nébul.|  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |660  |  »  |24°8|nébul.|  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |660  |  »  |23°2|très  |  9|De 1h à 5h,  |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |quelques     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |gouttes de   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pluie.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |660.7|  »  |    |assez |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |25    |nuit   |     |  »  |10° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h30 M |660  |  »  |12° |nébul.|  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Tikirt à  |  »   |9h15   |651  | 1358|    |      |   |             |
  |Tazenakht.   |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h30  |651.5| 1345|    |      |   |Tagenzalt.   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |650.9|  »  |24° |nébul.| 10|Id. De 12h30 |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |à 1h, pluie  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |légère.      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h25   |646  | 1423|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h05   |641.3| 1486|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h10   |630  | 1635|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h55   |642  | 1476|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h30   |647.3| 1410|    |      |   |Irels.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h30   |647.2|  »  |20° |nébul.|  6|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |26    |7h30 M |647.5|  »  |15° |légèrt|  2|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h30   |648.3|  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h50   |648.8| 1373|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h25   |637.5| 1517|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h20  |650.8| 1347|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h35 S |646.3| 1412|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h38   |643.8| 1438|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Tazenakht    |  »   |5h     |     | 1502|    |légèrt|  9|             |
  |(mellah, 2e  |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |étage).      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |27    |8h M   |     |  »  |    |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h S  |643.3|  »  |21°4|nébul.| 10|De 11h à 12h,|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |quelques     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |gouttes de   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pluie.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h     |642.4|  »  |19°3|nébul.|  8|De 3 à 3h    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |1/2, pluie   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |abondante.   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h     |     |  »  |    |nébul.| 10|Pendant la   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |soirée, il   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |tombe de     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |temps en     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |temps        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |quelques     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |gouttes de   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pluie.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |     |  »  |    |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |28    |2h M   |642.8|  »  |    |très  | 10|Quelques     |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |gouttes de   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pluie.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |nuit   |     |  »  |13°8|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h30   |643.8|  »  |17° |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |643  |  »  |22°5|très  | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |642.4|  »  |20°2|nébul.|  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h30   |643  |  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |29    |nuit   |     |  »  |8°  |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |642.5|  »  |12° |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |641.7|  »  |23°1|assez |  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |641  |  »  |19°2|assez |  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |641.3|  »  |    |pur.  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |30    |nuit   |     |  »  |11°7|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |639.9|  »  |12°8|assez |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |639.6|  »  |    |nébul.|  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |638.8|  »  |21°2|légèrt|  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h S   |638.6|  »  |17°2|nébul.|  8|De 3 à 5h,   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |quelques     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |gouttes de   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pluie.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |      |9h     |639  |  »  |    |nébul.|  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |31    |nuit   |     |  »  |11°6|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |639  |  »  |12°6|assez |  9|Quelques     |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |gouttes de   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pluie de     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |temps à      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |autre.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |638.8|  »  |17° |assez |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |assez |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |636.7|  »  |16° |légèrt|  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |638.4|  »  |    |nébul.|  8|De 6h à 7h   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |1/2, forte   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pluie.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |1 Nov.|nuit   |     |  »  |8°5 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |638.4|  »  |10°5|pur.  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |638.7|  »  |    |très  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |636.7|  »  |17°8|assez |  7|Vers 1h,     |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |quelques     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |coups de     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |tonnerre.    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |638.2|  »  |11° |nébul.| 10|De 4h 30m à  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |5h 30m, pluie|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |fine.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |639.1|  »  |    |assez |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |2     |nuit   |     |  »  |6°4 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |638.7|  »  |9°8 |assez |  4|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |638.9|  »  |    |légèrt|  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |636.8|  »  |16° |assez | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |  »  |15°3|légèrt|  7|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |     |  »  |    |nébul.|  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |3     |nuit   |     |  »  |7°3 |      |   |Très forte   |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |pluie de 1h  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |1/2 à 2h 1/4 |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |M.           |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |637.6|  »  |10°2|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |638  |  »  |    |très  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |636.6|  »  |17°7|assez |  7|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |636.1|  »  |13°8|nébul.| 10|Petite averse|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |de 5h à 5h   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |1/4.         |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |636.4|  »  |    |assez |  4|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |4     |nuit   |     |  »  |9°  |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |637.3|  »  |11°1|très  |  9|Pluie fine de|
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |1h à 8h M.   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |637.5|  »  |    |très  |  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |638.1|  »  |11°3|très  |  8|De 1 à 5h,   |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |plusieurs    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |courtes      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |averses avec |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |quelques     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |grêlons.     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |639.3|  »  |    |très  | 10|Pluie fine de|
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |5h à 9h ;    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |fréquentes et|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |fortes       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |averses.     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |5     |nuit   |     |  »  |5°5 |      |   |Pluie        |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |abondante de |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |10h S à 10h  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |M.           |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |642.5|  »  |7°3 |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |642.7|  »  |17° |pur.  |  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |  »  |    |très  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |643  |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |6     |nuit   |     |  »  |7°8 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |642.5|  »  |9°1 |très  | 10|Pluie fine.  |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |644.3|  »  |    |très  | 10|Pluie fine ; |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |n’a pas cessé|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |depuis le    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |matin.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |643  |  »  |14°3|très  | 10|La pluie a   |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |cessé à 11h. |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |642.2|  »  |    |très  | 10|De 1h à 6h,  |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |pluie fine   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |avec         |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |fréquentes   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |interrup. et |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |reprises.    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |641.7|  »  |    |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |7     |nuit   |     |  »  |9°9 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |641.3|  »  |11° |assez | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |     |  »  |    |assez | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |640.7|  »  |14°4|assez | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |640  |  »  |11°7|très  | 10|Pluie fine   |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |depuis 5h du |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |soir.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |640.4|  »  |    |très  | 10|Forte pluie  |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |depuis 5h.   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |8     |nuit   |     |  »  |7°9 |      |   |Forte pluie  |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |de 9h du S à |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |3h M.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |640.3|  »  |9°1 |pur.  |  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h M   |641  |  »  |12° |très  |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |639.5|  »  |16°8|pur.  |  4|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |640.7|  »  |14°8|très  |0.5|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |641.3|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |9     |nuit   |     |  »  |8°3 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |642.7|  »  |10°5|pur.  |1.5|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h30m  |     |  »  |    |pur.  |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |641.4|  »  |17° |pur.  |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |641.4|  »  |16°2|très  |0.5|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |10    |nuit   |     |  »  |9°  |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |643.2|  »  |11°5|nébul.|  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |642.1|  »  |16° |assez |  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |642.8|  »  |14°7|pur.  |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |642.9|  »  |    |pur.  |0.5|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |11    |nuit   |     |  »  |6°  |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |643.8|  »  |9°  |assez |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |644.3|  »  |    |très  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |643.4|  »  |16°9|pur.  |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |643  |  »  |14°8|assez |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |644.2|  »  |    |pur.  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |12    |nuit   |     |  »  |6°  |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |642.7|  »  |7°5 |très  |  4|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |643.2|  »  |    |assez |  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Tazenakht |  »   |11h15  |641  | 1511|    |      |   |             |
  |à Tisint.    |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h45  |640.2| 1524|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h55  |642  | 1498|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h08 S|640.3| 1523|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h55   |640  | 1527|    |assez |  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h58   |637.5| 1550|    |      |   |Tamarouft.   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |  »  |    |assez |  5|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |     |  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |13    |7h M   |636.3|  »  |    |pur.  |  1|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h07   |635.7| 1555|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h45   |634.9| 1568|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h35   |631.7| 1608|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h50   |626.7| 1674|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h15 S|670.9| 1104|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h     |     |     |    |légèrt|  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h45   |680.5|  979|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h35   |698  |  770|    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h45  |704  |  665|    |très  |  0|Tanzida      |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |14    |7h M   |705.5|  »  |    |pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |709.1|  614|    |      |   |Niveau de    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |l’Ouad       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Tisint.      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Tisint       |  »   |9h55   |709.1|  614|    |      |   |             |
  |(Agadir ; 1er|      |       |     |     |    |      |   |             |
  |étage).      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h     |707.7|  »  |    |légèrt|  7|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h     |     |  »  |    |assez |  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |15    |7h M   |     |  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h S   |708.5|  »  |    |pur.  |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |708  |  »  |19°4|assez |  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |709.9|  »  |19° |assez | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |16    |nuit   |     |  »  |14°8|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |709  |  »  |15°3|assez | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h30   |710.9|  »  |    |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Tisint à  |  »   |10h    |708  |  626|    |      |   |             |
  |Tatta.       |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h25  |706.7|  638|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h35  |709.5|  602|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h17 S|704.7|  661|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h08   |703.7|  673|    |très  | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h27m S|701.7|  720|    |      |   |Qaçba el     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Djoua.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |  »  |    |très  | 10|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |17    |4h M   |     |  »  |    |très  | 10|Id. Pluie    |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |fine de 3h30m|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |à 5h M.      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h     |702  |  »  |    |pur.  |  0|Même lieu.   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |700.7|  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h     |     |  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |18    |5h30 M |703.4|  »  |    |pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h50   |703.4|  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h05   |703.8|  707|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h     |702.3|  718|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h55   |695.8|  803|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h45   |705  |  694|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h15   |706.5|  670|    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h09  |703  |  718|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h53  |697.5|  778|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h40 S|697  |  790|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h14   |695  |  815|    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h34   |693.2|  844|    |      |   |Col Aqqa     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Izen.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h44   |695.2|  815|    |      |   |Ligne de     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |partage des  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |eaux.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h35   |686  |  924|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h25   |702.5|  718|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h50   |707  |  671|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Tatta        |  »   |5h20   |709  |  625|    |pur.  |  0|             |
  |(Tintazart ; |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |mellah ; 1er |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |étage).      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |709.7|  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |19    |7h M   |712.1|  »  |13°5|assez |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h30   |714  |  »  |    |assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |712.5|  »  |21°4|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |712.3|  »  |19° |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |713.8|  »  |    |pur.  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |20    |nuit   |     |  »  |9°  |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |715.8|  »  |11° |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |716.7|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |714.6|  »  |21°2|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |714.6|  »  |18°6|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |716.1|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |21    |nuit   |     |  »  |9°  |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |715.1|  »  |10°5|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |716.3|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |715.1|  »  |21° |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |714  |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |715.2|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |22    |nuit   |     |  »  |10° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |715.7|  »  |12°7|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Tintazart |  »   |9h26   |714.6|  651|    |      |   |             |
  |à Adis et    |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |retour.      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h46   |713.9|  663|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Tatta        |  »   |4h S   |714.8|  625|    |      |   |             |
  |(Tintazart ; |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |mellah ; 1er |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |étage).      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |714.2|  »  |17°6|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |23    |nuit   |     |  »  |10° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |714.7|  »  |12° |assez |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |715.7|  »  |    |nébul.|  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |713  |  »  |19°3|nébul.|  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |712.3|  »  |    |assez |  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |24    |nuit   |     |  »  |10° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |712.7|  »  |12° |nébul.|  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |  »  |    |assez |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |     |  »  |    |assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |25    |nuit   |     |  »  |10°2|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |711.7|  »  |12° |nébul.|  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h35m |711.7|  »  |    |assez |  8|             |
  |             |      |M      |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Tatta au  |  »   |11h58  |712.5|  630|    |      |   |             |
  |Mâder et     |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |retour.      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h28 S|714  |  615|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h35  |716.5|  578|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h06   |719.7|  544|    |assez |  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h40   |721.4|  520|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h58   |721.7|  516|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h55   |725.2|  472|    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |     |     |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |26    |2h M   |     |     |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |729.1|  423|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h22   |730  |  416|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h30   |729.8|  420|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h12  |729.3|  430|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Tatta        |  »   |5h50 S |710.4|  625|    |assez |  9|             |
  |(Tintazart ; |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |mellah ; 1er |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |étage).      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |     |  »  |    |assez |  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |27    |7h M   |713.3|  »  |    |assez | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |715  |  »  |    |assez |  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Tatta à   |  »   |2h15 S |712.4|  625|    |      |   |             |
  |Aqqa et      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |retour.      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h45   |713.3|  613|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h52   |714.9|  602|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h02   |712.8|  625|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h14   |714.6|  605|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h27   |713.6|  610|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h17   |716.7|  577|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h10   |718.2|  561|    |      |   |Ouad Tatta.  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |     |     |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |28    |2h M   |     |     |    |légèrt|  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h     |716.7|  570|    |nébul.| 10|Aqqa.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h02   |718.2|  555|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h50   |720.5|  524|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h45  |716.5|  573|    |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |720  |  530|    |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h02   |717.8|  561|    |      |   |Ouad Tatta,  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |au même point|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |que hier.    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Tatta        |  »   |5h55   |711.1|  625|    |nébul.| 10|             |
  |(Tintazart ; |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |mellah ; 1er |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |étage).      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |712  |  »  |    |assez |  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |29    |7h M   |712.8|  »  |    |assez |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |713.7|  »  |    |assez |  7|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |712.7|  »  |20°4|nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |712.8|  »  |    |nébul.|  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |714  |  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |30    |nuit   |     |  »  |11°5|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |715.3|  »  |14°7|pur.  |  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |714.6|  »  |20°4|pur.  |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |713.5|  »  |18°6|pur.  |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |714.3|  »  |    |pur.  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |1 Déc.|nuit   |     |  »  |9°  |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |715.6|  »  |10°2|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |714.2|  »  |22° |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |713.7|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |2     |nuit   |     |  »  |8°7 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |712  |  »  |10° |assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |708.5|  »  |    |assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |706.8|  »  |    |assez |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |3     |7h M   |711.6|  »  |    |assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |710.7|  »  |    |assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |713.8|  »  |    |assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |4     |7h M   |715.8|  »  |    |assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |713.9|  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |714.4|  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |5     |7h M   |713.9|  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |713.4|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |712.8|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |6     |7h M   |712.8|  »  |11° |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |712  |  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |711.8|  »  |19°5|assez | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |711  |  »  |    |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |709.7|  »  |9°5 |assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |708.7|  »  |    |légèrt|  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |706.5|  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |706.3|  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |8     |7h M   |     |  »  |    |nébul.|  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |705  |  »  |    |nébul.|  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |  »  |    |assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |9     |7h M   |712.7|  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |712.2|  »  |11°8|pur   |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |711.2|  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h     |710.4|  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Tatta (Toug  |  »   |4h12m  |707  |  665|    |      |   |             |
  |er Rih ; 1er |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |étage).      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |10    |7h M   |712.3|  »  |    |assez |  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |711.5|  »  |    |nébul.|  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |711.3|  »  |    |assez |  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |712.2|  »  |    |nébul.|  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |11    |nuit   |     |  »  |7°  |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |712.6|  »  |7°2 |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |713.8|  »  |11° |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |712.3|  »  |13°4|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |712.1|  »  |12°7|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |713.3|  »  |10°3|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |12    |nuit   |     |  »  |7°6 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |714  |  »  |8°  |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |714.2|  »  |13° |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |713  |  »  |    |assez |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |712.3|  »  |13°3|assez |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |713  |  »  |    |assez |  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |13    |nuit   |     |  »  |9°5 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |713.3|  »  |9°9 |assez |  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |714.3|  »  |13°4|légèrt|  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |712.4|  »  |15°4|assez |  7|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |711.5|  »  |13°4|nébul.|  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |712.2|  »  |11°8|assez |  4|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |14    |nuit   |     |  »  |10°4|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |712.2|  »  |11°8|nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |713.2|  »  |14°7|nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |711.5|  »  |16°2|nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |711.7|  »  |    |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |712.2|  »  |15° |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |15    |nuit   |     |  »  |11° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |712.3|  »  |12° |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |711.3|  »  |18° |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |712.1|  »  |16°4|nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |16    |nuit   |     |  »  |12° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |710.1|  »  |13° |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |710.3|  »  |18°2|assez | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |708  |  »  |20° |assez | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |707  |  »  |18° |assez | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |17    |7h M   |705  |  »  |    |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Tatta à   |  »   |7h53m  |706.7|  647|    |      |   |             |
  |Tisint.      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h20   |704  |  682|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h10   |702.7|  695|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h13  |697  |  767|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h22 S|692.6|  815|    |      |   |Ligne de     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |partage des  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |eaux (passée |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |déjà le 18   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Novembre).   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h35  |690.3|  844|    |      |   |Col Aqqa Izen|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |(passé déjà  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |le 18        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Novembre).   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |18    |12h50 S|695.7|  720|    |      |   |Qaçba el     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Djoua. Une   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pluie fine   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |tombe sans   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |cesse depuis |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |8h M.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h05   |697.3|  674|    |      |   |Trit. La     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pluie fine   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |continue     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |jusqu’à 2h S |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |; à 2h, elle |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |se change en |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pluie        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |abondante.   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |697.4|  »  |12° |très  | 10|Même lieu.   |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Tisint       |19    |11h50 M|703.3|  614|    |      |   |             |
  |(Agadir ; 1er|      |       |     |     |    |      |   |             |
  |étage).      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |703.4|  »  |12°5|nébul.|  7|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |704.3|  »  |10°8|assez |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |705.3|  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |20    |nuit   |     |  »  |5°6 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |706.6|  »  |6°  |pur.  |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |706.3|  »  |11°6|pur.  |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |705.4|  »  |13°1|pur.  |  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |705.9|  »  |11°5|pur.  |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |21    |nuit   |     |  »  |6°6 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |707.5|  »  |6°7 |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |708.7|  »  |11° |très  |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |707.5|  »  |13°4|pur.  |  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |707.2|  »  |12°8|pur.  |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |22    |nuit   |     |  »  |8°  |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |709.2|  »  |8°6 |légèrt|  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |709  |  »  |13°3|assez |  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |711.1|  »  |12°5|pur.  |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |23    |nuit   |     |  »  |8°  |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |711.2|  »  |8°5 |très  |0.5|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |712.7|  »  |11°5|pur.  |  4|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |711.4|  »  |14°3|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |711.9|  »  |14°4|assez |  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |24    |nuit   |     |  »  |9°  |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |713.9|  »  |9°8 |assez |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |714.1|  »  |13°2|légèrt|  7|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |712.7|  »  |15°8|assez |  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |712.8|  »  |15°5|assez |  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |713.6|  »  |    |assez |  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |25    |nuit   |     |  »  |9°6 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |715.3|  »  |10°5|pur.  |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |715.5|  »  |15°3|très  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h S   |714.6|  »  |15°7|très  |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |714.7|  »  |15°2|très  |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |715  |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |26    |7h M   |716.8|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Tisint à  |  »   |9h30   |718  |  600|    |      |   |             |
  |Mrimima.     |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h02  |719.4|  584|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h22  |718.8|  598|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h10 S|719.7|  584|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h18  |716.9|  621|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h35  |710  |  704|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h52  |721.4|  563|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Mrimima (rez-|  »   |2h05   |722.3|  508|    |très  |  0|             |
  |de-chaussée).|      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |27    |7h M   |723  |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |722.1|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |721  |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |721.2|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |28    |7h M   |721.9|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |720.9|  »  |    |assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |721.2|  »  |    |assez |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |29    |7h M   |722.2|  »  |    |assez |  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |720.5|  »  |    |assez |  7|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |720.2|  »  |    |légèrt|  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |720.9|  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |30    |7h M   |720.4|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |721.3|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |718.8|  »  |    |pur.  |  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |718.3|  »  |    |assez |  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |31    |7h M   |721.3|  »  |    |assez |  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |720.5|  »  |    |assez | 10|Quelques     |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |gouttes de   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pluie tombent|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |depuis midi  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |1/2.         |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |721.6|  »  |    |nébul.| 10|Pluie        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |violente     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |depuis 2h S. |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |1     |7h M   |723.9|  »  |    |assez |  9|La pluie a   |
  |             |Janv. |       |     |     |    |pur.  |   |duré toute la|
  |             |1884  |       |     |     |    |      |   |soirée d’hier|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |et toute la  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |nuit jusqu’à |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |6h 1/2 M.    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |724.1|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |722.8|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |722.5|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |2     |7h M   |725  |  »  |    |assez |  7|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |723.3|  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |722.9|  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |3     |7h M   |723.8|  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |723.3|  »  |    |assez |  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |722.2|  »  |    |pur.  |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |722.2|  »  |18°7|pur.  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |4     |8h M   |724.2|  »  |11° |assez |  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Tisint       |  »   |2h15m S|715.7|  614|    |      |   |             |
  |(Agadir ;    |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |rez-de-      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |chaussée).   |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |715.3|  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |5     |7h M   |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |pur.  |  4|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |716. |  »  |    |assez |  9|             |
  |             |      |       |4    |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |6     |7h M   |719  |  »  |    |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |716  |  »  |    |légèrt|  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |716.7|  »  |17°1|nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |717  |  »  |    |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |7     |7h M   |716.7|  »  |    |assez |  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |715.7|  »  |17° |assez |  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |715.4|  »  |16°5|assez | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |8     |8h M   |716.9|  »  |    |assez |  4|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |715  |  »  |18° |pur.  |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |714.8|  »  |17° |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |715.4|  »  |    |assez |  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |9     |nuit   |     |  »  |11° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h M   |716  |  »  |11°9|nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |715.2|  »  |17° |assez | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |714.7|  »  |15°8|nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Tisint à  |  »   |9h     |     |     |    |      |   |Une pluie    |
  |Afikourahen. |      |       |     |     |    |      |   |fine commence|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |et dure      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |jusqu’à 10h  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |S.           |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |     |     |    |      |   |La pluie fine|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |se change en |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pluie        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |violente, qui|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |dure jusqu’à |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |3h M.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |10    |7h M   |     |     |    |nébul.| 10|La pluie, qui|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |avait cessé  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |depuis 3h M, |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |reprend, mais|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |légère.      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |     |     |    |nébul.| 10|La pluie     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |cesse.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |     |    |assez |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |     |    |assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h     |     |     |    |assez |  0|Tarla.       |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |11    |9h M   |712.7|  675|    |légèrt| 10|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |710.4|  »  |    |assez |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |710.7|  »  |    |pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |12    |8h M   |712.5|  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |711.7|  »  |    |pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |711.4|  »  |    |pur.  |  5|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h50m  |711.3|  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h55   |709  |  700|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h50  |704.5|  742|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |13    |12h M  |693.8|  874|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h20  |695  |  862|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h     |692.2|  897|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h09   |691.3|  907|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h35   |693.6|  874|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h25   |695  |  863|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h55   |689.8|  923|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h     |     |     |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h20   |681  | 1040|    |      |   |Lieu d’une   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |halte.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h15 S|679.8|  »  |    |très  |  0|Même lieu.   |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h     |681  | 1034|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h25   |659.2| 1310|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h20   |668.8| 1182|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h25   |676  | 1094|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h37   |676  | 1094|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h30   |682  | 1021|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h50   |680  | 1043|    |      |   |Tizgi Ida ou |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Baloul.      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |14    |9h M   |681.2|  »  |9°  |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |679.8|  »  |13°4|très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |679.3|  »  |12° |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |15    |7h M   |680.2|  »  |5°6 |assez |  9|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h20  |681.2| 1070|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h25 S |668  | 1230|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h25   |654  | 1400|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h45   |650  | 1448|    |      |   |Tidgar.      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |  »  |    |pur.  |  3|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |16    |7h M   |649.9|  »  |    |pur.  |  1|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h    |617.3| 1873|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h30  |621  | 1833|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h55  |621.4| 1819|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h20 S|618.9| 1860|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h46  |614.7| 1912|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h52   |625  | 1772|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h05   |634.9| 1637|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h52   |638.2| 1586|    |      |   |Azararad.    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |17    |7h M   |639.4|  »  |4°6 |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h16   |640.5| 1543|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h35   |645  | 1494|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h45   |643  | 1516|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h25   |651.8| 1400|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h25  |655.8| 1349|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h07  |664  | 1247|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h45 S|671.5| 1146|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h09   |654  | 1375|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h20   |698  |  826|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h30   |708  |  706|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h37   |687.6|  947|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Afikourahen  |  »   |5h55   |688.2|  967|    |très  |  0|             |
  |(1er étage). |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |18    |7h M   |689  |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |688.8|  »  |15° |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |688.5|  »  |11° |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |19    |7h M   |689.7|  »  |7°3 |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |688.7|  »  |14°7|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |689.4|  »  |10° |très  |0.5|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |20    |7h M   |690.2|  »  |8°2 |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |D’Afikourahen|  »   |10h45m |705.5|  772|    |      |   |             |
  |à Mogador.   |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h06  |693  |  930|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h S  |710.7|  713|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h52  |715.7|  655|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h33   |717  |  643|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h15   |722  |  584|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h55   |742.7|  344|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h20   |744.6|  321|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h40   |740.5|  354|    |très  |  0|Taourirt ou  |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |Selîman.     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |21    |7h M   |742.9|  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h30   |742.9|  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h55   |750.9|  264|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h15  |756  |  208|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h35  |758  |  186|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h20 S |761.3|  142|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h10   |767  |   75|    |très  |  0|Gîte.        |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |22    |6h35 M |769.8|  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h30   |771.8|   10|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h35   |771.2|   21|    |      |   |Dar Sidi Abd |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Allah.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |23    |9h05 M |770.8|  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |772.4|    0|    |      |   |Au niveau de |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |la mer.      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h05 S |766  |   73|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h35   |748  |  276|    |      |   |Gîte.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |24    |7h20 M |747.8|  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h25   |770.4|    0|    |      |   |Au niveau de |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |la mer.      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h30 S |723  |  530|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |«     |5h05   |765.3|   34|    |très  |  0|Gîte.        |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |25    |7h45 M |766.4|  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h55   |747.2|  245|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |740  |  336|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |734  |  420|    |très  |  0|Dar Hadj Abd |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |el Malek.    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |26    |toute  |     |  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |la     |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |journée|     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |27    |7h05 M |738  |  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h35   |747  |  277|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h05  |760.2|  120|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h S  |753  |  210|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h35  |736.5|  390|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h30   |733  |  436|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h     |747  |  277|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h17   |750.7|  232|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |760  |  131|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |749  |  242|    |très  |  0|Gîte.        |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |28    |7h35 M |750  |  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h15   |756  |  175|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h10  |764.2|   87|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h35  |766  |   65|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Mogador (1er |  »   |6h S   |     |   10|    |très  |  0|             |
  |étage).      |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |29    |toute  |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |la     |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |journée|     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |30    |nuit   |     |  »  |8°3 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |767.6|  »  |9°5 |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |767.2|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |767.2|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |31    |7h M   |767.8|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |767.7|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |767.9|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |1 Fév.|nuit   |     |  »  |11°8|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |767.7|  »  |13°3|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |767.6|  »  |17° |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |767.3|  »  |15°7|pur.  |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |2     |nuit   |     |  »  |10°7|      |   |Il a plu un  |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |peu pendant  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |la nuit.     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h M   |767.3|  »  |13° |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |765.6|  »  |14°2|assez |3.5|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |764.8|  »  |14° |assez |  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |3     |nuit   |     |  »  |7°3 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h M   |762.4|  »  |10°4|pur.  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |761.2|  »  |15° |pur.  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |760.9|  »  |14° |assez |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |4     |nuit   |     |  »  |9°4 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h M   |761  |  »  |11°5|nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |758.8|  »  |17°4|très  | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |757.7|  »  |15°1|très  | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |5     |nuit   |     |  »  |11°5|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h M   |760  |  »  |12° |très  | 10|Il pleut à   |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |torrents     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |depuis 3h M. |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |760.5|  »  |12°3|très  | 10|La pluie     |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |continue ;   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |elle n’a pas |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |cessé depuis |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |8h M.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |760.9|  »  |12°3|nébul.|  9|La pluie a   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |continué     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |jusqu’à 3h.  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |6     |nuit   |     |  »  |10°8|      |   |Pluie de     |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |minuit à 3h  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |M.           |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h M   |760.7|  »  |11°9|assez |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |759.9|  »  |17°2|assez |  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |759.8|  »  |15°7|assez |  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |7     |nuit   |     |  »  |11° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h M   |760.9|  »  |13° |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |760.3|  »  |16° |très  |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |8     |nuit   |     |  »  |10°5|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h M   |763.1|  »  |12°5|assez |  7|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |763.5|  »  |18° |légèrt|  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |764.7|  »  |16° |assez |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |9     |nuit   |     |  »  |11° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |764.6|  »  |13° |assez |  7|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |764.8|  »  |20° |nébul.|  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |764.2|  »  |18°4|nébul.|  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |10    |nuit   |     |  »  |13°7|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |764  |  »  |15°3|très  | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |762.9|  »  |18°7|très  | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |762.1|  »  |15°8|nébul.|  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |11    |nuit   |     |  »  |13°8|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |761  |  »  |14°8|très  |  6|Brume épaisse|
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |durant la    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |matinée      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |jusqu’à 11h. |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |760  |  »  |17° |très  |  4|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |759.7|  »  |15°8|très  | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |12    |nuit   |     |  »  |11°7|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |761  |  »  |14° |assez |  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |761.4|  »  |16°8|légèrt|  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |761.7|  »  |14°5|nébul.|  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |13    |nuit   |     |  »  |9°1 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |763.7|  »  |9°3 |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |763.9|  »  |16°8|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |763.9|  »  |14°3|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |14    |nuit   |     |  »  |8°7 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |763.7|  »  |9°5 |assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h S   |761.3|  »  |15°3|légèrt|  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |15    |nuit   |     |  »  |12°6|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h M   |759.4|  »  |15°3|nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |757.3|  »  |17°9|nébul.|  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |756.5|  »  |13°7|nébul.|  7|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |16    |nuit   |     |  »  |12°1|      |   |Il a plu     |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |pendant une  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |grande partie|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |de la nuit.  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |753.2|  »  |12°8|nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |752.1|  »  |16°8|nébul.|  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |751.7|  »  |12°8|nébul.| 10|Pluie légère |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |depuis 4h 1/2|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |S ; elle dure|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |jusqu’à 6h S.|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |17    |nuit   |     |  »  |9°4 |      |   |Il a plu     |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |pendant une  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |grande partie|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |de la nuit.  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |750.7|  »  |9°7 |très  | 10|Pluie fine.  |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |752.8|  »  |14°7|nébul.|  7|Il a plu     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pendant une  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |grande partie|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |de la        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |matinée.     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |755  |  »  |12°8|assez |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |18    |nuit   |     |  »  |7°7 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |757.9|  »  |7°9 |très  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |757.7|  »  |17°4|très  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |757.7|  »  |14° |très  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |19    |nuit   |     |  »  |12° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |760.7|  »  |12° |très  | 10|Une pluie    |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |fine tombe   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |depuis 2h M. |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |763  |  »  |17°7|très  | 10|La pluie a   |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |cessé à 10h  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |M.           |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |763.4|  »  |14°7|très  |  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |20    |nuit   |     |  »  |10° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |765  |  »  |11° |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |toute  |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |la     |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |journée|     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |21    |nuit   |     |  »  |9°5 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |764.7|  »  |10°5|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |763.8|  »  |17° |assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |763.8|  »  |14°9|assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |22    |nuit   |     |  »  |11° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h M   |763.2|  »  |12°5|pur.  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |763.3|  »  |18°9|pur.  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |763.3|  »  |15°8|légèrt|  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |23    |nuit   |     |  »  |10°2|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |764.2|  »  |10°8|légèrt|  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |764.7|  »  |15°8|assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |764.7|  »  |15° |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |24    |nuit   |     |  »  |11° |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |765.6|  »  |12°2|assez |  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |765.5|  »  |18°3|assez |  7|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |765.4|  »  |15°7|légèrt|  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |25    |nuit   |     |  »  |9°  |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |765.1|  »  |9°2 |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |764.9|  »  |18° |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |764.8|  »  |15°8|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |26    |nuit   |     |  »  |9°1 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |764.5|  »  |12°4|nébul.|  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |764.2|  »  |19°5|nébul.|  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |764.4|  »  |16° |assez |  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |27    |nuit   |     |  »  |11°3|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |763.2|  »  |12°4|pur.  | 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h S   |     |  »  |16° |pur.  |  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |28    |nuit   |     |  »  |10°8|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |760.8|  »  |13°4|assez |  7|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h S   |     |  »  |16° |assez |  8|Forte averse |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |de 2h à 2h   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |1/2 S.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |29    |nuit   |     |  »  |10°5|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |762.2|  »  |18°5|assez |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |762.1|  »  |14° |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |5 Mars|toute  |     |  »  |    |très  | 10|Il pleut à   |
  |             |      |la     |     |     |    |nébul.|   |torrents     |
  |             |      |journée|     |     |    |      |   |pendant toute|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |la journée.  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |13    |toute  |     |  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |la     |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |journée|     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Mogador à |14    |6h S   |     |     |    |pur.  |  5|             |
  |Tisint       |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |15    |toute  |     |     |    |pur.  |  3|             |
  |             |      |la     |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |journée|     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |16    |toute  |     |     |    |assez |  5|             |
  |             |      |la     |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |matinée|     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |toute  |     |     |    |      | 10|Forte pluie  |
  |             |      |l’après|     |     |    |      |   |toute        |
  |             |      |-midi  |     |     |    |      |   |l’après-midi |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |et toute la  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |soirée.      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |17    |toute  |     |     |    |      | 10|Forte pluie  |
  |             |      |la nuit|     |     |    |      |   |toute la     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |nuit.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |toute  |     |     |    |      | 10|Forte pluie  |
  |             |      |la     |     |     |    |      |   |toute la     |
  |             |      |matinée|     |     |    |      |   |matinée.     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h40m |735  |  420|    |      |   |Dar Hadj Abd |
  |             |      |S      |     |     |    |      |   |el Malek     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |(lieu déjà   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |traversé).   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h05   |731  |  330|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h33   |737.7|  240|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |732  |  330|    |      |  8|Zaouïa S.    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Mhind ou     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Ouchchen     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Plusieurs    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |averses      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pendant      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |l’après-midi.|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |18    |toute  |     |  »  |    |      | 10|Même lieu.   |
  |             |      |la nuit|     |     |    |      |   |Forte pluie  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |toute la     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |nuit.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h15 M|731.7|  »  |    |      | 10|Même lieu.   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Forte pluie  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |toute la     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |matinée.     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h S   |731  |  »  |    |nébul.|  6|Même lieu.   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Pluie jusqu’à|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |4h S.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |19    |7h M   |733  |  »  |    |assez |  2|Même lieu.   |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h40   |733.8|  »  |    |      |   |Même lieu.   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h12   |739  |  268|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h50   |732.1|  337|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h55  |747.4|  233|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h05 S|762  |    0|    |assez |  5|Au niveau de |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |la mer.      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h45   |760  |   33|    |assez |  5|Fondoq.      |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |20    |5h M   |     |     |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |     |     |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h S   |     |     |    |pur.  |  0|Dar Sidi     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Iahia.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |21    |7h M   |760.8|   22|    |pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h55   |760.7|   23|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h20  |757.2|   55|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h23 S |752.7|  111|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h22   |752.5|  113|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h15   |751.9|  120|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |750.4|  145|    |pur.  |  0|Oulad Segeïr.|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |22    |7h M   |     |  »  |    |pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |     |  »  |    |assez |  4|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h S   |     |  »  |    |assez |  8|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |23    |5h40 M |746.4|  »  |    |nébul.|  8|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h15   |745  |  168|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h35   |744.8|  170|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h30  |741  |  213|    |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h35 S |736.7|  258|    |      |   |Gîte.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |  »  |    |nébul.| 10|Id. Pluie    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |violente de  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |11h 1/4 M à  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |4h S.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |24    |6h M   |736.7|  »  |    |assez | 10|Même lieu.   |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h50  |730  |  340|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h56 S |724.5|  396|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h55   |718  |  478|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h50   |715  |  513|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h05m S|710  |  572|    |assez |  5|Douar        |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |Oumbarek ou  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Dehen.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |25    |toute  |     |  »  |    |assez |  4|Id.          |
  |             |      |la     |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |journée|     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |26    |5h05 M |710  |  »  |    |assez |  3|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h52   |714  |  525|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h15   |713.8|  527|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h50   |709  |  584|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h12  |694  |  765|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h40 S|683  |  899|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h30   |674.3|  998|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h54   |667  | 1098|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h50   |644  | 1394|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h30   |655  | 1251|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h35   |660  | 1293|    |pur.  |  0|Amzoug.      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |27    |4h50 M |660  |  »  |    |assez |  4|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h45   |656.2| 1226|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h07   |636  | 1500|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h20   |631.8| 1552|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |622.5| 1673|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h35   |610.2| 1849|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h35  |632.5| 1539|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h S  |617  | 1755|    |assez |  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h20   |604  | 1934|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h10   |616.3| 1755|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h15   |624  | 1660|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h49   |623  | 1673|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h30   |630.7| 1566|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h30   |639  | 1459|    |assez |  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |28    |6h55 M |645  | 1394|    |assez |  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h50   |652.3| 1283|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h03   |651.2| 1297|    |      |   |Ilir.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |assez |  5|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |  »  |    |assez |  6|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |29    |toute  |     |  »  |    |assez |  5|Id.          |
  |             |      |la     |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |journée|     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |30    |7h15 M |     |  »  |    |assez |  3|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |653.5| 1260|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h30  |666.5| 1090|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h S  |668.6| 1063|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h15  |669.4| 1050|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h36  |666.6| 1080|    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h15   |675  |  980|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h45   |676.7|  950|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h30   |681.8|  880|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |     |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |31    |3h M   |     |     |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Tisint       |  »   |11h    |     |  614|    |pur.  |  0|             |
  |(Agadir ;    |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |rez-de-      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |chaussée).   |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h S   |     |  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |1     |toute  |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |Avril |la     |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |journée|     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |2     |toute  |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |la     |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |journée|     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |3     |toute  |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |la     |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |journée|     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |4     |toute  |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |la     |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |journée|     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |5     |toute  |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |la     |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |journée|     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h05 S|706.2|  »  |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Tisint à  |6     |5h25 M |684  |  906|    |pur.  |  0|             |
  |Tazenakht.   |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h M   |679.3|  954|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h33m |675.8| 1007|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h45  |668.7| 1090|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h S  |670  | 1079|    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h     |636.3| 1511|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h40   |619  | 1755|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h     |622  | 1715|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h52   |606  | 1935|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h25   |618.7| 1759|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h30   |615  | 1814|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h     |612  | 1857|    |pur.  |  0|Gîte.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |7     |7h05 M |611.2|  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h10   |598  | 2059|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h07   |614  | 1835|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h25   |616.5| 1797|    |      |   |Takdicht.    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |     |  »  |    |pur.  |  2|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h S   |     |  »  |    |pur.  |  1|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |8     |8h M   |615.8|  »  |    |pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h45   |621.5| 1725|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h12   |621.6| 1715|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h15  |623.9| 1685|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h37  |628.8| 1618|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h30 S|632  | 1577|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h     |632  | 1577|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h37   |635  | 1537|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h48   |636.3| 1511|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Tazenakht    |  »   |4h20   |638  | 1502|    |pur.  |  2|             |
  |(1er étage). |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |9     |nuit   |     |  »  |9°3 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |636.5|  »  |14° |pur.  |  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |II    |1h S   |635.7|  »  |23°5|pur.  |  7|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |635.3|  »  |20°5|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |10    |nuit   |     |  »  |6°7 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |637.6|  »  |9°7 |très  |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |637.4|  »  |23°7|assez |  7|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |637.3|  »  |20°7|légèrt|  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |11    |nuit   |     |  »  |8°6 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |637.7|  »  |11°5|nébul.|  7|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |636.3|  »  |24°4|très  |  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |635.5|  »  |20°7|très  |  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |12    |nuit   |     |  »  |8°8 |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h M   |633.8|  »  |11°4|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |632.7|  »  |17°6|pur.  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |632.9|  »  |12°7|pur.  |  1|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |13    |7h M   |634.7|  »  |6°  |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |636  |  »  |    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Tazenakht |  »   |2h52   |639.3| 1410|    |      |   |             |
  |à Tamnougalt.|      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h41   |636.4| 1455|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h05   |631  | 1538|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h35   |628  | 1586|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h03   |635.3| 1484|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h30   |630.4| 1556|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h18   |630.7| 1552|    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |14    |2h02 M |622.8| 1696|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h48   |610.6| 1872|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h38   |622  | 1725|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h43   |621  | 1738|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h20   |660.8| 1208|    |      |   |Tesaouant.   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |     |  »  |    |pur.  |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h S   |661  |  »  |16°7|très  |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |15    |7h M   |660.4|  »  |    |pur.  |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h10   |661.3|  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h07m M|663.2| 1169|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h38  |670.3| 1080|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h10 S|671.5| 1068|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h01   |673  | 1055|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h     |673.9| 1043|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Tamnougalt   |  »   |2h40   |671.8| 1079|    |      |   |             |
  |(1er étage). |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |671.6|  »  |19°2|très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |16    |7h M   |671.6|  »  |12°3|pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h S   |670.8|  »  |18°7|pur.  |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |17    |1h S   |670  |  »  |22°5|assez |  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |670.3|  »  |17°5|assez |  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |18    |10h M  |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h S   |672  |  »  |19° |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |19    |6h M   |673  |  »  |10° |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |672.8|  »  |27° |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |672.3|  »  |23° |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |20    |7h M   |675  |  »  |13° |assez |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Tamnougalt|  »   |1h57 S |675.5| 1050|    |      |   |             |
  |au Todra.    |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h25   |677.2| 1023|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h48   |675.7| 1041|    |pur.  |  0|Tirremt Ali d|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Aït El Hasen.|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |21    |5h15 M |675.7|  »  |    |pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h35   |677.6| 1019|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h53   |670.3| 1130|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h08   |668  | 1174|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h55   |621  | 1794|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h40  |618  | 1835|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h20  |605.5| 2002|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h06 S|608  | 1974|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h30  |609.4| 1946|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h     |603  | 2045|    |assez |  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h40   |597  | 2137|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h07   |592.4| 2179|    |      |   |Gîte.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |  »  |    |nébul.| 10|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h     |     |  »  |    |assez |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |22    |6h M   |591.5|  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h15   |592.1|  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h18   |584.3| 2280|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h13  |620  | 1786|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h24  |617.5| 1814|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h31  |621  | 1772|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h52  |618  | 1814|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h    |620  | 1786|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h09  |618.5| 1800|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h31  |627  | 1690|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h04 S|620.5| 1772|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h17  |624.4| 1731|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h15   |618.9| 1800|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h33   |621.2| 1772|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h58   |619.1| 1798|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h06   |627.4| 1677|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h31   |632  | 1623|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h47   |632  | 1623|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h47   |636.7| 1532|    |très  |  0|Timichcha.   |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |23    |6h M   |638.4|  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h30   |635.3| 1558|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h57  |632.5| 1616|    |      |   |Tiilit.      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |assez |  4|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |  »  |    |assez | 10|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |24    |nuit   |     |  »  |5°4 |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |Min.|      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h M   |629.7|  »  |7°  |assez |  4|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h33m M|629.9|  »  |    |      |   |Tiilit.      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h40   |629  | 1630|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h20 S|624.9| 1685|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h25  |623.6| 1693|    |pur.  |  0|Aït Iidir.   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |  »  |    |pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |25    |4h50 M |624.6|  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h58   |620.2| 1750|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h26   |625.7| 1680|    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h56   |632  | 1612|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h35   |634.3| 1581|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h20  |637.8| 1526|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h05  |638.4| 1517|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h30 S|638  | 1522|    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h07   |641  | 1483|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h53   |643.6| 1476|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Todra        |  »   |4h28   |641  | 1466|    |très  |  0|             |
  |(Taourirt;   |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |1er étage).  |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |26    |toute  |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |la     |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |journée|     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |27    |toute  |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |la     |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |journée|     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |28    |6h M   |648.3|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |pur.  |  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h20   |644.3|  »  |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Du Todra au  |  »   |6h47   |652.8| 1427|    |pur.  |  4|Tadafals.    |
  |Tiallalin.   |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |29    |6h15 M |652.2|  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h40   |654.3| 1389|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h22   |655.8| 1375|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h     |657.3| 1349|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h15  |663.6| 1271|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h27 S |665.7| 1239|    |très  |  0|Asrir.       |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |30    |6h M   |669  |  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h55   |669.3|  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h59   |669.8| 1226|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h53  |668  | 1252|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h37 S |667.9| 1249|    |très  |  0|Gelmima.     |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |1 Mai |4h10 M |670  |  »  |    |pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h19   |670.7| 1236|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h57   |671.7| 1222|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h08   |672  | 1219|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h55   |670.7| 1236|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h35   |663  | 1339|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h25   |667  | 1288|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h50  |669.7| 1249|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h23  |670.8| 1236|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h16 S|670.6| 1238|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h30   |665  | 1314|    |pur.  |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h21   |667  | 1288|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h58   |666.9| 1265|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h20   |666.8| 1260|    |      |   |Qçar es Souq.|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |  »  |    |légèrt| 10|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |2     |6h45 M |669.6|  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h33   |670  | 1255|    |      |   |Pluie fine de|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |6h à 7h M.   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h33   |668.8| 1273|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h05  |642  | 1629|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h45 S |660.5| 1377|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h20   |657.4| 1416|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Tiallalin    |  »   |5h05   |653.8| 1469|    |assez |  4|             |
  |(Qçîba el    |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |Ihoud).      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |3     |toute  |     |  »  |    |      | 10|Pluie        |
  |             |      |la     |     |     |    |      |   |violente.    |
  |             |      |journée|     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |4     |toute  |     |  »  |    |      | 10|Pluie        |
  |             |      |la nuit|     |     |    |      |   |violente.    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |jusqu’à|     |  »  |    |      | 10|Pluie        |
  |             |      |4h S   |     |     |    |      |   |violente ;   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |elle s’arrête|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |à 4h.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h S   |     |  »  |    |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |  »  |    |assez |  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |5     |5h30m M|650.3|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Du Tiallalin |  »   |9h20   |650.4| 1468|    |      |   |             |
  |à Qçâbi ech  |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Cheurfa.     |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h12  |645  | 1544|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h15 S |635  | 1694|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h36   |628.8| 1762|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h55   |632.2| 1707|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h30   |630.5| 1735|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h10   |628  | 1775|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h40   |625.5| 1801|    |très  |  0|Nezala.      |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |6     |4h30 M |627  |  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h15   |622.1| 1870|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h28   |607.6| 2067|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h47   |603.8| 2125|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h08   |608.5| 2053|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h15   |600  | 2182|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h45   |617  | 1940|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h40  |630.5| 1740|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h02 S|644.8| 1542|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h06  |647  | 1515|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h50  |652.6| 1423|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h37   |659.6| 1435|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h38   |663.5| 1260|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h47   |667.6| 1208|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Qçâbi ech    |  »   |4h     |667.8| 1211|    |      |   |             |
  |Cheurfa      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |(Qaçba el    |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Makhzen).    |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |7     |7h M   |671  |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |669.7|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |669.5|  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |8     |5h M   |672  |  »  |    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h50   |672  |  »  |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Qçâbi ech |  »   |6h05   |672.7| 1199|    |      |   |             |
  |Cheurfa à    |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Debdou.      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h49   |671.7| 1211|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h21   |675  | 1186|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h22   |675.4| 1181|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h05  |677.5| 1134|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h15 S|672.5| 1199|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h57  |674.4| 1173|    |pur.  |  3|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h57   |674.7| 1169|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h04   |679.5| 1109|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h33   |679.1| 1114|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h38   |681.1| 1089|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h55   |679.7| 1106|    |assez |  9|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h25   |683  | 1070|    |      |   |Misour (Bou  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Kenzt).      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Quelques     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |gouttes de   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pluie entre  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |5h 1/2 et 6h |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |S.           |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |9     |4h55 M |683  |  »  |    |      |   |Même lieu.   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h17   |684  | 1058|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h45   |684  | 1058|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h17   |685.9| 1033|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h30  |688  | 1008|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h15  |689  |  995|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h03 S|690  |  982|    |très  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h16  |688.7|  995|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h40  |688.2| 1001|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h40   |686.5| 1010|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h10m S|687.4|  989|    |très  |  0|Outat Oulad  |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |el Hadj (El  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Mellah).     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |10    |7h M   |689  |  »  |    |très  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |pur.  |  3|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |  »  |    |assez |  8|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h     |     |  »  |    |pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |11    |6h M   |687.2|  »  |    |pur.  |  0|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |pur.  |  4|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |  »  |    |pur.  |  5|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |12    |3h58 M |686  |  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h48   |689.7|  938|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h33   |692.3|  901|    |pur.  |  0|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h54   |693.8|  888|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h15   |689.8|  939|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h25   |689.2|  947|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h37   |689.2|  947|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h25  |683  | 1026|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h22 S|682.3| 1035|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h12   |683.4| 1021|    |pur.  |  4|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h08   |684.8| 1001|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h04   |688  |  963|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h05   |698  |  838|    |assez | 10|Gîte.        |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |13    |4h55 M |693  |  878|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h45   |690.6|  903|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h02   |678  | 1067|    |nébul.|  4|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h45  |644.7| 1499|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |12h S  |640  | 1566|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h25   |648  | 1459|    |nébul.| 10|Une pluie    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |fine tombe   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |depuis midi. |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h05   |633.5| 1648|    |      |   |De midi à    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |3h30 S, pluie|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |fine avec    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |courtes      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |interrup.    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h15   |679.7| 1049|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h20   |678  | 1069|    |nébul.| 10|Oulad Ben el |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Houl.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |14    |6h12 M |678  |  »  |    |      |   |Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h50   |677  | 1080|    |nébul.|  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |8h30   |637  | 1608|    |      |   |Pluie légère |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |de 8h à 9h M.|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h28   |670.3| 1157|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Debdou (rez- |  »   |10h    |674.7| 1134|    |      |   |             |
  |de-chaussée).|      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |nébul.|  8|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |  »  |    |assez |  5|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |15    |7h M   |674.3|  »  |    |nébul.| 10|Température  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |de la source |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |principale de|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Debdou :     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |13°5.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |      | 10|La pluie     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |commence à 8h|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |M et dure    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |toute la     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |journée.     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |      | 10|La pluie     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |continue     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |toute la     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |soirée.      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |16    |7h M   |672.3|  »  |    |nébul.| 10|Pluie.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |      | 10|Depuis le    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |matin, il    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |tombe de     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |fréquentes   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |averses.     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |      | 10|La pluie     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |continue     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |toute la     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |journée avec |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |des interrup.|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |17    |7h M   |     |  »  |    |nébul.| 10|Quelques     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |gouttes de   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pluie.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |nébul.|  8|Une ou deux  |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |courtes      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |averses      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pendant la   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |matinée.     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |     |  »  |    |nébul.|  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |18    |7h30 M |670.9|  »  |    |assez |  4|             |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |De Debdou à  |  »   |8h33   |681.2|  994|    |      |   |             |
  |Oudjda.      |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h02  |692.5|  895|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h08  |693.9|  842|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h03 S |700.4|  755|    |pur.  |  2|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h10   |705  |  707|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h33m S|703.5|  719|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h51   |710  |  645|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |4h50   |720  |  524|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h31   |721.8|  500|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h50   |721  |  512|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h55   |724  |  476|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h03   |723  |  495|    |assez |  3|Taourirt.    |
  |             |      |       |     |     |    |pur.  |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |19    |5h M   |724.3|  »  |    |assez | 10|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |nébul.|   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h     |720.8|  515|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h15 S |723.2|  464|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h30   |719  |  525|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h05   |706  |  683|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h51   |703  |  720|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h22   |704  |  708|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h26   |702  |  732|    |nébul.| 10|Gîte.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |20    |5h15 M |701.3|  »  |    |      |   |Id. De 6h S à|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |5h M pluie   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |fine.        |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h10   |699.9|  745|    |nébul.| 10|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h40   |692.2|  832|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h13  |703.7|  696|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h32  |698  |  744|    |      |   |Qaçba el     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |Aïoun.       |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |     |  »  |    |nébul.| 10|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |5h     |     |  »  |    |nébul.| 10|Id.          |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |21    |nuit   |     |  »  |    |      |   |Même lieu. Il|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |a plu à      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |torrents     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |durant toute |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |la nuit,     |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |depuis 6h S. |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |6h M   |695  |  »  |    |      |   |Même lieu. Il|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pleut avec   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |violence.    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h S   |696  |  »  |    |      |   |Même lieu. Il|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pleut avec   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |force depuis |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |le matin.    |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h     |697  |  »  |    |nébul.| 10|Même lieu. La|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |pluie a cessé|
  |             |      |       |     |     |    |      |   |à 6h S.      |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |22    |6h27 M |700.9|  »  |    |      |   |Même lieu.   |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |7h33   |702.2|  729|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |9h25   |697  |  794|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |10h15  |697  |  794|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |11h30  |697  |  794|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h07 S |693.4|  831|    |nébul.|  6|             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |1h38   |700  |  756|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h42   |703  |  719|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |2h52   |701.3|  732|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |      »      |  »   |3h10   |699.8|  759|    |      |   |             |
  |             |      |       |     |     |    |      |   |             |
  |Oudjda.      |  »   |4h21   |706  |  683|    |nébul.| 10|             |
  +-------------+------+-------+-----+-----+----+------+---+-------------+


[Note 129 : Les altitudes ont été calculées par M. Raymond, à
qui je dois de vifs remerciements pour ce travail. Voici, sur la
manière dont il a procédé, les éléments qui lui ont servi et
l’approximation obtenue, une note qu’il a composée.

« Pour la détermination des altitudes, on a fait usage d’un petit
baromètre anéroïde construit avec soin et compensé des variations
de la température. Cet instrument a été considéré comme exact au
départ, mais il est résulté de comparaisons faites par le voyageur,
avec deux autres baromètres, que vers le milieu d’août 1883 il
a éprouvé un dérangement qui lui a fait marquer 2mm en plus ;
cette erreur instrumentale s’est conservée jusqu’à la fin du
voyage. On a tenu compte de cette correction, ainsi que de celle due
à l’oscillation diurne du baromètre, que l’on a supposée être
de 2mm, dans les régions explorées.

« Les calculs des altitudes ont été faits en employant la formule
de Laplace et en négligeant les décimales peu importantes.

« La détermination de la pression au niveau de la mer, à chacune
des observations, a constitué une des difficultés principales pour
l’exactitude des calculs. Pour avoir les hauteurs du baromètre au
niveau de la mer, on a fait usage des observations relatées dans le
Bulletin météorologique du gouvernement de l’Algérie et dans le
Bulletin météorologique international.

« Tant que le voyageur a été dans le voisinage des côtes, les
données des Bulletins ont pu être utilisées avec profit, mais
dans l’intérieur du Maroc la tâche a été plus difficile et les
valeurs obtenues pour certains jours se sont peut-être éloignées de
la vérité de plusieurs millimètres. Du reste, quelques altitudes
ont pu être vérifiées et, dans les localités où le voyageur
a passé plusieurs fois, on a pris des moyennes qui, dans certains
cas, ont servi à corriger les hauteurs des points voisins qui ont
paru défectueuses.

« Nous ferons aussi remarquer que, pendant le cours de ce voyage, la
pression au niveau de la mer a presque toujours été bien au-dessus
de 762mm, nombre admis pour la hauteur barométrique de ce pays au
niveau de la mer.

« Nous pensons que les erreurs principales proviendront de la
difficulté de se rendre compte de la pression atmosphérique au
niveau de la mer, et de la correction (_a_/1.000)2 (_t_ + _t′_)
de la formule de Laplace, qui a été laissée le plus souvent à
l’appréciation du calculateur, la température n’ayant pu être
notée aussi souvent que les hauteurs barométriques. »

Les observations de température ont été faites avec des
thermomètres fronde et des thermomètres à minima construits par
M. Tonnelot.]




                                  NOTE
   SUR LES MATÉRIAUX QUI ONT SERVI A DRESSER L’ITINÉRAIRE DU VOYAGE.


Les matériaux qui ont servi à tracer l’itinéraire de mon voyage
sont :

1o Les positions de Tanger, d’Agadir Iṛir et de Mogador, données
par les cartes marines ; la position d’El Qçar, déterminée
astronomiquement par MM. François et de La Porte ; la position de
Fâs, déterminée astronomiquement par Ali Bey et vérifiée par
MM. François et de La Porte ; la position d’Oudjda, fournie par
la carte de l’Algérie dressée en France, en 1876, au Dépôt de
la Guerre ; la longitude de Tétouan, donnée par Tofiña.

2o Les points dont j’ai moi-même déterminé astronomiquement les
positions, savoir :

En latitude et en longitude : Zaouïa Sidi Reḥal, Tagmout (Glaoua),
Tikirt, Tazenakht, Agadir Tisint, Tintazart, Afikourahen, Tamnougalt,
Taourirt (Todṛa), Gelmima, Qcîra el Ihoud (Tiallalin), Qaçba el
Makhzen (Qçâbi ech Cheurfa). En latitude : Tétouan, Tâza, Mạder
Soulṭân, Ouṭat Oulad el Ḥadj. En longitude : Sfrou et Demnât.

3o Mon cheminement et mes tours d’horizon faits à la boussole. (Tout
mon itinéraire a été relevé à la boussole.)

Sur deux points, je suis en désaccord avec les observations faites
avant moi. Je n’admets ni la latitude de Tétouan proposée par
Tofiña, ni la position de Tâza donnée par Ali Bey.

J’adopte pour Tétouan la latitude fournie par mes observations
astronomiques, latitude qui concorde avec mon levé à la boussole
et avec ceux de M. Tissot.

Pour Tâza, la longitude déterminée astronomiquement par Ali
Bey place, selon moi, la ville trop à l’est ; elle la met à une
distance de Fâs qui me paraît exagérée et inadmissible. L’erreur
me sembla évidente dès mon arrivée à Tâza ; j’y pris
plusieurs angles horaires du soleil, dans l’espoir de la corriger ;
malheureusement, des arrêts du chronomètre rendirent ces observations
inutiles. De retour, la construction de mon itinéraire montra que
je ne m’étais pas trompé : Tâza d’Ali Bey était trop vers
l’est ; jamais, placée ainsi, je n’eusse pu y parvenir dans
le temps que je mis. En relisant Ali Bey, je vis que sa longitude
avait été observée dans des conditions peu favorables, le même
jour qu’une latitude où il reconnut dans la suite une erreur de
21′. En outre, l’erreur que je crois exister dans la longitude de
Tâza a été trouvée, égale et de même sens, dans celle d’Oudjda,
qu’Ali Bey détermina quelques jours plus tard. Je rejette donc cette
longitude et j’adopte provisoirement celle que fournit mon levé.

Ali Bey détermina aussi la latitude de Tâza. Il y fit, à peu de
distance, deux observations qui présentent un écart de 21′. Cette
différence jette des doutes sur leur exactitude. J’ai pris à
Tâza plusieurs hauteurs de l’étoile polaire ; les résultats
qu’elles ont fournis concordent entre eux et avec mon itinéraire
à la boussole. J’adopte comme latitude celle qui ressort de mes
observations astronomiques.

                               * * * * *




                                 INDEX
                         DES NOMS GÉOGRAPHIQUES
                                CONTENUS
                    DANS LE VOLUME ET DANS L’ATLAS.

                               * * * * *


                             A                                |
                                                              | Cartes.
                                                              |
  Aachoun. 278.                                               |
                                                              |
  Aban. 324.                                                  |
                                                              |
  Abernous. 288. 296.                                         |
                                                              |
  Achahod. 277.                                               |7. 8.
                                                              |
  Achakski. 326.                                              |
                                                              |
  Achil Sidi Bou Iaḥia. 274.                                  |15.
                                                              |
  Achlach.                                                    |14.
                                                              |
  Achoul Sidi Bou Iạqob. 359.                                 |
                                                              |
  Adaḥa. 278.                                                 |
                                                              |
  Aderbaz. 291.                                               |
                                                              |
  Aderdour (Ida ou Gemmed). 330. 332. 335. 402.               |
                                                              |
           (Ilalen).                                          |11. 12.
                                                              |
           (Imadiden). 329.                                   |
                                                              |
  Adis (kheneg). 143. 145. 147. 158. 310. 311.                |10.
                                                              |
       (qçar). 128. 143. 144. 145. 310. 311. 320. 338. 433.   |10.
                                                              |
  Admer. 243. 375. 376. 384.                                  |
                                                              |
  Adnan. 199. 200.                                            |10.
                                                              |
  Adouz (Aït Ououlouz). 330.                                  |
                                                              |
        (Houara).                                             |12.
                                                              |
        (Ouneïn). 335. 337. 402.                              |
                                                              |
  Adrar (oasis du Sahel méridional). 154. 156. 346.           |
                                                              |
  Adrar n Deren. 95. 96. 98. 323.                             |21.
                                                              |
        n Iri. 82. 83. 84.                                    |7. 21.
                                                              |
  Adreg. 108. 281. 284.                                       |8.
                                                              |
  Adres. 304.                                                 |
                                                              |
  Adṛeṛ. 326.                                                 |
                                                              |
  Afanour. 355.                                               |16.
                                                              |
  Afelilou. 376.                                              |
                                                              |
  Afella n Asif (Aït Ouaṛrda). 281.                           |
                                                              |
         n Asif Mezgîṭa). 287.                                |
                                                              |
         n Dra. 211. 280. 284. 287.                           |
                                                              |
         Ifri (désert). 277.                                  |
                                                              |
         Isli. 278. 402.                                      |
                                                              |
  Afikourahen. 120. 179. 180. 181. 185. 341. 411. 412. 415.   |11. 12.
  437. 438. 439. 450.                                         |21.
                                                              |
  Afra (Ilalen). 180. 340.                                    |11. 12.
                                                              |
       (Mezgîṭa). 211.                                        |
                                                              |
       (Tatta). 144. 145. 309. 310. 311. 338.                 |
                                                              |
       Fouqania. 144. 309.                                    |
                                                              |
       Oulad es Soulṭân. 291. 292.                            |
                                                              |
  Aftis.                                                      |17.
                                                              |
  Agadir n Abbou. 332.                                        |
                                                              |
         Afra. 309.                                           |
                                                              |
         Aït Ḥaseïn. 331.                                     |
                                                              |
         Aït Teççaout. 337.                                   |
                                                              |
         Aqqa Iṛen. 200.                                      |
                                                              |
         el Bour. 331.                                        |
                                                              |
         Djedid. 328.                                         |
                                                              |
         el Hena. 309.                                        |
                                                              |
         Iberqaqen Fouqani. 178. 314.                         |11.
                                                              |
         Iberqaqen Taḥtani. 314.                              |11.
                                                              |
         n Iblaz. 330. 334.                                   |
                                                              |
         Ida ou Ska.                                          |11.
                                                              |
         Iṛir. 22. 28. 99. 100. 120. 179. 184. 185. 293. 339. |12. 21.
  346. 401. 450.                                              |
                                                              |
         n Ousekti. 330.                                      |
                                                              |
         Ouzrou. 120. 151. 313.                               |10.
                                                              |
         er Remel. 331. 332.                                  |
                                                              |
         Sidi El Ḥoseïn. 342. 343.                            |
                                                              |
         Tisint. 117. 120. 121. 126. 127. 128. 134. 137. 158. |9. 21.
  159. 165. 171. 200. 201. 202. 203. 300. 306. 307. 310. 315. |
  316. 317. 318. 320. 343. 410. 411. 413. 415. 432. 436. 437. |
  443. 450.                                                   |
                                                              |
         Zagmouzen. 327.                                      |
                                                              |
  Agaouz (Ouad Tifnout). 322.                                 |
                                                              |
         (Qçar es Souq). 351.                                 |
                                                              |
  Agdal. 282.                                                 |
                                                              |
  Agdour (Aït Marlif). 279.                                   |
                                                              |
         (Ida ou Gemmed). 330.                                |
                                                              |
         Kik. 337.                                            |
                                                              |
  Agdz (Mezgîṭa). 212. 284. 285. 287. 288. 291. 403.          |
                                                              |
       (Seketâna). 329.                                       |
                                                              |
       Aït ou Asṛar. 322.                                     |
                                                              |
       Igouramen. 322.                                        |
                                                              |
  Agedal. 331. 402.                                           |
                                                              |
  Agellouz. 310.                                              |
                                                              |
  Agelmim. 282.                                               |9.
                                                              |
  Agendi. 325.                                                |
                                                              |
  Agenf. 300. 304.                                            |
                                                              |
  Agerd (Aït Ououlouz). 330.                                  |
                                                              |
        (Tamanart). 316. 317. 403.                            |
                                                              |
        (zaouïa). 275.                                        |
                                                              |
        Aït Zaïneb. 273.                                      |
                                                              |
        n Oudrer. 326.                                        |
                                                              |
        n Ougadir. 321. 322. 323.                             |
                                                              |
        n Oulili. 306.                                        |
                                                              |
        Oumerri. 273.                                         |
                                                              |
        n Ouzrou. 260. 261. 267.                              |
                                                              |
        n Zarar. 325.                                         |
                                                              |
  Agergour. 337.                                              |
                                                              |
  Agersaf. 335.                                               |
                                                              |
  Agersif. 368. 369. 372. 376. 379. 385. 390. 391.            |
                                                              |
  Agerzaggen. 309. 310.                                       |
                                                              |
  Agilan. 277.                                                |
                                                              |
  Aginan (district). 305. 306. 320.                           |
                                                              |
         (Aït Zaïneb).                                        |8.
                                                              |
  Agjgal. 311. 320.                                           |
                                                              |
  Aglagal (Ouad Aoullous). 326. 336.                          |
                                                              |
          (Tatta). 311.                                       |
                                                              |
  Aglou. 344. 345.                                            |
                                                              |
  Agmour. 304.                                                |
                                                              |
  Agna.                                                       |11.
                                                              |
  Agni (Fezouata). 293.                                       |
                                                              |
       (Id ou Illoun). 326.                                   |
                                                              |
       (Ouad Agni). 114. 115. 127. 199. 304.                  |9. 21.
                                                              |
       (col). 100. 114. 115. 116. 202. 282. 304.              |9. 21.
                                                              |
       n Fad. 333. 334.                                       |
                                                              |
  Agoubalou. 345.                                             |
                                                              |
  Agoudal. 329.                                               |
                                                              |
  Agouidir. 306. 309.                                         |
                                                              |
  Agoundis. 323. 338.                                         |
                                                              |
  Agouti. 275.                                                |
                                                              |
  Agred. 302.                                                 |
                                                              |
  Agroud. 301.                                                |
                                                              |
  Agrour. 292.                                                |
                                                              |
  Ahel Debdou. 249. 375.                                      |
                                                              |
       Ed Doula. 33.                                          |
                                                              |
       Ferkla. 356.                                           |
                                                              |
       Kechchacha v. Kechchacha.                              |
                                                              |
       El Mḥamid. 302. 304.                                   |
                                                              |
       el Ouad. 33.                                           |
                                                              |
       Ouad Iserki. 276.                                      |
                                                              |
       Rechida. 243. 375. 384. 385.                           |
                                                              |
       Refoula. 385.                                          |
                                                              |
       Sabeq. 62.                                             |6.
                                                              |
       Sous. 262.                                             |
                                                              |
       Ṭahar. 33.                                             |
                                                              |
       Tirnest. 384.                                          |
                                                              |
       Zerberrachi. 262.                                      |
                                                              |
  Ahouraïn. 261.                                              |
                                                              |
  Aḥansal. 260. 264. 267.                                     |
                                                              |
  Aḥouli. 366. 368. 382.                                      |
                                                              |
  Aïgou. 310.                                                 |
                                                              |
  Aïlkemt. 271.                                               |15.
                                                              |
  Aïnach. 295. 304.                                           |
                                                              |
  Aït Abbarioul. 364.                                         |
                                                              |
      Abbes. 76. 260. 265. 401.                               |
                                                              |
      Abbou (Ouad Dâdes). 271.                                |15.
                                                              |
            (Seketâna). 329.                                  |
                                                              |
      Aḥa. 350.                                               |17.
                                                              |
      Alla. 277.                                              |7.
                                                              |
      Allioun. 282.                                           |
                                                              |
      Anter. 120. 151. 312.                                   |10.
                                                              |
      Aqqo (Fezouata). 292.                                   |
                                                              |
      Aqqo ou Ạli. 211. 271.                                  |15.
                                                              |
      Atta (fraction des Berâber). 69. 221. 223. 224. 226.    |
  269. 286. 293. 297. 298. 352. 357. 358. 361. 362. 363. 364. |
                                                              |
      Atta (district de l’Ouad Dâdes). 268. 269.              |
                                                              |
      Atta d Amalou. 49. 68. 69. 71. 72. 259. 260. 266. 401.  |6. 21.
                                                              |
      Attou. 350.                                             |17.
                                                              |
      Azouafiḍ. 346.                                          |
                                                              |
      Ạbd Allah (tribu du Sahel). 345.                        |
                                                              |
                (Aït Messaṭ). 264. 265.                       |
                                                              |
                (Aït Seddrât). 211. 288.                      |8. 15.
                                                              |
                (Ilalen). 340. 341.                           |
                                                              |
                (Menâba).                                     |14.
                                                              |
                (Ouad Iriri). 279.                            |
                                                              |
                ou Mḥind. 334.                                |14.
                                                              |
                ou Mimoun. 290. 296.                          |
                                                              |
      Ạbd en Nour. 262.                                       |
                                                              |
      Ạbd el Ouali (fraction). 262.                           |6.
                                                              |
                   (village).                                 |6.
                                                              |
      Ạbd el Ouirt. 328.                                      |
                                                              |
      Ạbd es Selam. 262.                                      |
                                                              |
      Ạchcha. 355.                                            |
                                                              |
      Ạïach. 363. 377. 381. 382.                              |
                                                              |
      Ạïad. 49. 73. 74. 265. 401.                             |6.
                                                              |
      Ạïcht. 327. 329.                                        |
                                                              |
      Ạïssa (Aït Seddrât). 288.                               |
                                                              |
            (Aït Zaïneb). 277. 402.                           |8.
                                                              |
            (Menâba). 331. 332.                               |
                                                              |
            (Ouad Aït Messaṭ). 260.                           |
                                                              |
            (Ouad El Qabia). 301.                             |
                                                              |
            (Tiouant). 378.                                   |
                                                              |
            Bou Ḥamar. 363. 364. 365.                         |
                                                              |
            ou Ạli. 365.                                      |
                                                              |
            ou Brahim (fraction des Aït Atta). 292. 295. 363. |
                                                              |
            ou Brahim (qçar). 295.                            |
                                                              |
      Ạla. 261.                                               |
                                                              |
      Ạli (Aït b Ougemmez). 260.                              |
                                                              |
          (Ilalen). 340. 341.                                 |
                                                              |
          (qaçba). 287.                                       |8.
                                                              |
          Bou Mariem. 384.                                    |
                                                              |
          ou Brahim. 363.                                     |
                                                              |
          ou Ḥaseïn. 289.                                     |
                                                              |
          ou Iaḥia. 270.                                      |15.
                                                              |
          ou Ious. 282. 403.                                  |
                                                              |
          ou Iqqo. 347. 348.                                  |
                                                              |
          ou Selîman. 263.                                    |
                                                              |
      Ạlou ou Brahim. 262.                                    |
                                                              |
             El Ḥasen. 262.                                   |
                                                              |
      Ạlouan. 201. 295. 297. 298. 363.                        |
                                                              |
      Ạmer (confédération). 91. 106. 111. 114. 280. 282. 303. |8. 9. 21.
  319. 403.                                                   |
                                                              |
           (tribu). 106.                                      |
                                                              |
           (fraction des Aït Ḥediddou). 363.                  |
                                                              |
           (fraction des Ḥaḥa). 339.                          |13.
                                                              |
           (qçar des Aït Ḥediddou). 347. 348.                 |
                                                              |
           (Tiallalin). 350.                                  |17.
                                                              |
           ou Mançour. 363.                                   |
                                                              |
      Ạouda. 349.                                             |
                                                              |
      Ạrbi. 289.                                              |
                                                              |
      Ạrbi (qaçba). 288.                                      |
                                                              |
      Ạriṭan. 355.                                            |
                                                              |
      Ạsem. 356.                                              |
                                                              |
      Ạtab. 49. 73. 74. 75. 90. 230. 260. 264. 265. 267. 401. |6. 21.
                                                              |
      b ou Iknifen. 267. 293. 294. 358. 362. 363. 364.        |
                                                              |
      b Ougemmez. 76. 260. 261. 264. 401.                     |
                                                              |
      b Oulman (fraction des Aït ou Allal). 363.              |
                                                              |
               (Aït Zaïneb). 277.                             |8.
                                                              |
               (Dâdes). 270.                                  |15.
                                                              |
               (Todṛa). 355.                                  |16.
                                                              |
      b Oumal. 270. 271.                                      |15.
                                                              |
      b Ououlli. 76. 77. 260. 265. 267. 401.                  |
                                                              |
      Ba Ḥaman. 154.                                          |
                                                              |
      Baddou. 85. 86. 278. 402. 429.                          |7.
                                                              |
      Baḥa. 355.                                              |
                                                              |
      Baḥa ou Bihi.                                           |12.
                                                              |
      Bakhous. 272.                                           |
                                                              |
      Baroukh. 378.                                           |
                                                              |
      Barra. 355.                                             |
                                                              |
      Bazmad. 334.                                            |
                                                              |
      Bella. 346.                                             |
                                                              |
      Ben Ạli. 377.                                           |
                                                              |
          Mançour. 336.                                       |
                                                              |
          Nacer (Ferkla). 356.                                |
                                                              |
          Nacer (Tatta). 310.                                 |
                                                              |
          Ouedfel. 384.                                       |
                                                              |
          Sạïd. 273.                                          |
                                                              |
      Bihi. 261.                                              |
                                                              |
      Blal. 238. 369. 379.                                    |18.
                                                              |
      Bou Allal. 270.                                         |15.
                                                              |
          Ạchra. 317. 345.                                    |
                                                              |
          Ạmran (tribu). 342. 344. 345.                       |
                                                              |
          Ạmran (zaouïa). 216. 270.                           |15. 21.
                                                              |
          Ạmran (zaouïa). 270.                                |15.
                                                              |
          Bekr (Aït Semmeg). 335. 336.                        |
                                                              |
          Bekr (Aït Seri). 262.                               |
                                                              |
          Bekr (Dâdes. Aït Ḥammou). 270.                      |15.
                                                              |
          Bekr (Dâdes. Arbạ Mia). 271.                        |15.
                                                              |
          Bekr (Dâdes. Arbạ Mia). 271.                        |15.
                                                              |
          Bekr (zaouïa). 270.                                 |15.
                                                              |
          Daoud (fraction des Aït Atta). 267. 295. 361. 363.  |
  364.                                                        |
                                                              |
          Daoud (Ilalen).                                     |11.
                                                              |
          Daoud (Tazarin). 364.                               |
                                                              |
          Delal. 268. 269. 274.                               |
                                                              |
          Feḍaïl. 120. 151. 312.                              |10.
                                                              |
          Hioualat. 346.                                      |
                                                              |
          Ḥarazen. 76. 265. 401.                              |
                                                              |
          Ḥeddou. 270.                                        |15.
                                                              |
          Iaḥia (tribu). 167. 305. 306. 320.                  |9. 21.
                                                              |
          Iaḥia (Todṛa). 355.                                 |16.
                                                              |
          Iạzza. 334.                                         |
                                                              |
          Iousef. 270.                                        |15.
                                                              |
          Izzem. 359.                                         |
                                                              |
          el Khial. 348.                                      |
                                                              |
          Khtir. 279.                                         |
                                                              |
          Mariem. 384.                                        |
                                                              |
          Mesḥaoul. 273.                                      |
                                                              |
          Mḥind. 94. 278.                                     |8.
                                                              |
          Ouchchaouen. 379. 384.                              |
                                                              |
          Oujjan. 355.                                        |
                                                              |
          Oussaouen. 384.                                     |
                                                              |
          Ouzellif. 347. 348.                                 |
                                                              |
          Taḥammart. 389.                                     |
                                                              |
          Zid. 49. 69. 71. 72. 73. 74. 90. 260. 427.          |6. 21.
                                                              |
      Boudder. 154.                                           |
                                                              |
      Bouhou. 317. 345.                                       |
                                                              |
      Brahim (tribu du Sahel). 345.                           |
                                                              |
             (fraction des Aït Ḥediddou). 363.                |
                                                              |
             (fraction des Qeṭạïa). 261.                      |
                                                              |
             (Aït b Ououlli). 401.                            |
                                                              |
             (Aït Melṛad). 359.                               |
                                                              |
             (Imiṭeṛ). 358.                                   |15.
                                                              |
             (Semgat). 359.                                   |
                                                              |
             (Tiallalin). 350.                                |17.
                                                              |
      Çaïb ou Ọtman. 355.                                     |
                                                              |
      Çaleḥ (subdivis. des Beni Zemmour). 261.                |
                                                              |
            (Tiallalin). 349. 350. 351. 352. 353. 354. 365.   |17.
  368. 369. 370. 371. 373. 374. 377. 378.                     |
                                                              |
            (Todṛa). 355.                                     |
                                                              |
      Cheggout. 346.                                          |
                                                              |
      Chergouout. 346.                                        |
                                                              |
      Chiama.                                                 |14.
                                                              |
      Daoud (Aït Ạbd el Ouali). 262.                          |
                                                              |
            (Aït Ouirra). 262.                                |
                                                              |
            (Imeṛrân). 274.                                   |
                                                              |
            ou Ạzzi. 358.                                     |
                                                              |
            ou Bou Ḥïa. 263.                                  |
                                                              |
            ou Iousef. 263.                                   |
                                                              |
      Delḥa. 329.                                             |
                                                              |
      Djamạ. 334.                                             |
                                                              |
      Djellal. 120. 151. 312.                                 |10.
                                                              |
      Djemel. 346.                                            |
                                                              |
      Ersal. 283.                                             |
                                                              |
      El Feqih. 349.                                          |
                                                              |
      Fers. 277.                                              |7. 8.
                                                              |
      El Fersi. 363.                                          |
                                                              |
      Genad. 355.                                             |
                                                              |
      Gendou. 273.                                            |
                                                              |
      Gennoun. 364.                                           |
                                                              |
      Hani. 358.                                              |
                                                              |
      Haroun (Dâdes). 270. 271.                               |15.
                                                              |
             Isaffen. 314.                                    |11.
                                                              |
      Ḥachchou. 223. 363.                                     |
                                                              |
      el Ḥadj El Ḥasen. 290.                                  |
                                                              |
      el Ḥadj Sạïd. 348.                                      |
                                                              |
      Ḥaḥou. 350.                                             |17.
                                                              |
      Ḥamed (Aït Bella). 346.                                 |
                                                              |
            (Dâdes). 270.                                     |15.
                                                              |
            (Ida ou Blal). 154.                               |
                                                              |
            (Ouad Imgoun). 275.                               |
                                                              |
            (Ounzin). 306.                                    |
                                                              |
            ben Ạmara.                                        |12.
                                                              |
            ou Selîman. 377. 378.                             |
                                                              |
      Ḥamid. 338.                                             |
                                                              |
      Ḥammi (Aït Seri). 262.                                  |
                                                              |
            (Todṛa). 355.                                     |16.
                                                              |
      Ḥammou (Dâdes). 269. 270.                               |15.
                                                              |
             (Oulad Iaḥia du Dra). 206. 207. 284. 285. 304.   |
                                                              |
             (Tiouant). 378.                                  |
                                                              |
             Bel Ḥasen. 384.                                  |
                                                              |
             el Ḥadj. 348.                                    |
                                                              |
             ou Ạli (Imeṛrân). 276.                           |
                                                              |
             ou Ạli (Telouet). 278. 402.                      |
                                                              |
             ou Fekou. 273.                                   |
                                                              |
             ou Iaḥia. 275.                                   |
                                                              |
             ou Mançour. 263.                                 |
                                                              |
             ou Sạïd (Aït Seddrât). 288. 289.                 |8.
                                                              |
             ou Sạïd (Aït Seri). 263.                         |
                                                              |
             ou Sạïd (Ouad Nezala). 232.                      |17.
                                                              |
      Ḥarkat. 47.                                             |
                                                              |
      Ḥarṭ. 360.                                              |
                                                              |
      Ḥarz Allah. 154.                                        |
                                                              |
      El Ḥaseïn (Aït Djemel). 346.                            |
                                                              |
      Ḥaseïn (Aït Tseṛrouchen). 384.                          |
                                                              |
      El Ḥaseïn (Ida ou Blal). 154.                           |
                                                              |
                (Dâdes). 270.                                 |15.
                                                              |
      El Ḥasen (Aït Djemel). 346.                             |
                                                              |
               (Aït Iaḥia). 271.                              |
                                                              |
               (Aït Seri). 262.                               |
                                                              |
               ou Ạli. 355.                                   |16.
                                                              |
      Ḥasen ou Daoud.                                         |8. 15.
                                                              |
      el Ḥazen. 196. 338.                                     |10. 14.
                                                              |21.
                                                              |
      Ḥebibi. 262.                                            |6.
                                                              |
      Ḥeddou (Assaka). 277.                                   |7.
                                                              |
             (Ouad Beni Mesri). 365.                          |
                                                              |
             (Seketâna). 329.                                 |
                                                              |
             ou Bel Ḥasen. 384.                               |
                                                              |
      Ḥediddou (fraction des Aït Iafelman). 232. 347. 348.    |
  358. 363.                                                   |
                                                              |
               (district). 347. 353.                          |
                                                              |
      Ḥedin. 323.                                             |
                                                              |
      Ḥelli. 383.                                             |
                                                              |
      Ḥeqqou. 350.                                            |
                                                              |
      Ḥerbil (Id Brahim). 317. 345.                           |
                                                              |
             (Tamanaṛt). 316. 317.                            |
                                                              |
      Ḥoseïn. 128. 144. 309. 320.                             |
                                                              |
      Iafelman. 220. 276. 347. 349. 352. 353. 357. 362. 363.  |
  377. 381. 384.                                              |
                                                              |
      Iaḥi. 261.                                              |
                                                              |
      Iaḥia (tribu). 327. 328. 334. 337. 402.                 |
                                                              |
            (fraction des Aït Iafelman). 353. 363. 381.       |
                                                              |
            (Ouad Dâdes). 215. 216. 268. 269. 271. 272. 275.  |15. 21.
                                                              |
            (Tiallalin). 350.                                 |17.
                                                              |
            (Todṛa). 355. 358.                                |16.
                                                              |
            ou Ạïssa. 365.                                    |
                                                              |
               Ạli. 276.                                      |
                                                              |
               Khalifa (Tiallalin). 350.                      |17.
                                                              |
               Khalifa (Ziz). 348. 349.                       |
                                                              |
               Ọtman. 360.                                    |
                                                              |
      Iasin (Aït Bella). 346.                                 |
                                                              |
            (Tatta). 309. 310. 311. 320.                      |
                                                              |
      Iatin. 365.                                             |
                                                              |
      Iạïch. 259.                                             |
                                                              |
      Iạla. 355.                                              |16.
                                                              |
      Iạqob (Ouad Zaouïa Sidi Ḥamza). 353. 354.               |
                                                              |
            (Ṛeris). 360.                                     |
                                                              |
      Iạqoub (Aït Seri). 262.                                 |
                                                              |
      Iạzza (fraction des Aït Atta). 357. 362. 363.           |
                                                              |
            (fraction des Aït Ḥediddou). 363.                 |
                                                              |
      Ichcho. 262.                                            |
                                                              |
      Iferd. 325. 326.                                        |
                                                              |
      Igmad. 271.                                             |15.
                                                              |
      Iidir (fraction des Aït Seddrât). 289.                  |
                                                              |
            (Dâdes). 217. 218. 219. 265. 270. 275. 361. 362.  |15. 21.
  364. 446.                                                   |
                                                              |
      Iiggas. 194. 332. 333. 334.                             |14. 21.
                                                              |
      Ijja. 311.                                              |
                                                              |
      Ijjou. 355.                                             |
                                                              |
      Illoul. 317. 345.                                       |
                                                              |
      Ilougaïm. 341.                                          |
                                                              |
      Imejjat. 316. 317. 342. 345.                            |
                                                              |
      Imi. 99. 261. 277.                                      |21.
                                                              |
      Ioub (fraction des Aït Melṛad). 363.                    |
                                                              |
           (Menâba). 331. 334. 402.                           |
                                                              |
           (Semgat). 359.                                     |
                                                              |
      Ioud. 270.                                              |15.
                                                              |
      Ioudi. 262.                                             |
                                                              |
      Ioul. 271.                                              |15.
                                                              |
      Ious. 334.                                              |
                                                              |
      Iousef ou Talil. 280.                                   |
                                                              |
      Ioussa. 168.                                            |
                                                              |
      Ioussi (tribu). 10. 20. 21. 38. 39. 62. 101. 237. 265.  |18. 21.
  366. 367. 377. 378. 381. 382. 383. 387. 401.                |
                                                              |
             (monts). 39. 383.                                |4.
                                                              |
      Iqqo (Aït Seri). 262.                                   |
                                                              |
           (Isḥiḥen). 272.                                    |
                                                              |
      Irmaḍ d Imgoun. 275.                                    |
                                                              |
      Iṛmor (fraction des Aït Tameldou). 323.                 |
                                                              |
            (Ouad Aït Semgan). 283.                           |
                                                              |
            (Ouad Tifnout). 321. 326.                         |
                                                              |
      Isaffen. 313.                                           |
                                                              |
      Isfa ou Daoud. 351.                                     |17.
                                                              |
      Isfoul. 292. 358. 363.                                  |
                                                              |
      Isḥaq (fraction des Aït Seddrât). 289.                  |
                                                              |
            (Aït Messaṭ). 260. 264. 265.                      |
                                                              |
            (Aït Seri). 263.                                  |
                                                              |
            (qçar de l’Aït Seddrât). 388.                     |8. 15.
                                                              |
      Ismen. 355.                                             |
                                                              |
      Issoumour. 264. 266.                                    |
                                                              |
      Izdeg. 227. 228. 232. 236. 237. 241. 243. 347. 349. 350.|17.
  351. 353. 354. 363. 364. 366. 369. 373. 376. 381. 382. 385. |
                                                              |
      Jellal (tribu). 90. 132. 144. 156. 162. 170. 172. 193.  |10. 21.
  199. 308. 309. 311. 319. 338.                               |
                                                              |
             (El Qçâbi. Tatta). 331.                          |
                                                              |
      Jerrar. 345.                                            |
                                                              |
      Kasi ou Ạli. 270.                                       |15.
                                                              |
      Kedif. 280. 402.                                        |
                                                              |
      Kerkaït. 261.                                           |
                                                              |
      Ketto. 360.                                             |
                                                              |
      Kratikhsen. 363.                                        |
                                                              |
      Kharroub. 348.                                          |
                                                              |
      Khebbach. 363.                                          |
                                                              |
      Khebbas. 363.                                           |
                                                              |
      Kheddou. 292.                                           |
                                                              |
      Khelfoun. 288. 296.                                     |8. 15.
                                                              |
      Khelifa. 357. 363.                                      |
                                                              |
      Khelift. 265.                                           |
                                                              |
      Khouzoud. 283.                                          |
                                                              |
      Khozman (qçar). 230. 349. 350.                          |17.
                                                              |
              (mont).                                         |17.
                                                              |
      El Khrodj. 287.                                         |
                                                              |
      Leti. 323. 326. 402.                                    |
                                                              |
      Maḥa. 262.                                              |
                                                              |
      Mançour. 305. 306. 307.                                 |
                                                              |
      Maouas. 303.                                            |
                                                              |
      Marlif. 279. 280. 284. 326. 402.                        |
                                                              |
      El Maṭi. 49. 50. 56. 425.                               |5.
                                                              |
      Maziṛ. 264.                                             |
                                                              |
      Mazzen. 401.                                            |7.
                                                              |
      Meḥelli. 269. 289.                                      |
                                                              |
      Mejjat. 346.                                            |
                                                              |
      Mekraz. 283.                                            |
                                                              |
      Melekt. 288.                                            |8. 15.
                                                              |
      Melloul (Ouad Aït Tameldou). 324.                       |
                                                              |
              (Ouad Igemran). 325.                            |
                                                              |
      Melṛad (fraction des Aït Iafelman). 220. 223. 224. 226. |
  269. 276. 356. 357. 358. 358. 361. 363.                     |
                                                              |
             (district au-dessus du Semgat). 358.             |
                                                              |
             (district au-dessous du Semgat). 358. 359.       |
                                                              |
      Meraou. 275.                                            |
                                                              |
      Merras. 331.                                            |
                                                              |
      Merset. 270. 361.                                       |15.
                                                              |
      Meṛrar. 275.                                            |
                                                              |
      Mesạoud (Aït Bella). 346.                               |
                                                              |
              (Aït Seri). 262.                                |
                                                              |
              (Dâdes). 270.                                   |
                                                              |
              (Ouad Iounil). 277.                             |7.
                                                              |
              ou Ạli. 383.                                    |
                                                              |
      Mesri (fraction des Aït Melṛad). 363.                   |
                                                              |
            (Aït Tameldou). 324.                              |
                                                              |
            (Zenâga). 282. 283. 336. 403.                     |9.
                                                              |
      Messaṭ. 69. 76. 259. 260. 264. 265. 266. 267.           |6. 21.
                                                              |
      Mezal. 340. 341.                                        |11. 12.
                                                              |
      Mezber. 270.                                            |15.
                                                              |
      Mḥammed (Aït Melṛad). 363.                              |
                                                              |
              (fraction des Aït Seri).                        |6.
                                                              |
              (village des Aït Seri). 262. 263.               |6. 21.
                                                              |
              (Ida ou Blal). 154.                             |
                                                              |
      Mimoun.                                                 |14.
                                                              |
      El Miskin. 356.                                         |16.
                                                              |
      Moḥa ou Ạli. 351.                                       |
                                                              |
      Moḥammed (Aït Messaṭ). 264. 267.                        |
                                                              |
               (Imiṭeṛ). 358.                                 |15.
                                                              |
               (Ouad Beni Mesri). 365.                        |
                                                              |
               (Todṛa). 223. 355. 357. 358. 359.              |16.
                                                              |
               (zaouïa) v. Cheurfa.                           |
                                                              |
      Mouch. 360.                                             |
                                                              |
      Mouḥ ou Iaḥia. 360.                                     |
                                                              |
      Moulei Ḥamed. 221. 358.                                 |
                                                              |
             Moḥammed. 351.                                   |17.
                                                              |
      Mouloud. 48. 49. 425.                                   |5.
                                                              |
      Mousa. 261.                                             |
                                                              |
      Mousa el Ḥadj.                                          |14.
                                                              |
            ou Ạli (Aït Djemel). 346.                         |
                                                              |
            ou Ạli (district du Ziz). 348.                    |
                                                              |
            ou Daoud (Id Brahim). 317. 345.                   |
                                                              |
            ou Daoud (Ouad Imgoun). 274.                      |
                                                              |
      Mousi. 154.                                             |
                                                              |
      Mrabeṭ. 301.                                            |
                                                              |
      Msount. 323.                                            |
                                                              |
      Nbdaz. 279.                                             |
                                                              |
      Ọmar. 46. 48. 425.                                      |5.
                                                              |
      Ọtman (tribu). 327. 328. 329. 336. 402.                 |
                                                              |
            (Aït Zeri). 290. 303. 304.                        |
                                                              |
            (El Kheneg). 348. 349. 351. 354. 363. 365. 368.   |17. 21.
  369. 373. 374. 377. 378.                                    |
                                                              |
            ou Mousa. 376. 377. 403.                          |
                                                              |
      ou Addar. 271.                                          |15.
                                                              |
         Adrim. 341.                                          |
                                                              |
         Afella (tribu). 236. 237. 241. 366. 372. 373. 376.   |17. 18.
  381. 382.                                                   |
                                                              |
         Afella (qçar). 376. 382.                             |
                                                              |
         Aḥman (Adis). 143. 310.                              |10.
                                                              |
         Aḥman (Imeṛrân). 274.                                |
                                                              |
         Akeddir. 74. 75. 260. 400. 401. 427. 428.            |6.
                                                              |
         Alil. 350. 353. 354. 365. 368. 370. 371. 377.        |17.
                                                              |
         Allal (Aït Atta). 267. 363. 364.                     |
                                                              |
               (Dâdes). 269. 270.                             |15.
                                                              |
               (Ouad Msount). 323.                            |
                                                              |
         Allou. 353. 354.                                     |
                                                              |
         Alman. 327.                                          |
                                                              |
         Amoumen. 323.                                        |
                                                              |
         Ansera. 282.                                         |
                                                              |
         Aoudanous. 78.                                       |7.
                                                              |
         Ạzzou. 262.                                          |
                                                              |
         Ḥamidi. 106. 301.                                    |
                                                              |
         Iaḥian. 378.                                         |
                                                              |
         Innou. 350.                                          |
                                                              |
         Iran (Aït ou Mrîbeṭ). 152. 315.                      |
                                                              |
              (Tisint). 120. 121. 128. 315. 320.              |9.
                                                              |
         Isaden. 350.                                         |
                                                              |
         Mrîbeṭ. 91. 92. 135. 136. 150. 151. 152. 154. 167.   |10. 21.
  168. 172. 297. 298. 299. 313. 315. 316. 317. 320. 344.      |
                                                              |
         Zgiḍ. 279.                                           |
                                                              |
         Ez Zin. 270. 403.                                    |15.
                                                              |
      Ouadaï. 317. 345.                                       |
                                                              |
      Ouagrou. 313. 314.                                      |
                                                              |
      Ouaham. 260. 261. 267.                                  |
                                                              |
      Ouahi (Semgat). 359.                                    |
                                                              |
      Ouahou (Ouad Amzarou). 325.                             |
                                                              |
      Ouartasa. 325. 402.                                     |
                                                              |
      Ouaṛrda. 281. 282. 336.                                 |
                                                              |
      Ouasạou (désert). 332.                                  |
                                                              |
              (Ida ou Gemmed). 330.                           |
                                                              |
      Ouassou. 340.                                           |
                                                              |
      Ouazerf. 347.                                           |
                                                              |
      Oubial. 106. 282. 327. 328. 336. 402.                   |
                                                              |
      Oudinar. 289.                                           |
                                                              |
      Ouffi. 289.                                             |
                                                              |
      Ougoudid. 264.                                          |
                                                              |
      Ougrar. 263.                                            |
                                                              |
      Ougzi. 288. 289.                                        |
                                                              |
      Ouirra. 66. 262. 263.                                   |6. 21.
                                                              |
      Oujana. 154.                                            |
                                                              |
      Oujjin.                                                 |8. 15.
                                                              |
      Oulṛass. 341. 342.                                      |
                                                              |
      Oumaziṛ. 277.                                           |7.
                                                              |
      Oumbarek. 330. 331. 402.                                |
                                                              |
      Oumendil. 314. 315.                                     |
                                                              |
      Ounbegi. 153. 363.                                      |
                                                              |
      Ouniṛ (fraction des Aït Atta). 361. 363.                |
                                                              |
            (Dâdes). 269. 270.                                |15.
                                                              |
      Ououlouz. 330. 333. 334.                                |
                                                              |
      Ouriad. 260. 401.                                       |
                                                              |
      Ourjedal. 222. 355. 403.                                |16.
                                                              |
      Ouṛeld. 321.                                            |
                                                              |
      Ousaden. 262.                                           |
                                                              |
      Ousakki. 262.                                           |
                                                              |
      Ousal. 355.                                             |
                                                              |
      Oussiḥi. 296.                                           |
                                                              |
      Outfaou. 276.                                           |
                                                              |
      Ouzana. 355.                                            |
                                                              |
      Ouzanif. 106.                                           |
                                                              |
      Ouzaṛar. 325.                                           |
                                                              |
      Qaïd El Ạmer. 287.                                      |8. 15.
                                                              |
      El Qaṭi. 355.                                           |16.
                                                              |
      Qedni. 324.                                             |
                                                              |
      Qlạa. 275.                                              |
                                                              |
      Er Râmi. 271.                                           |15.
                                                              |
      Rebạ (Qtaoua). 294.                                     |
                                                              |
      Reḥou (Tinzoulin). 290.                                 |
                                                              |
      Er Riban. 359.                                          |
                                                              |
      Er Ridi. 271.                                           |15.
                                                              |
      Robạ (Glaoua). 83.                                      |7.
                                                              |
      Roḥou (Imadiden). 329.                                  |
                                                              |
      Roḥou (Seketâna proprement dits). 329.                  |
                                                              |
      Roubạ. 259. 262.                                        |
                                                              |
      El Ṛouadi. 66.                                          |
                                                              |
      Sakt (fraction des Aït Seddrât). 289.                   |
                                                              |
           (qçar de l’Aït Seddrât). 288.                      |
                                                              |
      Saoun (Ouad Dâdes). 269.                                |
                                                              |
            (près du Mezgîṭa). 284.                           |
                                                              |
      Sạd. 327.                                               |6.
                                                              |
      Sạïd (fraction des Aït Seri). 66. 263.                  |
                                                              |
           (Aït Tseṛrouchen). 384.                            |
                                                              |
           (Chtouka). 182.                                    |11. 12.
                                                              |21.
                                                              |
           (Tazarin). 364.                                    |
                                                              |
           (Ziz). 348.                                        |
                                                              |
           (village des Aït Seri). 60. 66. 426.               |6.
                                                              |
           ou El Ḥasen. 384.                                  |
                                                              |
           ou Ḥeddou. 348.                                    |
                                                              |
      Seddrât (tribu). 24. 90. 92. 136. 164. 165. 211. 213.   |8. 15.
  214. 215. 216. 269. 286. 289. 293.                          |21.
                                                              |
              (district du Dra). 22. 210. 214. 216. 285. 286. |8. 15.
  288. 289. 292. 403.                                         |21.
                                                              |
              (district de l’O. Dâdes). 268. 269.             |
                                                              |
      Segmounni. 355.                                         |15.
                                                              |
      Selîman (tribu). 106. 326.                              |
                                                              |
              (Dâdes). 270.                                   |
                                                              |
              (Ida ou Gemmed). 330.                           |
                                                              |
              (Semgat). 359.                                  |
                                                              |
      Semgan (district). 106. 283.                            |
                                                              |
             (qçar). 284. 285. 295.                           |
                                                              |
      Semmeg (tribu. Od Aït Semmeg). 140. 196. 319. 327. 328. |
  329. 334. 335.                                              |
                                                              |
             (tribu. Od el Amdad). 334. 335. 402.             |
                                                              |
      Senan. 355.                                             |
                                                              |
      Seri (tribu). 21. 49. 52. 59. 65. 66. 69. 259. 262. 263.|
  264. 363. 400.                                              |
                                                              |
           (village des Aït Ạtab).                            |6. 21.
                                                              |
      Sidi Ạbd en Nebi. 297. 298.                             |6.
                                                              |
           Ạïssa. 277.                                        |
                                                              |
           Ạli (Ṛeris). 360.                                  |
                                                              |
               (Tisint). 320.                                 |
                                                              |
               ou Brahim. 47.                                 |
                                                              |
               ou Ḥaseïn. 260.                                |
                                                              |
           Ạmer (Ṛeris). 360.                                 |
                                                              |
                (Ṛeris). 360.                                 |
                                                              |
           El Boṛdad. 270.                                    |
                                                              |
           El Houari. 356.                                    |15.
                                                              |
           El Ḥoseïn (Tatta). 128. 144. 309. 320.             |
                                                              |
                     (Zenâga). v. Sidi El Ḥoseïn.             |
                                                              |
           Mḥind. 320.                                        |
                                                              |
           Moḥammed ou Iousef. 359.                           |
                                                              |
           Mouloud (Dâdes). 271.                              |
                                                              |
                   (Mezgîṭa). 287.                            |
                                                              |
           Msạd. 364.                                         |
                                                              |
           ou Brahim. 355.                                    |
                                                              |
      Sin. 327. 328. 402.                                     |
                                                              |
      Sin d Aït Ọtman. 327.                                   |
                                                              |
      Skri. 321.                                              |
                                                              |
      Slillo. 270.                                            |15.
                                                              |
      Smaïn. 262.                                             |
                                                              |
      Tagdourt. 279.                                          |
                                                              |
      Tagella. 401.                                           |
                                                              |
      Taggant. 401.                                           |
                                                              |
      Tagmout. 312.                                           |
                                                              |
      Taltmanart. 270.                                        |15.
                                                              |
      Tameldou. 279. 321. 322. 323. 324. 325. 326. 327. 336.  |
  402.                                                        |
                                                              |
      Tamzout. 260.                                           |
                                                              |
      Tarat.                                                  |8. 15.
                                                              |
      Tasousekht. 175. 313. 314.                              |
                                                              |
      Tazarin. 271.                                           |15.
                                                              |
      Tedrarin. 346.                                          |
                                                              |
      Tedrart. 96. 282. 326. 336. 402.                        |
                                                              |
      Temouted. 269. 270.                                     |15.
                                                              |
      Tiferraḥin. 377.                                        |
                                                              |
      Tigdi Ouchchen. 105. 106. 281. 283. 303.                |8. 21.
                                                              |
      Tigga. 283.                                             |
                                                              |
      Tikkert. 349.                                           |
                                                              |
      Tizert. 313. 314.                                       |
                                                              |
      Tots.                                                   |6.
                                                              |
      Touaïa. 95. 106. 279. 280. 402.                         |8.
                                                              |
      Touf el Ạzz. 340. 341.                                  |11.
                                                              |
      Toufaout. 340. 341.                                     |
                                                              |
      Tougda. 325. 402.                                       |
                                                              |
      Toumert. 274.                                           |
                                                              |
      Tourast. 377.                                           |
                                                              |
      Tsegrouchen. v. Aït Tseṛrouchen.                        |
                                                              |
      Tseṛrouchen. 21. 369. 373. 377. 381. 382. 383. 384. 387.|17. 18.
  390.                                                        |21.
                                                              |
      Ṭaleb. 301. 304.                                        |
                                                              |
      Zaïa. 350.                                              |
                                                              |
      Zaïneb. 81. 92. 93. 95. 106. 107. 110. 176. 277. 278.   |7. 8. 21.
  279. 280. 327. 402.                                         |
                                                              |
      Zakri (Todṛa). 355.                                     |
                                                              |
      Zaneṭ. 273.                                             |
                                                              |
      Zebbour. 348.                                           |
                                                              |
      Zemroui. 223. 363.                                      |
                                                              |
      Zeri. 210. 285. 286. 288. 289. 290. 292. 303. 403.      |
                                                              |
      Zerrouq. 276.                                           |
                                                              |
      Zilal. 355.                                             |
                                                              |
      Zkri (Id Brahim). 317. 345.                             |
                                                              |
      Zouli (subdivision des Aït Seddrât). 269. 289.          |
                                                              |
            (Tatta). 311. 320.                                |
                                                              |
  Akboub. 270.                                                |
                                                              |
  Akchtim (Indaouzal). 334.                                   |
                                                              |
          (Ouad Tasoukt). 325.                                |
                                                              |
  Akebab. 265. 381.                                           |
                                                              |
  Akreïch. 337. 338.                                          |
                                                              |
  Akhellouf. 286. 290. 292. 296. 403.                         |
                                                              |
  Akherrou.                                                   |17.
                                                              |
  Akhmâs (tribu). 5. 6. 8. 9. 11.                             |1. 21.
                                                              |
  Akhmâs (mont). 9. 11.                                       |
                                                              |
  Akhsab. 369.                                                |18.
                                                              |
  El Akhsas. 345.                                             |
                                                              |
  Aldoun. 373.                                                |
                                                              |
  Alemta. 296.                                                |
                                                              |
  Alibou. 349.                                                |
                                                              |
  Alla. 337.                                                  |
                                                              |
  Allegou. 329.                                               |
                                                              |
  Almessa. 326.                                               |
                                                              |
  Almid. 279.                                                 |
                                                              |
  Almis. 374. 384.                                            |18.
                                                              |
  Alonzi. 260.                                                |
                                                              |
  Alougoum. 106. 301. 302. 304. 403.                          |
                                                              |
  Amadaṛ. 290. 296.                                           |
                                                              |
  Amaliz. 328.                                                |
                                                              |
  Amalou (Gers). 349.                                         |
                                                              |
         (Indaouzal). 334.                                    |
                                                              |
  Amami.                                                      |17.
                                                              |
  Amara. 106. 281.                                            |
                                                              |
  Amara (désert).                                             |8.
                                                              |
  Amari (Indaouzal). 334.                                     |
                                                              |
        (Rḥala). 331.                                         |
                                                              |
  Amasin (Aït Ouaṛrda). 281.                                  |
                                                              |
         (Ikhzama). 279. 326. 336. 402.                       |
                                                              |
  Amazzer (Ouad Mançour). 325.                                |
                                                              |
  Amazzer (Ouad El Qabia). 301.                               |
                                                              |
  Amdnar. 270.                                                |15.
                                                              |
  Amdzgin. 302. 304.                                          |
                                                              |
  Amellagou. 359.                                             |
                                                              |
  Amenrirka. 295.                                             |
                                                              |
  Amerdoul (Ouad Dâdes). 273.                                 |
                                                              |
           (Ouad Dra). 290.                                   |
                                                              |
           Aït Imi. 273.                                      |
                                                              |
  Amerli. 330. 402.                                           |
                                                              |
  Amerzeggan. 278.                                            |
                                                              |
  El Amgar. 262.                                              |
                                                              |
  Amhaouch (monts). 59. 66.                                   |6. 21.
                                                              |
  Ammeïn. 306. 328. 329. 338.                                 |
                                                              |
  Amougger. 359.                                              |
                                                              |
  Amsensa. 266.                                               |
                                                              |
  Amsmiz (tribu). 401.                                        |
                                                              |
         (village). 401.                                      |
                                                              |
  Amtoz. 360.                                                 |
                                                              |
  Amtrous. 358.                                               |
                                                              |
  Amzaourou (Ilalen). 340.                                    |11. 12.
                                                              |
            (Ouad Tizgi n Mousi). 324.                        |
                                                              |
            (Ouad Zagmouzen). 327.                            |
                                                              |
            (Todṛa). 355.                                     |16.
                                                              |
            (Zgiḍ). 301.                                      |
                                                              |
  Amzarko. 321. 402.                                          |
                                                              |
  Amzou (Houara). 191.                                        |12.
                                                              |
        (El Kheneg). 351.                                     |
                                                              |
        (Zgiḍ). 301.                                          |
                                                              |
  Amzoug (col). 99. 277.                                      |21.
                                                              |
         (village). 196. 443.                                 |14.
                                                              |
  Amzrou. 61. 292. 293. 403.                                  |
                                                              |
  Anagam. 296.                                                |
                                                              |
  Anamelloul. 311.                                            |
                                                              |
  Anamer (Ounzin). 306.                                       |
                                                              |
  Anammer (Ouad Zagmouzen). 327.                              |
                                                              |
  Anbed (plaine). 217. 219. 221. 358. 361.                    |15. 21.
                                                              |
  Anfergal. 353.                                              |
                                                              |
  Anfoug. 211.                                                |
                                                              |
  El Angab. 371. 385.                                         |
                                                              |
  Angad (plaine). 97. 253. 254. 256. 257. 368. 372. 379. 381. |20. 21.
  385. 388. 389. 390.                                         |
                                                              |
        (tribu). 253. 388.                                    |20. 21.
                                                              |
  Angalf. 283.                                                |9.
                                                              |
  Angelz. 277. 402.                                           |
                                                              |
  Anisi. 203. 306.                                            |9. 21.
                                                              |
  Ankhessa. 278.                                              |
                                                              |
  Anmid. 322.                                                 |
                                                              |
  Anmiṭer. 277.                                               |
                                                              |
  Anoual. 373. 384. 390.                                      |
                                                              |
  Anrouz. 325.                                                |
                                                              |
  Anṛemer. 89. 95. 96. 277. 278.                              |7.
                                                              |
  Anṛerif. 142. 311. 320.                                     |10.
                                                              |
  Ansegmir. 377.                                              |
                                                              |
  Ansekki. 279.                                               |
                                                              |
  Ansera. 281.                                                |
                                                              |
  Ansig. 303.                                                 |
                                                              |
  Anzi. 335.                                                  |
                                                              |
  Aoufelgach. 302.                                            |
                                                              |
  Aoufour. 322.                                               |
                                                              |
  Aouftout. 335.                                              |
                                                              |
  Aougeddim. 330.                                             |
                                                              |
  Aougeddimt. 338.                                            |
                                                              |
  Aougelmim. 318.                                             |
                                                              |
  Aouirst. 329.                                               |
                                                              |
  El Aoulad. 263.                                             |
                                                              |
  Aoullous. 326. 402.                                         |
                                                              |
  Aoulouz. 330. 332. 333. 334. 335. 338. 402.                 |
                                                              |
  Aoumasin. 308.                                              |
                                                              |
  Aoumselart. 330.                                            |
                                                              |
  Aounkou. 278.                                               |
                                                              |
  Aourir (Aït Ououlouz). 330. 333.                            |
                                                              |
         (Ida ou Gemmed). 330.                                |
                                                              |
         (Taderoucht). 359.                                   |
                                                              |
  Aourz (Ida ou Gemmed). 330. 332.                            |
                                                              |
        (Ouarzazât). 280.                                     |
                                                              |
  Aouzrout. 326.                                              |
                                                              |
  Aqdim. 347. 348.                                            |
                                                              |
  Aqebt. 290. 296.                                            |
                                                              |
  Aqqa (oasis). 22. 35. 100. 120. 121. 126. 135. 138. 145.    |10. 21.
  150. 151. 152. 158. 182. 193. 299. 301. 302. 308. 312. 313. |
  314. 320. 338. 403. 434.                                    |
                                                              |
       (kheneg). 120. 151. 161. 312.                          |10.
                                                              |
       (col). 151.                                            |10.
                                                              |
       (Ṛeris). 360.                                          |
                                                              |
       (Zgiḍ). 301.                                           |
                                                              |
       v. Ṭriq Aqqa.                                          |
                                                              |
       Aït Sidi. 117. 138. 299. 304. 305. 306. 307. 308.      |9.
                                                              |
       Igiren. 139. 140. 141. 158. 299. 307. 308. 309. 317.   |10. 21.
  320. 340.                                                   |
                                                              |
       Iṛen. 140. 199. 200. 201. 299. 305. 306. 307. 308. 320.|9. 21.
                                                              |
       Izen. 307. 310. 433. 436.                              |10.
                                                              |
       Izen (kheneg).                                         |10.
                                                              |
       Izenqad. 143. 305. 310. 311. 320.                      |10.
                                                              |
       ou Chaïb. 151.                                         |10.
                                                              |
       Tizgi. 354.                                            |
                                                              |
  Aran. 280.                                                  |
                                                              |
  Arazan. 332. 402.                                           |
                                                              |
  Arbalou (Mezgîṭa). 287.                                     |
                                                              |
          (Ouad Aït Tameldou). 324.                           |
                                                              |
          (Ouad Mançour). 325.                                |
                                                              |
  El Arbạ (Ḥallaf). 368. 385.                                 |
                                                              |
  Arbạ Mia. 91. 269. 270. 271.                                |15.
                                                              |
  El Arbạa (Doukkala). 401.                                   |
                                                              |
  Arbạa Aït Ạbd Allah. 341.                                   |
                                                              |
        Aït Ạbd Allah ou Mḥind. 334.                          |14.
                                                              |
        Aït b Oumal. 271.                                     |
                                                              |
        Aït Iiggas.                                           |14.
                                                              |
        Akhellouf. 292.                                       |
                                                              |
        Ammeïn. 306. 329. 338.                                |
                                                              |
        Amzrou. 293.                                          |
                                                              |
        Aoulouz. 334.                                         |
                                                              |
        Bdaoua. 13.                                           |1.
                                                              |
        Beni Qoulal. 381.                                     |
                                                              |
        Bou Ḥarazen. 265.                                     |
                                                              |
        Doutourirt. 329.                                      |
                                                              |
        Ḥamerin. 191.                                         |
                                                              |
        Ikadousen. 75.                                        |
                                                              |
        Imzouṛ. 271.                                          |15.
                                                              |
        Mentaga. 335.                                         |
                                                              |
        Ouaoula. 265.                                         |
                                                              |
        Oulad Djemạ. 18.                                      |2. 3.
                                                              |
        Tabaroucht. 265.                                      |
                                                              |
        Taleouin. 114.                                        |
                                                              |
        ez Zemmour. 43.                                       |
                                                              |
  Areg (Aït Ouaṛrda). 281.                                    |
                                                              |
       (Telouet). 278.                                        |
                                                              |
       Bou Ạjaj. 309.                                         |
                                                              |
       Igni n Imerraden. 306.                                 |
                                                              |
       er Raoui. 153.                                         |
                                                              |
       Souir. 299. 309.                                       |
                                                              |
       Tamesraout.                                            |9.
                                                              |
  Aremd. 287. 296.                                            |
                                                              |
  Arf el Mamoun. 309.                                         |
                                                              |
  Arfaman (Aït Iaḥia). 327. 328. 334.                         |
                                                              |
          (Zagmouzen). 327. 402.                              |
                                                              |
  Argemmi (Ouad Tlit). 302.                                   |
                                                              |
  Argioun. 287. 296.                                          |
                                                              |
  Argoummi (Imskal). 306. 329. 402.                           |
                                                              |
  Arla ou Asif. 291.                                          |
                                                              |
       Oudrar. 292.                                           |
                                                              |
  Arled. 402.                                                 |
                                                              |
  Armed Zagmouzen. 327.                                       |
                                                              |
  Aroraï. 358. 359.                                           |
                                                              |
  Aṛbar (mont). 336.                                          |
                                                              |
        (qçar). 279.                                          |
                                                              |
  Aṛlal. 300. 304.                                            |
                                                              |
  Aṛlal Fouqani. 290.                                         |
                                                              |
  Aṛled Fouqani. 321. 323.                                    |
                                                              |
        Taḥtani. 322.                                         |
                                                              |
  Asaou n Ougellid. 266.                                      |
                                                              |
  Asaoun. 322.                                                |
                                                              |
  Asareg. 321. 402.                                           |
                                                              |
  Asbarou. 351.                                               |17.
                                                              |
  Asdṛem (désert). 283.                                       |
                                                              |
         Kik. 337.                                            |
                                                              |
  Asedmer. 328.                                               |
                                                              |
  Asell. 278. 402.                                            |
                                                              |
  Asellim (Mezgîṭa). 273. 287. 403.                           |8.
                                                              |
          (Ouad Ouṭat Aït Izdeg). 376. 377.                   |
                                                              |
          Agdz. 287. 403.                                     |8.
                                                              |
          Taḥtani. 287.                                       |
                                                              |
  Asemlil Djedid. 300. 304.                                   |
                                                              |
          Qedîm. 300. 304.                                    |
                                                              |
  Asengar. 304.                                               |
                                                              |
  Aserif.                                                     |1. 21.
                                                              |
  Aserṛin. 270.                                               |15.
                                                              |
  Asersa. 112. 282.                                           |8. 9.
                                                              |
  Aserts. 364.                                                |
                                                              |
  Aseṛrar. 305.                                               |
                                                              |
  Asfalou (Aït Zaïneb). 277.                                  |8.
                                                              |
          (Todṛa). 272. 355. 356. 357. 359. 360. 361. 362.    |
  403.                                                        |
                                                              |
  Asgig. 308.                                                 |10.
                                                              |
  Asif Adrar n Iri.                                           |7.
                                                              |
       Aït Ạmer.                                              |13. 21.
                                                              |
       Aït Bou Zoul.                                          |13. 21.
                                                              |
       Aït Mezal. 182. 340. 341.                              |11. 12.
                                                              |21.
                                                              |
       n Ḥamerin. 190.                                        |12. 21.
                                                              |
       Ida ou Gelloul. 187.                                   |13. 21.
                                                              |
       el Mal. 401.                                           |
                                                              |
       Marṛen. 58. 87. 88. 89. 93. 96. 277. 278. 279. 284.    |7. 8. 21.
                                                              |
       Melloul. 348. 363.                                     |
                                                              |
       n Mousi.                                               |9.
                                                              |
       Oudad. 142. 158. 310. 311.                             |10.
                                                              |
       n Oumaï.                                               |7.
                                                              |
       n Sous (fleuve). 329.                                  |
                                                              |
              (district). 323.                                |
                                                              |
       Tamrakht. 185.                                         |12. 21.
                                                              |
       Zimer. 326.                                            |
                                                              |
  Asing. 358.                                                 |
                                                              |
  Askaoun (Ouad Aoullous). 326.                               |
                                                              |
          (Ouad Tifnout). 321.                                |
                                                              |
  Asmerdan. 310.                                              |
                                                              |
  Asouḥad. 291.                                               |
                                                              |
  Asoul. 322.                                                 |
                                                              |
  Asrir (Ferkla). 224. 356. 357. 403. 414. 446.               |16. 21.
                                                              |
        (Metṛara). 352.                                       |
                                                              |
        Ignaouen. 292.                                        |
                                                              |
        Ilemsan. 291. 292. 293.                               |
                                                              |
  Assa. 345.                                                  |
                                                              |
  Assaïn. 334. 402.                                           |
                                                              |
  Assaka (tribu du Sahel). 345.                               |
                                                              |
         (Aït Oubial). 327.                                   |
                                                              |
         (Imeṛrân). 269. 273.                                 |
                                                              |
         (Indaouzal). 330. 331.                               |
                                                              |
         (Ouad Aït Tigdi Ouchchen). 281. 282. 283.            |8.
                                                              |
         (Ouad Amzarou). 325.                                 |
                                                              |
         (Ouad El Gloạ). 300. 304.                            |
                                                              |
         (Ouad Idermi). 279.                                  |
                                                              |
         (Ouad Iounil). 92. 95. 277. 280. 402.                |7. 21.
                                                              |
         Ourami. 278.                                         |
                                                              |
  Astour. 291. 292. 403.                                      |
                                                              |
  Atferkal. 264.                                              |
                                                              |
  Atlas. 21. 27. 28. 46. 50. 59. 60. 61. 62. 64. 66. 71. 73.  |
  74. 75. 76. 78. 86. 92. 97. 98. 138. 188. 227. 234. 268.    |
  335. 363. 365.                                              |
                                                              |
  Atlas (Grand). 10. 24. 28. 62. 69. 70. 76. 77. 79. 80. 82.  |6. 7. 12.
  84. 85. 87. 90. 93. 95. 96. 98. 99. 100. 102. 103. 112. 120.|14. 15.
  126. 136. 138. 147. 177. 179. 183. 189. 190. 213. 214. 218. |16. 17.
  219. 220. 221. 224. 225. 226. 228. 231. 233. 239. 260. 261. |18. 21.
  264. 268. 274. 275. 276. 277. 278. 319. 321. 323. 333. 334. |
  335. 336. 337. 338. 347. 353. 358. 362. 365. 372. 373. 376. |
  377. 378. 382. 383. 384. 389. 390. 401.                     |
                                                              |
        (Moyen). 28. 49. 59. 62. 63. 64. 68. 72. 75. 76. 79.  |6. 18.
  98. 99. 100. 101. 102. 179. 235. 238. 239. 242. 246. 265.   |19. 21.
  372. 374. 377. 378. 383. 384.                               |
                                                              |
        (Petit). 28. 81. 82. 95. 96. 98. 100. 101. 102. 106.  |8. 9. 10.
  112. 114. 115. 116. 117. 121. 126. 138. 140. 142. 144. 147. |11. 12.
  148. 154. 156. 166. 167. 177. 179. 183. 189. 192. 194. 195. |14. 15.
  196. 197. 199. 204. 207. 211. 213. 218. 219. 220. 223. 225. |21.
  282. 285. 300. 301. 302. 303. 306. 307. 308. 309. 310. 311. |
  312. 313. 314. 315. 316. 319. 328. 329. 333. 334. 337. 338. |
  340. 341. 361.                                              |
                                                              |
        Algérien. 28. 98.                                     |
                                                              |
        Marocain. 28. 59. 98. 101. 102.                       |
                                                              |
        Tunisien. 28. 98.                                     |
                                                              |
  Atres. 282.                                                 |
                                                              |
  Atrs n Ouafil. 305.                                         |9.
                                                              |
  Aṭṭara. 154.                                                |
                                                              |
  Azagour. 288.                                               |
                                                              |
  Azaṛar Imi n Tels. 198. 199.                                |10.
                                                              |
         Sidi Moḥammed ou Iạqob. 198.                         |
                                                              |
  Azaṛarad. 178. 438.                                         |11.
                                                              |
  Azbed. 276.                                                 |
                                                              |
  Azdad. 373. 384.                                            |
                                                              |
  Azdag. 216. 270. 271.                                       |15.
                                                              |
  Azdif. 113. 205. 283. 403.                                  |9. 21.
                                                              |
  Azegga. 311.                                                |
                                                              |
  Azegza. 305.                                                |
                                                              |
  Azemmour. 351.                                              |17.
                                                              |
  Azerftin (kheneg). 151. 310.                                |10.
                                                              |
  Azgaour. 326.                                               |
                                                              |
  Azger Amṛar.                                                |8.
                                                              |
  Azgrouz. 338.                                               |
                                                              |
  Azrar (tribu). 199. 311.                                    |10. 14.
                                                              |21.
                                                              |
        (col). 100. 196. 197. 199. 308.                       |10. 21.
                                                              |
  Azreg. 279.                                                 |
                                                              |
  Azrou (Imgoun). 275.                                        |
                                                              |
        (Qçar es Souq). 351.                                  |
                                                              |
        (Todṛa). 355.                                         |16.
                                                              |
  Azzouz (ruines).                                            |8.
                                                              |
                              Ạ                               |
                                                              |
  Ạbabsa. 261.                                                |
                                                              |
  El Ạbbarat (mont). 231. 232.                                |17. 21.
                                                              |
             (défilé). 231. 232.                              |17.
                                                              |
  Ạbbari (qçar). 354.                                         |
                                                              |
  El Ạbbari (mont). 234. 354. 364.                            |21.
                                                              |
  Ạdjib ech Cherif. 387.                                      |
                                                              |
        Moulei El Feḍil. 46. 47.                              |5. 21.
                                                              |
  El Ạïachi (mont). 99. 102. 231. 233. 234. 239. 353. 376.    |17. 21.
  377. 381.                                                   |
                                                              |
  Ạïat. 373. 377. 384.                                        |
                                                              |
  El Ạïn (Aït Ạmer). 114. 205.                                |9.
                                                              |
  Aït Ḥamed. 282.                                             |
                                                              |
  Ạïn Amezouar. 278.                                          |
                                                              |
      Asgig.                                                  |10.
                                                              |
      el Ạsid. 331.                                           |
                                                              |
      Chạïr. 365. 390.                                        |
                                                              |
      Chebar. 308.                                            |
                                                              |
      Delal. 308.                                             |
                                                              |
      el Fikroun.                                             |1.
                                                              |
      Gramo.                                                  |1.
                                                              |
      Gramo.                                                  |1.
                                                              |
      Ḥammou. 251.                                            |20.
                                                              |
      el Ḥasin.                                               |1.
                                                              |
  El Ạïn Igouramen. v. El Ạïn (Aït Ạmer).                     |
                                                              |
  Ạïn Imaṛiren. 58. 187.                                      |13.
                                                              |
      el Louḥ. 39. 265.                                       |
                                                              |
      el Melḥaï.                                              |1.
                                                              |
      Oufra.                                                  |13.
                                                              |
      n Ougeïḍa. 331. 335. 402.                               |
                                                              |
  El Ạïn Ounzin. 306.                                         |
                                                              |
  Ạïn es Seka. 308.                                           |
                                                              |
      Skhoun.                                                 |3.
                                                              |
      Ṭîb.                                                    |10.
                                                              |
      n Zeggert. 284.                                         |
                                                              |
  El Ạïoun (Oumm el Bordj).                                   |10.
                                                              |
  Ạïoun Chikh Moḥammed Aqqa Iṛen. 200.                        |9. 10.
                                                              |
        el Djemạa.                                            |14.
                                                              |
        Sidi Ạbd Allah ou Mḥind. 160. 343.                    |9.
                                                              |
        Sidi Mellouk. 254. 255.                               |
                                                              |
        et Tîn.                                               |4.
                                                              |
  El Ạlam (mont). 9.                                          |
                                                              |
  Ạli d Aït El Ḥasen. 212. 445.                               |8. 15.
                                                              |
  Ạli Aït El Ḥasen ou Sạïd. 273.                              |
                                                              |
  Ạli ou Mousa. 303.                                          |
                                                              |
  Ạlouana. 375. 376.                                          |
                                                              |
  Ạmer ou Ạbd er Raḥman. 291.                                 |
                                                              |
  Ạnd Aït Mesạoud. 277.                                       |7.
                                                              |
  Ạnd Imzilen. 323.                                           |
                                                              |
  Ạqba el Djemel. 18. 26. 27.                                 |4.
                                                              |
       Izan.                                                  |5.
                                                              |
       el Kharroub. 68.                                       |6.
                                                              |
  Ạqoub es Soulṭân. 266.                                      |
                                                              |
  Ạraben. 325. 327. 402.                                      |
                                                              |
  El Ạraïch (ville). 13. 15.                                  |
                                                              |
            (province). 4. 13. 15.                            |
                                                              |
  Ạrib. 153. 154. 164. 167. 297. 298.                         |
                                                              |
  El Ạrich (forêt). 367.                                      |18.
                                                              |
  El Ạroumiat. 291. 292. 296. 403.                            |
                                                              |
  El Ạrzan. 244. 369. 371. 374. 385.                          |19. 21.
                                                              |
  Ạsara. 262.                                                 |
                                                              |
  Ạsasga. 261.                                                |
                                                              |
  Ạtamna. 368. 376. 385.                                      |
                                                              |
  El Ạzrar. 294.                                              |
                                                              |
                                                              |
                              B                               |
                                                              |
  B Ougemmez. 76. 260. 261. 264. 401.                         |
                                                              |
  Bachkoum. 283. 284.                                         |
                                                              |
  Bani. 96. 101. 102. 114. 115. 116. 117. 119. 120. 122. 123. |9. 10.
  126. 135. 138. 139. 140. 141. 142. 143. 144. 146. 147. 151. |21.
  152. 154. 156. 160. 161. 167. 168. 171. 219. 285. 286. 294. |
  297. 300. 302. 303. 304. 305. 307. 308. 310. 311. 312. 313. |
  314. 315. 316. 317. 318.                                    |
                                                              |
  Baṛdad. 367. 369.                                           |
                                                              |
  Batnou. 364.                                                |
                                                              |
  Bdaoua. 13.                                                 |1. 21.
                                                              |
  Bedaan. 277.                                                |7.
                                                              |
  El Behalil (village). 20. 24. 37.                           |4.
                                                              |
             (mont). 20. 39.                                  |4.
                                                              |
  Behenni. 154.                                               |
                                                              |
  Beka Chikh en Nahr. 310.                                    |
                                                              |
  Bel Lebḥan. 299. 300.                                       |
                                                              |
  Ben Abbou. 331. 332.                                        |14.
                                                              |
      Dleïmi. 346. 402.                                       |
                                                              |
      Sifer. v. Oulad Ben Sifer.                              |
                                                              |
  Beni Ạmir. 49. 259. 262.                                    |
                                                              |
       Ạoun. 262.                                             |
                                                              |
       Ạouzmer. 5.                                            |1. 21.
                                                              |
       Bataou. 261.                                           |
                                                              |
       Bou Ḥi (fraction des Oulad el Ḥadj). 385.              |
                                                              |
              (qçar d’Ouṭat Oulad el Ḥadj). 371.              |
                                                              |
       Bou Iaḥi. 251. 386.                                    |
                                                              |
       Bou Iaḥia (tribu). 386.                                |
                                                              |
                 (monts). 251.                                |
                                                              |
       Bou Iaḥmed. 33.                                        |
                                                              |
           Qitoun. 33.                                        |
                                                              |
           Zeggou (tribu). 253. 254. 381. 389.                |20. 21.
                                                              |
                  (monts). 28. 101. 253. 372. 379. 381. 383.  |20. 21.
  388. 389.                                                   |
                                                              |
       Brahim. 263.                                           |
                                                              |
       Chebel. 380. 381.                                      |
                                                              |
       Chegdal. 262.                                          |
                                                              |
       Fachat. 375.                                           |
                                                              |
       Gil. 390.                                              |
                                                              |
       Henaït. 294.                                           |
                                                              |
       Hessousen. 47.                                         |
                                                              |
       Ḥaïoun (Dra). 294. 295. 403.                           |
                                                              |
       Ḥaïoun (Ouad Chegg el Arḍ). 378. 379.                  |
                                                              |
       Ḥamed. 5.                                              |
                                                              |
       Ḥasan (tribu du Rif). 5. 6. 10. 11.                    |1. 21.
                                                              |
             (monts). 4. 6. 7. 8. 9.                          |1. 21.
                                                              |
       Ḥasen. 261.                                            |
                                                              |
       Ḥassan (Ouad Chegg el Arḍ). 378. 379.                  |
                                                              |
              (mont). 383.                                    |
                                                              |
       Iạla (tribu). 254.                                     |
                                                              |
            (monts). 254. 381.                                |
                                                              |
       Iffous. 351.                                           |17.
                                                              |
       Imman. 263.                                            |
                                                              |
       Iznâten (tribu). 25. 253. 255. 368. 372. 389.          |20.
                                                              |
               (monts). 253. 257. 368. 372. 381. 388. 389.    |20. 21.
                                                              |
       Khallouf. 292.                                         |
                                                              |
       Khelf. 261.                                            |
                                                              |
       Khelften. 375. 376. 384.                               |
                                                              |
       Khîran. 49. 66. 261.                                   |
                                                              |
       Mançour. 66. 261.                                      |
                                                              |
       Matar. 380. 390.                                       |
                                                              |
       Mạdan. 49. 262.                                        |5. 6. 21.
                                                              |
       Meḥelli. 352.                                          |
                                                              |
       Mellal (fraction des Beni Mạdan). 64. 68. 70. 259. 262.|
                                                              |
              (bourgade). 28. 38. 57. 62. 63. 64. 66. 68. 69. |6. 21.
  73. 100. 400. 401. 426. 427.                                |
                                                              |
              (qçar). 66.                                     |
                                                              |
              (mont). 59. 69.                                 |6. 21.
                                                              |
       Mesri. 365. 384.                                       |
                                                              |
       Mgild. 10. 21. 39. 44. 46. 47. 67. 101. 259. 265. 363. |
  366. 371. 376. 381. 382. 383. 401.                          |
                                                              |
       Miskin. 49. 67. 259. 262.                              |
                                                              |
       Mousa. 49. 58. 65. 66. 259. 260. 262.                  |
                                                              |
       Mousi. 352.                                            |
                                                              |
       Mṭir (tribu). 47. 67. 381. 401.                        |3. 21.
                                                              |
            (monts). 20. 39.                                  |3. 21.
                                                              |
       Ọtman. 292.                                            |
                                                              |
       Ouaṛaïn (tribu). 10. 20. 21. 33. 39. 372. 382. 383.    |21.
  384. 387. 401.                                              |
                                                              |
               (monts). 18. 36. 372. 379. 383. 387.           |
                                                              |
               (Qçar es Souq). 351.                           |
                                                              |
       Ouchgel. 375.                                          |
                                                              |
       Oujjan. 33.                                            |
                                                              |
       Oujjin. 262.                                           |
                                                              |
       Oukil. 254. 368. 369. 372. 376. 381. 385. 386.         |
                                                              |
       Ouriaṛel. 24.                                          |
                                                              |
       Qoulal (tribu). 380. 381.                              |
                                                              |
              (qaçba). 379. 380. 381.                         |
                                                              |
       Ṛiis. 243. 245. 247. 248. 375. 376. 379. 384. 385.     |19.
                                                              |
       Sbiḥ. 294. 295. 403.                                   |
                                                              |
       Semgin. 294.                                           |
                                                              |
       Snassen. 253. 389.                                     |
                                                              |
       Snous. 101.                                            |
                                                              |
       Sqeten. 263.                                           |
                                                              |
       Tzit. 365. 384. 403.                                   |
                                                              |
       Zemmour (tribu). 47. 49. 56. 66. 90. 261. 263. 266.    |5. 21.
                                                              |
               (qçar). 50. 51. 52. 425.                       |5. 21.
                                                              |
       Zerouâl. 5. 35.                                        |
                                                              |
       Zouli. 285. 290. 291. 292. 403.                        |
                                                              |
       Zrandil. 261.                                          |
                                                              |
  El Benian.                                                  |1.
                                                              |
  Bent en Nạs. 144. 308.                                      |10.
                                                              |
  Berâber. 10. 21. 69. 90. 91. 92. 116. 121. 124. 126. 132.   |15. 16.
  135. 136. 137. 154. 155. 156. 157. 159. 162. 164. 167. 171. |17. 21.
  201. 216. 221. 223. 224. 225. 226. 228. 256. 264. 266. 269. |
  276. 286. 289. 292. 293. 294. 295. 297. 319. 352. 354. 355. |
  356. 359. 360. 362. 363. 365. 381. 382. 384. 399. 400.      |
                                                              |
  Berachona. 261.                                             |
                                                              |
  Beradia. 262.                                               |
                                                              |
  Beraksa. 66. 261.                                           |
                                                              |
  Berda. 277.                                                 |7.
                                                              |
  Berda (Ternata). 291.                                       |
                                                              |
  Berrom. 376. 377.                                           |
                                                              |
  Bertat. 373.                                                |
                                                              |
  Bettal. 283.                                                |
                                                              |
  Bettal Aït Bou Daoud.                                       |9.
                                                              |
         Aït Sạïd.                                            |9.
                                                              |
  El Beṭḥa. 295.                                              |
                                                              |
  Bezzaza. 262.                                               |
                                                              |
  Bezzou. 76. 260. 266. 401.                                  |
                                                              |
  Bibaouan. 99. 120.                                          |21.
                                                              |
  Bin el Ouidan. 281.                                         |
                                                              |
  Bir Chạt. 291.                                              |
                                                              |
      el Ksa. 66.                                             |
                                                              |
  Bitgan. 327.                                                |
                                                              |
  Blad Dra. 285.                                              |
                                                              |
       Za. 252. 379.                                          |20.
                                                              |
  El Bordj (Aït Iaḥia). 353.                                  |
                                                              |
           (Aït Melṛad). 363.                                 |
                                                              |
           (Aït Tigdi Ouchchen). 104. 105. 106. 283.          |8. 21.
                                                              |
           (Menâba). 331.                                     |
                                                              |
           (Mezgîṭa). 287.                                    |
                                                              |
           (Taderoucht). 359. 360.                            |
                                                              |
  Bou Arbạïn. 299. 308.                                       |
                                                              |
      Ạbd Allah. 299.                                         |
                                                              |
      Ạïach (Aït ou Afella). 373. 382.                        |
                                                              |
            (Ed Debdou). 375.                                 |
                                                              |
      Ạjaj. 309.                                              |
                                                              |
      Ạqba. 65. 260.                                          |
                                                              |
      Chaked. 311.                                            |
                                                              |
      Chiba. 365.                                             |
                                                              |
      Delal. 301.                                             |
                                                              |
      el Djạd. 19. 40. 42. 49. 50. 51. 52. 53. 54. 55. 56. 57.|5. 21.
  58. 63. 66. 77. 144. 166. 263. 265. 266. 293. 343. 400. 401.|
  407. 408. 424. 425. 426.                                    |
                                                              |
      Felfoul. 277. 284.                                      |
                                                              |
      Gir. 302.                                               |
                                                              |
      Ḥalg. 299.                                              |
                                                              |
      Ḥallal.                                                 |1.
                                                              |
      el Ḥanna. 341.                                          |
                                                              |
      Ḥarazen. 76. 265. 401.                                  |
                                                              |
      Ḥennoun. 378.                                           |
                                                              |
      Idiren. 350.                                            |
                                                              |
      Igouldan. 279.                                          |
                                                              |
      Iougi.                                                  |17.
                                                              |
      Iqba. 273.                                              |
                                                              |
      Izri. 279.                                              |
                                                              |
      Jejia. 370.                                             |18.
                                                              |
      Kenzt. 240. 370. 447.                                   |18.
                                                              |
      Khelal. 291.                                            |
                                                              |
      Maziṛ. 335.                                             |
                                                              |
      Mousi (qçar). 121. 303. 315. 316. 320.                  |9.
                                                              |
            (collines). 120. 160. 161.                        |9.
                                                              |
      Nạnạ. 290. 291.                                         |
                                                              |
      Nou. 295.                                               |
                                                              |
      Oudi. 310.                                              |
                                                              |
      Oulga. 327.                                             |
                                                              |
      Qandil. 230.                                            |17.
                                                              |
      er Rebiạ. 300. 304.                                     |
                                                              |
      Rejouan. 24.                                            |
                                                              |
      Ṛioul. 299.                                             |
                                                              |
      Sellam. 373. 377.                                       |
                                                              |
      Selman. 294. 295.                                       |
                                                              |
      Seroual. 354.                                           |17.
                                                              |
      Taddout. 333.                                           |
                                                              |
      Teṛrar. 275.                                            |
                                                              |
      Tizen. 305.                                             |9.
                                                              |
      Tizi. 324.                                              |
                                                              |
      Tnefit. 360. 403.                                       |
                                                              |
      Zergan. 291. 296.                                       |
                                                              |
      Zeroual. 296.                                           |
                                                              |
      Zmella. 376. 377. 403.                                  |
                                                              |
  Bouddeïr. 146. 308.                                         |10.
                                                              |
  Bouour. 330. 331. 332.                                      |
                                                              |
  El Bour (Ouad Beni Mesri). 365.                             |
                                                              |
          (Ouad Ouizert).                                     |18.
                                                              |
          (zaouïa). 273.                                      |
                                                              |
  Bousam. 350.                                                |17.
                                                              |
  Brânes (tribu). 387.                                        |
                                                              |
         (mont). 387.                                         |
                                                              |
  Brasiin. 263.                                               |
                                                              |
  El Bridja. 239. 240. 244. 246. 367. 368. 369. 371. 372. 374.|18. 21.
  376. 379. 382.                                              |
                                                              |
  Briouga. 333.                                               |
                                                              |
                                                              |
                              C                               |
                                                              |
  Çaḥab el Ermes. 235.                                        |17.
                                                              |
        el Geddim. 235.                                       |17.
                                                              |
  Cedouqa. 349.                                               |
                                                              |
  Cendouga. 295.                                              |
                                                              |
  Cenhadja (mont).                                            |4. 21.
                                                              |
           Oulḥourri. 113.                                    |
                                                              |
  Ceuta. 97.                                                  |
                                                              |
  Chaouïa. 24. 44. 49. 52. 259. 263.                          |
                                                              |
  Chareṭ. 292.                                                |
                                                              |
  Chạanba. 153.                                               |
                                                              |
  Chạba Aït Bou Bekr.                                         |15.
                                                              |
        Moulei Bou Fers. 296.                                 |
                                                              |
               Iạqob. 296.                                    |
                                                              |
        Ouin s Tlit. 213.                                     |8. 15.
                                                              |
        Tizza.                                                |18.
                                                              |
  Chạt. 356.                                                  |
                                                              |
  Chạt. v. Bir Chạt.                                          |
                                                              |
  Cheba. 351.                                                 |17.
                                                              |
  Chechaouen. 5. 6. 8. 9. 26. 31. 38. 64. 401. 418. 419.      |1. 21.
                                                              |
  Chedjạ (tribu de la plaine d’Angad). 252. 253. 254. 255.    |20. 21.
  257. 388. 390.                                              |
                                                              |
         (environs de Fâs). 24.                               |3.
                                                              |
  Chegg el Ouad. 369.                                         |17. 18.
                                                              |
  Chelkha Djedeïd. 299.                                       |
                                                              |
  Chemmaḥa. 15. 419.                                          |2. 21.
                                                              |
  Cheradna. 303.                                              |
                                                              |
  Cheraga. 5. 15.                                             |2. 21.
                                                              |
  Cherarda. 24.                                               |3. 4.
                                                              |
  Cheurfa Aït Bou Ạmran. 270.                                 |
                                                              |
              Moḥammed. 273.                                  |
                                                              |
              Taltmanart. 270.                                |15.
                                                              |
          Aqqa. 360.                                          |
                                                              |
          El Bour. 273.                                       |
                                                              |
          Iifar. 275.                                         |
                                                              |
          Qouareṭ. 371.                                       |
                                                              |
          Taïrza. 356.                                        |
                                                              |
          Touggour. 371.                                      |
                                                              |
  Chiadma (tribu). 188. 339.                                  |
                                                              |
          (Mḥamid el Ṛozlân). 295.                            |
                                                              |
  Chikh Aït Oulcheger.                                        |14.
                                                              |
        Amerri. 313. 314.                                     |
                                                              |
        El Ạrabi ben Ọtman. 290. 303. 304.                    |
                                                              |
        Ech Chaoui. 250. 252. 254. 380. 381.                  |20. 21.
                                                              |
        Kerroum.                                              |14.
                                                              |
        Moḥammed.                                             |5.
                                                              |
        Ould el Ḥadj Iaḥia. 314.                              |11. 21.
                                                              |
  Chouf Agmar. 364.                                           |
                                                              |
  Chqarna. 346.                                               |
                                                              |
  Chraạ. 261.                                                 |
                                                              |
  Chtouga. 259.                                               |
                                                              |
  Chtouka. 22. 126. 177. 178. 179. 181. 182. 183. 186. 188.   |12. 21.
  190. 193. 341. 343. 345. 346. 402.                          |
                                                              |
                                                              |
                              D                               |
                                                              |
  Dâdes. 22. 78. 91. 95. 99. 100. 101. 158. 210. 211. 215.    |15. 21.
  216. 217. 222. 223. 228. 229. 230. 260. 265. 268. 269. 270. |
  271. 274. 361. 363. 399. 403.                               |
                                                              |
  Dar Aït Iaḥia. 274.                                         |
                                                              |
      Aït Moulei. 274.                                        |
                                                              |
      Beïḍa. 19. 54. 56. 63.                                  |
                                                              |
      Ben Dleïmi. 346. 402.                                   |
                                                              |
      Ech Chaoui. 250. 252. 254. 380. 381.                    |20. 21.
                                                              |
      Chikh Amerri. 313. 314.                                 |
                                                              |
            Ech Chaoui. v. Dar Ech Chaoui.                    |
                                                              |
      El Genṭafi. 323. 337. 338. 401.                         |
                                                              |
      El Glaoui. 85. 278.                                     |
                                                              |
      Ḥadj Ạbd el Malek. 186. 439. 442.                       |13.
                                                              |
      Ḥadj El Ạrabi. 184.                                     |12.
                                                              |
      Ibrahim. 72. 427.                                       |6.
                                                              |
      Ijadiden.                                               |13.
                                                              |
      El Mrabṭin. 338.                                        |
                                                              |
      Ougadir. 321. 322. 323.                                 |
                                                              |
      Ould Sidoïn. 66.                                        |
                                                              |
      el Qaïd (Ḥaḥa).                                         |13.
                                                              |
              (Telouet). 85. 278.                             |
                                                              |
      Qaïd Ḥamada. 254.                                       |
                                                              |
      Sidi Ạbd Allah. 184. 439.                               |12.
                                                              |
      Sidi Iaḥia. 442.                                        |
                                                              |
      Ez Zanifi. 106.                                         |
                                                              |
  Debạïa. 285. 286. 297. 298.                                 |
                                                              |
  Ed Debdou (district). 375. 403.                             |19. 21.
                                                              |
  Debdou (bourgade). 22. 28. 100. 241. 243. 244. 245. 246.    |19. 21.
  247. 248. 249. 250. 253. 255. 256. 258. 269. 375. 376. 379. |
  380. 381. 384. 385. 386. 390. 395. 401. 403. 447. 448. 449. |
                                                              |
         (mont). 100. 239. 243. 247. 251. 257. 368. 372. 374. |19. 21.
  375. 379. 383. 384. 388. 389. 390.                          |
                                                              |
  Debra. 401.                                                 |
                                                              |
  Demnât (ville). 22. 28. 38. 64. 70. 76. 77. 78. 79. 96. 100.|7. 21.
  260. 261. 265. 266. 267. 276. 401. 408. 415. 427. 428. 429. |
  450.                                                        |
                                                              |
         (province). 76. 77. 401.                             |7.
                                                              |
  Desra. 401.                                                 |
                                                              |
  Dir (Menâba). 331.                                          |
                                                              |
  Dir (Tidili). 278. 402.                                     |
                                                              |
  Dou Ougadir. 321. 322. 323. 338.                            |
                                                              |
      Ouzrou. 327.                                            |
                                                              |
      Ouzrou Zouggaṛ. 333. 334.                               |
                                                              |
  Douar (Gers). 349.                                          |
                                                              |
        Oumbarek ou Dehen. 189. 193. 194. 443.                |14.
                                                              |
        Sidi Ạbd Allah. 101.                                  |
                                                              |
  Doui Blal. 152. 153. 154. 155.                              |
                                                              |
       Mniạ (tribu du Ḍahra). 136.                            |
                                                              |
       Mniạ (environs de Fâs). 24.                            |3.
                                                              |
  Ed Douirat. 285. 290. 296.                                  |
                                                              |
  Doukkala. 43. 259. 401.                                     |
                                                              |
  Doutourirt (Aginan). 305.                                   |
                                                              |
             (Aït Semmeg). 328. 329.                          |
                                                              |
  Dra (contrée). 22. 35. 69. 81. 109. 121. 123. 162. 164. 166.|
  167. 168. 169. 201. 202. 206. 207. 210. 211. 214. 216. 220. |
  222. 224. 225. 281. 285. 286. 289. 293. 295. 297. 298. 303. |
  304. 343. 362. 363. 364.                                    |
                                                              |
      (village du Demnât).                                    |7.
                                                              |
  Draoua. 88. 286.                                            |
                                                              |
                             DJ                               |
                                                              |
  Djebaïr. 144. 155. 311.                                     |10.
                                                              |
  Djebel Achakski. 326.                                       |
                                                              |
         Agendi. 325.                                         |
                                                              |
         Aït Ioussi. 39. 383.                                 |4.
                                                              |
         Aït Khozman.                                         |17.
                                                              |
         Aït Seri. 259.                                       |
                                                              |
         Akhmâs. 9. 11.                                       |
                                                              |
         Aldoun. 373.                                         |
                                                              |
         Alemta. 296.                                         |
                                                              |
         Amhaouch. 59. 66.                                    |6. 21.
                                                              |
         Anfoug. 211.                                         |
                                                              |
         Anisi. 203.                                          |9. 21.
                                                              |
         Anṛemer. 89. 95. 96. 277. 278.                       |7.
                                                              |
         Aougeddimt. 338.                                     |
                                                              |
         Aqqa Tizgi. 354.                                     |
                                                              |
         Aṛbar. 336.                                          |
                                                              |
         Asmerdan. 310.                                       |
                                                              |
         Azegga. 311.                                         |
                                                              |
         el Ạbbarat. 231. 232.                                |17. 21.
                                                              |
         El Ạbbari. 234. 354. 364.                            |21.
                                                              |
         El Ạïachi. 99. 102. 231. 233. 234. 239. 353. 376.    |17. 21.
  377. 381.                                                   |
                                                              |
         el Ạlam. 9.                                          |
                                                              |
         Bani. 96. 101. 102. 114. 115. 116. 117. 119. 120.    |9. 10.
  122. 123. 126. 135. 138. 139. 140. 141. 142. 143. 144. 146. |21.
  147. 151. 152. 154. 156. 160. 161. 167. 168. 171. 285. 286. |
  294. 297. 300. 302. 303. 304. 305. 307. 308. 310. 311. 312. |
  313. 314. 315. 316. 317. 318.                               |
                                                              |
         El Behalil. 20. 39.                                  |4.
                                                              |
         Beni Bou Iaḥi. 251.                                  |
                                                              |
              Bou Zeggou. 28. 101. 253. 372. 379. 381. 383.   |20. 21.
  388. 389.                                                   |
                                                              |
              Ḥasan. 4. 6. 7. 8. 9.                           |1. 21.
                                                              |
              Ḥassan. 383.                                    |
                                                              |
              Iạla. 254. 381.                                 |
                                                              |
              Iznâten. 253. 257. 368. 372. 381. 388. 389.     |20. 21.
                                                              |
              Mellal. 59. 69.                                 |6. 21.
                                                              |
              Mṭir. 20. 39.                                   |3. 21.
                                                              |
              Ouaṛaïn. 18. 36. 372. 379. 387.                 |
                                                              |
              Snous. 101.                                     |
                                                              |
         Bou Qandil. 230.                                     |17.
                                                              |
         Brânes. 387.                                         |
                                                              |
         Cenhadja.                                            |4. 21.
                                                              |
         Chouf Agmar. 364.                                    |
                                                              |
         Debdou. 100. 239. 243. 247. 251. 257. 368. 372. 374. |19.
  375. 379. 383. 384. 388. 389. 390.                          |
                                                              |
         el Feggouçat. 120. 160. 161.                         |9.
                                                              |
         Gebgeb. 17. 18. 20. 36.                              |3. 4. 21.
                                                              |
         Gelez. 251. 372. 386.                                |
                                                              |
         Gers. 230. 231.                                      |17.
                                                              |
         Gezennaïa. 386.                                      |
                                                              |
         Gir. 377.                                            |
                                                              |
         Hamsaïlikh. 120. 160. 161. 300.                      |9.
                                                              |
         Ḥeçaïa. 48. 50. 51.                                  |5.
                                                              |
         Ḥeddi. 336.                                          |
                                                              |
         Ida ou Ziqi. 120. 177.                               |21.
                                                              |
         Idikel. 323.                                         |
                                                              |
         Ikhf n Iṛir. 377.                                    |
                                                              |
         Kebdana. 368. 372. 386.                              |
                                                              |
         Kisan. 209. 212. 296.                                |8. 15.
                                                              |
         Kourṭ. 15.                                           |2. 21.
                                                              |
         Megzer.                                              |1.
                                                              |
         Mergeshoum. 101. 249. 251. 252. 253. 372. 379. 381.  |20. 21.
  388.                                                        |
                                                              |
         Metalsa. 386.                                        |
                                                              |
         Mezedjel. 8. 9.                                      |1.
                                                              |
         Mḥeïjiba. 160. 161. 164. 166. 208. 300.              |9.
                                                              |
         Miltsin. 99.                                         |
                                                              |
         Ouichdan. 338.                                       |
                                                              |
         Oulad Ạïssa. 16.                                     |2.
                                                              |
               Ạli. 99. 100. 235. 239. 240. 246. 383.         |21.
                                                              |
               Ạmer. 379. 380. 381. 388. 389.                 |
                                                              |
               Bou Zian.                                      |4.
                                                              |
               el Ḥadj. 383.                                  |
                                                              |
         Oumm Djeniba. 383.                                   |
                                                              |
         Ounila. 95.                                          |21.
                                                              |
         Ouṭiṭa. 39. 40.                                      |3. 21.
                                                              |
         Qelaïa. 386. 390.                                    |
                                                              |
         Reggou. 100. 246.                                    |21.
                                                              |
         Ṛiata. 18. 27. 28. 29. 31. 33. 36. 101. 102. 251.    |4. 21.
  368. 372. 379. 383. 386. 387.                               |
                                                              |
         Saksad. 323.                                         |
                                                              |
         Sarsar. 13. 15.                                      |1. 21.
                                                              |
         Saṛro. 100. 211. 212. 213. 214. 215. 217. 218. 219.  |8. 15.
  220. 223. 227. 267. 269. 276. 289. 296. 361. 364.           |16. 21.
                                                              |
         Siroua. 95. 96. 102. 108. 112. 204. 279. 281. 282.   |21.
  283. 326. 327.                                              |
                                                              |
         Taïmzouṛ. 114. 115. 116. 117. 137. 139. 147. 161.    |9.
  318.                                                        |
                                                              |
         Tamatout. 267.                                       |
                                                              |
         Tarkeddit. 274.                                      |
                                                              |
         Tefraout.                                            |7.
                                                              |
         Terrats. 18. 20. 26. 37. 39.                         |3. 21.
                                                              |
         Teza. 99.                                            |
                                                              |
         Tidili. 95. 96. 278.                                 |7. 21.
                                                              |
         Tifernin. 206. 207.                                  |8.
                                                              |
         Tiouant. 378.                                        |
                                                              |
         Tirnest. 383.                                        |
                                                              |
         Titouga. 336.                                        |
                                                              |
         Tselfat. 16.                                         |2. 21.
                                                              |
         Tsoul.                                               |4. 21.
                                                              |
         Tsouqt. 99. 100. 235. 383.                           |18. 21.
                                                              |
         Zalaṛ. 18. 20. 37. 39.                               |3. 4. 21.
                                                              |
         Zekkara. 28. 101. 253. 257. 372. 381. 383. 388. 389. |20. 21.
                                                              |
         Zerhoun. 18. 21. 24. 25. 26. 38. 39. 40. 47.         |3. 21.
                                                              |
  Djedân. 154.                                                |
                                                              |
  Djedida. 188.                                               |
                                                              |
  Djemaạa Entifa. 76. 265. 266. 401. 428.                     |7. 21.
                                                              |
  Djemạ (Mạder Ida ou Blal). 299.                             |
                                                              |
  Djemạa Amerri. 313. 314.                                    |
                                                              |
         Amzou. 191.                                          |
                                                              |
         Houara.                                              |12.
                                                              |
         Ida ou Genadif. 341.                                 |
                                                              |
         Izalaṛen. 313.                                       |
                                                              |
         Oulad Ḥamid. 385.                                    |
                                                              |
         Oulad Iaḥia.                                         |14.
                                                              |
         Tinzert. 334.                                        |14.
                                                              |
         Tisergat. 292.                                       |
                                                              |
  Djemouạ. 263.                                               |
                                                              |
  Djerada ech Cheurfa.                                        |14.
                                                              |
  El Djerf. 357.                                              |
                                                              |
  Djerf el Ḥammam. 310.                                       |
                                                              |
                              Ḍ                               |
                                                              |
  Ḍahr er Ramka. 153.                                         |
                                                              |
  Ḍahra. 28. 99. 100. 147. 253. 372. 373. 378. 379. 380. 383. |
  384. 385. 388. 389. 390.                                    |
                                                              |
  Ḍaïa Ifraḥ. 383.                                            |
                                                              |
                                                              |
                              E                               |
                                                              |
  El Elf. 263.                                                |
                                                              |
  Emmigerdan.                                                 |10.
                                                              |
  Entifa. 49. 75. 76. 77. 230. 260. 264. 265. 266. 401.       |6. 7. 21.
                                                              |
  Entrit. 373. 382.                                           |
                                                              |
  Enzel (Glaoua). 80. 82. 83. 401. 428.                       |7. 21.
                                                              |
        (Ouad Asdṛem). 283. 403.                              |
                                                              |
  Erḥal (Aqqa). 120. 151. 312.                                |10.
                                                              |
        (Ouad el Feïja). 303.                                 |
                                                              |
  Erzagna. 331.                                               |
                                                              |
  Eufriin. 310. 311.                                          |10.
                                                              |
                                                              |
                              F                               |
                                                              |
  Fâs (ville). 1. 4. 5. 10. 12. 13. 15. 16. 18. 19. 20. 21.   |3. 4. 21.
  22. 23. 24. 25. 26. 29. 30. 32. 33. 34. 35. 36. 37. 38. 39. |
  40. 43. 47. 54. 55. 56. 66. 67. 70. 78. 97. 125. 152. 153.  |
  155. 158. 164. 188. 232. 237. 241. 243. 250. 255. 265. 344. |
  375. 378. 383. 386. 387. 389. 391. 395. 398. 401. 406. 407. |
  419. 420. 421. 422. 423. 424. 450.                          |
                                                              |
      (province). 15. 24.                                     |
                                                              |
  Fedoukkes. 308. 320.                                        |
                                                              |
  Fedragoum. 280.                                             |
                                                              |
  El Feggara. 285. 304.                                       |
                                                              |
  Feggouç (bassin de la Mlouïa). 369. 374. 384.               |19. 21.
                                                              |
  El Feggouç (Tinzoulin). 290. 291. 296.                      |
                                                              |
  El Feggouçat. 120. 160. 161. 317.                           |9.
                                                              |
  El Feïja. 115. 116. 117. 118. 127. 138. 139. 140. 154. 156. |9. 21.
  201. 202. 297. 300. 301. 302. 303. 304. 305.                |
                                                              |
  Ferarma. 154.                                               |
                                                              |
  El Ferfar (qçar). 330.                                      |
                                                              |
            (zaouïa). 330.                                    |
                                                              |
  Ferkla. 21. 22. 38. 70. 188. 211. 214. 218. 219. 220. 223.  |16. 21.
  224. 225. 226. 354. 356. 357. 360. 361. 363. 403.           |
                                                              |
  Fezaz. 102. 383.                                            |
                                                              |
  Fezna. 357.                                                 |
                                                              |
  Fezouata. 210. 285. 286. 291. 292. 293. 294. 295. 363. 403. |
                                                              |
  Fḥama. 379. 385. 386. 387.                                  |
                                                              |
  Fichtâla (qaçba). 38. 59. 60. 64. 66. 259. 263.             |6. 21.
                                                              |
           (environs de Fâs). 24.                             |
                                                              |
  Figig. 157. 158. 169.                                       |
                                                              |
  Fiirir. 305.                                                |
                                                              |
  Fint. 283.                                                  |
                                                              |
  Flouch. 375.                                                |19.
                                                              |
  Foum Aqqa. 120. 151. 161. 312.                              |10.
                                                              |
       Aserts. 364.                                           |
                                                              |
       Asgig. 308.                                            |10.
                                                              |
       Azerftin. 151.                                         |10.
                                                              |
       el Ạncer. 60. 62.                                      |6.
                                                              |
       el Djir.                                               |20.
                                                              |
       Jabel. 229. 350.                                       |17.
                                                              |
       Meskoua. 151. 312. 338.                                |10.
                                                              |
       el Ouad. 301.                                          |19.
                                                              |
       el Qous n Tazoult. 220. 357. 358. 361. 362.            |15. 16.
                                                              |
       Ṛiour. 228. 350.                                       |17.
                                                              |
       Tangarfa (bassin infér. du Dra). 161.                  |9.
                                                              |
       Taqqat. 101. 286. 294.                                 |
                                                              |
       Tazenakht. 290.                                        |
                                                              |
       Tenia Tafilelt. 296.                                   |
                                                              |
       Timeloukka.                                            |9.
                                                              |
       Timṛart. 120.                                          |9.
                                                              |
       Tisint. 117. 137. 138. 304. 306. 316.                  |9.
                                                              |
       Tizi n Dra. 364.                                       |
                                                              |
       Zgiḍ. 161. 302.                                        |9. 21.
                                                              |
  Founti. 185.                                                |12. 21.
                                                              |
  Freïja. 332.                                                |14.
                                                              |
  Fres. 337. 401.                                             |
                                                              |
  Friata. 262.                                                |6.
                                                              |
                                                              |
                              G                               |
                                                              |
  Gafaï. 348.                                                 |
                                                              |
  Gaouz. 352.                                                 |
                                                              |
  Gaouz Aït Sidi Ạmer. 360.                                   |
                                                              |
  El Gara. 370.                                               |
                                                              |
  Gardmit. 356. 357.                                          |
                                                              |
  Gạda Debdou. 247. 248. 249. 390.                            |19. 21.
                                                              |
  Gebdour. 370.                                               |
                                                              |
  Gebgeb. 17. 18. 20. 24. 36.                                 |3. 4. 21.
                                                              |
  El Geddara. 300.                                            |
                                                              |
  Gelez. 251. 372. 386.                                       |
                                                              |
  Gelmima. 226. 360. 403. 415. 446. 450.                      |16. 21.
                                                              |
  El Gelob (près de l’Ouad Za). 251.                          |20. 21.
                                                              |
           (au sud du Bani). 147. 161. 308.                   |10. 21.
                                                              |
  Gelob Mrimima. 161.                                         |9. 21.
                                                              |
  El Gelob es Sṛir. 161.                                      |9. 21.
                                                              |
  Genadiz. 261.                                               |
                                                              |
  Genṭafa. 337. 401.                                          |
                                                              |
  El Genṭafi. 323. 337. 338. 401.                             |
                                                              |
  El Geraan. 364. 365.                                        |
                                                              |
  Geraga. 339.                                                |
                                                              |
  Geraïat. 261.                                               |
                                                              |
  El Gerdan. 191.                                             |
                                                              |
  Gergoura. 401.                                              |
                                                              |
  Geri Ourgaz. 352.                                           |
                                                              |
  Gerouân. 40. 42.                                            |3. 21.
                                                              |
  Gers (district). 230. 236. 347. 349. 365. 368. 369. 370.    |17. 21.
  371. 373. 374. 377. 378.                                    |
                                                              |
       (monts). 230. 231.                                     |17.
                                                              |
  Gersif. 368. 369. 372. 376. 379. 385. 390. 391.             |
                                                              |
  Géryville. 254.                                             |
                                                              |
  El Gerzim. 308.                                             |
                                                              |
  Gerzima. 308.                                               |
                                                              |
  Gezennaïa (tribu). 379.                                     |
                                                              |
            (monts). 386.                                     |
                                                              |
  Gezoula (famille). 88. 318. 319. 320. 328. 329.             |
                                                              |
            (tribu). 319. 329. 336.                           |
                                                              |
  Gigo. 100.                                                  |
                                                              |
  Gir (district). 364. 365.                                   |
                                                              |
      (mont). 377.                                            |
                                                              |
  Glaoua. 77. 81. 85. 92. 99. 109. 110. 124. 233. 280. 401.   |7. 21.
                                                              |
  Glercha.                                                    |12. 14.
                                                              |21.
                                                              |
  El Gloạ. 300. 304.                                          |
                                                              |
  Gouffa. 261.                                                |
                                                              |
  Gounin. 329.                                                |
                                                              |
  Griourin. 286.                                              |
                                                              |
  Gro. 373.                                                   |
                                                              |
                                                              |
                              H                               |
                                                              |
  Haïndaken. 278.                                             |
                                                              |
  Hamouziin (subdivision des Oulad el Ḥadj). 243. 248.        |
                                                              |
  El Hamouziin (qçar d’Ouṭat Oulad el Ḥadj). 371. 385.        |
                                                              |
  Hamsaïlikh. 120. 160. 161. 300.                             |9.
                                                              |
  Haouz Debdou. 375.                                          |
                                                              |
  El Haroun. 363.                                             |
                                                              |
  Haskoura. 70. 96. 260. 274. 276.                            |
                                                              |
  Hejaoua. 15.                                                |2. 21.
                                                              |
  Hiaïna. 21. 25. 33. 34. 36. 387. 391.                       |4. 21.
                                                              |
  Hierk. 336.                                                 |
                                                              |
  Houara (Mlouïa). 33. 368. 372. 376. 379. 381. 385. 386. 387.|
  388.                                                        |
                                                              |
         (Sous). 22. 189. 190. 191. 193. 194.                 |12. 14.
                                                              |21.
                                                              |
  Houara Angad. 388.                                          |
                                                              |
  Houasen. 261.                                               |
                                                              |
                              Ḥ                               |
                                                              |
  El Ḥachia. 66.                                              |
                                                              |
  El Ḥad (Aït Ạtab). 75. 401.                                 |6.
                                                              |
  El Ḥad (Aït Seddrât). 288.                                  |
                                                              |
  Ḥad Agdz. 288.                                              |
                                                              |
      Aït Ạtab. 75. 261. 267. 401.                            |6.
                                                              |
      Aït Bou Zid. 71. 427.                                   |6.
                                                              |
      Aït Mezal.                                              |11. 12.
                                                              |
      Aït ou Alil. 350.                                       |
                                                              |
      Aoulouz. 334.                                           |
                                                              |
      Asrir. 357.                                             |
                                                              |
      Astour. 292.                                            |
                                                              |
      Beni Ḥaïoun. 295.                                       |
                                                              |
      Beni Sbiḥ. 295.                                         |
                                                              |
      Gersif. 385.                                            |
                                                              |
      Ida ou Isaṛen.                                          |13.
                                                              |
      Igli. 334.                                              |14.
                                                              |
      Iliṛ. 342.                                              |
                                                              |
      Imasin. 274.                                            |
                                                              |
      Imtaoun. 306.                                           |
                                                              |
      Menizela. 191.                                          |
                                                              |
      Seketâna. 306.                                          |
                                                              |
      Tamjerjt. 327.                                          |
                                                              |
      Taourirt. 151.                                          |
                                                              |
      Tirikiou. 329.                                          |
                                                              |
  El Ḥaddan. 299.                                             |
                                                              |
  Ḥadj Ạbd el Malek. 186. 439. 442.                           |13.
                                                              |
  Ḥadj El Ạrabi. 184.                                         |12.
                                                              |
  Ḥadjra ech Cherifa. 17. 18. 387.                            |2. 21.
                                                              |
  El Ḥadjra El Kaḥela.                                        |4.
                                                              |
  Ḥafaïa. 191.                                                |
                                                              |
  Ḥaḥa. 22. 24. 28. 58. 73. 98. 153. 155. 170. 177. 181. 182. |12. 13.
  184. 185. 186. 187. 188. 189. 190. 339. 343.                |21.
                                                              |
  Ḥaïan. 142. 152. 154. 155. 159.                             |
                                                              |
  Ḥaïan el Bali. 154.                                         |
                                                              |
  El Ḥaïn. 349.                                               |
                                                              |
  Ḥallaf. 368. 372. 376. 381. 385. 386. 388.                  |
                                                              |
  Ḥallaf proprement dits. 385.                                |
                                                              |
  Ḥamada. 119. 142. 154. 297.                                 |
                                                              |
  Ḥamdaoua. 263.                                              |
                                                              |
  El Ḥamedna. 401.                                            |
                                                              |
  Ḥamerin. 190. 191.                                          |12. 21.
                                                              |
  Ḥamian. 24.                                                 |3.
                                                              |
  El Ḥara (Aït Iaḥia. Ouad Dâdes). 271.                       |15.
                                                              |
          (Aït Seddrât). 288. 403.                            |8.
                                                              |
          (Dâdes). 270.                                       |15.
                                                              |
          (Mezgîṭa). 287.                                     |
                                                              |
          (Taderoucht). 359. 403.                             |
                                                              |
          (Ternata). 291.                                     |
                                                              |
          (Tinzoulin). 290.                                   |
                                                              |
          (Todṛa). 355. 356. 358. 359. 360.                   |16.
                                                              |
          (Ziz). 348.                                         |
                                                              |
  Ḥara Agdz. 287.                                             |
                                                              |
       Aqlal. 38.                                             |
                                                              |
       Imroudas. 275.                                         |
                                                              |
       Imziouan. 355.                                         |
                                                              |
       el Khoubz. 291.                                        |
                                                              |
       Mrabṭin. 355.                                          |
                                                              |
       Tamkasselt. 288.                                       |8. 15.
                                                              |
  El Ḥarar (fraction des Oulad el Ḥadj). 385.                 |
                                                              |
           (qçar). 371. 385.                                  |
                                                              |
  El Ḥaraṭîn. 351.                                            |
                                                              |
  El Ḥarsa. 370.                                              |
                                                              |
  Ḥaselfa. 377.                                               |
                                                              |
  El Ḥasen Moḥammed. 311.                                     |
                                                              |
  Ḥasi El Ḥasen Moḥammed. 311.                                |
                                                              |
  Ḥebbaren. 47.                                               |
                                                              |
  Ḥebib. 280.                                                 |
                                                              |
  Ḥeçaïa. 48. 50. 51.                                         |5.
                                                              |
  Ḥeddi. 336.                                                 |
                                                              |
  Ḥedeb Bou Nạïla. 299.                                       |
                                                              |
  Ḥelloul. 355.                                               |16.
                                                              |
  Ḥeloud. 321.                                                |
                                                              |
  Ḥelouqt. 283.                                               |
                                                              |
  El Ḥeri. 364.                                               |
                                                              |
  El Ḥibous. 352.                                             |
                                                              |
  El Ḥoch.                                                    |19.
                                                              |
  El Ḥouaïdj Imersi. 306. 309.                                |
                                                              |
  El Ḥout. 275.                                               |
                                                              |
                                                              |
                              I                               |
                                                              |
  Iannout. 154.                                               |
                                                              |
  Iattasen. 270.                                              |15.
                                                              |
  Iạdouan. 355. 360.                                          |16.
                                                              |
  Iạraben. 273.                                               |
                                                              |
  Ibabaḥen. 354.                                              |
                                                              |
  Ibakellioun. 261.                                           |
                                                              |
  Ibaraḥen. 271.                                              |
                                                              |
  Ibaraṛen. 264.                                              |
                                                              |
  Ibergnat. 322.                                              |
                                                              |
  Iberqaqen (tribu). 91. 174. 176. 177. 180. 182. 313. 314.   |11. 21.
  316.                                                        |
                                                              |
            (col). 100. 177.                                  |11. 21.
                                                              |
  Iberroussen. 275. 403.                                      |
                                                              |
  Iberziz. 338.                                               |
                                                              |
  Ibousas. 287.                                               |8.
                                                              |
  Ibzazen. 348.                                               |
                                                              |
  Ichakoukf. 322.                                             |
                                                              |
  Ichqern. 21. 46. 49. 51. 52. 67. 259. 263. 265. 363.        |
                                                              |
  Icht (qçar). 138. 152. 315. 316. 317. 318.                  |
                                                              |
       (kheneg). 315. 318.                                    |
                                                              |
  Ichtouken. v. Chtouka.                                      |
                                                              |
  Id Brahim. 316. 317. 318. 345.                              |
                                                              |
     Marmouch. 324.                                           |
                                                              |
     ou Illoun. 326. 336.                                     |
                                                              |
  Ida Ạli ou Ḥammou. 325.                                     |
                                                              |
  Ida El Ḥasen Ạli. 325.                                      |
                                                              |
      Khennioun. 364.                                         |
                                                              |
      ou Amrar. 324.                                          |
                                                              |
         Ạïssi. 339.                                          |
                                                              |
         Baạqil. 342.                                         |
                                                              |
         Blal. 91. 92. 108. 110. 111. 116. 121. 123. 124. 126.|9. 10.
  127. 128. 130. 131. 132. 135. 136. 137. 139. 140. 141. 142. |21.
  143. 144. 145. 146. 147. 149. 150. 152. 153. 154. 155. 156. |
  157. 158. 159. 160. 161. 162. 163. 167. 168. 172. 173. 193. |
  200. 256. 297. 298. 303. 305. 306. 307. 309. 311. 320. 362. |
                                                              |
         Bou Zia. 339.                                        |
                                                              |
         Garsmouk. 342.                                       |
                                                              |
         Gelloul. 339.                                        |13.
                                                              |
         Gemmed. 330. 331. 333. 334.                          |
                                                              |
         Genad. 208. 285.                                     |8.
                                                              |
         Genadif. 340. 341.                                   |
                                                              |
         Gerṭ. 186. 187. 339.                                 |13. 21.
                                                              |
         Gouilal. 331. 332. 402.                              |
                                                              |
         Isaṛen. 339.                                         |13.
                                                              |
         Kensous. 309. 311. 312. 313. 319.                    |
                                                              |
         Khelf. 339.                                          |
                                                              |
         Leggan. 317. 345.                                    |
                                                              |
         Mada. 339.                                           |
                                                              |
         Mḥammed. 183.                                        |12. 21.
                                                              |
         Qaïs. 331. 332. 335. 402.                            |14. 21.
                                                              |
         Semlal. 316. 345.                                    |
                                                              |
         Ska (fraction des Ilalen). 178. 340.                 |11.
                                                              |
  Ska (autre fraction des Ilalen, sur l’O. Ikhoullan). 340.   |
                                                              |
         Tazert. 277.                                         |7.
                                                              |
         Tift. 330. 333. 334.                                 |
                                                              |
         Tints. 313. 314.                                     |
                                                              |
         Tromma. 339.                                         |
                                                              |
         Zeddaṛ. 336.                                         |
                                                              |
         Zenzen. 339.                                         |
                                                              |
         Ziqi. 120. 177.                                      |21.
                                                              |
         Zkri. 311. 312. 313.                                 |
                                                              |
  Ida Oulstan. 140.                                           |9. 10.
                                                              |
      Oultit. v. Zarar Ida Oultit.                            |
                                                              |
  Idderb. 290.                                                |
                                                              |
  Idergan. 322. 402.                                          |
                                                              |
  Ideṛ. 84. 266.                                              |7.
                                                              |
  Idgich. 315.                                                |
                                                              |
  Idikel (district). 323.                                     |
                                                              |
         (mont). 323.                                         |
                                                              |
         (village). v. Tizi n Idikel.                         |
                                                              |
  Idili (Demnât). 401.                                        |7.
                                                              |
        (Saṛro). 211.                                         |
                                                              |
  Idrar. 283.                                                 |
                                                              |
  Idroumen. 139. 318.                                         |9.
                                                              |
  Ifenouan (qçar). 282.                                       |9.
                                                              |
           (désert du bassin du Sous). 324. 325. 327.         |
                                                              |
           (désert du bassin de l’Ouad Aït Tigdi Ouchchen).   |
  302. 304.                                                   |
                                                              |
  Iferd Aginan. 305.                                          |
                                                              |
        n Khalifa. 331. 332.                                  |
                                                              |
  Ifergan (Ouad Saksad). 323.                                 |
                                                              |
  Iferṛan (Id ou Illoun). 326.                                |
                                                              |
  Iferṛes. 264. 267.                                          |
                                                              |
  Ifertioun. 271.                                             |
                                                              |
  Iflilt. 278.                                                |
                                                              |
  Ifni. 344.                                                  |
                                                              |
  Ifraḥ. 383.                                                 |
                                                              |
  Ifran (tribu). 316. 317. 345.                               |
                                                              |
        (Imskal). 329.                                        |
                                                              |
        Ạli ou Reḥo. 273.                                     |
                                                              |
  Ifri (Dâdes). 270.                                          |15.
                                                              |
       (El Kheneg). 351.                                      |17.
                                                              |
       (Todṛa). 355.                                          |16.
                                                              |
       Imadiden. 329.                                         |
                                                              |
       Madida. 307.                                           |
                                                              |
  Ifriouin. 289. 290. 291. 296.                               |
                                                              |
  Ifsaḥen. 360.                                               |
                                                              |
  Ifsfes. 82.                                                 |7.
                                                              |
  Igadaïn. 278. 402.                                          |
                                                              |
  Igdaoun. 290.                                               |
                                                              |
  Igdi (Ouad Tizounin). 315. 317.                             |
                                                              |
  Igedad (Ida ou Gemmed). 330. 402.                           |
                                                              |
         (Ida ou Tift). 331.                                  |
                                                              |
  Igedman. 358.                                               |
                                                              |
  Igelmouz. 276.                                              |
                                                              |
  Igemran. 325.                                               |
                                                              |
  Iger n Kouris. 337.                                         |
                                                              |
       n Znar. 335. 337.                                      |
                                                              |
  Igerda. 305.                                                |
                                                              |
  Igernan. 276.                                               |
                                                              |
  Igertat. 154.                                               |
                                                              |
  Igezoulen. v. Gezoula.                                      |
                                                              |
  Igidar Aït Ioub. v. Tlâta Menâba.                           |14.
                                                              |
  Igidar et Tlâta. v. Tlâta Menâba.                           |
                                                              |
  Igidat.                                                     |12.
                                                              |
  Igidi (Ouad Tifnout). 402.                                  |
                                                              |
        (kheneg). 161.                                        |9.
                                                              |
        n Oumaliz. 328.                                       |
                                                              |
  Igisel (Ouad Agoundis). 338.                                |
                                                              |
         (désert). 324. 336.                                  |
                                                              |
  Igjgan. 282.                                                |
                                                              |
  Igli (Aït Ḥediddou). 347. 348. 349. 353.                    |
                                                              |
       (Glaoua).                                              |7.
                                                              |
       (Menâba). 189. 331. 332. 333. 334. 335. 336. 402.      |14. 21.
                                                              |
       (Mlouïa). 367. 368. 369. 370. 376. 377.                |18.
                                                              |
       Aït Khelifa. 357. 363.                                 |
                                                              |
       Aït Zarar. 276. 403.                                   |
                                                              |
  Igmoden. 287.                                               |
                                                              |
  Ignan n Ikis. 202. 305.                                     |9.
                                                              |
  Ignaouen (fraction des Aït Atta). 221. 292. 293. 294. 295.  |
  362. 363.                                                   |
                                                              |
           (qçar du Todṛa). 356.                              |
                                                              |
           (qçar du Tazarin). 364.                            |
                                                              |
  Igni n Imerraden (désert). 306.                             |
                                                              |
  Igni s Neïn. 401.                                           |
                                                              |
  Igoudar. 331. 332.                                          |
                                                              |
  Igouïaz. 316. 317. 318.                                     |
                                                              |
  Igouramen (Imgoun). 275.                                    |
                                                              |
  Igourdan. 325. 402.                                         |
                                                              |
  Igourzan. 324.                                              |
                                                              |
  Igrikan. 272.                                               |
                                                              |
  Ihoukern. 329.                                              |
                                                              |
  Iḥaḥan. 170. 339.                                           |
                                                              |
  Iḥebaren. 263.                                              |
                                                              |
  Iḥedzamen. 355.                                             |
                                                              |
  Iḥenneïn. 337.                                              |
                                                              |
  Iḥouzin. 335.                                               |
                                                              |
  Iifar. 275.                                                 |
                                                              |
  Ijdouin. 304.                                               |
                                                              |
  Ijjoukak. 338.                                              |
                                                              |
  Ikadousen. 75. 265. 401.                                    |
                                                              |
  Ikandoul. 276.                                              |
                                                              |
  Ikazzour. 271.                                              |
                                                              |
  Ikeddaren. 271.                                             |15.
                                                              |
  Ikenafen. 339.                                              |
                                                              |
  Ikerouan. 327.                                              |
                                                              |
  Ikis (district). 323.                                       |
                                                              |
       (qçar sur l’Ouad Ignan n Ikis). 203. 305.              |9.
                                                              |
       (désert). 302. 304.                                    |
                                                              |
  Ikouchoden. 324.                                            |
                                                              |
  Ikounka.                                                    |12.
                                                              |
  Ikhba. 355.                                                 |16.
                                                              |
  Ikhchouan. 294.                                             |
                                                              |
  Ikher Imzioun. 376. 377.                                    |
                                                              |
  Ikhf n Iṛir. 377.                                           |
                                                              |
  Ikhf n Oṛri. 364.                                           |
                                                              |
  Ikhfri. 330.                                                |
                                                              |
  Ikhoullan. 179. 180. 340.                                   |11. 12.
                                                              |
  Ikhzama. 170. 279. 280. 283. 326. 336. 402.                 |
                                                              |
  Ikhzamen. 170.                                              |
                                                              |
  Ilala. 170.                                                 |
                                                              |
  Ilalen. 22. 91. 120. 170. 174. 177. 178. 180. 181. 182. 185.|11. 12.
  186. 188. 190. 199. 313. 340. 341.                          |21.
                                                              |
  Ilemsan (fraction des Aït Atta). 292. 294. 363.             |
                                                              |
          (qçar du Saṛro). 361. 362.                          |
                                                              |
          (qçar du Fezouata). 292.                            |
                                                              |
  Ilemsen (Ouad Mançour). 325.                                |
                                                              |
  Iliṛ (Ouad S. Moḥammed ou Iạqob). 22. 91. 194. 198. 199.    |10. 21.
  200. 308. 309. 319. 443.                                    |
                                                              |
          (Oulad Iaḥia). 303.                                 |
                                                              |
          (Tazeroualt). 100. 342. 343. 402.                   |
                                                              |
  Iliz.                                                       |11.
                                                              |
  Ilouaḥen. 271.                                              |
                                                              |
  Ilougan. 355.                                               |16.
                                                              |
  Iloukous. 325.                                              |
                                                              |
  Ilṛman. 278. 402.                                           |
                                                              |
  Imadiden. 306. 307. 328. 329. 337.                          |
                                                              |
  Imaouen. 172. 312. 313.                                     |10. 11.
                                                              |21.
                                                              |
  Imaounin. 81. 85. 92. 107. 278. 402.                        |
                                                              |
  Imaraten. 303.                                              |
                                                              |
  Imaṛiren (Genṭafa). 337.                                    |
                                                              |
           (Ḥaḥa). 187.                                       |13.
                                                              |
  Imasin (Imeṛrân). 269. 273. 274. 276.                       |
                                                              |
  Imazan (Tiallalin). 350.                                    |17.
                                                              |
  Imazzen (ruines dans la Feïja). 202.                        |9.
                                                              |
  Imchisen. 150.                                              |
                                                              |
  Imdras. 268.                                                |
                                                              |
  Imdṛeṛ Fouqani. 281. 336.                                   |
                                                              |
         Taḥtani. 281. 336.                                   |
                                                              |
  Imejjat. 331.                                               |
                                                              |
  Imelil. 321. 322.                                           |
                                                              |
  Imelouan (Aït Ḥediddou). 348.                               |
                                                              |
           (Semgat). 359.                                     |
                                                              |
  Imentagen. v. Mentaga.                                      |
                                                              |
  Imeṛrân (tribu). 58. 92. 211. 213. 269. 272. 274. 276. 403. |8. 15.
                                                              |21.
                                                              |
          (district de l’O. Dâdes). 211. 268. 269. 272. 273.  |21.
  274. 276. 289. 403.                                         |
                                                              |
  Imeṛraoun. 337.                                             |
                                                              |
  Imgdal. 337.                                                |
                                                              |
  Imgoun (Ouad Imgoun). 275. 403.                             |
                                                              |
         (Seketâna). 329.                                     |
                                                              |
  Imhaouchen. 262.                                            |
                                                              |
  Imi n Amoumen. 321. 322. 323.                               |
                                                              |
      el Ạïn (Indaouzal). 334.                                |
                                                              |
      el Ạïn (Ounzin). 306. 307.                              |
                                                              |
      n Dra.                                                  |8.
                                                              |
      n Msount. 323.                                          |
                                                              |
      n ou Aqqa. 310. 338.                                    |
                                                              |
           Asif. 335.                                         |
                                                              |
      Ougadir (qçar). 316.                                    |
                                                              |
      Ougadir (kheneg). 316.                                  |
                                                              |
      n Ougni (Imskal). 329. 402.                             |
                                                              |
      (Ouad Zagmouzen). 327.                                  |
                                                              |
      Ougni (Ternata). 290.                                   |
                                                              |
      n Tels. 198. 199.                                       |
                                                              |
      n Tlit. 302. 303.                                       |
                                                              |
      n Zgi. 278.                                             |
                                                              |
  Imidel. 337.                                                |
                                                              |
  Imiḍeṛ. 327.                                                |
                                                              |
  Imilan. 330.                                                |
                                                              |
  Imini. 95. 278. 279. 280. 402.                              |8.
                                                              |
  Imirgel. 327. 328.                                          |
                                                              |
  Imirleïn. 281.                                              |
                                                              |
  Imirṛen. 96. 277. 278.                                      |
                                                              |
  Imiṭeq. 172. 173. 313.                                      |10. 11.
                                                              |21.
                                                              |
  Imiṭeṛ (Ouad Imiṭeṛ). 218. 219. 220. 221. 265. 357. 358.    |15. 21.
  359. 361. 362. 363.                                         |
                                                              |
         (Semgat). 359.                                       |
                                                              |
  Imjdoudar (fraction). 289.                                  |
                                                              |
            (qçar). 288.                                      |8. 15.
                                                              |
  Imjijouin. 327.                                             |
                                                              |
  Imougar (fraction des Aït Isfoul). 358.                     |
                                                              |
          (qçar). 358.                                        |
                                                              |
  Imoula (Ouad Mançour). 325.                                 |
                                                              |
         (Ounzin). 306. 309.                                  |
                                                              |
  Imoulaten. 153. 154.                                        |
                                                              |
  Imousas. 355.                                               |16.
                                                              |
  Imraḍen.                                                    |8. 15.
                                                              |
  Imri. 350.                                                  |17.
                                                              |
  Imṛeld. 281.                                                |
                                                              |
  Imṛid. 329.                                                 |
                                                              |
  Imseggin. 189. 190. 191. 193. 194.                          |12. 21.
                                                              |
  Imskal (fraction des Seketâna). 306. 328. 329. 337.         |
                                                              |
         (Aït Tameldou). 325.                                 |
                                                              |
  Imsouffa. 292. 363.                                         |
                                                              |
  Imtaoun. 306. 307. 320.                                     |
                                                              |
  Imtfian. 311. 320.                                          |
                                                              |
  Imtras. 347.                                                |
                                                              |
  Imzdouder (pour Imjdoudar). 289.                            |
                                                              |
  Imzid Iberqaqen.                                            |11.
                                                              |
  Imzil. 328.                                                 |
                                                              |
  Imzouṛ (Dâdes). 216. 270. 271.                              |15. 21.
                                                              |
  Imzouṛen. 92. 94. 106. 277. 278. 279. 402.                  |8.
                                                              |
  In Timmelt. 340.                                            |
                                                              |
  Incheï. 286.                                                |
                                                              |
  Indaouzal. 194. 196. 319. 330. 331. 333. 334. 402.          |14. 21.
                                                              |
  Indiout. 283.                                               |
                                                              |
  Ingbi. 351.                                                 |
                                                              |
  Inisi (Ounzin). 306. 307.                                   |
                                                              |
  Inkto. 265.                                                 |
                                                              |
  Inmarakht. 323. 402.                                        |
                                                              |
  Inmezzen. 324.                                              |
                                                              |
  Insrad. 294.                                                |
                                                              |
  Intliten. 287.                                              |
                                                              |
  Ioulioul. 306.                                              |
                                                              |
  Iounilen. 95. 170. 277.                                     |7.
                                                              |
  Iounzioun. 306.                                             |
                                                              |
  Iouriken. 208. 284. 285. 288. 293.                          |
                                                              |
  Iourtegin. 269. 270.                                        |15.
                                                              |
  Iouzioun. 321. 322. 324. 326. 327. 402.                     |
                                                              |
  Iqoubban. 291.                                              |
                                                              |
  Irazin. 335.                                                |
                                                              |
  Irbiben. 363.                                               |
                                                              |
  Ireṛrer. 360.                                               |
                                                              |
  Irezd. 348.                                                 |
                                                              |
  Irf n Iṛir. v. Ikhf n Iṛir.                                 |
                                                              |
  Irf n Isli. 284.                                            |
                                                              |
  Irf Ouzelag. 142.                                           |
                                                              |
  Iriṛer. 287. 288.                                           |8. 15.
                                                              |
  Irk. 330.                                                   |
                                                              |
  Irounan. 277.                                               |
                                                              |
  Irsig. 288. 289. 290.                                       |
                                                              |
  Irzi. 327.                                                  |
                                                              |
  Iṛal n Ṛbar. 338.                                           |
                                                              |
  Iṛanim. 306.                                                |
                                                              |
  Iṛanimin. 330.                                              |
                                                              |
  Iṛara. 364.                                                 |
                                                              |
  Iṛels. 103. 104. 106. 108. 280. 283. 300. 403.              |8. 21.
                                                              |
  Iṛer (Ilalen). 340.                                         |
                                                              |
  Iṛerdaïn. 291.                                              |
                                                              |
  Iṛerm Amellal. 274.                                         |
                                                              |
        n Cherif. 359.                                        |
                                                              |
        n Igran. 270.                                         |15.
                                                              |
        n Imzil. 270.                                         |
                                                              |
        Melloul. 270.                                         |
                                                              |
        n Tizi. 274.                                          |
                                                              |
  Iṛerman Azdaṛ. 362. 364.                                    |
                                                              |
  Iṛil (Imini). 278. 402.                                     |
                                                              |
       (Ouad Aginan). 305.                                    |
                                                              |
       (Ouad Aït Tameldou). 324.                              |
                                                              |
       el Abian. 278.                                         |
                                                              |
       Mechtiggil. 327. 337.                                  |
                                                              |
       n Oïṭṭôb. 100. 211.                                    |8. 15.
                                                              |
       n Oro. 326. 327. 328. 332. 333. 337. 402.              |
                                                              |
       n Ouaman. 329.                                         |
                                                              |
       n Tefraout. 329.                                       |
                                                              |
  Iṛir (Glaoua).                                              |7.
                                                              |
       (Imiṭeṛ). 358.                                         |15.
                                                              |
       (Tamanaṛt). 316. 317. 318.                             |
                                                              |
       n Azeggar. 287. 288.                                   |8. 15.
                                                              |
       el Ḥadj. 284.                                          |
                                                              |
       Igidi. 310.                                            |
                                                              |
       Menougar.                                              |8. 15.
                                                              |
  Iṛrem Aqdim. 273.                                           |
                                                              |
        n Ououl. 279.                                         |
                                                              |
  Iṛri (Imskal). 306. 328. 329. 336.                          |
                                                              |
  Iṛris. 277. 402.                                            |
                                                              |
  Isaffen (tribu). 22. 91. 92. 170. 172. 174. 175. 176. 177.  |11. 21.
  180. 182. 309. 312. 313. 314. 310.                          |
                                                              |
          (Tiallalin). 350.                                   |17.
                                                              |
  Isbabaten. 153. 311. 320.                                   |
                                                              |
  Isbouïa. 345.                                               |
                                                              |
  Isektân. 170.                                               |
                                                              |
  Iseldeï. 283.                                               |8.
                                                              |
  Iselouan. 386. 390.                                         |
                                                              |
  Isemdaï.                                                    |7.
                                                              |
  Isendalen. 340.                                             |
                                                              |
  Iserdan. 350.                                               |17.
                                                              |
  Isḥerin. 323. 324.                                          |
                                                              |
  Isḥiḥen. 268. 269. 272.                                     |15. 21.
                                                              |
  Isidan. 285.                                                |
                                                              |
  Isil. 282.                                                  |9.
                                                              |
  Ismarin. 355.                                               |
                                                              |
  Issin Imaṛiren. 276.                                        |
                                                              |
  Itelouan. 277.                                              |8.
                                                              |
  Itkhisen (Zenâga). 282.                                     |
                                                              |
  Izabouben. 350.                                             |17.
                                                              |
  Izakenniouen. 292.                                          |
                                                              |
  Izebban. 348.                                               |
                                                              |
  Izelf Aït Melṛad. 357.                                      |
                                                              |
  Izerouan. 260.                                              |
                                                              |
  Izerraḥen. 350.                                             |17.
                                                              |
  Izeṛran (Mlouïa). 366. 368.                                 |
                                                              |
          (Tatta). 145.                                       |10.
                                                              |
  Izezgir. 284.                                               |
                                                              |
  Izgern. 324.                                                |
                                                              |
  Izgrouzen. 323.                                             |
                                                              |
  Izilal. v. Ṭriq Izilal.                                     |
                                                              |
  Izknasen. 270. 363.                                         |15.
                                                              |
  Izligen (fraction des Aït Atta). 292. 293. 363.             |
                                                              |
          (qçar). 292. 293. 294.                              |
                                                              |
  Izloufa. 353.                                               |
                                                              |
  Iznâgen. 170.                                               |
                                                              |
  Izoukennan. 323.                                            |
                                                              |
  Izouralen Aït Ḥammou. 275. 403.                             |
                                                              |
  Izouṛar (plaine). 267.                                      |
                                                              |
          (col). 260. 267.                                    |
                                                              |
          (qçar). 348.                                        |
                                                              |
                                                              |
                              J                               |
                                                              |
  Jabel. 229. 350.                                            |17.
                                                              |
  Jakana. v. Tajakant.                                        |
                                                              |
  Jell. 368. 372. 379. 385. 386. 387.                         |
                                                              |
                                                              |
                              K                               |
                                                              |
  El Kaf. 384.                                                |
                                                              |
  Kandoula. 276.                                              |
                                                              |
  El Kaouka. 264.                                             |
                                                              |
  El Kạba (Oulad Iaḥia). 303.                                 |
                                                              |
          (Ternata). 291. 296.                                |
                                                              |
  El Kebbaba (Aqqa). 120. 150. 151. 152. 313.                 |10.
                                                              |
             (Mezgîṭa). 287.                                  |
                                                              |
  Kebdana (tribu). 368. 372. 391.                             |
                                                              |
          (monts). 368. 372. 386.                             |
                                                              |
  Kechchacha. 371. 378. 379. 385.                             |
                                                              |
  Keddoucha. 364.                                             |
                                                              |
  El Kefifat. 191.                                            |
                                                              |
  Kenadsa. 371. 373. 383.                                     |
                                                              |
  Kerarma. 250. 252. 380. 381. 385. 389.                      |20.
                                                              |
  Kerazba Ṭleuḥ. 303.                                         |
                                                              |
  Kerkda. 282.                                                |9.
                                                              |
  Kerrando. 229. 230. 349. 368. 370. 371. 373. 374. 377. 378. |17.
                                                              |
  Ketâma. 35.                                                 |
                                                              |
  Kik. 337. 338.                                              |
                                                              |
  Kiriout. 305.                                               |
                                                              |
  Kisan. 209. 212. 296.                                       |8. 15.
                                                              |
  Koudia Bou Mousi. 120. 160. 161.                            |
                                                              |
         Bou Tizen. 305.                                      |9.
                                                              |
         Khoḍra. 257.                                         |20.
                                                              |
         El Mezarreb. 308.                                    |
                                                              |
         Mrimima. 160.                                        |
                                                              |
         Oulad Iaḥia. 209.                                    |8. 15.
                                                              |
  Kouilal. 334.                                               |
                                                              |
  Koulat. 330.                                                |
                                                              |
  Kourṭ. 15.                                                  |2. 21.
                                                              |
  Krazza. 262.                                                |
                                                              |
  Krifat. 262.                                                |
                                                              |
  El Kseạt. 377. 378.                                         |
                                                              |
  Ksima. 182. 184. 188. 189. 191. 193. 194. 345.              |12. 21.
                                                              |
                             KH                               |
                                                              |
  Khanifra. 47. 263.                                          |
                                                              |
  El Kharbt. 282.                                             |9.
                                                              |
  Khela Adnan. 199. 200.                                      |10.
                                                              |
        Afella Ifri. 277.                                     |
                                                              |
        Aït Ouasạou. 332.                                     |
                                                              |
        Amara.                                                |8.
                                                              |
        Angad. 253. 254. 256. 257. 368. 372. 379. 381. 385.   |20. 21.
  388. 389. 390.                                              |
                                                              |
        Aounkou. 278.                                         |
                                                              |
        Asdṛem. 283.                                          |
                                                              |
        Assaka. 279.                                          |
                                                              |
        Assaka Ourami. 278.                                   |
                                                              |
        Azger Amṛar.                                          |8.
                                                              |
        Ạïn n Zeggert. 284.                                   |
                                                              |
        Bachkoum. 283. 284.                                   |
                                                              |
        Bou Igouldan. 279.                                    |
                                                              |
        Bou Izri. 279.                                        |
                                                              |
        Bou Selman. 294. 295.                                 |
                                                              |
        Bou Zeroual. 296.                                     |
                                                              |
        Dou Ouzrou Zouggaṛ. 333. 334.                         |
                                                              |
        Ifenouan (bassin de l’Ouad Aït Tigdi Ouchchen). 302.  |
  304.                                                        |
                                                              |
        Ifenouan (bassin de l’Ouad Sous). 324. 325. 327.      |
                                                              |
        Iger n Znar. 335. 337.                                |
                                                              |
        Igidi n Oumaliz. 328.                                 |
                                                              |
        Igisel. 324. 336.                                     |
                                                              |
        Igni n Imerraden. 306.                                |
                                                              |
        Igrikan. 272.                                         |
                                                              |
        Ikis. 302. 304.                                       |
                                                              |
        Imaouen. 172. 312. 313.                               |10. 11.
                                                              |21.
                                                              |
        Imi n Tels. 199.                                      |
                                                              |
        Irf n Isli. 284.                                      |
                                                              |
        Iṛir el Ḥadj. 284.                                    |
                                                              |
        Iseldeï. 283.                                         |8.
                                                              |
        Isidan. 285.                                          |
                                                              |
        Izezgir. 284.                                         |
                                                              |
        Jell. 368. 372. 379. 385. 386. 387.                   |
                                                              |
        el Kheneg. 292. 294.                                  |
                                                              |
        Manouïl.                                              |8.
                                                              |
        Mlouïa. 366.                                          |
                                                              |
        Ouaourmest. 284.                                      |
                                                              |
        Ouichdan. 337. 338.                                   |
                                                              |
        Ouirṛân.                                              |8.
                                                              |
        Ṛaret. 368. 372. 386. 387. 390.                       |
                                                              |
        Ta n Amelloul. 281. 282. 336.                         |
                                                              |
        Tafrâta. 101. 250. 251. 368. 372. 375. 388.           |19. 20.
                                                              |21.
                                                              |
        Tala. 284.                                            |
                                                              |
        Talaṛt Imadid. 306. 328.                              |
                                                              |
        Tamṛart. 279.                                         |
                                                              |
        Tamzernit. 323. 324.                                  |
                                                              |
        Taqqat Nezala. 354.                                   |
                                                              |
        Taria. 284.                                           |
                                                              |
        Tarouni. 300.                                         |
                                                              |
        Tasminert. 296.                                       |
                                                              |
        Tasṛirt. 281. 282. 305. 306. 328. 336. 337.           |9.
                                                              |
        Tazga Asdṛem. 283.                                    |
                                                              |
        Taznout. 306.                                         |
                                                              |
        Teddref. 326. 336.                                    |
                                                              |
        Tiddes. 325.                                          |
                                                              |
        Tifergin. 327.                                        |
                                                              |
        Tifernin. 284.                                        |
                                                              |
        Tilqit. 211.                                          |
                                                              |
        Tilziṛ. 284.                                          |
                                                              |
        Timasinin. 276.                                       |
                                                              |
        Timezgiḍa n Izrar. 332.                               |
                                                              |
        Timikirt. 280. 281.                                   |
                                                              |
        Timoures. 325.                                        |
                                                              |
        Tougdin. 306.                                         |
                                                              |
  Khelil. 360.                                                |
                                                              |
  Khemîs Adis. 145.                                           |
                                                              |
         Aït Ạli. 341.                                        |
                                                              |
             Ạmer. 106.                                       |
                                                              |
             Iaḥia ou Ọtman. 360.                             |
                                                              |
             Khelift. 265.                                    |
                                                              |
             ou Alil. 350.                                    |
                                                              |
         Aqdim. 348.                                          |
                                                              |
         Asrir. 357.                                          |
                                                              |
         Beni Ḥaïoun. 295.                                    |
                                                              |
         Beni Sbiḥ. 295.                                      |
                                                              |
         Beni Zouli. 292.                                     |
                                                              |
         Debdou. 375.                                         |
                                                              |
         Enzel. 81.                                           |
                                                              |
         Gersif. 385.                                         |
                                                              |
         Iṛil n Oro. 328.                                     |
                                                              |
         Isaffen. 314.                                        |
                                                              |
         Oulad Daḥou. 191.                                    |
                                                              |
         Qaçba Qedîma. 352.                                   |
                                                              |
         Rebaṭ. 290.                                          |
                                                              |
         Sidi Bou Ạbd Allah. 352.                             |
                                                              |
         Sidi Bou Iaḥia. 217. 270. 271. 275.                  |15.
                                                              |
         Sidi Moḥammed ou Iạqob. 335.                         |
                                                              |
         Sidi Ọtman. 280.                                     |
                                                              |
         Sidi ou Ạziz. 335.                                   |
                                                              |
         Tamnougalt. 288.                                     |
                                                              |
         Tazenakht. 108. 109. 110. 280.                       |
                                                              |
         Tidsi. 340.                                          |
                                                              |
         Tinṛir. 356.                                         |
                                                              |
         Zaouïa Sidi Bou Qil. 349.                            |
                                                              |
  El Kheneg (Ouad Aṛlal). 300.                                |
                                                              |
            (Ouad Dra). 286. 292. 294.                        |
                                                              |
            (Ouad Ziz). 229. 347. 350. 351.                   |17. 21.
                                                              |
  Kheneg Adis. 143. 145. 147. 158. 310. 311.                  |10.
                                                              |
         Aqqa Izen. 307.                                      |10.
                                                              |
         Azerftin. 151. 310.                                  |10.
                                                              |
         el Ạbbarat. 231. 232.                                |17.
                                                              |
         Bent en Nạs. 144. 308.                               |10.
                                                              |
         el Gerzim. 308.                                      |
                                                              |
         Gro. 373.                                            |
                                                              |
         Icht. 315. 318.                                      |
                                                              |
         Imi n ou Aqqa. 310. 338.                             |
                                                              |
         Imi n ou Asif. 335.                                  |
                                                              |
         Imi Ougadir. 316.                                    |
                                                              |
         Jabel. 229. 350.                                     |
                                                              |
         Meṛder Djeld.                                        |9.
                                                              |
         Tarea. 268. 285. 286. 287. 295.                      |8.
                                                              |
         Tarq. 353.                                           |
                                                              |
         Tesatift. 305. 306. 307. 310.                        |9.
                                                              |
         eṭ Ṭeurfa. 140. 141. 147. 154. 307. 308.             |10. 21.
                                                              |
         Zrorha. 146. 308.                                    |10.
                                                              |
  Kheouïa (collines). 299. 311.                               |10.
                                                              |
  El Kheouïa (Ouad Zgiḍ). 301. 303.                           |
                                                              |
  El Kheroua. 308.                                            |
                                                              |
  Kherraza (Ṛeris). 360.                                      |
                                                              |
  El Kherraza (Ternata). 291.                                 |
                                                              |
  Kherzouza. 349.                                             |
                                                              |
  Khesasra. 263.                                              |
                                                              |
  El Khleṭ (Ida ou Blal). 154.                                |
                                                              |
  El Khloṭ (Chaouïa). 263.                                    |
                                                              |
  El Khorb (Beni Oukil). 368. 369. 386.                       |
                                                              |
  El Khorbat (Ferkla). 356. 357. 361.                         |
                                                              |
  Khrouf. 299. 308.                                           |
                                                              |
  Khsa (fraction des Oulad Iaḥia). 297. 298. 303.             |
                                                              |
       (qçar). 297. 303.                                      |
                                                              |
                                                              |
                              L                               |
                                                              |
  Lalla Maṛnia. 10. 97. 202. 250. 257. 258. 369. 376. 379.    |21.
  380. 381. 386. 388. 390. 391.                               |
                                                              |
  Lebbou.                                                     |17.
                                                              |
  Lebdia. 299.                                                |
                                                              |
  Lemdint. 305.                                               |
                                                              |
  Lemta. 24.                                                  |3.
                                                              |
  Louleïza. 330. 331. 402.                                    |
                                                              |
                                                              |
                              M                               |
                                                              |
  Madida. 307.                                                |
                                                              |
  Maggaman. 360.                                              |
                                                              |
  Mançour. 325.                                               |
                                                              |
  Mançouria. 285. 286. 291. 292. 403.                         |
                                                              |
  Manouïl (désert).                                           |8.
                                                              |
  Maroc (ville). 1.                                           |
                                                              |
  Masa (Beni Khîran). 66.                                     |
                                                              |
  Massa. 342. 345.                                            |
                                                              |
  Mast. 342. 345.                                             |
                                                              |
  Mazagan. 21. 188.                                           |
                                                              |
  Mạder Aqqa. 146. 152. 298. 299. 300. 312.                   |
                                                              |
        Icht. 146. 298. 300. 315. 316.                        |
                                                              |
        Ida ou Blal. 146. 150. 152. 298. 299. 300. 308.       |10.
                                                              |
        Imi Ougadir. 146. 298. 300. 316.                      |
                                                              |
        Soulṭân. 146. 147. 411. 415. 434. 450.                |10.
                                                              |
        Tafrâta Taḥtani.                                      |19. 20.
                                                              |
        Tatta. 146. 152. 298. 299. 309. 312.                  |
                                                              |
        Tizgi. 146. 298. 300. 314. 316.                       |
                                                              |
  Mạdna. 261.                                                 |
                                                              |
  El Mạïach. 271.                                             |15.
                                                              |
  El Mạïder. 153.                                             |
                                                              |
  Mdahi. 154.                                                 |
                                                              |
  Mechra el Bacha.                                            |2.
                                                              |
  Mechra Ḥadjra ech Cherifa. 17.                              |2. 21.
                                                              |
  Medafra. 368. 385.                                          |
                                                              |
  Medaṛra (Chaouïa). 264.                                     |
                                                              |
  Medelles. 146. 147. 149. 302. 308.                          |10.
                                                              |
  El Medina (Imini). 278.                                     |
                                                              |
  Mediouna (Chaouïa). 264.                                    |
                                                              |
           (Metṛara). 352.                                    |
                                                              |
  El Megarba. 292.                                            |
                                                              |
  Megdoul. 367. 368. 374. 376. 377. 379. 382.                 |
                                                              |
  Mehdia. 291. 292.                                           |
                                                              |
  El Mehenni. 351.                                            |
                                                              |
  El Meḥagen. 308.                                            |
                                                              |
  Meknâs. 1. 19. 22. 24. 25. 37. 39. 40. 42. 43. 46. 56. 67.  |3. 21.
  73. 75. 252. 256. 395. 401. 424. 425.                       |
                                                              |
  Mekrez. 131. 142. 154. 155.                                 |
                                                              |
  Mekrez el Ḥadjer. 154.                                      |
                                                              |
  El Mektoufa. 369.                                           |
                                                              |
  Mekhtara Aït Abbou. 227.                                    |16. 21.
                                                              |
  Melal. 291. 292. 303.                                       |
                                                              |
  Melilla. 250. 390. 391.                                     |
                                                              |
  El Mellaḥ (Aït Zaïneb). 94. 278. 402.                       |8.
                                                              |
  El Mellaḥ (Ouṭat Oulad el Ḥadj). 242. 371. 374. 378. 379.   |18. 19.
  403. 448.                                                   |
                                                              |
  Mellaḥ el Ihoud (Ouṭat Oulad el Ḥadj). v. El Mellaḥ.        |
                                                              |
         Qçar es Souq. 351.                                   |
                                                              |
         Tiallalin. v. Qcîra el Ihoud. Mellaḥa. 364.          |
                                                              |
  Mellạb Aït Iạzza. 357.                                      |
                                                              |
  Menâba. 22. 99. 100. 189. 193. 194. 329. 330. 331. 332. 333.|14. 21.
  334. 335. 336. 402.                                         |
                                                              |
  Menizela. 191.                                              |
                                                              |
  Mentaga. 334. 335.                                          |
                                                              |
  El Meqaṭra. 291. 292. 296.                                  |
                                                              |
  Mergeshoum. 101. 249. 251. 252. 253. 372. 379. 381. 388.    |20. 21.
                                                              |
  Meris el Bioḍ. 66.                                          |
                                                              |
  El Merjạ. 300. 304.                                         |
                                                              |
  Mermoucha. 383.                                             |
                                                              |
  Merrâkech. 1. 21. 22. 24. 54. 56. 63. 65. 66. 70. 78. 79.   |7. 21.
  82. 96. 98. 107. 114. 125. 126. 134. 145. 153. 155. 156.    |
  188. 256. 265. 323. 335. 337. 338. 342. 344. 373. 401.      |
                                                              |
  Meṛder Djeld. 160.                                          |9.
                                                              |
  El Mesalla. 375.                                            |19.
                                                              |
  Mesfioua. 96. 401.                                          |
                                                              |
  Mesgoug. 273. 274.                                          |
                                                              |
  Meskis. 154.                                                |
                                                              |
  Meskoua. 151.                                               |10.
                                                              |
  Messaout.                                                   |6. 7.
                                                              |
  Messoun. 379. 385. 386. 387. 390. 391.                      |
                                                              |
  Metalsa. 386.                                               |
                                                              |
  Metṛara. 227. 232. 293. 343. 347. 352.                      |17. 21.
                                                              |
  Mezaouir. 388.                                              |
                                                              |
  Mezarcha. 368. 385.                                         |
                                                              |
  El Mezarreb. 308.                                           |
                                                              |
  Mezdaggen. 340.                                             |
                                                              |
  Mezedjel. 8. 9.                                             |1.
                                                              |
  Mezgemmat. 321. 402.                                        |
                                                              |
  Mezgiḍa (Beni Zemmour). 66.                                 |
                                                              |
  Mezgîṭa. 22. 81. 91. 107. 110. 158. 159. 201. 206. 208. 209.|8. 15.
  210. 211. 212. 216. 284. 285. 286. 287. 288. 292. 361. 400. |21.
  403.                                                        |
                                                              |
  Mezizelt. 348. 349.                                         |
                                                              |
  Mfasis. 261.                                                |
                                                              |
  Mhaïa (tribu de la plaine d’Angad). 253. 380. 388. 390.     |20. 21.
                                                              |
        (environs de Fâs). 24.                                |3.
                                                              |
  El Mḥamid (Dra). 295.                                       |
                                                              |
            (Zgiḍ). 301. 302. 403.                            |
                                                              |
  Mḥamid el Ṛozlân. 159. 210. 211. 268. 285. 286. 293. 295.   |
  297. 298. 299. 304. 399. 403.                               |
                                                              |
  El Mḥara (Oulad Iaḥia). 332.                                |
                                                              |
  Mḥarir. 262.                                                |
                                                              |
  El Mḥaroug. 301.                                            |
                                                              |
  El Mḥarza. 295.                                             |
                                                              |
  Mḥaser.                                                     |7.
                                                              |
  El Mḥazel. 297.                                             |
                                                              |
  Mḥeïjiba. 160. 161. 164. 166. 208. 300.                     |9.
                                                              |
  Mḥinch (Zgiḍ). 301. 302.                                    |
                                                              |
  Mial. 324.                                                  |
                                                              |
  Miggar el Ḥedid. 328.                                       |
                                                              |
  Miknâsa (tribu). 25. 33. 387.                               |
                                                              |
          (qaçba). 32. 391. 401.                              |
                                                              |
  Miltsin. 99.                                                |
                                                              |
  El Mirna. 275.                                              |
                                                              |
  Misour. 22. 35. 99. 231. 238. 239. 240. 241. 242. 243. 244. |18. 21.
  365. 366. 367. 368. 369. 370. 372. 374. 377. 378. 379. 380. |
  383. 384. 403. 447.                                         |
                                                              |
  El Mkhater (entre le Ferkla et le Ṛeris). 226. 361.         |16.
                                                              |
  El Mkhatir (Menâba). 334.                                   |
                                                              |
  Mlouïa (désert). 366.                                       |
                                                              |
         (plaine). 239. 240. 372.                             |
                                                              |
  Mnia. 263.                                                  |
                                                              |
  Mogador. 1. 21. 22. 79. 98. 99. 122. 126. 152. 153. 156.    |13. 21.
  166. 169. 170. 177. 180. 181. 182. 184. 185. 186. 187. 188. |
  199. 200. 293. 314. 342. 412. 413. 439. 440. 441. 442. 443. |
  450.                                                        |
                                                              |
  Mogger. 364. 365.                                           |
                                                              |
  Mouali el Ouad. 262.                                        |
                                                              |
  Mouâzen Sidi Bel Khîr. 390. 391.                            |
                                                              |
  Moui. 359. 360.                                             |
                                                              |
  Moulei Ạbd Allah. 352.                                      |
                                                              |
         Ạbd el Ouaḥad (douar). 425.                          |5.
                                                              |
         Ạbd el Qader. 331.                                   |
                                                              |
         Ạbd er Raḥman. 33. 35.                               |4. 21.
                                                              |
         Ạbd es Selam.                                        |4. 21.
                                                              |
         Ạli. 330.                                            |
                                                              |
         Bakkan.                                              |1.
                                                              |
         Bou Ạzza Ạmer Trab. 65.                              |
                                                              |
         Bou Fers. 296.                                       |
                                                              |
         Bou Iạzza. 47. 66. 266.                              |
                                                              |
         Brahim. 358.                                         |
                                                              |
         Edris. 24. 25. 389.                                  |
                                                              |
         El Feḍil (ạdjib). 46. 47.                            |5.
                                                              |
         Iạqob (ravin). 296.                                  |
                                                              |
         Iạqob ben Selîman. 367.                              |18.
                                                              |
         Iousef d Aït Ba El Ḥasen. 273.                       |
                                                              |
         Ismạïl (qaçba). 250. 251. 252. 379. 380. 381. 390.   |20. 21.
  449.                                                        |
                                                              |
         Ez Zaqi (douar). 425.                                |3.
                                                              |
  Moumalou. 321.                                              |
                                                              |
  Mouskellal. 351.                                            |
                                                              |
  El Mqadra. 291.                                             |
                                                              |
  Mrabṭen. 262.                                               |
                                                              |
  Mrabṭin Aït Sidi Mouloud. 287.                              |
                                                              |
          Ḥamirin. 298.                                       |
                                                              |
          Sidi Ech Chergi. 287.                               |
                                                              |
  Mrimima. 128. 153. 154. 159. 160. 161. 163. 164. 165. 166.  |9. 21.
  167. 168. 169. 189. 201. 297. 300. 301. 302. 303. 304. 306. |
  315. 316. 317. 318. 339. 342. 343. 399. 436. 437.           |
                                                              |
  Msamsa. 263.                                                |
                                                              |
  Mzab. 263. 264.                                             |
                                                              |
  Mzi. 322. 323. 324.                                         |
                                                              |
                                                              |
                              N                               |
                                                              |
  Negert. 34.                                                 |
                                                              |
  Nekeb Fouqani. 281.                                         |
                                                              |
        Taḥtani. 281.                                         |
                                                              |
  Nesasda. 298. 303.                                          |
                                                              |
  Nesoula. 303.                                               |
                                                              |
  Nezala. 232. 354. 368. 369. 373. 377. 447.                  |17. 21.
                                                              |
  Nkheïla. 301.                                               |
                                                              |
  Nouaser. 261.                                               |
                                                              |
                                                              |
                              O                               |
                                                              |
  Ofra. 309.                                                  |
                                                              |
  Ofran. 316.                                                 |
                                                              |
  Ou Allal. 348.                                              |
                                                              |
     Rijimt. 99. 277.                                         |21.
                                                              |
  Ouad Achakski. 324. 326.                                    |
                                                              |
       Adis. 143. 145. 150. 158. 310. 311.                    |10.
                                                              |
       Adrar n Iri. 83. 266.                                  |7.
                                                              |
       Adres. 304.                                            |
                                                              |
       Agennoun.                                              |5.
                                                              |
       Aginan. 117. 156. 202. 304. 305. 306.                  |9.
                                                              |
       Agmour. 304.                                           |
                                                              |
       Agni. 115. 116. 304.                                   |9.
                                                              |
       Agni Ouremd. 296.                                      |
                                                              |
       Agoundis. 337. 338.                                    |
                                                              |
       Agraz.                                                 |1.
                                                              |
       Aït Ạïach. 363. 377. 382.                              |
                                                              |
           Ạïssa. 373.                                        |
                                                              |
           Ạïssa ou Daoud. 296.                               |8. 15.
                                                              |
           Ạmer. 186. 189.                                    |
                                                              |
           Bou Zoul. 187.                                     |
                                                              |
           Ḥamed. 274.                                        |
                                                              |
           el Ḥazen. 196. 338.                                |10. 14.
                                                              |21.
                                                              |
           Iaḥia. 353.                                        |
                                                              |
           Mançour. 156.                                      |10.
                                                              |
           Meraou. 275.                                       |
                                                              |
           Mesri. 324.                                        |
                                                              |
           Messaṭ. 72. 260. 264. 267.                         |6. 21.
                                                              |
           Mezal. 182. 340. 341.                              |11. 12.
                                                              |21.
                                                              |
           Ọtman. 327.                                        |
                                                              |
           Ouaham. 260.                                       |
                                                              |
           Oubial. 327.                                       |
                                                              |
           Ouzanif. 281.                                      |
                                                              |
           Semgan. 283. 284.                                  |8.
                                                              |
           Semmeg (afft de l’Od. Zagmouzen). 307. 328. 337.   |
  338.                                                        |
                                                              |
           Tameldou. 321. 324. 325. 326.                      |
                                                              |
           Tedrart. 326. 336.                                 |
                                                              |
           Tigdi Ouchchen. 103. 105. 112. 206. 281. 283.      |8. 21.
                                                              |
           Tougda. 325. 326.                                  |
                                                              |
       Akhḍeur. 77. 260.                                      |7.
                                                              |
       Alemta (inférieur). 296.                               |
                                                              |
              (supérieur). 296.                               |
                                                              |
       Alougoum. 301.                                         |
                                                              |
       Amaliz. 328. 329.                                      |
                                                              |
       Amasin. 279. 336.                                      |
                                                              |
       el Amdad. 196. 335. 337.                               |14. 21.
                                                              |
       Amelloul. 27. 37.                                      |4.
                                                              |
       el Amgaz. 50.                                          |
                                                              |
       Amoumen. 322. 323. 326.                                |
                                                              |
       Amsensa. 266.                                          |
                                                              |
       Amzarou. 324. 325. 326.                                |
                                                              |
       Anbed Tesatift. 305.                                   |9.
                                                              |
       Aoullous. 324. 326.                                    |
                                                              |
       Aqqa. 151. 152. 172. 173. 174. 175. 188. 300. 312. 313.|10. 11.
  314. 316.                                                   |21.
                                                              |
       Aqqa Igiren. 141. 142. 307. 308.                       |10.
                                                              |
            Iṛen. 300. 305. 306.                              |9.
                                                              |
            Izen. 141. 307.                                   |10.
                                                              |
            el Medfạ. 211. 274.                               |
                                                              |
            n Ourellaï. 211. 215.                             |15.
                                                              |
       el Arbạ. 386. 387.                                     |
                                                              |
       Arezaz. 6. 9.                                          |1.
                                                              |
       Aṛlal. 300. 301.                                       |
                                                              |
       Asdṛem. 283.                                           |
                                                              |
       Asengar. 304.                                          |
                                                              |
       Asgig. 146. 147. 308.                                  |10.
                                                              |
       Asmerdan. 310.                                         |
                                                              |
       Azerftin. 151. 310.                                    |10.
                                                              |
       Azgemerzi. 108. 112. 281. 282. 283. 304.               |8. 9.
                                                              |
       Azrar. 197.                                            |10. 14.
                                                              |21.
                                                              |
       Ạbd Allah. 296.                                        |
                                                              |
       Ạbdi. 296.                                             |
                                                              |
       el Ạbid. 54. 65. 68. 69. 70. 72. 73. 74. 75. 76. 100.  |6. 21.
  102. 259. 260. 264. 266. 267. 400. 427.                     |
                                                              |
       el Ạḍam. 423. 424.                                     |3.
                                                              |
       Ạïcha. 13.                                             |1. 21.
                                                              |
       Ạïn es Seka. 308.                                      |
                                                              |
       el Ạououdj. 381.                                       |
                                                              |
       el Ạrous. 260. 265. 267.                               |
                                                              |
       el Ạsel. 196.                                          |14.
                                                              |
       b Ougemmez. 260. 261. 264. 267. 277.                   |
                                                              |
       Bachkoum. 283.                                         |
                                                              |
       Beht. 42. 43. 46.                                      |3. 21.
                                                              |
       Beni Mellal. 63.                                       |
                                                              |
            Mesri. 365.                                       |
                                                              |
            Mḥammed. 192.                                     |12. 21.
                                                              |
            Ṛiis. 247. 248. 376. 379.                         |19. 21.
                                                              |
       el Benian.                                             |1. 21.
                                                              |
       Bent en Nạs. 299. 307. 308. 309.                       |
                                                              |
       El Betḥa el Beïḍa. 296.                                |
                                                              |
       Bou el Aouam.                                          |1.
                                                              |
           Çfiḥa. 3. 418. 419.                                |1. 21.
                                                              |
           Chaked. 311.                                       |
                                                              |
           el Djerf. 386. 387.                                |
                                                              |
           Fekran.                                            |3.
                                                              |
           Felfoul. 277.                                      |
                                                              |
           Gerba. 34.                                         |
                                                              |
           Herhour. 311.                                      |
                                                              |
           Ḥelou. 387.                                        |
                                                              |
           Igouldan. 279.                                     |
                                                              |
           Lougeïn. 296.                                      |
                                                              |
           Rdim. 258.                                         |20.
                                                              |
           Regreg. 48. 50. 401.                               |
                                                              |
           Rzab.                                              |19.
                                                              |
           Srioul. 193. 335. 336.                             |14. 21.
                                                              |
           Ṭamat. 299. 307.                                   |
                                                              |
           Zemlal. 387.                                       |
                                                              |
       el Bouir. 308. 309.                                    |
                                                              |
       Charef. 380. 381.                                      |
                                                              |
       Chechaouen.                                            |1.
                                                              |
       Chegg el Arḍ. 243. 244. 246. 367. 371. 377. 378.       |18. 21.
                                                              |
       ech Cheurfa.                                           |1.
                                                              |
       Chlouk. 391.                                           |
                                                              |
       Dâdes. 21. 70. 211. 213. 214. 215. 216. 217. 218. 219. |15. 21.
  224. 266. 268. 269. 270. 271. 272. 273. 274. 275. 276. 277. |
  280. 285. 289. 293. 362. 363.                               |
                                                              |
       Daï. 259.                                              |
                                                              |
       Debdou. 249. 250. 251. 375.                            |19.
                                                              |
       Defalia. 313.                                          |10.
                                                              |
       Derna. 59. 60. 63. 259.                                |6. 21.
                                                              |
       Dra. 10. 21. 24. 28. 61. 62. 70. 86. 87. 88. 95. 98.   |8. 10.
  99. 100. 101. 102. 108. 115. 119. 124. 135. 138. 140. 141.  |15. 21.
  143. 144. 145. 146. 147. 148. 149. 152. 153. 154. 157. 160. |
  161. 168. 177. 188. 200. 205. 206. 207. 209. 210. 211. 212. |
  213. 214. 215. 216. 224. 227. 228. 230. 260. 268. 277. 280. |
  281. 282. 284. 285. 286. 288. 289. 290. 292. 293. 294. 295. |
  297. 298. 299. 300. 302. 303. 307. 308. 309. 312. 314. 315. |
  316. 317. 318. 319. 328. 336. 343. 344. 346. 362. 402.      |
                                                              |
       Djebaïr. 310. 311.                                     |
                                                              |
       Djedari. 308.                                          |
                                                              |
       Djedida. 40.                                           |3. 21.
                                                              |
       Fareṛ (affluent du Dra). 296.                          |
                                                              |
       Fareṛ (affluent du Sous).                              |14.
                                                              |
       Fâs.                                                   |3.
                                                              |
       el Feïja (affluent du Dra). 296.                       |
                                                              |
                (affluent de l’Ouad Zgiḍ). 302. 303.          |
                                                              |
       Ferkla. 354.                                           |
                                                              |
       Fichtâla. 60.                                          |6.
                                                              |
       el Fondoq.                                             |1.
                                                              |
       Foum el Ạncer. 60. 63.                                 |6.
                                                              |
            Meskoua. v. Ouad Meskaou.                         |
                                                              |
       El Genṭafi. 336. 337.                                  |
                                                              |
       Gir. 21. 99. 102. 108. 233. 362. 363. 364. 365. 384.   |
  389. 390. 403.                                              |
                                                              |
       El Gloạ. 300. 303.                                     |
                                                              |
       Grenzar. 296.                                          |
                                                              |
       Grou. 48. 50. 266.                                     |5. 21.
                                                              |
       Hamsaïlikh. 299. 300.                                  |
                                                              |
       el Ḥaḍar. 387.                                         |
                                                              |
       el Ḥamerin. 190.                                       |12.
                                                              |
       el Ḥechaïch. 8. 9.                                     |1.
                                                              |
       Ḥenina. 299. 307.                                      |
                                                              |
       el Ḥericha. 13.                                        |1. 21.
                                                              |
       Ibakellioun. 260. 261.                                 |
                                                              |
       Iberqaqen. 175. 176. 178. 312. 313. 314.               |11. 21.
                                                              |
       Icht. 300. 315. 316. 318.                              |
                                                              |
       Id ou Illoun. 326. 336.                                |
                                                              |
       Ida ou Gert. 187.                                      |13. 21.
                                                              |
           ou Isaṛen. 187.                                    |13.
                                                              |
           ou Tromma.                                         |13. 21.
                                                              |
       Idermi. 94. 95. 103. 105. 112. 268. 277. 279. 280. 281.|8. 21.
  284. 285. 293.                                              |
                                                              |
       Idikel. 322. 323. 326.                                 |
                                                              |
       Idili. 296.                                            |
                                                              |
       Ifenouan. 282.                                         |
                                                              |
       Ifraden. 82.                                           |7.
                                                              |
       Igemran. 324. 325. 326.                                |
                                                              |
       Ignan n Ikis. 202. 305.                                |9.
                                                              |
       Ijaṛiren. 187.                                         |
                                                              |
       Ijja. 311.                                             |
                                                              |
       Ikis (bassin du Dra). 202. 203. 204.                   |
                                                              |
            (bassin du Sous). 322. 323. 326.                  |
                                                              |
       Ikhoullan. 178. 179. 340. 341.                         |11. 12.
                                                              |
       Iliṛ. 198. 199. 308.                                   |
                                                              |
       Imaṛiren. 187.                                         |
                                                              |
       Imgoun. 271. 274. 275. 276. 277.                       |15. 21.
                                                              |
       Imi n ou Aqqa. 158. 310. 311.                          |10.
                                                              |
           Ougadir. 300. 316. 317.                            |
                                                              |
           n Tels. 198.                                       |10.
                                                              |
       Imiḍer. 295.                                           |
                                                              |
       Imini. 87. 88. 89. 94. 95. 96. 277. 278. 279.          |
                                                              |
       Imiṭeq. 173. 313.                                      |10.
                                                              |
       Imiṭeṛ. 219. 220. 221. 223. 357. 358.                  |15. 16.
                                                              |21.
                                                              |
       In Timmelt. 340. 341.                                  |
                                                              |
       Inmarakht. 322. 323. 326.                              |
                                                              |
       Innaouen. 25. 26. 27. 29. 30. 31. 33. 36. 37. 97. 386. |4. 21.
  387.                                                        |
                                                              |
       Iounil. 58. 87. 88. 89. 90. 94. 95. 108. 214. 277. 278.|7. 8. 21.
  279. 284. 337.                                              |
                                                              |
       Iouzioun. 321.                                         |
                                                              |
       n Iri. v. Ouad Adrar n Iri.                            |
                                                              |
       Iriṛi. 87. 94. 277. 278. 279. 283. 284. 326. 336.      |8. 21.
                                                              |
       Iṛels. 105. 283.                                       |8.
                                                              |
       Isaffen. 312. 319.                                     |
                                                              |
       Iserki. 274. 276.                                      |
                                                              |
       Isli. 257. 258.                                        |20. 21.
                                                              |
       Isoumaten.                                             |1. 21.
                                                              |
       Izgern. 324.                                           |
                                                              |
       Izgrouzen. 322. 323. 326. 338.                         |
                                                              |
       Izourzen. 158. 310. 311.                               |10.
                                                              |
       Kebbaba. 120. 151. 152. 313.                           |10.
                                                              |
       el Kerm.                                               |18.
                                                              |
       el Kḥel. 33.                                           |
                                                              |
       Ksiksou. 48.                                           |5. 21.
                                                              |
       el Kharroub (entre Tanger et Fâs). 13.                 |1. 21.
                                                              |
                   (entre Meknâs et Oulmess).                 |3.
                                                              |
       Kheneg eṭ Ṭeurfa. 141. 146. 147. 149. 298. 299. 307.   |10.
  308.                                                        |
                                                              |
              Zrorha. 147. 308.                               |10.
                                                              |
       Kheouïa. 311.                                          |
                                                              |
       Kholkhal.                                              |5.
                                                              |
       Landra.                                                |1.
                                                              |
       Leben. 387.                                            |
                                                              |
       Mançour. 324. 325. 326.                                |
                                                              |
       Medfạ Keddou. 376. 378.                                |
                                                              |
       Mehdouma. 40.                                          |3.
                                                              |
       Meḥadjra. 4. 5. 7.                                     |1.
                                                              |
       el Melḥ (Asif Marṛen). 87. 96. 277.                    |7.
                                                              |
               (bassin de l’Ouad Dâdes). 276.                 |7.
                                                              |
               (affluent de l’Ouad Rḍât).                     |7.
                                                              |
       Melillo. 372. 376. 379.                                |
                                                              |
       Mentaga. 335.                                          |
                                                              |
       Meraḥ. 2.                                              |1. 21.
                                                              |
       Mergou. 296.                                           |
                                                              |
       Mesegmar. 253. 254. 367. 368. 381. 389.                |20.
                                                              |
       Meskaou. 151. 299. 312. 316.                           |10.
                                                              |
       Messoun. 58. 376. 379. 385. 386. 387.                  |
                                                              |
       Metlili. 254.                                          |20.
                                                              |
       Mezarreb. 308.                                         |
                                                              |
       Mgerouel.                                              |1.
                                                              |
       Mḥit. 296.                                             |
                                                              |
       Mial. 326.                                             |
                                                              |
       el Miet (affluent de droite du Dra). 296.              |
                                                              |
       el Miet (affluent de gauche du Dra). 296.              |
                                                              |
       el Mkhâzen. 14.                                        |1. 21.
                                                              |
       Mlouïa. 10. 21. 33. 58. 97. 99. 100. 101. 102. 147.    |17. 18.
  223. 234. 235. 336. 338. 339. 240. 242. 243. 244. 246. 247. |19. 21.
  251. 252. 258. 254. 259. 349. 363. 366. 367. 368. 369. 370. |
  371. 372. 373. 374. 375. 376. 377. 378. 379. 380. 381. 382. |
  383. 384. 385. 386. 387. 388. 389. 390. 403.                |
                                                              |
       Mṛira.                                                 |1.
                                                              |
       Msount. 323. 324. 326.                                 |
                                                              |
       en Nekhla. 6. 7. 11.                                   |1. 21.
                                                              |
       Nezala. 231. 232. 234. 354.                            |17. 21.
                                                              |
       Nfiḍ. 296.                                             |
                                                              |
       Nfis. 335. 337. 338.                                   |
                                                              |
       Noun (district). 35. 70. 91. 101. 123. 138. 156. 317.  |
  318. 344. 345. 346. 402.                                    |
                                                              |
       Nza. 40.                                               |3. 21.
                                                              |
       El Ouaạr. 192.                                         |14.
                                                              |
       Ouaouizert. 70. 71.                                    |6.
                                                              |
       Ouarour.                                               |1. 21.
                                                              |
       Ouerṛa. 16. 17. 420.                                   |2. 21.
                                                              |
       Ouinjgal. 301.                                         |
                                                              |
       Ouizert. 240. 373. 376. 377. 382.                      |18. 21.
                                                              |
       Oulad Ạli. 373.                                        |
                                                              |
       Oulad Djouat.                                          |14.
                                                              |
       Oulad Ọtman. 248. 379.                                 |
                                                              |
       Oulṛass. 340. 341. 342. 344. 345.                      |
                                                              |
       Oumm er Rebiạ. 21. 24. 49. 54. 57. 58. 59. 60. 63. 70. |6. 21.
  79. 100. 102. 259. 260. 265. 266. 277. 401.                 |
                                                              |
       Ouneïn. 335.                                           |
                                                              |
       Ourjelim. 44.                                          |3. 21.
                                                              |
       Ouseddan.                                              |20.
                                                              |
       Ousillin. 40.                                          |3.
                                                              |
       Ousṛeït. 296.                                          |
                                                              |
       Ouṭat Aït Izdeg. 363. 366. 368. 371. 376. 377. 382.    |
                                                              |
       Ouzanif. 106.                                          |
                                                              |
       El Qabia. 300. 301.                                    |
                                                              |
       Qaçba el Djouạ. 118. 138. 139. 304. 305.               |9.
                                                              |
       el Qceb (bassin de la Mlouïa). 254. 376. 381.          |20.
                                                              |
       el Qcib (affluent du Dra). 299. 307. 308.              |
                                                              |
       el Qous. 14. 15.                                       |1. 21.
                                                              |
       Rḍât (entre Tanger et Fâs). 16.                        |2. 21.
                                                              |
            (entre Demnât et Merrâkech). 58. 80. 82. 86. 94.  |7. 21.
  96. 266.                                                    |
                                                              |
       Ṛeris. 225. 227. 354. 357. 358. 359. 360. 361. 363.    |16. 21.
                                                              |
       Samsa.                                                 |1.
                                                              |
       Saksad. 323. 326.                                      |
                                                              |
       Sebou. 10. 12. 17. 21. 24. 26. 27. 39. 97. 100. 101.   |2. 4. 21.
  102. 256. 386. 387. 401. 420. 421.                          |
                                                              |
       Semnara. 191.                                          |12. 21.
                                                              |
       Sfrou.                                                 |4.
                                                              |
       Sidi Ben Sasi. 65.                                     |
                                                              |
            Bou Iaḥia. v. Achil Sidi Bou Iaḥia.               |
                                                              |
            Ḥamza. v. Ouad Zaouïa S. Ḥamza.                   |
                                                              |
            Ḥaseïn. 328. 329. 336.                            |
                                                              |
            Moḥammed el Ḥadj.                                 |1.
                                                              |
            Moḥammed ou Iạqob. 22. 197. 199. 200. 308. 309.   |10. 21.
                                                              |
            Nacer. 310.                                       |
                                                              |
            Rejjou.                                           |9.
                                                              |
       Siroua. 281.                                           |
                                                              |
       Souf ech Cherg. 240. 242. 367. 368. 370. 376. 377.     |18. 21.
                                                              |
       Souir.                                                 |1.
                                                              |
       Sous. 22. 24. 28. 81. 88. 95. 99. 100. 102. 108. 124.  |12. 14.
  138. 140. 160. 177. 179. 181. 183. 184. 188. 189. 190. 191. |21.
  192. 193. 194. 195. 196. 199. 232. 282. 293. 306. 307. 309. |
  316. 317. 318. 319. 321. 322. 326. 327. 328. 329. 330. 332. |
  333. 334. 335. 336. 341. 343. 344. 345. 346. 401.           |
                                                              |
       Ta n Amelloul. 281. 336.                               |
                                                              |
       Tafna. 253. 388.                                       |
                                                              |
       Tagmout (affluent de l’Od Rḍât). v. Ouad Adrar n Iri.  |
                                                              |
               (affluent de l’Od Dâdes). 211. 274.            |
                                                              |
       Taïfi.                                                 |1.
                                                              |
       Talkjount. 193. 335. 336.                              |14. 21.
                                                              |
       Tamanaṛt. 316.                                         |
                                                              |
       Tamanat. 96. 279.                                      |
                                                              |
       Tamdakht. 277.                                         |
                                                              |
       Tamellalt. 296.                                        |
                                                              |
       Tamtsift. 207. 208. 285. 288. 295.                     |8.
                                                              |
       Tanamrout. 172. 173.                                   |
                                                              |
       Tangarfa (affluent du Dra moyen). 213. 296.            |8. 15.
                                                              |
                (affluent du Dra inférieur). 300.             |
                                                              |
                (affluent du Sous). 195.                      |14.
                                                              |
       Tansikht. 296.                                         |
                                                              |
       Tanziḍa. 116. 117. 118. 304. 305.                      |9.
                                                              |
       Tanziṭ. 211.                                           |
                                                              |
       Tara Melloul. 296.                                     |
                                                              |
       Targant (affluent de l’Ouad Kheneg eṭ Ṭeurfa). 141.    |10.
  305. 306. 307. 308. 309.                                    |
                                                              |
       Targant (affluent de l’Ouad Qaçba el Djouạ). 139.      |
                                                              |
       Tarza. 227.                                            |16. 17.
                                                              |21.
                                                              |
       Tasminert. 296.                                        |
                                                              |
       Tasoukt. 325. 326.                                     |
                                                              |
       Tasṛirt. 281.                                          |
                                                              |
       Tatta. 58. 143. 150. 171. 299. 309. 310. 311. 312. 338.|10. 21.
  434.                                                        |
                                                              |
       Tâza. 29. 30. 31. 32. 387.                             |4.
                                                              |
       Tazarin. 364.                                          |
                                                              |
       Tazenakht. 103. 105. 106. 108. 109. 112. 206. 281. 282.|8.
  283. 304.                                                   |
                                                              |
       Tazeroualt. 342.                                       |
                                                              |
       Tazioukt. 335. 337.                                    |
                                                              |
       Tazouli. 307.                                          |
                                                              |
       Tazrout Timeloukka. 161.                               |9.
                                                              |
       Teççaout. 65. 76. 100. 259. 260. 264. 265. 266.        |
                                                              |
       Teççaout Fouqia. 77. 260. 265. 266. 267.               |7. 21.
                                                              |
                Merrâkech. 260.                               |
                                                              |
                Taḥtia. 79. 260. 266.                         |7. 21.
                                                              |
       Temgissin. 302. 303.                                   |
                                                              |
       et Tenîn.                                              |1.
                                                              |
       Tensift. 65. 79. 81. 102. 401.                         |
                                                              |
       Tesatift. 141. 307.                                    |9. 10.
                                                              |
       Tétouan. 4. 7.                                         |1. 21.
                                                              |
       Tichka. 96. 278.                                       |
                                                              |
       Tiddarin. 376. 378.                                    |
                                                              |
       Tidili. 93. 94. 278.                                   |8. 21.
                                                              |
       Tidsi. 187.                                            |13. 21.
                                                              |
       Tifnout. 321. 322. 323. 324. 326. 327. 332. 336. 338.  |
                                                              |
       Timjijt. 106. 112. 205. 282.                           |8. 9.
                                                              |
       Tiouant. 376. 378.                                     |
                                                              |
       Tiouiin. 112. 205. 282.                                |9.
                                                              |
       Tira n Imin. 232.                                      |17.
                                                              |
       Tiranekht.                                             |1.
                                                              |
       Tiṛremt. 311.                                          |
                                                              |
       Tisint. 58. 117. 118. 120. 161. 166. 302. 303. 304.    |9.
  306. 432.                                                   |
                                                              |
       Titoula. 83.                                           |
                                                              |
       Tittal. 324.                                           |
                                                              |
       Tizert. 175. 313. 314.                                 |11. 21.
                                                              |
       Tizgi. 325. 326.                                       |
                                                              |
       Tizgi el Ḥaraṭîn. 300. 314. 315. 316.                  |
                                                              |
             Iṛiren. 314.                                     |
                                                              |
             n Mousi. 323. 324. 326.                          |
                                                              |
       Tizi Aït Imi. 260.                                     |
                                                              |
            Aqqa.                                             |10.
                                                              |
       Tizounin. 315.                                         |
                                                              |
       Tlit. 302. 303.                                        |
                                                              |
       Todṛa. 219. 220. 221. 222. 223. 224. 225. 228. 267.    |16. 21.
  353. 354. 355. 356. 357. 358. 361.                          |
                                                              |
       Toufasour. 146. 147. 308.                              |10.
                                                              |
       Toug er Riḥ. 143. 158. 310. 311.                       |10.
                                                              |
       Tourza Aït Sekri. 274.                                 |
                                                              |
       Ṭriq Targant. 139. 305.                                |9.
                                                              |
       Za. 250. 251. 252. 253. 367. 374. 376. 379. 380. 381.  |20. 21.
  385. 388. 390.                                              |
                                                              |
       Zagmouzen. 321. 322. 326. 327. 328. 329. 332. 335. 336.|
  337.                                                        |
                                                              |
       Zaouïa Sidi Ḥamza. 347. 353. 354. 403.                 |
                                                              |
       Zerri. 296.                                            |
                                                              |
       Zfal (zaouïa). 271.                                    |
                                                              |
       Zgiḍ. 161. 166. 298. 299. 300. 301. 302. 303. 306.     |9. 21.
                                                              |
       Ziad. 193.                                             |14.
                                                              |
       Ziz. 10. 21. 24. 28. 62. 82. 88. 99. 100. 101. 102.    |17. 21.
  121. 153. 158. 188. 209. 211. 218. 221. 222. 223. 226. 227. |
  228. 229. 230. 231. 232. 234. 256. 347. 348. 349. 350. 351. |
  352. 353. 354. 357. 362. 403.                               |
                                                              |
       Zrorha. v. Ouad Kheneg Zrorha.                         |
                                                              |
  Ouagginekht. 301.                                           |
                                                              |
  Ouaouizert (village). 28. 68. 69. 70. 71. 72. 96. 99. 100.  |6. 21.
  259. 260. 264. 266. 267. 400. 401. 408. 427. 428.           |
                                                              |
             (col). 68. 100.                                  |6. 21.
                                                              |
  Ouaoula. 265.                                               |
                                                              |
  Ouaounsemt. 277.                                            |8.
                                                              |
  Ouaounzourt. 321. 322. 323. 402.                            |
                                                              |
  Ouaourmest. 284.                                            |
                                                              |
  Ouaouzgert. 325.                                            |
                                                              |
  Ouarsdik. 275.                                              |
                                                              |
  Ouarzazât. 81. 276. 279. 280. 281. 283. 284. 303. 399. 402. |
                                                              |
  Ouarzazât proprement dit. 280.                              |
                                                              |
  Ouazen. 271.                                                |
                                                              |
  Ouazzân. 2. 53. 163. 166. 293. 343.                         |
                                                              |
  Ouchchan. 363.                                              |
                                                              |
  Oudjda. 230. 250. 253. 256. 257. 258. 369. 376. 379. 380.   |20. 21.
  381. 388. 389. 390. 391. 403. 448. 449. 450.                |
                                                              |
  Ougdour. 279. 324. 336.                                     |
                                                              |
  Ougemmez. v. B Ougemmez.                                    |
                                                              |
  Ougins. 283.                                                |
                                                              |
  Ouichdan. 99. 337. 338.                                     |
                                                              |
  Ouin s Tlit. 213.                                           |8. 15.
                                                              |
  Ouinjgal. 301.                                              |
                                                              |
  Ouirgan. 337.                                               |
                                                              |
  Ouirṛân (désert).                                           |8.
                                                              |
  Ouizert. 377. 382.                                          |18. 21.
                                                              |
  Ouizil. 337. 338.                                           |
                                                              |
  Ouizzân. 342. 345. 402.                                     |
                                                              |
  Oujjân. 342.                                                |
                                                              |
  Oul Itgir. 351.                                             |
                                                              |
      Touroug. 357. 358. 361. 363.                            |
                                                              |
  Oulad Abbad. 370.                                           |
                                                              |
        Abbou. 377.                                           |
                                                              |
        Admer. 243. 375. 384. 385.                            |
                                                              |
        Assoun. 262.                                          |
                                                              |
        Ạbd Allah (Beni Ạmir). 259. 262.                      |
                                                              |
                  (Ida ou Blal). 154.                         |
                                                              |
        Ạbd el Kerim. 243. 385.                               |
                                                              |
        Ạbd el Malek. 371. 385.                               |
                                                              |
        Ạḍim. 300.                                            |
                                                              |
        El Ạgid. 291.                                         |
                                                              |
        Ạïssa (tribu). 15. 17.                                |2. 21.
                                                              |
              (monts). 16.                                    |2.
                                                              |
              (Oulad Iaḥia). 303.                             |
                                                              |
              (Smâla). 261.                                   |
                                                              |
        Ạli (Beni Ạmir). 262.                                 |
                                                              |
            (Ouad Chegg el Arḍ). 374. 378. 379.               |
                                                              |
            (mont). 99. 100. 235. 239. 240. 241. 246. 383.    |21.
                                                              |
            ben Ṭelḥa. 388.                                   |
                                                              |
        Ạmama. 263.                                           |
                                                              |
        Ạmer (tribu). 380. 381.                               |20.
                                                              |
             (monts). 379. 380. 381. 388. 389.                |
                                                              |
        Ạrif. 262.                                            |
                                                              |
        Ạrzin. 369.                                           |
                                                              |
        El Ạsri. 263.                                         |
                                                              |
        Ạzzouz (Ourdiṛra). 261.                               |
                                                              |
        El Bacha (fraction des Beni Oukil). 368. 369. 386.    |
                                                              |
                 (qçar). 291.                                 |
                                                              |
        Bechiḥ. 303.                                          |
                                                              |
        El Bekri (fraction des Oulad el Ḥadj). 384.           |
                                                              |
        El Bekri (localité d’Ouṭat Oulad el Ḥadj). 371.       |
                                                              |
        Bel Qas. 302.                                         |
                                                              |
        Bella. 154.                                           |
                                                              |
        Ben el Ḥoul. 247. 248. 379. 448.                      |19. 21.
                                                              |
            Sifer. 332.                                       |14. 21.
                                                              |
        Bḥar el Kebar. 261.                                   |
                                                              |
        Bḥar es Sṛar. 261.                                    |
                                                              |
        Bou Ạïṭa. 346.                                        |
                                                              |
            Ạrif. 263.                                        |
                                                              |
            Bekr (Beni Mellal). 259.                          |
                                                              |
                 (Chaouïa). 263.                              |
                                                              |
            Ḥafra. 370.                                       |
                                                              |
            Ḥerira. 294.                                      |
                                                              |
            Ḥerrou. 262.                                      |
                                                              |
            Iạoud. 262.                                       |
                                                              |
            Ious. 292.                                        |
                                                              |
            Jejia. 370. 403.                                  |18.
                                                              |
            Qaïs. 384.                                        |
                                                              |
            Qdir. 301.                                        |
                                                              |
            Ṛadi. 66. 261.                                    |
                                                              |
            Ṛilas. 378. 379.                                  |
                                                              |
            Ṛis. 332. 402.                                    |
                                                              |
            Ṭîb. 370.                                         |
                                                              |
            Ziân (monts). 36.                                 |4.
                                                              |
            Ziri. 263.                                        |
                                                              |
        Brahil. 331. 402.                                     |
                                                              |
        Brahim (Beni Mousa). 262.                             |
                                                              |
               (Beni Zemmour). 261.                           |
                                                              |
               (Fezouata.) 292. 293. 295.                     |
                                                              |
               (Menâba). 331. 402.                            |
                                                              |
               (Ourdiṛra). 261.                               |
                                                              |
        Chaïb. 263.                                           |
                                                              |
        Chaouf. 298. 303.                                     |
                                                              |
        Daḥou (Sous). 191.                                    |
                                                              |
        Daoud. 384.                                           |
                                                              |
        Deḥou (Ouizert). 377.                                 |
                                                              |
              (Tikoutamin). 377.                              |
                                                              |
        Deleïm. 157. 346.                                     |
                                                              |
        Doudoun. 154.                                         |
                                                              |
        Dris (El Mḥamid). 295.                                |
                                                              |
             (vallée du Sous). 193. 333.                      |14. 21.
                                                              |
        Djemạ (tribu). 18. 24. 387.                           |2. 3. 21.
                                                              |
              (Zgiḍ). 301.                                    |
                                                              |
        Djerrar (Zgiḍ). 301. 302. 304.                        |
                                                              |
        Djouat.                                               |14.
                                                              |
        El Feḍil. 371. 385.                                   |
                                                              |
        Fennan. 66. 261.                                      |
                                                              |
        Fers. 263.                                            |
                                                              |
        Fteta. 66.                                            |
                                                              |
        Gaouch. 261.                                          |
                                                              |
        el Ḥadj (tribu). 10. 34. 35. 136. 241. 243. 244. 245. |18. 19.
  247. 248. 367. 368. 371. 374. 375. 378. 379. 381. 382. 383. |21.
  384. 385. 388.                                              |
                                                              |
                (environs de Fâs). 24.                        |4.
                                                              |
                (mont). 383.                                  |
                                                              |
                (Metṛara). 352.                               |
                                                              |
                (Ternata). 291.                               |
                                                              |
        Ḥamed (El Mḥamid). 295. 403.                          |
                                                              |
        Ḥamid (fraction des Oulad el Ḥadj). 384.              |
                                                              |
              (localité sur la Mlouïa). 243. 367. 368. 369.   |
  372. 374. 384. 385.                                         |
                                                              |
        Ḥamida (Zgiḍ). 301.                                   |
                                                              |
        Ḥammou (Ouad Aṛlal). 300.                             |
                                                              |
               (Zgiḍ). 301.                                   |
                                                              |
        Ḥammou ou Mousa (fraction des Houara). 368. 385.      |
                                                              |
        Ḥammou ou Mousa (qaçba). 368. 385.                    |
                                                              |
        Ḥaris. 264.                                           |
                                                              |
        Ḥasen (Beni Ạmir). 262.                               |
                                                              |
              (Menâba). 331. 332. 335. 336. 402.              |
                                                              |
        El Ḥasen (Mlouïa). 367. 369.                          |
                                                              |
        Ḥellal. 301. 302. 304.                                |
                                                              |
        Iaḥia (tribu du Dra). 116. 121. 124. 126. 135. 136.   |8. 9. 21.
  154. 159. 160. 162. 163. 167. 171. 201. 206. 207. 285. 286. |
  290. 292. 293. 297. 298. 300. 301. 302. 303. 309. 319. 320. |
                                                              |
              (tribu du Sous). 194. 319. 330. 331. 332. 333.  |14. 21.
  334. 402.                                                   |
                                                              |
              (collines). 209.                                |8. 15.
                                                              |
        Iạïch (Beni Mạdan). 262.                              |
                                                              |
        Iạqoub. 262.                                          |
                                                              |
        Ioub (Ternata). 291.                                  |
                                                              |
             (zaouïa). 291.                                   |
                                                              |
        Ious. 377.                                            |
                                                              |
        Iousef (Beni Mạdan). 262.                             |
                                                              |
               (Beni Zemmour). 261.                           |
                                                              |
        Izenqad. 346.                                         |
                                                              |
        Jellal (tribu). v. Aït Jellal.                        |
                                                              |
        Jerrar (fraction des Oulad el Ḥadj). 384.             |
                                                              |
               (localité sur la Mlouïa). 367. 369. 374.       |
                                                              |
        Kerzab. 303.                                          |
                                                              |
        Khaoua. 237. 238. 240. 241. 243. 246. 366. 367. 377.  |17. 18.
  381. 382. 384. 385.                                         |
                                                              |
        Mahdi. 368. 385.                                      |
                                                              |
        Mançour. 401.                                         |7.
                                                              |
        Mạmmer (Beni Mạdan). 262.                             |
                                                              |
               (Ferkla). 356. 357. 361.                       |
                                                              |
        Mellouk (frac. des Oulad el Ḥadj). 385.               |
                                                              |
                (localité d’Ouṭat Oulad el Ḥadj). 371.        |18. 19.
                                                              |
        Meraḥ (Beni Mousa). 262.                              |
                                                              |
              (Ouad Zgiḍ). 301.                               |
                                                              |
        Mesạd. 290. 296.                                      |
                                                              |
        Mesạoud. 368. 385.                                    |
                                                              |
        Mhiia. 295.                                           |
                                                              |
        Mḥammed. 263.                                         |
                                                              |
        El Mîdi. 380. 381.                                    |
                                                              |
        Mnisf. 263.                                           |
                                                              |
        Moulat. 153. 154.                                     |
                                                              |
        Moulei Ạli ben Ạmer (Aït Tseṛrouchen). 373. 383.      |
                                                              |
                            (Anoual). 373.                    |
                                                              |
        Moulei Iạqob. 371.                                    |
                                                              |
        Mousa. 290.                                           |
                                                              |
        Nahr. 261.                                            |
                                                              |
        Nedjạ. 262.                                           |
                                                              |
        Ọtman. 379.                                           |19.
                                                              |
        Ousạ. 291. 292.                                       |
                                                              |
        Reḥou. 368. 376. 385.                                 |
                                                              |
        Rejiạ. 262.                                           |
                                                              |
        Sạïd (Beni Mạdan). 262.                               |
                                                              |
             (Chaouïa). 263.                                  |
                                                              |
             (Houara).                                        |12. 21.
                                                              |
             (Ouad Chegg el Arḍ). 378. 379.                   |
                                                              |
        Sedira. 368. 385.                                     |
                                                              |
        Selîman (Ḥallaf). 368. 369. 385.                      |
                                                              |
                (Misour). 370.                                |
                                                              |
        Senjej. 263.                                          |
                                                              |
        Segeïr. v. Oulad Seṛeïr.                              |
                                                              |
        Seṛeïr (Misour). 370.                                 |
                                                              |
               (Ouad Sous). 190. 191. 192. 194. 442.          |12. 21.
                                                              |
        Seṛir (Angad). 388.                                   |
                                                              |
        Sidi Ạïssa (Chaouïa). 264.                            |
                                                              |
             Ạïssa (Tiissaf). 374. 384.                       |
                                                              |
             Ạli Bou Chnafa. 390.                             |
                                                              |
             Ạmer. 298.                                       |
                                                              |
             Bel Qasem. 264.                                  |
                                                              |
             Ben Ạbd Allah. 373.                              |
                                                              |
                 Ạïada. 367. 369. 374.                        |
                                                              |
                 Daoud. 263.                                  |
                                                              |
             Bou el Ạlam. 370.                                |
                                                              |
                 Ạmran. 66.                                   |
                                                              |
                 Iạqob. 367. 368. 369. 376.                   |
                                                              |
             Chikh (environs de Fâs). 24.                     |
                                                              |
             El Houari. 357.                                  |
                                                              |
             el Ḥadj. 264.                                    |
                                                              |
             Ḥamed ben Ạbd eç Çadoq. 355.                     |16.
                                                              |
             Iạqob. 374.                                      |
                                                              |
             Mḥammed bel Ḥoseïn. 368. 385.                    |
                                                              |
             Mḥammed ben Ḥamed. 390.                          |
                                                              |
        Smaïn. 262.                                           |
                                                              |
        Smida. 262.                                           |
                                                              |
        Smir. 261.                                            |
                                                              |
        Taoubbalt. 346.                                       |
                                                              |
        eṭ Ṭeïma. 191.                                        |
                                                              |
        Ṭeïr. 369.                                            |
                                                              |
        Zahra. 262.                                           |
                                                              |
        Zian (Beni Ạmir). 262.                                |
                                                              |
             (Chaouïa). 264.                                  |
                                                              |
        Zireg. 263.                                           |
                                                              |
        Zmam. 262.                                            |
                                                              |
  Ould Faṭma Ḥammou. 306. 309.                                |
                                                              |
       Sidi Malek. 331. 334.                                  |
                                                              |
       Sidoïn. 66.                                            |
                                                              |
  Oulmess. 28. 46. 48. 101. 102. 383. 407.                    |5. 21.
                                                              |
  Oumbarek ou Dehen. 189. 193. 194. 443.                      |14.
                                                              |
  Oumm el Ạleg. 152. 313. 317.                                |10.
                                                              |
       el Bordj. 144.                                         |10.
                                                              |
       Djeniba. 383.                                          |
                                                              |
       el Lefạ. 367.                                          |
                                                              |
       er Remman. 274.                                        |
                                                              |
  Oumsedikht. 339.                                            |
                                                              |
  Ouneïn. 335. 337. 338. 402.                                 |
                                                              |
  Ounila. 95. 170. 277.                                       |21.
                                                              |
  Ounzin. 156. 196. 305. 306. 307. 309. 319. 320.             |
                                                              |
  Ourdiṛra. 49. 261.                                          |
                                                              |
  Ourika. 208. 276. 285. 286. 287. 288. 290. 291. 294. 295.   |8.
  296. 297.                                                   |
                                                              |
  Ouriz. 209. 276. 285. 287. 288. 290. 291. 294. 295. 297.    |8.
                                                              |
  Ouriz Oulad Megeddem. 290.                                  |
                                                              |
  Ourti. 279.                                                 |
                                                              |
  Ousṛeït. 212.                                               |
                                                              |
  Oussikis. 70. 96. 260. 261. 266. 267. 269. 361. 363.        |6.
                                                              |
  Outoura. 227. 326.                                          |
                                                              |
  Ouṭa Aftis.                                                 |17.
                                                              |
       Anbed. 217. 219. 221. 358. 361.                        |15. 21.
                                                              |
       Angad. 97. 253. 254. 256. 257. 368. 372. 379. 381. 385.|20. 21.
  388. 389. 390.                                              |
                                                              |
       Azbed. 276.                                            |
                                                              |
       Bou Iougi.                                             |17.
                                                              |
       Bouddeïr. 146. 308.                                    |
                                                              |
       Iferṛes. 264. 267.                                     |
                                                              |
       Izouṛar. 267.                                          |
                                                              |
       Jell. 368. 372. 379. 385. 386. 387.                    |
                                                              |
       Mlouïa. 372.                                           |
                                                              |
       Ṛaret. 368. 372. 386. 387. 390.                        |
                                                              |
       n Sema. 365.                                           |
                                                              |
       Tafrâta. 101. 250. 251. 368. 372. 375. 388.            |19. 20.
                                                              |21.
                                                              |
       Tiallalin. 229. 231.                                   |17. 21.
                                                              |
  El Ouṭat (pour Ouṭat Oulad el Ḥadj). 371.                   |
                                                              |
  Ouṭat Aït Izdeg. 100. 376. 377. 382. 403.                   |
                                                              |
        Oulad el Ḥadj. 22. 240. 241. 242. 243. 244. 246. 367. |18. 19.
  369. 371. 372. 374. 376. 378. 379. 384. 385. 403. 415. 448. |21.
  450.                                                        |
                                                              |
  Ouṭiṭa. 39. 40.                                             |3. 21.
                                                              |
  Ouzdiin. 284. 304.                                          |
                                                              |
  Ouzzân. 342.                                                |
                                                              |
                                                              |
                              Q                               |
                                                              |
  El Qabia. 301. 304.                                         |
                                                              |
  El Qaçba (Aït Ououlouz). 330.                               |
                                                              |
           (Aqqa). 120. 151.                                  |10.
                                                              |
           (Tidsi). 339.                                      |
                                                              |
  Qaçba Aït Ạli. 287.                                         |8.
                                                              |
            Ạrbi. 288.                                        |
                                                              |
            Ḥerbil. 316. 317.                                 |
                                                              |
        el Ạïoun. 22. 250. 253. 254. 255. 256. 257. 369. 379. |20. 21.
  380. 381. 388. 391. 449.                                    |
                                                              |
        Ạïoun Sidi Mellouk. v. Qaçba el Ạïoun.                |
                                                              |
        Ạli ou Mousa. 303.                                    |
                                                              |
        Bel Kouch. 63.                                        |
                                                              |
        Beni Mellal. 28. 57. 60. 62. 63. 64. 66. 68. 69. 73.  |6. 21.
  100. 400. 401. 426. 427.                                    |
                                                              |
             Qoulal. 379. 380. 381.                           |
                                                              |
        Cherarda. 24.                                         |
                                                              |
        Chikh Ould el Ḥadj Iaḥia. 314.                        |11. 21.
                                                              |
        Debdou. 249. 375. 376.                                |19.
                                                              |
        Djedida. 352.                                         |
                                                              |
        el Djouạ. 91. 128. 137. 138. 139. 140. 141. 145. 156. |9. 21.
  200. 299. 304. 305. 306. 307. 310. 312. 315. 318. 319. 320. |
  433. 436.                                                   |
                                                              |
        Foum el Ouad.                                         |19.
                                                              |
        Fichtâla. 38. 59. 60. 64. 66. 259. 263.               |6. 21.
                                                              |
        Foum Tazenakht. 290.                                  |
                                                              |
        Iselouan. 386. 390.                                   |
                                                              |
        el Kạba. 296.                                         |
                                                              |
        el Makhzen (Qçâbi ech Cheurfa). 233. 235. 236. 237.   |17. 18.
  238. 368. 369. 373. 377. 415. 447. 450.                     |21.
                                                              |
                   (Tatta). 143. 145. 309. 310.               |10.
                                                              |
                   (Tinzoulin). 290. 403.                     |
                                                              |
        Messoun. 379. 385. 386. 387. 390. 391.                |
                                                              |
        Miknâsa. 32. 391. 401.                                |
                                                              |
        Moulei Ismạïl. 250. 251. 252. 379. 380. 381. 390. 449.|20. 21.
                                                              |
        Oulad Ḥammou ou Mousa. 368. 385.                      |
                                                              |
        Qedîma. 352.                                          |
                                                              |
        Ras el Ạïn Beni Matar. 379. 380. 390.                 |
                                                              |
        er Remla. 294.                                        |
                                                              |
        Tâdla. 53. 57. 58. 60. 63. 64. 66. 252. 259. 263. 401.|6. 21.
  426.                                                        |
                                                              |
        Tadoula.                                              |8.
                                                              |
  El Qaçbat. 311.                                             |
                                                              |
  Qaïd Faraji.                                                |12.
                                                              |
       Sạïd ould Bel Ạïd.                                     |12. 14.
                                                              |
  El Qanṭra. 260.                                             |
                                                              |
            (Ouad Sidi Ben Sasi). 65.                         |
                                                              |
  El Qçâbi (pour Qçâbi ech Cheurfa). (localité de Qçâbi ech   |17. 18.
  Cheurfa). 238. 239. 241. 243. 369. 373. 377. 382. 403.      |
                                                              |
           (Tatta). 311.                                      |
                                                              |
  Qçâbi ech Cheurfa. 10. 22. 39. 47. 62. 70. 99. 100. 147.    |17. 18.
  216. 228. 231. 232. 235. 236. 237. 238. 240. 241. 243. 244. |21.
  265. 365. 366. 368. 369. 373. 374. 382. 383. 384. 403. 447. |
  448.                                                        |
                                                              |
        Izligen. 292. 293. 294.                               |
                                                              |
        Oulad Bou Ḥerira. 294.                                |
                                                              |
  El Qçar (ville). 4. 5. 13. 14. 15. 16. 18. 22. 31. 257. 401.|1. 21.
  419. 420. 450.                                              |
                                                              |
  Qçar Aït Brahim. 359.                                       |
                                                              |
       Beni Mellal. 66.                                       |
                                                              |
       Beni Zemmour. 50. 51. 52. 425.                         |5. 21.
                                                              |
       Berrani. 352.                                          |
                                                              |
       Chạïr. 299.                                            |
                                                              |
       Dekhlani. 352.                                         |
                                                              |
       Djedid (Metṛara). 352.                                 |
                                                              |
              (Qçâbi ech Cheurfa). 369.                       |
                                                              |
              (Ternata). 291.                                 |
                                                              |
              Aït Ḥammou. 351. 352.                           |
                                                              |
  El Qçar el Kebir (ville). v. El Qçar.                       |
                                                              |
                   (Semgat). 359.                             |
                                                              |
                   (Tiallalin). 350.                          |17.
                                                              |
       Kebir Aït Brahim. 359.                                 |
                                                              |
       Khsa. 297. 303.                                        |
                                                              |
       el Mạllemin. 374.                                      |19. 21.
                                                              |
       Oulad Moulei El Ḥasen. 377.                            |
                                                              |
       Ousebri. 377.                                          |
                                                              |
       el Qdour. 305.                                         |
                                                              |
       es Souq (district). 99. 101. 218. 220. 221. 226. 227.  |17. 21.
  228. 229. 230. 232. 347. 351. 352. 403.                     |
                                                              |
               (qçar). 219. 223. 226. 229. 348. 351. 353. 354.|17. 21.
  365. 369. 373. 374. 377. 403. 446.                          |
                                                              |
       Ṭoual. 377.                                            |
                                                              |
       Zida. 270.                                             |
                                                              |
  El Qcîba. 142. 145.                                         |10.
                                                              |
  Qcîba Aït Aqqo. 292.                                        |
                                                              |
            Ạïssa ou Brahim. 295.                             |
                                                              |
            Bou Daoud. 364.                                   |
                                                              |
            Moḥa ou Ạli. 351.                                 |
                                                              |
            Moulei Ḥamed. 221. 358.                           |
                                                              |
            Tarat.                                            |8. 15.
                                                              |
        Berda. 291.                                           |
                                                              |
        Chiadma. 295.                                         |
                                                              |
        Chikh El Ạrabi ben Ọtman. 290. 303. 304.              |
                                                              |
        Ignaouen. 364.                                        |
                                                              |
        el Ihoud. v. Qcîra el Ihoud.                          |
                                                              |
        Imougar. 358.                                         |
                                                              |
        Moulei Brahim. 358.                                   |
                                                              |
        el Mqadra. 291.                                       |
                                                              |
        Oulad El Ạgid. 291.                                   |
                                                              |
        Oulad El Bacha. 291.                                  |
                                                              |
        Oulad Ousạ. 291.                                      |
                                                              |
        Sidi Oumbarek. 291.                                   |
                                                              |
        Sidi Zaoui. 295.                                      |
                                                              |
  El Qcîbat (Ida ou Blal). 154.                               |
                                                              |
  El Qcîbat (Tatta). 311.                                     |10.
                                                              |
  Qcîbat Ilemsan. 361. 362.                                   |
                                                              |
  Qcîr ech Cherif. 350.                                       |
                                                              |
       Sidi Ọmar. 350.                                        |17.
                                                              |
  Qcîra Aït Aḥa. 350.                                         |17.
                                                              |
            Attou. 377.                                       |
                                                              |
            Ạouda. 349.                                       |
                                                              |
            Ḥamed ou Selîman. 377. 378.                       |
                                                              |
        Alibou. 349.                                          |
                                                              |
        ech Cheurfa (Ạïat). 377.                              |
                                                              |
        ech Cheurfa (Bou Sellam). 377.                        |
                                                              |
        el Ihoud (Tiallalin). 230. 348. 349. 350. 351. 352.   |17.
  353. 354. 363. 365. 368. 369. 371. 373. 377. 403. 415. 446. |
  447. 450.                                                   |
                                                              |
        El Mehenni. 351.                                      |
                                                              |
        ou Ba El Ḥasen. 354.                                  |
                                                              |
        Sidi Ben Ḥachem. 377.                                 |
                                                              |
        Sidi Moḥammed bel Bachir. 377.                        |
                                                              |
        Tizi n Isekfan.                                       |8. 15.
                                                              |
  Qcîrat Sidi Ạbd Allah ou Ạli. 359.                          |
                                                              |
  Qçour Asif Melloul. 348.                                    |
                                                              |
        Beïḍin. 140. 320.                                     |9. 10.
                                                              |
  Qebala. 349.                                                |
                                                              |
  Qelaïa (tribu). 390. 391.                                   |
                                                              |
         (monts). 386. 390.                                   |
                                                              |
  Qeradma. 364.                                               |
                                                              |
  Qeṭạïa. 49. 59. 66. 259. 261. 263.                          |5. 6. 21.
                                                              |
  Qioud. 302.                                                 |
                                                              |
  El Qlạa (ville). 260. 266. 401.                             |7.
                                                              |
          (Imgoun). 275.                                      |
                                                              |
          (zaouïa). 291. 292. 293.                            |
                                                              |
  Qouareṭ. 371.                                               |
                                                              |
  Qoubba Moulei Iạqob ben Selîman. 367.                       |18.
                                                              |
         Moulei Ismạïl. 120. 121.                             |9.
                                                              |
         Sidi Ạbd Allah ou Djafer.                            |8.
                                                              |
              Ạbd el Ouaḥad. 367.                             |
                                                              |
              Ạïad (Aït Iiggas).                              |14.
                                                              |
              Ạïad (Menâba).                                  |14.
                                                              |
              Ạli bel Qasem.                                  |19.
                                                              |
              Ạli ben Djebira. 143. 144. 310.                 |10.
                                                              |
              Ạli ou Ạzza. 307.                               |
                                                              |
              Ạmara. 300. 312.                                |
                                                              |
              Bou el Ạlam.                                    |18.
                                                              |
                  Iaḥia. 270. 274.                            |15.
                                                              |
                  Reja. 332. 333. 338.                        |
                                                              |
                  Sekri.                                      |13.
                                                              |
              Daoud. 280.                                     |
                                                              |
              Daoud Tagoummast.                               |16.
                                                              |
              Ḥaseïn (Ouad Sidi Ḥaseïn). 328.                 |
                                                              |
              El Ḥasen Ạli. 281.                              |
                                                              |
              El Ḥoseïn (Tatta). 144. 299. 309.               |10.
                                                              |
              Ismạïl. v. Qoubba Moulei Ismạïl.                |
                                                              |
              Mançour ou Ḥamed. 278.                          |
                                                              |
              Mellouk. 255.                                   |20.
                                                              |
              Moḥammed d Aït Ḥoseïn. 144. 309.                |
                                                              |
                       ou Bel Qasem.                          |8. 15.
                                                              |
                       el Ḥadj.                               |1.
                                                              |
                       ou Dris.                               |8.
                                                              |
              Mousa n Ḥamerin.                                |12.
                                                              |
              Sạïd.                                           |12.
                                                              |
              Selîman. 66.                                    |
                                                              |
         Tarourt. 295.                                        |
                                                              |
  Qoubbouin. 375.                                             |
                                                              |
  Qtaoua. 210. 285. 286. 293. 294. 295. 362. 363. 364. 403.   |
                                                              |
                                                              |
                              R                               |
                                                              |
  Er Raḥba (Qçar es Souq). 351.                               |
                                                              |
  Raḥba (Tatta). 311.                                         |
                                                              |
  Raḥôna. 5.                                                  |
                                                              |
  Ras el Ạïn Beni Matar. 379. 380. 381. 390.                  |
                                                              |
      Dra. 286. 287.                                          |
                                                              |
      Iṛir. 311.                                              |10. 21.
                                                              |
      Mezgîṭa. 287.                                           |
                                                              |
      el Ouad. 155. 166. 170. 189. 193. 317. 329. 333. 334.   |14. 21.
  335.                                                        |
                                                              |
      Rekkam. 239. 246.                                       |19.
                                                              |
      Ternata. 289. 290. 292.                                 |
                                                              |
  Rebaṭ (port de mer). 19. 21.                                |
                                                              |
        (Mezgîṭa). 286. 287. 295. 403.                        |
                                                              |
        (Tinzoulin). 290. 403.                                |
                                                              |
        Aït Mimoun. 296.                                      |
                                                              |
        el Ḥadjer. 291. 296. 303.                             |
                                                              |
  Rechida. 243. 247. 251. 375. 376. 384.                      |19.
                                                              |
  Refoula. 367. 368. 385.                                     |
                                                              |
  Regba. 294.                                                 |
                                                              |
  Reggou (groupe de qçars). 369. 374.                         |19. 21.
                                                              |
         (mont). 100. 246.                                    |21.
                                                              |
  Regibat. 157. 346.                                          |
                                                              |
  Er Reken (Ouad Imgoun). 275.                                |
                                                              |
  Reken (Ouad Sidi Moḥammed ou Iạqob). 308. 320.              |
                                                              |
  Rekkam. 147. 239. 240. 242. 243. 244. 246. 247. 372. 374.   |18. 19.
  382. 384. 389.                                              |21.
                                                              |
  Reṛraba. 382. 383.                                          |
                                                              |
  Reṭeb. 21. 227. 347. 353. 363. 403.                         |
                                                              |
  Rḥala. 329. 330. 332. 333. 334. 335. 402.                   |
                                                              |
  Rḥamna. 79. 259. 401.                                       |21.
                                                              |
  Rich. 348. 349.                                             |
                                                              |
  Rif. 4. 5. 8. 12. 24. 25. 35. 136. 251. 379. 386. 387. 401. |
                                                              |
  Rist Djedeïd. 147. 148. 150. 156. 299. 307. 308.            |10.
                                                              |
  Roḥa. 286. 292. 293.                                        |
                                                              |
  Rouased. 261.                                               |
                                                              |
  Roudat. 287.                                                |
                                                              |
                              Ṛ                               |
                                                              |
  Ṛaba el Ạrich. 367.                                         |18.
                                                              |
       Ida ou Gerṭ. 186. 187.                                 |13. 21.
                                                              |
       Oumm el Lefạ. 367.                                     |
                                                              |
       Sidi Ạbd el Ouaḥad. 367.                               |18.
                                                              |
  Ṛalil (district). 280.                                      |
                                                              |
        (qçar). 280. 284.                                     |
                                                              |
  Ṛarb. 15. 43.                                               |2. 21.
                                                              |
  Ṛaret. 368. 372. 386. 387. 390.                             |
                                                              |
  Ṛarm el Ạlam. 66.                                           |
                                                              |
  Ṛeris. 21. 99. 100. 101. 211. 218. 219. 220. 224. 225. 226. |16. 21.
  228. 230. 239. 242. 349. 358. 360. 361. 363. 403.           |
                                                              |
  Ṛiata (tribu). 25. 29. 31. 32. 33. 34. 35. 36. 65. 248. 383.|4. 21.
  387.                                                        |
                                                              |
        (monts). 18. 27. 28. 29. 31. 33. 36. 101. 102. 251.   |4. 21.
  368. 372. 379. 383. 386. 387.                               |
                                                              |
  Ṛiour. 228. 350.                                            |17.
                                                              |
  Ṛiraïa. 401.                                                |
                                                              |
  Ṛomera (Rif). 25.                                           |
                                                              |
         (environs de Fâs). 24.                               |3.
                                                              |
  El Ṛouanem. 301.                                            |
                                                              |
  El Ṛrouch. 352.                                             |
                                                              |
                                                              |
                              S                               |
                                                              |
  Safi. 339.                                                  |
                                                              |
  Sahel. 22. 24. 82. 123. 124. 126. 148. 152. 154. 155. 158.  |
  162. 166. 167. 168. 169. 182. 188. 293. 297. 299. 316. 317. |
  318. 319. 328. 333. 339. 342. 343. 345. 346. 402.           |
                                                              |
  Saïs. 20. 24. 37. 39. 40.                                   |3. 21.
                                                              |
  Saksad. 323.                                                |
                                                              |
  Sama (Menâba). 331.                                         |
                                                              |
  Sarsar. 13. 15.                                             |1. 21.
                                                              |
  Saṛro. 100. 211. 212. 213. 214. 215. 217. 218. 219. 220.    |8. 15.
  223. 227. 267. 269. 276. 289. 296. 361. 364.                |16. 21.
                                                              |
  Sạïda. 369. 384.                                            |
                                                              |
  Sebdou. 390.                                                |
                                                              |
  Es Sebt (Indaouzal). 334.                                   |
                                                              |
  Sebt el Gerdan. 191.                                        |
                                                              |
       el Kefifat. 191.                                       |
                                                              |
       Tamegrout. 293.                                        |
                                                              |
  Sefala (Mezgîṭa). 287.                                      |
                                                              |
  Sefalat (Fezouata). 292.                                    |
                                                              |
  Seketâna (famille). 88. 318. 319. 320. 328. 329.            |
                                                              |
           (tribu). 167. 170. 282. 306. 307. 319. 328. 329.   |
  336. 337. 402.                                              |
                                                              |
           proprement dits (fraction de la tribu). 329. 337.  |
                                                              |
  Sellaout. 375.                                              |
                                                              |
  Sema (plaine). 365.                                         |
                                                              |
  Semgat (district). 358. 359.                                |
                                                              |
  Semget. 66. 261.                                            |
                                                              |
  Semlal. 354.                                                |
                                                              |
  Semmoura. 376.                                              |
                                                              |
  Semṛir. 269.                                                |
                                                              |
  Sénégal. 124.                                               |
                                                              |
  Seroub (Ouad Iriri). 279.                                   |
                                                              |
         (Ouad Tlit). 302.                                    |
                                                              |
  Serṛin. 351.                                                |17.
                                                              |
  Serṛina (Qçour Beïḍin). 140.                                |10.
                                                              |
          (Tatta). 311.                                       |
                                                              |
  Seṛmeṛ. 66.                                                 |
                                                              |
  Sfrou. 10. 18. 19. 20. 21. 24. 28. 35. 37. 38. 39. 60. 64.  |4. 21.
  78. 101. 237. 265. 382. 383. 387. 395. 401. 407. 415. 423.  |
  424. 450.                                                   |
                                                              |
  Siaïda. 264.                                                |
                                                              |
  Sidi Ạbd Allah. 184. 439.                                   |12.
                                                              |
                 (douar). 101.                                |
                                                              |
                 ou Ạli. 359.                                 |
                                                              |
                 ou Djafer.                                   |8.
                                                              |
                 ou Mḥind (Aït Ạmer). 114. 282.               |9.
                                                              |
                 ou Mḥind (Tisint). 121. 160. 164. 343.       |9.
                                                              |
                 Oumbarek (Aqqa). 151.                        |
                                                              |
                 Oumbarek (Mrimima). 159. 166. 167. 303.      |9.
                                                              |
       Ạbd el Ạli (Qtaoua). 294.                              |
                                                              |
                  (Todṛa). 355.                               |
                                                              |
       Ạbd el Ouaḥad (qoubba). 367.                           |
                                                              |
                     (forêt). 367.                            |18.
                                                              |
                     (zaouïa). 371.                           |
                                                              |
       Ạbd er Raḥman. v. Moulei Ạbd er Raḥman.                |
                                                              |
       Ạbd er Raḥman (Tamessoult). 203.                       |9.
                                                              |
       Ạïad (Aït Iiggas).                                     |14.
                                                              |
       Ạïad (Menâba).                                         |14.
                                                              |
       Ạli bel Qasem.                                         |19.
                                                              |
           ben Ạbd er Raḥman d Admer. 374. 375.               |
                                                              |
           ben Djebira. 143. 144. 310.                        |10.
                                                              |
           ben Samaḥ d Oulad Ạmer. 374.                       |
                                                              |
           ech Chergi.                                        |8. 15.
                                                              |
           ou Ạbd er Raḥman. 121. 303.                        |
                                                              |
           ou Ạzza. 307.                                      |
                                                              |
       Ạmara. 300. 312.                                       |
                                                              |
       Ben Ạbd Allah. 373.                                    |
                                                              |
           Nacer (Tamegrout). 292. 303.                       |
                                                              |
           Nacer (Ternata). 291.                              |
                                                              |
           Sasi. 65.                                          |
                                                              |
       Blal. 301.                                             |
                                                              |
       Bou Ạbbed. 66. 266.                                    |
                                                              |
           Ạbd Allah. 352.                                    |
                                                              |
           el Ạlam.                                           |18.
                                                              |
           Bekr.                                              |5.
                                                              |
           Iaḥia. 127. 270. 271. 274. 275.                    |15.
                                                              |
           Nega. 336.                                         |
                                                              |
           Nou. 293.                                          |
                                                              |
           Qil. 348. 349. 363.                                |
                                                              |
           Reja. 332. 333. 338.                               |
                                                              |
           Sekri.                                             |13.
                                                              |
       Çaleḥ. 294.                                            |
                                                              |
       Daoud. 280.                                            |
                                                              |
       Daoud Tagoummast.                                      |16.
                                                              |
       Dris (Aït Seddrât). 288. 296.                          |
                                                              |
            (Dâdes). 211. 271.                                |15.
                                                              |
       Felaḥ. 269.                                            |
                                                              |
       El Houari. 226. 361.                                   |16.
                                                              |
       el Ḥadj Ạmer. 355.                                     |
                                                              |
       Ḥamed (Aït Zaïneb. 278.                                |8.
                                                              |
       Ḥamed ou Mousa. 160. 168. 169. 341. 342. 343.          |
                                                              |
       Ḥamza. 353. 354. 403.                                  |
                                                              |
       Ḥaseïn (Ouad Sidi Ḥaseïn). 328.                        |
                                                              |
       Ḥaseïn ou Mḥind.                                       |13. 21.
                                                              |
       El Ḥasen Ạli. 281.                                     |
                                                              |
       El Ḥoseïn (Tatta). 144. 299. 309.                      |10.
                                                              |
                 (Tazeroualt). 341. 342. 343.                 |
                                                              |
                 (Zenâga). 282.                               |9.
                                                              |
       Iaḥia (village).                                       |7.
                                                              |
             (Dar). 442.                                      |
                                                              |
       Ious. 330.                                             |
                                                              |
       Ismạïl.                                                |9.
                                                              |
       Malek. 331. 334.                                       |
                                                              |
       Mançour ou Ḥamed. 278.                                 |
                                                              |
       El Medaoui. 311.                                       |
                                                              |
       Mellouk. 255.                                          |20.
                                                              |
       Merri. 302.                                            |
                                                              |
       Mḥind ou Iạqob. 331.                                   |
                                                              |
             ou Ouchchen. 442.                                |13.
                                                              |
       Moḥammed d Aït Ḥoseïn. 144. 309.                       |
                                                              |
                bel Qasem. 62. 63.                            |6.
                                                              |
                el Ḥadj.                                      |1.
                                                              |
                ou Ạbd Allah. 287.                            |8. 15.
                                                              |
                ou Bel Qasem.                                 |8. 15.
                                                              |
                ou Bou Bekr (Tisint). 121.                    |
                                                              |
                ou Dris.                                      |8.
                                                              |
                ou El Ḥasen. 360.                             |
                                                              |
                ou Iạqob (Ouad S. Moḥammed ou Iạqob). 198.    |
  308. 309.                                                   |
                                                              |
                ou Iạqob (Ouad el Amdad). 335.                |
                                                              |
       Mouloud (zaouïa).                                      |15.
                                                              |
       Mousa. 335.                                            |
                                                              |
       Mousa n Ḥamerin.                                       |12.
                                                              |
       Ọmar (Ida ou Gemmed). 330.                             |
                                                              |
            (Tiallalin). 350.                                 |17.
                                                              |
       Ọtman. 280. 402.                                       |
                                                              |
       ou Ạziz. 335.                                          |
                                                              |
       Oumbarek (Ouṭat Oulad el Ḥadj). 371.                   |
                                                              |
                (Tâdla). 266.                                 |
                                                              |
                (Ternata). 291.                               |
                                                              |
       Reḥal. 22. 70. 79. 80. 81. 82. 99. 266. 401. 408. 415. |7. 21.
  428. 450.                                                   |
                                                              |
       El Ṛazi. 153.                                          |
                                                              |
       Sạïd.                                                  |12.
                                                              |
       Selîman. 66.                                           |
                                                              |
       Zaoui. 295.                                            |
                                                              |
  Siroua. 95. 96. 102. 108. 112. 204. 279. 281. 282. 283. 326.|21.
  327.                                                        |
                                                              |
  Smâla. 49. 66. 90. 261.                                     |
                                                              |
  Smira. 300. 301. 302. 304.                                  |
                                                              |
  Soual. 261.                                                 |
                                                              |
  Soualeb. 154.                                               |
                                                              |
  Souaṭat. 331. 402.                                          |
                                                              |
  Souekh. 299. 312.                                           |
                                                              |
  Souir. 299. 309.                                            |
                                                              |
  Soukkan. 154.                                               |
                                                              |
  Sountat. 347.                                               |
                                                              |
  Souq el Arbạa Aït Iiggas.                                   |14.
                                                              |
                Bdaoua. 13.                                   |1.
                                                              |
                Beni Qoulal. 381.                             |
                                                              |
                Oulad Djemạ. 18.                              |2. 3.
                                                              |
       el Djemạa Houara.                                      |12.
                                                              |
                 Oulad Ḥamid. 385.                            |
                                                              |
                 Oulad Iaḥia.                                 |14.
                                                              |
       el Ḥad Aït Ạtab. 75. 261. 267. 401.                    |6.
                                                              |
              Aït Bou Zîd. 71. 427.                           |6.
                                                              |
              Aït Mezal.                                      |11. 12.
                                                              |
              Ida ou Isaṛen.                                  |13.
                                                              |
       el Mouloud. 168. 169. 342.                             |
                                                              |
       Mrimima. 168. 169. 342.                                |
                                                              |
       S. Ḥamed ou Mousa. 168. 169. 342.                      |
                                                              |
       et Tenîn Ida ou Mḥammed. 183.                          |12. 21.
                                                              |
                Kerarma. 250. 252. 381.                       |20.
                                                              |
                Oulad eṭ Ṭeïma. 191.                          |12.
                                                              |
                Todṛa. 224. 356.                              |16.
                                                              |
                Touf el Ạzz. 178. 341.                        |11. 21.
                                                              |
       Tiallalin. 349.                                        |
                                                              |
       et Tlâta Hiaïna. 35. 36. 43.                           |4.
                                                              |
                Ksima. 184.                                   |12.
                                                              |
                Oulad Ḥamid. 385.                             |
                                                              |
                ez Zemmour. 42. 43. 424.                      |3. 21.
                                                              |
       et Todṛa. 224. 356.                                    |16.
                                                              |
       ez Za. 250. 252. 381.                                  |20.
                                                              |
  Sour. 278. 402.                                             |
                                                              |
  Sous. 24. 70. 96. 109. 110. 120. 124. 126.                  |
                                                              |
  145. 148. 155. 166. 169. 170. 181. 189. 190. 192. 193. 194. |
  196. 256. 316. 317. 328. 333. 342. 343. 346.                |
                                                              |
  Soussia. 298.                                               |
                                                              |
  Sraṛna. 49. 76. 77. 79. 259. 260. 266. 401.                 |7. 21.
                                                              |
  Steïla. 299.                                                |
                                                              |
                                                              |
                              T                               |
                                                              |
  Ta n Amelloul (Mezgîṭa). 211.                               |
                                                              |
     n Amelloul (désert). 281. 282. 336.                      |
                                                              |
     Bou Ạbd Allah. 299.                                      |
                                                              |
  Taadadats. 358.                                             |
                                                              |
  Taagnit. 321.                                               |
                                                              |
  Taaqilt. 288. 289. 290. 296.                                |
                                                              |
  Tabadricht. 329.                                            |
                                                              |
  Tabaouchit. 275.                                            |
                                                              |
  Tabarkaït. 348.                                             |
                                                              |
  Tabarkhast. 275.                                            |
                                                              |
  Tabaroucht. 265.                                            |
                                                              |
  Taberracht. 347. 348.                                       |
                                                              |
  Tabia (Aït Tameldou). 321. 322.                             |
                                                              |
        (Iouzioun). 322. 324. 402.                            |
                                                              |
        (Ouad el Ạbid). 75. 76. 400. 401.                     |6. 21.
                                                              |
        (Todṛa). 355.                                         |
                                                              |
        (Zagmouzen). 327.                                     |
                                                              |
        (Ziz). 348.                                           |
                                                              |
        Aqqa Iṛen. 200.                                       |
                                                              |
        n Boro (Ouad Zagmouzen). 327.                         |
                                                              |
        n Boro (Ouad Zgiḍ). 302.                              |
                                                              |
        Djedida. 302.                                         |
                                                              |
        n Imaoun. 334.                                        |
                                                              |
        en Nkheïla. 302.                                      |
                                                              |
  Tabnattout. 376.                                            |
                                                              |
  Tabouạrbit. 353.                                            |
                                                              |
  Tabougoumt. 278. 284. 402.                                  |7.
                                                              |
  Tabount. 280. 402.                                          |
                                                              |
  Tabouraḥt. 277.                                             |8.
                                                              |
  Tachbacht Aït Isfoul. 356.                                  |16.
                                                              |
  Tachdirt.                                                   |14.
                                                              |
  Tadafals. 223. 446.                                         |16.
                                                              |
  Tadakoucht. 152.                                            |
                                                              |
  Tadaout (Tiallalin). 350.                                   |17.
                                                              |
  Taddart. 276.                                               |
                                                              |
  Tadellast. 278.                                             |
                                                              |
  Tademricht. 280.                                            |
                                                              |
  Taderost (pour Taderoucht).                                 |
                                                              |
  Taderoucht. 227. 358. 359. 360. 363. 403.                   |16. 21.
                                                              |
  Tâdla (contrée). 19. 40. 42. 46. 47. 48. 49. 50. 51. 52. 53.|5. 6. 21.
  56. 57. 59. 62. 63. 64. 65. 66. 67. 68. 69. 70. 72. 74. 100.|
  181. 230. 259. 261. 263. 264. 265. 266. 278. 383. 401.      |
                                                              |
        (qaçba). 53. 57. 58. 60. 63. 64. 66. 252. 259. 263.   |6. 21.
  401. 426.                                                   |
                                                              |
  Tadmamt. 326.                                               |
                                                              |
  Tadoula. 92. 106. 278. 402.                                 |8.
                                                              |
  Tadja. 280.                                                 |
                                                              |
  Tafellount. 195. 331.                                       |14. 21.
                                                              |
  Tafergalt. 287.                                             |
                                                              |
  Tafersit. 401.                                              |
                                                              |
  Tafilelt. 20. 21. 22. 39. 47. 153. 154. 156. 157. 167. 168. |
  169. 227. 232. 286. 293. 297. 347. 353. 357. 363. 369. 403. |
                                                              |
  Tafoudeït. 44. 45. 48.                                      |3.
                                                              |
  Tafounent. 105. 106. 283.                                   |8.
                                                              |
  Tafraout.                                                   |14.
                                                              |
  Tafraout n Iraden.                                          |9.
                                                              |
  Tafrâta. 101. 250. 251. 368. 372. 375. 388.                 |19. 20.
                                                              |21.
                                                              |
  Tafrent (Aït Ạbd el Ouirt). 328.                            |
                                                              |
  Tafrent (Aït Ouaṛrda). 281.                                 |
                                                              |
  Tafrouqt. 302.                                              |
                                                              |
  Tafroust. 290. 296.                                         |
                                                              |
  Tafrout. v. Ṭriq Tafrout.                                   |
                                                              |
  Tagadirt (Aqqa). 120. 151. 403.                             |10.
                                                              |
           (Imseggin).                                        |12.
                                                              |
           (Ouad Mançour). 325.                               |
                                                              |
           (Ouad Tlit). 302.                                  |
                                                              |
           Aït Atto. 281.                                     |
                                                              |
           Aït Daoud. 281.                                    |
                                                              |
           Aït Ḥamed ou Ḥoummou. 330.                         |
                                                              |
           el Bour. 337. 338. 401.                            |
                                                              |
           n Ououddiz. 331. 332.                              |
                                                              |
           n Tafoukt. 330.                                    |
                                                              |
  Tagdielt Aït Bou Daoud. 361.                                |
                                                              |
  Tagdourt n Touda. 279. 284. 402.                            |
                                                              |
  Tagemt. 300.                                                |
                                                              |
  Tagendout. 330.                                             |
                                                              |
  Tagendouzt. 277.                                            |7.
                                                              |
  Tagentout (Ouad Aït Tigdi Ouchchen). 103. 283.              |8.
                                                              |
  Tagenṭaft. 337.                                             |
                                                              |
  Tagenza (Dâdes). 270.                                       |15.
                                                              |
          (Ḍahra). 373. 384.                                  |
                                                              |
          (Ida ou Gemmed). 330. 334.                          |
                                                              |
          (Ouad Zagmouzen). 327. 328. 329.                    |
                                                              |
  Tagenzalt. 103. 104. 284. 430.                              |8. 21.
                                                              |
  Tagergint. 301.                                             |
                                                              |
  Tagergoust (Aït Ououlouz). 330.                             |
                                                              |
             (Zagmouzen). 327.                                |
                                                              |
  Tagerra. 195.                                               |14.
                                                              |
  Tagersift. 348. 349. 353. 354.                              |
                                                              |
  Tagherot. 99.                                               |
                                                              |
  Tagjdit. 327.                                               |
                                                              |
  Taglaout. 329.                                              |
                                                              |
  Tagmadart. 292. 293.                                        |
                                                              |
  Tagmout (Aït Ọtman). 327. 328. 329. 402.                    |
                                                              |
          (Glaoua). 80. 82. 83. 84. 266. 401. 408. 415. 429.  |7. 21.
  450.                                                        |
                                                              |
          (Isaffen).                                          |11.
                                                              |
          (Ouad Tatta). 309. 310. 311. 312. 319.              |
                                                              |
  Tagnit (Imini). 278. 402.                                   |
                                                              |
         (Qçar es Souq). 351.                                 |17.
                                                              |
         Aït Moḥo. 271.                                       |15.
                                                              |
         Ba Ḥammou d Aït Ṭaleb. 271. 274.                     |15.
                                                              |
  Tagouïamt (Aït Oubial). 327. 402.                           |
                                                              |
            (Ouad Iriri). 279.                                |
                                                              |
  Tagoulemt. 335.                                             |
                                                              |
  Tagoummast. 355.                                            |16.
                                                              |
  Tagounsa. 355.                                              |
                                                              |
  Tagoust. 331.                                               |
                                                              |
  Tagrioualt. 325.                                            |
                                                              |
  Tagrirt. 364.                                               |
                                                              |
  Tagzart. 211.                                               |
                                                              |
  Tagzirt. 59. 64. 68. 259.                                   |6.
                                                              |
  Tahennaout. 401.                                            |
                                                              |
  Taḥalla. 330.                                               |14.
                                                              |
  Taḥamdount. 359.                                            |
                                                              |
  Taïfst (Aït Zaïneb). 277.                                   |8.
                                                              |
         (Ounzin). 306. 307.                                  |
                                                              |
  Taïmzouṛ. 114. 115. 116. 117. 137. 139. 147. 161. 318.      |9.
                                                              |
  Taïrza. 356.                                                |
                                                              |
  Taïssa. 321. 322. 324. 326.                                 |
                                                              |
  Tajakant. 144. 153. 167. 188. 297.                          |
                                                              |
  Tajegjit. 277.                                              |7.
                                                              |
  Takatert (rive droite du Dra). 272. 287. 294. 295.          |8.
                                                              |
           Aït Ikhelf (rive gauche du Dra). 287.              |8. 15.
                                                              |
  Takatirt (Ṛeris). 360.                                      |
                                                              |
  Takchtamt. 327.                                             |
                                                              |
  Takdicht. 204. 205. 444.                                    |9.
                                                              |
  Takemmou. 335.                                              |
                                                              |
  Takerrat. 277.                                              |7.
                                                              |
  Takiout. 401.                                               |
                                                              |
  Taksit.                                                     |7.
                                                              |
  Takhelil. 291.                                              |
                                                              |
  Takherri (Genṭafa). 337.                                    |
                                                              |
           (Ouad Tifnout). 322.                               |
                                                              |
  Takhoualt. 365.                                             |
                                                              |
  Tala. 284.                                                  |
                                                              |
  Tala Moumen. 337.                                           |
                                                              |
  Talalt. 356.                                                |
                                                              |
  Talaṛt Imadid. 306. 328.                                    |
                                                              |
  Talat (Ouad El Qabia). 301.                                 |
                                                              |
        Aït Iaḥia (Mezgîṭa). 287. 296.                        |8. 15.
                                                              |
        n As. 337.                                            |
                                                              |
        n Ig. 323. 326.                                       |
                                                              |
        n Ougnal. 324.                                        |
                                                              |
        n Tanout (Imeṛrân). 273.                              |
                                                              |
        n Tiout. 330.                                         |
                                                              |
  Talatin n Ouadil. 266.                                      |
                                                              |
  Taldnount. 145. 311. 320.                                   |
                                                              |
  Taleint Bou Ḥeddou. 273.                                    |
                                                              |
  Talella. 338.                                               |
                                                              |
  Talemaṛt. 66.                                               |
                                                              |
  Talemt.                                                     |10. 14.
                                                              |
  Taleouin (Mezgîṭa). 287. 296.                               |8.
                                                              |
           (Ouneïn). 335. 337. 338.                           |
                                                              |
           (Zagmouzen). 327.                                  |
                                                              |
           (Zenâga). 114. 283.                                |
                                                              |
  Talesmant.                                                  |8.
                                                              |
  Talet. 280.                                                 |
                                                              |
  Talet Tefraout.                                             |8.
                                                              |
  Talḥarit. 364. 365.                                         |
                                                              |
  Talilt. 301.                                                |
                                                              |
  Talkjount. 193. 333. 335. 336.                              |14. 21.
                                                              |
  Tallent Sidi Ḥachem. 342.                                   |
                                                              |
  Talmest. 266.                                               |
                                                              |
  Talmist.                                                    |20.
                                                              |
  Talmodat (Ouad Timjijt). 282.                               |
                                                              |
  Talmoudat (Ouad Tizgi). 325.                                |
                                                              |
  Talmout. 275.                                               |
                                                              |
  Talmzit. 287.                                               |8.
                                                              |
  Taloust (Aït Ạmer). 282.                                    |
                                                              |
          (Aït Ouaṛrda). 281.                                 |
                                                              |
  Talsit. 373. 384. 390.                                      |
                                                              |
  Taltgmout el Ḥaraṭîn. 305. 306.                             |
                                                              |
  Taltnezourt. 327.                                           |
                                                              |
  Tamagourt. 348. 349.                                        |
                                                              |
  Tamaïoust. 104. 283.                                        |8.
                                                              |
  Tamakoucht. 277.                                            |7. 8.
                                                              |
  Tamalalt. 334.                                              |
                                                              |
  Tamaliḥt. 341. 402.                                         |
                                                              |
  Tamalout (Ouad Aoullous). 326. 402.                         |
                                                              |
           Aït Ạmer ou Ạli. 326.                              |
                                                              |
  Tamanaṛt. 152. 316. 317. 318. 345. 403.                     |
                                                              |
  Tamanat (col). 95. 96. 99.                                  |7. 21.
                                                              |
  Tamararsent. 322.                                           |
                                                              |
  Tamarouft. 112. 282. 336. 337. 403. 432.                    |9. 21.
                                                              |
  Tamasint (Ouarzazât). 280. 402.                             |
                                                              |
           (Todṛa). 355.                                      |16.
                                                              |
  Tamast. 331. 332. 334. 402.                                 |
                                                              |
  Tamatout. 267.                                              |
                                                              |
  Tamaziṛt (Ouad Asdṛem). 283.                                |
                                                              |
           (Ternata). 291.                                    |
                                                              |
  Tamazount. 350.                                             |17.
                                                              |
  Tamazzens. 401.                                             |
                                                              |
  Tamda (Tazarin). 364.                                       |
                                                              |
        Aïtbir. 306. 307.                                     |
                                                              |
  Tamdafelt (Mlouïa). 366. 382.                               |
                                                              |
            (Tiallalin). 350.                                 |17.
                                                              |
  Tamdakht (Aït Seddrât).                                     |8. 15.
                                                              |
           (Aït Zaïneb). 89. 277. 278.                        |8.
                                                              |
  Tamdrart (Aït Ououlouz). 330.                               |
                                                              |
           (Ounzin). 305. 306.                                |
                                                              |
  Tamdroust. 337.                                             |
                                                              |
  Tamedint.                                                   |10.
                                                              |
  Tamegrout. 101. 138. 153. 160. 166. 285. 286. 287. 292. 293.|
  303. 335. 343.                                              |
                                                              |
  Tamejjout. 99. 323. 338.                                    |
                                                              |
  Tamellakout (Ouad Asdṛem). 283.                             |
                                                              |
              (Ounzin). 306.                                  |
                                                              |
  Tamellalt. 401.                                             |
                                                              |
  Tamerrakecht. 229. 348. 349. 351. 352. 363. 369. 370.       |17. 21.
                                                              |
  Tamerranist. 278.                                           |
                                                              |
  Tamerzast. 280.                                             |
                                                              |
  Tamesraout. 269. 273.                                       |
                                                              |
  Tamesraout (plaine).                                        |9.
                                                              |
  Tamessoult (Adis). 143. 145. 158. 310.                      |10.
                                                              |
             (Ouad Ignan n Ikis). 128. 202. 203. 305.         |9. 21.
                                                              |
  Tametkal. 277.                                              |7.
                                                              |
  Tamgout. 330.                                               |
                                                              |
  Tamjerjt (Aït Ouaṛrda). 281.                                |
                                                              |
           (Ouad Igemran). 325. 326. 327. 402.                |
                                                              |
           (Ouad Tanziḍa). 304.                               |
                                                              |
           (Ounzin). 306.                                     |
                                                              |
  Tamkasselt. 288. 296.                                       |8. 15.
                                                              |
  Tamkasselt el Ḥara. v. Ḥara Tamkasselt.                     |
                                                              |
  Tammarouin. 324.                                            |
                                                              |
  Tammasin (district). 106. 280. 283. 284. 403.               |
                                                              |
  Tammast (Ouarzazât). 277. 280.                              |
                                                              |
          (Tatta). 311.                                       |
                                                              |
  Tammenout. 327.                                             |
                                                              |
  Tamnougalt. 210. 212. 272. 273. 285. 286. 287. 288. 289.    |8. 21.
  290. 291. 293. 294. 295. 296. 297. 403. 414. 415. 444. 445. |
  446. 450.                                                   |
                                                              |
  Tamṛart. 279.                                               |
                                                              |
  Tamsellount. 337.                                           |
                                                              |
  Tamskourt. 329.                                             |
                                                              |
  Tamskrat.                                                   |7.
                                                              |
  Tamsoult (Ouad Aqqa). 175.                                  |11.
                                                              |
           (Ouad Aqqa).                                       |11.
                                                              |
  Tamzaourout. 301.                                           |
                                                              |
  Tamzernit. 323. 324.                                        |
                                                              |
  Tamzerra. 281.                                              |
                                                              |
  Tamzout. 291.                                               |
                                                              |
  Tanagamt. 291.                                              |
                                                              |
  Tanamrout (col). 172. 173.                                  |11.
                                                              |
            (Mezgîṭa). 287.                                   |
                                                              |
  Tanfekht. 329.                                              |
                                                              |
  Tanfit. 335. 337.                                           |
                                                              |
  Tangarfa. v. Foum Tangarfa.                                 |
                                                              |
  Tanger (ville). 1. 2. 4. 11. 15. 16. 19. 20. 21. 22. 36. 46.|1. 21.
  122. 191. 401. 417. 418. 450.                               |
                                                              |
         (province). 4. 15.                                   |
                                                              |
  Tanṛerift. 353.                                             |
                                                              |
  Tansikht. 288.                                              |
                                                              |
  Tansiṭa Fouqania. 303.                                      |
                                                              |
  Tanslemt (qçar). 365. 373. 384.                             |
                                                              |
           (col). 99.                                         |
                                                              |
  Tanziḍa. 116. 117. 300. 302. 303. 304. 320. 399. 432.       |9. 21.
                                                              |
  Tanziṭa (Ternata). 291.                                     |
                                                              |
  Tanzmout (Aït Seddrât). 288. 289.                           |
                                                              |
           (Glaoua). 266.                                     |
                                                              |
  Taouaḥit. 350.                                              |17.
                                                              |
  Taouaḥmant. 358.                                            |15.
                                                              |
  Taouarsout. 322.                                            |
                                                              |
  Taouinekht. 301.                                            |
                                                              |
  Taoura (Aït Tseṛrouchen). 384.                              |
                                                              |
         (Ouad Iriri). 279. 402.                              |
                                                              |
  Taouraṛt. 332.                                              |
                                                              |
  Taourbart. 338.                                             |
                                                              |
  Taourirt (Aït Iaḥia. Ouad Dâdes). 216. 271.                 |15.
                                                              |
           (Aqqa). 120. 151.                                  |10.
                                                              |
           (Azrar).                                           |10. 14.
                                                              |
           (Imini). 278.                                      |
                                                              |
           (Indaouzal).                                       |14.
                                                              |
           (Metṛara). 352.                                    |
                                                              |
           (Ouad Mançour). 325.                               |
                                                              |
           (Ouad Za). 250. 251. 252. 379. 380. 381. 390. 449. |20. 21.
                                                              |
           (Ouarzazât). 280. 402.                             |
                                                              |
           (Seketâna). 329.                                   |
                                                              |
           (Tazenakht). 281.                                  |
                                                              |
           (Todṛa). 220. 221. 222. 223. 265. 272. 273. 355.   |16. 21.
  356. 357. 358. 359. 360. 361. 362. 364. 403. 414. 415. 450. |
                                                              |
           (Zagmouzen). 327. 402.                             |
                                                              |
           el Ḥad. 327. 332. 402.                             |
                                                              |
           Ibousas (Mezgîṭa). 287.                            |8. 15.
                                                              |
           n Imakkeren. 85.                                   |7.
                                                              |
           Izknasen. 270.                                     |15.
                                                              |
           el Mrabṭin. 334.                                   |
                                                              |
           ou Selîman. 182. 184. 439.                         |12.
                                                              |
           n Ouzenag. 302.                                    |
                                                              |
           n Tilles. 302.                                     |
                                                              |
  Taqqat. 101. 286. 294.                                      |
                                                              |
  Taqqat Nezala. 354.                                         |
                                                              |
  Taqṭrant. 332.                                              |
                                                              |
  Tarea. 268. 285. 286. 287. 295.                             |8.
                                                              |
  Tareddout. 281.                                             |
                                                              |
  Targa (Qçar es Souq). 351. 352.                             |
                                                              |
        Aït Iraṭ. 337.                                        |
                                                              |
        n Mimoun. 327.                                        |
                                                              |
  Targanada. 276. 403.                                        |
                                                              |
  Targant. 307. 308. 309.                                     |
                                                              |
  Targant Ida ou Gerṭ. 186. 187.                              |13. 21.
                                                              |
          n Ououdmim. 183.                                    |12. 21.
                                                              |
  Tarḥamt. 263.                                               |
                                                              |
  Taria (désert). 284.                                        |
                                                              |
        Aït Ạli ou Moḥa. 272.                                 |
                                                              |
        Aït Ạmer. 272.                                        |
                                                              |
        Aït Meraou. 275.                                      |
                                                              |
        ạla sagia Imeṛrân. 272.                               |
                                                              |
        Ben Sekri. 272.                                       |
                                                              |
        Ilemsan. 356.                                         |16.
                                                              |
  Tarir n Imiṭeṛ.                                             |15.
                                                              |
  Tarjijt. 318.                                               |
                                                              |
  Tarkeddit. 99. 274. 277.                                    |21.
                                                              |
  Tarmast. 287.                                               |
                                                              |
  Tarmoucht. 270.                                             |15.
                                                              |
  Tarneouin. 322.                                             |
                                                              |
  Tarokht. 285.                                               |
                                                              |
  Taroudant. 22. 99. 100. 192. 193. 199. 313. 329. 331. 332.  |14. 21.
  333. 334. 335. 340. 402.                                    |
                                                              |
  Tarouni. 301.                                               |
                                                              |
  Tarourt. 295.                                               |
                                                              |
  Tarq. 353.                                                  |
                                                              |
  Tarribant. 347. 348.                                        |
                                                              |
  Tarza. 227.                                                 |16. 17.
                                                              |21.
                                                              |
  Taṛeroucht. 325.                                            |
                                                              |
  Taṛilast. 278.                                              |
                                                              |
  Taṛla. 171. 172. 173. 309. 310. 438.                        |10.
                                                              |
  Taṛlemt. 330.                                               |
                                                              |
  Taṛramt. 280.                                               |
                                                              |
  Taṛrat. 322.                                                |
                                                              |
  Taṛrelil. 403.                                              |
                                                              |
  Taṛrout (Mezgîṭa). 286. 287.                                |
                                                              |
          (col). 99.                                          |
                                                              |
  Taṛzout (Ouad Aït Semmeg). 328.                             |
                                                              |
          (Qçâbi ech Cheurfa). 369.                           |
                                                              |
          (Qçar es Souq). 351.                                |
                                                              |
          (Ternata). 291. 296.                                |
                                                              |
          Imeṛrân. 269. 273.                                  |
                                                              |
  Tasdmit. 340.                                               |
                                                              |
  Tasdṛemt (Aït Ououlouz). 328. 330. 332. 335.                |
                                                              |
  Taselmant. 106. 277.                                        |
                                                              |
  Taserga. 327.                                               |
                                                              |
  Taserlit. 330. 331.                                         |
                                                              |
  Tasga. 278.                                                 |
                                                              |
  Tasgedlt. 93. 94.                                           |8.
                                                              |
  Tasgelt.                                                    |11. 12.
                                                              |
  Tasḥmoumt. 330.                                             |
                                                              |
  Tasiset. 348.                                               |
                                                              |
  Taskoukt. 93. 94. 278. 402.                                 |
                                                              |
  Tasla Aït Brahim. 106. 206. 208. 285. 295.                  |8. 21.
                                                              |
  Tasminert. 296.                                             |
                                                              |
  Tasoult. 321.                                               |
                                                              |
  Tasremout. 401.                                             |
                                                              |
  Tasṛekht. 279.                                              |
                                                              |
  Tasṛent. 328.                                               |
                                                              |
  Tasṛirt. 281. 282. 305. 306. 328. 336. 337.                 |9.
                                                              |
  Tassellount. 401.                                           |
                                                              |
  Tassoumat. 330. 331. 334.                                   |
                                                              |
  Tassourt. 287.                                              |8.
                                                              |
  Tastift (Ouad El Qabia). 301.                               |
                                                              |
          (Ouad Zagmouzen). 327.                              |
                                                              |
  Tatta (oasis). 22. 35. 91. 120. 121. 126. 127. 128. 130.    |10. 21.
  132. 135. 137. 138. 141. 142. 143. 144. 145. 148. 150. 151. |
  153. 154. 156. 158. 160. 168. 170. 171. 173. 174. 180. 193. |
  256. 293. 297. 298. 302. 308. 309. 310. 311. 312. 315. 318. |
  319. 320. 337. 338. 340. 343. 400. 403. 432. 433. 434. 435. |
  436.                                                        |
                                                              |
        (kheneg). 151. 161.                                   |10.
                                                              |
  Tatteouin. 376. 377.                                        |
                                                              |
  Tâza. 19. 25. 26. 29. 30. 31. 32. 33. 35. 38. 60. 64. 241.  |4. 21.
  249. 375. 376. 378. 379. 385. 387. 390. 395. 401. 406. 415. |
  421. 422. 450.                                              |
                                                              |
  Tazalaṛt (Ilalen). 340.                                     |
                                                              |
           (Ouad Nezala). 354.                                |
                                                              |
  Tazarin (district). 22. 288. 362. 363. 364.                 |
                                                              |
          (Aït Iaḥia). 353.                                   |
                                                              |
          (Ouad Zagmouzen). 327.                              |
                                                              |
  Tazdeṛt Fouqani. 327.                                       |
                                                              |
          Taḥtani. 327.                                       |
                                                              |
  Tazeggert. 279.                                             |
                                                              |
  Tazenag. 106.                                               |
                                                              |
  Tazenagt (Metṛara). 352.                                    |
                                                              |
  Tazenakht (district). 106. 281.                             |8. 9.
                                                              |
            (village). 22. 62. 81. 92. 96. 103. 105. 106. 107.|8. 21.
  108. 109. 110. 111. 113. 114. 124. 135. 138. 171. 181. 196. |
  199. 202. 203. 205. 206. 216. 280. 281. 284. 285. 288. 300. |
  301. 304. 327. 336. 395. 400. 403. 409. 410. 413. 414. 415. |
  430. 431. 432. 443. 444. 445. 450.                          |
                                                              |
            (Ouad Dra). 296.                                  |
                                                              |
  Tazentout. 89. 94. 277.                                     |8.
                                                              |
  Tazeroualt (district du Sahel). 70. 107. 168. 293. 316. 341.|
  342. 343. 344. 345. 400. 402.                               |
                                                              |
             (village).                                       |6.
                                                              |
  Tazga (Imadiden). 329.                                      |
                                                              |
        Asdṛem. 283.                                          |
                                                              |
  Tazgelt. 340.                                               |
                                                              |
  Taziat. 359.                                                |
                                                              |
  Tazioukt. 335.                                              |
                                                              |
  Tazleft. 277. 278. 402.                                     |8.
                                                              |
  Taznout (Tisint). 120. 121. 320.                            |9.
                                                              |
          (désert). 306.                                      |
                                                              |
  Tazouli. 306. 307. 320.                                     |
                                                              |
  Tazoulit. 311.                                              |
                                                              |
  Tazoult (Imskal). 329.                                      |
                                                              |
          (Ouad Aït Tameldou). 324.                           |
                                                              |
          (Ouad Amzarou). 325.                                |
                                                              |
          (Tatta). 310.                                       |10.
                                                              |
          (Zenâga). 282. 283.                                 |9.
                                                              |
  Tazouqa. 351.                                               |17.
                                                              |
  Tazrouft. 353. 354.                                         |
                                                              |
  Tazrout (Aït Ouaṛrda). 281.                                 |
                                                              |
          (Ouarzazât). 280.                                   |
                                                              |
          (Tazenakht). 281.                                   |8.
                                                              |
          (Fezouâta). 293.                                    |
                                                              |
          Fouqania (Imgoun). 275.                             |
                                                              |
          Taḥtania (Imgoun). 275.                             |
                                                              |
          Timeloukka. 161.                                    |9.
                                                              |
  Taztout el Qaḍi.                                            |5.
                                                              |
          n Saṛro.                                            |15.
                                                              |
  Teççaïout. 93. 277. 278.                                    |8.
                                                              |
  Teççaouit. 376.                                             |
                                                              |
  Teççaout Aït Mazzen.                                        |7.
                                                              |
  Teddref. 326. 336.                                          |
                                                              |
  Tefraout (mont).                                            |7.
                                                              |
           (désert).                                          |8.
                                                              |
  Tegafeït (Ouad Za). 379. 380. 381.                          |
                                                              |
  Telouet (district). 70. 81. 85. 86. 94. 107. 108. 109. 266. |7. 21.
  276. 278. 280. 284. 326. 327. 336. 402.                     |
                                                              |
          (col). 82. 84. 85. 95. 96. 99. 233.                 |7. 21.
                                                              |
  Telṛemt (col). 28. 99. 147. 228. 231. 232. 233. 234. 326.   |17. 21.
  373.                                                        |
                                                              |
  Temdaouzgez. 112. 282. 302. 304.                            |9.
                                                              |
  Temgissin. 303.                                             |
                                                              |
  Temouddat. 281.                                             |
                                                              |
  Temsasar. 281.                                              |
                                                              |
  Temraṛerin.                                                 |9.
                                                              |
  Tenîn Aït Bou Bekr. 335.                                    |
                                                              |
        Aït Iaḥia ou Ọtman. 360.                              |
                                                              |
        Aït Sin. 328.                                         |
                                                              |
        Aït Touf el Ạzz. 178. 341.                            |11.
                                                              |
        Aqdim. 348.                                           |
                                                              |
        El Ạroumiat. 292.                                     |
                                                              |
        Ida ou Mḥammed. 183.                                  |12. 21.
                                                              |
        Ilougaïm. 341.                                        |
                                                              |
        Kerarma. 250. 252. 381.                               |20.
                                                              |
        Oulad eṭ Ṭeïma. 191.                                  |12.
                                                              |
        Qaçba Qedîma. 352.                                    |
                                                              |
        Rebaṭ. 290.                                           |
                                                              |
        Sidi Bou Ạbd Allah. 352.                              |
                                                              |
        Smira. 302.                                           |
                                                              |
        Taourirt el Ḥad. 328.                                 |
                                                              |
        Telouet. 81.                                          |
                                                              |
        Timdouin. 335.                                        |
                                                              |
        Tinṛir. 224. 356.                                     |16.
                                                              |
        Todṛa. v. Tenîn Tinṛir.                               |
                                                              |
        Touf el Ạzz. 178. 341.                                |11. 21.
                                                              |
        ez Za. v. Tenîn Kerarma.                              |
                                                              |
        Zaouïa Sidi Bou Qil. 349.                             |
                                                              |
  Tenmasla. 280. 284. 402.                                    |
                                                              |
  Terboula. 267.                                              |
                                                              |
  Terga. 282.                                                 |9.
                                                              |
  Ternata. 158. 159. 210. 212. 285. 286. 289. 290. 292. 293.  |
  303. 363. 403.                                              |
                                                              |
  Terrats. 18. 20. 26. 37. 39.                                |3. 21.
                                                              |
  Tertara.                                                    |5.
                                                              |
  Teṛrisin. 267.                                              |
                                                              |
  Tesakoust. 279. 284. 336.                                   |
                                                              |
  Tesaouant. 207. 276. 284. 285. 287. 289. 290. 291. 293. 294.|8. 21.
  295. 297. 304. 444.                                         |
                                                              |
  Tesatift. 305. 306. 307. 310.                               |9.
                                                              |
  Tesfrout. 100.                                              |
                                                              |
  Tesla Aït Brahim. v. Tasla Aït Brahim.                      |
                                                              |
  Tétouan (ville). 1. 3. 4. 5. 6. 7. 9. 10. 11. 13. 15. 22.   |1. 21.
  23. 24. 25. 26. 34. 70. 405. 406. 415. 417. 418. 419. 450.  |
                                                              |
          (province). 4. 15.                                  |
                                                              |
  Teza (mont). 99.                                            |
                                                              |
  Tezzart. 332.                                               |
                                                              |
  Ti n Iargouten. 338.                                        |
                                                              |
     n Iourkan. 362. 364.                                     |
                                                              |
  Tiallalin (district). 228. 229. 230. 232. 233. 236. 347.    |17. 21.
  349. 350. 365. 403. 446. 447.                               |
                                                              |
            (plaine). 229. 231.                               |17. 21.
                                                              |
  Tichgach.                                                   |11.
                                                              |
  Tichka. 95. 96. 99. 278.                                    |7. 21.
                                                              |
  Tichki. 325.                                                |
                                                              |
  Tiddes. 325.                                                |
                                                              |
  Tidgar. 176. 314. 438.                                      |11.
                                                              |
  Tidili (district sur l’Ouad Imini). 278. 279. 280. 402.     |
                                                              |
         (mont). 95. 96. 278.                                 |7. 21.
                                                              |
  Tidirmit. 323.                                              |
                                                              |
  Tidnes. 334.                                                |
                                                              |
  Tidrest. 274.                                               |
                                                              |
  Tidsi (district). 339. 340.                                 |
                                                              |
        (village du Tidsi). 339. 340.                         |
                                                              |
        (Ternata). 291.                                       |
                                                              |
  Tifergin. 327.                                              |
                                                              |
  Tifernin (mont). 206. 207.                                  |8.
                                                              |
           (col). 100. 207.                                   |8. 21.
                                                              |
           (désert). 284.                                     |
                                                              |
  Tiferoui. 277.                                              |7.
                                                              |
  Tiffitra. 354.                                              |17.
                                                              |
  Tiffoultout. 280.                                           |
                                                              |
  Tifirt n Zarakten.                                          |7.
                                                              |
  Tiflit (Ouad Iserki). 274.                                  |
                                                              |
         (Ouad Sous). 330.                                    |
                                                              |
  Tifourt (Zagmouzen). 327.                                   |
                                                              |
          (Seketâna. v. Tizi). 329.                           |
                                                              |
  Tifrest. 311.                                               |
                                                              |
  Tigemmi Djedid. 280. 402.                                   |
                                                              |
          n Talaṛt. 330.                                      |
                                                              |
          Tazouggaṛt Aït El Ḥaseïn. 273.                      |
                                                              |
  Tigert. 277.                                                |7. 8.
                                                              |
  Tiggint. 290.                                               |
                                                              |
  Tigider. 330. 331.                                          |
                                                              |
  Tigiselt. 143. 309. 310. 320.                               |10.
                                                              |
  Tigit (Mezgîṭa). 287.                                       |
                                                              |
        Aït b Oulman. 291. 292.                               |
                                                              |
        Oulad Chạouf. 291.                                    |
                                                              |
  Tigouramin. 337.                                            |
                                                              |
  Tigzit. 337.                                                |
                                                              |
  Tigzmert. 311.                                              |
                                                              |
  Tiidrin (Amtrous). 358.                                     |
                                                              |
  Tiidrin (Todṛa). 222. 355.                                  |16.
                                                              |
  Tiiggan. 150. 309. 310. 317. 338.                           |10.
                                                              |
  Tiiggan Qedîm. 145.                                         |10.
                                                              |
  Tiilit. 215. 216. 217. 270. 275. 361. 362. 399. 403. 414.   |15. 21.
  445. 446.                                                   |
                                                              |
  Tiissaf. 244. 374. 384.                                     |19. 21.
                                                              |
  Tiiti. 143. 158. 171. 309. 310. 311. 315. 320.              |10.
                                                              |
  Tikirt. 88. 89. 92. 93. 94. 95. 103. 108. 110. 274. 277.    |8. 21.
  278. 279. 280. 284. 399. 402. 408. 409. 415. 428. 429. 430. |
  450.                                                        |
                                                              |
  Tikoutamin. 377. 382.                                       |
                                                              |
  Tikoutar. 355.                                              |
                                                              |
  Tikhfar. 266.                                               |
                                                              |
  Tilioua. 329.                                               |
                                                              |
  Tillougit. 260.                                             |
                                                              |
  Tilmiouin. 270.                                             |15.
                                                              |
  Tilouin (Ouad Todṛa). 226. 227. 357.                        |16. 21.
                                                              |
          Aït Isfoul. 338.                                    |16.
                                                              |
  Tilqit. 211. 322.                                           |
                                                              |
  Tilsekht. 282.                                              |
                                                              |
  Tilziṛ (qçar). 284.                                         |
                                                              |
         (désert). 284.                                       |
                                                              |
  Timasinin (Imskal). 329. 402.                               |
                                                              |
            (désert). 276.                                    |
                                                              |
  Timaṭṛeouin Ignaouen. 219. 220. 221. 265. 357. 358. 361.    |15. 16.
  364.                                                        |
                                                              |
  Timbouktou. 123. 126. 127. 154. 156. 157. 169. 188. 346.    |
  362.                                                        |
                                                              |
  Timdouin. 332. 333. 334. 335. 402.                          |
                                                              |
  Timekkit.                                                   |10. 21.
                                                              |
  Timellilt (Ouad Iounil). 277.                               |7.
                                                              |
            (Ouad Zagmouzen). 327.                            |
                                                              |
  Timeloukka.                                                 |9.
                                                              |
  Timersit. 329. 402.                                         |
                                                              |
  Timesla. 289. 290. 296. 303. 403.                           |
                                                              |
  Timezgiḍa n Izrar. 332.                                     |
                                                              |
  Timgdal. 325.                                               |
                                                              |
  Timi Ourṛt. 266.                                            |
                                                              |
  Timicha (Imeṛrân). 276. 403.                                |
                                                              |
  Timichcha (Aït Iaḥia). 215. 271. 445.                       |15. 21.
                                                              |
            (Ouad Aït Semmeg). 328.                           |
                                                              |
  Timicht. 327. 328.                                          |
                                                              |
  Timidert. 287.                                              |8. 15.
                                                              |
  Timikert (Ida ou Tift). 330. 331.                           |
                                                              |
  Timikirt (désert). 280. 281.                                |
                                                              |
  Timiṭeṛ (Ouad Mançour). 325.                                |
                                                              |
          (Ouad Tifnout). 322. 323. 324.                      |
                                                              |
  Timjdout. 278. 279. 402.                                    |
                                                              |
  Timjijt. 282.                                               |8. 9.
                                                              |
  Timkist. 278.                                               |
                                                              |
  Timmi. 153.                                                 |
                                                              |
  Timoula. 358.                                               |
                                                              |
  Timountout Fouqia. 278.                                     |
                                                              |
             Taḥtia. 278.                                     |
                                                              |
  Timoures. 325.                                              |
                                                              |
  Timṛart. 120.                                               |9.
                                                              |
  Timṛirt. 350.                                               |17.
                                                              |
  Timsal. 277. 402.                                           |
                                                              |
  Timskalt. 290. 296.                                         |
                                                              |
  Timstiggit. 275.                                            |
                                                              |
  Timtedit. 274.                                              |
                                                              |
  Timtig. 292. 293.                                           |
                                                              |
  Timzgit. 359.                                               |
                                                              |
  Timzourin. 351.                                             |17.
                                                              |
  Timzourit. 305.                                             |
                                                              |
  Timzrit. 278. 402.                                          |
                                                              |
  Tindouf. 70. 126. 128. 144. 145. 152. 155. 157. 182. 188.   |
  297. 316.                                                   |
                                                              |
  Tindout. 276. 403.                                          |
                                                              |
  Tinegdid. 291.                                              |
                                                              |
  Tinegza. 290.                                               |
                                                              |
  Tinfat. 306. 328. 329. 336.                                 |
                                                              |
  Tinfou. 293.                                                |
                                                              |
  Tingaï. 299. 300. 302. 307.                                 |
                                                              |
  Tingbit. 351.                                               |
                                                              |
  Tiniṛil. 211. 287. 296.                                     |
                                                              |
  Tinksif. 322. 328.                                          |
                                                              |
  Tinmekkoul. 321. 322. 327. 328. 329. 330. 332. 333. 337.    |
                                                              |
  Tinnikt. 330. 332.                                          |
                                                              |
  Tinṛir. 272. 273. 355. 356. 357. 359. 360. 403.             |16. 21.
                                                              |
  Tintazart. 141. 142. 143. 144. 145. 146. 148. 150. 152. 153.|10. 21.
  155. 158. 160. 164. 168. 297. 299. 310. 319. 320. 338. 403. |
  410. 411. 415. 433. 434. 435. 450.                          |
                                                              |
  Tinzalin. 283.                                              |
                                                              |
  Tinzats.                                                    |20.
                                                              |
  Tinzer. 321. 322.                                           |
                                                              |
  Tinzert (Id ou Illoun). 326.                                |14.
                                                              |
          (Menâba). 331. 332. 334. 402.                       |
                                                              |
  Tinzoulin. 22. 159. 160. 163. 164. 165. 210. 211. 212. 285. |11.
  286. 288. 289. 290. 292. 303. 304. 403.                     |
                                                              |
  Tiouaïourt.                                                 |
                                                              |
  Tiouanin. 360.                                              |
                                                              |
  Tiouant (district). 374. 378.                               |
                                                              |
          (mont). 378.                                        |
                                                              |
  Tiouiin. 282.                                               |7.
                                                              |
  Tiourassin. 89. 277.                                        |
                                                              |
  Tiourza. 330.                                               |
                                                              |
  Tiout. 333.                                                 |
                                                              |
  Tiouzzagin. 364. 365.                                       |
                                                              |
  Tir. 330. 332.                                              |
                                                              |
  Tirdouin. 356.                                              |
                                                              |
  Tirest. 327.                                                |
                                                              |
  Tirezdet. 348.                                              |14.
                                                              |
  Tirga.                                                      |15.
                                                              |
  Tirigiout. 271.                                             |
                                                              |
  Tirikiou. 329. 337.                                         |11.
                                                              |
  Tirikht.                                                    |14.
                                                              |
  Tirit.                                                      |
                                                              |
  Tirkt. 331. 332.                                            |19. 21.
                                                              |
  Tirnest (groupe de qçars). 374. 384.                        |
                                                              |
          (mont). 383.                                        |
                                                              |
  Tirza (Ouad Beni Mesri). 365.                               |
                                                              |
        (Ouad Iounil). 277.                                   |
                                                              |
  Tiṛfert. 356.                                               |
                                                              |
  Tiṛilasin (Gers). 349.                                      |
                                                              |
            Qedîm. 349.                                       |
                                                              |
  Tiṛiourin. 351.                                             |
                                                              |
  Tiṛmert. 318.                                               |
                                                              |
  Tiṛrematin Aït n Aglou. 272.                                |
                                                              |
             Aït Ạïssa ou Brahim. 356.                        |16.
                                                              |
             Igelmouz. 276.                                   |
                                                              |
  Tiṛremt (Ouad El Qabia). 301. 403.                          |
                                                              |
          (El Qçâbi. Tatta). 311.                             |
                                                              |
          (Tatta). 311. 320.                                  |
                                                              |
          (Todṛa). 222. 355.                                  |16.
                                                              |
          Aït Assa. 273.                                      |
                                                              |
          Aït Ạbd Allah. 273. 274.                            |
                                                              |
          Aït Ạli ou Iaḥia. 270.                              |15.
                                                              |
          Aït b ou Iknifen. 356.                              |
                                                              |
          Aït Brahim. 272. 273.                               |
                                                              |
          Aït Ḥaddou ou Ạmr. 273.                             |
                                                              |
          Aït El Ḥasen (Aït Iaḥia). 271.                      |
                                                              |
          Aït Ḥasen ou Daoud.                                 |8. 15.
                                                              |
          Aït Ḥeddou. 272.                                    |
                                                              |
          Aït Ḥeddou ou Sạïd. 272.                            |
                                                              |
          Aït Iạzza. 356.                                     |16.
                                                              |
          Aït Iddi Ikniouin. 273.                             |
                                                              |
          Aït Kelb ou Ouchchen. 273.                          |
                                                              |
          Aït el Mạllem. 272.                                 |
                                                              |
          Aït Merset. 270.                                    |15.
                                                              |
          Aït Mezber. 270.                                    |15.
                                                              |
          Aït Moḥammed. 273.                                  |
                                                              |
          Aït ou Ạggoun. 273.                                 |
                                                              |
          Aït ou Ben Ạli. 272.                                |
                                                              |
          Aït Oujjin.                                         |8. 15.
                                                              |
          Aït Sidi Ạli. 272.                                  |
                                                              |
          Aït Temoudout. 272. 273.                            |
                                                              |
          Azarif. 273.                                        |
                                                              |
          Ạaraben. 273.                                       |
                                                              |
          Ạli d Aït El Ḥasen. 212. 445.                       |8. 15.
                                                              |
          Ạli Ḥeddou. 272.                                    |
                                                              |
          Ben Zizi. 272.                                      |
                                                              |
          Bou Ouchchan. 273.                                  |
                                                              |
          Bou Tezouerin. 273.                                 |
                                                              |
          Fouqania. 356.                                      |
                                                              |
          Ḥamed. 270.                                         |15.
                                                              |
          Ḥammou d Aït Ạli. 273.                              |
                                                              |
                       Ioub. 272.                             |
                                                              |
          El Ḥasen d Aït Isso. 273.                           |
                                                              |
          Ḥeddou Nzaha (d Aït Isso). 272.                     |
                                                              |
          Ibaraḥen. 272.                                      |
                                                              |
          Ibaraḥen Taḥtia. 272.                               |
                                                              |
          Iderdar. 273.                                       |
                                                              |
          Idir Aït Temoudout. 273.                            |
                                                              |
          Ifertioun. 271.                                     |
                                                              |
          Imi n Ichil. 273.                                   |
                                                              |
          Isso ou Ḥamed. 272.                                 |
                                                              |
          Isso ou Mḥammed. 272.                               |
                                                              |
          Issoun ben Touda. 272.                              |
                                                              |
          Izeggaren. 273.                                     |
                                                              |
          Izouralen Aït Ḥammou. 275. 403.                     |
                                                              |
          Moulei Es Sṛir. 273.                                |
                                                              |
          Ou Tmakecht. 273.                                   |
                                                              |
          Ouazen. 271.                                        |
                                                              |
          Ousfia. 272.                                        |
                                                              |
          Qasi. 270.                                          |15.
                                                              |
          Sạïd d Aït Lalla. 273.                              |
                                                              |
          Taḥtania. 356.                                      |
                                                              |
          Taria ạla sagia Imeṛrân. 272.                       |
                                                              |
  Tiṛrist. 267.                                               |
                                                              |
  Tiṛzert. 291.                                               |
                                                              |
  Tisana. 377.                                                |
                                                              |
  Tisenna s Amin. 200. 307. 308. 309.                         |10.
                                                              |
  Tisergat (Mezgîṭa).                                         |8. 15.
                                                              |
  Tisergat (Ternata). 291. 292.                               |
                                                              |
  Tisfrioui. 306. 307. 309.                                   |
                                                              |
  Tisgedlt (Metṛara). 352.                                    |
                                                              |
           (Qçar es Souq). 351.                               |
                                                              |
  Tisgin (tribu). 401.                                        |
                                                              |
         (village). 401.                                      |
                                                              |
  Tisili. 284.                                                |
                                                              |
  Tisint (oasis). 22. 35. 81. 91. 96. 100. 110. 113. 114. 115.|9. 21.
  117. 119. 120. 121. 122. 123. 125. 126. 127. 128. 130. 132. |
  134. 137. 138. 139. 141. 142. 145. 146. 148. 151. 152. 154. |
  156. 158. 159. 161. 164. 165. 166. 168. 170. 171. 174. 181. |
  184. 188. 193. 196. 200. 201. 202. 256. 285. 293. 298. 299. |
  301. 302. 303. 304. 305. 306. 307. 308. 315. 317. 318. 319. |
  320. 339. 432. 433. 436. 437. 438. 442. 443. 444.           |
                                                              |
         (kheneg). 117. 137. 138. 304. 306. 316.              |9.
                                                              |
  Tiskmoudin. 140.                                            |9. 10.
                                                              |
  Tislit Aït Tigdi Ouchchen. 105. 106. 206. 283.              |8. 21.
                                                              |
         Tammasin. 283. 284.                                  |
                                                              |
  Tisoukennatin. 401.                                         |
                                                              |
  Tisreïn. 379. 380.                                          |
                                                              |
  Tissouit. 376.                                              |
                                                              |
  Tit n Ạli. 364. 403.                                        |
                                                              |
  Titouga. 336.                                               |
                                                              |
  Titoula Fouqia. 83. 84.                                     |7.
                                                              |
          Taḥtia. 83.                                         |7.
                                                              |
  Tittal. 324. 336.                                           |
                                                              |
  Tizeggarin. 358.                                            |
                                                              |
  Tizert. 313. 314.                                           |
                                                              |
  Tizgelt.                                                    |11.
                                                              |
  Tizgi (Mezgîṭa). 286. 287.                                  |
                                                              |
        (Ouad Iounil. District). 87. 91. 92. 277. 280. 402.   |7. 21.
                                                              |
        (Ouad Iounil. Village). 87. 88. 89. 274. 277. 402.    |7.
  429.                                                        |
                                                              |
        (Ouad Tizgi). 325.                                    |
                                                              |
        (Seketâna). 329. 337.                                 |
                                                              |
        (Todṛa). 355. 356. 359.                               |
                                                              |
        n Gerrama. 364. 403.                                  |
                                                              |
        el Ḥaraṭîn. 138. 152. 314. 315. 317. 318.             |
                                                              |
        Ida ou Baloul. 171. 173. 174. 175. 181. 182. 312. 313.|11. 21.
  318. 438.                                                   |
                                                              |
        Iṛiren. 315.                                          |
                                                              |
        n Mousi. 324.                                         |
                                                              |
        n Ouḥakki. 325.                                       |
                                                              |
        n Ouzalim. 278.                                       |
                                                              |
        es Selam. 152.                                        |
                                                              |
        n Taqqaïn. 321. 322.                                  |
                                                              |
  Tizgzaouin. 92. 94. 106. 277. 278.                          |8.
                                                              |
  Tizi (Aït Ạmer). 282.                                       |
                                                              |
       Agni. 100. 114. 115. 116. 202. 282. 285. 304.          |9. 21.
                                                              |
       Aït Imi. 99. 261. 277.                                 |21.
                                                              |
       n Amzoug. 99. 277.                                     |21.
                                                              |
       Aqqa. 151.                                             |10.
                                                              |
       Azrar. 100. 196. 197. 199. 308.                        |10. 21.
                                                              |
       n Baroukh. 285.                                        |
                                                              |
       n Dra. 364.                                            |
                                                              |
       n Glaoui. 28. 62. 80. 82. 84. 95. 96. 98. 99. 233. 266.|7. 21.
                                                              |
       n Glouli (village). 338.                               |
                                                              |
       n Haroun. 100. 202. 204. 285. 305.                     |9. 21.
                                                              |
       el Ḥad.                                                |11. 12.
                                                              |
       Iberqaqen. 100. 177.                                   |11. 21.
                                                              |
       n Idikel (village). 338.                               |
                                                              |
       Igidi. 161.                                            |9.
                                                              |
       n Isekfan (qçar). 288.                                 |8. 15.
                                                              |
       Izouṛar. 260. 267.                                     |
                                                              |
       n Omrad. 207.                                          |8.
                                                              |
       Ou Rijimt. 99. 277.                                    |21.
                                                              |
       Ouaouizert. 68. 100.                                   |6. 21.
                                                              |
       n Ougdour. 279. 324. 336.                              |
                                                              |
       n Ouichdan. 99.                                        |
                                                              |
       n Ououlli.                                             |17.
                                                              |
       n Sous. 333. 334. 338.                                 |
                                                              |
       n Taddart. 276.                                        |
                                                              |
       n Tamanat. 95. 96. 99.                                 |7. 21.
                                                              |
       n Tamejjout. 99. 323. 338.                             |
                                                              |
       Tanamrout. 172. 173.                                   |11.
                                                              |
       n Tanslemt. 99.                                        |
                                                              |
       n Tarkeddit. 99. 277.                                  |21.
                                                              |
       Taṛrout. 99.                                           |
                                                              |
       n Telouet. 82. 84. 85. 95. 96. 99. 233.                |7. 21.
                                                              |
       n Telṛemt. 28. 99. 147. 228. 231. 232. 233. 234. 236.  |17. 21.
  373.                                                        |
                                                              |
       n Terboula. 267.                                       |
                                                              |
       n Teṛrisin. 267.                                       |
                                                              |
       n Tichka. 95. 96. 99. 278.                             |7. 21.
                                                              |
       Tifernin. 100. 207.                                    |8. 21.
                                                              |
       n Tifourt. 329.                                        |
                                                              |
       n Tiṛrist. 267.                                        |
                                                              |
       n Tzgert. 142. 338.                                    |10.
                                                              |
       Ṭriq Iṛil n Oïṭṭôb. 100.                               |8. 15.
                                                              |21.
                                                              |
  Tizimi. 227. 347. 353. 403.                                 |
                                                              |
  Tizimout.                                                   |6. 21.
                                                              |
  Tiznit. 344. 345.                                           |
                                                              |
  Tizounin. 126. 135. 152. 182. 314. 315. 317.                |10. 21.
                                                              |
  Tizourin. 321.                                              |
                                                              |
  Tizza (ruisseau). v. Chạba.                                 |
                                                              |
  Tlâta Afra. 145.                                            |
                                                              |
        Aït Ạïad. 265.                                        |
                                                              |
        Aït Ioub. 334.                                        |14. 21.
                                                              |
        Aït ou Alil. 350.                                     |
                                                              |
        Aït Toufaout. 341.                                    |
                                                              |
        Erḥal. 151. 152.                                      |
                                                              |
        Hiaïna. 35. 36. 43.                                   |4. 21.
                                                              |
        Ḥafaïa. 191.                                          |
                                                              |
        Imgoun. 275.                                          |
                                                              |
        Ksima. 184.                                           |12.
                                                              |
        Menâba. 334.                                          |14. 21.
                                                              |
        Mentaga. 335.                                         |
                                                              |
        Ouizzân. 342.                                         |
                                                              |
        Oulad Ḥamid. 385.                                     |
                                                              |
        Sidi Mellouk. 255.                                    |
                                                              |
        Tabia. 324.                                           |
                                                              |
        Tanzmout. 289.                                        |
                                                              |
        ez Zemmour. 42. 43. 424.                              |3. 21.
                                                              |
  Tleḥa. 295.                                                 |
                                                              |
  Tlemkaïa. 335. 337.                                         |
                                                              |
  Tlemsen (Algérie). 28. 32. 97. 101. 249. 250. 255. 258. 401.|21.
                                                              |
          (Ouad Bou Igouldan). 279.                           |
                                                              |
  Tlit. 106. 113. 302. 303. 304.                              |
                                                              |
  Tloussa. 330. 331.                                          |
                                                              |
  Tlzoui. 325.                                                |
                                                              |
  Todṛa (oasis). 21. 22. 70. 78. 99. 188. 211. 214. 216. 217. |16. 21.
  218. 219. 220. 221. 222. 223. 224. 228. 239. 242. 265. 267. |
  354. 355. 357. 358. 361. 363. 364. 403. 445. 446.           |
                                                              |
        (tribu). 354. 355. 356.                               |
                                                              |
        proprement dit. 221. 354. 355.                        |16.
                                                              |
  Torch. 261.                                                 |
                                                              |
  Toṛora. 277.                                                |7.
                                                              |
  Touat. 35. 123. 154.                                        |
                                                              |
  Toudma. 283.                                                |
                                                              |
  Touf el Ạzz (fraction). 340.                                |11.
                                                              |
              (village). 178. 341.                            |11. 21.
                                                              |
  Toufasour. 308.                                             |
                                                              |
  Toug el Khîr (Genṭafa). 337.                                |
                                                              |
               (Iberqaqen). 176.                              |11.
                                                              |
               (Iouzioun). 322.                               |
                                                              |
               Taḥtani. 322.                                  |
                                                              |
  Toug er Riḥ. 142. 143. 144. 145. 153. 155. 158. 308. 310.   |10.
  311. 320. 435. 436.                                         |
                                                              |
  Tougdin. 306.                                               |
                                                              |
  Touggour (village isolé). 242. 367. 369. 376. 378.          |18.
                                                              |
           (Ouṭat Oulad el Ḥadj). 371.                        |
                                                              |
  Toukhribin. 337.                                            |
                                                              |
  Toulal. 364.                                                |
                                                              |
  Toulgdit. 347. 348.                                         |
                                                              |
  Toullist. 353. 354.                                         |
                                                              |
  Touloua. 335. 402.                                          |
                                                              |
  Toumjoujt. 278.                                             |
                                                              |
  Toumlilin. 358.                                             |
                                                              |
  Tounfid. 363.                                               |
                                                              |
  Touroug. 357. 358. 361. 363.                                |
                                                              |
  Tourtit. 279. 284. 402.                                     |
                                                              |
  Tourza (Ṛeris). 360.                                        |
                                                              |
         Aït Sekri. 274. 275. 276.                            |
                                                              |
  Trit. 128. 139. 299. 305. 306. 307. 308. 310. 316. 320. 340.|9.
  343. 436.                                                   |
                                                              |
  Tsabit. 153.                                                |
                                                              |
  Tselfat. 16.                                                |2. 21.
                                                              |
  Tsoul. 25. 33. 387.                                         |4. 21.
                                                              |
  Tsouqt. 99. 100. 235. 383.                                  |18. 21.
                                                              |
  Tzgert. 142. 338.                                           |10.
                                                              |
                              Ṭ                               |
                                                              |
  Ṭaddart (Imadiden). 329.                                    |
                                                              |
  Ṭaddart n Oumira. 361.                                      |
                                                              |
  Ṭalạt n Tarfaqt.                                            |13.
                                                              |
  Ṭegaga. 15.                                                 |1. 2. 21.
                                                              |
  Ṭerf eḍ Ḍel. 302.                                           |
                                                              |
  Eṭ Ṭeurfa. 140. 141. 147. 154. 307. 308.                    |10. 21.
                                                              |
  Ṭiba Maṛnia. 299.                                           |
                                                              |
  Ṭitaf. 352.                                                 |
                                                              |
  Ṭoual. 243. 384.                                            |
                                                              |
  Ṭriq Anfoug. 211.                                           |
                                                              |
       Aqqa. 267.                                             |
                                                              |
       Idili. 200.                                            |
                                                              |
       Iṛil n Oïṭṭôb. 100. 211.                               |8. 15.
                                                              |21.
                                                              |
       Izilal. 267.                                           |
                                                              |
       Tafrout. 267.                                          |
                                                              |
       Tagzart. 211.                                          |
                                                              |
       Tilqit. 211.                                           |
                                                              |
                                                              |
                              Z                               |
                                                              |
  Za. 250. 252. 254. 367. 369. 372. 379. 391.                 |20.
                                                              |
  Zagmouzen. 306. 319. 327. 328. 329. 402.                    |
                                                              |
  Zaïan. 10. 19. 21. 44. 45. 46. 47. 48. 49. 65. 66. 67. 90.  |5.
  101. 191. 259. 263. 264. 265. 266. 381. 401.                |
                                                              |
  Zalaṛ. 18. 20. 37. 39.                                      |3. 4. 21.
                                                              |
  Zania. 261.                                                 |
                                                              |
  Ez Zaouïa (Aït el Ḥazen).                                   |14.
                                                              |
            (Aqqa). 120. 151. 312.                            |10.
                                                              |
            (Assaka).                                         |7.
                                                              |
            (Mlouïa). 367. 369.                               |
                                                              |
            (Ouad Zagmouzen). 327.                            |
                                                              |
            (Tammasin). 283.                                  |
                                                              |
            (Tatta).                                          |10.
                                                              |
            (Tazeroualt). 342. 343.                           |
                                                              |
            (Tidsi). 340.                                     |
                                                              |
            (Tisint). 117. 121. 128. 160. 166. 184. 316. 320. |9.
  339.                                                        |
                                                              |
            (Tizgi).                                          |7.
                                                              |
  Zaouïa Agerd. 275.                                          |
                                                              |
         Aḥansal. 260. 264. 267.                              |
                                                              |
         Aïnach. 295. 304.                                    |
                                                              |
         Aït Ben Nacer (Ferkla). 356.                         |
                                                              |
                       (Mezgîṭa). 287.                        |
                                                              |
                       (Tatta). 310.                          |
                                                              |
         Aït Bou Ạmran. 270.                                  |15. 21.
                                                              |
         Aït Bou Bekr. 270.                                   |15.
                                                              |
         Aït Haroun Isaffen. 314.                             |11.
                                                              |
         Aït El Miskin. 356.                                  |16.
                                                              |
         Aït Ouaham. 260. 267.                                |
                                                              |
         Aït El Ṛouadi. 66.                                   |
                                                              |
         Aït Sidi Ạli ou Ḥaseïn. 260.                         |
                                                              |
         Aït Sidi El Boṛdad. 270.                             |15.
                                                              |
         Aït Sidi El Ḥoseïn. v. Zaouïa S. El Ḥoseïn.          |
                                                              |
         Aït Sidi Mouloud. 271.                               |
                                                              |
         Aït Zerrouq. 276.                                    |
                                                              |
         Alonzi. 260.                                         |
                                                              |
         Amadaṛ. 290. 296.                                    |
                                                              |
         Ankhessa. 278.                                       |
                                                              |
         Anoual. 373. 384. 390.                               |
                                                              |
         Ạmer ou Ạbd er Raḥman. 291.                          |
                                                              |
         el Baraka. 291. 292. 296.                            |
                                                              |
         Ben Abbou. 331. 332.                                 |14.
                                                              |
         el Berrania. 294. 295.                               |
                                                              |
         Bou Felfoul. 277. 284.                               |
                                                              |
         el Feggouç. 290. 291. 296.                           |
                                                              |
         el Ferfar. 330.                                      |
                                                              |
         Fouqania Sidi Dris.                                  |15.
                                                              |
         el Ftaḥ. 291. 296.                                   |
                                                              |
         Griourin. 286.                                       |
                                                              |
         Igouramen (Aït Touaïa). 279.                         |
                                                              |
                   (Ouad Iounil. Assaka). 277.                |7.
                                                              |
                   (Ouad Iounil. Tizgi). 277.                 |7.
                                                              |
         Iḥezdamen. 355.                                      |
                                                              |
         El Kaouka. 264.                                      |
                                                              |
         El Maṭi. 153.                                        |
                                                              |
         Moulei Ạbd Allah. 352.                               |
                                                              |
                Ạbd el Qader. 331.                            |
                                                              |
                Ạbd er Raḥman. 33. 35.                        |4. 21.
                                                              |
                Ạbd es Selam.                                 |4. 21.
                                                              |
                Ạli. 330.                                     |
                                                              |
                Bakkan.                                       |1.
                                                              |
                Edris (Fâs). 25. 389.                         |
                                                              |
                      (Zerhoun). 24. 25.                      |
                                                              |
         Mrabṭin Sidi Ech Chergi. 287.                        |
                                                              |
         Ouad Zfal. 271.                                      |
                                                              |
         Oulad Ioub. 291.                                     |
                                                              |
               Sidi Ạïssa. 264.                               |
                                                              |
                    Bel Qasem. 264.                           |
                                                              |
                    Ben Ạïada. 367. 369. 374.                 |
                                                              |
                    Bou Ạmran. 66.                            |
                                                              |
                    Bou Iạqob. 367. 368. 369. 376.            |
                                                              |
                    el Ḥadj. 264.                             |
                                                              |
                    Ḥamed ben Ạbd eç Çadoq. 335.              |16.
                                                              |
         Ouzdiin. 284.                                        |
                                                              |
         Qeradma. 264.                                        |
                                                              |
         el Qlạa. 291. 292. 293.                              |
                                                              |
         es Sagia. 287.                                       |
                                                              |
         Sidi Ạbd Allah ou Mḥind (A. Ạmer). 114. 282.         |9.
                                                              |
                                 (Tisint). 121. 160. 164.     |
                                                              |
              Ạbd Allah Oumbarek (Aqqa). 151.                 |
                                                              |
                                 (Mrimima). 159. 166. 167.    |9.
  303.                                                        |
                                                              |
              Ạbd el Ạli (Qtaoua). 294.                       |
                                                              |
                         (Todṛa). 355.                        |
                                                              |
              Ạbd el Ouaḥad. 371.                             |
                                                              |
              Ạbd er Raḥman. v. Zaouïa Moulei Ạbd er Raḥman.  |
                                                              |
              Ạbd er Raḥman. (Tamessoult). 203. 305.          |9.
                                                              |
              Ạïad.                                           |14.
                                                              |
              Ạli ou Ạbd er Raḥman. 121. 303.                 |
                                                              |
              Ạli ech Chergi.                                 |8. 15.
                                                              |
              Ben Nacer (Tamegrout). 292. 303.                |
                                                              |
                        (Ternata). 291.                       |
                                                              |
              Ben Sasi. 65.                                   |
                                                              |
              Blal. 301.                                      |
                                                              |
              Bou Bekr (Mezgîṭa). 286.                        |
                                                              |
              Bou Nega. 336.                                  |
                                                              |
              Bou Nou. 293.                                   |
                                                              |
              Bou Qil. 348. 349. 363.                         |
                                                              |
              Çaleḥ. 294.                                     |
                                                              |
              Dris (Aït Seddrât). 288. 296.                   |
                                                              |
                   (Dâdes). 211. 271.                         |15.
                                                              |
              Felaḥ. 269.                                     |
                                                              |
              El Houari (Ferkla).                             |16.
                                                              |
                        (entre Ferkla et Ṛeris). 226. 361.    |16.
                                                              |
              el Ḥadj Ạmer. 355.                              |
                                                              |
              Ḥamed (Aït Zaïneb). 278.                        |8.
                                                              |
              Ḥamed ou Mousa. 160. 168. 169. 341. 342. 343.   |
                                                              |
              Ḥamza. 353. 354. 403.                           |
                                                              |
              Ḥaseïn ou Mḥind.                                |13. 21.
                                                              |
              El Ḥasen el Ioussi. 38.                         |
                                                              |
              El Ḥoseïn (Tazeroualt). 341. 342. 343.          |
                                                              |
                        (Zenâga). 282.                        |9.
                                                              |
              Ious. 330.                                      |
                                                              |
              Merri. 302.                                     |
                                                              |
              Mḥind ou Iạqob. 331.                            |
                                                              |
              Mḥind ou Ouchchen. 442.                         |13.
                                                              |
              Moḥammed bel Qasem. 62. 63.                     |6.
                                                              |
              Moḥammed ou Ạbd Allah. 287.                     |8. 15.
                                                              |
              Moḥammed ou Iạqob. 198. 308. 309.               |
                                                              |
              Mouloud Fouqania.                               |15.
                                                              |
              Mouloud Taḥtania.                               |15.
                                                              |
              Ọtman. 280. 402.                                |
                                                              |
              Oumbarek. 371.                                  |
                                                              |
              Reḥal. 22. 70. 79. 80. 81. 82. 99. 266. 401.    |7. 21.
  408. 415. 428. 450.                                         |
                                                              |
         es Souq. 287.                                        |8.
                                                              |
         Tamkasselt. 288.                                     |8. 15.
                                                              |
         Tanziṭa. 291.                                        |
                                                              |
  Zarakten. 80. 82. 83. 96. 266. 401.                         |7. 21.
                                                              |
  Zarar Ida Oultit. 341. 342. 402.                            |
                                                              |
  Zạïr (tribu). 21. 46. 47. 49. 66. 67. 264. 401.             |
                                                              |
       (qçar). 297. 298.                                      |
                                                              |
  Zbar. 299.                                                  |
                                                              |
  Zebzat. 373. 382.                                           |
                                                              |
  Zegoura. 293. 296.                                          |
                                                              |
  Zekak. 287.                                                 |
                                                              |
  Zekkara (tribu). 389.                                       |
                                                              |
          (monts). 28. 101. 253. 257. 372. 381. 383. 388. 389.|20. 21.
                                                              |
  Zemmour Chellaḥa. 19. 21. 40. 42. 43. 44. 45. 46. 47. 48.   |3. 5. 21.
  49. 67. 401.                                                |
                                                              |
  Zemrân. 77. 79. 81. 401.                                    |7. 21.
                                                              |
  Zenâga. 22. 90. 91. 107. 108. 109. 110. 111. 112. 113. 114. |9. 21.
  115. 121. 126. 127. 134. 135. 170. 203. 204. 205. 280. 282. |
  303. 304. 305. 307. 308. 319. 400. 403.                     |
                                                              |
  Zenata. 264.                                                |
                                                              |
  Zenba. 359.                                                 |
                                                              |
  Zergan (Houara). 368. 385.                                  |
                                                              |
         (Ternata). 290.                                      |
                                                              |
  Zerhoun. 18. 21. 24. 25. 26. 38. 39. 40. 47.                |
                                                              |
  Zerrara. 360.                                               |3. 21.
                                                              |
  Zerzaïa. 367. 369.                                          |
                                                              |
  Zgiḍ (oasis). 135. 138. 161. 202. 290. 301. 302. 303. 304.  |
  403.                                                        |
                                                              |
       (kheneg). 161. 302.                                    |9. 21.
                                                              |
  Zida. 270.                                                  |
                                                              |
  Zidania. 259.                                               |
                                                              |
  Ziz (district). 99. 347. 348. 349. 353. 363.                |
                                                              |
  Zizouan. 66.                                                |
                                                              |
  Zouaïa. 299.                                                |
                                                              |
  Zouaïr. 262.                                                |
                                                              |
  Zouaïzel. 161.                                              |9.
                                                              |
  Zouaoui. 287.                                               |
                                                              |
  Zrabia. 331.                                                |
                                                              |
  Zriouila. 373. 384.                                         |
                                                              |
  Zrorha. 146. 308.                                           |10.
                                                              |

                               * * * * *




                         =TABLE DES MATIÈRES.=

                               * * * * *


                                                                Pages.

  Rapport fait à la Société de Géographie de Paris par
  M. Henri Duveyrier sur le voyage du Vicomte Charles de
  Foucauld au Maroc                                                VII

                            PREMIÈRE PARTIE.

                               =Voyage.=

        AVANT-PROPOS                                              XIII

     I. De Tanger à Meknâs                                           1

    II. De Meknâs à Qaçba Beni Mellal                               42

   III. De Qaçba Beni Mellal à Tikirt                               68

    IV. De Tikirt à Tisint                                         103

     V. Séjour dans le Sahara                                      119

    VI. De Tisint à Mogador                                        170

   VII. De Mogador à Tisint                                        188

  VIII. De Tisint au Dâdes                                         202

    IX. Du Dâdes à Qçâbi ech Cheurfa                               218

     X. De Qçâbi ech Cheurfa à Lalla Maṛnia                        238

                            SECONDE PARTIE.

                           =Renseignements.=

     I. Bassin de l’Ouad Oumm er Rebiạ                             259

    II. Bassin de l’Ouad Dra                                       268

   III. Bassin de l’Ouad Sous                                      321

    IV. Sahel                                                      339

     V. Bassin de l’Ouad Ziz                                       347

    VI. Bassin de l’Ouad Mlouïa                                    366

                               APPENDICE.

  Les Israélites au Maroc                                          395

  Liste des observations astronomiques faites au Maroc au
  cours du voyage et tableau des latitudes et longitudes
  déterminées astronomiquement par ces observations                405

  Tableau des observations météorologiques faites au Maroc
  au cours du voyage                                               417

  Note sur les matériaux qui ont servi à dresser
  l’itinéraire du voyage                                           450

  Index des noms géographiques contenus dans le volume
  et dans l’atlas                                                  451

    [=Photogravures.=]

  Tikirt. — Demeure du chikh                                         1

  Chechaouen                                                         8

  Tigert (Ouad Iounil)                                              86

  Vallée de l’Ouad Dra. — Vue prise de Tamnougalt                  210


                                  FIN.




                                ERRATA.

                               * * * * *


                                 TEXTE.

  Page 70, 1er croquis. Au lieu de Ouad el Abip, _lisez_
  Ouad el Ạbid.

  Page 78, ligne 30. Au lieu de Ben Ạli ou El aMḥsoub, _lisez_
  Ben Ạli ou El Maḥsoub.

  Page 134, lignes 22 et 23. Au lieu de Imi n Tels, _lisez_
  Tisenna s Amin.

  Page 144, lignes 13, 14 et 15. Au lieu de Aït Ḥaseïn, _lisez_
  Aït Ḥoseïn.

  Page 175, ligne 4. Au lieu de Tinzert, _lisez_ Tizert.

  Page 211, ligne 15. Au lieu de Tanziṭ el Aqqa n Ourellaï, _lisez_
  Tanziṭ et Aqqa n Ourellaï.

  Page 211, ligne 20. Au lieu de Aït Aqqa ou Ạli, _lisez_
  Aït Aqqo ou Ạli.

  Page 264, ligne 31. Au lieu de Ifeṛres, _lisez_ Iferṛes.

  Page 267, ligne 4. Au lieu de Aït Bou Iknifen, _lisez_ Aït b ou
  Iknifen.

  Page 267, ligne 17. Au lieu de Ifeṛres, _lisez_ Iferṛes.

  Page 270, ligne 44. Au lieu de Aït Ouzzin, _lisez_ Aït ou Ez Zin.

  Page 278, ligne 5. Au lieu de Adḥaa, _lisez_ Adaḥa.

  Page 278, ligne 40. Au lieu de Sidi Aḥmed, _lisez_ Sidi Ḥamed.

  Page 287, lignes 46 et 47. Au lieu de Iṛerm Azeggar, _lisez_
  Iṛir n Azeggar.

  Page 287, ligne 24. Au lieu de Ras Dras, _lisez_ Ras Dra.

  Page 290, ligne 40. Au lieu de Bou Nạn, _lisez_ Bou Nạnạ.

  Page 291, ligne 30. Au lieu de Zaouïa Ạmrou ou Ạbd er Raḥman,
  _lisez_ Zaouïa Ạmer ou Ạbd er Raḥman.

  Page 293, ligne 2. Au lieu de Aït Bou Iknifen, _lisez_
  Aït b ou Iknifen.

  Page 294, lignes 19 et 21. Au lieu de Aït Bou Iknifen, _lisez_
  Aït b ou Iknifen.

  Page 299, ligne 15. Au lieu de Chebka Djedeïd, _lisez_
  Chelkha Djedeïd.

  Page 306, ligne 21. Au lieu de Tamjejrt, _lisez_ Tamjerjt.

  Page 307, lignes 38 et 41. Au lieu de Tisennasamin, _lisez_
  Tisenna s Amin.

  Page 308, ligne 4. Au lieu de Tisennasamin, _lisez_ Tisenna s Amin.

  Page 309, ligne 18. Au lieu de Tisennasamin, _lisez_ Tisenna s Amin.

  Page 324, ligne 29. Au lieu de Inmerzen, _lisez_ Inmezzen.

  Page 326, ligne 17. Au lieu de Ifeṛran, _lisez_ Iferṛan.

  Page 329, ligne 16. Au lieu de Tiliona, _lisez_ Tilioua.

  Page 330, ligne 23. Au lieu de Igedda, _lisez_ Igedad.

  Page 334, ligne 37. Au lieu de Assoumat, _lisez_ Tassoumat.

  Page 337, ligne 32. Au lieu de Targa, Aït Iraṭ, _lisez_
  Targa Aït Iraṭ.

  Page 339, ligne 19. Au lieu de Aït Ạmir, _lisez_ Aït Ạmer.

  Page 355, ligne 46. Au lieu de Ikhb, _lisez_ Ikhba.

  Page 402, ligne 9. Au lieu de Aït Ouartasat, _lisez_
  Aït Ouartasa.

  Page 402, ligne 42. Au lieu de Ida Gouilal, _lisez_
  Ida ou Gouilal.

  Page 402, ligne 47. Au lieu de Aït n Ougeïda, _lisez_
  Ạïn n Ougeïḍa.

  Page 402, ligne 30. Au lieu de Timjoujt, _lisez_ Timjdout.

                                 ATLAS.

  Feuille 14. Au lieu de Aït Tiggas, _lisez_ Aït Iiggas.

  Feuille 14. Au lieu de Ouad Bou Seroual, _lisez_ Ouad Bou Srioul.

                               * * * * *




Note du transcripteur :


  Les changements dans l’ERRATA ont été aportés.

  Page IX, " ou Qabça Benî Mellâl " a été remplacé par " Qaçba "

  Page 13, note 15, " résidant à El Araïch " a été remplacé par
  " El Ạraïch "

  Page 23, " chemise de coton on de laine " a été remplacé par " ou "

  Page 81, " Glaoua et sur le Ouarzazat " a été remplacé par
  " Ouarzazât "

  Page 81, " c’est le _khenif_ " a été remplacé par " _khenîf_ "

  Page 81, " enfants et veillards " a été remplacé par " vieillards "

  Page 82, " D’Enzel à Tagmont " a été remplacé par " Tagmout "

  Page 83, " compte parmi les Ait Robạ " a été remplacé par " Aït "

  Page 92, " Imzouren, Tizgzaouin, Tadoula " a été remplacé par
  " Imzouṛen "

  Page 137, " habituelle les devoirs religeux " a été remplacé par
  " religieux "

  Page 144, " s’élève entre Adis et Toug et Riḥ " a été remplacé par
  " Toug er Riḥ "

  Page 147, note 73, " pentes inférieures du Grand Altas " a été
  remplacé par " Atlas "

  Page 152, " tous deux sont morts, et leur enfants " a été remplacé
  par " leurs "

  Page 169, " Ḥamed au Mousa " a été remplacé par " ou "

  Page 186, " le foudoq qui est au-dessous " a été remplacé par
  " fondoq "

  Page 193, " plus on moins foncé " a été remplacé par " ou "

  Page 257, " un des foudoqs de la ville " a été remplacé par
  " fondoqs "

  Page 280, " le Khemîs Sidi Otman " a été remplacé par " Ọtman "

  Page 292, " cherifs ; debiḥa sur " a été remplacé par
  " cherifs (debiḥa sur "

  Page 292, " pas de ḍebiḥa sur les Berâber " a été remplacé par
  " debiḥa "

  Page 296, " _Onad Tangarfa._ " a été remplacé par " _Ouad_ "

  Page 296, " _Chaba Moulei Iaqob._ Il — a son confluent " a été
  remplacé par " — Il a son confluent "

  Page 299, " _Ouad et Qcib_ " a été remplacé par " _el_ "

  Page 303, " des khenifs, des bernous " a été remplacé par
  " khenîfs "

  Page 307, " Imi et Ạïn " a été remplacé par " el "

  Page 313, " L’Ouab Kebbaba reçoit " a été remplacé par " L’Ouad "

  Page 316, " Moulei El Hasen les a réunis " a été remplacé par
  " Ḥasen "

  Page 327, " le terrritoire des Zagmouzen " a été remplacé par
  " territoire "

  Page 328, " d’Arfaman (Ait Iaḥia) à Tinksif " a été remplacé par
  " Aït "

  Page 335, " Ida ou Qaïs et Aïn n Ougeïḍa " a été remplacé par
  " Ạïn "

  Page 338, " quelqnes années, Moulei " a été remplacé par
  " quelques "

  Page 346 (x2), " Sidi El Ḥosein " a été remplacé par " Ḥoseïn "

  Page 355, Ajouté ")" après "(Zaouïa Sidi Ạbd el Ạli"

  Page 364, " _1er our._ — Du Todṛa au Saṛro. " a été remplacé par
  " _jour_ "

  Page 368, " droite habitée par les Beni Iznaten " a été remplacé par
  " Iznâten "

  Page 374, " comme de Qçabi ech Cheurfa " a été remplacé par
  " Qçâbi "

  Page 375, " II. _RECHIDA ET QCARS VOISINS_ " a été remplacé par
  " _QÇARS_ "

  Page 376, " Oulad Reḥou (Hallaf) " a été remplacé par " Ḥallaf "

  Page 396, " c’est un repas distingné " a été remplacé par
  " distingué "

  Page 402, " dont voici les prinpaux " a été remplacé par
  " principaux "

  Page 455, " [Aït Jellal] (El Qcâbi. Tatta) " a été remplacé par
  " Qçâbi "

  Page 478, " [Ouad] Tazenakht. [...] 204. " a été remplacé par
  " 304. "

  Page 479, " [Oulad Ạli] (mont). [...] 393. " a été remplacé par
  " 383. "

  Page 484, " [Sidi Ạbd el Ạli] (Toḍra) " a été remplacé par " Todṛa "

  Page 492, " [Tizi] n Isekan (qçar) " a été remplacé par " Isekfan "

  Page 494, " [Zaouïa] Sidi Ạbd Ạllah ou Mḥind " a été remplacé par
  " Allah "

  Dans le « Tableau des observations météorologiques »,
  quelques abréviations ont été faites.

  De plus, quelques changements mineurs de ponctuation et
  d’orthographe ont été apportés.

  Les différentes sections du texte qui utilisent peu ou pas de signes
  diacritiques ont été laissées telles quelles.





*** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK RECONNAISSANCE AU MAROC, 1883-1884 (TEXTE) ***


    

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